Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
313. Saint Romain an [Brienne] Münster 1644 Dezember 3
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Münster 1644 Dezember 3
Kopie: AE , CP All. 25 fol. 268–270’ = Druckvorlage .
Vergebliche Vermittlungsversuche Saint Romains in der Auseinandersetzung zwischen d’Avaux und
Servien um die Federführung und die Öffnung des Posteingangs, die fällige Reise nach Osnabrück und
die Bezahlung der Sekretäre.
La mésintelligence va croissant entre Monsieur d’Avaux et Monsieur Servien.
Ce n’a esté que contestation et-piccoterie toute cette semaine. Il s’est passé
plusieurs billets ou plustosts pasquils entre leurs secrétaires
Vgl. [ Beilagen 1–7 ] zu nr. 310 und [ 6–13 zu nr. 311. ]
ils sont n’est guères esloigné d’une guerre ouverte. Je n’oublie pas ce qui
est de mon devoir en ce rencontre, je fais et dis sans aucune partialité tout
ce que je puis. Je vais et viens d’un costé et d’autre, j’allègue le service du
Roi. Je remonstre le préjudice qu’ils se font à eux mesmes par cette division
et les fais souvenir souvent que la Reine a promis sa faveur et protection à
celui qui souffriroit davantage, mais chacun pense avoir la raison de son
costé et croit estre le plus modéré. Ce n’est pas à moi d’en juger, et quand
je le voudrois faire je n’avancerois rien. Je dirai seulement que quelque
soin que je prenne pour sauver au moins par deçà les apparences et quelque
réflexion qu’ils y facent et l’un et l’autre, il est malaisé que cette division
demeure longtemps cachée parmi si grand nombre d’Ambassadeurs, d’amis
et ennemis qui les observent de près. Et il me semble qu’elle commence desjà
à paroistre. Voici sur quoi nous avons disputé cette semaine. Ces Messieurs
rendront raison chacun de sa conduitte; pour moi je manderai simplement
les choses comme elles se passent.
A peine le courrier qu’on despescha dimanche à la Cour estoit parti, que
Monsieur Servien m’envoia prier d’aller chez lui. A l’abbord il remonstra
combien il estoit important de donner part à tous nos amis et correspondans
de la convention qui venoit d’estre faitte touchant les nouveaux pouvoirs
et dist qu’il estoit d’avis d’envoier exprès pour cela en Hollande et à Osna-
brug . En suitte de ce discours Monsieur Servien me fit quatre ou cinq
propositions que Monsieur d’Avaux appelle nouveautéz.
La première fut qu’il ne vouloit plus escrire ni faire les despesches en atten-
dant la venue de Monsieur Brasset. Il dist que sa santé estoit mauvaise, que
Monsieur d’Avaux avoit permis à Monsieur de Préfontaine de se descharger
du soin de secrétaire de l’ambassade et qu’il ne refuseroit pas la mesme
chose à son collègue. Et enfin qu’après le procédé dont Monsieur d’Avaux
venoit d’user en son endroit, il ne vouloit plus estre son secrétaire, que sa
pensée estoit en attendant Monsieur Brasset de partager ce travail entre
Monsieur d’Avaux et lui, qu’ils pourroient escrire par semaine ou bien
diviser entr’eux les points de chaque despesche pour la Cour, et quant aux
autres qu’ils en feroient chacun la moitié. Que si cela n’estoit agrée, il
consentiroit à tout autre expédient qui mettroit les choses en égalité, et
partant que Monsieur d’Avaux eust promptement à se résoudre, afin que
l’expédition dont il venoit de remonstrer l’importance ne fust point
retardée.
Il me dist en second lieu que la forme de faire les despesches se changeant
par la venue de Monsieur Brasset, il prétendoit que la forme de les recevoir
fust aussi changée et proposa qu’un des siens iroit prendre les lettres à la
poste, les porteroit à Monsieur d’Avaux qui les ouvriroit en sa présence,
et après les avoir leues les luy rendroit pour les porter à Monsieur Servien,
ou bien au contraire qu’un homme de Monsieur d’Avaux iroit prendre les
lettres à la poste, les porteroit à Monsieur Servien etc.
En troisième lieu il déclara que si bien il avoit consenti ci devant de rendre
encore la seconde visite de Monsieur Salvius aux Ambassadeurs de Suède
et d’aller à Osnabrug à la première occasion, il n’estoit plus d’avis de se
laisser députer par Monsieur d’Avaux après le tour qu’il lui avoit fait (il
parle de la dernière despesche que Monsieur d’Avaux vous a escritte à part
sur la diversité d’avis qui estoit entr’eux) , et que Monsieur d’Avaux iroit
si bon lui sembloit à Osnabrug puisque c’estoit son rang. Voici quelle est
leur difficulté sur cet affaire: Monsieur Salvius a fait ci devant la première
visite à ces Messieurs ci comme vous avez sceu. Monsieur Servien la rendit
à mon retour de la Cour. L’on avoit creu que Monsieur Oxenstiern viendroit
ensuitte, et il en avoit donné intention à Monsieur de Rorté et à Monsieur
Servien lorsqu’il fut à Osnabrug. Au lieu de cela il a supposé une maladie
lorsqu’il devoit venir et a envoié Monsieur Salvius en sa place. Monsieur
d’Avaux disoit que Monsieur Oxenstiern prétend que la dignité de la léga-
tion de Suède réside particulièrement en sa personne, que sans doute il
cherchoit un avantage par cette conduitte et vouloit se faire visiter par les
deux Ambassadeurs de France avant que se remuer. Que s’il plaisoit à
Monsieur Servien de rendre encore cette visite de Monsieur Salvius, l’on
éviteroit cet inconvénient et les Suédois n’auroient rien à dire. Monsieur
Servien respondoit que s’il y avoit différence entre Monsieur Oxenstiern et
Monsieur Salvius, qu’il n’y en avoit point entre Monsieur d’Avaux et lui
Vgl. dagegen [ nr. 243 S. 502 ] . Servien spricht sich darin denselben Rang in der französischen
Gesandtschaft zu, den Salvius in der schwedischen innehabe.
et partant qu’il n’importoit par qui la visite fust rendue. Monsieur d’Avaux
remonstra que s’il n’y alloit point de la dignité du Roi ni de l’ambassade
que celui qui tient la première place en celle de France rendist cette visite
aux Suédois, il y auroit encore plus de seureté qu’elle fust rendue par celui
qui tient la seconde. Alors Monsieur Servien consentit à faire le voiage
d’Osnabrug.
La quatrième proposition de Monsieur Servien fut d’escrire à la Cour
touchant les 2000 escus qu’ils avoient intention d’emploier au paiement de
leurs secrétaires. La difficulté sur ce sujet est que Monsieur d’Avaux prétend
que Monsieur de Préfontaine a fait la charge de secrétaire de l’ambassade
pendant un an et qu’il doit estre considéré comme tel en la distribution de
cette somme. Monsieur d’Avaux dit qu’en cédant la plume à Monsieur
Servien, il stipula expressément que ledict Sieur de Préfontaine seroit con-
servé en cette charge, qu’il a tousjours receu les ordres de l’un et de l’autre
sans aucune distinction, que Monsieur Servien en a usé en toutes rencontres
comme d’une personne commune, et partant Monsieur d’Avaux propose
de lui donner pour l’année qu’il a servi 1000 escus tant de sa part que de
celle de Monsieur Servien et partager les autres 1000 escus entre leurs secré-
taires particuliers. Monsieur Servien respond que si Monsieur de Préfon-
taine a eu le titre et l’honneur de cette charge et que s’il a esté le premier
secrétaire de l’ambassade, Monsieur Alard a partagé le travail avec lui et a
esté en effet le second et qu’il n’y doit avoir aucune différence entr’eux pour
le paiement
Vgl. dazu L. v. Aitzema , Historia Pacis S. 281: Nachdem Préfontaine als Gesandtschafts-
sekretär vor der Abreise der Gesandten aus Holland ein Geschenk im Wert von 80 Gulden erhalten
batte, machte Servien darauf aufmerksam, daß Alard den gleichen Rang einnehme, worauf auch
dieser ein gleichwertiges Geschenk erhielt.
secrétaire de l’ambassade demeureroit à Monsieur de Préfontaine et cela
aiant esté mis en condition lorsqu’il se désista du droit qu’il prétend lui
appartenir de faire les despesches, il n’est pas raisonnable que ledict de
Préfontaine soit traitté quant au passé comme un secrétaire particulier.
La cinquième proposition fut que Monsieur Brasset logeroit entre les deux
maisons le plus au milieu que faire se pourroit, sur quoi Monsieur d’Avaux
n’a fait aucune difficulté.
Comme Monsieur Servien eut achevé et que j’eus reconnu qu’il estoit résolu
et ferme en ses prétentions, j’allai selon son ordre en faire rapport à Monsieur
d’Avaux et addoucis les choses autant qu’il me fut possible. Monsieur
d’Avaux ne résuma d’abbord que la première proposition et me pria de
retourner sur l’heure chez Monsieur Servien pour lui dire qu’il demeureroit
d’accord qu’il estoit très important de donner avis partout du bon estat où
estoit la négociation de paix, qu’il n’y avoit point de temps à perdre, qu’il
avoit creu que les despesches pour cela fussent faittes, veu qu’elles avoient
esté concertées et qu’il les attendoit pour les signer. Lorsque je lui avois
appris que Monsieur Servien ne vouloit plus escrire, qu’il ne comprenoit
pas cette conduitte de remonstrer l’importance d’une despesche, en presser
l’expédition et changer en mesme temps l’ordre et la forme d’escrire, pro-
poser des expédiens sur ce sujet et mettre la chose en négociation, que ce
n’estoit pas là le moien d’avancer une affaire pressée, qu’il estoit bien surpris
de ce procédé et que néantmoins pour tesmoigner sa modération il consen-
toit que l’on vist pendant cette semaine s’il se pourroit trouver quelque
expédient, mais que cependant c’estoit à Monsieur Servien à continuer
d’escrire et qu’il seroit responsable de tout le retardement et préjudice qui
arriveroit par là aux affaires.
Là dessus je retourne chez Monsieur Servien, mais je ne lui pûs rien persua-
der . Il continua en sa résolution de ne point escrire, et me proposa un autre
expédient qui fut que Monsieur de Préfontaine fist les despesches. Monsieur
de Préfontaine s’en excusa et Monsieur d’Avaux proposa que ce fust Mon-
sieur Allard dont Monsieur Servien ne demeura pas d’accord. Enfin après
plusieurs allées et venues, Monsieur d’Avaux s’offrit de faire la despesche
pour les Princes de l’Empire comme il avoit fait ci devant. Monsieur Servien
prit cela pour un partage et se chargea des deux autres pour Hollande et
Osnabrugk, ainsi cette expédition fut faitte non sans quelque perte de
temps.
Comme il a fallu escrire à la Cour, la contestation a recommencé. Jeudi à
midi Monsieur Servien m’escrivit un billet sur ce sujet qui sera ci joint .
Je ne le monstrai pas à Monsieur d’Avaux, j’avois veu le jour précédant
qu’un pareil billet de Monsieur Allard à un des secrétaires de Monsieur
d’Avaux avoit donné lieu à plusieurs répliques qui fomentoient la division.
Je me contentai donc d’en dire le sens. Monsieur d’Avaux continua dans
sa première response. Il dist que c’estoit une nouveauté que Monsieur
Servien faisoit, qu’après lui avoir arraché la plume des mains et avoir eu cet
avantage un an durant, il lui en vouloit faire part quinze jours en attendant
la venue de Monsieur Brasset. Que cela n’estoit pas raisonnable et qu’il ne
voioit point d’autre expédient, sinon que Monsieur Servien trouvast bon
que Monsieur Allard fist les despesches s’il ne vouloit pas continuer à les
faire lui mesme. Monsieur d’Avaux me chargea de remonstrer de plus que
Monsieur Servien ne s’estoit pas déclaré à temps sur ce sujet, et que cette
déclaration avoit deu estre faitte lorsqu’ils receurent ordre de la Cour de
convenir d’un secrétaire de l’ambassade, ou du moins lorsqu’ils estoient
convenus de la personne de Monsieur Brasset. Je retourne encore chez
Monsieur Servien, mais je n’avançai rien. Je reviens vers Monsieur d’Avaux
ne cherchant qu’à persuader d’un costé au d’autre ce qui est du service du
Roi et le pressai de trouver quelque tempérament à cet affaire. Il me dist
qu’il y penseroit la nuit. Le vendredi matin il me renvoia vers Monsieur
Servien pour lui communiquer le projet d’une lettre pour les Estats de
l’Empire et de deux responses aux Electeurs de Cologne et de Bavières.
Il me dit ensuitte qu’il y avoit encore deux responses à faire, l’une aux Estats
de Franconie et l’autre au Comte de Nassau Saarbrück, qu’il les feroit encore
toutes deux et que, si Monsieur Servien vouloit faire la lettre de la Cour, le
partage auroit esté assez esgal cette semaine. Monsieur Servien dit que ces
deux responses regardoient l’Allemagne et estoient du premier partage de
Monsieur d’Avaux, et d’ailleurs qu’il n’est pas question d’un expédient pour
cette semaine, mais jusques à la venue de Monsieur Brasset. Alors je lui
proposai de dicter les despesches ensemble, mais il y trouva quelque diffi-
culté et dit que si on vouloit, chacun escriroit de son costé à la Cour, et
l’on est demeuré là dont j’ai grand regret.
Il me reste encore à dire sur ce sujet qu’au commencement de cette contesta-
tion Monsieur Servien me proposa une fois que je fisse les despesches en
attendant Monsieur Brasset. Il n’est pas besoin, Monseigneur, que je vous
die les diverses considérations que j’ai de n’y pas entendre. Vous sçavez
comme j’en ai esté exclus en un autre temps, néantmoins je vous jure que
j’aurois passé par dessus toute sorte de considérations si j’avois crû que cela
eust pû contribuer quelque chose à l’union de ces Messieurs. Mais devant
Dieu, je me suis déffié de mes forces, je n’ai pas espéré de pouvoir les con-
tenter dans la discorde où ils sont. Dès la première despesche j’aurois perdu
créance près l’un ou l’autre et me serois rendu inutile entre les deux.
Quant aux autres propositions de Monsieur Servien, Monsieur d’Avaux ne
convient d’aucune, si ce n’est touchant le logement de Monsieur Brasset
comme il est dit ci dessus.
Quant à la forme de recevoir les despesches, si Monsieur Servien veut estre
présent à l’ouverture du pacquet, Monsieur d’Avaux en sera bien content.
Que s’il y veut envoier un secrétaire des siens, Monsieur d’Avaux lui fera
mettre volontiers les despesches entre les mains aussitost qu’il les aura leues.
Mais il ne veut pas estre obligé à ouvrir et lire les lettres en présence dudict
secrétaire et dit que c’est lui faire injure de lui vouloir donner un tel
controlleur.
Voilà que j’apprens présentement que Monsieur Allard escrivit encore hier
au soir à Monsieur de Préfontaine
Vgl. die [ Beilagen 8–11 zu nr. 310. ]
aigres que les premiers. Ces escritures ne font que nourrir la mésintelligence,
c’est pour cette raison que je ne voulus pas accepter il y a huit jours une
lettre qui m’avoit esté escritte par Monsieur Servien , comme je vous ai
mandé par ma dernière, et depuis m’aiant envoié jeudi un billet, comme il
est dit ci dessus, je l’ai supplié de n’en user plus ainsi en mon endroit,
puisque j’estois prest à me rendre à toute heure chez lui pour recevoir ses
ordres de sa bouche.
Vous aurez esté informé par le dernier ordinaire comme l’on est convenu
ici que dans le jour de demain chacun mettroit sa première proposition entre
les mains des Médiateurs. Nos Messieurs se verront demain sur les neuf
heures du matin pour concerter leur proposition. Je viens de chez Monsieur
Servien qui m’en a donné sa parole, et j’espère que cela ira bien.