Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
90. Memorandum Serviens Münster 1645 April 22
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Münster 1645 April 22
Konzept: AE , CP All. 51 fol. 217–218 A = Druckvorlage .
Französische Satisfaktion: möglichst hohe Forderungen aus taktischen Gründen; durch starke
Betonung der allgemeinen Friedensbedingungen Möglichkeit zu Vorteilen in der Satisfaktions-
frage ; Umfang: die heutigen französisch besetzten Gebiete bis Philippsburg, Elsaß und
Lothringen als Besitz in Form der gegenwärtigen reichsrechtlichen Stellung, die übrigen Plätze
und Städte in Form der Protektion. Restitution von Kurmainz bei gleichzeitiger spanischer
Restitution von Trier. Restitution der unteren Pfalz an den Pfalzgrafen, Vertreibung der
Spanier und Bayern in dieser Kampagne aus diesem Gebiet; Separatvertrag mit dem Pfälzer
über Beistandsverpflichtungen und die Garantie der katholischen Religionsausübung vor
Abschluß des allgemeinen Friedens und vor der Restitution. Begründung der Einbehaltung von
Philippsburg mit der Garantie der katholischen Religion in den pfälzischen Landen. Kurfürst
von Bayern: Empfehlung energischer Kriegsführung und harter Forderungen; Zusammenarbeit
mit ihm erst nach dem allgemeinen Frieden und nach dem allgemeinen Bündnis zur
Friedenssicherung; vorläufig Betonung der Interessen des Pfälzers; durch dessen Restitution in
der Unterpfalz und durch Verbleib der Oberpfalz bei Bayern Wegfall der kaiserlichen
Verpflichtung zu Abtragung der Assignation auf dem Land ob der Enns; damit Möglichkeit
größeren kaiserlichen Entgegenkommens bei der Abtretung des Elsaß.
On est obligé de faire présentement des demandes un peu haultes parce que
s’il arivoit cy-après quelque révolution qui fist changer la face des affaires,
on auroit peine d’obtenir seulement des conditions raisonnables, et les
ennemys ne manqueroient pas de nous objecter que dans une conjoncture
plus favorable nous n’aurions pas ozé prétendre davantage. Sy bien que
dans les intérestz publics et dans les particuliers ils croyroient avoir droit de
nous refuser mesmes les choses justes tant pour la satisfaction de noz amis
que pour celle de la couronne de France. D’ailleurs il importe de demander
beaucoup pour le public affin qu’en se relaschant on obtienne davantage
dans la satisfaction particulière et qu’il ne paroisse pas que ce soit pour cela
mais pour le public que l’on faira difficulté de conclurre, je veux dire que si
nous sommes obligez de tirer le traité en longueur jusqu’à ce que nous
ayons nostre compte, il sera bien plus honorable qu’il paroisse au monde
que c’est l’intérest public qui nous arreste.
Nostre but dans la paix pour les intérestz particuliers de la France doibt
estre apparemment de retenir ce qu’elle possède aujourd’huy au-delà du
Rhin jusques à Philisbourg en comprenant les places qui sont situées sur
cette rivière. L’Alsace et la Lorraine pourront estre retenues en propre à la
charge de faire les mesmes recognoissances à l’Empire qu’elles faisoient
auparavant. Les autres places et villes qui se treuvent sur le chemin de
France à Philisbourg pourront demeurer simplement soubz la protection
du Roy, en pourvoyant le mieux qu’il sera possible que ce passage demeure
tout à faict libre.
On pourra offrir la restitution de Mayence et de toutes les dépendances de
cet électorat à condition que les Espagnolz retireront aussy leur garnison de
Trèves et renonceront à leur prétendu droict de protection sur ladicte ville.
A faulte de quoy le Roy pourra incister à conserver le mesme droict de
protection dans la ville de Mayence. Cette proposition engagera les princes
et estatz de l’Empyre à estre pour nous au moins pour faire sortir les
Espagnolz de Trèves.
Tout le Bas-Palatinat pourra estre rendu à l’aisné de la maison Palatine, ce
qui sera très glorieux pour la France d’avoir restably un ancien allié qui par
le souvenir de ce grand bienfaict sera tousjours obligé luy et ses successeurs
de demeurer attaché aux intérestz de la couronne. Mais il semble que pour
achever cette affaire plus utilement et glorieusement, il fauldroit essayer
d’en chasser cette année les Bavarois et les Espagnolz. Eydelberg et
Manheim ne seront pas malaisez à prendre et après cela Frankendal
tumbera de luy-mesme. Avant que faire cette restitution par un traicté
général il semble qu’il seroit à propos de faire venir en France le prince
Palatin pour recevoir luy-mesme cette grâce qui vault bien au moins la
demander. Cela donnera lieu de rectifier ses inclinations en avant que le
traitté général soit conclu, d’en faire un particulier avec luy par lequel on
l’obligera luy et ses successeurs de demeurer tousjours unis aux intérestz de
la France, de ne donner jamais d’assistance à ses ennemys quelz qu’ilz
puissent estre, et dans toutes les guerres qu’on pourra cy-après avoir avec la
maison d’Austriche, de joindre ses forces à celles de la France. On y pourra
aussy mesnager un article pour la liberté de conscience et l’exercice public
de la religion catholique dans tout le Bas-Palatinat, qui sera une affaire
digne de la piété de la Reyne et qui fera très grand esclat à Rome, et desjà
lorsque nous avons discouru de cette restitution en Hollande au prince
Palatin nous y avons adjousté cette condition dont il est demeuré d’acord et
puis cette réserve ne choquera pas le party protestant qui est presque tout
lutérien et qui a plus d’aversion contre les Calvinistes que contre les
catholiques.
Cependant elle nous donnera moyen de justifier le dessein de retenir
Philisbourg en faisant cognestre que pour protéger les catholiques de ce
pays-là et faire observer religieusement les conditions qui seront promises à
leur advantage il importe au Saint-Siège que le Roy conserve cette place.
Car de la rendre à l’Empereur, outre que la raison d’Estat ne le permet pas
et que de droict elle appartient à un autre souverain qui est l’évesque de
Spire , tous les princes confédérez de Sa Majesté n’y consentiroient pas.
Aussy de la raser comme souhaiteroient tous les protestans voysins, ce
seroit abbandonner la religion, si bien qu’il y aura lieu d’engager les
ministres mesmes de Sa Sainteté s’ilz sont désintéressez à favoriser de tout
leur pouvoir l’intérest et le dessein qu’on a de retenir cette forteresse
laquelle par raison devroit bien estre rendue à l’évesque de Spire. Mais
outre que celuy d’à présent estant extrêmement vieil on ne sçait pas quelles
seront les inclinations de son successeur, il paroist visiblement qu’un
particulier n’estant pas assez puissant pour conserver une place de cette
importance, elle tumberoit enfin insensiblement entre les mains de l’ Empe-
reur ou seroit exposée aux perpétuelles entreprises que les princes voysins y
pourroient faire lesquelz sont tous protestans. C’est pourquoy il se pourra
faire en son temps une négotiation sur ce subjet à Rome très honorable
pour la France et qui y sera receue plausiblement. Et la retention de cette
place qui mettra Strasbourg entre elle et Brisac, nous donnera le moyen en
y entretenant une forte garnison de tenir en bride et à la dévotion de la
France tout le pays circonvoisin.
Je persiste tousjours à croire qu’en pressant vivement le duc de Bavières par
les armes et en faisant des demandes haultes contre luy dans la négotiation
l’on le réduira plustost à la raison que si on se relasche dans l’une ou dans
l’autre sur les espérances vaines qu’il donne lesquelles jusqu’icy n’ont esté
acompagnées d’aucun effet. Il semble que le mesme intérest d’honneur qu’il
allègue et qui l’engage à demeurer uni avec l’Empereur oblige le Roy à se
tenir attaché avec ses alliez et à les assister dans ce qu’ilz désirent et qu’on
le luy peut déclarer franchement affin qu’il ne prétende rien en particulier
et que pour asseurer ses affaires il travaille à faciliter et avancer le traité
général. En chef le moyen le plus honorable de faire quelque union avec luy
est de faire auparavant par une paix générale cesser les engagementz
contraires où la France et luy se treuvent à présent. La ligue qui sera résolue
pour la seureté du traité en fournira de très bons moyens et en faira comme
l’ouverture. Il y a subjet de croire que ledict duc en aprouve desjà la
proposition puisque l’évesque d’Osnabruc en a parlé comme d’une chose
juste et raisonable et on luy peut donner espérance dès maintenant qu’en
suite de cette ligue l’on pourra faire des liaisons plus particulières avec luy
pour la conservation de sa maison. Mais il semble qu’il seroit utile de luy
faire cognoistre en termes généraux sans s’en expliquer qu’on ne peut pas
abandonner les intérestz du Palatin. Quand on le pressera dans la négoti-
ation pour la restitution du Haut-Palatinat il demandera d’estre récompen-
sé ailleurs par l’Empereur. En cas qu’on jugera à propos que la maison
Palatine se deust contenter du Bas-Palatinat et de la huictiesme place
d’électeur on pourroit mesnager que le duc de Bavières peut conserver le
Haut-Palatinat et descharger par ce moyen l’Empereur de la récompense
qu’il luy devroit donner en d’autres Estatz dans ses pays héréditaires
facilitant la satisfaction des deux courronnes, parce que s’il rendra le
Haut-Palatinat, il reprendroit son assignation dans le pays sur l’Ems , mais
l’Empereur estant déchargé de cette assignation par la facilité que porte-
roient les deux couronnes que le Haut-Palatinat demeure au duc de Bavières,
pourra plus facilement acorder la satisfaction particulière des deux couron-
nes et principalement celle de la France parce qu’il ne recevra pas si grand
préjudice de quitter l’Alsace que de perdre le pays sur l’Ems qui est dans
son voysinage. A la vérité cest expédient seroit aux dépens de la maison
Palatine et les Suédois n’y treuvant pas leur compte si bien que nous ne s’y
rendroient pas si favorables. Mais outre qu’en leur faisant cognoistre que
c’est un moyen de gagner le duc de Bavières en leur faveur et de le bien
disposer pour leur faire obtenir la Poméranie, il semble que la maison
Palatine aura assez de subjet de contentement quand elle recouvre le
Bas-Palatinat et la dignité électorale puisque sans l’assistance des deux
couronnes elle eust esté privée de l’un et l’autre pour jamais. Cecy
néantmoins n’est qu’un discours mal digéré qu’on pourra mieux expliquer
de bouche que par escrit et lequel je soubmets à la censure de Son
Eminence.