Acta Pacis Westphalicae II B 5,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 2. Teil: 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
232. Servien an Longueville [Den Haag] 1647 April 18
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[Den Haag] 1647 April 18
Duplikat [für Mazarin]: AE , CP Holl. 44 fol. 126–135 = Druckvorlage.
Post. Pflichtwidriger erster Auftritt Pauws vor den Staaten von Holland; Zurückweisung der
gegen ihn erhobenen Korruptionsvorwürfe unter Eid. Seine Kritik an Frankreich in drei
Punkten und die jeweils angezeigte französische Reaktion: 1) Angebliche Unzufriedenheit
der Schweden und Protestanten mit den Franzosen; Veranlassung einer gegenteiligen Erklä-
rung Spierings in Den Haag notwendig; nachdrückliche Forderung gegenüber Oxenstierna;
Gründe für die d’Avaux anzuratende derzeitige Zurückhaltung in den Reichsangelegenhei-
ten . 2) Angeblich tiefergreifende Differenzen zwischen Frankreich und Spanien, als von Lon-
gueville berichtet, und Verhinderung des Rückzuges der Spanier aus Münster durch Pauw;
Beschwerde bei den Mediatoren über das hinterlistige Verhalten der Spanier empfehlens-
wert . Nach Pauw nur Spanien, nicht Frankreich zum Frieden bereit; seine falschen Behaup-
tungen über die verächtliche Zurückweisung der niederländischen Vermittler- und Schieds-
richtertätigkeit seitens der Franzosen trotz des spanischen Einverständnisses; deren Widerle-
gung durch Servien; Bedingungen für eine derzeit von Servien trotz königlicher Vollmacht
noch nicht zugestandene Schiedsrichterrolle der Generalstaaten zwischen Frankreich und
Spanien. 3) Von Pauw behauptete Existenz französisch-spanischer Geheimverhandlungen
über einen Heirats- und Tauschvertrag unter Anführung fingierter spanischer Beweise; de-
ren nachdrückliche Abstreitung durch Servien. Drei Audienzen Pauws bei den Generalstaa-
ten ; wahrscheinlich geringer Erfolg seiner falschen Behauptungen.
J’eus l’honneur d’escrire à Vostre Altesse lundy dernier par l’ordinaire de
Ruremonde
rost , qui est allé quérir sa famille. Je dérobe aujourd’huy une partie du
tems destiné aux occupations de cette sepmaine pour vous informer de
ce qui se passe en ces quartiers.
L’arrivée de Pau a fait esclatter icy toutes les malices qu’on forgeoit con-
tre nous il y a sy longtems, et ces mistérieuses nouvelles qu’il fesoit
espérer il y a deux mois par toutes ses lettres. Aprez avoir couvert le
venin qu’il voulloit respandre d’une apparente douceur, tant envers la
France, qu’envers vostre personne, et celles de monsieur d’Avaux et de
moy, il a fait obliger par un serment particulier tous ceux de l’assemblée
de ne révéler rien de tout ce qu’il diroit, pour avoir moyen de faire le
mal sans qu’on y pust apporter le remède. Son discours a esté de prez de
trois heures dans les estatz de Hollande où il a eu sa première audience,
contre la coustume et les formes de l’Estat, qui l’obligeoient de s’ adres-
ser premièrement à l’assemblée de Messieurs les Estatz Généraux. Mais
il ne fault pas s’estonner, sy n’ayant que des faulcetez à dire, il a choisy
une voye illicite qu’il ne pouvoit prendre sans violer le serment que luy
et ses collègues firent avant que d’aller à Munster, par lequel ilz s’ obli-
gèrent de ne recevoir aucun ordre, ny exécuter aucunes délibérations
pendant leur employ que celles de Messieurs les Estatz Généraux. Il a
sy mal observé son serment en cette occasion que la permission qu’il
demandoit de venir icy luy ayant esté refusée diverses fois dans l’ assem-
blée de Messieurs les Estatz Généraux, il n’est enfin venu que sur un
ordre particulier de la province de Hollande, dont j’apprends que les
autres ne sont pas satisfaictes, non plus que de l’adresse qu’il a prise en
arrivant. Ce premier parjure qu’il a commis publiquement a esté suivy
d’un autre qu’il a fait en jurant qu’il n’a receu ny argent ny promesses
des Espagnolz, et qu’on a eu tant de confiance en sa probité de ce costé-
là , qu’on n’a pas tasché de le corrompre comme il dit qu’on a voulu faire
du costé de France.
Le sujet de tout ce long discours qui a esté treuvé plat et ennuyeux, par les
plus sensez de l’assemblée, est encor tenu fort secret, mais voicy ce que
j’en ay pu receuillir [!] par pièces destachées, et en faisant l’assamblage de ce
que diverses personnes m’en ont rapporté séparément, dont j’ay cru vous
devoir informer en diligence |:pour ce que de trois poinctz importans qu’il
a exaggérez contre la France, il y en a deux qui peuvent servir à régler
vostre négotiation tant à Munster qu’à Osnabruc:|.
Il a dit que les Suédois et les protestantz d’Allemagne sont très mal satis-
faictz de nostre conduitte et commancent à prendre de très grandes jalou-
sies de noz prospéritez et de noz desseins; que c’est nous qui empeschons
ouvertement les avantages qu’ilz pourroient obtenir dans le traitté, et que
les Suédois luy en ont fait de très grandes plainctes, et luy ont demandé,
ce qui est à remarquer, sy cet Estat ne s’appercevoit point encor de |:la
grandeur et de l’ambition desmesurée de la France:|. Quoyqu’il y ayt sujet
de croyre que ces plaintes sont supposées, aussy bien que le subjet, puis-
que les protestantz ne sont remis dans la jouissance de tout ce qui leur
appartient, ny tous les princes de l’Empire dans la possession de tous
leurs antiens droicts, que par les effortz que la France a faictz, pendant
cette guerre, pour les y faire restablir, il importe extrêmement de s’en
plaindre à messieurs les ambassadeurs de Suède, et leur faire comprendre
l’intérest qu’ilz ont de faire effacer ces faulces impressions par un office
contraire qui soit faict icy publiquement, de leur part, par le résident de
Suède. Certainement nous nous trouverions mal rescompensez des syncè-
res assistances que nous leur avons données en toutes leurs prétentions, et
receverions le mal pour le bien, sy en mesme tems que nous avons sy
utilement employé le nom et l’authorité de Leurs Majestez lorsque d’un
autre costé les armes du Roy ont agy sy vigoureusement dans l’Empire
pour le mesme effect, ilz travailloient à donner de l’ombrage à noz autres
alliez, au lieu d’employer leurs persuasions pour les tenir dans la fidelle
observation des traittez, et leur faire comprendre que la résolution qu’ilz
ont prise de faire leur accommodement avec trop de précipitation est le
véritable sujet qui oste le moyen de pousser sy vivement les affaires d’ Al-
lemagne que l’on eust pu faire, et que rien n’est sy capable de ruyner les
desseins ou les intérestz du bon party que sy Messieurs les Estatz qui leur
ont donné jusques icy beaucoup de chaleur et de mouvement se retirent
du jeu avant le tems.
Il n’y a rien présentement, selon mon foyble sens, de plus nécessaire que
de faire cette plaincte aux Suédois, affin qu’ilz apportent icy les remèdes
nécessaires au mal qu’ilz ont fait, ou que l’on a voulu faire soubz leur
nom, en donnant charge comme j’ay dit à leur résident de désavouer le
discours de Pau dans une audience publique et de déclarer qu’ilz ont en-
tière satisfaction de la syncérité et fidélité des ministres de France.
|:Mais parce qu’il pourroit estre que monsieur Oxenstiern, qui est assez
facile à jouer de semblables pièces:|, voudroit tourner l’affaire en raillerye,
et la mespriser, on pourroit luy représenter de quelle dangereuse consé-
quence elle peut estre et luy faire entendre que s’il refusoit ce que nous
pouvons justement attendre d’un fidèle allié dans une pareille conjunc-
ture , nous serions obligez d’en demander rayson et d’adresser noz plainc-
tes à la reyne de Suède dont on ne croyd pas que les ordres |:obligent ses
ministres à désobliger ceux de:| Leurs Majestez. Enfin on luy peut faire
|:appréhender que c’est:| une occasion qui ne peut pas demeurer sans estre
esclaircie d’une façon ou d’autre pour le préjudice que nous en recevrions
dans le public.
Cependant Vostre Altesse peut faire remarquer à monsieur d’Avaux com-
bien il nous est nécessaire aujourd’huy plus que jamais |:d’user de circon-
spection en traictant les affaires de l’Empire:|, au moins pendant que nous
serons dans l’incertitude où nous nous treuvons tant avec cet Estat qu’ a-
vec les Espagnolz, n’estant pas croyable que ceux-cy ne soient |:assez
unys avec les Impériaux pour apprendre d’eux les moindres discours qui
sont faictz:|, qu’aprez cela ilz ne taschent, par leur animosité, de convertir
en venin contre nous tout ce qui peut estre proposé de nostre part avec la
meilleure intention, tant pour faciliter la paix, que pour |:la conservation
de la religion catholique, qui:| treuvera un appuy réel et solide dans la paix
qui sera faite |:avec l’Espagne si nous pouvons la faire marcher la pre-
mière , car encore que cependant:| la guerre d’Allemagne continue pour
quelque tems, il arrivera ou que les Suédois seront assez forts seulz ( Ba-
vières ne s’en meslant plus) pour la soustenir sans nous (ce qui donnera
moyen d’employer très utilement l’armée de monsieur de Turenne |:dans
les Pays-Bas), ou que s’ilz ont quelque sorte de désadvantage qui puisse
mettre les affaires en balance, ilz en deviendront beaucoup plus traictables
dans les conditions de l’accommodement, nommément dans celle qui tou-
che la religion, sans qu’il paroisse visiblement que nous nous opposions à
leurs prétentions:|, et aussy, par des ressorts plus efficaces et moins péril-
leux , nous parviendrons à ce que nous désirons avec tant de justice et en
exécution des traittez d’alliance
donnent un droict très légitime de nous opposer à ce qu’on peut préten-
dre contre ce qu’ilz contiennent, il peut arriver des occasions |:plus favo-
rables que celles d’à présent:|, et quand par prudence nous aurons porté
insensiblement les choses au poinct de pouvoir obtenir l’effect que nous
cherchons, Dieu qui veoid le fondz du cœur nous pardonnera sy nous
avons pour quelque tems mesprisé les apparences.
Le second poinct que Pau a mis en avant, est qu’il s’en fault bien que
nostre négociation avec l’Espagne soit en sy bon estat que Vostre Altesse
la représente par deux lettres qu’elle m’a fait l’honneur de m’escrire
Vgl. nr. 221 und Longueville an Servien, Münster 1647 April 9 (s. Anm. 7 zu nr. 221): Die
Mediatoren versuchen, unsere Verhandlungen mit den Spaniern voranzutreiben; zu einem
Ergebnis ist es noch nicht gekommen, und die Spanier bleiben in Sachen Portugal hart, aber
anscheinend werden sie in den anderen Punkten, bes. Porto Longone und Piombino, nach-
geben .
meschant esprit, ayant sceu le bon effect qu’avoit produit icy cette nou-
velle , a voulu travailler à le détruyre, en assurant que nous sommes encor
extrêmement esloignez les uns des autres, et que les ministres d’Espagne,
lorsqu’il est party de Munster, estoient sur le poinct de se retirer s’il ne les
en eust empesché. Sy ce discours a quelque apparence de vérité, il fault
que les Espagnolz traittent avec grande supercherie et qu’ilz se mocquent
des Médiateurs aussy bien que de nous, puisqu’en traittant avec eux et
avec Vostre Altesse, ilz font paroistre qu’il reste peu de difficulté, et
qu’en parlant confidemment aux ministres de cet Estat, ilz les assurent,
pour faire donner icy les mesmes assurances, que nous sommes encor ex-
trêmement esloignez les uns des autres, et qu’il y a plusieurs articles que
nous souhaittons qui sont impossibles à obtenir.
Je souhaitterois bien, Monseigneur, que les Espagnolz se fussent mocquez
de Pau en luy tenant ce discours; mais il y a sujet de croyre qu’ilz luy ont
parlé plus confidemment qu’aux Médiateurs, et que de concert avec ledit
Pau ilz gardent des arrières-boutticques qu’ilz ne font point cognoistre à
Monsieur le Nonce ny à monsieur Contarini, affin de veoir sy les lon-
gueurs et les difficultez qui se présentent pourront faire prendre quelque
résolution précipitée à cet Estat.
Il me semble qu’on peut fonder encor là-dessus un très juste sujet de
plainctes, et faire cognoistre aux Médiateurs l’artiffice dont usent les
Espagnolz, se servantz de leur entremise seulement pour amuser le
monde, et pour travailler sur des questions qu’ilz disent confidemment à
d’autres qui ne peuvent estre terminées.
Il y a un autre poinct que Pau a touché en passant que je n’ay pas compté
dans les trois plus importans, pour exciter de l’aversion contre nous en ce
païs. Aprez avoir exagéré la franchise des Espagnolz et les divers artiffices
qu’il nous impute, aprez avoir assuré qu’il est aussy certain qu’ilz veullent
syncèrement la paix, qu’il donne pour constant que nous ne la voulons
pas, il a essayé de persuader que nous avons rejetté avec mespris la média-
tion de cet Estat, et que nous n’avons jamais voulu remettre à son arbi-
trage les poinctz qui restent indécis, quoyque noz parties s’y soient tous-
jours soubzmis avec une defférence obligeante pour cet Estat.
J’ay bien fait veoir clairement la faulceté de ce discours, pour ce qui tou-
che la médiation, ayant offert de la part de Leurs Majestez qu’elles l’ au-
ront tousjours très agréable pourveu que Pau et Knut ne s’en meslent
point. |:Mais pour le jugement de tous nos différens:|, je n’ay pas ozé en
parler aux mesmes termes, quoyque Leurs Majestez m’en ayent donné le
pouvoir, par trois des mémoires qu’elles ont eu agréable de m’envoyer
Zur Frage des ndl. Schiedsgerichts vgl. nr. 209. Weitere Memoranden Ludwigs XIV. mit
diesem Betreff, die aus der Zeit vor dem 18. April 1647 datieren und sich (auch) an Servien
richten, konnten nicht ermittelt werden; im übrigen beruft sich dieser selbst in nr. 250 auf
nur eine kgl. Depesche (s. ebd., bei Anm. 18).
|:ayant estimé périlleux de remettre tous les intérestz de la France entre les
mains d’un Estat remply de confusion et de partialitez comme celuy-cy,
qui ne considère ordinairement que ses intérestz particuliers ou sa pas-
sion , au préjudice de la raison et de l’honneur, et qui en effect est encore
remply de beaucoup d’envie et de mauvaise volonté contre nous. A la
vérité:|, sy l’on pouvoit composer une assemblée des mieux intentionnez
et plus désintéressez du païs où les affaires pussent estre terminées sans
passer par les provinces, je ne croy pas qu’il fût désavantageux pour le
Roy de remettre à son jugement les différends qui restent, pourveu qu’ au-
paravant l’on eust conclud icy le traitté de garentie, et que l’on fust d’ ac-
cord avec les Espagnolz des principaux poinctz, comme celuy de retenir
sans distinction toutes les conquestes, celuy de Cazal, celuy des précau-
tions que nous désirons en Catalogne pendant la trêve, celuy de la seureté
du traitté, et quelques autres de cette nature. |:Mais de remettre aujour-
d’huy tout indifféremment à la décision de cet Estat:| sans les précautions
sus-mentionnez, je n’ozerois pas en donner le conseil à la Reyne, jusques
à ce que l’on voye un peu plus clair dans les bonnes intentions de ces
espritz, et qu’ilz soient guerris des faulces impressions qu’on leur donne
chacque jour. |:Néantmoins il pourroit arriver de telles extrémitez que
nous serions obligez de le faire pour éviter pis:|.
La troisiesme imposture que Pau a débitée a esté le traitté secret avec
l’Espagne, qu’il suppose malicieusement que nous faisons, tant pour le
mariage, que pour l’eschange des Païs-Bas
res de Hollande pour en dire les particularitez, et en faire veoir les preu-
ves qui ne consistent, à ce qu’on m’a dit, qu’en la lettre du roy d’Espagne
dont j’ay eu l’honneur de vous envoyer la coppie , et en quelques autres
lettres , du marquis de Harro
ranova , du président de Bourgogne
Jean Boyvin, seigneur de Parcey (1575–1650), seit 1639 premier président des Parlements
in Dôle, wo er, im Anschluß an sein 1600 abgeschlossenes Rechtsstudium, seit 1609 tätig
war; im Auftrage der Brüsseler Regierung nahm er mehrere diplomatische Missionen wahr
und war mit Brun befreundet ( ABF I 148, 167 und II 95, 385f., z.T. mit Geburtsjahr 1580;
Clerc , VII-LXIV; Truchis de Varennes , 566; DBF VII, 122f.; seine politische Korre-
spondenz 1636–1637 ist ediert durch Clerc , 5–131).
de quelques autres, qui ont esté délivrées en grande confidance à Pau par
le comte de Pennaranda. Cela fait veoir combien ces espritz sont suscep-
tibles de toutes les faulcetez qu’on leur présente, puisqu’ilz reçoivent
comme des preuves concluantes contre nous, les fantaisies et les vains
projectz que les ministres d’Espagne font entre eux sans que nous y ayons
aucune part. On me dit que Pau fait espérer d’autres pièces qui monstre-
ront clairement que de la part de Leurs Majestez on a entretenu par voyes
secrettes cette négociation.
J’ay desjà dit hardyment que je renonceray aux privilèges que me donne
la qualité d’ambassadeur, pour me soubzmettre à toutes sortes de ri-
gueurs , sy cela se treuve véritable, pourveu qu’en mesme tems on fasse
mettre Pau dans une prison, et qu’il soit puny exemplayreme[n]t sy l’on
fait veoir que c’est un imposteur.
Il a eu audience à trois diverses reprises de Messieurs les Estatz Géné-
raux qui ont esté ennuyez de sa longueur, et je m’assure que quand sa
mauvaise marchandise aura perdu la grâce de la nouveauté, il ne treuvera
pas son compte à l’avoir débitée.