Acta Pacis Westphalicae II B 3,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 1. Teil: 1645 - 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy, mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
80. d’Avaux an Mazarin Münster 1646 Januar 20

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d’Avaux an Mazarin


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Münster 1646 Januar 20

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Ausfertigung: AE , CP All. 59 fol. 101–103’ – Druckvorlage. Kopie: AE , CP All. 75 fol.
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137–141’. Eigenhändiges Konzept: AE , CP All. 63 fol. 198–200’.

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Gespräch mit Lisola: Konzessionsbereitschaft Spaniens; Entschlossenheit Frankreichs zur Behaup-
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tung seiner Eroberungen; Aussicht auf spanische Angebote.

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|:Une des lettres dont il a pleu à Vostre Eminence de m’honorer vient de
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produire un si bon effet que je ne tarderay pas à luy en rendre compte:|. Au
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retour de chez monsieur le duc de Longeville où j’estois allé luy tesmoigner la
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part que je prens à son contentement

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Über die Geburt seines Sohnes; s. [ nr. 57 Anm. 1 ] .
, je suis entré dans une église où j’enten 1

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ordinairement la messe. |:Le sieur Isola y est venu incontinent après:|, et s’est
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mis à ma veue, en sorte que j’ay esté obligé de le saluer. La messe achevée il
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m’a laissé partir de ma place et puis s’est avancé pour m’aborder. Son compli-
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ment a esté que sans moy il n’auroit point ouï aujourd’huy de messe parce
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que les ecclésiastiques de Munster sont trop matineux pour luy. Je luy ay
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demandé si son logis estoit proche. Il m’a dit que non, mais qu’il estoit pres-
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que tousjours chez monsieur le comte de Nassau dont je suis voisin. Il auroit
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pu nommer aussi Saavedra puisque nous ne sommes séparez que d’un mur, et
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qu’il est bien aussy souvent chez luy. J’avois creu au commencement qu’il ne
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s’estoit pas trouvé là sans dessein, mais comme il continuoit à parler de choses
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inutiles et qu’il fait un très grand froid, j’ay pris le chemin de la porte. Lors il
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|:a esté contraint de se descouvrir plus tost et moins adroittement qu’il ne
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vouloit:|. «Je vois, dit-il, Monsieur qu’on tesmoigne de la resjouissance chez
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monsieur le duc de Longueville», et en est demeuré là pour attendre ma res-
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ponse . Je n’ay pas voulu le laisser en peine, je luy ay dit que c’estoit à cause
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qu’il luy est né un filz, et cette nouvelle l’a tellement satisfait qu’outre |:les
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autres circonstances cy-dessus touchées j’ay recogneu clairement:| que l’ arri-
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vée d’un courrier

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La Chèze, mit nrs. 57, 58; s. [ nr. 57 Anm. 1 ] .
suivie aussytost de quelques salves de mousquetaires et du
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son des trompettes avoit |:donné de l’appréhension aux ennemis qui voyent
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cela de leurs fenestres:|. Ce discours nous aiant portés à dire d’un commun
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consentement qu’il ne manquoit plus à la félicité de monsieur de Longueville
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que de faire la paix, il a adj ouste comme en segret que les Espagnolz se résou-
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dront enfin à perdre, et qu’ils nous laisseront une partie de noz conquestes. Je
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luy ay répliqué d’un ton encores plus bas que la résolution est prise de ne
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rendre quoy que ce soit; que je luy avois desjà dit cy-devant que les plénipo-
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tentiaires d’Espagne devoient prendre leurs mesures là-dessus, et qu’à présent
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je l’en asseurois derechef avec toute certitude; qu’il connestroit par la suitte
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des affaires que je luy parle avec un esprit de paix, et que mesme j’estois merri
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de voir que durant qu’on marchande nous arriverons insensiblement en un
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temps qui ne sera guères propre à la négotiation, et qui nous promet de gran-
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des choses. Il a avoué nettement que nous avons sujet d’espérer de nouveaux
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progrès à cette campagne, mais que le hazard peut tousjours beaucoup aux
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actions de la guerre |:et qu’il peut aussy arriver des changemens dans le
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monde:|. Je crois qu’il vouloit dire |:dans la couronne de France:|. Il me
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semble que son intention alloit là, sans que j’en puisse pourtant asseurer. Il ne
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m’a pas donné loisir de le désabuser de cette vaine imagination qui couste
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desjà bien cher au roy d’Espagne, et quand il a cessé de parler je me suis
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attaché à la conclusion de son discours sans me souvenir du reste. Il avoit fini
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par ce mot, |:et avec une contenance assez résolue:|, que c’est en vain que
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nous nous proposons |:la paix avec les Espagnolz tandis que les choses de-
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meureront partout en l’estat où elles sont maintenant:|, car en ce cas la
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France seroit bien en paix, mais non pas l’Espagne qui auroit tousjours dans

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ses entrailles ceux qui ne perdroient aucune occasion d’achever sa ruine de
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tout point. J’ay voulu luy donner meilleure opinion de nous si une fois la paix
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estoit faitte; sur quoy je ne l’ay pas persuadé. Il me semble Monseigneur que
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|:je n’ay guères fait plus d’impression sur son esprit:|, quand je luy ay res-
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pondu que comme ils sentent par où la France a plus d’avantage sur eux, nous
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le cognoissons aussy, et que le Roy seroit mal conseillé de s’en priver volon-
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tairement sans aucun besoin; et lorsqu’il y a bien plus d’apparence d’y en
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adjouster d’autres que de rien perdre de ce costé-là. Il a dit seulement que les
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avis qui venoient de Paris ne portent pas qu’on veuille traitter avex cette ri-
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gueur ; et comme je m’en moquois, les appellant des bruitz de ville, il s’est
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laissé entendre que |:cela vient de bonne part:| et vouloit que j’en creusse
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encores davantage comme s’il n’ozoit s’en expliquer. En effet Monseigneur je
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ne sçais s’ils ne sont point trompés par de faux avis, ou s’ils ne se trompent
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point eux-mesmes, car estant arrivé |:fort à propos que sur-le-champ j’ay fait
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voir le contraire au sieur Isola, il est demeuré fort surpris et pouvoit à peine
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croire à ses yeux:|. J’ay donc enfin reparti |:en mettant la main dans ma po-
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chette comme y estant forcé pour le destromper:|, que je pensois avoir enco-
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res sur moy la dernière despêche de Vostre Eminence. Et après luy en avoir
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monstré la datte qui est du 30 e décembre, il a leu avec moy un article conte-
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nant ce qui s’ensuit: «J’adjouste encore, que tous les préparatifz pour la cam-
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pagne prochaine estans maintenant prestz de nostre costé, ce qui ne s’est
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point fait sans une despense infinie, nous entendons qu’on en fasse la consi-
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dération qu’ils méritent, et qu’on compte sur les grans progrès que nous se-
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rions capables de faire.»

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Cella l’avoit desjà esbranlé quand je me suis apperceu qu’il jettoit l’œil sur
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l’article précédent dont la pluspart est en chiffre, et qu’ainsy il pourroit croire
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que le secret et le vray luy estoient cachez. Pour ne luy laisser aucun doute et
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le convaincre entièrement je me suis résolu |:comme si c’estoit avec peine:|
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de luy faire voir encores ledit article dont voicy copie mot à mot:

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«Quoyque je vienne de vous escrire en général des bonnes intentions que
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nous apportons à faire la paix, je ne laisseray pas de vous dire plus particuliè-
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rement que quand nous avons parlé de retenir tout ce que nous avons
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conquis, nous avons entendu pour le temps auquel nous avons fait cette dé-
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claration ; mais que depuis, noz conquestes s’estant augmentées, il la faut ajus-
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ter à l’estat où nous nous trouvons maintenant; en quoy il n’y a point de
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chicane.»

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La lecture et le deschifrement de cet article a |:touché visiblement ledit
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Isola:|, il m’a quitté en haussant les espaules et disant que ce n’est pas vouloir
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la paix, parce qu’on sçait fort bien qu’il est impossible aux Espagnolz de
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l’accepter à cette condition. Puis tout à coup |:il est revenu sur ses pas et
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m’a dit qu’il faudra trouver des moyens de s’accommoder:|. J’ay demandé
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comme quoy, il a respondu |:qu’on nous feroit quelques ouvertures, et s’est
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retiré:|.

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Ich bitte Sie, mir weiterhin Ihr Wohlwollen und Ihren Schutz zu bewahren.

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