Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
270. d’Avaux und Servien an Brienne Münster 1644 Oktober 15

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d’Avaux und Servien an Brienne


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Münster 1644 Oktober 15

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Ausfertigung: AE , CP All. 34 fol. 46–54’ = Druckvorlage; Eingang nach Dorsal fol. 55’: 1644
5
Oktober 26. Stichpunkte des d’Avaux-Kopisten vom 12. Oktober: AE , CP All. 24 fol. 401–
6
401’. Konzept: AE , CP All. 31 fol. 59–68 und 509–514. Kopien: AE , CP All. 38 fol. 175–
7
183, vermutlich Beilage zu nr. 271; AE , CP All. 24 fol. 445–457’. Druck: Nég. secr. II, 1
8
S. 147–151; Gärtner III S. 507–521, datiert auf 22. Oktober.

9
Postverkehr. Beschwerde bei den Mediatoren über die Verzögerung der Verhandlungen. Kritik an der
10
französischen Vollmacht. Genugtuung der Gegner über den Ausgang der Papstwahl. Innozenz X.
11
Gefahr der Abberufung Chigis. Pfälzische Restitutionsforderung. Beurteilung Contarinis. Gazette.
12
Brasset. Rückkehr Rortés als Resident nach Osnabrück. Marsch hessischer Truppen nach Ostfries-
13
land . Neutralität von Lüttich. PS: Bevorstehende Einigung über die Erneuerung der Vollmachten.

14
Vostre lettre du 24 du mois passé que nous avion[s] creu perdue nous a
15
esté rendue par le dernier ordinaire avec celle du premier de ce mois, toutes
16
deux en assez bon estat, ce qui faict espérer que noz parties ayans esté
17
esclaircies de ce qu’elles avoient envie de sçavoir et ayans apris par voz
18
lettres et les nostres que les prospéritéz des armes du Roy n’ont pas inter-
19
rompu les conseilz et les desseins de la paix, ilz seront peut estre de meilleure
20
foy à l’avenir pour laisser passer en seureté les courriers sans qu’il soit besoin
21
de prendre une autre voye pour escrire que celle qu’on a tenue jusques à
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présent. Ilz ont encores plus d’intérest que nous de conserver ce commerce,
23
puisque s’ilz obligeoient Sa Majesté par plusieurs actions semblables à celle
24
qui a esté faitte en dernier lieu de refuser le passage par la France à ceux qui
25
apportent leurs lettres d’Espagne, ilz en recevroient plus d’incommodité
26
que nous et n’auroyent pas des moyens si promptz et si faciles pour y
27
remédier.

28
Depuis les escritz que nous avons donnéz de part et d’autre dont le dernier
29
ordinaire vous porta la coppie , il ne s’est pris icy aucune résolution. Cette
30
longueur estant importune et de mauvaise grâce, nous avons voulu en
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descouvrir la cause, et ayans cogneu par toutes voz dépesches non seulement
32
que la Reyne désire l’avancement de cette négotiation, mais que Sa Majesté
33
veut bien que tout le monde cognoisse le désire qu’elle en a, nous n’avons
34
point faict de scrupules d’aller visiter les deux Médiateurs chacun d’eux
35
séparément

40
Vgl. dazu V. Kybal – G. Incisa della Rocchetta I, 1 S. 205–207.
pour nous plaindre de ce retardement et qu’après les facilitéz
36
que nous avons apportées à tout ce que noz parties pouvoyent désirer de
37
nous raisonnablement, ilz fassent paroistre de leur part si peu de disposition
38
à avancer les affaires. Ilz nous ont tesmoigné tous deux d’estre estonnéz de

[p. 553] [scan. 643]


1
ce procédé et que pour en sçavoir le sujet ilz avoyent résolu le jour mesme
2
que nous les avons visitez d’envoyer chez tous les Ambassadeurs. Ilz n’ont
3
pas peu s’empescher dans leurs discours de nous faire comprendre l’ appré-
4
hension qu’ilz ont qu’on n’ayt envoyé à Vienne les papiers qui ont esté
5
donnéz de part et d’autre pour en avoir la résolution avant que de passer
6
outre, |:à quoy ilz ont adj ousté:| que cette manière d’agir |:les faict persister
7
dans l’opinion qu’ilz ont eue aussy bien que nous:| dès le commencement
8
de noz conférences qu’il sera difficile d’avancer les affaires tandis que nous
9
ne verrons icy que |:les personnes qui y sont de la part de l’Empereur et
10
du Roy d’Espagne:|. Monsieur Contarini ne nous a pas celé qu’ayant faict
11
remonstrer par l’Ambassadeur de la République qui est à Vienne

42
Giovanni Giustiniani.
les lon-
12
gueurs extrêmes qui se rencontreroient à cette négotiation si l’Empereur ne
13
donnoit plus de pouvoir à ses commissaires et s’ilz estoient obligéz sur les
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moindres choses d’envoyer demander ses intention[s] avant qu’y prendre
15
résolution, le Comte Transmandorf luy a respondu que c’estoient des formes
16
qu’on ne pouvoit changer et que l’Empereur ne pouvoit pas donner à ses
17
Plénipotentiaires la mesme authorité que les autres Roys et Princes donnent
18
aux leurs, parce qu’il ne doit rien faire sans l’avis des Electeurs. Si bien qu’on
19
ne se contente pas d’empescher que les Electeurs ne viennent ou envoyent
20
icy leurs députéz, mais on se sert de leur intérest pour jetter les affaires dans
21
une longueur qui ne sçauroit jamais avoir de fin si on ne se résout de traitter
22
d’une autre sorte.

23
Nous attendrons avec impatience les pièces qu’il vous plaist de nous faire
24
espérer. Il est bien vray comme vous remarquez très judicieusement que
25
l’ordonnance de Philippes le Long

43
Vgl. S. 193 Anm. 1.
est plus forte que toutes les autres pour
26
obliger les sujetz du Roy et monstrer que dans le Royaume on ne peut
27
changer les formes qui ont esté jusques icy praticquées, mais l’exemple de
28
ce qui s’est faict en semblable cas ne sera pas moins propre à convaincre des
29
estrangers. Nous voyons qu’ilz s’arrestent encore sur ce point de la minorité
30
du Roy et qu’ilz y cherchent des précautions qui sentent plustost les juris-
31
consultes que l’homme d’Estat, dont nous ne sommes pas estonnéz puisque
32
Monsieur le Docteur Wolmar et Monsieur Brun sont les principaux con-
33
ducteurs de cette négotiation. Ilz ont eu l’audace d’alléguer à ce propos ce
34
qui fust faict soubz le règne du Roy François Premier, comme s’ilz voulloient
35
imputer à la mémoire de ce grand Prince un manquement de parolle. Mais
36
nous pouvons vous asseurer que ce point ne demeurera pas sans repartie et
37
que nous ne le faisons par escrit. Pour ne faire pas un procès de nostre
38
employ, nous le ferons si fortement de bouche en parlant aux Médiateurs
39
que lorsque noz parties sçauront la response que nous leur aurons faitte,
40
ilz apprendront que nous voulions de bon cœur reprendre les affaires de ce
41
temps là pour faire faire raison à la France des injustices et des violences qui

[p. 554] [scan. 644]


1
luy furent faittes à cause que le malheur des armes et la trop grande valleur
2
d’un Roy l’avoit mis entre leurs mains. Nous ne manquerons pas de leur
3
faire cognoistre que la nécessité qu’ilz imposoient malicieusement à ce grand
4
Prince de faire ratiffier par les Estatz de son Royaume un traitté qu’ilz luy
5
avoyent faict faire par force pendant sa prison, luy fournist un moyen très
6
légitime de n’exécuter pas ce qu’on avoit exigé de luy injustement, puisque
7
lesdits Estatz avec très grande raison n’y voulurent pas consentir

43
Vertrag von Madrid vom 14. Januar 1526; Druck: J. Du Mont , Nouveau recueil II S. 112.
. En tout
8
cas on leur fera voir qu’ilz allèguent mal à propos cet exemple, puisque nous
9
sommes bien esloignéz de la pensée de desmembrer des provinces et renoncer
10
à des antiens droits de la Couronne qui estoit le sujet pour lequel on désiroit
11
lors toutes ces formalitéz, sans lesquelles ilz recognoissoient eux mesmes
12
que cela ne se pouvoit faire.

13
Nous avions espéré que les lettres |:de Monsieur de Saint Chamond:| ne
14
nous ayans donné aucun avis |:par lequel nous ayons peu régler icy nostre
15
conduitte sur la nouvelle eslection du Pappe, les vostres nous prescriroient
16
ce que nous aurions à faire sur ce subject. Mais nous aprenons qu’on a jugé
17
l’affaire et avec très grande raison si inportante qu’on y a voulu faire
18
auparavant une meure délibération:|. Cependant les Espagnolz continuent
19
d’en faire partout des resjouissances publiques qui passent mesme au delà
20
de ce que la prudence devroit permettre en une semblable occasion. Mais ilz
21
ne font pas scrupule, pourveu qu’ilz contentent leur vanité en faisant croire
22
que c’est eux qui ont porté celuy cy au pontifficat, de sacrifier son honneur
23
et de persuader à tout le monde par leurs déportemens qu’il doit estre
24
ministre de toutes leurs passions. Ilz ont mesnagé secrètement qu’on chantast
25
dimanche dernier le Te Deum pour son eslection dans l’esglize cathédralle
26
de cette ville, où quoyque personne fust invité et que ny le Nunce ny l’ Am-
27
bassadeur de Venize ne s’y soient trouvéz non plus que nous, les commissai-
28
res impériaux et espagnolz se rendirent au milieu de la cérémonie, faisans
29
mesmes porter avec eux leurs sièges et les paremens du lieu où ilz se devoient
30
mettre, affin qu’on ne descouvrist pas leur dessein et de pouvoir par ce
31
moyen faire esclater à Rome qu’eux seulz y ont assisté. Nous croyons mesmes
32
qu’ilz n’ont pas eu moins d’intention |:de faire préjudice à Monsieur Chiggi
33
qu’à nous:| par cette surprise qui faict plus de préjudice à Sa Sainteté qu’elle
34
ne peut avancer leurs affaires. Chacun est en attente de ce qu’elle fera pour
35
cette négotiation, et tout le monde demeure d’accord que ce sera la pierre
36
de touche qui descouvrira son intérieur. On l’estime homme accort et
37
prudent. Si cela est, difficilement voudra-t-il en une occasion si importante
38
regardée de toute l’Europe où les qualitéz de Père commun et d’entremetteur
39
le doivent esgalement obliger d’estre neutre, faire une action qui le puisse
40
déclarer ouvertement partial. |:On sçait que les Espagnolz n’ont pas con-
41
fiance au Nunce qui est icy, parce qu’estant homme d’honneur et de très
42
grande vertu:|, ilz ne peuvent pas se promettre |:qu’il adhère à toutes leurs

[p. 555] [scan. 645]


1
injustes prétentions. Ces mesmes qualitéz:| nous doivent bien faire espérer
2
|:de l’avoir favorable aux choses raisonnables, mais non pas d’en pouvoir
3
disposer aux occasions où sa conscience et sa réputation s’opposeroient à
4
nostre désir, puisqu’il est establi du gré de tous les intéresséz:|. Il sera bien
5
plus facile et nous aurons beaucoup plus de droit |:d’empescher qu’on ne
6
le change que nous n’aurons moyen de nous asseurer de ceux qui pourroient
7
estre envoyéz en sa place ni de donner l’exclusion à tous ceux contre lesqulez
8
on pourroit avoir quelque légitime soupçon, puisqu’estant créatures de ce
9
Pappe, il croiroit de bien faire leur cour et establir leur fortune en suivant
10
ses inclinations:|. Nous ne vous cèlerons point que nous sommes entréz
11
en appréhension quand nous avons veu |:dans vostre lettre que l’on son-
12
geoit à ceux qui pourroient estre destinéz pour succédder à Monsieur Chiggi,
13
comme si on estoit résolu de passer désjà condemnation pour le laisser
14
oster:|. Il nous semble que l’on peut faire |:une puissante batterie pour le
15
maintenir et qu’on y sera très bien fondé sans toutesfois faire paroistre aucune
16
affection particulière pour luy, mais seullement pour empescher que noz
17
parties ne soient pas les maistres dans un choix où tous les intéresséz ont
18
droict de dire leur advis aussy bien qu’eux. S’il ne s’agissoit que de changer
19
le Nunce de France, le Pappe en pourroit user selon sa volonté et néant-
20
moings :| il seroit obligé par bienséance d’y apporter quelque circonspection.
21
|:Mais il ne sauroit retirer celluy qui est icy ny luy donner un successeur
22
sans le consentement du Roy qu’il ne face une injustice manifeste:|, puis-
23
qu ’en toutes sortes d’occasions |:quand les juges ou les Médiateurs:| n’ont
24
autre authorité que celle que leur donne le consentement des parties, |:on
25
ne peut jamais leur en donner qui ne leur soient agréables:|.

26
Il y a apparence que si |:nous y résistons fortement, que le Pappe n’osera
27
pas l’entreprendre pour ne se rendre pas si visiblement suspect par une
28
action qui nous:| fourniroit un sujet légitime non seulement |:de n’avoir
29
aucune comunication avec celluy qui seroit envoyé de sa part, mais de passer
30
mesme jusques à refuser sa médiation, la forme de son eslection:| feroit sans
31
doute envers tout le monde que |:nous ne serions pas tant blaméz de
32
l’exclusion que nous luy donnerions

43
32 qu’il le] im Klartext: qu’elle
qu’il le seroit de n’avoir pas sceu esviter
33
les nouveaux subjects qui nous y pourroient obliger, si bien que quand le
34
Pappe n’auroit autre but que de favoriser les Espagnolz, il se priveroit des
35
moiens de leur procurer la paix qui leur est encore plus nécessaire qu’à nous
36
et perdroit la gloire:| de restablir le repos de la Chrestienté à laquelle on
37
croid |:qu’il doit aspirer par dessus toutes choses:|. Vous devez estre
38
asseuré que vous ne sçauriez jamais |:avoir icy un plus homme d’honneur
39
et plus intelligent que Monsieur Chiggi ni mieux disposé pour la France
40
aux choses raisonnables:|. C’est pourquoy non seulement par nostre avis |:il
41
faut faire tous les effortz possibles pour empescher qu’on ne le change:|,
42
mais il faut éviter si l’on peut que les résolutions qui seront prises quoy-

[p. 556] [scan. 646]


1
qu ’avec intention en apparence |:de le laisser icy ne l’obligent pas en effect
2
de se retirer. Car il nous a déclaré assez naïfvement que si l’on envoie un
3
Légat, il pourra bien estre tel qu’il servira de bon cœur sous luy si on le luy
4
ordonne:|, mais qu’on pourroit aussy |:jetter les yeux sur quelques Cardi-
5
naux qui ne luy

43
5 laissans] im Klartext: laisseroit
laissans pas la liberté d’agir selon sa conscience luy feroient
6
prendre résolution de s’en aller plustost en son évesché que de demeurer
7
auprès d’eux. Sa discrétion ne luy a pas permis de s’expliquer plus ouverte-
8
ment , mais il n’a pas esté mal aisé de comprendre qu’il a entendu si on
9
envoyoit quelqu’un de la faction contraire et auquel on eust donné des ordres
10
secrets en venant icy:|. Il y en a qui croyent que si l’on profite bien des
11
appréhensions que peut avoir |:le Pape des déclarations ouvertes et publi-
12
ques qu’on pourroit faire en France contre luy et que l’on tienne:| quelque
13
temp[s] en suspens les résolutions qu’on doit prendre sur ce sujet jusqu’à
14
ce qu’on ayt mesnagé avec luy les précautions et les seuretéz qu’on doit
15
chercher |:pour l’intérest de la France dans sa conduitte, on exigera peut
16
estre des choses de luy par la crainte qu’on auroit peine d’obtenir par affec-
17
tion :|. Il semble que l’une des plus importantes |:est la confirmation de
18
Monsieur le Nunce Chiggi dans son employ:|, laquelle non seulement on a
19
droit de demander, mais il y a apparence que dans les conditions |:secrèttes
20
de l’acomodement avec le Pape on peut mesnager que pour l’aucthoriser
21
davantage on luy envoye le chappeau:|, au moins s’il est vray ce que l’on
22
dit |:que le Pappe tesmoigne beaucoup d’envie d’acquérir l’affection de la
23
Reyne:| et qu’il s’y porte aussy sincèrement qu’il est nécessaire pour son
24
repos et son honneur de faire cette acquisition. |:Monsieur Contarini est
25
tellement entré dans ce sentiment qu’il a dit audict Sieur Nunce avec sa
26
liberté naturelle que c’estoit son bonheur que l’on creust le Pape du parti
27
des Espagnolz:|, parce qu’il seroit obligé pour |:lever ce soupçon non
28
seulement de le maintenir mais de le faire Cardinal, afin d’acquérir quelque
29
crédit envers la France ou du moins de faire action d’indifférend et de Père
30
commun dans une occasion si inportante. Ledit Sieur Contarini a mesme
31
adjousté à:| ce discours qu’il nous a redit luy mesme, |:que si le Pape estoit
32
prudent:| comme il y avoit sujet de le croire, |:il n’auroit pas l’asseurance
33
de penser à faire icy aucun changement:|.

34
Vostre pensée |:sur la demande de Monsieur le Prince Palatin:| nous semble
35
accompagnée de beaucoup de prudence. Comme il importe de restablir les
36
Princes qui ont esté despouilléz pour justiffier les desseins des armes du Roy
37
en Allemagne suivant les protestations publiques que nous avons faittes,
38
|:la démonstration de le voulloir faire:| et les promesses qu’on y pourra
39
adjouster seront suffisantes pendant quelque temps et produiront l’effet que
40
nous souhaittons. Mais si on alloit si viste |:à la restitution du Palatinat:|
41
sans prendre auparavant les précautions nécessaires |:dudict Prince, il pour-
42
roit croire qu’on luy auroit payé une debte au lieu de luy faire une grâce,

[p. 557] [scan. 647]


1
et peut estre dans quelque temps n’en auroit pas tous les sentimens de gra-
2
ditude et d’obligation qu’on en doit attendre. Nous avons apris |:que le
3
feu Roy de Suède se repentit d’avoir rendu si promptement le mesme Estat
4
au père de celluy cy:| qui eut bien la discrétion fort peu de jours après de
5
former des contestations avec son bienfaicteur sur les logemens et contri-
6
butions dont il vouloit exempter le pays qu’on venoit de luy rendre

37
Durch den am 14. April 1633 zwischen Pfalzgraf Ludwig Philipp und dem Kanzler Oxenstierna
38
geschlossenen Vertrag wurde Kurpfalz restituiert, in den wichtigsten Plätzen blieben aber schwedi-
39
sche Garnisonen.
. Il nous
7
semble que cette restitution ne fut faitte que moyennant une somme d’argent,
8
et que par le traitté ledit Roy ne voulut pas consentir |:que le Palatin prist
9
la qualité de Souverain du pais:|. Nous ne voudrions pas proposer d’imiter
10
ledit Roy en la première de ces conditions, puisqu’aussy bien les Princes de
11
cette Maison ne se trouvent en estat de la pouvoir effectuer quand ilz
12
auroient promis, |:mais peut estre ne jugerez vous pas hors de propos de
13
faire réflection sur la seconde:|, affin que si ledit Prince rentre dans ses Estatz
14
par les biensfaictz du Roy, il les reçoive des mains de Sa Majesté comme un
15
pays conquis sur ses ennemis et qui par conséquent luy appartient mainte-
16
nant par le droit des armes. Le peu de temps que nous avons |:fréquenté
17
l’aisné de cette Maison

40
Karl I. Ludwig war in Den Haag im Exil.
:| nous a faict juger |:que c’est un Prince qui a de
18
grandes prétentions, mais nous ne sçavons pas si dans son cœur il a toute
19
l’affection qu’on pourroit désirer pour la France

35
19 et] nicht im Klartext.
et:| s’il n’a point plus de
20
souvenir de l’offence qu’il croid |:d’y avoir receue par sa prison

41
Der Pfälzer war 1639 ohne Erlaubnis durch Frankreich gereist, um mit den Weimarer Truppen
42
Kontakt aufzunehmen, deren Führung er anstrebte. Im Oktober 1639 wurde er in Moulins verhaftet
43
und bis September 1640 gefangen gehalten; vgl. K. Hauck , Karl Ludwig, Kurfürst von der Pfalz
44
S. 41–48 und C. J. Burckhardt , Richelieu III S. 307f.
que de
21
celle qu’il vouloit faire au feu Roy passant dans son Royaume sans sa per-
22
mission pour aller prendre:| le comman

36
22-23 de Sa Majesté] nicht im Klartext.
dement d’une des armée[s] |:de
23
Sa Majesté contre son gré. Ce voyage avec celluy qu’il a faict en Angleterre
24
en dernier lieu et quelques autres de ses actions:| monstrent assez clairement
25
qu’ayant plus d’ambition que de conduitte il aspire bien à toutes les grandes
26
choses, mais qu’il n’a ny le jugement de choisir ny le génie d’exécuter les
27
moyens nécessaires pour y parvenir et qu’il ne considère pas assez l’injustice
28
de ses entreprises. Il semble donc |:qu’on luy peut promettre de luy rendre
29
le Palatinat:| lorsqu’il sera en estat de le conserver. Cependant la justice y
30
pourra bien estre exercée par les officiers des trouppes du Roy, et on aura
31
loisir de songer aux conditions qu’on sera obligé d’exiger de luy lorsqu’on
32
aura résolu de luy faire une si importante restitution.

33
Nous taschons autant qu’il nous est possible |:de conserver la confiance de
34
Monsieur Contarini. Jusques icy nous l’avons trouvé très bien disposé en

[p. 558] [scan. 648]


1
toutes occasions, s’estant mesme:| quelquesfois, comme nous vous avons
2
cy devant marqué, |:emporté assés librement contre noz parties lorsqu’ilz:|
3
ont faict des difficultéz desraisonnables. Mais comme ce n’a encores esté
4
qu’en des choses qui n’avoient pour but que l’avancement de la négotiation,
5
nous ne pouvons pas nous asseurer si quand il faudra entrer en matière et
6
décider les points importans, |:les ordres de ses supérieurs ou son inclina-
7
tion propre luy permettront de pencher plustost de nostre costé que du leur.
8
Nous avons:| mesme quelque sorte d’appréhension contraire et avons desjà
9
remarqué que |:sur une visitte que les Portugais et Catalans qui sont icy
10
ont voulu rendre à Monsieur le Nunce et à luy en qualité seulement de per-
11
sonnes privées:|, quoyque ledit Sieur Nunce eust donné parolle de les
12
recevoir, |:ledit Sieur Contarini l’a faict changer d’avis et a soustenu hardi-
13
ment qu’il ne leur falloit point donner audience:|, en quoy certes il nous a
14
semblé qu’il a un peu plus considéré les Espagnolz que la raison

42
Vgl. dazu V. Kybal – G. Incisa della Rocchetta I, 1 S. 163 und 182f.
.

15
La mort de l’Ambassadeur qui alloit à Constantinople de la part de l’ Empe-
16
reur

43
Nicht ermittelt.
faict voir aussy bien que la peste qui est survenue à Vienne depuis
17
peu que Dieu n’a pas agréable qu’au lieu de faire la paix entre les Princes
18
chrestiens on recherche les infidèlles par des sousmissions honteuses. Il seroit
19
plus pardonnable à Renaudot d’avoir faict un raisonnement là dessus que
20
d’escrire comme il a faict par sa Gazette du premier de ce mois que l’Empire
21
va retourner à ses premiers maistres. Cette prétention est si directement
22
contraire aux protestations que nous avons charge de faire icy de la part du
23
Roy, que Sa Majesté ne veut point conquérir l’Allemagne mais seulement
24
y restablir toutes choses en leur premier estat, qu’il semble qu’on ne luy doit
25
pas permettre de faire de semblables discours dont les ennemis ne manquent
26
pas de se servir pour persuader aux Allemans qu’au lieu d’avoir intention
27
de les secourir comme nous en faisons le semblant, nostre dessein est en
28
effet de les subjuguer si nous le pouvons faire.

29
Nostre dernière lettre vous aura peu faire voir comme avant qu’avoir veu
30
ce qu’il vous a pleu nous escrire sur le sujet du Sieur Brasset nous en avions
31
desjà convenu ensemble et luy avions escrit de nostre costé pour luy offrir
32
la charge de secrétaire de cet [te] Ambassade. Nous attendons sa response et
33
ne manquerons pas de vous faire sçavoir la résolution qu’il prendra.

34
Quant à Monsieur de Rorté, nous croyons qu’il s’acquittera fort bien de son
35
employ, encores comme vous remarquez très prudemment qu’il soit devenu
36
très important si les Impériaux et les Suédois continuent de traitter ensemble
37
sans Médiateur. Quant on auroit la pensée d’y apporter quelque changement,
38
il s’y rencontreroit divers inconvéniens, tant parce qu’il a esté convenu par
39
le dernier traitté d’alliance qu’il n’y auroit là qu’un Résident, qu’à cause que
40
les Ambassadeurs de Suède ont tousjours esvité de traitter en un lieu où il
41
y eust un Ambassadeur de France pour n’estre pas obligéz de luy céder aux

[p. 559] [scan. 649]


1
cérémonies comme la raison le voudroit, ce qu’il seroit malaisé d’esviter
2
quand il arriveroit de nouveaux Ambassadeurs, soit pour la préséance des
3
carrosses qu’on envoye à leur rencontre, soit pour la première visite qu’ilz
4
seroient obligez de rendre à celuy de France après leur arrivée.

5
Il nous fasche extrêmement de voir tant de longueurs en l’accommodement
6
des affaires d’Ostfrise, mais nous avons bien esté plus surpris lorsque nous
7
avons sceu que les troupes de Madame la Landgrave qui s’estoient avancées
8
vers le Mein ont eu ordre de rebrousser et d’aller trouver Monsieur le Comte
9
d’Eberstein en Ostfrise. Nous en avons faict de grandes plaintes à Madicte
10
Dame et n’avons obmis aucune sorte de diligence pour empescher cette
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contremarche affin que ce malheureux différend qui occupe ses forces estant
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terminé, elle les envoye toutes au secours de l’armée de Sa Majesté.

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Nous ne doutons point que les Liégeois n’ayent faict à l’Empereur la res-
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ponse qu’on vous a faict sçavoir. Il leur est trop avantageux de ne rien payer
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pour ne chercher pas tous les prétextes qui les en peuvent exempter. Mais
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comme le plus spécieux et le plus valable de tous est leur neutralité, nous
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avons quelque moyen de leur faire achepter ce privilège qui les affranchit
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des contributions que payent tous les autres vassaux de l’Empire et dont
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ilz ne pourroyent pas jouir si la France refusoit de leur continuer la neutralité.

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C’est pourquoy ilz doivent estre plus soigneux qu’ilz n’ont esté jusques icy
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d’acquérir les bonnes grâces de Sa Majesté; car tandis qu’ilz s’obstineront à
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tenir hors de leur ville tous ceux qui ont paru autrefois affectionnéz à son
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service , il sera difficile de croire qu’ilz ayent de bons sentimens. Ce point
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a tant faict d’esclat et les ennemis ont tiré tant d’avantage de ce qu’à nostre
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passage leurs adhérens empeschèrent qu’on n’y prist quelque tempéremment
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pour la satisfaction de Sa Majesté

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D’Avaux und Servien hatten auf ihrer Reise in die Generalstaaten Anfang November 1643 jede
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Ehrenbezeugung von seiten der Stadt Lüttich zurückgewiesen, da sie die Fürsprache des Königs für
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die nach Maastricht geflüchteten Bürger abgelehnt habe; vgl. J. Daris I S. 224f.
, qu’il importe extrêmement de profiter
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toutes les occasions qui s’offriront pour faire cognoistre aux Liégeois ce
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qu’ilz doivent faire. A la vérité, s’ilz avoyent pris sur ce sujet la résolution
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que Sa Majesté désire, il ne seroit pas malaisé de les accorder avec Madame
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la Landgrave et tous les autres offices qu’on leur pourroit faire ne seroient
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mal employéz, mais avant cela nous doutons si la dignité du Roy peut per-
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mettre qu’on demeure sans ressentiment contre eux ou du moins qu’on ne
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leur en fasse tousjours craindre quelque effet pour l’avenir.

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PS: Depuis nostre lettre escritte, Messieurs les Médiateurs nous sont venus
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voir pour nous dire que les commissaires impériaux et espagnolz se sont
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enfin disposéz de convenir de la forme des plainpouvoirs que chacun devra
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faire venir. Nous n’avons pas peu encores apprendre s’ilz s’estoient entière-
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ment départis de la difficulté qu’ilz faisoient sur la souscription du Roy et
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s’ilz ont peu estre bien convaincus des raisons que nous leur avons alléguées
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pour leur faire comprendre que c’estoit l’antienne forme du Royaume qu’on

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ne pourroit pas changer. Nous avons convenu de communiquer après demain
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les minutes des nouveaux pouvoirs qui devront estre expédiéz. Si elles se
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trouvent comme on a intérest de les désirer de part et d’autre, nous vous
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en donnerons avis par le prochain ordinaire.

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