Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
75. Mazarin an d’Avaux und Servien Paris 1645 April 7
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Paris 1645 April 7
Kopie: AE , CP All. 51 fol. 95–97’ = Druckvorlage. Konzept: AE , CP All. 43 fol. 309–311’,
Handschrift Lionnes. Druck eines Auszuges: Mazarin , Lettres II S. 140–144.
Verweis auf nr. 72 und 73 und auf die mündlichen Instruktionen Saint Romains. Bayerische
Versuche zur Aufnahme von Verhandlungen in Paris: Entsendung des Pater Vervaux zu
Noirmoutier; Zulassung zur Audienz bei Mazarin; sein Anbringen: Versicherung der freund-
schaftlichen Einstellung Bayerns zu Frankreich, Klagen über die Undankbarkeit des Hauses
Habsburg; Verlangen des Kurfürsten nach Anlehnung an Frankreich aus Sorge um die
Sicherung der Nachfolge; Vorschlag eines Waffenstillstandes zwischen Frankreich und dem
Reich oder wenigstens mit Bayern; Gleichheit der französischen und bayerischen Interessen an
einem Friedensschluß. Antwort Mazarins: Annahme der Komplimente; Tadel für das bisherige
Verhalten Bayerns; Betonung des Friedensschlusses als einziges Kriegsziel der Kronen; Verwei-
sung des Anbringens an die Gesandten in Münster zur gemeinsamen Behandlung mit den
Schweden; Versicherung der Beförderung bayerischer Interessen bei Wohlverhalten des Kurfür-
sten ; Anweisung zur Information der schwedischen Gesandten; Abreise Vervaux’. Erwartung
weiterer Erfolge im Verlauf der Kampagne angesichts der Schwäche der Gegner und als Folge
davon einer günstigen Verhandlungsposition. Aufforderung zum Entwurf von Friedensbedin-
gungen und zu Vorschlägen für territoriale Forderungen.
Les mémoires du Roy que monsieur le comte de Brienne vous addresse
sont si amples qu’ayant encor entretenu monsieur de Saint Romain sur
quelques advis que j’ay euz qu’il vous dira de vive voix, il ne me reste qu’à
vous parler d’un faict particulier dont l’occasion est née seulement depuis
avant-hyer.
Ce jour-là, il ariva en cette ville un père Jésuiste
Bavière qu’il y a envoyé vestu en prest[r]e séculier, et l’a addressé chez le
marquis de Narmoustier lequel depuis sa prison a tenu avec ses ministres
par permission du Roy quelque commerce de lettres pour essayer de
procurer la liberté aux officiers qui sont entre ses mains comme il a réussy.
Il a faict instance de me veoir pour affaires importantes, ce que la Reyne a
treuvé bon pour les avantages que la cause commune pouvoit retirer de ses
ouvertures, notamment faictes dans la conjoncture de la perte d’une bataille
pour le party contraire.
Après m’avoir rendu une simple lettre de monsieur le duc de Bavière
rémissive sur luy, il m’exposa sa créance qui consistoit: Premièrement en de
grandes protestations d’affection pour cette couronne de la part dudict duc,
de sa passion pour le service du Roy, pour la personne particulière de la
Reyne et pour la gloire de sa régence, du désir de s’attacher et unir
estroictement avec la France avec des exagérations que je ne sçaurois assez
bien vous exprimer. Que ledict duc s’estoit tenu sensiblement obligé des
favorables traictemens que ses ministres avoient receuz à Munster de ceux
de Sa Majesté, qu’il luy en rendoit les plus vives grâces qu’il luy estoit
possible et en conserveroit à jamais un parfaict ressentiment.
De là il passa dans de grandes doléances de la maison d’Austriche et des
objetz de plainte qu’ilz luy avoient donnez recognoissant fort mal ses
services et la conduicte qu’il avoit tenue avec eux. Que la mauvaise
intention que les Espagnolz avoient contre luy, luy estoit fort cognue,
qu’estant vieil et cassé et ses enfans jeunes, il avoit grand subjet d’ appréhen-
der pour eux sy Dieu l’apelloit à soy avant que tous ces mouvemens-cy
fussent appaisez, qu’il espéroit de la bonté de Sa Majesté qu’elle ne
treuveroit pas mauvais qu’il recourust à la France et à sa protection dans des
termes qui ne blesseroient pas ce qu’il doibt comme prince de l’Empire.
Il fit enfin instance d’une cessation d’armes avec l’Empire représentant que
toutes les paix ont tousjours commencé par quelque suspention d’armes, et
qu’il est malaisé de les pouvoir jamais conclurre sy les armes ne sont
arrestées. Qu’au cas qu’il y eust trop d’obstacles et de difficultez pour cette
suspension d’armes avec l’Empire, que l’on pourroit du moins la faire avec
le duc son maistre dans les asseurances qu’il ne donneroit aucune assistance
aux ennemis de cette couronne, ce qui seroit une espèce de neutrallité.
Qu’il recognoist fort bien que presque tous les intérestz que la France peult
prendre en Allemagne en la conclusion de la paix sont les siens, et que son
bien, sa seureté et celle de ses enfans s’y rencontrent advantageusement.
Que cette considération doibt faire d’aultant plus adjouster de foy à la
sincérité de ses protestations dont il feroit encor mieux cognoistre la vérité
par les effectz dans le cours de la négotiation de la paix.
Pour conclusion, que ledict duc suplie très humblement la Reyne d’avoir la
bonté de protéger ses intérestz.
La responce que je luy ay faicte après avoir donné part de tout à la Reyne
en présence de Monsieur et de Monsieur le Prince, a esté que la Reyne
recevoit fort volontiers et avec plaisir les protestations que le duc de
Bavières luy faict de son affection envers sa personne et envers ce royaume.
Que Sa Majesté l’a tousjours extrêmement estimé et croid bien que les
advances qu’il faict sont très sincères. Que je le priois pourtant de treuver
bon que je luy disse avec franchise que les discours que le duc de Bavières
tenoit dans l’affaire de Tutlinguen n’estoient pas fort conformes à ceux-cy,
quoyque ses intérestz fussent alors les mesmes qu’ilz peuvent estre aujour-
d’huy, et qu’ainsy Sa Majesté ne sembloit devoir ce changement qu’à la
prospérité plus grande de ses affaires. Que cela n’empescheroit pas que
ledict sieur duc ne treuvast toute bonne correspondance quand il vouldroit
faire suivre ses offres des effectz ainsy qu’il en avoit le moyen dans la
négotiation de la paix et aultrement.
Que les affaires ne sont pas en estat que Sa Majesté puisse rien entendre sur
la suspention d’armes qu’il désireroit avec l’Empire ou au moins avec luy.
Que Sa Majesté et ses alliez ne songent pas à diminuer le feu de la guerre
par une suspention d’armes, mais à l’esteindre tout à faict par une bonne
paix, et que quand mesme il y auroit des raisons qui puissent convier Sa
Majesté à prester l’oreille aux propositions du duc de Bavières, cela ne
seroit qu’à dessein d’en avertir les ministres du Roy à Munster avec ordre
d’en conférer avec ceux de la couronne de Suède pour faire tous ensemble
la responce et prendre la résolution qui seroit concertée dans le lieu qui est
destiné à la négotiation de la paix, hors duquel tout le monde doibt sçavoir
une fois pour toutes qu’il n’y a rien à traicter ny à conclurre avec Sa
Majesté. Que je ne sçavois pas si les succès des armes estoient favorables au
party où est engagé le duc de Bavières comme ilz le sont au nostre, Son
Altesse soustiendroit la maxime que les traictez de paix doibvent tousjours
commencer par une suspension d’armes.
Que pour ce qui regarde les intérestz dudict sieur duc la Reyne, aultant que
les intérestz du Roy et ceux de ses alliez le pourroient permettre, les
facilitera si monsieur le duc de Bavières dans la négotiation de la paix faict
paroistre par des effectz que sa conduicte est telle qu’il proteste icy la
vouloir tenir. Enfin, que ledict duc a un beau champ pour employer
utilement son addresse et son authorité à l’accomplissement d’un si grand
ouvrage et sy important comme est celuy d’establir le repos public, puisque
le mauvais estat des affaires de l’Empereur en Allemagne et la décadence
visible de celles du roy d’Espagne de tous costez avec une telle foiblesse que
nous n’en devons pas craindre la resource, donneront à Son Altesse agissant
vigoureusement de faire conclurre la paix en peu de temps, à laquelle il
pouvoit asseurer son maistre que le Roy, la couronne de Suède et tous ses
alliez sont portez avec sincérité et affection. Enfin, que toute la maison
d’Austriche aura grande obligation à qui viendra à bout de ce grand
ouvrage quoyque malgré les Espagnolz chacun voyant fort bien que le
meilleur moyen pour sortir du mauvais pas où ilz sont et nous empescher et
noz alliez de faire de plus grands progrès, c’est celuy de nous obliger à
mettre les armes bas par un accommodement.
Voylà toute la responce qu’il a eue de moy et tout ce qui s’est passé avec luy
dans nostre entreveue dont vous donnerez s’il vous plaist part à messieurs
les ministres de Suède, leur confirmant de nouveau que tous ceux qui
prétendent d’introduire quelque négotiation secrette et particulière en cette
cour se doibvent désabuser, parce que la résolution de Sa Majesté est de
sacriffier plustost tous les avantages imaginables que de manquer à la
correspondance sincère qu’elle veult conserver religieusement avec tous ses
alliez et nottamment avec la couronne de Suède. Cependant cet envoyé
quoyqu’incogneu icy à tout le monde et sans le sceu de qui que ce soit et
par conséquent y pouvoit faire sans inconvénient tout le séjour que nous
eussions voulu, s’en retourne dès demain, luy ayant faict entendre douce-
ment que nous ne pouvions pas l’escouter plus longtemps, et que pour le
surplus il falloit que les ministres de son maistre à Munster s’addressassent
à vous autres Messieurs qui avez plain pouvoir, ordre et instructions pour
conclurre.
Toutes choses concourent à nous donner de grandes espérances de ce que
noz armes et celles de noz alliez peuvent faire doresnavant dans l’ Allema-
gne . Les progrès que nous y fismes l’année dernière, la victoire remportée
par monsieur Torstenson dans les pays héréditaires et au commencement
d’une campagne, la foiblesse des ennemis et le peu de resource qu’ilz
semblent avoir, la continuation de la guerre du Transilvain, l’apparence
qu’il y a que le roy de Dannemarck vouldra à la fin sortir d’affaires par
quelque accommodement estant d’un costé pressé par Coniscmar et de
l’autre voyant la déclaration de Messieurs les Estatz de joindre cinquante
vaisseaux à la flotte de Suède sy les différens ne se terminent, que l’armée
de monsieur le mareschal de Turenne a desjà passé le Rhin, et que l’on
pressera encores le départ de monsieur le duc d’Anguien qui agira bientost
vigoureusement de ce costé-là, tout cela me faict ce me semble bien
vraysemblablement conclurre que nous et noz alliez serons maistres de la
négotiation, et que les autres seront bien aises à quelque prix que ce soit de
treuver en nous de la disposition à un accommodement. Cela m’a obligé à
vous prier de prendre la peine de me mander à quelles conditions vous
estimez que nous pourrions y entendre pour l’Allemagne et ce que nous
pourrions conserver du consentement de l’Empereur et des princes. Je sçay
bien que les conquestes sont les plus importantes, mais je ne juge pas bien
quelles il y auroit plus de facilité de retenir.
Les Suédois ne seront pas faschez que nous prenions cette résolution sur
leur exemple, s’il est vray comme il y a apparence que le duc de Bavière
craigne les Espagnolz et soupçonne leur mauvaise volonté, il est à croire
qu’il ne sera pas marry de nous avoir près de luy pour estre en estat de le
protéger et de les tenir en considération de luy faire du mal par cette
crainte. J’attendray ce que vous aurez agréable de m’en mander.