Acta Pacis Westphalicae II B 3,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 1. Teil: 1645 - 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy, mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
72. Memorandum Mazarins für Longueville, d’Avaux und Servien Paris 1646 Januar 20
Paris 1646 Januar 20
Kopien: AE , CP All. 63 fol. 176–179 = Druckvorlage; AE , CP All. 75 fol. 120–122’. Konzept
Lionnes: AE , CP All. 59 fol. 94–97. Druck: Mém. et Nég. I S. 121–127; Nég. secr. III
S. 25–27; Gärtner VII S. 603–610; Regest: Mazarin , Lettres II S. 710.
Vorteile einer Rückgabe Kataloniens gegen Entschädigung; Verweis auf Beilagen 1 und 2 (nr. 73
und nr. 74) betr. Austausch Kataloniens und des Roussillon gegen die Niederlande. Bereitschaft
Mazarins, entsprechende direkte spanische Angebote anzuhören. Schwierigkeit der Geheimhal-
tung solcher Verhandlungen vor den Katalanen. Aufforderung an Katalonien, Vertreter nach
Paris zu entsenden. Richtigstellung der Äußerungen Bagnis gegenüber dem Kurfürsten von Bay-
ern ; Verweis auf Beilage 3: gute Aussichten für eine Verständigung im Reich. Feldzugsvorberei-
tungen . Mißbilligung der im Kronrat geäußerten Friedens- und Waffenstillstandswünsche. Ab-
stellung der Beschwerden Hessen-Kassels, Straßburgs und Colmars. Unterstützung der Interessen
Portugals.
Je ne pus respondre par l’ordinaire passé faute de loisir au dernier mémoire
dont vous m’avez favorisé Messieurs du 30 e du passé.
Il est sans doute qu’il n’y auroit rien de plus avantageux que de tirer dès à
présent des ennemis quelques pièces considérables en eschange de la Catalo-
gne , que nous pourrions leur rendre en retenant le Roussillon, et de faire une
trêve pour le Portugal qui fust de la mesme durée que celle qui pourra estre
résolue entre l’Espagne et Messieurs les Estatz. Je ne me mettray pas en peine
de chercher des raisons pour vous y eschauffer, et pour vous donner espéran-
ce que vous l’emporterez par vostre fermeté et par vostre adresse parce que je
tiens cette méthode peu nécessaire avec vous autres Messieurs qui faittes assés
connestre à quel point vous désirez la gloire de vostre patrie et du nom
françois et la grandeur de Sa Majesté. Et pleust à Dieu qu’au prix de bonn 1
partie de mon sang nous puissions faire la paix de cette sorte sans laisser rien
en arrière par un parti si glorieux et si avantageux à cette couronne que
celuy-là.
Et comme vous verrez dans le papier que je vous promis dernièrement et que
vous trouverez cy-joint combien j’estimerois l’acquisition des Païs-Bas si
nous pouvions y parvenir par l’eschange de la Catalongne compris mesme le
Roussillon, je me remetz à ce qui y est contenu plus particulièrement. Cepen-
dant j’ay estimé y en devoir joindre un autre des motifz dont on se peut
servir pour donner à connestre aux Espagnolz que dans l’estat présent de
leurs affaires ce parti ne peut leur estre que très utile. Et je vous proteste
Messieurs qu’après avoir bien discuté la matière de part et d’autre je demeure
quasi persuadé que les Espagnolz y peuvent trouver entièrement leur compte.
J’attendray le jugement que vous me manderez s’il vous plaist d’en avoir fait,
lequel j’estimeray d’autant plus que le temps me manque pour examiner et
agiter autant qu’il seroit besoin des affaires de telle conséquence.
Cependant si du costé d’Espagne ou de Bruxelles on me fait quelque propo-
sition approchante à celle-là ou qui soit telle qu’on puisse les y faire tomber
insensiblement sans qu’ilz s’apperçoivent de nostre désir, mais seulement de
celuy en général que nous avons pour le repos public, je proffiteray des avis
que vous m’avés donné de n’estre pas doresnavant si scrupuleux à escouter,
et m’avanceray de leur dire aux termes et avec les réserves convenables que la
passion que j’ay pour voir la paix pourroit bien me rendre assez hardi pour
conseiller Sa Majesté de condescendre à un semblable expédient. Si cella ar-
rive je pense que vous ne douterez pas que je ne vous en donne part un mo-
ment après, bien entendu tousjours que la conclusion et l’exécution de quoy
qui puisse estre proposé par deçà sera faitte et ajustée à Munster par vous
autres Messieurs.
Quand j’ay mandé que l’on pourroit faire une trêve pour la Catalogne affin
que pendant sa durée on pust négotier d’en tirer quelque récompense , je ne
l’ay pas dit pour n’avoir cru qu’il ne fust beaucoup meilleur de tirer dès à
présent cette récompense et ajuster tout s’il estoit possible ainsy que vous le
pourrez juger si vous prenez la peine d’examiner les despêches que je vous ay
faittes là-dessus, et notamment le mémoire du Roy qui sert d’addition à vostre
instruction . Mais véritablement ma crainte a esté et est tousjours que comme
la négotiation d’un eschange ne peut estre conduitte si secrètement, attendu la
mauvaise foy ou la malice de noz ennemis, que les Catalans n’en pénètrent
d’abbord quelque chose, ilz ne se persuadassent que nous voulons faire no 1
affaires à leurs despens et les sacriffier pour en tirer d’autres avantages, et
ensuite qu’avant que nous eussions eu le moien de rien conclurre ilz ne pris-
sent quelque subite résolution contre nous-mesmes, laquelle faisant revivre
les espérances des Espagnolz qui sont aujourd’huy comme mortes, pourroit
les obliger à continuer la guerre avec ce désavantage pour la France qu’elle la
feroit sans avoir la Catalogne, ny ce qu’elle auroit prétendu en eschange. C’est
pourquoy j’ay tousjours protesté qu’il estoit de la dernière importence de
mesnager bien délicatement ce point-cy, et d’avoir sans cesse présent à l’esprit
que comme noz ennemis ne viennent à un accommodement que parce qu’ilz
y sont forcez par la pure nécessité, toutes les fois qu’il leur aparestra le moin-
dre raion de resource à leurs affaires ilz ne se souviendront plus ny d’ engage-
ment ny de parole donnée.
Il y a des inconvéniens comme vous remarquez fort bien à avoir prez de vous
un député de Catalogne, il y en [a] aussy d’autres à appréhender si ces peuples
venoient à entrer en soupçon que nous n’y voulons personne de leur part
pour estre moins esclairez et pour pouvoir prendre toute résolution avec plus
de liberté. Il me semble que l’on remédie autant qu’il se peut dans un mesme
temps à tous les deux par un tempérament que j’ay pris qui est de donner avis
à ces peuples que le traitté vraysemblablement va s’avancer de bonne sorte et
qu’il est à propos qu’ilz envoient icy un ou deux personnages de qualité et de
suffisance en qui l’on puisse avoir une confiance entière et communiquer tou-
tes les choses qui se passeront, et que de leur costé ilz représentent les inté-
restz de la principauté selon les conjonctures et suggèrent ce qui sera de leur
satisfaction et de leur bien dont Sa Majesté est très résolue de ne se départir
jamais. Cella certainement produira un très bon effet dans le païs qui est Dieu
mercy dans tous les bons sentimens que nous pouvons désirer; et vous rirez
sans doute quand vous apprendrez que tous les effortz que nous faisons pour
les assister si puissamment lesquelz ilz recognoissent et avouent, ne les per-
suadent pas tant des bonnes intentions que l’on a de les soustenir et de les
protéger jusques au bout, comme l’a fait depuis peu le voiage de madame la
comtesse d’Harcourt .
Je m’asseure que vous serez à présent dellivrez de la peine que vous donnoit
une des lettres du duc de Bavières qui sembloit présupposer que monsieur le
nonce Bagni eust fait espérer que la France se relascheroit de sa prétention
pour sa satisfaction en Allemagne. Le nonce m’a protesté qu’il n’a jamais eu
telle intention, et que sa pensée seulement a esté de dire que quand les Espa-
gnolz se mettroient à la raison ilz recognoistroient que la France est plus
équitable qu’ils ne publient. Au reste les lettres suivantes dudit duc vous au-
ront sans doute guerry de cette inquiétude et la copie de celle que vous trou-
verez cy-jointe en parle encores plus clairement qu’il n’avoit fait aussy bien
que de toutes les autres bonnes dispositions qui se rencontrent aujourd’huy à
la prompte conclusion d’un accommodement dans l’Empire. Mais je puis y
adjouster que je sçais positivement et de Vienne et d’ailleurs que ledit duc
escrit fort pressamment à l’Empereur pour luy persuader nommément d’ ac-
corder à cette couronne la satisfaction qu’elle prétend et de luy céder les Al-
saces .
Je vous prie Messieurs de ne vous pas mettre en soucy pour les préparatifz de
la campagne prochaine. En ce fait-là je vous puis asseurer que nous ne son-
geons nullement à Munster, et ne nous reposons point sur les belles espéran-
ces de vostre négotiation. Car jamais on n’a fait de plus grans appareilz. Il est
vray qu’on a peine à trouver de l’infanterie, mais en redoublant comme nous
faisons noz soins et la despense nous nous promettons de surmonter tous
obstacles.
J’ay fait envoier au sieur de Meulles à Hambourg une lettre de crédit du sieur
Hoeufft de cinquante mil risdalles pour s’en servir au cas qu’il n’ait pu tirer
l’argent qui est à Dantzic que l’on luy avoit destiné.
L’extrordinaire passion que j’ay de voir establir le repos de la chrestienté me
fait souffrir des peines que je ne sçaurois vous exprimer des discours que tient
quelqu’un dans le conseil qui sans doute s’imagine de gaigner tous les es-
pritz et la bonne volonté d’un chacun quand il publie l’impatience qu’il a de
la paix, la nécessité que la France en a, et l’impossibilité qu’il y a de la faire
sans convenir auparavant d’une trêve. Tout cella ne fait Dieu mercy nul effet
dans l’esprit de la Reine ny des personnes sensées qui sçavent bien que pour
avoir la paix et promptement et avec avantage il faut parler de toute autre
fasson et confirmer plustost noz ennemis dans la créance que comme nous
sommes en estat de ruiner la maison d’Austriche, aussy nostre véritable des-
sein est d’y travailler jusques au bout. Mais de pareilz discours ne laissent pas
de me chagriner extrêmement pour le préjudice qu’ilz peuvent faire à la négo-
tiation que vous prenez tant de soin de bien conduire avec prudence et ad-
dresse . Après tout «unus aedificans et alter destruens», je vous laisse à penser
s’il est fort aisé de conduire un bastiment à sa perfection.
J’ay fait prendre dans le conseil la résolution de remédier sans perte de temps
à toutes les plaintes qui vous ont esté faittes, soit pour Madame la Langrave,
la république de Strasbourg, la ville de Colmar et autres; et monsieur de
Brienne en expédiera les ordres nécessaires . Je vous supplie seulement à l’ a-
venir que pour gaigner temps aux choses qui dépendront de monsieur le ma-
reschal de Turenne et de monsieur de Vautorte de vous en addresser tout
droit à eux, et de leur en escrire voz sentimens, ausquelz ils ne déféreront
guères moins qu’à des ordres qui leur viendront d’icy.
Vous ne pouviez vous conduire mieux que vous avez fait pour les affaires de
Portugal. Il est bon de s’emploier en tout ce que l’on peut pour leur tesmoi-
gner combien elles nous sont à cœur, mais jusques à un certain point que les
ennemis ne puissent croire que nous cherchons de prétextes pour reculer la
paix générale.