Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
297. d’Avaux an Brienne Münster 1644 November 24

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–/ 297 / [ 323 ] , [ 339 ]

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d’Avaux an Brienne


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Münster 1644 November 24

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Ausfertigung: AE , CP All. 34 fol. 158–162 = Druckvorlage; Eingang nach Dorsal fol. 163’:
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1644 Dezember 7. Kopien: AE , CP All. 25 fol. 122–126’; AE , CP Holl. 25 fol. 280–284’.

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Auseinandersetzung mit Servien und Verhandlungen mit den Mediatoren über die Formulierung der
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Übergangsregelung bis zum Eintreffen der erneuerten Vollmachten.

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Je viens d’apprendre que Monsieur Servien veut faire croire que j’ay receu
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un projet de Messieurs les Médiateurs auquel le Roy d’Espagne estoit nommé
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avant le Roy

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Vgl. dazu Servien in [ nr. 300 ] sowie den Kommentar zu [ Beilage 2 von nr. 301 S. 662ff. ]
. Il se déffie de sa cause et cherche à l’appuier par d’estranges
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moiens. Voicy à peine de mon honneur comme la chose s’est passée. J’auray
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Dieu mercy pour tesmoins deux hommes de probité et de grand mérite, et
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n’estoit le profond respect que je porte aux commendemens de la Reine et
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que je continueray de faire tout mon possible pour cacher nostre division,
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j’enverrois présentement demander à Monsieur le Nunce et à Monsieur
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l’Ambassadeur de Venise un certificat de ce qui s’est passé.

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Il y a plus de six semaines que je vais presque tous les jours chez Monsieur
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Servien et que j’ay prié Messieurs les Médiateurs que les assemblées se tinssent
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chez luy parce qu’il estoit indisposé. Il n’a pas laissé de sortir plusieurs
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fois pendant ce temps là. Et comme il estoit dernièrement dehors la ville,
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Messieurs les Médiateurs envoièrent me demander heure. Je m’excusay jus-

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1
ques au retour de Monsieur Servien qui fut à cinq heures, et alors il s’excusa
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de recevoir la compagnie, attendu qu’il ne se portoit pas bien. Les Média-
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teurs insistèrent et se mirent mesme en chemin pour me venir trouver, mais
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aiant sceu leur intention, je les devançay et fus chez Monsieur le Nunce

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Vgl. zum folgenden V. Kybal – G. Incisa della Rocchetta I, 1 S. 231–240.
.

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Là ilz me monstrèrent un papier qui commençoit par ces mots: “Essendosi
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aggiustate le plenipotenze tanto dell’Imperator quanto del Rè Catholico e
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del Ré Christianissimo nostro Signore etc.” Je leur demanday pourquoy
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mettre le Roy d’Espagne avant le Roy, ils me dirent que les Espagnolz
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useroient de la mesme civilité et mettroient: “tanto dell’Imperator quanto
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del Rè Christianissimo e del Rè Catholico nostro Signore.” Je repartis que
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la préséance nous estoit deue partout, et aussitost sans hésiter ils dressèrent
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un autre projet en ces termes: “Essendosi aggiustate le plenipotenze dell’ Im-
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perator e delle due Corone” et ce qui suit. Je leur représentay qu’il vaudroit
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mieux dire: “Essendosi aggiustate le plenipotenze d’ambe le parti.” Il estoit
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alors bien tard, il leur faschoit de remettre tousjours la main à la plume, car
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pour la substance de l’acte ils y avoient desjà touché dix fois, et ils me
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prièrent de monstrer ce second projet à Monsieur Servien et leur en faire
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sçavoir nostre advis le lendemain matin avant dix heures, parce qu’ils vou-
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loient le communiquer aux députés de l’Empereur et d’Espagne.

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Je m’en allay du mesme pas chez Monsieur Servien pour gaigner temps.
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Je le trouvay debout qui avoit soupé et paroissoit fort sain. Et pour luy
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rendre compte de toute nostre conférence je luy fis voir aussy le premier
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projet que j’avois rejetté. Je luy dis que la forme du second ne me contentoit
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pas encores et qu’il se pourroit quelque chose de mieux. Il fut de mon advis
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et qu’il falloit prendre la nuit pour y penser. Je l’avertis que nous devions
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envoier nostre response aux Médiateurs avant dix heures du jour suivant

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Nach Darstellung Serviens in dem zu Beilage 2 von nr. 301 gegebenen Kommentar vergaß d’Avaux,
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ihm diesen Termin mitzuteilen.
.

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Le lendemain on eust peine à le voir. Enfin sur les neuf heures le Sieur de
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Préfontaine luy répéta de ma part ce que je luy avois dit le soir précédent,
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qu’il seroit meilleur de mettre: le plenipotenze d’ambe le parti. Monsieur
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Servien y trouva quelque difficulté disant que cella estoit bien général et
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qu’il seroit plus à propos de dire: les trois pouvoirs qui doivent estre expé-
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diés de nouveau.

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Ledit Sieur de Préfontaine estant revenu avec cette response, je dresse aussi-
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tost les deux projetz cy jointz

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Beilagen 1 und 2.
, et pour satisfaire abondamment à ce que je
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dois à mon collègue, je le renvoie chez Monsieur Servien avec ordre que
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s’il les approuvoit il les portast de nostre part à Monsieur le Nunce.

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Pendant ces allées et venues dix heures sonnent. Monsieur le Nunce part
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avec Monsieur Contarini et s’en vont chez noz parties où ils font agréer le
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projet qui porte: “Essendosi aggiustate le plenipotenze dell’Imperator e
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delle due Corone.”

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1
A leur retour chez eux ils trouvent ledit Sieur de Préfontaine qui leur baille
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nostre papier. Voilà la source du mal. Ils se plaignent qu’on n’est pas venu
3
à temps, qu’on les a laissé engager etc. Ils viennent chez Monsieur Servien,
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ils nous font leurs remonstrances. Nous les prions de considérer que par cet
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escrit l’Empereur est trop distingué du Roy et qu’il est mis comme en un
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rang à part. Ils nous quittent assés mal satisfaits.

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En une autre audience ils nous proposent: “Essendosi aggiustate le pleni-
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potenze delle Maestà dell’Imperator e delle due Corone”, et prétendent avoir
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trouvé un très bon moien pour nous contenter, puisque le titre de Majesté se
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donnant à tous il ostoit la différence dont nous nous plaignions.

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Avec cella ils nous opposent le traitté de Chiérasque où il en dit distincte-
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ment : “la Corona Imperiale e le due Corone” et nous incommodent umpeu
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sur ce chapitre.

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Je me retire à part avec Monsieur Servien comme nous avons accoustumé,
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je luy dis que je me rendois à l’expédient proposé par eux et à son exemple.
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Mais je n’avance rien, il persiste à vouloir qu’on accepte un des deux projets
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que nous avions envoié à Monsieur le Nunce.

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Une autre fois les Médiateurs, après avoir grondé quelque temps et avoir
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fait des effortz inutiles auprès de noz parties, reviennent à nous. Mais ils s’en
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retournent encores plus mal édifiés qu’auparavant; et sur ce que Monsieur
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Servien vint à se plaindre que dans leur premier projet ils avoient nommé
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le Roy d’Espagne avant le Roy et que desjà les humeurs estoient eschauffées,
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Monsieur le Nunce luy répartit assés promptement que la chose auroit esté
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esgale de part et d’autre comme il est dit cy dessus, qu’il pouvoit envoier
25
ce projet en France si bon luy sembloit et que luy Nunce s’en déffendroit
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bien, qu’il avoit mis la main à la plume pour nous faire plaisir et qu’il
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s’estonnoit “perche il Signor Servien mi da questa bastonata”; ce sont ses
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motz et il n’en demeura pas là: Il dit que luy et Monsieur Contarini aians
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cherché à nous voir, il se trouva que Monsieur Servien estoit allé à la pro-
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menade , et qu’après avoir esté dehors jusqu’au soir, “la nostra disgracia”,
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dit il, “volse ch’essendo poi di ritorno in casa s’ammalò”. Que sur cella ils
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communiquèrent innocemment leur pensée à d’Avaux lequel se chargea d’en
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faire rapport à Monsieur Servien et de leur mander leur avis dans le lende-
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main dix heures, que cella n’aiant point esté exécuté nous n’avions aucun
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sujet de nous plaindre d’eux.

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Monsieur Contarini ne s’y oublia pas, et quoyqu’alors et depuis j’aye pu
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remonstrer à Monsieur Servien, il a voulu vaincre et a vaincu en apparence,
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puisqu’enfin nous avons fait changer la forme du projet. Mais au fondz c’est
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la mesme chose et à mon sens il y auroit eu plus de dignité pour la France
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à suivre l’expédient proposé par les Médiateurs qu’à faire que nous avons
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fait.

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Voillà donc, Monsieur, comme j’ay accepté un escrit où le Roy n’a pas sa
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place, parce que j’ay fait voir à Monsieur Servien que je l’avois fait
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réformer.

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1
En cette relation qui est très véritable il vous plaira remarquer qu’au sortir
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de chez les Médiateurs quelque tard qu’il fust j’allay trouver Monsieur
3
Servien, que je luy fis entendre qu’au lieu de: l’Empereur et des deux Cou-
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ronnes j’avois proposé de mettre: d’ambe le parti, que nous prismes la nuit
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pour y penser davantage et que le lendemain matin avant que d’avoir eu
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de ses nouvelles je luy manday par le Sieur de Préfontaine que j’estois
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encores de mesme advis. En effet ce fut moy qui mis par escrit les deux
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projetz dont je vous envoie copie. Je répète ces particularités d’autant que
9
Monsieur Servien, voiant qu’il ne peut pas me dissuader d’escrire mon
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opinion à la Cour comme il m’a empesché de la dire icy, il veut faire croire
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que j’ay consenti au projet qui portoit: l’Imperator e le due Corone, et im-
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prouve fort cette manière de parler comme s’il n’en avoit pas usé plus
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désavantageusement au traitté de Chiérasque. Quoyqu’il en soit, elle ne
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vient pas de moy et j’ay esté le premier à la rejetter.

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Il dit aussy que j’ay varié touchant la qualité d’Ambassadeurs insérée dans
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nostre pouvoir, mais l’extrait cy joint de la response que je luy fis dès le
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mois de juillet et laquelle je vous envoiay

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Beilage 3.
, justifie clairement que j’ay tous-
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jours creu que pour éviter des contentions inutilles et ne blesser en rien la
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dignité du Roy il seroit bien à propos que nous fussions seulement Pléni-
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potentiaires de Sa Majesté, puisque l’Empereur et le Roy d’Espagne n’avoient
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pas donné d’autre qualité à leurs députés.

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Voicy coppie des deux derniers articles de la despêche qu’il m’a envoyée
23
pour signer

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Bereits als [ Beilage 2 zu nr. 296 ] genannt; beide Schreiben gingen zusammen ab.
, affin que si après avoir sceu la difficulté que j’ay faite d’y
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souscrire il y a changé quelque chose, et s’il vous la présente maintenant
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d’une autre sorte vous en cognoissiés la différence et me rendiés s’il vous
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plaist cette justice de la faire remarquer. Il a retiré sa minute avec tant de
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soin et de haste et a adjousté des paroles si piquantes que j’ay sujet de me
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déffier. Mais voiant cella, je l’ay fait transcrire et collationner à l’original.

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Il soustient que je ne puis vous mander mon advis sans le luy communiquer
30
et que c’est une contravention à noz ordres. Mais je n’en ay point receu de
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tels ny de bouche ny par escrit, et de plus je luy ay communiqué si souvent
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et si inutilement ce que je pensois touchant la forme du compromis proposé
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par les Médiateurs et la qualité d’Ambassadeur Plénipotentiaire, qu’il ne
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verroit rien aujourd’huy de nouveau quand je luy ferois voir cette despêche.
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Vray est que m’estant trouvé obligé pour le service du Roy après n’avoir
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rien pu gaigner sur l’esprit de Monsieur Servien, de vous avertir que la
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chaleur de sa conduitte et le désir perpétuel de vaincre a desgousté icy tout
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le monde et a failli de rompre la négotiation, j’ay creu que de luy monstrer
39
ma lettre ce seroit chercher querelle, différer davantage le partement du
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courrier qu’il arreste depuis trois jours et donner matière à un volume de
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répliques. Si j’ay manqué en quelque chose, je suis prest de me corriger et

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1
de luy faire voir tout le contenu en cette despêche et tout ce que j’auray peut
2
estre encores à vous escrire cy après, quand mesmes il y seroit intéressé.
3
Vous nous mandés, Monsieur, en ces propres termes que la Reyne nous
4
ordonne de faciliter les affaires avec noz parties et de leur faire reste de
5
raison; le mémoire qui nous fut dernièrement envoié de la part du Roy ,
6
les despêches de Monseigneur le Cardinal disent la mesme chose très énergi-
7
quement . Noz Médiateurs nous conjurent de ne pas pointiller, je tombe tout
8
à fait dans leur avis et Monsieur Servien tient bon contre tout cella. Il me
9
semble que d’en donner compte à noz maistres pour remédier à l’avenir et
10
de leur exposer mes doutes sur deux autres affaires où il m’est encore avis
11
qu’il se mesprend , ce n’est pas un attentat ny un assasinat comme il vient
12
de me mander.


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Beilagen

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Mit gleicher Post wurde nr. 296 samt Beilagen abgesandt. Der Kurier ging nach nr. 313 erst am
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27. November ab; so ist es erklärlich, daß in AE , CP All. 34 alle Beilagen zu den Briefen
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nr. 296–298, 300, 301 und 303 durch Dorsalvermerk als Beilagen zur Post vom 26. November
36
bezeichnet werden.
in AE , CP All. 34


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1 fol. 232: Entwurf d’Avaux’ für die Formulierung der Übergangsvereinbarung: Essendosi ag-
15
giustate ultimamente le plenipotenze tanto da una parte quanto dall’ altra…

16
2 fol. 233: auf Anregung Serviens’ entworfene Formulierung der gleichen Vereinbarung: Essendosi
17
aggiustate ultimamente le tre plenipotenze…

18
3 fol. 236: Auszug aus nr. 158.

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