Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
73. d’Avaux und Servien an Königin Anne Münster 1644 April 29
Münster 1644 April 29
Ausfertigung: AE , CP All. 32 fol. 164–174 = Druckvorlage; Eingang nach Dorsal fol. 174’:
1644 Mai 11. Konzept: AE , CP All. 26 fol. 534–541’; Schlußteil fehlt. Kopie: AE , CP All.
37 fol. 99–188, chiffriert, Beilage zu nr. 75. Druck: Nég. secr. II, 1 S. 33–36; Gärtner II
S. 766–781.
Noch keine Entscheidung betreffend die Kurialien, besonders wegen der zu erwartenden Forderungen
der Vereinigten Niederlande. Bitte um Weisung. Beschränkung des Gesandten von Savoyen auf die in
Rom üblichen Kurialien. Unparteilichkeit Contarinis fraglich. Flucht des Herzogs von Bouillon
aus Frankreich. Ansprüche Nassaus auf das Bistum Verdun. Memorandum über die kaiserlichen
und spanischen Vollmachten an Brienne. Bedenken der Spanier und der Kaiserlichen gegen unsere
Vollmacht. Durch Contarini Beschwerde bei den Kaiserlichen über die Weigerung Auerspergs, mit
den Schweden die Vollmachten auszutauschen. Vorschlag der Spanier, alle Vollmachten erneuern
zu lassen und eine allseitige Erklärung abzufassen, aufgrund deren die Verhandlungen beginnen
können; Bitte um Weisung. Tod der Königin von Polen.
Ce n’est pas sans grande raison que nous nous sommes trouvéz jusques icy
en peine de former un advis pour régler les complimentz que nous aurons
à faire avec les ministres des Princes qui se trouveront en cette assemblée.
Nous ne sçavons encores à présent à quoy nous résoudre pour satisfaire au
commandement que Vostre Majesté a eu agréable de nous faire de luy en
dire noz sentimentz. Nous voyons d’un costé toutes leurs prétentions très
injustes et en quelque sorte préjudiciables à la dignité du Roy, puisque
voulans recevoir de nous les mesmes honneurs qu’ilz nous rendent, ilz esta-
blissent par ce moyen quelque espèce d’esgalité entre Sa Majesté et leurs
maistres. D’ailleurs ce que l’on accorde à celuy d’entre eux qui tient le
premier rang faict conséquence indubitablement jusques au dernier de tous.
Les Hollandois par exemple ne veullent point nous voir si on faict quelque
différence entre eux et ceux de Venise. Celuy de Savoye veult prendre la
mesme résolution si on ne le traitte pas comme ceux de Hollande. Et après
cella ceux des Electeurs, de Gênnes, de Florence, et plusieurs autres, croiront
d’avoir suject de rompre toute communication avec nous si on leur refuse
ce qui aura esté accordé à celuy de Savoye. Tout cela nous avoit faict croire
d’abord qu’il falloit demeurer dans une règle authorisée par la coustume et
qu’on n’en pouvoit choisir une meilleure que celle de Rome. Dans ce senti-
ment qui nous estoit commun, celuy de nous qui arriva icy le premier avoit
usé de quelque réserve envers Monsieur l’Ambassadeur de Venise, et croiant
bien néantmoins qu’en cette conjoncture la demande d’un Médiateur qualifié
comme est ledit Sieur Contarini ne luy seroit pas refusée par Vostre Majesté
à qui seule il appartenoit de l’accorder, il représenta les conséquences que
d’autres Princes et Républiques en tireroient. Pour y remédier il avoit eu
quelque pensée qu’avec Venise et Savoye on pourroit s’en tenir à l’usage
de Rome ou se relascher à l’esgard de tous les Ambassadeurs,. Il ne sentoit
pas qu’il y eust de la contrariété en cet expédient, et d’ailleurs il ne l’a pas
proposé comme un advis formé, mais il se donna l’honneur d’escrire à
Vostre Majesté que ce n’estoit qu’un simple essay et une ouverture impar-
faitte qui pouvoit donner lieu de trouver quelque chose de mieux.
A la vérité, Madame, après avoir bien pensé à toutes ces difficultéz qui se
rencontrent sur les compliments, nous estimons à propos de conserver s’il
est possible la dignité du Roy et faire la guerre à l’œil pour voir jusques où
l’on pourra la porter sans rompre tout à faict avec les alliéz de Sa Majesté
qui luy sont à présent les plus nécessaires. Messieurs les Estatz sont ceux
qui nous donnent plus de peine à prendre party. Ilz allèguent le jugement
du feu Roy Henry le Grand, la possession où ilz ont esté en divers endroictz,
la puissance de leur République qui a une estroitte liaison avec la France,
en quoy ilz croyent avoir avantage sur Venise, et l’indépendance absolue
de leur Estat, en quoy ilz soustiennent estre dans une condition bien diffé-
rente de celle de Savoye qui relève de l’Empereur. Quand nous leur deman-
dons s’ilz veulent pour cella prétendre quelque esgalité avec le Roy, ilz
respondent que non, mais que nous leur ferions bien plus de tort si nous
mettions quelque différence entre eux et Venise ou quelque esgalité entre
eux et un vassal de l’Empire qui recognoist mesme les Eslecteurs pour ses
supérieurs. Tous les autres avec qui nous avons à traitter ne nous sont pas
si considérables, et l’on ne doit pas tant appréhender leur mescontentement
en les refusant. Monsieur de Savoye mesme ne sçauroit se plaindre quand
on suivra icy le stile de Rome, si n’est ce qu’il allègue que nous ne l’ obser-
vons pas à l’esgard de Monsieur l’Ambassadeur de Venise. Mais Messieurs
les Estatz qui n’ont point d’Ambassadeur près de Sa Sainteté, et qui lors-
qu ’on leur allègue les formes de cette Cour, mettent en jeu celles de la Porte
du Grand Seigneur où ilz font voir que les Ambassadeurs de France les ont
traittéz comme ilz demandent, disent tousjours qu’on les veut desgrader et
triompher icy d’eux sans avoir démérité de la France et pour conclusion
sont résolus de n’avoir aucune communication avec nous si on ne les traitte
comme ilz désirent. Ce que nous estimons d’autant plus périlleux qu’ilz
peuvent en fort peu de temps terminer toutes leurs affaires avec noz ennemis
et que nous n’aurons pas tant de moyen de l’empescher en ne les voyant
point que si les visites et la fréquentation estoit restablie. Lorsque nous
partismes de La Haye, ilz se fussent contentéz de l’expédient que nous
escrivismes à Monsieur le Comte de Brienne. Ilz eussent rendu quoyqu’ arri-
véz les derniers la première visite à l’un de nous où l’autre se fust trouvé
qui les eust précédéz, on ne leur eust point donné de l’Excellence. Celuy
dans le logis duquel la visite se fust faitte auroit esté malade pour esviter la
contestation de la main. Après cella, on se seroit assemblé avec eux dans
un lieu tiers pour y traitter les affaires. Quelqu’un avoit proposé un autre
expédient pour éviter ce lieu tiers, qui est de donner la main au premier
d’entre eux et la prendre sur les six autres. Nous avons desjà faict sçavoir
cy devant à Vostre Majesté que le tiltre d’Excelence sans la main droitte ne
les contentoit pas, quoyque nous le tenions plus avantageux que la main
sans l’Excelence. Ilz s’attachent principalement à cette main droitte, soit
qu’en effect ilz ne fassent pas tant d’estat de l’autre ou qu’ilz croyent d’en
faire cesser la dispute en parlant françois. Nous ne sçavons pas maintenant
si ce qui a esté faict en faveur de Venise ne les aura point rendus plus diffi-
ciles . C’est pourquoy nous nous contentons de représenter l’estat des choses
à Vostre Majesté pour y faire prendre une bonne résolution laquelle nous
exécuterons selon qu’il plaira à Vostre Majesté nous l’ordonner.
Quand à l’Ambassadeur de Savoye, selon nostre advis il ne peut rien pré-
tendre de nouveau que par grâce ou par une conséquence qui n’est pas
nécessaire, on ne luy faict point de tort de le traitter icy comme à Rome.
S’il justiffie qu’on luy ayt faict autres fois plus d’honneur à Venize, on peut
encores le luy accorder en ce lieu là, mais en cette assemblée où l’on n’auroit
pas raison de refuser aux Electeurs auxquelz Monsieur de Savoye cède sans
difficulté ce qui luy auroit esté accordé, il semble qu’il n’a pas droit de
prétendre que Sa Majesté s’expose à tous ces inconvénients pour faire une
nouveauté en sa faveur. Nous sçavons bien que le Nunce du Pape le traitte
comme il prétend d’estre traitté de nous, mais nous sçavons aussy que les
Ambassadeurs des premières Couronnes ne se sont pas tousjours régléz par
l’exemple des Nunces qui sont assez prodigues partout de ces civilitéz, pour-
veu qu’on leur rende en d’autres rencontres le respect qu’ilz demandent.
Monsieur de Savoye ne sera pas moins vassal de l’Empire quand on aura
donné de l’Excellence à son Ambassadeur, et quand on la luy refusera il
n’est pas en estat d’abandonner pour cella le party de la France, ny de faire
son accommodement sans elle avec les Espagnolz. S’il vouloit encores
s’obliger à ne prendre plus à l’avenir d’investiture le d’Empereur et à rompre
toutes les déppendances qu’il concerve par ce moyen avec la Maison
d’Austriche, Sa Majesté en se relaschant d’un costé y gagneroit de l’autre.
Mais de le faire gratuittement tandis que Monsieur de Savoye aura la qua-
lité de vassal, laquelle mesme nous sçavons que ses prédécesseurs ont
estendue depuis quelques années sur des terres qui ne relevoyent point de
l’Empire pour les mettre toutes soubz la protection de l’Empereur et avoir
droict de demander son assistance en cas qu’un jour ilz fussent molestez
par la France, nous n’ozerions pas en donner le conseil à Vostre Majesté;
il nous suffit de luy représenter ce que nous en sçavons et attendre l’honneur
de ses commendemens.
Nous faisons scrupule, Madame, de reparler à Vostre Majesté de Monsieur
Contarini. Les remarques que nous avons cy devant faittes de sa conduitte
ne nous avoyent pas à la vérité donné suject de faire encores un jugement
bien certain de ses inclinations. Mais nous eussions appréhendé de faillir
si nous n’eussions faict sçavoir à Vostre Majesté tout ce qui estoit venu à
nostre cognoissance, mesmes avant que nous fussions arrivéz en ce lieu,
affin que Vostre Majesté y fist les réflections qu’elle jugeroit convenables,
joignant ce qu’elle apprendroit de nous qui luy descouvrons toutes noz
pensées fidèllement et sans passion avec les advis qui luy en pourroyent
venir d’ailleurs; car certes il faut confesser que pour un Médiateur il a quel-
ques fois escrit un peu trop librement pour blasmer nostre séjour en Hollande.
Quand il en est demeuré là, nous l’avons attribué au chagrin que luy avoit
peu donner l’ennuy de ce séjour; mais quand on a veu dans ses lettres à
La Haye depuis que nous en sommes partis qu’il avoit en main de quoy
faire en peu de temps une suspension d’armes et que Monsieur de Crosicq
mesmes en est venu tout allarmé, nous avons jugé que cella ne devoit pas
estre mesprisé. A toute extrémité, Madame, quand le long séjour qu’il y
faict parmy noz parties luy auroit faict prendre quelque familiarité avec eux,
|:nous espérons que ses antiennes inclinations pour la France reviendront
aisément et que les ordres de ses suppérieurs l’obligeront de tenir la balance
droitte ou peut estre mesme de la faire pancher de nostre costé, à quoy nous
tascherons de le convier encore par nostre conduitte envers luy:|.
Wir werden deutlich machen, daß sich niemand infolge der Flucht Bouillons falsche
Hoffnungen machen sollte
Vgl. [ S. 84 Anm. 2 ] ; gemeint sind Hoffnungen der Spanier auf innere Unruhen in Frankreich.
kommen ; wir haben ihm die Hoffnung nicht genommen und werden nach Möglichkeit
daraus Nutzen ziehen.
Nous sommes encores, Madame, sur les difficultéz qui se rencontrent de
part et d’autre dans les pouvoirs. Nous nous estions contentéz d’abord pour
n’effaroucher pas les espritz de remarquer les déffautz plus essentielz et
généraux qui sont dans les pouvoirs des commissaires de l’Empeureur et
du Roy Catholique
Vgl. dazu [ nr. 51 S. 96f. ]
autres en particulier, comme Vostre Majesté pourra voir si elle a agréable
de se faire représenter le mémoire séparé que nous envoyons sur ce suject
à Monsieur le Comte de Brienne
qu’ilz ne pouvoyent justiffier le déffaut du leur, se sont mis à subtiliser et
chicaner sur le nostre pour avoir prétexte de dire que le retardement de la
négotiation ne peut pas estre imputé à eux seulz.
Ilz trouvent en premier lieu difficulté de la préface et disent que c’est un
espèce de manifeste, qu’il n’est pas conceu aux termes dont les Princes ont
accoustumé de se servir quand ilz ont une véritable disposition à la paix et
à restablir l’amitié entre eux, ilz demandent qu’ilz soient réfforméz, ou bien
ilz disent qu’ilz seront obligéz de mettre dans le leur pour justiffier leurs
armes qu’ilz ont esté contrainctz de les prendre pour leur déffense après
avoir esté attaquéz sans aucun suject et pour garentir la Religion de l’ oppres-
sion des héréticques avec lesquelz nous sommes alliéz, à quoy ilz seront
forcéz d’adjouster plusieurs autres choses qu’ilz croyent plus à propos de
supprimer de part et d’autre en l’estat que l’on est présentement. Nous avons
faict voir aux Médiateurs quand ilz nous en ont parlé que le préambule du
pouvoir qui fut donné aux commissaires du Roy à Vervins n’est pas en
termes bien différens du nostre où il n’y a rien que de fort modéré et qui ne
peut offencer personne.
Ilz disent en second lieu, Madame, qu’à explicquer nostre pouvoir au sens
de la lettre, nous ne pouvons traitter que des moyens de faire la paix, mais
non pas la conclurre, soustenans que tous les verbes qui suivent ce mot de
moyens sont tous régis par luy. Nous avons honte d’importuner Vostre
Majesté de ces chicaneries et ne croyions pas en venants icy d’avoir à disputer
des règles de la grammaire, mais les Espagnolz font grand effort là dessus
et apportent les mesmes pouvoirs des commissaires de Vervins, où après
qu’il a esté parlé des moyens de faire la paix il est adjousté: et sur iceux
traitter et conclurre laditte paix, ce qui n’est pas dans le nostre. Nous croyons
que c’est cette différence qui les a engagéz à pointiller de la sorte ou peut
estre le désir de faire voir qu’ilz sçavent le subtil de nostre langue. Mais
quelques raisons que nous ayons peu alléguer, ilz ont faict semblant de ne
s’en contenter pas, soustenans que les pouvoirs doivent estre en termes
clairs et intelligibles qui puissent donner suject aux deux parties d’avoir
l’esprit en repos et de traitter en toute seureté.
Ilz font une troisiesme difficulté, Madame, sur le mot de conjoinctement
avec noz alliéz. Ilz avouent bien que la paix doit estre généralle, que tous
les alliéz y doivent estre compris et que le traitté ne doit point estre conclu
sans eux. Mais ilz disent que cette clause qui porte que nous ne pourrons
rien faire sans eux est plustost l’article d’une instruction que d’un pouvoir,
puisque par là nous avons tellement les mains liées que nous ne sçaurions
faire aucune conférence ny entrer dans la moindre proposition que nous
n’ayons tousjours noz alliéz à nostre costé. Ilz croyent bien que cella seroit
ridicule et que l’intention de Vostre Majesté ne va pas jusques là, mais ilz
soustiennent que les parolles de nostre pouvoir en cet endroit en peuvent
estre explicquées autrement.
La quatriesme difficulté qu’ilz font est sur ce que le Roy est mineur et que
Vostre Majesté qui est sa tutrice et Régente du Royaume n’a point authorisé
par sa signature l’acte de nostre pouvoir, ce qui le rend nul par les lois de
la jurisprudence. Nous avons respondu que ce n’est pas par ces lois que la
puissance royalle en France doit estre réglée, que nous avons celles du
Royaume selon lesquelles on se gouverne et noz antiennes formes qui ne
peuvent estre changées, que toutes les lettres patentes pendant la minorité
du Roy doivent bien estre authorisées par la présence de Vostre Majesté,
mais qu’il n’est pas nécessaire qu’elle se donne la peine de les signer et qu’il
suffit que ce soit un de Messieurs les Secrétaires d’Estat et que le grand seau
y soit mis par Monsieur le Chancelier. Que ce sont les seulles formalitéz
nécessaires pour rendre les actes de cette nature vallables et qu’il seroit
inutile d’y en chercher d’autres. Qu’on pouvoit voir dans tous les traittéz
qui ont esté faictz pendant les minoritéz que les pouvoirs ont tousjours esté
expédiéz et les traittéz mesmes signéz de cette sorte. Les commissaires
espagnolz en sont demeuréz d’accord et ont confessé d’avoir veu un traitté
de neutralité qui fut faitte en 1611 avec la Franche Comté
Pariser Vertrag vom 10. Dezember 1610 zwischen dem Erzherzog Albrecht von Österreich und
seiner Gemahlin, der Infantin Isabella Clara Eugenia von Spanien, einerseits und dem König von
Frankreich andererseits; er wurde 1611 ratifiziert. Druck des Vertrages und der Ratifikationen:
J. Du Mont V, 2 S. 153–156.
que par le feu Roy quoyqu’il fust mineur. Aussy la difficulté n’est pas tant
venue d’eux que des commissaires impériaux, mais comme nous avons
tesmoigné qu’il seroit malaisé qu’on les peust contenter là dessus ny apporter
aucun changement à ce qui a accoustumé d’estre faict, nous avons remarqué
au discours de Monsieur Contarini qu’ilz ne s’y arresteront pas et qu’ilz
croyent que l’on trouvera d’autres voyes pour asseurer l’exécution du traitté
quand il sera faict.
Les Impériaux, Madame, font presque les mesmes difficultéz que les Espa-
gnolz et en adjoustent une particulière qui les regarde. Après que la Cou-
ronne de Suède, Madame la Duchesse de Savoye, Madame la Langrave de
Hesse et Messieurs les Estatz ont esté nomméz dans nostre pouvoir, il est
adjousté: et tous les autres alliéz tant dans l’Italie que dans l’Empire. Ces
commissaires disent que leur maistre ne croyd point avoir d’ennemis dans
l’Italie et qu’il n’y a point de Prince dans l’Empire qui puisse estre légitime-
ment allié de la France contre luy. Mais nous croyons les avoir confondus
sur cet article en faisant voir le traitté des préliminaires
Vgl. [ S. 138 Anm. 1. ]
exprès que l’Empereur donnera saufconduit à Madame la Landgrave et aux
autres Princes et Estatz de l’Empire alliéz de la France, ce qui a esté exécuté.
Ce discours néantmoins et l’obmission qui a esté faitte dans le pouvoir des
commissaires impériaux où il n’est point parlé de traitter avec les alliéz du
Roy, nous font appréhender qu’ilz ne fassent refus d’entrer en négotiation
avec Madame la Landgrave. Nous aurions esté obligéz de les faire parler
clairement sur ce suject, si une semblable difficulté que nous fismes sçavoir
à Monsieur le Comte de Brienne par nostre despesche précédente
Nr. 65. Vgl. dazu Nassau und Volmar an Ferdinand III., Münster 1644 April 21, Druck:
APW [ II A 1 nr. 229 S. 349–361. ]
arresté tout court noz conférences.
C’est, Madame, qu’ayant sceu qu’en mesme temps que noz parties appor-
toyent icy grande facilité à monstrer leurs pouvoirs, le Comte d’Auersberg
a refusé d’en faire de mesme à Osnaburg avec les ministres suédois. Nous
en avons faict faire plainte à ses collègues en cette ville par Monsieur Con-
tarini qui a recogneu que nous avions très grande raison. Nous l’avons prié
de faire sçavoir à ces Messieurs qu’il ne serviroit de rien d’avancer les
affaires en un lieu si on les reculoit en l’autre. Que les traittéz de Munster
et d’Osnaburg n’estans qu’un par les conventions des préliminaires, les
affaires y doivent marcher d’un mesme pied, et que quand ilz auroyent la
pensée en procédant autrement de jetter quelque sorte de division entre
nous, ilz se trouveroient trompéz. Que nous voyons bien que peut estre
que quelque engagement nouveau du costé de Dannemarck les tenoit en
suspens, mais qu’il falloit s’explicquer de ses intentions et ne point amuser
le monde par des vaines espérances de paix si on n’avoit envie de la traitter
sincèrement avec tous les intéresséz, et que pour conclusion nous ne pou-
vions point passer outre que nous n’eussions appris que si ledict Comte
d’Auersberg persistoit dans son refus. Monsieur Contarini nous a faict
sçavoir il y a quelques jours que les commissaires impériaux ont esté surpris
de noz plaintes dont ilz ont faict semblant d’ignorer le suject, et qu’ilz ont
promis d’en escrire à leur collègue à Osnaburg et de nous informer de la
response qui leur seroit faitte. Cependant ilz disent que le Résident de
Dannemarck qui est encores là pourroit bien estre cause de ce retardement
par les protestations continuelles qu’il faict qu’on ne peut point entrer en
traitté sans la médiation de son maistre, lequel ne prétend pas en devoir
estre exclus pour tout ce qui est arrivé depuis peu. Quoyque cette excuse
ne soit pas trop bonne elle est assez plaisante, faisant voir que le Roy de
Dannemarck veut estre Médiateur contre le gré des parties et sur les différens
d’une Couronne qui luy faict la guerre.
Voilà, Madame, l’estat où est à présent la négotiation. Il reste de sçavoir
(présupposé que le Comte d’Auersberg marche d’aussy bon pied à Osnaburg
que ses collègues icy et fasse la mesme chose qu’eux) si nous consentirons
que tous les pouvoirs soyent réfforméz et que pour esviter les longueurs et
les contestations, il en soit icy dressé une minutte du consentement récipro-
que de toutes les parties. C’est une proposition qui a esté faitte par les
Espagnolz pour monstrer, à ce qu’ilz disent, qu’ilz ne veullent point retarder
les affaires en disputant pour des parolles. Mais comme nous pouvons bien
soustenir avec raison que le nostre est aux termes qu’il doit estre, Vostre
Majesté jugera s’il est à propos d’y toucher ou non.
Vostre Majesté aura peu sçavoir la mort de la Reyne de Polongne et de la
fille dont elle estoit acouchée . Cette nouvelle nous a empesché d’advertir
les Suédois de la prière qui avoit esté faitte à Vostre Majesté de faire donner
le nom à cet enfant au baptesme, puisque l’occasion est cessé par cet accident.
1 fol. 161–162’: Kopie der Vollmacht Saavedras mit französischem Kommentar.
2 fol. 182–183: Kopie der Vollmacht für Nassau und Volmar mit französischem Kommentar.