Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
173. d’Avaux und Servien an Königin Anne Münster 1644 Juli 16
Münster 1644 Juli 16
Ausfertigung: AE , CP All. 33 fol. 130–142 = Druckvorlage = Beilage zu nr. 172; Eingang
nach Dorsal fol. 143’: 1644 Juli 27. Stichpunkte [ des 1. Servien-Kopisten mit Korrekturen Ser-
viens ]: AE , CP All. 27 fol. 359. Konzept [ des 1. Servien-Kopisten ]: AE , CP All. 29 fol. 344–
354. Kopien: AE , CP All. 37 fol. 290–301’ = Beilage zu nr. 174; AE , CP All. 27 fol. 366–
369; Coll. God. 273 fol. 216–228. Druck: Nég. secr. II, 1 S. 94–98; Gärtner III
S. 253–272.
Geringe Friedensbereitschaft des Kaisers. Unerfahrenheit und ungenügende Vollmachten der spani-
schen und kaiserlichen Gesandten. Ungerechtfertigte Kritik an unseren Vollmachten. Verweigerung
des Austauschs der Vollmachten mit den Schweden. Verzögernde Rückfragen in Wien. Beleidigende
Reaktion auf das Invitationsschreiben. Billigung des dänischen Anspruchs auf Teilnahme am Kon-
greß . Verweigerung der Admission der Reichsstände. Vorwurf an den französischen König, er treibe
die Türken zum Krieg gegen die Christenheit. Ausnutzung des schwedisch-dänischen Gegensatzes zur
Verzögerung des Kongresses. Ergebnisloser Vorschlag einer venezianischen Vermittlung in Osna-
brück . Unser Angebot zur Erneuerung der Vollmachten. Überzeugung der Mediatoren von unserem
guten Willen. Schwedischer Vorschlag einer demonstrativen Abreise und deren Begründung in einem
Schreiben an die Reichsstände.
Nous souhaitterions bien que le traitté de la paix fust en meilleur estat que
nous ne le voyons, sçachans combien Vostre Majesté désire l’avancement
d’un si bon œuvre et la véritable inclination qu’elle a de donner le repos non
seulement à ses peuples mais à toute la Chrestienté
Dieses Schreiben entstand auf Aufforderung Mazarins; vgl. [ nr. 155 ] und [ 156. ]
neur de luy rendre compte fidèllement par noz dépesches précédentes de
tout ce qui s’est passé pour luy faire voir que nous n’avions rien obmis de
ce qui dépendoit de nous pour faciliter cette négotiation suivant les ordres
qu’il avoit pleu à Vostre Majesté nous en donner. Nous serions plus estonnéz
de la dureté des Impériaux et Espagnolz et de la déraisonnable conduitte
qu’ilz tiennent en ce rencontre si elle ne leur estoit ordinaire. Depuis la
naissance de la guerre, Madame, l’Empereur a tousjours faict semblant de
désirer la paix, parce qu’il luy a falu repaistre les Estatz de l’Empire de cette
espérance affin de leur faire supporter plus patiemment les contributions
qu’il leur demande. Il n’a pas mesme faict scrupule pour tirer plus de fruict
de cette fauce apparence de tenir dès quatre et cinq ans ses Ambassadeurs
tantost à Hambourg tantost à Collongne, mais la pluspart du temps sans
pouvoir et sans instruction, affin seulement que leur présence servist à
tromper les peuples ignorans qui, ne sçachans pas le fondz des affaires et
que le tiltre vain d’un Plénipotentiaire sans charge ne sert de rien, se sont
quelques fois imaginez que la disposition de l’Empereur pour la paix estoit
meilleure que celle du feu Roy. Toutes les personnes entendues aux affaires
ou bien sensées n’ont pas laissé de voir clairement que le feu Roy pendant
sa vie et Vostre Majesté depuis sa mort au millieu des passions de la guerre
a tousjours conservé dans son cœur un sincère désir de la paix. Il y a suject
de croire que cette louable pensée, jointe à la justice de ses armes, a attiré
sur la France des bénédictions du Ciel, et luy a acquis tous les advantages
qu’il a pleu à Dieu luy donner sur ses ennemis. A la vérité, nous croyons
bien que lorsque le sort des armes a esté contraire à l’Empereur et qu’il a
veu les armes suédoises non plus dans les provinces de l’Empire dont il ne
se soucie pas, mais dans ses Estatz héréditaires, quelquesfois aux portes de
Vienne et de Ratisbonne où il estoit en personne, la nécessité luy a donné
pour un temps quelque véritable envie de sortir d’affaires. Mais aussytost
que la frayeur a esté passée, que la guerre ne s’est plus faitte qu’aux despens
d’autruy, qu’en la continuant il n’a faict que ruiner ses amis et ses ennemis
dans l’Empire, ce qu’il veut esgalement faire pour mieux establir son autho-
rite , il a repris sa première méthode pour la négotiation de la paix, qui a
esté d’en demeurer aux apparences et de n’en venir point aux effectz. Il y a
près de deux ans que les Suédois le pressans par la Moravie cependant que
l’armée de France occupoit ses meilleures forces d’un autre costé, il fit
paroistre quelques bonnes dispositions à un accommodement. Mais depuis
que le petit advantage de Tutlinghen qui après la mort du Général de
l’armée
des nostres que par la valleur de ses soldatz, depuis que les Suédois ont eu
une nouvelle occupation du costé de Dannemarch et que l’allarme n’a plus
esté si chaude sur les frontières d’Austriche, toutes ces bonnes dispositions se
sont esvanouyes et nous n’avons veu dans le procédé des ministres qui sont
icy de sa part que des chicaneries et des déffaites. Vostre Majesté, Madame,
ne sera pas importunée si pour luy faire voir les artiffices dont ilz se servent
pour nous amuser et se mocquer du reste du monde, nous reprenons quel-
ques poinctz de noz despesches précédentes.
Nous ne voulons pas faire un grand fondement sur le jugement que chacun
a faict des personnes qui sont employées de part et d’autre. Celles des Média-
teurs par un consentement universel sont sans reproche tant pour la capacité
que pour la probité. Personne ne peut doutter que la Suède n’ayt procédé
sincèrement, quand l’on a veu de sa part le filz d’un des Régens qui a la
principalle conduitte des affaires du pays, accompagné d’un des plus habilles
hommes de tout le septentrion et le mieux instruict de tous les intérests qu’il
faut démesler dans le traitté général. On nous a faict la faveur de croire
aussy que Vostre Majesté ne nous auroit pas envoyéz simplement pour
amuser le tappis, et nous n’ozerions pas confirmer l’opinion qu’on a eue
qu’elle nous avoit confié le secret de la négotiation, si cella ne servoit de
preuve pour justiffier la sincérité des intentions de Vostre Majesté.
Monsieur Saavedra et Monsieur Brun que nous avons trouvéz icy pour
l’Espagne sont très habilles hommes. Le premier est fort adroit négotiateur,
l’autre a acquis grande réputation dans la charge qu’il a exercée jusques icy
dans le Parlement de Dolle, mais ny l’un ny l’autre n’ayans eu aucun employ
jusques à présent dans le maniement des affaires d’Estat proportionné à
celuy de faire une paix si importante, on n’a peu encores persuader à per-
sonne qu’ilz ayent l’authorité de conclurre, ny que l’Espagne leur ayt confié
tous ses intérestz. Monsieur le Comte de Nassau est d’une famille illustre,
Monsieur le Docteur Volmar qui est auprès de luy est fort sçavant en juris-
prudence , mais le premier et le principal des deux est le mesme qu’on a tenu
près de cinq ans à Collongne sans qu’il y eust apparence de rien faire.
Monsieur le Comte d’Auersberg qui est à Osnabrug accompagné d’un autre
Docteur paroist plus fin que ceux d’icy. Il n’a pas esté toutesfois cy devant
en si grande considération dans la Cour de Vienne, et n’a pas tant d’ expé-
rience dans les affaires qu’on puisse faire un plus favorable jugement de luy
que de ses collègues, si bien que quand on les a tous veus dans cet employ
et que l’on a veu les plus confidens ministres de l’Empereur envoyéz en
Bavières, en Saxe et en Dannemarch, l’on a creu avec très grande raison
qu’il songeoit plus à recommencer la guerre qu’à la finir par un traitté de
paix.
Voilà, Madame, le jugement public sur le choix des personnes qui ne seroit
pas tout à faict concluant contre noz parties si les pouvoirs qui leur ont esté
donnez se fussent trouvéz en bonne forme et qu’en toutes occasions leur
conduitte eust esté sincère. Mais en premier lieu pour ce qui est des pouvoirs,
Vostre Majesté aura peu faire voir dans son Conseil la forme défectueuse et
ridicule de celuy que les Espagnolz ont apporté. Chacun a le sien en parti-
culier , ce qui ne fut jamais faict, et l’authorité luy est donné d’intervenir au
traitté de paix conjoinctement avec les autres Plénipotentiaires du Roy
d’Espagne qui ne sont point nomméz et dont le nombre n’est point certain,
ny le pouvoir donné aux présens de travailler en l’absence des autres, ce qui
ne peut avoir esté faict qu’à très mauvaise intention et pour rendre nul tout
ce qui seroit traitté avec ceux cy, soubz prétexte que tous les autres Pléni-
potentiaires d’Espagne que nous ne cognoissons point n’y auroyent pas
assisté. Il y a divers autres déffautz que nous avons remarquéz sur la coppie
du mesme pouvoir que nous envoyasmes il y a quelque temps à Monsieur
le Comte de Brienne , que nous ne redirons pas icy pour n’abuser pas trop
de la patience de Vostre Majesté.
Il y a aussy divers autres manquementz dans celuy des commissaires impé-
riaux que nous avons cy devant remarquéz, dont le plus essentiel est qu’ilz
n’ont aucun pouvoir de traitter avec les alliéz du Roy. Quand l’Empereur
dans le narré de ses lettres patentes parle de la guerre présente, il faict bien
mention des alliéz de part et d’autre, mais dans le dispositif où il donne le
pouvoir à ses commissaires de traitter, il les a obmis industrieusement.
Quoyque nous ayons bien cogneu d’abord que cette obmission a esté faitte
à mauvaise fin, nous avons esté beaucoup plus confirmez dans nostre opinion
quand nous avons veu le refus qu’a faict le Comte de Nassau de recevoir
la visite des députéz de Madame la Landgrave lorsqu’ilz sont arrivéz en
cette ville.
Si après cella, Madame, l’on veut considérer toutes leurs actions depuis
l’ouverture de cette conférence, elles n’ont esté accompagnées que de per-
pétuelz artifices et de mauvaise foy.
Premièrement, comme ilz ont veu qu’ilz ne pouvoyent justiffier la forme
déffectueuse de leur pleinpouvoir, ilz ont voulu censurer le nostre par des
subtilitéz ridicules dont la seulle lecture de la pièce les peut convaincre, et
quand ilz ont présenty qu’on les pourroit satisfaire en la pluspart de leurs
demandes sur ce sujet, ilz ont insisté sur un poinct qu’ilz sçavent de ne
pouvoir obtenir, soustenans que tant nostre pouvoir que tous les autres
actes du traitté doivent estre faictz au nom de Vostre Majesté comme tutrice
et signéz par elle et non point au nom du Roy, qui est directement contre les
loix et les coustumes du Royaume.
2. Jugeans bien qu’on pourroit enfin trouver quelque tempéramment sur
toutes ces difficultéz et qu’on pourroit faire réformer les pouvoirs de part
et d’autre affin de ne disputer pas pour des parolles, ilz ont voullu arrester
la négotiation par un empeschement plus solide en refusant (par une pro-
cédure extravagante et directement contraire au traitté préliminaire) de faire
à Osnabrug la mesme communication des pouvoirs avec les Suédois qui
avoit esté faitte icy avec nous.
3. Quand on leur a faict dire que ce procédé qui tendoit à nous diviser et
non pas à faire la paix devoit estre corrigé, et qu’il falloit faire marcher les
affaires d’un mesme pas à Osnaburg et à Munster si on ne voulloit violer
les traittéz préliminaires, ilz ne nous y ont voullu faire aucune raison et
n’ont payé Messieurs les Médiateurs ny nous que de déffaittes.
4. Si on propose le moindre expédient aux commissaires qui sont icy, ilz
envoyent à Vienne; avant que respondre de là, on le porte aux Eslecteurs.
On le raporte à Vienne et puis on le renvoye icy, de sorte que quand il y
auroit la meilleure disposition du monde de tous costéz, cette longueur
rendroit le traitté sans fin.
5. Si on convie les Princes et Estatz de l’Empire sans lesquelz on ne peut
faire une paix asseurée de venir icy, l’Empereur s’en offense et n’a pas honte
de faire dire de sa part dans la diètte de Francfort que nous sommes descheuz
de la seureté de noz passeportz par cette procédure qu’il appelle séditieuse,
affin d’exciter quelqu’un à entreprendre contre noz personnes impuné-
ment .
6. En mesme temps qu’il trouve mauvais que nous ayons escrit à l’assemblée
de Francfort pour avancer le traitté de paix, il ne s’offense pas que le Roy
de Dannemarch ayt escrit à la mesme assemblée pour l’arrester jusqu’à ce
qu’il y puisse estre compris, et authorise la résolution de laditte assemblée
sur ce sujet.
7. L’Empereur consent bien que les Eslecteurs envoyent leurs députéz à
Munster et proteste tousjours qu’il ne veut rien faire sans leur advis dans la
négotiation de la paix pour les tenir plus attaché à son intérest. Cependant
il n’y a pas un d’eux qui ayt encores député depuis un an que l’assemblée
a deu commencer et quatre ou cinq mois que nous sommes tous icy à les
attendre, ce qui faict croire qu’il les empesche soubz main, puisque l’ Arche-
vesque de Mayence qui est le premier est plus Espagnol qu’Allemand et que
la pluspart des autres sont tout à faict à sa dévotion.
8. Après avoir révocqué à injure ce que nous avons escrit à tous les Princes
et Estatz d’Allemagne pour les convier à une assemblée où ilz ont droict
d’assister par les constitutions de l’Empire, il ne faict pas scrupule de res-
pandre partout des diffamations scandaleuses contre le Roy et soustenir
publicquement contre toute vérité que c’est Vostre Majesté qui excite le
Turc à faire la guerre contre les Princes chrestiens.
9. Cependant, Madame, quoyque la dignité impérialle soit establie pour la
déffense de la République chrestienne, l’Empereur ne faict pas conscience
de la soubzmettre par une ambassade honteuse à la Porte du Grand Seigneur
qu’il envoye avec des présens extrordinaires où l’antienne forme n’est point
observée, et d’assujettir en mesme temps la Hongrie à un nouveau tribut,
aymant mieux tesmoigner toutes ces foiblesses à l’ennemy commun, qui
sont plus propres à l’attirer qu’à destourner ses armes par la mauvaise
opinion qu’elles luy donnent des affaires de la Chrestienté, que se résoudre
à y establir le repos si désiré de tout le monde par une paix raisonnable.
10. Outre cella, ses commissaires ont déclaré depuis quelque temps qu’ilz ne
pouvoyent traitter sans le Roy de Dannemarch. On n’a peu les faire explicquer
s’ilz prétendent de le faire comprendre comme Médiateuer ou comme partie,
à cause qu’ilz sçavent bien qu’il y a des raisons pour leur fermer la bouche
en l’une et en l’autre de ces prétentions. Car si c’est comme Médiateur, outre
que cette pensée seroit aujourd’huy ridicule, le Roy de Dannemarch a
déclaré par ses lettres qu’il ne prétendoit plus de l’estre en la cause des Sué-
dois qui luy font la guerre, et quand à celle qu’il se voudroit réserver entre
l’Empereur et les Princes d’Allemagne, l’Empereur a respondu qu’il n’avoit
point besoin de sa médiation et ne la pouvoit accepter pour ne faire que
réunir les membres à leur chef, dont il persiste de ne vouloir pas que ledit
Roy ny les autres Princes estrangers se meslent.
11. Si lesditz commissaires prétendent de faire comprendre dans le traitté
général le Roy de Dannemarch comme partie, les Estatz des deux Royaumes
ont jusques icy tesmoigné de ne voulloir pas que leurs différents soyent
renvoyéz en Allemagne ny traittéz aillieurs que sur leurs frontières suivant
les antiens concordatz des deux nations.
12. D’ailleurs ledit Roy n’estant point des alliéz qui ont esté désignéz par
le traitté préliminaire, et la guerre qui a esté depuis commencée contre luy
estant un accident nouveau, si on veut de là prendre prétexte d’interrompre
la négotiation qui avoit esté résolue auparavant, nous nous trouverions
d’avoir commencé icy un ouvrage qui n’auroit point de fin, parce que le
sort des armes estant incertain et favorisant tantost l’un tantost l’autre des
partis, ne manquera pas de fournir souvent de semblables sujects de ne
traitter pas si celuy là passe pour légitime, veu que nous traittons sans avoir
faict ny trêve ny suspension d’armes.
13. Nous sommes asseuréz de bon lieu qu’on a un extrême regret à Vienne
de n’avoir pas suivy l’advis du Comte d’Auersbergue, qui voulloit aussytost
que la guerre de Dannemarch fut commencée, qu’on rompist la négotiation
de la paix et qu’on prist prétexte sur nostre séjour en Hollande pour en
rejetter le blasme sur nous.
14. Voicy, Madame, une autre conviction de leur mauvaise volonté bien
concluante. La Reyne de Suède, par une lettre que nous avons receue de sa
part , a déclaré très prudemment qu’en cas que les différens qui estoyent
entre elle et le Roy de Dannemarch eussent faict retirer ledict Roy de la
médiation pour ne retarder pas les affaires publiques par son intérest, elle
accepteroit volontiers la médiation de la République de Venise ou bien
consentiroit que l’on traittast sans Médiateur. Nous l’avons faict sçavoir
aux commissaires impériaux, croyant bien que s’ilz eussent eu tant soit peu
de bonne intention ilz ne pouvoyent pas refuser d’accepter cette déclaration
si honneste et d’en faire une semblable, puisque les mesmes ministres qui
estoyent desjà receus entremetteurs à Munster ne pouvoyent pas estre sus-
pectz à Osnaburg et qu’en tout cas le Roy de Dannemarch n’en recevroit
point de préjudice, parce que comme il y avoit icy deux Médiateurs, il y en
pouvoit aussy avoir deux à Osnaburg lorsque ledit Roy se seroit mis en
estat d’y reprendre sa place. Mais toutes ces raisons n’ont peu de rien servir
et n’ont peu obtenir aucune résolution, quoyque Monsieur le Nunce qui
s’en est meslé seul à cause que cella touchoit en quelque fasson Monsieur
Contarini en particulier, leur ayt représenté qu’ilz devroyent estre bien aises
pour l’intérest de la Religion que la médiation fust retirée des mains d’un
Prince héréticque ou du moins partagée avec luy.
Ce qui est de plus insupportable, Madame, est qu’en mesme temps qu’ilz
font toutes ces ruses pour gagner temps et voir si la fortune de la guerre
leur sera favorable cette campagne, ilz ont l’effronterie de publier en divers
endroits que c’est nous qui retardons la paix. Nous croyons néantmoins
qu’ilz sont aujourd’huy au bout de leurs finesses et que la lumière de la
vérité commence des les esblouir. La dernière déclaration que nous avons
donnée par escrit aux Médiateurs dont nous avons cy devant envoyé la
coppie
Als Beilage zu [ nr. 150. ]
extrêmement pressez de passer un peu plus avant et de consentir qu’il soit
présentement travaillé icy d’un commun consentement à la minutte du pou-
voir nouveau qu’il faudra que chacun fasse venir, sans attendre que la
communication d’Osnaburg ayt esté faitte comme il est porté par nostre
déclaration. Nous en avons convenu pour gagner temps et faire plaisir à ces
Messieurs après en avoir eu le consentement de Messieurs les Ambassadeurs
de Suède, à la charge néantmoins que la minutte qui sera concertée icy soit
commune pour Munster et pour Osnaburg. On a faict sçavoir cette ouver-
ture aux Impériaux. Ceux d’Osnaburg et d’icy ont esté assemblez trois jours
à la campagne avec les Espagnolz pour en délibérer. Il y a trois jours qu’ilz
en sont revenus et ne donnent point de response à une proposition si plau-
sible , dans laquelle on a tasché de couvrir leurs manquemens et de s’ accom-
moder à tout ce qu’ilz on[t] désiré. Nous ne voyons plus après cella ce
qu’on peut faire pour avancer les affaires, et certainement nous commen-
cerions à craindre que ce que nous faisons par un excèdz de bonne vollonté
et affin de justiffier au monde les saintes intentions de Vostre Majesté ne
fust enfin imputé à foiblesse et à crainte.
Nostre devoir nous oblige, Madame, de le faire sçavoir à Vostre Majesté,
affin qu’il luy plaise de faire délibérer en son Conseil ce qu’elle aura à nous
ordonner. Le soin qu’on a eu jusques icy de faire paroistre l’inclination de
Vostre Majesté à la paix a esté très louable, mais les ennemis n’y respondans
pas de leur costé, se pourroyent enfin imaginer que nous serons trop heureux
d’attendre leur commodité et qu’en quelque temps que leur humeur leur
prenne de nous donner la paix nous serons trop aises de la recevoir, si bien
que s’accoustumans à nous traitter de haut en bas si nous souffrions rien
qui peust faire préjudice à la dignité du Roy et faire faire mauvais jugement
de sa puissance, nostre facilité deviendroit criminelle. Il seroit peut estre
louable de dissimuler encores, quelque advantage que pussent prendre pré-
sentement les ennemis de nostre patience, si elle nous pouvoit conduire à ce
port tant désiré d’une paix seure et honorable. Mais certes, il n’est pas quel-
quefois inutile de faire comme les matelotz et de tourner le dos pendant
quelque temps au lieu que l’on cherche pour y arriver plus tost.
Nous sommes d’autant plus estonnéz de la mauvaise vollonté des ennemis
et de leur aveuglement, qu’ilz recognoissent et advouent eux mesmes le bon
estat où sont les affaires de la France qui est grâces à Dieu plus glorieuse et
plus florissante qu’elle n’a esté depuis cinq cents ans. Le Roy a Brizac et les
autres places du Rhin et de l’Alsace, qui estans déffendues par les forces
d’un puissant Royaume, leur peuvent servir d’un rempart inexpugnable
contre l’Allemagne. Pignerol faict le mesme effect contre l’Italie, Perpignan
contre l’Espagne
Pinerolo, Festung in Savoyen, war seit 1630, Perpignan, Festung in der Grafschaft Roussillon, seit
1642 französisch besetzt. Vgl. dazu die französische Hauptinstruktion vom 30. September 1643,
APW [ I, 1 S. 75 mit Anm. 1 und 3 ] , [ S. 77f. ] und [ S. 101–106. ]
velines
Außer Gravelines waren alle die genannten Festungen der Spanischen Niederlande bereits in franzö-
sischer Hand: Landrecies und Damvillers seit 1637, Hesdin seit 1639, Arras seit August 1640
und Thionville seit August 1643. Vgl. dazu die Hauptinstruktion, APW [ I, 1 S. 98f. ]
Le Ragotzi auquel néantmoins on ne s’est point attendu jusqui’icy reprend
vigueur, et le bruict court qu’il a déffaict l’armée impérialle. Le Roy de
Portugal affermit sa domination, se rend redoutable à son ennemy et ne
peut avoir d’autres mouvemens que ceux de la France. La Suède, quoyqu’elle
ayt entrepris une nouvelle guerre un peu hors de saison, ne laisse pas d’agir
encores vigoureusement dans l’Allemagne et de soustenir que l’ennemy
nouveau qu’elle s’est faict présentement luy fera désormais beaucoup moins
de mal, estant déclaré et en partie ruiné, qu’il n’a faict cy devant tandis qu’il
a couvert du voile d’amitié la jalousie secrette qu’il avoit contre elle et les
obstacles continuelz qu’il apportoit couvertement à tous ses desseins. Ce
qu’elle possède dans l’Allemagne est considérable, les forces qu’elle y a sont
puissantes et aguerries, et ce qui est plus important, elle est résolue de
persister constamment dans l’alliance de la France. On peut et doit faire le
mesme jugement des Provinces Unies. Madame la Landgrave faict paroistre
une générosité et fermeté inviolable et pourroit bien enfin attirer par son
exemple quelques autres Prince [s] d’Allemagne pour establir par force dans
l’Empire la paix que l’Empereur refuse injustement. Toute la Maison de
Savoye est inséparablement unie aux intérestz de la France, si bien que les
alliéz demeurans dans le devoir comme il y a très grand suject de le croire,
voilà les ennemis chargéz de cinq guerres royalles en mesme temps, dont
celle que la France leur faict en tant de différens endroictz sur la mer et sur
la terre n’est comptée que pour une, et sans y comprendre les deux diversions
de Hesse et de Piedmont qui ne sont pas à mespriser. La puissance ottomane
qui n’entreprend jamais qu’une guerre à la fois auroit peine à résister à tant
de divers ennemis. On faict toucher au doigt toutes ces choses à noz parties.
Ilz les recognoissent et n’en deviennent pas plus traittables et pour toute
raison allèguent à leurs confidens que la France qui donne le branle et la
vigueur à tous ces corps qui agissent contre eux, ne sçauroit demeurer long-
temps en l’estat qu’elle est. Ilz ont tousjours espérance qu’elle se destruira
d’elle mesme et sera bientost divisée en différentes factions. Ilz font ces pré-
dictions selon leur désir, dont il ne faut pas douter néantmoins qu’ilz ne
taschent d’estre s’ilz peuvent les exécuteurs par les menées secrèttes qu’ilz
font dans le Royaume, mais nous espérons que Dieu confondra tous leurs
mauvais desseins, et que fortiffiant tous les jours de plus en plus le courage
de Vostre Majesté, il luy donnera moyen de rendre la puissance du Roy
redoutable aux estrangers, dont le plus asseuré est de conserver son authorité
dans l’Estat et dissiper par sa prudence ou par sa justice les pratiques de ceux
qui en voudroyent troubler le repos. Nous ne sçaurions croire, Madame,
que personne veuille manquer à son devoir dans une occasion si juste et si
pressante où il s’agit de l’honneur de toute la nation françoise, de la gloire
de son Roy et du salut de tant de peuples. Car comme les divisions intestines
qui seroyent capables de donner l’entrée du Royaume aux ennemis en cause-
royent bientost l’entière désolation, si l’union et la concorde y demeurent
et si chacun contribue de son costé à ce qu’il doit comme il le faut espérer
pour le service du Roy et la seureté de l’Estat, on peut croire avec très grande
raison que les ennemis qui font tant aujourd’huy les difficiles dans le traitté
de la paix seront forcéz en peu de temps de la demander bien humblement
et d’en recevoir les conditions de Vostre Majesté.
Nous attendrons donc, Madame, ce qu’il plaira à Vostre Majesté nous faire
l’honneur de nous commander. Nous la pouvons bien asseurer qu’encores
que la discrétion de Messieurs les Médiateurs ne leur ayt pas permis de
s’explicquer ouvertement de leurs sentimens en ce rencontre, ilz sont entière-
ment persuadéz de la sincérité des intentions de Vostre Majesté et de celle
de nostre conduitte. Depuis que nous sommes en ce lieu, nous voyons assez
clairement qu’ilz sont satisfaictz de nostre bonne foy autant qu’ilz blasment
en leur âme les artiffices de noz parties. Nous les avons mesmes contraintz
d’advouer en la dernière conférence que nous avons eues avec eux, que nous
ne pouvoins pas faire davantage que ce que nous faisons et que c’estoit la
dernière chose qu’ilz pouvoient désirer de nous.
Ilz en sont demeuréz d’accord, et peut estre que dans leur cœur se sont ilz
estonnéz de ce que nous passions si avant, mais ilz nous ont asseuré que
nous n’en devons point avoir de regret et que tout cella ne pouvoit tourner
qu’à nostre advantage, en nous justiffiant envers le monde et rejettant tout
le blasme sur noz parties s’ilz demeuroyent en leur mauvaise humeur. Nous
avons néantmoins creu en consentant pour leur faire plaisir à la dernière
condition qu’ilz ont desirée de nous sur la réfformation des pouvoirs, de
devoir leur dire que ce seroit la dernière preuve qu’ilz devoyent attendre de
nostre facilité, et que nous prétendions si elle ne produisoit point d’effect
avec noz parties, qu’elle nous deust servir de justiffication lorsque nous
serions contraintz de penser dans peu de temps à des résolutions plus
généreuses.
Les Ambassadeurs de Suède, Madame, nous ont communiqué la pensée
qu’ilz avoyent eue de se retirer, et nous avons tasché jusques à présent de
les en dissuader. A la vérité, ilz on[t] eu besoin d’une plus grande patience
que la nostre, car ilz sont dans un lieu où ilz ne traittent ny avec les Média-
teurs ny avec les parties. On leur a refusé la communication des pouvoirs
qui a esté faitte icy, toutes leurs lettres sont interceptées ou arristées public-
quement . Si leurs gens sortent de la ville, ilz sont maltraittéz de soldatz
impériaux encores mesmes qu’ilz portent les passeportz de l’Empereur, et
quand ilz s’en plaignent par escrit, on ne leur faict ny raison ny response à
leurs lettres. Les trouppes de l’Archevesque de Brême font ouvertement des
entreprises sur leurs personnes, et ilz n’ont pas seulememt peu obtenir de
luy la seureté qu’ilz luy avoyent envoyé demander pour se trouver à la
conférence que nous avions concertée. Parmy tout cella nous les avons
encores disposéz d’attendre les ordres qu’il plaira à Vostre Majesté nous
envoyer et de s’y conformer. Leur opinion est qu’il faut faire démonstration
de se voulloir tous retirer, et qu’en effect il le faut faire dans quelque temps
si on ne marche d’un autre pied dans les affaires. Qu’auparavant il faut
escrire derechef aux Princes et Estatz de l’Empire pour nous plaindre des
indignitéz qu’on nous a faittes, justiffier nostre conduitte passée et la résolu-
tion que nous sommes obligéz de prendre. Et affin qu’elle donne plus à
penser aux ennemis, ilz estiment pour ne rompre pas légèrement ny tout
d’un coup l’assemblée, qu’en chacune des villes un de nous doit estre rap-
pellé . Si Vostre Majesté nous permet d’y adjouster nostre sentiment, il nous
semble que l’intérest de l’honneur et de la dignité du Roy oblige désormais
de ne souffrir pas plus longtemps et de penser bientost à une semblable
résolution.