Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
333. Mazarin an d’Avaux und Servien Paris 1644 Dezember 21

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Mazarin an d’Avaux und Servien


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Paris 1644 Dezember 21

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Ausfertigung: AE , CP All. 28 fol. 250–256 = Druckvorlage. Konzept Lionnes: AE , CP
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All. 38 fol. 370–375. Kopie: AE , CP All. 31 fol. 420–425’.

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Plan, selbst eine Liga der italienischen Fürsten anzuregen, die französischen Truppen aus Italien
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abzuziehen und im Krieg gegen das Reich und Spanien einzusetzen. Abwägung der Vor- und Nach-
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teile . Vorhergehende Absprache mit den Verbündeten. Bitte um Stellungnahme. Forderung nach
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Admission Portugals zum Kongreß. Spanisch-schwedische Kontakte. Nachricht über Friedensbereit-
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schaft in Wien und angeblichen Vorteil der Spanier bei der Erneuerung der Vollmachten. Unzu-
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friedenheit der Spanier mit Chigi. Saavedra über Chigi.

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Über nr. 331 hinaus Folgendes: Je vous ay parlé au long dans ma lettre précé-
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dente de |:la ligue qu’on présupose que les Princes d’Italie sont sur le point
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de conclurre pour establir le repos de leur province:| et vous ay touché
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quelques raisons de celles qui doibvent nous obliger à |:n’en prendre pas
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beaucoup l’alarme:|. Maintenant je passe plus avant et vous metz en consi-
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dération s’il ne seroit point à propos pour l’advantage de cet Estat |:non
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seulement de n’attendre pas que laditte ligue nous fust proposée, mais que
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nous la sollicitassions nous mesmes de tout nostre pouvoir, si:| par ce moyen
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nous |:pouvions parvenir à un accommodement particulier des affaires
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d’Italie du consentement de noz alliéz et:| en cas qu’on ne pûst |:venir
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bientost à bout de le terminer, si:| on pourroit |:y faire une suspension
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d’armes pour cette campagne affin d’en continuer la négotiation, l’un et
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l’autre pouvant estre traitté par vous autres Messieurs à Munster en suitte
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de:| ce que l’on a jugé à propos |:d’y mettre les affaires d’Italie sur les tapis
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conjointement avec celles d’Allemagne:|.

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Pour mieux vous expliquer ma pensée, j’establiray auparavant quelques
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fondemens sur lesquelz elle doibt estre appuyée et dont j’estime que per-
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sonne ne disconviendra.

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Premièrement, je suppose que |:il est comme impossible que les armes du
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Roy puissent faire aucun progrès considérable en Italie que quelqu’un des
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Princes naturelz capable et acrédité n’y joigne les siennes et ne sorte de la
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neutralité:|. L’expérience du passé ne prouve que trop cette vérité. |:La
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prochaine campagne sera la dixiesme depuis la guerre déclarée:|, cependant
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|:nous sommes encores à entamer l’Estat de Milan, les places en sont si
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bien fortiffiées et les ennemis ont tant de facilité de les garder quand ilz
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voudront se réduire seulement à la déffensive, qu’à supposer mesmes toutes
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prospéritéz pour noz armes:|, ce seroit |:beaucoup d’en emporter une toutes
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les années avec des despenses immenses:|.

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En second lieu, ce seroit |:vouloir se tromper soy mesme de s’attendre que
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les Princes d’Italie qui ne font que sortir d’une guerre qui a consommé la
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meilleure partie de leurs trésors et dont ilz se tesmoignoient desjà touts si
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las veuillent changer:| la conduicte qu’ilz |:ont tenue jusqu’icy à l’esgard

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des Couronnes, ny qu’ilz se déclarent en nostre faveur après avoir laissé
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eschapper tant de belles conjonctures d’asseurer à jamais leur liberté, en
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chassant les Espagnolz par le moindre effort qu’ilz eussent fait pour seconder
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les nostres et partageant leurs Estatz comme le Roy leur a tousjours déclaré
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estre son intention qu’ilz en profittassent et non pas luy:|.

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Ces deux fondemens posés, il semble qu’il ne pourroit estre qu’extrêmement
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advantageux à la France que |:elle pust se délivrer d’une despense que l’on
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sçait à peu près debvoir estre inutile:| si autre chose n’arrive, la |:quelle
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cependant n’est pas si peu considérable qu’elle ne monte par an à quatre
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millions de livres. Et comme:| il est indubitable que |:les affaires d’ Alle-
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magne et celles de la Catalogne sont les seules qui peuvent mettre les ennemis
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à la raison, que celles d’Italie ne sçauroient les toucher:| à beaucoup près,
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|:cognoissans bien le peu que nous y pouvons advancer sans l’assistance
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formelle des autres Princes, ainsy que leur conduitte le monstre assés ne se
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souciant nullement de la desgarnir et d’envoyer tout autant de soldatz qu’ilz
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peuvent pour l’Espagne:|, enfin |:qu’ilz ne prendront leurs mesures pour la
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guerre ou pour la paix que sur les succèz bons ou mauvais qu’auront noz
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armes et les leurs dans l’Allemagne ou dans l’Espagne:|, il est certain que
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|:c’est en ces deux provinces que le Roy doit porter les plus grandz effortz
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de ses armes, puisque:| les conséquences en sont infiniment plus advanta-
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geuses |:qu’en tout autre endroit et que la guerre que nous faisons en Italie
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ne peut guières tourner enfin qu’à la ruine du Piedmont et du Montferrat
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que nous protégeons:|.

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Si donc |:nous pouvions espargner les quatre millions de livres que les
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despenses d’Italie absorbent sans espérance de grand fruict et que retirant
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les garnisons de ce pais là nous puissions en envoier la moitié en Allemagne
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et l’autre en Catalogne, quel proffict ne retirerions nous pas:| vraysemblable-
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ment |:d’un renfort si notable, et ne serions nous pas autant asseuréz qu’on
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le:| peut estre |:que les affaires y marchans tousjours à souhait et:| tous les
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effortz contraires n’e|:stans pas capables s’opposer que foiblement à noz
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progrèz, les ennemis songeroient bientost à prévenir de plus fascheuses
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suites par quelque bon accommodement:|.

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Voylà ce semble des advantages bien notoires pour nous |:dont les Espagnolz
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en ce cas ne proffitteroient pas de mesme de leur costé. Car:| encore que
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|:nous nous prévalussions des forces d’Italie pour les pouvoir attaquer aux
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endroictz susditz plus vigoureusement, ilz ne se prévaudroient pas à pro-
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portion en leur déffense de ce qu’ilz ont à présent dans l’Estat de Milan:|,
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estant constant qu’ilz |:ont ces dernières années tiré de l’Italie tout ce qu’ilz
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ont pu et qu’ilz n’y ont laissé que ce qu’il leur a esté absolument:| impossible
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de |:faire passer la mer:|, à quoy ilz n’ont obmis aucune diligence. Il y a
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longtemps que |:le Royaume de Naples ne secourt plus l’Estat de Milan
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que de trente cinq mille escus par mois d’extraordinaire, et toutes les levées
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de soldatz qu’on y a faict ont esté envoyées en Espagne, comme encores
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présentement on y en lève pour cella:|.

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1
Quant |:aux trouppes de l’Estat de Milan qui se trouvent aujourd’huy un
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peu grossies, dans le licenciement général qu’ont fait les Princes après la
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conclusion de la paix:|, il est certain que |:les meilleures qui sont les
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Espagnolz et un régiment de Lombardz n’abandonneront point les pays:|
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si on peut juger de l’advenir par le passé, |:lors mesme que nous n’avions
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pas Pignerol qui leur donnera quelque jalousie davantage, outre qu’il en:|
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fault nécessairement |:pour la garde des places, quand ce ne seroit que pour
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s’en asseurer contre les habitans mesmes de crainte de quelque révolution:|.
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Et quand ce besoing ne seroit pas urgent comme il l’est, il se trouveroit
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tousjours de grandes difficultéz à |:les sortir d’Italie. La pluspart des soldatz
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qu’ilz ont sont naturelz ou habituéz dans le pays et vont bien à la guerre
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quand il est question de le déffendre ou de la faire en des lieux dont ilz
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peuvent revenir aisément à toute heure; mais de transplanter en Flandres
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ou en Espagne des Italiens outre les corps qui y:| sont desjà de longue main,
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|:c’est à quoy il seroit très difficile de les disposer, et tout au pis le nombre
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n’en seroit pas fort considérable:|.

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Il est pourtant à considérer que |:ce seroit un grand point gaigné par les
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Espagnolz dans la décadence de leurs affaires de s’estre tellement asseuréz
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par un accommodement de la possession de leurs Estatz d’Italie, qu’ilz ne
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pussent plus courre fortune de les perdre ny d’y estre inquiétéz quelques
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disgrâces qui leur arrivent aux autres endroitz, et:| parce que |:nous aurions
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donné les mains et que les Princes d’Italie seroient mesme engagéz à les
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soustenir contre les aggresseurs:|. Voylà, ce me semble, toute la plus forte
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opposition que l’on peut faire à la question dont il s’agit. Mais on peut y
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respondre que comme par un des fondemens que j’ay poséz cy dessus, |:nous
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ne devons pas espérer particulièrement:|, si les advis qu’on nous a donné
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sont véritables, |:que la République de Venise et le Grand Duc ont promis
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aux Espagnolz de se déclarer contre nous au cas que noz armes vinssent à
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faire de grandz progrèz dans l’Estat de Milan:|, il s’ensuit nécessairement
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que |:touts les changemens qui peuvent survenir dans cette province au
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préjudice de noz ennemis dépendant:| entièrement |:ou de la résolution que
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prendroient les Princes de les chasser et proffiter de leur despouilles ou de
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quelque révolution causée par les peuples mesmes qui secoueroient un joug
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qui leur est:| il y a longtemps |:presque insuportable. Et alors:| il semble
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que |:quelque paix ou suspension d’armes qui eust esté faitte, le Roy ne
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seroit pas privé de pouvoir prendre part et intérest à la nouveauté qui:|
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surviendroit d’ailleurs |:que de son fait propre, et que sans manquer à sa
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parole si elle ne pouvoit y faire agir ses armes comme principales, elle
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pourroit:| tousjours |:les y emploier comme auxiliaires au secours des
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Princes avec qui elle seroit entrée en ligue:|, ainsi qu’il a esté practiqué
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souvent et en dernier lieu |:dans diverses guerres de Savoie et de Mantoue
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qui ne nous ont pas obligéz de rompre contre Espagne, quoyque d’ailleurs
43
il n’y eust acte d’hostilité qui ne fust exercée de part et d’autre:|.

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La difficulté la plus considérable que j’y remarque c’est |:celle de noz alliéz,

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lesquelz voyans conclurre sans eux une paix qui semble d’abord ne les
2
regarder nullement, pourroient entrer en soupçon que nostre dessein ne
3
fust après avoir pacifié les affaires d’Italie, d’accommoder ensuitte celles des
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Flandres et puis celles d’Espagne et les laisser seulz dans l’occupation de la
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guerre pendant que nous nous en délivrerions de tous costéz:|. C’est pour-
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quoy , si on jugeoit à propos |:d’y entendre, il faudroit en commencer la
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première négociation avec noz alliéz mesmes pour avoir leurs advis et leur
8
consentement, n’estant pas malaisé de leur faire comprendre qu’ilz auroient
9
plus d’intérest que nous à nous voir desgagéz de la despense des armées
10
d’Italie, où:| il n’y a pas d’apparence pour les raisons susdictes |:d’espérer
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aucun progrèz et qui après tout ne contribueroient pas à leurs advantages:|
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à beaucoup près |:de ceux que nous aurions en Allemagne, où pouvans agir
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alors la moitié plus vigoureusement:| ainsi qu’il a esté remarqué, on ne
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peut pas doubter que |:puisque cy devant noz armes y ont eu tant de bons
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succèz, ilz n’allassent:| tousjours |:à l’advenir en augmentant et que l’ enne-
16
my ne se trouvast enfin réduit au point d’estre entièrement ruiné ou de
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conclurre promptement une paix qui donnast beaucoup de gloire et d’ advan-
18
tage à nous et à tous noz alliéz:|.

19
Il ne faudroit pas |:aussy qu’ilz appréhendassent que l’Empereur pûst y
20
recevoir grande assistance des trouppes qui sont:| aujourd’huy |:dans le
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Milannois. Car:| outre que |:ilz seroient obligéz par raison de bon gouver-
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nement d’en laisser la pluspart dans le pays pour la seureté de l’Estat, les
23
Espagnolz dont:| la coustume est de |:se considérer tousjours les premiers
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n’oublieroient rien pour en tirer tout ce qu’ilz pourroient en Espagne:| et
25
en second lieu |:en Flandres:|. Il y a grande apparence que |:le surplus ne
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seroit que bien peu de chose et n’apporteroit pas grand renfort:|.

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On pourroit encor |:prendre soin de faire cognoistre à noz alliéz que nostre
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but en cela n’est pas de diminuer les despenses lesquelles nous avons au-
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gmenté [es]:| tousjours |:à proportion du besoin qui s’est rencontré. Quand
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nous sommes entrés en ligue avec eux nous n’avions point de guerre en
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Catalogne où nous n’avons pas laissé de respandre tant de trésors:|. L’ in-
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tention de Sa Majesté n’est donc que |:de trouver moien de les emploier
33
plus utilement qu’il est possible ataquant nos ennemis communs dans les
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parties les plus sensibles:|.

35
Pour conclusion il semble que, |:puisque le Roy professe ne prendre autre
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intérest aux affaires d’Italie que ceux qu’y prennent les Princes naturelz du
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pays, le Roy leur a:| tousjours |:déclaré et a eu le bonheur de le confirmer
38
par sa conduitte en tant de rencontres et que:| d’ailleurs toutes les pensées
39
|:desdictz Princes ne tendent qu’à pouvoir vivre en repos en sorte qu’il ne
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leur soit plus troublé par les Espagnolz:|, Sa Majesté doibt |:volontiers
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concourir avec eux aux moyens qui seront advisés pour l’establir:| afin de
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|:justiffier par les effects la sincérité de ses paroles et de ses intentions:|.
43
Vous avés veu par vos instructions que tous les ordres de Sa Majesté
44
|:touchant l’Italie ne tendent à autre but qu’à conserver Pignerol, à restablir

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1
la Maison de Savoie entièrement dans la possession de ses Estatz, à cher-
2
cher :| des expédiens par le moyen desquelz |:en rendant Cazal si elle en est
3
pressée on puisse estre asseuré qu’il ne sçauroit tomber entre les mains des
4
Espagnolz, et à former une ligue dans cette province soubz la foy de laquelle
5
chacun jouissant paisiblement de ce qu’il y possède, les Espagnolz ne puis-
6
sent tenter comme ilz l’ont fait jusqu’icy tant de fois leur aggrandissement
7
aux despens du tiers et du quart sans autre justice ny raison que celle de leur
8
bienséance:|.

9
Tous les poinctz susdictz sont |:tellement désirés des Princes d’Italie que
10
s’ilz pouvoient s’imaginer que le Roy eust d’autres pensées, ilz dépescheroient
11
aussitost des Ambassadeurs pour les luy donner:|, estant très constant que
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|:ceux mesmes d’entre eux qui sont le plus attachéz et adhærens au parti
13
contraire souhaitent avec grande passion l’accomplissement de ce que dessus
14
et de voir brider les Espagnolz dont l’ambition les tient en continuelle
15
méffiance:|.

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Voylà une partye des réflexions que j’ay faictes sur cette matière, que je vous
17
prie d’examiner meurement de vostre costé et m’en mander vos sentimens,
18
et après les avoir encore digérés j’en parleray dans le Conseil, ce que je
19
n’ay point encore faict, pour y faire prendre des résolutions convenables
20
et qui seront jugées plus utiles pour le service du Roy

43
Vgl. dazu [ nr. 334 ] .
. J’y adjousteray
21
seulement qu’il me semble que, supposé que la France receust advantage de
22
l’exécution de ce project, elle ne debvroit pas |:attendre que la proposition
23
en fust faicte par autruy, premièrement:| pour acquérir plus de gloire dans
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le monde |:et de la mérite envers les Princes d’Italie, qui toucheroient bien
25
au doigt avec quel désintéressement nous agissons à l’esgard de leur province
26
et en tireroient des argumens en nostre faveur pour le reste de nostre con-
27
duitte aux autres endroitz et notamment au faict de la paix générale:|. En
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second lieu, |:après les alarmes que l’on nous a voulu donner de cette ligue
29
prétendue:|, toutes les personnes qui ne jugeroient des choses que sur
30
l’escorce, considérans |:le grand nombre de places que nous avons à rendre
31
où Cazal mesme se trouveroit:| peut estre |:compris sans que les Espagnolz
32
y perdissent que Verceil

44
Vercelli.
seul:|, ne s’imagineroient jamais que |:nous y
33
eussions consenti de nostre bon gré, mais que nous serions venus par force
34
à cette restitution comme:| ayant esté |:le seul moien d’empescher que
35
toutes les forces des Princes d’Italie ne nous tombassent sur les bras pour
36
nous y contraindre:|. En ce cas, quoyque la chose en effect nous fust advan-
37
tageuse , |:y ayant quelque perte de réputation en ce qu’elle ne paroistroit
38
pas volontaire au jugement de la pluspart:|, il semble que cet inconvénient
39
ne peut estre mieulx remédié que |:par l’ouverture et l’instance que nous en
40
pourrions faire nous mesme les premiers:|.

41
Passant maintenant à d’autres matières je vous diray premièrement que puis-
42
que vous avez obtenu dans la nouvelle forme des pleinspouvoirs que |:l’on

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1
traittera avec la France et ses alliéz sans spéciffier quelz:|, comme il avoit
2
esté faict au traicté préliminaire |:auquel ce nouvel adjustement n’a ce me
3
semble nulle relation:|, nous avons droict à présent de prétendre que |:les
4
ministres de Portugal seront receus et recognus dans l’assemblée comme ceux
5
de noz autres alliéz, puisqu’ilz sont de ce nombre et que leurs intérestz sont
6
des plus considérables qu’il faille adjuster dans la négociation de la paix:|.
7
C’est pourquoy je m’asseure que vous n’oublierés rien en cette affaire, pré-
8
supposant que |:vous avez tasché d’obtenir une chose généralle à dessein de
9
vous en prévaloir après dans le détail:| comme cy dessus.

10
J’avois oublié dans ma précédente de vous dire que |:dans le discours qu’eut
11
le Colonnel Pecuil

43
Peschwitz; vgl. [ nr. 331. ]
avec Monsieur Salvius:| sur le suject |:du traitté parti-
12
culier de l’Empereur avec les Suédois, la response qu’on me mande de
13
Bruxelles qu’il tira dudit Salvius fut que la Couronne de Suède souhaittoit
14
ardemment la paix et qu’elle s’accommoderoit avec l’Empereur s’il vouloit
15
luy laisser la Poméranie avec la mesme subordination de Prince de l’Empire
16
que le Roy de Dannemarch tient aujourd’huy le pais de Holstein.

17
Saavedra n’oublie aucun soin imaginable pour porter les Suédois à un
18
accommodement particulier:|. On me donne advis que |:c’est un nommé
19
Cran ou Crana qui est le plus avant emploié dans cette négotiation:|. Nous
20
avons encore nouvelles de |:Vienne de personnes fort bien informées et qui
21
nous ont souvent donné de bons advis, que les ordres les plus précis que
22
l’Empereur donne à ses députéz sont de n’apporter aucunes difficultés et de
23
surmonter touts obstacles pour pouvoir entrer en traitté, leur disant qu’il
24
faut songer sérieusement à faire la paix et à pacifier l’Empire dont les affaires
25
se réduisent:| tousjours |:en plus mauvais estat:|.

26
Je vous diray aussi que |:les ministres espagnolz croient d’avoir eu grand
27
advantage dans la nouvelle forme à laquelle ilz ont réduit, disent ilz, noz
28
pleinspouvoirs:|. Mais n’en pouvant deviner les raisons, je me persuade que
29
|:c’est une gloire imaginaire que Saavedra se veut forger de son pur
30
caprice.

31
Les députéz d’Espagne à Munster ne se tesmoignent pas fort satisfaictz du
32
Nunce Chisi, quoyqu’ilz aient escrit à Rome qu’il condamnoit en beaucoup
33
de choses nostre procéder:|. Pour moy, j’ay crû |:s’il leur avoit parlé en
34
ces formes, que ç’aura esté de concert avec vous affin de gaigner leur
35
confience pour pouvoir après mieux servir la France aux choses plus solides
36
et essentielles:|, ne pouvant me persuader autrement |:d’une personne de
37
sa probité qui a obligation au Roy et qui peut toucher au doigt chaque jour
38
la saincteté de ses intentions:|.

39
L’advis que je vous en donne vous servira, s’il vous plaist, pour vous
40
esclaircir de la vérité de ce qui en est. |:Celuy que nous avons de Rome
41
porte que Saavedra mandoit aux ministres d’Espagne que le Nunce luy
42
avoit dit que il procedere de France si lhaveva stomacato.

[p. 799] [scan. 889]


1
Ledit Saavedra marquoit aussy aux mesmes ministres que Monsieur de Saint
2
Romain, visitant le Nunce et contestant avec luy pour ne mettre pas l’ Em-
3
pereur et les deux Couronnes dans l’escrit que vous deviez signer, dict que
4
le Roy son maistre estoit Empereur en France,

34
Vgl. hierzu Lionne in [ nr. 334. ]
dont le Nunce inférant que
5
nous voulussions la préséance du Roy sur l’Empereur nous avoit donné
6
tout le tort:|.

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