Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
211. Longueville an Mazarin Münster 1645 September 9

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Longueville an Mazarin


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Münster 1645 September 9

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Ausfertigung: AE , CP All. 44 fol. 352–356 = Druckvorlage. Kopie: AE , CP All. 52 fol.
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451–458’.

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Konferenz mit Contarini über die Verhandlungen mit Spanien: Klage Peñarandas über das
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Ausbleiben der Gesandten der Generalstaaten und über den mangelnden französischen
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Friedenswillen; Einfallspforten für Frankreich; Lockerungen der Bedingungen als Vorausset-
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zung für die Zustimmung Spaniens zum Frieden; Schleifung und Restitution befestigter Plätze
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in Luxemburg, Thionville; Waffenstillstand, Friedensschluß mit Rückgabe Kataloniens unter
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Garantie der Rechte der Bevölkerung, unveränderte Forderung Spaniens nach Rückgabe;
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Beharren Longuevilles auf der Einbehaltung der Eroberungen nach dem Beispiel der Spanier in
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der Vergangenheit; Spannungen zwischen Peñaranda, Saavedra und Bergaigne, Schutzersuchen
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Bergaignes für die Länder seines Stiftes; Gefahr der protestantischen Übermacht in Europa,
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Vorteile für die katholische Religion aus dem Erwerb von Reichsgebiet durch Frankreich;
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Ankündigung großer französischer Hilfen im Türkenkrieg nach Abschluß des Friedens,
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Contarinis Erwartung dieser Hilfe auch bei einem langjährigen Waffenstillstand; Bekräftigung
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der Absicht auf Einbehaltung der Eroberungen Frankreichs; mangelnde Friedensbereitschaft
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Mazarins nach Meinung Peñarandas. Empfehlung weiteren Beharrens auf der Einbehaltung
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Kataloniens; strikte Befolgung der von Mazarin empfohlenen Verhandlungstaktik; Aufschub
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der Information der schwedischen Gesandten; keine weiteren Ausführungen Contarinis zu dem
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Heiratsprojekt.

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Avant que de respondre à la lettre que vous m’avez fait l’honneur de
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m’escrire du 26 e aoust je vous diray que je vis il y a quelques jours

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|:monsieur Contarini:| qui me dit que |:Pennaranda:| se plaignoit de ce
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qu’on ne faisoit rien, que ce retardement de Messieurs les Estats n’estoit pas
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pour finir et qu’ainsi il se résolvoit de ne tarder plus guère icy, croyant
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fermement par tout ce qu’il voyoit que la France ne vouloit pas la paix. Sur
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cela je luy tesmoignay que j’estois bien aise de voir ceste impatience de
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|:Pennaranda:|, que c’estoit une marque qu’il vouloit la paix, mais que de
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nous rejetter le retardement des Hollandois, c’estoit sans raison puisqu’ilz
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avoyent en leur mains de quoy les faire avancer nous fesant des proposi-
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tions raisonnables. |:Il est venu à proposer encore les trois

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9 portes] falsch dechiffriert: partis.
portes:|. Je luy
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ay fait la mesme response que cy-devant, |:après il a proposé qu’on se
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relaschast de quelque chose:| pour faire faire une paix à l’Espagne sans
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perdre entièrement sa réputation. |:Que Pennaranda luy avoit dict:| qu’il
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connoissoit bien l’estat des affaires du roy son maistre, mais qu’il sçavoit
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bien aussi que son intention seroit tousjours de choisir plustost une guerre
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incertaine qu’une paix honteuse. Je luy dis que nous nous estions fort
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relaschez dans nostre proposition et que les advantages de nos affaires
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pouvant apparemment augmenter nous la feroyent estendre plus avant.

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|:Il vint à parler de raser et pour le faire ouvrir:| ainsi Monsieur que vous
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me l’aviez ordonné, |:je luy dis que nous nous résoudrions bien de raser,
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mais seulement quelque place qui ne fust:| que pour satisfaire les Espagnols
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dans l’apparence et la réputation et qui ne nous fust pas nécessaire, |:mais il
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ne s’ouvrit pas entièrement et me parla seulement des places du Luxem-
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bourg :|, me fesant connoistre que c’estoit plustost pour |:rendre que pour
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raser:|. Je jugois par là que |:leur intention pouvoit aller à Thionville, soit
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pour rendre ou pour raser et je crus ne luy en:| devoir pas parler
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davantage.

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Il s’estendit sur les difficultez qui se rencontreroyent |:pour parvenir à la
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paix et conclud:| qu’il n’y avoit autre moyen pour |:sortir d’affaires que de
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venir à une longue trefve:|. Je luy en rejettay la proposition |:sur cela. Il
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recommença à parler de la paix et de rendre la Cataloigne soubz des:|
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conditions avantageuses pour les Catalans qui s’estant soubstraits de
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l’obéissance d’Espagne sur le sujet de l’infraction de leurs privilèges, leur
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estant rendus et nous engagés à les y maintenir que c’estoit un advantage
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très grand que nous leur procurions. Je luy dis que c’estoit le plus que nous
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pourrions faire si nos affaires estoient en aussi mauvais estat que les leurs.
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|:Il me dit que pour le Portugal il ne se pouvoit espérer que d’avoir une
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trêve:|. Il m’a exagéré l’intérest de la Catalogne pour le nombre des sujets
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et la conséquence de la province et que jamais on ne pouvoit espérer que les
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Espagnols consentissent à nous la laisser. Sur cela je dis l’engagement que
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nous avions avec eux que si le roy d’Espagne regardoit à sa réputation,
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Leurs Majestez y regardoient encore plus exactement et d’autant plus que
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ce que le roy d’Espagne feroit en cela paroistroit forcé et ce que nous

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ferions seroit purement volontaire, que si ilz avoyent de la peine à nous
2
quitter ce que nous tenions que nous avions eu les mesmes peines à leur
3
quitter les royaumes de Naples, Cicile, la duché de Milan, les comtez de
4
Flandres, d’Artois et de Bourgogne et plusieurs autres lieux qu’ilz nous
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détiennent, que si nous n’eussions pas esté assez judicieux pour accepter de
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telles conditions lorsque nous y estions nécessitez, nous ne serions pas
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maintenant de prendre d’autres avantages.

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|:Me voyant si ferme sur tous ces poinctz, il se mit à dire que Saavedra:|
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commençoit à n’estre pas |:bien avec Pennaranda:| qui croit que le deffaut
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de |:son pouvoir vient dudict Saavedra:| ce qui l’a fort piqué. Il est certain
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que |:l’archevesque de Cambray:| fomente ceste mésintelligence autant
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qu’il peut |:et n’est pas mieux que Saavedra avec Pennaranda. Ledict
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archevesque m’a faict prier de:| recommander la conservation des terres de
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|:son archevesché:|, mais que ce fust secretèment affin que cela ne luy pust
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nuire. Ce seroit au gouvernement de |:Landrecy

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Von den Franzosen 1637 eroberte spanische Festung am Oberlauf der Sambre östlich von
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Cateau-Cambrésis.
:| à qui il en faudroit
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escrire si vous jugez Monsieur qu’il soit à propos de le faire.

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|:On commença à discourir de la faction huguenotte et que le parlement
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d’Angleterre:|, se rendant le maistre, estant joinct avec |:la Hollande, la
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Suède et les protestans que ce seroit une puissance redoutable:|. Sur cela je
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luy dis que l’intérest de |:la religion nous touchoit extrêmement:|, mais que
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cela seul nous fesant très ardemment désirer la paix, quand nous aurions
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fait tout ce qui se peut raisonnablement pour y parvenir, que nous
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pousserions nos conquestes le plus avant que nous pourrions. Il me dit
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qu’en ce cas il estoit important à |:la religion catholique:| que nous eussions
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le plus qu’il se pourroit |:en Allemagne:| ce qu’ilz ont encore dit |:le nonce
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et luy nous venans voir:|.

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Je luy dis que les Espagnols ne connoissoient pas bien l’estat de leurs
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affaires et que si nos prospéritez continuoyent qu’ilz ne devoyent pas croire
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que nous les quitassions à si bon marché que nous ferions maintenant et
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que voyant combien vous souhaittiez la paix que je vous avois escrit que je
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craignois autant les prospéritez que si les affaires demeuroyent balancées
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parce que telles choses pourroient arriver que la paix ne se pourroit plus
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faire. |:Je crus que c’estoit là où je debvois luy dire:| que je voyoys en la
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Reyne et en vous Monsieur tant d’affection pour le bien de la chrestienté et
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pour l’intérest particulier de la république de Venize que la France
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s’embarqueroit fortement contre le Turc |:si la paix estoit faicte:|, mais
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qu’on ne pouvoit pas espérer |:qu’on fist le semblable pendant une trefve:|.
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Il repartit qu’on pouvoit faire |:le mesme dans une trêve de quinze ou vingt
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ans, puisque la paix se pouvoit aussitost rompre que la trefve:|. Il me fust
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bien aisé de respondre là-dessus |:et je vis que cette espérance l’avoit fort
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touché:| ainsi que vous aviez jugé qu’elle feroit.

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1
|:Il me parla encore de rendre:|. Je luy dis que je voudrois que sur ce que je
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disois il pust entendre les conférences de mes collègues et de moy et sçavoir
3
les despesches que nous fesons et recevons de vous Monsieur, qu’il jugeroit
4
par là de la franchise avec laquelle nous luy parlions et qu’il devoit
5
considérer que nous avions esté jusques icy bien retenus de ne parler pas
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des royaumes, duchez et comtez que nous avions cédez par les précédens
7
traictez, mais seulement de la Navarre dont les droits avoient esté formelle-
8
ment réservez.

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Il vint sur cela à me dire que |:Pennaranda croyoit:| que la France ne
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vouloit pas la paix et vous Monsieur particulièrement, que vous craigniez
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que dans la paix |:les ambassadeurs d’Espagne:| ne prissent trop de pouvoir
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auprès de la Reyne et que cela diminuast le vostre. Je luy dis qu’on s’en
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destrompast et que quand |:le roy d’Espagne mesme:| y viendroit qu’il ne
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pourroit rien altérer de l’estime et confiance que la Reyne avoit en vous
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confirmée par tant de services importans et que je pouvois l’asseurer que les
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médiateurs mesmes ne désiroient pas la paix si passionnément que vous.

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Ilz croyent que nous craignons que si |:les peuples:| viennent à |:n’espérer
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plus de paix ilz ne contribueront plus si facilement aux despenses nécessai-
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res :|. Je luy ostay autant que je pus ces impressions et enfin luy ay dit que
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ce seroit ne vouloir pas la paix si nous leur donnions des espérances de la
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pouvoir faire à d’autres conditions que celles que nous luy avons tous
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unanimement dit.

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|:Ce qui me faict:| vous escrire si précisément |:tout ce qu’il m’a dict c’est
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que:| ç’a esté après avoir |:depuis peu fort particulièrement conféré avec
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Pennaranda:|. Ce que je croy de considérable |:de tout cet entretien:| est
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qu’il est venu |:de luy-mesme à la proposition d’une trefve de quinze ou
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vingt ans, la Catalogne et le Portugal compris, qu’il ne parle de rendre que
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des choses:| qui soyent plustost pour l’apparence que pour l’effect, que la
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|:proposition de raser:| n’est pas une chose dite la première |:fois à la volée
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puisqu’il vient encore à en reparler:|. Il appuye fort pour la |:Catalogne:|,
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mais je ne pense pas qu’il puisse prétendre que ce soit sans |:eschange
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d’autre chose:| et c’est sur |:la Cataloigne:| que j’estime qu’il doit |:nous
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trouver plus fermes:| pour avancer avec davantage de facilité |:nos condi-
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tions :|.

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J’ay esté en admiration recevant la dernière lettre que vous m’avez faict
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l’honneur de m’escrire, de voir que parmy la multitude des diverses affaires
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que vous avez à conduire, il n’y a pas la moindre circonstance à quoy vous
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obmétiez de penser et il ne se peut plus judicieusement |:prévoir les
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artifices des médiateurs et de nos partyes:|. Nous suyvrons aussi fort
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exactement ce que vous nous y ordonnez. Nous avons cru à propos de |:leur
41
laisser faire d’eux-mesmes toutes sortes de propositions:| affin que sur
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celles de |:rendre:| en faisant |:la paix:| ou de venir à |:une trève:| nous
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pussions y donner de |:fortes exclusions:| et les rendre capables des raisons
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qui nous y obligent. Ce que nous estimons |:pouvoir continuer tant qu’on

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1
n’entrera pas en matière:| voyant que cela |:leur insinue nos demandes et:|
2
fait qu’il ne les |:rebutent plus:| au lieu qu’auparavant elles les |:faisoient
3
emporter à dire qu’on vouloit bien rompre:|. Mais dès que nous aurons à
4
|:parler tout de bon et qu’ilz:| pourront désirer |:de nous des responses
5
précises nous les ferons expliquer:| ainsi que vous l’ordonnez.

6
Nous n’estimons pas qu’après |:ce qu’ont dict les ambassadeurs de Suède:|
7
qui nous donne la |:liberté de traicter avec l’Espagne avant leur traicté et le
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nostre avec l’Empire:| nous devions les y faire davantage |:expliquer:|
9
puisque ce seroit leur donner occasion |:d’y former plustost des obstacles
10
que de les lever:|, d’ailleurs nous ne voyons pas |:encore assez clairement:|
11
si nous pourrons |:si tost conclurre avec l’Espagne:| et quels empeschemens
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s’i formeront |:par les Holandois et les conditions:|, et si on se trouve en ces
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termes il faudra |:leur faire valoir ce qu’ilz ont dict pour un entier
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consentement:|. Nous avons remarqué que |:les Suédois et mesmes les
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autres protestans ont entré en jalousie:| de l’establissement que nous
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pouvions prendre |:en Franconie:|, ce qui nous fait connoistre que ce ne
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sera jamais le moyen de |:les faire consentir à nostre traicté particulier avec
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Espagne:|, devant que |:le leur soit faict avec l’Empire que de leur dire que
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lors nous pourrons venir avec plus de forces en Allemagne ne désirant pas
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que nos conquestes:| s’estendent au |:delà du Rhin:|. Il est fort nécessaire
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de presser |:Messieurs les Estatz de faire partir:| leurs plénipotentiaires.
22
C’est un moyen qui nous semble fort puissant |:pour se rendre maistres des
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affaires en Allemagne que d’estre en estat de pouvoir conclurre avec
24
Espagne:|.

25
|:Il ne s’est plus parlé que du mariage du Roy avec l’infante et monsieur
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Contarini:| n’en a point fait aucune ouverture |:dans tout le discours qu’il
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m’a tenu. Si on en reparle:| il est fort nécessaire d’y observer exactement ce
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qu’il vous plaist nous ordonner, de n’estre pas |:obligez de rendre rien de ce
29
que nous tenons, encore que le mariage ne s’achevast pas ou qu’il n’en vînt
30
point d’enfans, joinct que nous venons:| retarder le plus qu’il se pourra
31
|:cette proposition:| soit pour ne donner pas |:jalousie à nos alliez:| soit
32
affin qu’ayant |:tiré tout ce qui se pourra pour nos conditions:|, ilz soyent
33
obligez d’en faire |:pour cela de nouvelles:|.

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Bien que ce que nous vous avons mandé |:ne soit pour la pluspart que des
35
propositions sur:| lesquelles on ne peut |:asseoir de fondement certain:|, les
36
ordres néantmoins Monsieur qu’il vous plaira de nous donner serviront
37
beaucoup à nous instruire et à nous empescher de faillir en nostre
38
conduitte. Je puis vous asseurer que nous les suyvrons fort exactement …

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