Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
60. d’Avaux an Mazarin Münster 1644 April 22

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d’Avaux an Mazarin


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Münster 1644 April 22

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Ausfertigung: AE , CP All. 37 fol. 62–65’ = Druckvorlage. Kopie: AE , CP All. 26 fol.
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468–472.

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Einverständnis Serviens und La Thuilleries mit meiner Rede vor den Generalstaaten. Erstaunen
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über die Weisung bezüglich der Kurialien für Contarini. Kopien weiterer Invitationsschreiben dem-
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nächst .

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Depuis tout le temps que je suis emploié au dehors, je n’ay point receu de
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despêche si agréablement que celle dont Vostre Eminence m’a honoré le

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9. de ce mois. Je n’ay pas la vanité de croire que dans le cours de tant
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d’années et de tant d’affaires je n’eusse point fait de fautes. Je crois bien
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plustost que ceux qui gouvernoient alors ne m’ont pas asséz affectionné
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pour me les dire. Cette considération, Monseigneur, relève beaucoup le prix
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de vostre bonté qui n’a pas voulu me laisser davantage dans la jouissance
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d’une fausse joie et qui me fait toucher au doigt que je me suis mal conduit
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en deux rencontres. Ce n’est pas assez d’en remercier Vostre Eminence
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comme je fais avec grand respect. Il faudroit encores promettre d’estre plus
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considéré à l’avenir, mais en ce point, Monseigneur, je me trouve court.
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Je ne dois pas promettre ce que je ne sçaurois tenir, et je me suis tousjours
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appliqué si entièrement aux choses qui m’ont esté commises que je n’ay ny
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temps ny esprit de reste. Tout ce que je puis donc faire est de recognestre
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l’infirmité de mon jugement et de ma conscience.

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Je supplie aussy très humblement Vostre Eminence comme j’ay desjà fait
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cy devant que je ne sois pas seul responsable de toutes les fautes de l’ ambas-
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sade . Monsieur Servien et Monsieur de La Thuillerie ont consenti formelle-
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ment à l’instance qui a esté faitte en Holande en faveur des Catholiques

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Vgl. dazu [ S. LVf. ]
.
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En suitte de plusieurs propos que nous en avions tenus en diverses occasions,
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je leur représentay environ quinse jours avant laditte instance que s’ils y
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trouvoient quelque difficulté, je serois de leur advis. Monsieur de La Thuil-
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lerie prit aussytost la parole et tesmoigna hautement qu’il n’y avoit pas lieu
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de douter que l’honneur de la France et l’exemple de noz prédécesseurs nous
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y obligeoit. Monsieur Servien en demeura d’accord positivement et il ne le
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nie pas

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Vgl. dagegen Servien an Brienne in [ nr. 68. ]
. Il seroit donc bien juste si noz conseilz et nostre conduitte ne
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rencontrent pas tousjours la fin que nous nous sommes proposés, que le
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malheur ou l’imprudence ne me fust pas attribuée par préciput. Mais j’ay
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travaillé ces jours cy à d’autres affaires, je rendray compte de celle[s] cy à
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Vostre Eminence par le premier ordinaire. Et cependant, Monseigneur, je
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ne puis consentir au soin que vous voulés prendre de me mettre hors
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d’intérest; je suis prest d’encourir tout le blasme et de souffrir toutes les
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peines que mérite l’indiscrétion de mon zèle quand vous aurés esté bien
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informé de l’action et des motifs que nous avons eus. J’oserois vous deman-
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der seulement qu’il vous pleust de sursoir les excuses que vous prépariés
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pour Messieurs les Estatz, car c’est à eux, Monseigneur, à vous en faire.
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Et cella ne retardera en rien l’effet de la campagne, non plus que quand
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nous leur avons parlé ferme nous n’avons rien gasté. Au contraire, ils en
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ont esté plus traittables, et nous vous l’avons escrit en temps non suspect.

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Quand à ce qui s’est passé avec Monsieur l’Ambassadeur de Venise, j’ay
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pour garend Monsieur de Chavigni, Monsieur Servien et l’usage de Rome.
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Je nomme Monsieur de Chavigni parce que dèz lors que le feu Roy le destina
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pour le traitté de la paix, il me fit entendre comme par un ordre supérieur

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que nous aurions à vivre icy comme à Rome, qu’il falloit précéder chez
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nous l’Ambassadeur de Savoie et accompagner celuy de Venise sur le haut
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de l’escalier. Il m’a depuis redit la mesme chose plusieurs fois. Monsieur
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Servien a suivi cet advis sans en faire aucun doute et me l’a déclaré si souvent
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à La Haie que comme je descendois tout l’escalier pour conduire ledit Sieur
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Contareni, je haussay les espaules en regardant Monsieur de Saint Romain
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pour luy donner à cognestre que la civilité m’emportoit au delà des bornes
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qu’on m’avoit prescrites. Et de fait, incontinent après je luy demanday s’il
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avoit compris ce que je voulois signifier par ce geste et luy dis qu’ asseuré-
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ment Monsieur Servien me querelleroit à son arrivée. Ainsy quoyque je
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fisse, je ne pouvois éviter le blasme.

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Il y a plus. Quand je fus à Rome, Monsieur de Brassac

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Jean Gallard de Béarn, comte de Brassac, 1597–1645, war 1630–1633 französischer Gesandter
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in Rom; vgl. NBG VII Sp. 267–269.
me reprit de ce que
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j’avois accompagné l’Ambassadeur de Venise qui estoit celuy cy mesme
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jusques à son carosse; et aujourd’huy, j’ay encores mal fait de ne l’y avoir
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pas accompagné. Il semble que parmy tant de diversités un ministre qui n’a
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point d’ordre de son maistre et qui est authorisé de l’avis de ses collègues
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ne peut choper lourdement.

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Aussy, Monseigneur, vous fondés cette répréhension sur un usage que j’ay
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creu tout contraire, et mesmes j’en suis tesmoin. Vostre Eminence présupose
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qu’à Rome, les Ambassadeur de France accompagnent ceux de Venise
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jusqu’au carosse et me mande que j’en davois faire autant. Si cella est, j’ay
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tort et je passe condannation. Mais Vostre Eminence me permettra de luy
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dire ce que je sçais avec certitude, et je m’asseure tant de sa bonté qu’elle
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sera bien aise de trouver de quoy m’absoudre. Or, il est constant que Mon-
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sieur de Béthunes

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Philippe de Selles, comte de Béthune, 1561–1649, vertrat Frankreich in Rom 1601–1605,
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1624 und 1629; vgl. DBF VI Sp. 351f.
, Monsieur de Brassac et leurs successeurs se sont conten-
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tés de les accompagner sur le haut de l’escalier. Et c’est sur cet usage que
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Monsieur de Chavigni et Monsieur Servien avoient pris leur résolution. Ny
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eux ny moy n’avons pas eu la moindre pensée d’altérer l’égalité que l’on a
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accordée à la République, ny d’aller débattre un droit qui luy est acquis
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depuis longtemps. J’ay esté bien esloigné de ce dessein dont Vostre Emi-
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nence me rend coupable. Seulement ay je voulu (en me conformant à ce qui se
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prattique à Rome et au sentiment de ceux sans qui je ne puis rien) ne retran-
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cher aucune chose des démonstrations d’honneur qu’on a coustume de ren-
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dre aux Ambassadeurs de Venise et aussy de n’y adjouster pas sans en avoir
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ordre. Monsieur Contareni avoue luy mesme que c’est l’usage de Rome et n’a
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pris son avantage que sur le traittement qu’il reçoit icy des Ambassadeurs de
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l’Empereur et d’Espagne. |:Mais ce sont gens si foibles et si neufs à un
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mestier que je vous asseure encores une fois, Monseigneur, que ce ne seront
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pas eux qui feront la paix:|.

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Tant y a que nous avons suivi cet exemple puisqu’on nous l’a ordonné, et
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quoyque j’aie pu remonstrer à Monsieur Servien, il a esté recevoir Monsieur
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Contareni jusques dans la cour. Monsieur de La Thuillerie en fit autant le
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lendemain. Et par conséquent me voillà forcé à ne tenir pas tout seul contre
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tout ce qu’il y a icy d’Ambassadeurs, car Monsieur le Nunce rend aussy
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cette déférence audit Sieur Contareni. Et d’ailleurs elle est très ordinaire en
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Allemagne et l’on n’en use point autrement s’il n’y a une fort grande
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inégalité.

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Par ce moien, Monsieur Contareni a bien sujet d’estre content, et je ne
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lairray pas perdre le fruit que nous en devons tirer. Desjà je puis dire à
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Vostre Eminence que le jour mesmes que nous avions receu noz lettres de
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France aians traitté d’affaires avec Monsieur le Nunce et avec Monsieur
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Contareni, je fis entendre à celuy cy en présence de Monsieur Servien et
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avec un visage content que j’estois bien aise d’estre authorisé pour luy
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donner tout contentement et qu’il pouvoit juger que j’en avois escrit à la
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Cour avec dessein de me faire donner cet ordre comme je l’avois tesmoigné
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à son secrétaire. Il agréa fort ce compliment, en sorte que Monsieur Servien
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me dit au sortir que si c’eust esté à luy à porter cette parole, il luy eust fait
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sentir que c’est une nouvelle faveur que le Roy accorde à la République de
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Venise. Il m’avoit mesmes auparavant proposé de n’exécuter point l’ordre
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de la Cour jusques à ce que nous y eussions escrit noz raisons, mais ne
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m’aiant pas trouvé dans ce sentiment, il a donné les mains. Il n’a nul tort,
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Monseigneur, de ne m’avoir pas creu sur ce qui estoit d’aller à la rencontre
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de Monsieur Contareni, puisque la lettre de la Reyne nous ordonne de
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suivre l’exemple des autres Ambassadeurs. Et je n’ay osé luy dire que Vostre
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Eminence m’avoit fait l’honneur de m’en escrire autrement, car cella eust
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produit un plus mauvais effet. Nous sommes très bien, Dieu mercy, et
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j’espère que cella durera.

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Vostre Eminence recevra par cet ordinaire une copie de la lettre particulière
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que nous avons escritte a l’assemblée de Francfort en y adressant la des-
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pêche que nous vous envoiasmes il y a huit jours . Ceux qui cognoissent
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les affaires d’Allemagne jugent que ce soin ne sera pas inutile. Nous l’avons
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estendu jusques aux villes impériales et leur avons aussy escrit séparément
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comme Vostre Eminence verra par une autre copie . Je pourrois bien
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encores m’estre mesconté en des matières si importantes et avoir escrit trop
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ferme ou trop peu. Mais après y avoir apporté exactement tout ce qui dépend
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de moy et m’estre prévalu des sages advis de Monsieur Servien qui ne m’a
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pas peu ayder en ce rencontre, j’espère que Vostre Eminence recevra mon
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travail en bonne part et n’exigera pas plus des hommes que Dieu leur a donné.

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