Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
73. Memorandum Ludwigs XIV. für d’Avaux und Servien Paris 1645 April 6

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Memorandum Ludwigs XIV. für d’Avaux und Servien


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Paris 1645 April 6

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Ausfertigung: AE , CP All. 54 fol 148–150’ = Druckvorlage = Beilage zu nr. 71. Konzept: AE ,
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CP All 43 fol. 302–305’, datiert auf 1. April. Kopien: AE , CP All. 51 fol. 80–83; AssNat 268
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fol. 17–21’; AssNat 274 fol. 423–427. Druck: Nég. secr. II, 2 S. 78–79; Gärtner IV S.
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727–733.

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Argumente zur Erläuterung der von d’Estrades vor den Staaten von Holland gehaltenen Rede
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gegenüber den schwedischen Gesandten: Übereifer in der Erfüllung seines Auftrages zu
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Verhandlungen über die nächste Kampagne; keine Anweisung zu der Rede von seiten des
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französischen Hofes; Bemühungen d’Estrades’ um die Zustimmung des Prinzen von Oranien
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zur Beteiligung am dänischen Krieg. Vorteile für Schweden durch das gleichzeitige Engagement
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der Generalstaaten in Flandern gegen Spanien; unangemessenes Mißtrauen der Schweden in
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die französische Bündnistreue angesichts der französischen Geduld gegenüber dem schwedischen
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Krieg in Dänemark.

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Pour faire cesser les plaintes de messieurs les ministres de Suède en cas
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qu’elles continuent sur le suject du discours que fist le sieur d’Estrades à
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l’assemblée des Estatz Généraux de Hollande, pour les divertir de la pensée
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où ilz estoient de déclarer la guerre au roy de Dannemark, on peut
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représenter: Que ledict sieur d’Estrades avoit faict ce discours de luy-
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mesme et sans ordre de la cour, mais seullement poussé d’un bon zèle et sur
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la créance qu’il avoit qu’il estoit nécessaire pour le bien des affaires du Roy
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et pour l’intérest mesme de la cause commune de destourner cette résolu-
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tion jusqu’à ce que le traicté qu’il poursuivoit avec Messieurs les Estatz fust
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conclu qui devoit précéder toutte autre résolution pour le bien mesme de la
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cause commune, puisqu’il s’agissoit de faire résoudre pour cette campagne
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des préparatifz extraordinaires contre les Espagnolz en Flandres, affin de
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pousser les progrez commancez en un lieu sy sensible aux ennemis et les
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contraindre par de puissantes attacques qui leur seroient faictes de la part
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de Messieurs les Estatz et de la nostre etc., d’y retenir les forces qu’ilz
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auroient peu sans cela envoyer à l’Empereur et au duc de Bavières et
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notamment les trouppes du duc Charles et de Lamboy pour lesquelles il est
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vray que ceux-là ont fait de pressantes instances à Castel Rodrigo.

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Que c’estoit aussy la raison pour laquelle monsieur le prince d’Orange l’y
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avoit porté, non que pour cela ledict prince eust aucune sorte d’aversion des
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intérestz de la couronne de Suède ny envie de la prospérité de leurs armes
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qu’il sçait estre fort utilles à la cause commune, mais désirant que le plus
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fort intérest fust pour quelques jours prefféré au moindre, c’est-à-dire la
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poursuitte vigoureuse de la guerre que Messieurs les Estatz feroient en
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Flandres à celle qu’ilz feroient en Dannemark, ce qui avoit esté fort aysé
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audict sieur prince de persuader au sieur d’Estrades et celluy-cy avoit creu

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avoir un prétexte assez plausible de luy rendre cette complaisance avec
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cette pensée néanmoins qu’après que le secours extraordinaire pour la
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guerre de Flandres seroit arresté, la résolution qu’on méditoit pour celle de
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Dannemark ne rencontreroit aucune difficulté.

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Que nonobstant cela, au premier advis qu’on a eu icy, que la conduitte
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dudict sieur d’Estrades avoit chocqué les Suédois on luy a envoyé ordre de
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ne passer point outre en cette matière, d’en faire un esclaircissement au
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résident suédois qui est à la Haye, qu’il en demeurast satisfait et particuliè-
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rement de luy donner à entendre que ce qu’il avoit fait en cecy avoit esté
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sans ordre de la cour, et sans s’immaginer que la couronne de Suède s’en
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deubst formaliser, notamment après qu’elle auroit sceu les raisons qu’il
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auroit eues d’agir de la sorte. Qu’on avoit faict icy un semblable esclaircis-
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sement au Sieur de Cérisantes résident de ladicte couronne qui en estoit
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demeuré très satisfaict et qu’on l’avoit asseuré qu’on mesnageroit de telle
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sorte cette occurrence que les desseins que Messieurs les Estatz et nous
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avons en Flandres n’en seroient point affoibliz et que les Suédois en
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tireroient advantage dans la guerre qu’ilz ont avec le roy de Dannemark et
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pourroient par là parvenir à une paix plus prompte et plus honeste avec ce
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prince. Que pour cet effect on avoit mandé au sieur d’Estrades qu’il fist
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comprendre à monsieur le prince d’Orange que pour obtenir de Messieurs
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les Estatz le subcide extraordinaire qu’ilz luy avoient promis et qui luy
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estoit nécessaire pour le dessein qu’il a en Flandres, il estoit à propos qu’il
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ne se rendît point contraire à celluy qu’ilz avoient de faire la guerre au roy
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de Dannemark, mais plustost de donner les mains au leur pourveu qu’au
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préalable ilz se portassent à ce qu’il désiroit d’eux pour la guerre de
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Flandres et que le moins important ne fist point d’empeschement à celluy
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qui l’estoit davantage, ce qui a à point nommé réussy comme on l’avoit
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projetté, car Messieurs les Estatz ont accordé le subcide extraordinaire et ilz
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devoient envoyer quarante ou cinquante vaisseaux pour appuyer les offices
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de leurs ambassadeurs tant pour la paix entre les deux couronnes que pour
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la diminution de l’impost du Zont qui est ce qui leur fait sy fort mal au
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coeur. De sorte que par cette conduitte de la France les Suédois ne
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laisseront pas de recueillir les fruitz solides et effectifz de la volonté que les
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Hollandois out eue de se joindre à eux en la guerre qu’ilz ont avec
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Dannemark et l’on pourra aussy poursuivre avec vigueur et succez les
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desseins qu’on a en Flandres contre les Espagnolz au grand advantage de la
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cause commune et au particulier de la couronne de Suède mesme, ce qui ne
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fût pas arrivé sy les Hollandois n’eussent point d’abord trouvé d’opposition
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au dessein qu’ilz méditoient de faire la guerre au roy de Dannemark dans
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lequel s’ilz eussent esté satisfaictz ilz eussent négligé toutte autre chose,
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tant la passion qui les y poussoit estoit forte, et dans laquelle pour se
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contanter ilz ont fait ce qu’on prétendoit d’eux pour la Flandres.

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Outre que les Suédois trouvent leur conte tout entier pour la guerre de
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Dannemarck au succez de cette action que la France a mesnagée en la

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manière susdicte, il leur en revient ces advantages présens et visibles que les
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Hollandois pour n’estre point traversez en la résolution qu’ilz avoient de
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faire la guerre au roy de Dannemarc ayant accordé ce qu’on leur demandoit
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pour la faire en Flandres, on affoiblira par ce moyen un ennemy bien plus
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considérable, non seullement pour les Hollandois mais encore pour eux
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comme est le roy d’Espagne que n’est celluy de Dannemark, à cause qu’ilz
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ont plus à craindre de la maison d’Austriche dont le roy d’Espagne a
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tousjours esté le plus puissant membre que de la danoise. En second lieu sy
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les Hollandois se fussent applicquez à la guerre de Dannemark et eussent
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négligé celle de Flandres comme ilz en avoient la pensée, les Espagnolz
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ayans moins d’occupation en Flandres et moins de despence à faire qu’ilz
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n’avoient, ilz n’auroient peu faire quelque subvention d’argent et d’ hom-
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mes à l’Empereur qui a esté jusques icy le plus puissant ennemy que les
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Suédois ayent eu en teste comme l’Allemagne a esté le siège de la guerre qui
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leur est la plus importante. En 3 e lieu la levée extraordinaire que font
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maintenant les Hollandois et qu’ilz n’auroient faicte sy d’abord on les eust
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laissez embarquer à la guerre de Dannemark, cette levée (dis-je) ruine celles
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que Lamboy et Gleen

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Gottfried Huyn (1595–1657), Gf. von Geleen; 1644–1645 Kommandant der westfälischen
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Kreisdefensionalarmee ( ADB VIII S. 534 ).
doivent faire dont celle-cy doit certainement agir en
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Allemagne et il ne faut point doutter que l’Empereur ne tasche d’avoir
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l’autre pour se mettre s’il peut à couvert de la ruine qui le menace après la
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perte qu’il vient de faire, touttes lesquelles choses tournent évidemment à
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l’advantage des Suédois aussy bien qu’au nostre.

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Par où l’on peut juger qu’encore que le Roy eust raison à toutte rigueur de
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désadvouer le sieur d’Estrades en ce qu’il a faict de son mouvement et sans
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ordre, il y a de la bienscéance qu’il ne le face point, tant à cause des bonnes
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intentions que ledict sieur d’Estrades a eues et qui ont eu le succez que nous
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avons dit cy-dessuz que pour la considération de monsieur le prince
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d’Orange qu’on offenceroit sans nécessité, à cause qu’il a donné ce conseil
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au sieur d’Estrades pour les considérations que nous avons alléguées.

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Qu’enfin la conduitte de la France sy pleine de franchize et de sincérité à
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l’endroit de ses alliez doit obliger les Suédois de correspondre par une
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semblable et ne pas prendre facillement de la deffiance et des allarmes de
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touttes les apparences qui leur en pourroient donner sans en avoir au
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préalable examiné la vérité, où ilz ne trouveront jamais rien de contraire
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aux loix d’une bonne, sincère et constante confoedération. Sur quoy il n’y
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aura point de danger que noz plénipotentiaires leur facent adroittement
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sentir avec quelle modération nous avons veu qu’ilz ont entrepris une
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nouvelle guerre, sans nous en donner part, qu’ilz l’ont poursuivie à nostre
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grand préjudice et fait sortir presque touttes leurs forces d’Allemagne, pour
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nous laisser tomber à nous seulz presque tout le faiz de cette guerre et

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mesme après l’accident de Tutlinghen

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Am 24. November 1643 wurde die französische Armee von der durch ksl. Truppen
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verstärkten bayerischen Armee bei Tuttlingen überrascht und geschlagen ( Barthold II S.
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472–475).
, ce qui nous a obligez de faire des
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effortz immences et une despence infinie pour appuyer les affaires d’ Alle-
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magne qui estoient sur un grand penchant, d’où par la grâce de Dieu il est
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arrivé qu’aiant obtenu les advantages que le monde sçayt devant Fribourg
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et sur le Rhin nous avons deffaict ou occuppé les meilleures forces du party
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ennemy, qui auroient peut-estre agy contre les Suédois et destourné les
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victoires qu’ilz ont obtenues.

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Sy messieurs les plénipotentiaires jugent qu’il soit à propos qu’on escrive
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d’icy aux ministres de Suède, on le fera comm’aussy on a donné ordre au
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sieur d’Estrades de faire tout ce qu’ilz luy manderont.

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