Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
118. Königin Anne an d’Avaux und Servien Paris 1644 Mai 28

21
[ 98 ] , [ 99 ] / 118 / [ 138 ]

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Königin Anne an d’Avaux und Servien


23
Paris 1644 Mai 28

24
Ausfertigung: AE , CP All. 27 fol. 82–98 = Druckvorlage = Beilage 1 zu nr. 117. Konzept:
25
AE , CP All. 32 fol. 331–340’. Kopie: AE , CP All. 29 fol. 120–126’. Druck: Nég. secr.
26
II, 1 S. 51–56; Gärtner III S. 66–86.

27
Eingang von nr. 98 und 99. Offensichtlich kein Friedenswille bei den Kaiserlichen. Hoffnung auf
28
eine Vermittlung des Friedens zwischen Dänemark und Schweden durch La Thuillerie. Garantie
29
dieses Friedens. Folgen dieses Krieges. Unterstützung Rákóczys ohne feste Verpflichtung. Anwei-
30
sungen für die Instruierung Croissys für seine Mission nach Siebenbürgen und Polen. Bemühungen in
31
Konstantinopel. Unterrichtung La Thuilleries und Torstensons von der Mission Croissys. Finan-
32
zielle Mehrbelastung durch den schwedisch-dänischen Krieg; Subsidien für Schweden. Behinderung
33
der Teilnehmer der Reichsstände am Kongreß durch die Kaiserlichen. Spanischer Wunsch nach
34
Partikularverhandlungen. Vermittlung Venedigs in Osnabrück. Sistierung der Verhandlungen bis

[p. 215] [scan. 305]


1
zum Austausch der Vollmachten in Osnabrück. Behinderung der Mission La Thuilleries durch
2
Auersperg. Hoffnung der Spanier auf Unruhen in Frankreich. Behandlung der Pfalzfrage in
3
Münster. Kurialienforderung der Generalstaaten. Billigung der Instruktion für La Thuillerie.
4
Zugeständnis neuer Kurialien für die Gesandten der Generalstaaten, die nach Dänemark reisen.
5
Nachrichten aus Flandern. Hoffnungen auf den Feldzug La Mothes. Beilage 3 zu nr. 117. Aner-
6
kennung des englischen Parlaments durch Spanien. Konflikt zwischen Hessen-Kassel und Lüttich.
7
Forderung Rákóczys nach Ratifizierung des Vertrages und Auszahlung der Subsidien; Doppelspiel
8
seines Residenten in Konstantinopel. Eroberung von Lerida durch die Spanier.

9
Le mesme jour que je vous avois escrit que le Sieur de Saint Romain n’estoit
10
pas encores arrivé

44
Bezug auf [ nr. 110 ] vom 21. Mai.
, il me rendit vos lettres en datte du 13 e de ce mois et
11
me donna une bien ample information de ce qui se passe à Munster. J’ay
12
recognu et par vos dépesches et par ses discours qui sont fondéz sur ce qui
13
est avancé par les ministres de l’Empereur, que leur maistre n’a nulle dis-
14
position à la paix, et l’on pourroit mesmement douter qu’il l’eust jamais eue,
15
puisqu’il l’a changé[e] sur un accident survenu qu’il ne pouvoit prévoir et
16
qui ne doit point altérer l’estat des choses. |:Encores que la rupture entre
17
les Couronnes de Suède et Dannemarck apporte plus de difficulté au traicté
18
de la paix généralle, elle ne doibt pas empescher totalement un si bon effect:|,
19
et puisque ledict Empereur considère le Roy de Dannemarck comme son
20
allié et qu’il veut qu’on ne puisse faire de paix qu’il n’y soit compris, au pis
21
aller il faudroit faire finir cette guerre et y chercher des remèdes comme
22
aux autres dont l’Europe est affligée. Il pourra arriver que ledict Roy de
23
Dannemarck bien conseillé et la Reyne de Suède aussy termineront leurs
24
différends, et sans attendre la conclusion de la paix générale feront la leur
25
particulière se prévallans de la médiation de tant de Princes qui la leur offrent.
26
Plusieurs raisons engagent lesdictz Princes à s’entremettre de leur traitté et
27
moy particullièrement pour establir le repos partout, car si cette guerre
28
n’estoit assoupie, il seroit à craindre que la paix générale ne se rendist très
29
difficile, que les parties principales dont les ministres sont desjà assemblez
30
pourroient changer leurs desseins et selon les advantages que l’un des partis
31
gaigneroit sur l’autre, et désjà |:l’esprit d’incertitude paroist en ceux de
32
l’Empereur:|. Il fault espérer que le Sieur de La Thuillerie arrivant prèz
33
de ces Princes les pourra disposer à donner leurs ressentimens particuliers
34
au bien du public et qu’il establira entre leurs Couronnes, leurs personnes
35
et leurs subjects une bonne et sincère amitié, prenant des précautions par le
36
traitté qui se fera qu’il ne puisse à l’advenir naistre entr’eux aucun subject
37
de contention. La haine qui est entre les nations et qui a commencé au jour
38
que les Royaumes se sont diviséz ainsy que vous l’avez très bien remarqué,
39
|:est une disposition prochaine pour venir entre elles à rupture après un
40
accommodement:|. Et c’est à quoy il se doibt autant ou plus applicquer qu’à
41
faire oublier les injures receues. Chacun des intéresséz pour se descharger
42
accuse l’autre, et il peut estre véritable que tous deux ont suject de se plaindre
43
ou du moins de désirer que par un renouvellement de traitté l’on establisse

[p. 216] [scan. 306]


1
des conditions honnestes et soubz lesquelles un chacun d’entre eux puisse
2
demeurer content. |:Il est bon qu’il y ayt entre eux quelque jalousie, pourveu
3
qu’elle ne produise point des effectz aussy dangereux qu’une rupture ouverte
4
par le désir de s’agrandir de la ruyne de son voisin:|. C’est audict Sieur de
5
La Thuillerie de leur faire comprendre le mal que leur division peut causer
6
et le bien que leur réunion produira et comme il est porté par les instructions
7
que vous avez concertées entre vous, préférer tous les partis qui se sont
8
proposés |:à celuy de remettre la négotiation de cette affaire à Oznabrug,
9
qu’il faudroit pourtant plustost accepter que de souffrir entre eux la conti-
10
nuation de la guerre:|. Je juge comme vous qu’il fault que |:je n’entre point
11
en garentie du traicté:| et que cette proposition a des suittes si dommageables
12
pour le présent et pous l’advenir |:que pour rien je ne doibs m’y engager:|.
13
Il importe au bien de mon service |:d’éviter que les Suédois s’apperçoivent
14
que par leur imprudence je pourrois estre obligé[e] d’entrer en guerre à
15
l’encontre d’eux:|. Car cette considération ne seroit pas assés forte |:pour
16
les empescher d’attacquer le Dannemarck:| quand l’occasion s’en présentera,
17
et ils considèreront moins |:mon alliance et mon amitié puisqu’ilz auroient
18
préveu des cas qui la leur pourroi[en]t faire perdre:|, et quand bien ils me
19
requéreroient |:de ladicte garentie, je ne puis m’y soubmettre qu’en toute
20
extrémité:| et après avoir pris touttes les précautions imaginables pour leur
21
faire voir que s’ils en avoient du repentir qu’ils m’y auront forcée. |:J’ay
22
subject de me plaindre:| qu’ils ont commencé cette |:querelle et bien plus:|
23
de ce qu’ils ont fait marcher contre le Roy de Dannemarck le Général
24
Torstenson, puisqu’en s’occupant à cette guerre il a abandonné celle qu’il
25
est obligé de faire à l’Empereur, |:et pour faire diversion à ses forces il me
26
nécessite d’apuyer le Prince de Transsilvanie:|. C’est par me conseiller |:d’en
27
prendre la déffence:| que vostre lettre commence, c’est aussy sur quoy le
28
Sieur de Saint Romain s’est plus estendu. Je recognois que le bien de mes
29
affaires le veut et que l’estat où elles sont ne me presse pas |:d’appeller
30
l’ennemy du nom crestien dans l’Europe; et s’il le falloit:|, je le pourrois
31
faire avec moins de honte et charge de ma conscience que ne fait pas
32
l’Empereur lequel |:pour en estre assisté luy soubsmet un Royaume qu’il
33
devroit déffendre:|. Mais il n’est pas temps d’examiner les fautes des autres,
34
il vaut mieux considérer ce qui peut estre utile à la Chrestienté. Je ne sçaurois
35
me persuader qu’il y ait Prince ou potentat auquel la trop grande puissance
36
de la Maison d’Austriche ne soit suspecte, ny qui n’ayt cognoissance que
37
pour s’agrandir tous moyens luy paroissent justes jusques à abandonner la
38
Religion dont souvent ils ont voulu masquer leur ambition. Ces vérités sont
39
trop claires pour s’arrester à les prouver, il ne faudroit que se souvenir
40
comme ils ont abandonné à l’Electeur de Saxe l’Archevesché de Magde-
41
bourg , au Roy de Dannemarck celuy de Brêmen

43
Als der vom Bremer Domkapitel 1634 zum Bischof gewählte Friedrich Prinz von Dänemark im
33
August 1636 für das Erzstift den Prager Frieden annahm, bedeutete dies die stillschweigende
34
Anerkennung der Wahl durch den Kaiser. Dazu und zur Problematik überhaupt G. Lorenz ,
35
Das Erzstift Bremen bes. S. 14–31.
et à nombre d’autres

[p. 217] [scan. 307]


1
Protestans la possession de divers Eveschés. Je dis en ces derniers temps,
2
et qui voudroit remonter plus hault lorsque l’Empereur Charles cinquiesme
3
publia la Bulle de l’Intérim

36
Karl V., 1500–1558, regierte als Kaiser 1530–1556. Der „geharnischte Reichstag“ verab-
37
schiedete am 30. Juni 1548 das sogenannte „Augsburger Interim“, einen Vergleich zwischen den
38
Religionsparteien, der bis zur Entscheidung des Konzils von Trient gelten sollte. Das Problem des
39
säkularisierten Kirchengutes war darin stillschweigend übergegangen. Zum Interim vgl. H. Rabe ,
40
Die Verfassungs- und Religionspolitik Karls V.
avec des clauses basses et dommageables à la
4
Religion catholique, en vertu de laquelle les ecclésiastiques furent spoliéz de
5
leurs biens et la Religion protestante establie dans l’Empire, il est aisé de
6
juger qu’ils n’ont point de suject de reprocher à la France qu’elle est alliée
7
avec des barbares, en désignant soubz ce nom les Suédois et les Hollandois,
8
et d’autant moins qu’ils contractent des confoedérations avec les Danois
9
unis de créance aux Suédois, non pour les déffendre mais pour empescher
10
la conclusion de la paix . Pour les y forcer je trouve tous les moyens qui y
11
tendent licites et légitimes, |:et sans ratiffier le traicté que la Suède a faict
12
avec le Transsilvain

42
Vgl. S. 98 Anm. 6.
, je l’exécuteray en ce que je luy feray fournir la cottité
13
que j’y doibs des sommes promises, et par mes offices que je feray rendre à la
14
Porte tascheray d’empescher qu’il ne luy seroit déffendu de poursuivre sa
15
pointe et:| la réparation de tant de torts qu’il a soufferts. |:Je veux bien luy
16
faire espérer que dans le traicté de la paix

32
16 je] irrtümliche Auflösung der Chiffre: j’y
je considère ses intérestz, mais cela
17
soit néantmoins dict de bouche sans qu’il soit rien touché:| par escrit et en
18
des termes qui ne m’assujetissent |:à ne la pouvoir faire que de son consente-
19
ment , à quoy je ne suis point obligée, et pour ne l’avoir pas promis et pour
20
remarquer qu’il n’y hazarde rien quand bien il n’y seroit pas compris:|, en
21
ce qu’estant tributaire du Grand Seigneur, l’Empereur n’ozeroit l’attaquer
22
ny entrer en son pais pour ne s’attirer une puissante guerre sur les bras et
23
qu’il tesmoigne si fort craindre puisque sans aucune nécessité il se rend aussy
24
tributaire de ce Prince de la Couronne de Hongrie. Et cela faisant un mesme
25
effect ne donne pas aux ennemis l’avantage de publier que je cherche à faire
26
durer la guerre |:en m’embarquant en une nouvelle:|; et quoyque mon
27
intention soit bonne et portée au repos de la Chrestienté, les ennemis ne
28
laisseroient pas de publier le contraire et s’en avantager.

29
|:Pour informer le Ragotski de mes bonnes intentions:|, j’ay jugé que le
30
Sieur de Croissy Conseiller au Parlement qui est auprèz de vous, y seroit
31
plus propre que le frère du Baron d’Avaugour

43
Du Bois de Cargrois.
et pour estre désjà avancé

[p. 218] [scan. 308]


1
et pour ce que ledict d’Avaugour est trop haÿ en Poulongne, |:par où
2
ayant à passer, il y feroit un effect contraire à mon dessein, son nom
3
choqueroit sans doubte ce Prince qui s’est plaint de l’aisné

37
D’Avaugour hatte sich 1634/35 zu Verhandlungen über den schwedisch-polnischen Waffen-
38
stillstand in Polen aufgehalten.
. Vous aurez
4
doncques à délivrer une instruction audict de Croissi et les lettres de créance
5
que je vous envoye, qu’il aura à rendre au Roy de Poulongne et audict
6
Ragotski:|, tesmoignant audict Roy que j’ay esté touchée de la perte qu’il
7
a faicte

40
Caecilia Renata, Königin von Polen, war am 24. März 1644 gestorben.
puisqu’elle m’a privée de luy donner une preuve de mon affection,
8
levant aux saints fondz de baptesme l’enfant qu’il attendoit. Ladicte instruc-
9
tion contiendra de plus toutes les choses que vous croyés pouvoir estre
10
utiles au service du Roy Monsieur mon filz, et en remerciant ledict Roy des
11
avances qu’il a faictes |:par le Sieur de Roncalles, Résident en cette Cour,
12
et des bons conseilz qu’il a donnéz pour s’avantager en la conclusion de la
13
paix

41
Vgl. dazu [ nr. 31. ]
:|, en sorte que ceux de la Maison d’Austriche demeurants unis, les
14
nouveautéz qu’ils entreprennent continuellement pour venir à bout du
15
dessein de la Monarchie universelle demeurant chastiées, qu’elle n’aye pas
16
tant de volonté et moins de moyen à l’avenir de troubler le repos de la
17
Chrestienté. Et comme l’on vous a désjà escrit toutes les propositions qui
18
nous ont esté faictes |:par ledict de Roncalle:|, vous pourrez prescrire audict
19
de Croissy comme il debvra se conduire affin de confirmer ledict Roy dans
20
ses pensées |:et en tirer la ratiffication de sa bouche:|. Il ne faudra pas oublier
21
de faire cognoistre audict Roy comme la France |:se tient obligée qu’à sa
22
seule considération il se soit empesché d’entrer en guerre avec la Suède:|
23
affin de l’obliger à continuer, quoyque l’on sache bien |:que d’aultres
24
respectz que ceux de la France l’auront empesché de ne prendre pas les
25
armes:

42
Vgl. dazu [ nr. 67. ]
|. Il dira de plus audict Roy qu’il a ordre |:de passer vers le Prince
26
transylvain pour tirer parole de luy qu’il n’entreprendra rien contre la
27
Pologne et priera ledict Roy de voulloir aussy de son costé ne rien faire
28
contre ledict Prince:|. Pour l’y disposer ledict de Croissy se servira des
29
suivantes raisons: Que tout Prince chrestien doibt, autant qu’à luy est,
30
empescher d’estre cause ou fournir de suject d’appeller en la Chrestienté
31
l’Empereur ottoman, |:et qu’en attacquant un Prince qui luy est tributaire,
32
ce seroit l’y convier:|. Qu’il n’importe pas que la guerre se face entre les
33
Chrestiens quand elle peut servir à les réduire à une paix générale, et qu’il
34
n’y a point de moyen plus propre à y engager ceux de la Maison d’Austriche
35
qu’en leur suscitant des ennemis de tous costéz. Que je n’ay point de part
36
à l’ouverture de la guerre déclarée par ledict Prince à l’Empereur

43
Rákóczy hatte Anfang Februar 1644 einen Feldzug gegen den Kaiser begonnen; M. Depner
44
S. 156.
, qu’il est

[p. 219] [scan. 309]


1
juste que je m’en avantage puisque moy et les alliéz de la France sommes
2
en armes pour déffendre la liberté publique. Ce discours luy donnera lieu
3
de passer à un autre et essayera de persuader ledict Roy que mes intentions
4
seront tousjours sincères en son endroict et auront en object de l’assister,
5
luy et sa Maison. Qu’il sçait ce qu’il peut se promettre |:de ceux d’Austriche
6
et que pour leur estre allié et parent au second degré

43
Der polnische König war Schwager Kaiser Ferdinands III.
il n’en reçoit pas
7
pour cela plus d’assistance, qu’ilz forment des desseins sur sa mort et son-
8
gent à se mettre sur le trosne de la Pologne:|. Qu’il peut espérer de vivre
9
assez long temps et que l’exemple de sa promotion en puisse faire naistre
10
un second à l’avantage de son filz, |:et que ce sont mes désirs et à quoy je
11
contribueray volontiers mes offices et mon entremise. La fin de ce voyage
12
estant d’empescher une rupture entre ledict Roy et Prince, ledict Sieur de
13
Croissy s’employera avec addresse:| pour y parvenir. |:Arivé vers ledict
14
Prince transsilvain:|, il exécutera punctuellement les ordres que vous luy
15
aurés prescrits, et au moment que je sçauray où il désire |:qu’on luy face
16
remetre l’argent qui luy a esté promis, j’y feray satisfaire et soit à Venise,
17
à Constantinople ou à Versovie:|.

18
Je travailleray aussy avec soing à empescher |:que les présens et le tribut
19
qui sont envoyéz à la Porte n’en tirent des ordres qui nécessitent ledict
20
Prince à se départir de son dessein, et s’il est besoin d’y contribuer je n’y
21
espargneray pas mon argent:|, et bien que je deusse éviter toutte sorte de
22
despense estant obligée d’en supporter d’extrêmes, celle cy me semble si
23
utile que je la feray gayement. Vous donnerez compte du voiage dudict
24
Sieur de Croissy et des résolutions que j’ay prises sur l’affaire dont est
25
question |:tant au Sieur de La Thuillerie qu’au Maréschal Torstenson:|,
26
affin que l’un estant en Suède en informe les Régens et que l’autre estant
27
asseuré qu’on exécute ce qu’il a promis soit d’autant plus soigneux de porter
28
les Suédois à ce qu’il les a engagés et luy de son costé à faire ce qu’il doit.

29
Son entrée dans les pais du Roy de Dannemarck a changé le théâtre de la
30
guerre et l’ouverture d’une nouvelle a donné de grandes espérances aux
31
ennemis. Dieu veuille qu’elles ne soient suivies de quelques avantages, désjà
32
ils en tirent un notable en m’engageant à faire des despenses que j’ay peine
33
à supporter, et il m’a fallu accroistre le nombre des trouppes dont mes armées
34
devoient estre composées, affin de les mettre en estat de pouvoir agir avec
35
vigueur contre celles de l’Empereur et du Roy Catholique, lesquels des-
36
chargés de la crainte que celle dudict Torstenson leur donnoit, sont en estat
37
de m’en opposer de plus grandes. Vous insinuerez adroictement aux ministres
38
de la Couronne de Suède qu’ils ne doibvent pas espérer |:que je leur face
39
payer le subside ordinaire:|, parce que leur entrée èz pais du Roy de Danne-
40
mark m’a engagé [e] à tant de despense que j’aurois droict de prétendre
41
m’affranchir de celle cy, et |:essayerez de les en rendre capables au moins
42
qu’ilz ne toucheront l’argent de France que pour continuer la guerre dans

[p. 220] [scan. 310]


1
l’Empire:|. Et il est remis à vostre prudence de faire en ce particulier ce
2
que vous jugerés pour le mieux. Vous recevrez |:cependant bientost les
3
lettres de change pour faire aquiter ce qui sera deub au terme de juin:|, et
4
je mande au Sieur de Meulles qu’il sera informé de vous de tout ce qu’il
5
aura à dire et faire pour ce regard, lequel a désjà bien fait comprendre aux
6
Suédois qu’il ne leur sera rien délivré tant qu’ils ne seront pas en campagne
7
et que leur armée ne fera pas teste à celle de l’Empereur et diversion à ses
8
forces à l’advantage de la cause commune.

9
La suitte de la conduicte des ministres impériaux fait bien recognoistre
10
qu’ils ne marchent pas de bon pied au faict du traitté général, puisqu’ils
11
s’efforcent de destourner les Princes et les villes impérialles de députer aux
12
villes concertées pour conclure la paix. Et il est estrange qu’ils ozent avancer
13
que ce droict ne leur est pas acquis après l’avoir recognu au traitté prae-
14
liminaire , et plus ils les veulent dissuader d’y députer, plus vous aurez à les
15
en presser, et leur avantage est si clair qu’en ne l’embrassant pas, il faut
16
qu’ils soient las de conserver leur liberté et qu’ils affectent |:de se faire un
17
monarque et un maistre absolu au lieu d’un Empereur:| qui est seulement
18
chef de l’Empire et qui n’y peut rien establir que du consentement des dièttes.
19
Il est estrange que les Espagnols ne se rebutent pas de proposer un traitté
20
particulier après qu’il leur a esté signiffié que la France ne s’y résoudroit
21
jamais et qu’elle affecte une paix avantageuse et honorable à ses amis qu’elle
22
ne veut et ne sçauroit abandonner. Si ceux là sont barbares (pour user du
23
terme dont leurs ennemis les désignent), nous serions peu habiles de les
24
perdre en un jour, l’argent qui a esté consommé et tout le sang respandu
25
pour leur liberté auroit esté bien mal employé. |:Les artiffices des Espagnolz
26
ne produiront pas un si mauvais effect, et les Médiateurs doibvent s’asseurer:|
27
que l’on ne traittera la paix qu’aux lieux concertés et par leur entremise, que
28
l’on veut les avoir pour tesmoings de la sincérité de nostre conduicte, et en
29
la suitte du traitté ils cognoistront que je veux establir une paix seure et
30
durable à la Chrestienté. Je ne vous ay point envoyéz à Munster pour faire
31
parade de désirer la paix mais pour la traitter et conclurre, asseurée que je
32
ne pouvois pas confier mes affaires en meilleurs mains; et cela mesme estant
33
par vous déclaré aux Médiateurs avec force leur insinuera puissamment que
34
ce qui est avancé par les Espagnolz est un pur artiffice trop grossier pour
35
surprendre des personnes de leur intelligence et capacité.

36
Il est certain que la rupture arrivée entre la Suède et le Dannemarck empesche
37
que le Roy de Dannemarck ne puisse continuer sa médiation, que quand
38
bien ils auroient conclu leur paix particulière, il seroit malaisé que les Suédois
39
luy confiassent leurs intérests et pour l’avoir offensé et pour avoir à les
40
démesler avec ceux qu’il a appelléz à son secours. Ainsy il y a raison et
41
nécessité d’en establir un autre, et l’Empereur ayant consenty que Venize
42
remplist cette place à Munster ne peut plus la rejetter à Osnabruk, ny les
43
Suédois soit pour avoir agréé que cette République prist à sa charge une
44
affaire de telle importance que pour luy estre alliée et qu’en ses ministres

[p. 221] [scan. 311]


1
on doibt espérer d’y trouver de la sincérité et de la capacité qui sont les deux
2
conditions essentielles à un Médiateur.

3
Il seroit à la vérité plus honorable qu’il y eust un Ambassadeur qu’un secré-
4
taire de la République à Osnabrug pour les Princes qui s’y doivent trouver,
5
mais il leur peut estre plus utile que celuy qui sera à Munster ait seul la
6
charge de la négociation et allant souvent devers eux, ils recevront autant
7
d’honneur que s’il y résidoit continuellement. Pour moy je suis si persuadée
8
de cette raison que si j’estois en la place desdictz Princes, je ne ferois nulle
9
instance au contraire, et vous pourrez |:vous en ouvrir avec le Sieur Con-
10
tarini :| affin qu’il cognoisse que j’entre volontiers dans ses sentimens et que
11
je suis pleinement persuadée qu’il accomplira en homme d’honneur |:et en
12
vray gentilhomme vénitien ce qui luy a esté confié:|, que si mes offices luy
13
sont nécessaires pour parvenir à ses fins, je les luy offre avec affection.

14
Je n’ay garde de blasmer ce que vous avez exécuté rompant le fil de la
15
négociation; non que les ordres que je vous avois donnés ne fussent à mon
16
advantage, mais c’est en prendre un plus grand que d’unir à soy les alliéz
17
et leur faire comprendre qu’on ne se veut point séparer d’eux. Aussy quand
18
je vous l’ay escrit je n’avois pas esté advertie de la difficulté née entre les
19
Suédois et les Impériaux, laquelle est si peu fondée que je ne la pouvois pas
20
prévoir, et les Comtes de Nassaw et ses colègues ont blasmé le Comte d’ Auers-
21
berg ainsy que vous me l’avez escrit, que si il reçoit les ordres de Vienne
22
comme je ne le puis mettre en doubte, vous n’aurez qu’à continuer et à concer-
23
ter les termes du pouvoir ainsy que je vous en ay donné la permission .

24
Que ledict Comte d’Auersberg ait fait difficulté de voir le Sieur de La Thuil-
25
lerie peu m’importe, soit qu’il l’ait refusé pour n’avoir pas esté visité du
26
Nonce, de vous, ny du Sieur Contarini quand il fust à Munster, ou pour
27
se fascher de sçavoir qu’il va en Dannemarck, d’autant qu’en l’un des cas
28
il ne peut qu’en estre blasmé estant arrivé et party inopinément et affectant
29
d’y estre incognu, et en l’autre qu’il tesmoigne que son maistre seroit marry
30
que l’on moyennast la paix entre les Couronnes qui sont en rupture, de quoy
31
l’on peut conclure ou qu’il ne veut point de paix ou qu’il reste un suject de
32
rentrer en guerre. Et si le Roy de Dannemarck s’apercevoit de cette belle
33
disposition qu’on a pour luy et ses intérestz, il pourroit bien estre assez
34
prudent pour rompre avec eux et se mieux disposer à l’accommodement
35
avec la Suède, puisqu’en son aage et en la constitution présente des affaires,
36
la continuation de la guerre ne peut que luy estre ruineuse.

37
J’espère que les Espagnols se mesconteront autant aux mouvemens qu’ils
38
attendent en France qu’a fait le Duc de Bavière en son entreprise sur Brisack

41
Nach einer Meuterei der Besatzung von Breisach am 8. April 1644 traten Ende April/Anfang
42
Mai erneute Spannungen auf. Die Anführer, die mit Bayern Verbindung aufgenommen hatten,
43
wurden hingerichtet. Vgl. dazu A. v. Gonzenbach , Der General Hans Ludwig von Erlach II
44
S. 375–383.
,
39
puisque le châtiement de quelques soldats a appaisé le bruict qui y avoit

[p. 222] [scan. 312]


1
paru, et que les grands de ce Royaume comme les gentilshommes, les offi-
2
ciers et les peuples ne respirent que l’obéissance. Aussy je m’applique à
3
soulager les misérables et départs mes grâces et mes bienfaicts à ceux qui
4
paroissent liéz aux intérestz de l’Estat. Depuis peu j’ay donné un gouverne-
5
ment à mon beaufrère le Duc d’Orléans

38
Gaston d’Orléans erhielt das Gouvernement Languedoc; vgl. dazu A. Chéruel I S. 273f.
pour luy tesmoigner de plus en
6
plus la confiance que j’ay en luy et la satisfaction qui me reste des se services,
7
et cette résolution a esté louée des plus sages comme d’avoir fait pourvoir
8
de celuy de Champagne le Duc d’Anguien

39
Enghien.
. Les seuls à qui la prospérité
9
de l’Estat desplaist en ont eu de la jalousie, avouants que les moyens d’en
10
troubler le repos leur estoit osté.

11
|:Ce que vous mandez que le Duc de Bavière traverse la paix m’a surpris [e];
12
son aage et celuy de ses enfans luy devroient inspirer un mouvement con-
13
traire , et il ne dépendra pas de luy:| ny d’empescher que l’affaire du Palatinat
14
se traitte à Munster ny de la faire vuider à Vienne. Elle est de celles qu’il
15
faut décider pour establir la paix dans l’Empire, et qui examinera bien ce
16
qui s’y est passé depuis longues années cognoistra que, comme elle a eu
17
suitte à la révolte de la Bohème qui a esté la source de la guerre, il faut qu’en
18
l’assoupissant on termine aussy cette affaire. Et comme vous l’avez bien
19
remarqué, |:affin d’estre utile audict Duc et tirer l’avantage du pouvoir
20
qu’il a dans l’Allemagne, il fault faire effort pour faire renvoyer ce différend
21
à Munster:| et sans doute ses parties le demanderont et estants appuyées
22
de l’Electeur de Brandebourg, ledict Duc et mesmes l’Empereur seront
23
forcéz d’y consentir.

24
Je me suis si souvent expliquée que les Hollandois n’ont point droict de
25
prétendre qu’il soit rien innové au traittement acoustumé d’estre rendu à
26
leurs ministres pour ce que j’ay consenty que vous continuassiez de faire à
27
celuy de Venise, qu’il neschet plus d’en parler. Et si leurs ministres eussent
28
esté bien informéz de la prattique dernière de Rome, ils auroient eu juste
29
suject de se plaindre, puisqu’on leur vouloit retrancher ce dont ils estoient
30
en possession, leur proposant de suivre à Munster ce qui se prattique à
31
Rome, et le Maréschal d’Estrée

40
François Annibal d’Estrées, 1573–1670, 1626 Maréchal de France, 1621 französischer Ge-
41
sandter in Rom zum Konklave, dann wieder 1636–1642. Vgl. NBG XVI Sp. 575f.
a recognu que c’estoit un usage de les
32
conduire jusques au carosse et qu’il l’avoit ainsy prattiqué, et si par concert
33
on s’en dispensoit, c’estoit pour avoir moins de peine. Je seray très aise
34
que vous vous tiriez de l’embaras où les contestations vous mettent par
35
quelque bon expédient.

36
J’approuve l’instruction que vous avez dressée pour le Sieur de La Thuil-
37
lerie

42
Instruktion vom 3. Mai 1644, Kopie: AE , CP All. 32 fol. 234–263 = Beilage zu nr. 98.
43
Ausfertigung: AE , CP Dan /hi>. 6 fol. 81–102.
selon les mémoires que je vous en avois envoyés

44
Pariser Memorandum vom 27. Februar 1644, Kopie: AE , CP Holl. 29 fol. 11–15.
. Et pour des con-

[p. 223] [scan. 313]


1
sidérations très importantes et qui ne vous sont pas incognues et qui
2
s’appuyent mesmement de l’estat où leurs Ambassadeurs seront en Danne-
3
marck |:et qui par leur puissance seront pour y donner la loy, je luy mande
4
de se relascher et leur donner le titre et la main, et par là je leur fais espérer
5
qu’ilz le pourront avoir en divers lieux:|. Et bien que les Espagnols usent
6
de grande ou pareille défférence envers Savoye en cette Cour et partout
7
ailleurs et qu’ils vivent pourtant à Rome avec luy comme fait l’Ambassadeur
8
de France et à leur exemple j’en pourray excepter quelqu’un où tels honneurs
9
ne seront rendus |:aux Hollandois, et j’excepteray le lieu de Munster où je
10
ne me relascheray envers eux que:| de la sorte que je vous l’ay par cy devant
11
mandé

41
In nr. [ 101. ]
; que si vous jugez que cela |:leur estant raporté ilz soient pour
12
devenir plus traictables avec vous:|, vous leur en pourrez faire donner part
13
|:par le secrétaire Brasset et essayerez de vous adjuster avec eux, mesnageant
14
les divers partiz qui vous ont esté laisséz:| par les précédentes dépesches.
15
Et pour celuy de Savoye, je luy ay fait consentir qu’il ne demandera rien à
16
Munster que ce qui se prattique à Rome.

17
Pour la détention du nomé Beaufort

42
Nach [ nr. 99 ] irrtümlich für Danfont; vgl. auch [ nr. 46 ] mit Beilage.
et pour les nouvelles que vous me
18
mandez de ce qui se passe en Flandre, je les considère peu; au premier jour
19
je vous feray sçavoir à quelle place mon armée sera attachée et ce qu’aura
20
fait de son costé le Duc d’Anguien.

21
Si les lettres venues d’Espagne ne me trompent, le Maréschal de La Motte
22
sera pour y faire quelque grand progrèz aiant une armée si puissante et
23
complette que j’en suis esmerveillée, car si bien j’avois donné les ordres
24
pour la rendre telle, je n’avois peu croire que les officiers fissent un si bon
25
devoir d’y passer leurs recreues complectes. Mais il se peut dire qu’il ne s’y
26
trouve pas diminution sur le project qui en avoit esté arresté d’un dixiesme,
27
et les bagages des officiers suivoient une autre routte que celle de la marche
28
qui ne sont pas sans leurs vallets et sans estre escortéz de quelque nombre
29
de soldats. Desjà mon armée navale est sur leur coste et elle se fortiffie et
30
rafraischit de mois en mois.

31
Vous recevrez une lettre que je vous ay escritte à la presse des Ambassadeurs
32
de Portugal lesquels affectent que celuy qui est à La Haye joigne celuy que
33
vous avez mené

44
Vgl. dazu nr. 3.
, et doutans d’avoir un passeport voudroient qu’il s’ avan-
34
ceast de son costé et que vous l’envoyassiez recueillir par l’un de vos carosses
35
affin d’entrer dans Munster sans difficulté. Je ne leur ay pas peu reffuser la
36
lettre, mais il est remis à vous d’y défférer ou non, qui aurez à considérer ce
37
qui est faisable et si l’humeur de cet homme est compatible ou non. Et affin
38
qu’ils n’ayent pas subject de se plaindre de vous ny de s’embarquer sur ma
39
lettre, je leur diray en la leur faisant délivrer qu’avant que de se mettre en
40
chemin qu’elle vous soit envoyée et concerté avec vous ce qui est à faire.

[p. 224] [scan. 314]


1
Leur maistre

36
Johann IV. von Braganza, 1604–1656, König von Portugal seit 1640.
est en campagne et promet de faire une grande diversion dans
2
la Galice et l’Estramadura.

3
J’oubliois de vous mander que les Espagnols qui sont si scrupuleux de
4
traitter avec des rebelles et des hérétiques ont recognu l’assemblée de Londres
5
pour un Parlement légitime et dans le moment que le Roy de la Grande
6
Bretagne avoit accordé liberté de conscience à ses subjects irlandois

37
Karl I., 1600–1649, war König von England seit 1625. Zur englischen Innenpolitik und ihrer
38
Beurteilung in Frankreich vgl. G. Ascoli , La Grande Bretagne S. 59–67.
. Ce que
7
cela peut produire au préjudice de la Religion, vous le concevrez aisément.
8
Sur le fait du Liège, je ne vous feray point de response. Je croy que
9
|:Marsin:| sera bientost joinct où il luy est commandé d’aller, mais pourtant
10
ne desniez pas vostre intervention pour faire cesser la mésintelligence qui
11
paroist entre |:les Liègeois et la Lantgrave:|, puisque la durée de leur
12
division pourroit ruiner |:les troupes dudict Marsin

39
Vgl. dazu auch [ nr. 61. ]
:|.

13
Cette lettre est si longue que pendant le temps qu’on a employé à l’escrire,
14
on en a assés pour en recevoir qui pourroient y faire apporter quelque chan-
15
gement ou quelque esclaircissement. Et de fait, par la voye de Venize |:et
16
de Constantinople j’en ay eu deux du Prince transsilvain

35
16 me] fehlt in der Auflösung der Chiffre
me conviant de
17
ratiffier et exécuter le traicté et de luy donner moyen de continuer la guerre
18
et de faire remetre à Constantinople les sommes qui luy ont esté promises
19
en mon nom:|. En la lettre de change qui luy sera rendue |:par le Sieur de
20
Croissi, je feray mention des deux:| sommes et il luy pourra promettre |:de
21
toucher son argent où il l’a désiré. Toutesfois il luy seroit peult estre aussy
22
commode et à nous plus facile à Venize où on luy peult offrir, et sy ledict
23
Prince y faict difficulté on le remettra à Constantinople où le:| changement
24
arrivé par la condemnation des deux premiers ministres, par la mort de leur
25
Moufty et par l’establissement d’un favory

40
Großwesir Kara Mustafa war im Januar 1644 hingerichtet worden. Sein Amt übernahm im
41
März Großwesir Mohammed. Vgl. J. v. Hammer-Purgstall , Geschichte des Osmanischen
42
Reiches III S. 232–276.
pourroient bien y changer la
26
face des affaires, et d’autant plus que |:le Résident de l’Empereur

43
Alexander Greifenklau von Wollrath.
a desjà
27
recherché les bonnes grâces de ceux qui leur ont succédé. Mais le Sieur de
28
La Haye ne s’estant pas espargné:| a usé de beaucoup de diligence et il se
29
promet de rendre un bon service en cette occasion. |:Il a faict advertir le
30
Résident du Ragotski

44
Nicht ermittelt.
que son truchement est gagné par celuy de l’ Empe-
31
reur :| et il en a une preuve qui ne peut estre contredicte puisque le |: Rési-
32
dent de l’Empereur le donne et le présente pour tesmoing des choses qu’il
33
advance:|. Mais la nécessité de s’en servir force à s’y confier qui est la raison
34
|:que celuy du Transylvain luy a donnée, lequel pourtant estant averty

[p. 225] [scan. 315]


1
essayera de pourvoir à s’en asseurer. Et comme les gens de cette condition
2
sont à qui plus leur donne, il pourra prendre de l’argent de l’aultre et servir
3
fidèllement le Ragotski.

4
Tout présentement nous avons esté advertis par un capitaine dépesché par
5
le maréschal de La Mothe qu’ayant eu nouvelle que les forces d’Espagne
6
avoient investi Lérida et qu’elles estoient foibles:|, il se seroit |:advancé
7
avec trois mil hommes de pied et quinze cens chevaux pour jetter des
8
hommes dans la place et les recognoistre. Mais qu’ayant treuvé leur armée
9
toute complète et forte, il auroit esté attaqué et son infanterie déffaicte
10
pourtant qu’il y a jetté du secours. Je vous escrips cela fort confusément et
11
plustost pour vous éviter d’estre surpris de ce que les ennemis en pourroient
12
publier qu’à autre dessein, ayant résolu quand j’auray eu une plus ample
13
information de vous en faire part. Cette perte sera réparée par six mil
14
hommes de pied:| et plus |:de mil chevaux qu’on y envoye et qui se treuvans
15
assembléz en Lemousin y seront en peu de jours. Vous ne parlerez point
16
de cette nouvelle:| que vous ne l’ayés circonstantiée et au vray.

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