Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
119. d’Avaux und Servien an Königin Anne Münster 1644 Mai 28
Münster 1644 Mai 28
Ausfertigung: AE , CP All. 32 fol. 317–328 = Druckvorlage; Eingang nach Dorsal fol. 328’:
1644 Juni 7. Konzept [ des 1. Servien-Kopisten mit eigenhändigen Korrekturen d’Avaux’ und
Serviens ]: AE , CP All. 29 fol. 131–138; Konzept zweier Abschnitte [ von der Hand Serviens ],
die im Gesamtkonzept vom Kopisten marginal hinzugefügt sind: AE , CP All. 29 fol. 118–118’.
Kopien: AE , CP All. 37 fol. 166–175’, möglicherweise Beilage zu nr. 121; AE , CP All. 27
fol. 138–147. Druck: Nég. secr. II, 1 S. 58–62; Gärtner III S. 87–103.
Kurialien für die Gesandten von Venedig, der Generalstaaten und von Savoyen. Erneuerung der
Vollmachten. Aufnahme der Invitationsschreiben. Bemühen der Kaiserlichen, die Stände an der
Beschickung des Kongresses zu hindern. Nachrichten aus Wien, daß Lamberg Auersperg ersetzen
soll, der Kaiser die Fortsetzung der Verhandlungen ohne die Dänen ablehnt, auf der Erneuerung
unserer Vollmacht besteht, die Dänen militärisch zu unterstützen und ohne sie keinen Frieden zu
schließen gedenkt. Mitteilung an die Mediatoren, daß die Schweden trotz des Krieges mit Dänemark
zu weiteren Verhandlungen bereit sind; Beschwerde wegen der Behinderung der Mission La Thuille-
ries .
Mit nr. 73 wollten wir nicht behaupten, daß die neuen Kurialien für Contarini
anderen Staaten ein Recht auf neue Ansprüche gäben. Wir wollten lediglich unsere
diesbezügliche Befürchtung äußern. Wir waren erstaunt über die scharfe Reaktion
Contarinis, der auf den in Rom seit kurzem üblichen Kurialien bestand, über die wir
nicht unterrichtet waren. Er drohte mit Abbruch der Beziehungen und wollte nicht
einmal abwarten, bis wir Weisung eingeholt hätten. A la vérité, Madame, ayans
receu du secrétaire Brasset en mesme temps que nous faisions nostre des-
pesche du 19 avril
[ Nr. 73. ] Der entsprechende Bericht Brassets wurde nicht ermittelt.
les Estatz s’enquéroyent avec grande curiosité de ce qui avoit esté faict icy
avec l’Ambassadeur de Venise, et qu’ilz publioient en se plaignant qu’on
luy avoit accordé une nouveauté advantageuse cependant qu’on leur refusoit
les avantages anciens desquelz ilz avoient esté en possession, nous creusmes
debvoir faire sçavoir leurs plaintes à Vostre Majesté, non pas comme les
croyans justes et bien fondées, mais affin que Vostre Majesté fust advertie
qu’elles luy seroyent faictes et qu’elle eust le temps d’y faire préparer la
response, puisque la mesme lettre nous apprenoit qu’ilz devoyent bientost
faire partir leur Ambassadeur ordinaire pour aller représenter à Vostre
Majesté leurs intérestz sur ce suject. Toutes ces prétentions pour le rang
estans d’ordinaire soustenues autant par caprice que par raison, nous avons
estimé qu’il importoit au service de Vostre Majesté qu’elle fust informée
des prétentions imaginaires que ces Messieurs pouvoyent prendre pour
appuyer la leur, aussy bien que des considérations plus solides qu’ilz avoient
dessein d’alléguer pour en venir à bout. Vostre Majesté se pourra souvenir,
Madame, que de La Haye nous luy avons souvent faict entendre que rien
ne touchoit tant Messieurs les Estatz que l’exemple de Venise. Ilz n’avoyent
pas l’asseurance de demander directement pour eux l’esgalité avec la France,
mais ilz le faisoyent indirectement en tesmoignant avec très grande aigreur
qu’ilz ne souffriroient jamais qu’on establist aucune inesgalité entre Venise
et eux, ce qui monstre bien clairement que ce qui est arrivé icy depuis ne
leur a pas donné cette pensée qu’ilz avoyent longtemps auparavant.
Quand à l’Ambassadeur de Savoye, Madame, nous recognoissons aussy fort
bien que ce qui a esté faict icy avec Monsieur Contarini ne sçauroit luy
fournir aucun sujet de nouvelle prétention, puisqu’à Rome où nous appre-
nons qu’on praticque aujourd’huy la mesme chose, il ne laisse pas de visiter
l’Ambassadeur de France sans avoir ny l’Excellence ny la main droitte et
sans que l’exemple de ce qu’on faict à l’Ambassadeur de Venise en cette
Cour là l’en empesche. A la vérité, si on est contrainct d’accorder quelque
chose de nouveau à ceux de Messieurs les Estatz, nous croyons bien qu’il
seroit difficile de nous garentir des plaintes de celuy de Savoye si on ne
faisoit rien pour luy. Cella nous faict croire que s’il arrive icy avant ceux
des Provinces Unies, il n’aura point encores d’exemple qui luy fasche. Et il
semble qu’en ce cas, l’intention de Vostre Majesté est qu’on demeure avec
luy dans les anciennes formes, ce que nous tascherons de faire. Mais s’il ne
se rend icy qu’après eux, ou qu’y estant venu auparavant il voye qu’on ayt
pris avec eux quelque expédient pour les satisfaire, nous pourrons allors
pour ne le mesconter pas sur les plaintes qu’il en fera luy accorder l’ Excel-
lence dans les visites sans luy donner la main, et de cette sorte nous n’avons
pas suject de craindre que cella fasse préjudice à la dignité du Roy, ny
establisse aucune sorte d’esgalité, puisque nous apprenons par les exemples
contenus dans le mémoire qui nous a esté envoyé que ce titre d’Excellence
est bien souvent donné dans Romme à des Princes et grands Seigneurs
auxquelz on ne donne pas la main droitte et qu’en toutes les autres rencontres
l’on traitte d’inférieurs. Nous nous sommes souvenus à ce propos que Mes-
sieurs les Cardinaux (mesme les neveux) donnent en parlant et escrivant le
mesme tiltre aux Ambassadeurs des Couronnes auxquelz ilz ne donnent pas
la main et ne les traittent pas d’esgaux en toutes les cérémonies publiques.
La peine, Madame, où nous avons tousjours esté de prendre party et mesme
de former un bon advis sur la prétention de Messieurs les Estatz nous a
obligé de tesmoigner à Vostre Majesté par noz despesches précédentes que
c’estoit l’affaire qui nous donnoit plus d’inquiétude comme elle faict encore.
Nous voyons en ce rencontre les deux plus puissantes considérations que
les Souverains puissent avoir directement opposées l’une à l’autre, à sçavoir
celles de leur dignité et du bien de leurs affaires. Quand Messieurs les Estatz
demandent qu’on les traitte à l’esgal des testes couronnées et que les Ambas-
sadeurs du Roy se relaschent pour vivre du pair avec les leurs, ilz blessent
la première. Mais quand sur le refus qu’on leur en faict ilz tesmoignent leur
mescontentement avec tant de challeur, et que nous aprenons que tous leurs
peuples jusques dans les moindres villes s’en plaignent hautement comme
si on leur faisoit une grande injustice, il y a suject d’appréhender pour la
seconde. Leur conduitte est mal réglée et si peu ferme que dans une occasion
où quelque fauce impression leur auroit faict croire qu’ilz seroient maltraittéz,
ilz seroyent capables de prendre un conseil précipité sans s’arrester beaucoup
ny aux obligations qu’ilz ont à la France ny à celle du traitté qu’on a faict
avec eux
Vgl. [ S. 6 Anm. 2 ] .
|:que leur accomodement avec les ennemis comme nous avons cy devant
marqué peut estre conclu en vingt quatre heures:|. C’est pourquoy, Madame,
nous avons tousjours estimé qu’il y falloit chercher quelque expédient. Il est
bien vray, Madame, que les deux que nous avons proposéz à Vostre Majesté
avoyent esté mis sur le tapis avant nostre départ de La Haye, mais seulement
en particulier parlant à quelques uns des principaux de leur Estat et traittans
avec Monsieur le Prince d’Orange. Comme nous n’avions pas allors charge
d’en convenir avec eux et que Monsieur le Prince d’Orange ny ceux de leur
Conseil à qui nous en parlions n’avoyent pas aussy l’authorité d’en traitter,
ce furent plustost des discours jettéz en passant pour descouvrir leurs senti-
mens que pour y prendre résolution. Il est vray, Madame, qu’ilz ne parurent
pas lors esloignéz de les accepter. Mais ayans tousjours recogneu dans leur
forme de traitter que quand une chose leur est accordée, elle ne les oblige
pas de se relascher pour le reste et qu’au contraire ilz s’en servent comme
d’un degré pour passer plus avant, nous demeurasmes sur la retenue aussy
bien qu’eux, et l’on ne s’en explicqua pas assez clairement de part ny d’autre
pour pouvoir asseurer que la difficulté eust peu dès lors estre terminée par
l’un de ces deux expédiens sans y adjouster ou diminuer quelque chose.
Voillà, Madame, ingénuement tout ce que nous en sçavons. Si nous estions
encores sur les lieux ou qu’il y eust icy quelqu’un de leur part, nous pourrions
les sonder de nouveau pour en apprendre davantage. Mais cella n’estant pas,
Vostre Majesté jugera peut estre plus à propos de les laisser venir à Elle et
d’attendre l’Ambassadeur qu’ilz doivent envoyer en France pour en parler
que de leur en faire faire l’ouverture qui les pourroit convier à demeurer
plus fermes, principalement si elle venoit de nous à présent que nous sommes
séparéz d’eux. Il importe bien si on doit prendre quelque tempéramment
avec eux, qu’il soit arresté avant leur venue en ce lieu pour terminer une des
principalles difficultéz qui est la première visite. Mais nous supplions très
humblement Vostre Majesté de considérer combien il est malaisé que cette
négotiation passe par noz mains aujourd’huy que nous sommes tous esloi-
gnéz les uns des autres, que l’Ambassadeur de Vostre Majesté n’est plus en
Hollande qui pourroit agir avec plus d’authorité en ces matières d’honneur
qu’un secrétaire , et que Monsieur le Prince d’Orange qui y peut beaucoup
se trouve aussy séparé des principaux du Conseil. Nous ferons néantmoins
fort fidèllement ce que Vostre Majesté aura agrèable de nous commander
en cas qu’après avoir considéré les inconvéniens que nous avons l’honneur
de luy représenter Elle persiste à voulloir que nous y travaillions.
L’ordonnance du Roy qu’il a pleu à Vostre Majesté nous envoyer pour
réformer tous noz pouvoirs s’il est nécessaire et convenir icy d’une forme
qui puisse contenter tous les intéresséz, est une preuve si évidente des saintes
intentions de Vostre Majesté pour l’avancement de la paix qu’elle doit
fermer la bouche à noz parties et faire cesser les soins qu’ilz prennent de
persuader le contraire. Cette pièce nous servira beaucoup pour nous garentir
de leurs artiffices dont nous sommes en perpétuelle peine de nous parer.
Comme ilz voyent aujourd’huy la négotiation arrestée par l’intérest de
Dannemarch que les Impériaux ne veullent pas abandonner et qu’ilz pré-
tendent faire comprendre dans le traitté général, ilz n’oublient rien pour
faire croire que ce retardement vient de nous, si bien que maintenant il
semble pendant la cessation du traitté que toute l’industrie est employée de
part er d’autre à rejetter la faute sur son compagnon. Nous y avons grâces
à Dieu cet advantage que noz parties sont réduittes à se servir de la fraude
et du mensonge pour tromper les peuples et que nous n’avons autre peine
qu’à publier la vérité pour les désabuser.
Les derniers advis de Francfort et ceux que nous recevons de divers autres
endroictz nous confirment ce que nous eusmes l’honneur d’escrire à Vostre
Majesté par nostre précédente despêche , que les lettres que nous avons
escrittes aux Princes et Estatz de l’Empire pour les convier de venir icy ont
esté bien receues et y ont produict un assez bon effect. La pluspart de ces
Princes tesmoignent d’estre extrêmement obligez à Vostre Majesté de l’ hon-
neur qu’Elle leur a faict faire par cette semonce qui les faict souvenir de
leur propre bien. Nous n’ozerions pas en parler de la sorte si nous ne sça-
vions que cella est deu au conseil que Vostre Majesté a pris lorsqu’Elle nous
a commandé de faire cet office, et que ce n’est pas nostre despêche ny les
raisons dont elle est remplie qui ont causé ce ressentiment dans l’esprit de
plusieurs des députéz. Les victoires du feu Roy, Madame, et celles qui ont
desjà signalé vostre régence, jointes à la prudence et générosité de vostre
conduitte sont les véritables raisons qui mettent la France en telle considé-
ration parmy les estrangers. On nous asseure que les députéz de la diètte de
Francfort hors ceux de Mayence et de Bavières ont esté d’advis d’envoyer
icy des députéz, pour assister de la part de la diètte en corps à la négotiation
et y avoir voix délibérative avec les Plénipotentiaires de l’Empereur. Cette
résolution a tellement allarmé le Conseil de Vienne qu’ilz auroient désjà
envoyé ordre à laditte diètte de se séparer, s’ilz ne craignoient que tous ceux
qui ont esté d’advis de députer icy en corps y envoyassent en particulier
quand ilz seroient séparez, et qu’ainsy au lieu d’un ou de deux députéz il y
en eust peut estre soixante ou quatre vingtz qui ne seroyent pas tousjours
favorables aux prétentions de la Maison d’Austriche.
Nous apprenons en mesme temps, Madame, que les villes de Lubek, Ham-
bourg et Brême se disposent d’envoyer icy et que le reste des Princes et
villes du Cercle de la Basse Saxe suivront bientost leur exemple, et que
cependant cette dernière ville a demandé à son Archevesque qu’il quittast
le généralat des armes du Roy son père
la ville ny les Estatz du pays ne voullans point se mesler des différens de
Dannemarch et de Suède. Tout cella met en grande peine les Impériaux qui
taschent par tous moyens d’y remédier et surtout d’empescher qu’on ne
députe à cette assemblée, à quoy croyans bien que l’authorité de l’Empereur
ne sera pas suffisante, ilz essayent de former une contestation sur ce suject
entre le collège électoral et l’assemblée des autres Princes et Estatz de
l’Empire, les premiers prétendans qu’il n’appartient qu’à eux d’estre appeliez
aux délibérations quand il s’agit de faire la paix ou la guerre et que les autres
n’ont droit de suffrage que quand il est question de régler la justice et la
monnoye ou bien quand on veut faire de nouvelles impositions sur les
Estatz de l’Empire. Si les Electeurs se trouvoyent bien fondez dans ce
différend, l’Empereur croiroit d’avoir gagné sa cause, parce que tenant celuy
de Trèves prisonnier
Philipp Christoph von Sötern, 1567–1652, Kurfürst von Trier seit 1623, hatte sich Ende 1631
zum Schutz vor dem Angriff der Schweden französischer Protektion unterstellt, weshalb er 1635 bei
der Belagerung von Trier von den Spaniern gefangen genommen wurde. Über Sötern vgl. H. Weber ,
Frankreich, Kurtrier, der Rhein und das Reich; kurze Biographie und Zusammenstellung älterer
Literatur ebenda S. 15f.
dévotion, il ne luy seroit pas malaisé de conformer tousjours leurs advis aux
sien. Mais les autres soustiennent que la raison est entièrement de leur costé
et disent mesmes que le serment de l’Empereur lorsqu’il prend possession
de la dignité impérialle l’oblige de ne rien faire aux choses importantes
sans l’advis des Electeurs et nommément des autres Princes et Estatz de
l’Empire.
Les dernières lettres de Vienne portent que le Comte d’Auersberg va estre
rapellé pour estre gouverneur du jeune Prince , et que le Comte de Lam-
berg
Johann Maximilian Graf von Lamberg, 1608–1682, seit 1637 Reichshofrat. Über ihn ADB
XVII S. 538–540 ; O. v. Gschliesser S. 239f.; H. F. Schwarz S. 274–276; H. Sturm-
berger , Das Tagebuch des Grafen Johann Maximilian von Lamberg.
n’y soit arrivé et n’ayt faict quelques conférences avec luy pour estre instruict
de l’estat des affaires. Que l’Empereur sur l’instance qui luy a esté faitte de
passer outre à la négotiation de la paix a respondu que c’estoit un artiffice
de la France de le presser en cette saison pour le diviser d’avec le Roy de
Dannemarch et porter celluy cy à un accommodement particulier avec la
Suède. Qu’il voulloit bien continuer la négotiation commencée, mais seule-
ment après que les députéz de Dannemarch seroient arrivéz à Osnaburg.
Que cette résolution avoit esté prise par l’avis des Electeurs qu’il voulloit
suivre en toutes rencontres. Qu’il sçavoit bien que la France désiroit la paix
et qu’il la souhaittoit aussy de son costé, mais qu’il falloit réformer noz
pouvoirs où les termes de la préface ne pouvoyent estre soufferts. Que pour
la souscription de Vostre Majesté, il sçavoit bien que ce n’estoit pas l’usage
de France et s’en départoit, mais qu’il falloit nécessairement faire raison sur
les autres oppositions alléguées par ses commissaires.
On adjouste qu’il y a bien résolution prise de joindre les armes de l’Empire
à celles de Dannemarch pour agir de concert contre la Couronne de Suède,
et de ne faire point de traitté sans la participation l’un de l’autre, mais qu’il
n’y a point encores d’allience entre l’Empereur et le Roy de Dannemarch
ny mesme d’obligation de ne traitter pas l’un sans l’autre, mais seulement
parolle de ne rien faire sans en donner part, et que le Roy de Dannemarch
ne s’est pas voullu engager plus avant, ayant respondu qu’encor qu’il eust
esté maltraitté de Suède, il ne voulloit pas ouvertement rompre l’amitié qu’il
avoit avec ses confédéréz entre lesquelz l’on dict qu’il a nommé le Roy et
Madame la Landgrave.
Ces advis, Madame, qui viennent de fort bon lieu, font voir que les Impé-
riaux ne sont pas encor si asseuréz du Roy de Dannemarch comme ilz le
publient, et que cette nouvelle guerre a bien un peu relevé leurs espérances
pour leur faire prétendre une paix plus advantageuse, mais non pas changé
entièrement la résolution d’y entendre et de la conclurre lorsque les députéz
de Dannemarch seront arrivéz à Osnaburg. Ilz appréhendent merveilleuse-
ment que l’entremise de Vostre Majesté ne face faire un accommodement
particulier entre ces deux Couronnes auquel ilz n’ayent point de part. Nous
informons de tout Monsieur de La Thuillerie, affin qu’il prenne ses mesures
le plus avantageusement qu’il pourra pour le service de Vostre Majesté.
Si tous ces avis sont véritables comme il y a lieu de le croire, et que le Roy
de Dannemarch dans les premiers mouvemens de sa cholère ne soit point
entré dans un plus grand engagement, le pis qui puisse arriver désormais
est que |:les différendz qui ont causé cette nouvelle guerre seront renvoiéz
à Osnabruck:| et que nous demeurerons encor icy quelque temps sans rien
faire. Cependant Monsieur de La Thuillerie fera tous ses effortz sur les lieux
pour l’empescher affin d’acquérir à Vostre Majesté seulle la gloire de cet
accommodement qui facilitera merveilleusement le traitté général s’il est
faict séparément. Vostre Majesté aura peu voir dans l’instruction de Mon-
sieur de La Thuillerie que nous avons dressée icy par son commandement,
que nous n’avons pas oublié de le luy bien recommander. Et si Vostre
Majesté nous faict l’honneur d’approuver nostre sentiment, il ne sera peut
estre pas inutile de luy en renouveller les ordres pour luy faire cognoistre
que c’est la volonté de Vostre Majesté, quoyque certes nous soyons obligéz
de dire que ledict Sieur de La Thuillerie n’a pas besoin d’estre excité aux
choses qu’il recognoist utiles pour le service de Vostre Majesté.
Ces jours passéz, Madame, nous avons creu devoir faire sçavoir à Messieurs
les Médiateurs pour justiffier d’autant plus nostre conduitte, qu’ilz pou-
voient estre tesmoins qu’il ne tenoit pas à nous que la négotiation ne fust
continuée. Et d’autant que les commissaires impériaux avoyent cy devant
allégué que ceux de Suède avoyent dict il y a quelque temps que la rupture
avec le Dannemarch leur ostoit le moyen de traitter jusques à ce qu’ilz
eussent de nouveaux ordres de Suède, nous avons faict voir auxdictz Sieurs
Médiateurs pour prouver la fauceté de cette supposition une lettre de la
Reyne de Suède
asseure d’avoir ordonné à ses commissaires de persister dans la négotiation
de la paix sans l’interrompre pour ce qui estoit arrivé contre le Dannemarch,
et que pour tesmoigner sa bonne disposition, elle ne s’esloignera pas d’ accep-
ter la médiation de la République de Venise en cas qu’on ne voulust pas
traitter sans Médiateur. Nous y avons adjousté de grandes plaintes des
difficultéz qui avoyent esté apportées au passage de Monsieur de La Thuil-
lerie et les avons supplié [s] de nous faire esclaircir si on prétendoit révocquer
en doute la liberté qui nous est acquise par les traittéz préliminaires et par
noz passeportz, d’envoyer en tous lieux et recevoir de toute sorte d’endroictz
ceux qui nous seront envoyéz, sans que les uns ny les autres portans noz
passeportz puissent estre arrestéz. Qu’autrement nous penserions aux moy-
ens de nous tirer de cette contrainte et serions forcéz de demander un autre
lieu pour traitter où nous ne pussions pas estre assiégéz. Les commissaires
impériaux on[t] demandé délay de faire response sur le premier poinct,
vraysemblablement pour en communiquer avec le Comte d’Auersberg, et
ont déclaré sur le second qu’ilz n’entendoyent point de donner empesche-
ment au passage de ceux que nous despêcherions ou qui nous seroyent
envoyéz dont ilz donneroyent toutes les asseurances nécessaires, ayans
tasché d’excuser par mauvaises raisons ce qui a esté faict à l’endroit de
Monsieur de La Thuillerie.