Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
106. Servien an Lionne Münster 1645 Mai 20

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Servien an Lionne


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Münster 1645 Mai 20

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Konzept: AE , CP All. 51 fol. 358–363, 364, zum Teil eigenhändig = Druckvorlage.

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Mangelnde Bereitschaft Contarinis zu Gesprächen mit dem Gesandten Savoyens. D’Avaux.
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Fehlende Klarheit in den Anweisungen Briennes. Bevorstehende Reise d’Avaux’ nach Osna-
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brück . Lediglich teilweise Berücksichtigung der Änderungswünsche Serviens in dem zweiten
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Propositionsentwurf der Schweden, Notwendigkeit des Nachgebens angesichts der militärischen
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Lage; Gründe für die Niederlage Turennes; Gefahren für Frankreich auf dem deutschen
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Kriegsschauplatz; Aushebungen. D’Avaux. Versicherung der unveränderten Gesprächsbereit-
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schaft gegenüber den bayerischen Gesandten; Empfehlung einer unnachgiebigen Politik gegen-
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über Bayern; Bemühungen um den Abbau des Mißtrauens der Verbündeten; eigennützige
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Absichten des Kurfürsten bei seinem Protektionsvorschlag. Tadel der päpstlichen Haltung im
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Gespräch mit Chigi; Möglichkeit einer Änderung der päpstlichen Politik; Vorhaltungen
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Serviens wegen der letzten Kardinalspromotion. Eigenmächtiges Auftreten des zweiten Savoyer
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Gesandten. Mögliche Ablösung Bagnos. D’Avaux.

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Je ne voy pas aparence de restablir la communication entre messieurs les
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ambassadeurs de Venize et de Savoye. Lorsque ce dernier ariva, monsieur
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Contarini tesmoigna quelque bonne disposition de se racommoder mesmes
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sur l’instance que nous luy en fismes, il nous fist espérer qu’il en escriroit à
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Venize. Mais lorsque depuis peu je luy en ay reparlé, il a bien paru que les
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responces qu’il a receues, n’ont pas esté favorables.

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Car il m’a tranché court en me disant qu’il n’a point de pouvoir et qu’il
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fault nécessairement que cette affaire se termine à Venize, voulant dire qu’il
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fault que madame de Savoye face des diligences pour se remettre bien avec
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cette Républicque

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Die diplomatischen Kontakte zwischen Savoyen und Venedig waren seit dem Mantuaner
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Erbfolgekrieg unterbrochen, in dem Venedig auf der Seite Frankreichs, Savoyen auf der
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Spaniens stand; außerdem bestritt Venedig den Hgen. von Savoyen das Recht auf den Titel
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des Kg. von Zypern ( Incisa I S. 316 Anm. 1).
. Il a mesme refusé d’entrer en conférence dans un lieu
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tiers, et lorsque je luy ay représenté qu’à Paris les deux ambassadeurs de
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Venize et de Savoye

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Filiberto Scaglia (gest. 1658), abate di Verrua; seit 1643 savoyischer Gesandter in Paris
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( Claretta II S. 32f., 358f.).
se rencontroient assez souvent et parloient ensemble
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chez mademoiselle de Seneterre

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Madeleine de Senneterre (gest. 1646), bis 1637 Ehrendame bei Louise de Bourbon-Soissons; sie
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unterhielt Kontakte zu künstlerischen und politischen Kreisen ( Grillon S. 114; Dethan S.
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231f.).
et ailleurs, il m’a respondu qu’il fairoit de
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mesme en ce lieu quand il ne s’agiroit que de civilitez et de complimens,
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mais que pour traicter d’aulcune affaire il n’en avoit pas le pouvoir et
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n’entrera en aucune conférence avec celluy de Savoye.

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D’Avaux hat seine Mitarbeit in der Gesandtschaft endgültig eingestellt.

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D’ailleurs à vous dire le vray, je voy bien que l’intention de monsieur de
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Brienne est parfaitement bonne, et je ne voudrois pour rien du monde avoir
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pensé à la moindre chose qui luy pust déplaire. Mais il a une façon de
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s’exprimer qui détruit le plus souvent ses pensées et nous envoye des ordres
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si obscurz et qui se contredisent tellement sur les pointz les plus impor-
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tantz que nous ne sçavons ce que nous devons faire. Si des ministres
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subalternes et esloignez ne reçoivent des ordres bien clairs, il est bien
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difficile qu’ilz puissent bien s’acquitter de leur devoir, quand outre la peyne
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qu’il y a d’exéquuter ce qui leur est ordonné, ilz ont encor celle de le
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comprendre et de douter des véritables intentions des supérieurs.

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Je croy que monsieur d’Avaux n’abandonne les affaires avant le temps à
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cause du voyage qu’il veut faire à Oanabruc n’ayant pas voulu avoir à
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contester avec les Suédois sur nostre première proposition, quoyque les
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seules contestations que nous avons avec eux regardent la religion de
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laquelle il se picque si fort. Cependant il eust esté très nécessaire d’agir
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encor auprez d’eux, car encor qu’ilz ayent beaucoup changé en leur
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première proposition et qu’ilz ayent extrêmement adouci les pointz qui
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regardent la religion comme vous verrez par la comparaison des deux
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copies, ilz n’ont pas exéquuté tout ce qu’ilz m’avoient promis ou du moins
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fait espérer.

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Néantmoins selon mon foyble sens leurs demandes ne sont pas fort
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extravagantes et peuvent estre soutenues principalement en consentant que
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nous ne les fassions pas, outre que dans l’estat où sont réduites noz affaires
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d’Allemagne ilz recognoissent bien le besoin que nous avons d’eux, il seroit

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périlleux maintenant de laisser glisser entre nous la moindre division et de
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mescontenter tous ceux desquels nous nous pouvons asseurer voyant les
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infidélitez que les autres exercent en nostre endroit et les tromperies qu’on
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y doit tousjours craindre.

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Il faudroit que monsieur de Turenne rendist cy-aprez de grands services à
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la France pour réparer le préjudice que son malheur fait aux affaires
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publiques. Sans cet accident nous eussions peu faire la paix avantageuse-
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ment dans six mois. Cela change si pitoyablement la face des affaires que
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noz ennemis en deviennent insolentz, Dieu le pardonne à madame la
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Lantgrave, mais le refus qu’elle a fait de la connection de ses troupes et de
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l’infanterie promise a bien aydé à ce malheur. Si avec cela monsieur de
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Turenne eust pris garde à luy et logé son armée ensemble au lieu de la
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disposer en divers lieux, il s’en fust aysément garenti. Mais on escrit qu’il y
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avoit des troupes à huit lieues du quartier général et il est certain qu’il y a
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eu six régimentz qui n’ont point esté au combat. Je croy bien que le duc de
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Bavière pour une moindre ocasion que celle-là n’eust pas voulu nous
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attaquer. Mais pour un coup de parade et décisif qu’il a peu donner sans
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péril, sa bonne foy ne s’est pas treuvée si forte que son intérest. Et puis sa
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bonne volunté pour nostre nation a paru dans la conduite des siens qui se
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vantent dans leurs relations de n’avoir pas donné quartier à un seul
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François, encor que l’on dist qu’il avoit fait publier quelques jours aupara-
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vant dans ses Estatz que l’armée françoise n’estoit point ennemie, Dieu
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veuille que cettre ruse n’ayt pas contribué à faire endormir monsieur de
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Turenne. Je vous avoue que j’en suis sans consolation et particulièrement
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pour le déplaisir qu’en aura receu Son Eminence. Car il faut considérer que
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sur le point d’un traité nous n’avons plus d’armée en Allemagne, si l’on ne
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fait promptement descendre des troupes considérables vers le Rhin. Ma-
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yence et les autres places que nous tenons de ce costé-là courent grande
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fortune, mais certes si c’est monsieur d’Anguien qui les doit comender, il
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faudroit luy recomender de ne se fier pas tant à la fortune. Car il ne faut pas
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se flatter, l’armée de Bavière est la meilleure de toute l’Allemagne et la plus
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aguerrie. Elle nous a deffait deux fois sans perte et lorsque nous avons eu
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avantage sur elle, nous y avons presque ruyné nostre armée.

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Ich hoffe, Bönninghausen zur Aufnahme der Aushebungen veranlassen zu
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können, die jetzt dringend nötig sind. Im September könnte man außerdem
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noch Truppen von den Generalstaaten übernehmen. – D’Avaux wird es sicher
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nicht wagen, an den Hof zu kommen, da er dort Sachverstand in den
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Finanzfragen beweisen muß, was er nicht kann, wie er selbst wohl weiß. Mit
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Longueville werde ich sicher gut auskommen, ebenso mit den anderen Gesand-
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ten hier, wenn auch d’Avaux bei ihnen gegen mich intrigiert hat.

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Je ne sçay comm’on désire que nous vivions à présent avec les députez de
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Bavière. Je ne voy pas qu’ilz ayent le secret de leur maistre, il ne leur a rien
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communiqué du voyage de son confesseur. Ilz m’ont veu depuis nostre
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déroute, mais je n’ay fait semblant de rien, et mesme estant tumbé sur le

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1
discours de ce combat, j’ay répondu que la perte de deux ou trois mille
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hommes ne changeoient pas le dessein ny la fortune d’un grand royaume,
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mais qu’une surprise et une attaque faite de gayeté de coeur pourroit bien
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changer les inclinations. En effect on n’aura jamais raison de ce vieux
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renard qu’en l’allant fumer dans sa tanière. Ce que nous fairons contre luy
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et la estroite liaison que nous prendrons avec noz alliez seront justifiez
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devant tout le monde, car j’ay fait voir clairement à monsieur le nunce qu’il
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nous a fait cette infidélité au mesme temps qu’innocemment je disputois
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pour ses intérestz contre noz alliez, ce qui est très véritable. Je n’ay pas
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laissé parlant à noz alliez depuis cette perte, de leur faire quelque reproche
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de leurs soupçons et de ce qu’il faut à tous coups pour les en guérir
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entreprendre des choses contre raison et se faire défaire mal à propos. J’ay
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pris subjet de faire ce discours sur l’intelligence que l’on avoit creu entre
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nous et le Bavarois à cause que nostre armée au lieu d’aller droit à eux,
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estoit passée en Franconie.

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Outre que la face des affaires estant changée, les électeurs qui recourrent à
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la protection de la France, parleront aujourd’huy d’une autre façon. Je
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crains bien qu’examinant ce dessein par le menu, on n’y treuve plus
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d’aparence et d’esclat que de solidité, si ce n’est qu’on les y réduise par la
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force. Car la pensée du duc de Bavière estoit à ce que je puis craindre
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d’avoir la protection de la France, d’estre par ce moyen en seureté contre
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les Suédois, de ne rien faire contre l’Empereur et de demeurer avec son
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armée maistre comm’il est des deux cercles de Suavbe et de Franconie, d’y
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lever les contributions et garder les places qu’il tient, en quoy il n’y a rien
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de solide ny d’avantageux que pour luy, mais si monsieur de Turenne eust
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pris garde à luy, on luy eust bien fait parler un autre langage.

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Nous avons desjà fait une fois le discours que vous me marquez à
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monsieur Chigy. J’essayeray de luy en reparler adroitement, quoyqu’il
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m’ayt envoyé dire en confidence que monsieur de Grémonville avoit
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sursis son départ sur la satisfaction que le pape luy avoit fait espérer et
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qu’entre autres choses on luy marquoit de bon lieu que Sa Sainteté avoit
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promis le chapeau pour le frère de Son Eminence. Je ne vous marquay
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pas ce que je luy dis sur ce subjet lorsque nous eusmes icy advis de la
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dernière promotion. Car luy ayant représenté que faire un cardinal subjet
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du pape à la recomendation de la Reyne estoit bien moins que d’en
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élever cinc ou six en mesme temps vassaux ou dépendantz d’Espagne. Il
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répondist que la Reyne n’avoit pas voulu nommer pour la France le père
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Mazarin. Je repartis que si Son Eminence n’avoit eu la discrétion de ne
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vouloir pas que son frère occupât la place d’un prince de sang ou de
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quelque autre grand du royaume, Sa Sainteté n’eust pas laissé en faisant
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cette faveur à la Reyne de le faire passer pour ce qu’ell’eust voulu, et cela
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luy acquérant une personne de grand mérite et de grand crédit, auroit
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servi à assoupir divers soupçons et racomoder les affaires au contente-
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ment de Sa Sainteté.

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1
Je crains bien qu’il n’y ayt icy auprez de l’ambassadeur de Savoye un
2
confident qui a plus la confiance de madame que luy

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Gemeint ist Bellezia.
. Il void les
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ambassadeurs sans que l’autre en sçache rien. Si ce discours que fait Savedra
4
depuis peu est véritable, que la maison de Savoye désire de ravoir Pignerol
5
et qu’on le verra bientost par les demandes de ses ministres, il faut que cette
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menée soit faite par le président à l’insceu du marquis de Saint Maurice. Je
7
travaille à esclaircir l’affaire.

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J’ay apris qu’un monsignor Ranuccini

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Giovanni Battista Rinuccini (1592–1654), 1625 Bf. von Fermo ( Gauchat S. 188); 1645–1649
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Nuntius in Irland ( Pastor XIV, 1 S. 119–125).
qui est destiné pour l’Irlande, doit
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séjourner quelque temps à Paris en qualité de nunce extraordinaire et que
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l’intention secrète du pape pourroit bien estre de se servir de ce moyen
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pour l’y establir insensiblement et en retirer monsieur de Bagni. Je ne doute
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point, si l’advis est véritable, que vous ne l’ayez receu d’ailleur, j’ay creu
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néantmoins vous en devoir informer. – Weitere Intrigen d’Avaux’.

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