Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
112. Memorandum Serviens Münster 1645 Mai 27
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Münster 1645 Mai 27
Ausfertigung: AssNat 274 fol. 607–611’ = Druckvorlage = Beilage zu nr. 111. Duplikat für
Mazarin: AE , CP All. 43 fol. 484–491’. Konzept: AE , CP All. 51 fol. 383–387.
Beurteilung der Politik Bayerns: Bestätigung der vom Hof gegebenen Interpretation der Reise
Vervaux’ (Absprache mit dem Kaiser); mit ihrer Hilfe Zeitgewinn zur Aufrüstung der Armee;
freundliche Verlautbarungen des Kurfürsten vor der Schlacht bei Mergentheim als Beweis
seiner Hinterlist; Abrücken seiner Gesandten von den Angeboten Vervaux’ nach dem Sieg über
Turenne; Vorteile eines Abkommens für Bayern auf der Grundlage des Anbringens Vervaux’.
Tadel des Mißtrauens der Verbündeten gegen die bayerisch-französischen Beziehungen; Vortei-
le für die Schweden bei den Reichsständen wegen der Niederlage Turennes; Unterstützung für
ihn durch Königsmarck und hessische Truppen. Zurückstellung der Abstimmung mit den
schwedischen Gesandten über die letzten bayerischen Angebote; Kritik an den Verhandlungen
Torstensons mit dem Kaiser. Freilassung des Kurfürsten von Trier: Absichten der Kaiserlichen
dabei, Konzessionen des Kurfürsten, Gefahren für Frankreich daraus; Kritik an der Freilassung
von seiten Contarinis.
Toutes sortes d’apparences et de raisons obligent de faire le jugement qui a
esté faict à la cour |:des intentions du duc de Bavière sur l’envoy de son
confesseur:|. Sy l’on considère ce qui |:l’a précédé et ce qui l’a suivy:| il n’y
a presque pas lieu de doubter que |:le voyage n’ait esté faict de concert avec
l’Empereur:|. Longtemps avant |:qu’il fust entrepris:|, tous les ministres de
cette assemblée en estoient advertiz ce qui donne subject |:aux Suédois de
croire qu’il y a eu deux voyages faictz:|. Quoyque les Impériaux au
commencement fissent quelque semblant d’en estre en meffiance, elle n’a
pas esté telle qu’on pust croire qu’ilz en appréhendassent beaucoup l’effect.
|:Monsieur Contarini:| en a parlé ouvertement et en a presque tesmoigné
plus d’inquiétude que les aultres. |:Je ne sçaurois bien juger, si c’est par
affection en nostre endroict ou de craincte de nous voir trompez par cet
amusement:| ayant adjousté cette considération parmy ses raisons, ou bien
|:de peur de voir ruiner en un jour par cette négotiation toutes les
espérances de l’Empereur:|, ou du moins de |:voir transporter ailleurs et
hors de ses mains les plus importantes propositions de tout le traicté.
Les artifices dont s’est servy le duc de Bavière depuis cet envoy ont:|
monstré clairement qu’il n’avoit dessein que de gagner temps parce que |:si
monsieur de Turenne eust esté en estat de s’avancer avec son armée avant
qu’il:| eust eu loisir de |:réparer la perte qu’il avoit faicte à la bataille de
Tabor, il n’eust pas esté en estat de faire résistance, |:principallement si
Madame la Langrave eust tenu la parolle qu’elle avoit donnée de joindre à
l’armée du Roy deux brigades d’infanterie:|. Mais comme |:l’eschec que
ledit duc:| avoit receu |:dans sa cavallerie consistoit plus en la perte des
chevaux que celle des hommes:|, il a usé de toutes les diligences imagina-
bles pour |:remonter la cavallerie et on a veu à Cologne en ce temps-là
diverses lettres de son général par lesquelles il promettoit de prendre sa
revanche sur les François aussytost qu’il auroit remonté sa cavallerie:|.
Ce qui fait paroistre plus clairement |:l’artifice dudit duc est que:| on nous
asseure qu’il faisoit |:défences:| en mesme temps |:dans ses estatz d’appeller
les François ennemis:| ce qui peult bien avoir contribué à donner un peu
|:trop de confiance à quelques officiers de l’armée du Roy et à les exposer à
la surprise:| dans laquelle ilz sont tombez. Cependant ceux qu’on ne
voulloit pas seulement |:appeller ennemis devant le combat y ont esté
traictez avec une cruauté sans exemple et les chefz de l’armée bavaroise:|
ont faict gloire de publier dans leurs relations qu’ilz n’avoient point |:donné
de quartier aux François:|. Mais ce qui oste tout subjet d’en doubter est le
discours qui m’a esté faict depuis peu par |:les ambassadeurs de Bavières
lesquelz dans une audience demandée par ordre de leur maistre n’ont pas
touché un seul mot des ouvertures faittes à Paris par le confesseur, et se
sont tenus sur des protestations généralles et ridicules:| dont j’ay eu
l’honneur de rendre compte par mon aultre lettre. Ce n’est pas comme il est
très prudemment remarqué, que |:ledit duc n’eust peu:| prendre cette
occasion de faire ses affaires particulières |:s’il en eust trouvé le moien:| et
que je ne croye que |:il eust esté:| glorieux et avantageux à la France |:de le
recevoir en sa protection:|, pourveu que la fin en eust esté bonne et les
conditions asseurées, |:les Suédois mesme ny:| les aultres alliez n’eussent
pas eu droict de nous empescher de recevoir cet advantage qui est permis
par les traictez d’alliance, pourveu que la négotiation en eust esté faicte de
concert avec eux. |:Mais certes en ce cas il eust fallu qu’il eust remis entre
les mains du Roy pour gage de sa foy au moins les places que son frère et
luy tiennent le long du Rhin, et que si:| on luy eust permis de demeurer
armé, il eust retiré ses trouppes dans:| les Estatz qui luy appartiennent sans
prétendre |:ny aux logemens ny aux contributions des cercles de Suabe et
de Franconie, car autrement toutes les conditions de l’accomodement
eussent esté à son avantage seul pour ce que estant asseuré par le moien de
la neutralité qui luy eust esté accordée:| à nostre instance |:par les Suédois
de:| tous les périlz qui le peuvent menacer de ce costé-là |:et ayant
tacitement:|, comme il est à présuposer, |:le consentement de l’Empereur
contre lequel il ne vouloit pas s’obliger de rien faire, il eust jouy en repos
d’un puissant establissement en procurant simplement au Roy:| un hon-
neur apparent dans |:deux ou trois cercles:| dont en effect |:il prétendoit de
demeurer maistre par le moyen des trouppes qu’il y eust logées et des
contributions qu’il y eust levées:|. De cette sorte, sy |:son dessein eust
réussy:| sans courre fortune |:ny du costé de l’Empereur, ny des Súedois, ny
de nous, il eust pu attendre en repos:| la conclusion du traicté général.
Encor que |:noz alliez ayent une aversion extraordinaire contre ledict duc
et qu’ilz rejettent déraisonnablement:| toutes les propositions qui sont
faictes |:de le réunir au bon parti mesprisant mesme hors de propos:| les
advantages qui en peuvent réussir pour nostre bien commun, lesquelz leur
ont esté souvent représentez aux termes qu’ilz nous ont préscriptz, il se
rencontre heureusement |:pour eux qu’ilz sont presque:| tousjours |: pro-
phètes véritables lorsqu’ilz nous prédisent les tromperies que nous devons
craindre de ce costé-là:|.
Je n’ay pas laissé de prendre l’occasion |:du dernier malheur de monsieur de
Turenne pour faire remarquer doucement aux Suédois et à Madame la
Langrave le peu de raison qu’ilz ont eu de soupçonner nostre intelligence
secrette avec Bavières:| et combien il est fascheux que |:pour guérir des
meffiances mal fondées nous soyons si souvent obligez:| non seulement de
renoncer à des advantages visibles, mais de former des desseins hors de
saison:| et d’entreprendre des choses |:pour les contenter contre les raisons
d’Estat et de la guerre. Mais certes au lieu de faire toute la réflection qu’ilz
devoient sur:| la fidélité que nous leur avons tesmoignée au temps mesme
que les assistances qui nous avoient esté promises ont manqué |:et peut-
estre beaucoup contribué à la perte qui nous est arrivée:|, il est bien à
craindre que |:les Suédois particulièrement ne soient pas faschez de voir la
France irritée par cette nouvelle offence contre le duc de Bavière:| qui est le
principal object de |:leur haine:|. Je ne sçay mesme sy dans |:leur âme ilz ne
sont point bien aises que ce coup nous ayant affaibly dans l’Allemagne les y
rende plus considérables, car:| ilz m’ont paru un peu |:plus fermes depuis ce
temps-là et cet accident estant arrivé au temps, que:| les contestations que
nous avons eues |:avec eulx pour la religion ont esté sceues des autres
protestans, a augmenté le crédit des Suédois parmi eux et diminué le nostre
de sorte qu’ilz considèrent aujourd’huy la Suède comme leur principal
appuy recognoissant que nous ne saurions jamais les favoriser de bon coeur
dans:| les intérestz qui leur sont les plus sensibles. |:Cela mesme oblige la
pluspart des députez à s’establir à Osnabruk où ilz croyent qu’ilz trouve-
ront leur principalle assistance:| pendant le cours de la négotiation.
Cela toutesfois n’a pas empesché que sur les instances que je fis faire |:aux
Suédois si tost que j’apris nostre malheur, ilz n’ayent faict leurs diligences
pour la marche de monsieur Coniscmarc et pour sa conjonction avec
monsieur de Turenne et les Hessiens:| que je tiens maintenant faicte. Mais
pour ne flatter point je tiens que |:la conservation de madame la Langrave
qui:| venoit de les assister |:de ses trouppes et qui estoit menacée de tout le
péril, monsieur de Turenne s’estant retiré dans ses Estatz:| a beaucoup plus
contribué à cette résolution que noz remonstrances.
On peult bien juger par ce discours qu’il n’y a pas lieu maintenant de
|:traicter de cette affaire avec les Suédois:| puisque |:les ministres de
Bavières n’en ont point faict d’ouverture en:| la dernière conférence |:et
qu’ilz ont mesme déclaré de n’en avoir aucune charge:|. Mais je leur ay faict
demander |:une nouvelle conférence pour leur faire plaincte de ce qu’ilz ne
nous ont pas tesmoigné la mesme confiance qu’ilz ont receue de nous et
qu’ilz:| ne nous ont faict sçavoir aulcune chose des propositions |:qui ont
esté faictes à monsieur Torstenson de la part de l’Empereur:|. Les mesmes
advis qui en ont esté donnez à la cour ont esté escriptz icy de différentz
endroitz à quoy on adjouste que |:quantité de ses officiers sont tous les
jours dans Vienne où ilz entrent avec liberté:| et que luy de son costé
permet |:le passage sur le Danube pour tout ce qu’on veut envoyer:|. Je croy
pourtant qu’il est plustost chargé des affaires |:de la guerre que d’aulcune
négotiation:| et que difficilement |:dans un traicté si difficile que celluy-cy
pouvoit-on donner à un soldat la commission de le conclure:|. Néantmoins
cela n’excuse point |:les ambassadeurs de ne nous avoir pas communiqué:|
les propositions qui luy ont esté faictes puisque |:la France n’a rien de secret
pour eux et qu’on ne luy faict pas la moindre ouverture qu’elle ne leur
comunique:| avec toute la fidélité possible.
Quant à |:monsieur l’eslecteur de Trèves, l’escrit qu’on a exigé de luy avant
sa liberté:| dont j’ay envoyé coppie par le précédent ordinaire , aura faict
veoir que |:l’intention des Impériaux en le délivrant, a esté encor plus
malicieuse qu’on n’avoit cru puisqu’ilz l’ont obligé de recognoistre l’ eslec-
tion de l’Empereur pour légitime qui:| estoit un acte nécessaire pour eux
|:et outre cella d’accepter la paix de Prague, de laisser Trèves, Coublens et
Hermestin au pouvoir du parti contraire, et de tascher à retirer Philisbourg
de nos mains pour en assister l’Empereur, lequel par la paix de Prague en
doit demeurer maistre. Il nous appelle mesme ses ennemis en quelques
endroictz de l’escrit:|. J’apprens oultre cela par des lettres de |:Vienne qu’on
luy a donné un conseiller de l’Empereur, nommé de Rec
près de luy afin de veiller à ses actions et d’estre le directeur de sa
conduicte:|. Peult-estre quand toutes ces particularitez seront bien exami-
nées , sy elles se trouvent véritables et que |:ledict électeur de Trèves en
demeure d’accord, qu’il y aura plus de subject de prendre garde à ses
desseins que d’en espérer de l’assistance:|. Puisqu’encor que selon les
apparences |:cette délivrance:| soit très glorieuse pour Leurs Majestez |:les
Impériaux ont trouvé moyen de la faire en sorte qu’ilz espèrent, si nous en
recevons quelque gloire, d’en tirer tout le proffict, car desjà ledit eslecteur:|
nous a envoyé la coppie d’une lettre qu’il a escripte à la Reyne
demande que |:les trouppes du Roy prennent point de quartiers dans ses
Estatz:|, sy bien que dans |:l’humeur qu’il revient:|, ne pouvant pas
|:rentrer dans les places que les ennemis luy occuppent:|, ilz font estat de
|:nous le jetter tout à faict sur les bras:| et de luy avoir seulement |:rendu les
Estatz qui sont entre nos mains. Monsieur Contarini:| n’a pas laissé de nous
dire en la dernière conférence qu’il avoit tousjours creu la demande que
|:nous avons faicte de sa liberté déraisonable:|, qu’il l’avoit dict haultement
et qu’il croyoit encor aujourd’huy |:que l’Empereur avoit faict une grande
faulte en la luy accordant:|, sur quoy j’ay tasché de luy faire cognoistre les
intentions |:malicieuses qu’on y avoit eues, qui tendent plustost à rendre la
paix difficille qu’à la faciliter:|.