Acta Pacis Westphalicae II B 6 : Die französischen Korrespondenzen, Band 6: 1647 / Michael Rohrschneider unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter MIthilfe von Rita Bohlen

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1
Entstehung und Inhalt der französisch-kaiserlichen Satisfaktionsartikel vom 13. Septem-
2
ber
1646 betreffend die Drei Bistümer. Rechtsstellung des Herzogs Karl IV. von Lothrin-
3
gen
gegenüber Frankreich.

4
Il faut sans doute que les prétentions et anciens droitz de la couronne de France sur les
5
trois éveschez de Metz, Thoul et Verdun, et ce qui a esté cy-devant traicté et accordé sur
6
ce sujet n’ayt pas esté bien représenté à messieurs les estatz de l’Empire; au contraire il y a
7
sujet de croire que les choses leur ont esté déguisées par l’artiffice des ennemis de la
8
France qui tâchent en toutes occasions d’effacer de l’esprit desditz sieurs estatz le ressen-
9
timent que la gratitude leur doit donner des grandes assistances qu’ilz ont receues du roy
10
très-chrestien, et de tous les périlz, dommages, pertes et dépenses que Sa Majesté a souf-
11
fert pour avoir entrepris leur deffense, ou de la pluspart d’entr’eux.

12
Ce qui est de plus fascheux en cette occasion est qu’on veut engager lesditz sieurs estatz à
13
impreuver ce qui a esté fait par messieurs les plénipotentiaires de l’Empereur, et de cette
14
sorte engager ceux que Sa Majesté Très-Chrestienne a tousjours tenus pour amys à des-
15
truire ou empescher ce qui a esté treuvé juste par ceux mesmes qui ont porté jusqu’à
16
présent la qualité d’ennemis de Sa Majesté.

17
Il y a deux choses à considérer en cette affaire, le faict et le droit, c’est-à-dire, ce qui a esté
18
traicté avec lesditz sieurs plénipotentiaires impériaux et les raisons dont la couronne de
19
France appuioit ses justes prétentions avant qu’avoir convenu avec eux de

49
19 sa] ergänzt aus den anderen Konzepten und der Kopie AE , CP Lorraine 35; fehlt in der
50
Druckvorlage.
sa satisfaction.
20
Pour le fait, il ne faut que lire les articles qui furent arrestez le 13 septembre de l’année
21
dernière pour estre contrainct d’avouer que tous les droitz qui ont cy-devant appartenu à
22
l’Empereur et à l’Empire sur lesditz Trois-Eveschez appartiennent aujourd’uy au roy
23
très-chrestien, et qu’on ne peut faire aucune difficulté qui soit bien fondée sur la préten-
24
tion de Sa Majesté sans contrevenir ausditz articles et destruire leur véritable sens, ce
25
qu’on ne peut croire estre l’intention de ceux qui en sont convenus. La qualité et mérite
26
des personnes avec lesquelz on a traicté, et l’opinion que chacun doit avoir de leur sincé-
27
rité et bonne foy ne permet pas de coire qu’ilz ayent voulu user en traittant avec ceux de
28
France d’aucune ambiguïté captieuse, moins encor d’aucune sorte de tromperie, ny par
29
conséquent qu’ilz veuillent aujourd’uy révoquer par des subtilitez les poinctz dont cy-
30
devant ilz sont demeurez d’accord, ny se servir du ministère d’autruy pour rendre leur
31
promesse sans effect.

32
Lesditz articles portent en termes exprès «quod supremum dominium, iura superioritatis
33
aliaque omnia in episcopatus Metensem, Tullensem et Virodunensem urbesque cognomi-
34
nes horumque episcopatuum districtus et nominatim Moyenvicum eo modo quo hactenus
35
ad Romanum spectabant Imperium, imposterum ad coronam Galliae spectare debeant»

51
Vgl. die ksl.-frz. Satisfaktionsartikel vom 13. September 1646 (Text: Repgen, Satisfak-
52
tionsartikel, Anhang I, hier 206, Teil I Absatz 1).
.
36
On peut conclurre démonstrativement de ces parolles que la couronne de France est sub-
37
rogée en la place et aux droitz de l’Empire dans toute l’estendue tant spirituelle que tem-
38
porelle de ces Trois-Eveschez qui dit «aliaque omnia» après avoir exprimé «supremum
39
dominium» et «iura superioritatis» ne réserve rien. L’on peut donc soustenir avec raison
40
que l’Empereur ny l’Empire n’ont pas eu intention de rien conserver dans toute l’estendue
41
des éveschez, et ceux qui voudroient à présent excepter de cette cession généralle les fiefz
42
ou terres des ducs, comtes, barons, ou gentilshommes qui sont situées dans l’estendue
43
desditz éveschez feroient faire à l’Empereur un manquement de parolle et une action con-
44
traire à sa dignité, en luy faisant retirer d’une main ce qu’il a donné de l’autre.

45
Cela est si vray et il est sy constant que ç’a esté l’intention des parties lorsqu’elles sont
46
demeurées d’accord desditz articles que les plénipotentiaires de France ayans tousjours
47
constamment soustenus que les droitz de Sa Majesté Très-Chrestienne se devoient esten-
48
dre en tous les lieux, où s’estendoit la jurisdiction spirituelle des Trois-Eveschez, c’est-

[p. 480] [scan. 592]


1
à-dire dans tous les diocèses, lesditz sieurs plénipotentiaires de l’Empereur, qui ayant d’a-
2
bord quelque sentiment contraire, avoient mis dans le premier project présenté de leur part
3
à ceux de France «districtus temporales»

41
In der ksl. Verbalnote vom 11. September 1646 war hinsichtlich der Satisfaktionsbestim-
42
mungen
für die Drei Bistümer vorgeschlagen worden, dem Wort districtus den Genitivus
43
possessivus temporalis dominii hinzuzufügen ( Repgen, Satisfaktionsartikel, 191 Anm. 86);
44
vgl. die auf den 11. oder 12. September 1646 zu datierende Marginalglosse in dem Vorakt
45
des frz. Textentwurfs vom 9. September 1646 mit späteren (bis 12. September 1646) Kor-
46
rekturen
Serviens u.a. (s. APW II B 4 nr. 148, hier 425 Anm. 1; vgl. Repgen, Satisfak-
47
tionsartikel
, 187 Anm. 67): ad verbum districtus addendum temporales ( AE , CP All. 66
48
fol. 412–419’, hier fol. 412’).
en un endroit, et en un autre «exceptis iuribus et
4
feudis ducum, comitum, baronum et nobilium, iure item clientelari»

49
Eine Schutzklausel für die von den Zessionsbestimmungen für die Drei Bistümer betroffe-
50
nen Rst. enthielt bereits die Ultima generalis declaratio der ksl. Ges. zur frz. Satisfaktion,
51
Münster 1646 August 31 (Text (lat.): Meiern III, 712 –718, hier 714); sie war entgegen
52
den ksl.-frz. Satisfaktionsartikeln vom 13. September 1646 von ksl. Seite u.a. in das IPM/
53
T (s. [nr. 1 Anm. 17] ) aufgenommen worden ( Repgen, Satisfaktionsartikel, 200).
, 〈et〉 après une
5
longue contestation de part et d’autre consentirent que le mot «temporales» fust osté du
6
premier

35
6 endroit] im Konzept AE , CP Lorraine 35, in der Kopie ebd. und im unvollständigen
36
Konzept AE , CP All. 102 folgt d’un commun consentement; in der Druckvorlage ist
37
diese Passage nachträglich gestrichen worden.
endroit, affin qu’on ne peut pas doubter que la cession de l’Empereur ne fust

38
6 faite] ergänzt aus dem unvollständigen Konzept; fehlt in der Druckvorlage, im Konzept
39
AE , CP Lorraine 35 und in der Kopie ebd.
faite
7
générallement pour tous les droictz que Sa Majesté avoit eus

40
7 in totos districtus] im Konzept AE , CP Lorraine 35 unvollständig in toto
in totos districtus tam spiri-
8
tuales quam temporales episcopatuum. Et toute l’exception qu’on avoit voulu faire en l’au-
9
tre endroit fust pareillement retranchée, lesditz sieurs plénipotentiaires impériaux ayant
10
reconnuz que les raisons de ceux de France estoient concluantes sur ce qui leur fust monstré
11
clairement que ce qui compose un évesché c’est proprement la jurisdiction spirituelle et non
12
point les revenus ou biens temporelz, qui non seulement ne peuvent passer que pour un
13
accident séparable de l’évesché, mais qui ayant esté inconnus à la primitive Eglise ne pou-
14
voient pas estre pris pour une partie nécessaire desditz éveschez.

15
Quand on a parlé de la jurisdiction spirituelle, ce n’est pas que le roy très-chrestien ayt
16
jamais eu intention d’en diminuer les prérogatives et privilèges ny de rien prétendre sur la
17
spiritualité, mais seulement pour désigner l’estendue desditz éveschez, qui à parler pro-
18
prement ne peut estre moindre que celle de la jurisdiction spirituelle, et ne peut avoir
19
d’autres limites que celles des diocèses sans qu’il soit besoing en façon du monde de con-
20
sidérer l’estendue des domaines ou biens temporelz des évesques.

21
Après avoir voulu limiter et restraindre ce qu’on a ceddé au roy très-chrestien auxditz
22
biens temporelz des évesques et avoir voulu excepter de la cession les fiefz des ducs,
23
comtes, barons etc. qui estoient auparavant immédiatement subjetz à l’Empire, on s’est
24
expressément départy de la limitation et exception, et on est demeuré dans la clause gé-
25
néralle qui a ceddé «suppremum [!] dominium, iura superioritatis aliaque omnia». On
26
peut donc soustenir comme il a desjà esté dit qu’il n’est pas possible aujourd’uy de faire
27
la mesme exception des estatz immédiatz ny la mesme restriction au temporel des éves-
28
ques sans contrevenir directement à ce qui a esté accordé.

29
Or il n’est pas croyable que les estatz de l’Empire estans bien informez de la vérité, veuill-
30
ent adhérer à une telle intention si esloignée de la sincérité germanique, et capable d’em-
31
pescher entièrement la conclusion de la paix.

32
Sy pour avancer le repos public on a fait en cette occasion quelque chose qui soit aucune-
33
ment contraire aux formes et constitutions anciennes de l’Empire, il en a esté usé de
34
mesme en plusieurs autres intérêtz où l’on a cru présentement devoir tourner le tableau

[p. 481] [scan. 593]


1
des loix pour un plus grand bien, et pour remettre les mesmes loix en vigueur par la paix,
2
faisant cesser le bruit des armes qui leur oste leur force et leur authorité. Sy l’on vouloit
3
regarder de sy prez à l’ancienne observation des constitutions impérialles en ce qui a esté
4
résolu touchant la Poméranie et le Meckelbourg, les archevesques de Magdebourg et de
5
Bremen, les éveschez d’Halberstad, de Minden et autres

38
Gemeint sind die entsprechenden Bestimmungen des ksl.-schwed. Satisfaktionsabkommens
39
vom 18. Februar 1647 (s. [nr. 22 Anm. 14] ).
, touchant le premier électorat

40
Gemeint ist die Vereinbarung über die Errichtung einer neuen Kur für Pgf. Karl Ludwig
41
und die Übertragung der früheren pfälzischen Kurwürde auf Bayern; vgl. [nr. 16 Anm. 3] .
,
6
le Haut- et le Bas-Palatinat

42
Vgl. ebd.
, et pour les nouveautez introduites en Bohême, et en plu-
7
sieurs autres endroitz que l’on prétend de faire subsister, il faudroit perdre toute espé-
8
rence d’accommodement. Et certes il est bien à craindre que ceux qui font remettre de
9
nouveau sur le tapis toutes ces questions et difficultez après qu’elles ont esté terminées
10
n’ayent plus d’envie de continuer la guerre que d’avancer la paix, ce que lesditz sieurs
11
estatz ont intérêtz d’empescher.

12
Car il faut considérer que sy l’on commence à soustenir que l’Empereur n’a peu ny deu
13
céder à la France les droitz qu’il avoit sur les estatz immédiatz scituez dans l’estendue
14
spirituelle des Trois-Eveschez, on pourra de mesme soustenir qu’il n’a pas peu céder son
15
droit sur le temporel des Trois-Eveschez, ny sur les trois villes impérialles

43
Metz, Toul und Verdun; vgl. [nr. 1 Anm. 24] .
qui estoient
16
aussy estatz immédiatz de l’Empire, n’y ayant pas plus d’apparence que l’Empereur ayt
17
peu disposer des intérêtz des uns que des autres, on appelleroit tousjours cella un démem-
18
brement de l’Empire pour rendre les François odieux.

19
On doit encor considérer que cette cession de l’Empereur de tous les droitz qu’il eust pu
20
prétendre dans toute l’estendue tant spirituelle que temporelle desditz

36
20 Trois] laut dem Konzept AE , CP Lorraine 35, der Kopie ebd. und dem eigenhändigen
37
Konzept des ersten Entwurfs statt troitz [!] in der Druckvorlage.
Trois-Eveschez fait
21
une des plus considérables parties de la satisfaction du roy très-chrestien dans le traicté de
22
paix sans laquelle Sa Majesté ne se fust pas engagée à donner trois millions de livres , ny à
23
payer pour deux millions de debtes

45
In den ksl.-frz. Satisfaktionsartikeln vom 13. September 1646 hatte Frk. sich bereit erklärt,
46
zwei Drittel der Schulden der Kammer zu Ensisheim für die Abtretung der habsburgi-
47
schen Besitzungen zu übernehmen (vgl. Repgen, Satisfaktionsartikel, Anhang I, hier 212).
, ny à faire des restitutions très considérables à des
24
princes d’une maison

48
Gemeint ist das Haus Österreich.
qui détient encor à la couronne de France des royaumes et des
25
Estatz entiers.

26
Pour faire veoir plus clairement que l’intention desditz sieurs plénipotentiaires impériaux
27
a esté telle qu’elle vient d’estre représentée, il ne faut que lire les plaintes injurieuses qui
28
ont esté faites de la part du duc Charles et de l’évesque de Verdun

49
Franz von Lothringen-Chaligny (1599–1672), seit 1623 Bf. von Verdun ( Gauchat, 370;
50
Pange, 229; Poull, 486f).
contre la cession de
29
l’Empereur et contre ses ministres qui l’avoient proposée. Il y a un endroit où après avoir
30
exprimé les biens et droitz qu’ilz disent posséder dans les Trois-Eveschez, ilz adjoustent
31
«quae omnia per hanc alienationem Galliae relinquerentur»

51
Vgl. die Repræsentatio ex parte Ducis Lotharingici, dict. 1646 Juli 18 (s. [nr. 1 Anm. 23] )
52
(Text: Meiern III, hier 576 , erster Absatz).
, ce qui fait paroistre évidem-
32
ment que ladite aliénation ayant esté faite depuis nonobstant lesdites plaintes et remons-
33
trances, les fiefz et droictz dudit duc, dudit évesque, et des autres estatz qui pouvoient
34
alléguer le mesme intérest qu’eux y ont esté compris par l’opinion mesme des plus pas-
35
sionnez ennemis de la France.

[p. 482] [scan. 594]


1
Les ministres de France offrent de justiffier par leur registres et les dépesches qu’ilz ont
2
faites à la cour de France en ce temps-là, et les originaux des responses qu’ilz en ont
3
receues

42
Vgl. insbes. Longueville, d’Avaux und Servien an Kg.in Anna, Münster 1646 September
43
17 (Text: APW II B 4 nr. 159), sowie Kg.in Anna an Longueville, d’Avaux und Servien,
44
Fontainebleau 1646 September 29 (Text: ebd. nr. 178).
, que ç’a esté l’intention des parties et principalement la leur quand ilz sont con-
4
venus des articles du 13 e septembre

45
Vgl. dagegen die Marginalien der frz. Ges. in der an den frz. Hof übersandten Kopie der
46
ksl.-frz. Satisfaktionsartikel vom 13. September 1646 über die Verhandlungsposition der
47
Ksl. hinsichtlich der Zessionsbestimmungen für die Drei Bistümer (Kopie: Ass.Nat. 276
48
fol. 154–162’, hier fol. 154’; vgl. APW II B 4 nr. 159 Beilage 1, mit Nachweis weiterer
49
handschriftlicher Überlieferungen; Druck (it. ÜS): Siri VIII, 239–253, hier 240f).
. Ilz feront veoir qu’ilz ont excusé auprez du Roy
5
leur maistre la facilité qu’ilz ont apportée à rendre les villes forestières et le Brisgau, et à
6
payer une si notable somme d’argent en se chargeant d’une si grande quantité de debtes
7
par l’avantage d’avoir appaisé pour jamais les différendz des Trois-Eveschez, en acquérant
8
à Sa Majesté tous les droitz que l’Empereur et l’Empire y pouvoient avoir. On verroit
9
bien clairement qu’ilz ne s’attandoient pas alors qu’on y deût faire des limitations ou des
10
exceptions, et certes après ce qu’ilz ont ingénuement contribué pour composer tous les
11
différendz qui retardent la conclusion du traicté de l’Empire, ilz n’eussent jamais cru
12
qu’on leur deût former de nouvelles difficultez sur une affaire ajustée. Ilz croioient au
13
contraire que l’on loueroit la modération du Roy leur maistre de n’avoir rien prétendu
14
de nouveau après le succez de la campagne passée quoyqu’ilz eussent réservé la liberté de
15
le pouvoir faire.

16
Mais quand tout ce que dessus n’auroit pas esté accordé et que l’on ne pourroit pas allé-
17
guer contre ceux qui

40
17 y] ergänzt aus dem eigenhändigen Konzept des ersten Entwurfs; fehlt in den anderen
41
Überlieferungen.
y apportent des difficultez exceptionem rei iudicatae aut saltem
18
transactae

50
Gemeint ist die dem Beklagten in einem zweiten Verfahren über den gleichen Streitgegen-
51
stand zustehende Einrede des rechtskräftigen Urteils oder der gütlichen Regelung (vgl. Dick,
52
147, 156f).
, on doit remarquer que ce n’est pas un droit nouveau et bien establi que l’Em-
19
pereur a abandonné, mais une vieille prétention prescripte et abolie par le temps, et capa-
20
ble d’engager l’Empire dans une guerre immortelle. Il y a prez d’un siècle entier que la
21
couronne de France est en paisible possession du droit de protection dans tout l’évesché
22
de Metz, plus de trois cens ans qu’elle a jouy du mesme droit dans celluy de Thoul, dont
23
l’on pourroit faire veoir les actes, et un temps immémorial qu’elle est aussy en possession
24
de celuy de Verdun. Le droit de protection a esté paisiblement exercé avec toute sorte
25
d’avantage et marque de supériorité, et l’on peut dire que la possession en a esté paisible
26
puisque les prétentions contraires que les empereurs ont pu avoir n’ont pas empesché
27
qu’ilz n’ayent vescu depuis prez d’un siècle comme il a esté dit en paix et amitié avec les
28
roys de France. Les articles qui ont esté accordez n’ont fait que changer l’ancien droit de
29
protection en celluy de souveraineté et de supériorité, quoyqu’en la forme que celuy de
30
protection avoit esté longuement exercé par les roys de France il ne fust pas beaucoup
31
différend de l’autre. Cette convention a esté faite pour rendre la paix de l’Empire durable,
32
et éviter à l’advenir tous subjetz de différendz entre la couronne de France et l’Empereur.
33
Ce ne seroit pas un bon chemin pour parvenir à la paix ny un moien propre pour appaiser
34
les nouveaux différens qui ont causé la prise des armes dans l’Empire, de réveiller les
35
anciens et faire revivre de vieilles prétentions abolies par un usage contraire. Cette pensée
36
donner〈oit〉 un juste sujet de deffiance à tous les voysins qui possèdent aujourd’uy des
37
Estatz sur lesquelz l’Empire a eu droit autreffois. La pluspart des autheurs depuis longues
38
années n’ont plus compté ces Trois-Eveschez dans le nombre des estatz de l’Empire, et les
39
ont mis dans la dépendence de la France, qui y a tousjours envoyé des gouverneurs et

[p. 483] [scan. 595]


1
officiers sans que l’Empire s’y soit opposé ny en ayt fait plainte. Il n’y a pas donc sujet de
2
se remuer ny de prendre intérest en ce qui a esté fait pour ce regard, comme on pourroit
3
faire en d’autres lieux qui seroient encores aujourd’uy sans contredit des dépendences de
4
l’Empire. La première nouveauté qui a esté entreprise contre les droitz de la France a esté
5
faite par le duc Charles, quand pour exciter des divisions entre l’Empire et la France affin
6
d’en proffiter, il se servit du nom de l’Empereur pour faire fortiffier Moyenvic

50
Moyenvic, zum Hst. Metz gehörige Festung, war 1630 von ksl. Truppen besetzt und befe-
51
stigt, im Dezember 1631 jedoch von frz. Truppen eingenommen worden ( Mohr, 295–301;
52
Babel, Habsburg, 121–126, 140).
, ce qui a
7
esté l’une des causes des troubles présens.

8
Pour

48
8 l’intérest] laut dem Konzept AE , CP Lorraine 35, der Kopie ebd. und dem eigenhändi-
49
gen
Konzept des ersten Entwurfs statt l’intérêtz [!] in der Druckvorlage.
l’intérest des estatz immédiatz qui croient de recevoir quelque préjudice en passant
9
de la supériorité de l’Empereur en celle de la couronne de France:

10
Premièrement l’on ne prétend pas comme quelques-uns d’eux l’ont cru que cette supério-
11
rité soit acquise au Roy en conséquence des fiefz que lesditz estatz possèdent dépendans
12
et relevans des Trois-Eveschez. On sçait bien que la qualité de vassal est différente de celle
13
de subject, et que dans l’Allemagne l’une n’attire point l’autre. On ne pense point de la
14
part de la France à establir de nouvelles formes dans l’Empire ny à changer les anciennes,
15
mais on soustient avec raison que l’Empereur ayant cédé au Roy «supremum dominium,
16
iura superioritatis aliaque omnia» que l’Empire pouvoit avoir sur lesditz estatz immé-
17
diatz, en conséquence de cette cession ilz doivent estre désormais sous la supériorité de
18
la couronne de France et non plus sous celle de l’Empereur, attandu que cette cession n’a
19
esté faicte que pour coupper chemin à toutes sortes de différendz à cause du droit de
20
protection qui appartenoit desjà à la couronne de France en toute l’estendue desditz
21
Trois-Eveschez.

22
2) Lesditz estatz n’ont pas plus de droit de l’empescher que les trois évesques et les trois
23
villes qui estoient autreffois (à ce que l’on dit) estatz immédiatz de l’Empire aussy bien
24
qu’eux.

25
3) Sy les électeurs et autres grandz princes de l’Empire ont contribué volontairement de
26
leurs Estatz, et se sont accommodez au temps présent pour establir le repos dans leur
27
patrie, lesditz estatz qui se rencontrent dans l’estendue desditz éveschez ne doivent pas
28
avoir regret au changement qu’ilz y souffrent pour un sy grand bien.

29
4) Veu mesme qu’ilz n’en recevront aucun préjudice réel et qu’ilz demeureront estatz
30
immédiatz soubz l’authorité et supériorité de la couronne de France, comme ilz l’estoient
31
autreffois sous celle de l’Empereur, sans qu’on ayt intention d’apporter aucun change-
32
ment ez leurs qualitez, prérogatives, dignitez, exemptions et privilèges, dont ilz jouiront
33
paisiblement soubz l’obéissance du roy de France, et avec espérence d’en recevoir plustost
34
des grâces à l’avantage de leurs maisons qu’aucune sorte de préjudice.

35
Quant au duc Charles de Lorraine pour les intérêtz duquelz on fait plus de bruit, c’est là
36
où il se doit rencontrer moins de difficulté. Entre les tiltres et droitz que le roy très-chres-
37
tien a contre luy il y en a quatre principaux qui sont indubitables.

38
Le premier est tiré de la protection qui appartient de longue main à la France sur les
39
Trois-Eveschez contre laquelle les ducs de Lorraine ayans fait en divers temps plusieurs
40
entreprises et usurpations en quoy ilz ont esté souvent favorisez par le crédit et authorité
41
que les princes de leur maison ont eu dans les affaires de France, il y a eu tousjours de très
42
grandz différendz entre la France et eux pour ce sujet, où lesditz ducs ayans persisté en
43
leurs usurpations, les troubles du royaume et quelques autres considérations ont empes-
44
ché le roy très-chrétien de se faire faire raison jusqu’à présent.

45
Le second est fondé sur la conqueste qui a esté faite de tous les Estatz dudit duc par une
46
juste guerre, où il a tousjours esté l’aggresseur après mesme avoir violé les divers traictez
47
qui ont esté faictz avec luy.

[p. 484] [scan. 596]


1
Le troisième est tiré du dernier traicté solemnellement fait à Paris

41
Gemeint ist der Vertrag von Paris vom 29. März 1641 (s. [nr. 1 Anm. 21] ).
avec ledit duc, où
2
s’estant rendu volontairement et sans y estre convié pour obtenir par cette franchise et
3
par ce respect rendu au feu roy Louys XIII la restitution de ses Estatz, elle luy fust
4
libérallement accordée à condition qu’il demeureuroit ferme à l’ad[v]enir dans le party
5
de Sa Majesté. Qu’il renonceroit à toutes autres alliances, et que s’il contrevenoit à sa
6
promesse pour la 4 e fois comme il avoit desjà fait par trois autres

42
Bezug genommen wird hier auf die entsprechenden Vertragsbestimmungen der in Anm.
43
54 gen. frz.-lothringischen Verträge von Vic, Liverdun und Nancy.
, il promettoit de
7
remettre entre les mains du Roy tous les Estatz et places qui luy devroient estre rendues,
8
et consentoit qu’ilz demeurassent pour jamais unis à la couronne de France. Cette pro-
9
messe fust faite et jurée publiquement sur les saintz évangiles, non seulement à la veue
10
de toute la cour de France

44
Am 2. April 1632 ( dHaussonville II, 92; Mommsen, 331)
, mais encor une seconde fois à Bar-le-Duc

45
Bar-le-Duc, Hauptstadt des Hgt.s Bar, 1632 von frz. Truppen erobert. Die erneute Be-
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schwörung des Pariser Vertrags vom 29. März 1641 durch Hg. Karl IV. von Lothringen
47
in Bar-le-Duc fand am 21. April 1641 statt ( Mommsen, 331).
avec les mesmes
11
solemnitez lorsque ledit duc eust esté restabli dans ses Estatz dont les actes sont publics
12
et peuvent estre monstrez à ceux à qui il resteroit quelque doubte, en suite de quoy ledit
13
duc tesmoigna hautement par ses discours et plusieurs de ses lettres

48
Vgl. dHaussonville II, 92f.
qu’il estoit très
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obligé au Roy, et demeuroit très satisfait des grâces qu’il avoit receues de Sa Majesté. Il
15
n’y auroit jamais de seureté dans les affaires du monde, sy on pouvoit aujourd’uy révo-
16
quer en doubte l’exécution de ce traicté qui acquiert si légitimement au Roy tous les
17
Estatz dudit duc, veu mesme qu’il a fallu supporter des dépenses excessives et recevoir
18
des préjudices extrêmes dans d’autres desseins pour reprendre par les armes les places
19
qui luy avoient esté rendues, ce qui donne à Sa Majesté le second droit d’une juste
20
conqueste sur lesditz Estatz.

21
Le

35
21 quatriesme] laut dem eigenhändigen Konzept des ersten Entwurfs statt 4. in der Druck-
36
vorlage
; im Konzept AE , CP Lorraine 35 und der Kopie ebd.: 4 e
quatriesme droit du Roy procède de la cession de l’Emper〈eur〉. Quand on n’auroit
22
pas acquis par les armes et par les raisons touchées cy-dessus la propriété des Estatz dudit
23
duc, il ne pourroit pas disputer au Roy la supériorité et souveraineté sur les terres et pays
24
qui relèvent des Trois-Eveschez, et qui sont situez dans leurs diocèses, puisque ledit duc
25
ne désadvoue pas que la supériorité et souveraineté sur lesditz terres et pays n’ayt cy-de-
26
vant appartenu à l’Empereur, qui en a faict cession au Roy par les articles du 13 septem-
27
bre, ainsy qu’il a esté preuvé cy-devant. Ledit duc ne peut pas estre recevable à empescher
28
l’effect de ladite cession, puisque ceux mesmes desquelz il relève comme vassal (principa-
29
lement l’évesque de Metz) ne s’y opposent pas et n’ont pas droit de le faire.

30
On objecte trois choses en faveur dudit duc:

31

37
31 Il est] im Konzept AE , CP Lorraine 35 und in der Kopie ebd.: 1 e Il est
Il est estat de l’Empire comme marquis de Nomeny

49
Nomeny, 1567 zur Mgft. erhobenes Hst.; als Mgf. von Nomeny war der Hg. von Lothrin-
50
gen Reichsvasall mit Sitz und Stimme im RT . Hg. Karl IV. hatte die Mgft. mit noch an-
51
deren, vom Reich abhängigen Hft.en 1627 zu Lehen genommen ( Mohr, 209f; Babel,
52
Habsburg, 22f).
. On ne peut pas donc faire la paix
32
sans qu’il y soit compris.

33
2) Par la transaction faitte à Nur〈em〉berg en l’année

38
33 1542] laut dem eigenhändigen Konzept des ersten Entwurfs statt 1642 [!] in der Druck-
39
vorlage
; im Konzept AE , CP Lorraine 35 und der Kopie ebd. von 1642 korrigiert zu
40
1542.
1542 l’Empire est obligé de deffen-
34
dre les ducs de Lorraine.

[p. 485] [scan. 597]


1
3) Estant vassal pour raison des terres qu’il possède dans les Trois-Eveschez, il n’est pas
2
juste de l’abandonner, ayant esté comme il dit tousjours très fidelle à l’Empereur.

3
Mais il est aisé de respondre à ces trois objections. Sur la première, on ne refuse pas de
4
comprendre ledit duc dans la paix, pourveu qu’il désarme, et qu’en exécution du traicté
5
par luy fait à Paris, il renonce à toutes ses prétentions sur les Estatz que le Roy possède à
6
présent, qui ne vallent pas les immenses dépenses qu’il a fallu faire pour les reprendre tant
7
de diverses fois avec les armes, mais il n’y auroit point de justice dans le monde, ou pour
8
le moins on pourroit dire qu’elle ne règneroit pas dans l’Empire, sy un prince pour estre
9
estat de l’Empire avoit la liberté de provoquer par les armes et par diverses injures un roy
10
son voisin, et sy ayant eu du pire en ses entreprises, et faict plusieurs traictez qu’il a vio-
11
lez, il estoit dispensé de les exécuter pour ce qu’il est estat de l’Empire. On ne sçauroit
12
monstrer que 〈par un〉 semblable

42
12 intérest] laut dem Konzept AE , CP Lorraine 35, der Kopie ebd. und dem eigenhändi-
43
gen
Konzept des ersten Entwurfs statt intérêtz [!] in der Druckvorlage.
intérest il soit juste de retarder une paix généralle dont
13
toute la chrestienté a tant de besoin.

14
On pourroit se contenter de dire sur la seconde objection que la prétendue transaction de
15
Nuremberg 〈fait en〉 1542 n’a jamais esté observée de la part dudit duc ny de la part de
16
l’Empire non plus que celle de Bourgogne du 1548 au préjudice de laquelle l’Empire n’a
17
jamais voulu s’intéresser dans les guerres des Pays-Bas. Mais quand il la faudroit exécuter,
18
l’intention des parties n’a pas esté en faisant cette transaction que par ce moien il fust
19
permis aux ducs de Lorraine de troubler et inquietter impunément leurs voysins, on n’a
20
entendu que de les deffendre, en cas qu’ilz fussent attaquez injustement et sans cause, ce
21
qu’on ne peut pas dire avoir esté fait de la part de la France, qui s’est tousjours très vo-
22
lontiers accordée amiablement avec ledit sieur duc toutes les fois qu’il s’est voulu mettre à
23
la raison.

24
S’il n’eust point reffusé de rendre l’hommage qu’il doit à la couronne de France comme
25
duc de Bar

46
Zu den Versuchen Hg. Karls, nach dem Vertrag von Paris vom 29. März 1641 die Huldi-
47
gung
für das Barrois mouvant hinauszuschieben vgl. Mohr, 337.
, s’il n’eust point fait quantité d’offenses au feu roy où l’Empereur ny l’Em-
26
pire n’avoient aucune sorte d’intérêtz, jamais on n’eust exercé d’hostilitez contre luy. On
27
eust continué de le traitter en amy et en voysin comme on avoit tousjours fait, veu mesme
28
que le différend de Moyenvich qu’il avoit excité à mauvaise intention (et comme on le
29
veut croire sans l’ordre ny le sceu de l’Empereur) avoit esté terminé avant le premier
30
traicté qui fust fait avec ledit duc

48
Gemeint ist sicherlich der frz.-lothringische Vertrag von Vic vom 6. Januar 1632 (Text
49
(frz.): DuMont VI.1, 28f; dHaussonville I, 370–374).
, cette place qui dépend de l’évesché de Metz ayans
31
esté remise entre les mains de Sa Majesté selon la raison et la justice.

32
Mais supposé que l’Empereur fust intéressé dans toutes les entreprises que ledit duc a
33
faites contre la France (ce qui n’est pas) sy l’on veut bien examiner sa conduite envers
34
l’Empereur, on trouvera que cette fidélité que les siens exaggèrent sy fort n’a pas esté à
35
l’espreuve des moindres petitz avantages qu’il a peu rencontrer en s’accommodant avec le
36
feu roy. Les quatre traictez

50
Gemeint sind die frz.-lothringischen Verträge von Vic vom 6. Januar 1632 (s. Anm. 53),
51
von Liverdun vom 26. Juni 1632 (Text (frz.): DuMont VI.1, 39f; dHaussonville I,
52
382–385), von Nancy vom 6. September 1633 (Text (frz.): DuMont VI.1, 54f; dHaus-
53
sonville
I, 406–409) und von Paris vom 29. März 1641 (s. [nr. 1 Anm. 21] ).
qu’il a faictz avec Sa Majesté sont publics. Il n’y en a pas un
37
qui ne porte une renonciation formelle à l’amitié et à toutes les alliances de la maison
38
d’Austriche. Peut-estre dira-t-on que ledit duc avoit oublié en le faisant que l’Empereur
39
estoit de cette maison. On demande donc sy après les avoir faictz, il n’y a pas eu autant
40
d’infidélité de les rompre qu’il y en avoit eu de les faire contre son serment et son devoir
41
qu’il ne faudroit pas alléguer maintenant

44
41 après] ergänzt aus dem Konzept AE , CP Lorraine 35, der Kopie ebd. und dem eigen-
45
händigen
Konzept des ersten Entwurfs; fehlt in der Druckvorlage.
après en avoir fait sy peu de cas? N’est-ce pas un

[p. 486] [scan. 598]


1
sujet très légitime à l’Empereur de l’abandonner puisqu’il a renoncé à son amitié et à son
2
alliance? Seroit-il juste que pour authoriser un manquement de parolle et la rupture de
3
plusieurs traictez, on retardast la paix de toute l’Europe? S’il faut que quelqu’un souffre
4
pour le public, ne vaut-il pas mieux que ce soit un vassal qui a manqué à son devoir, qui a
5
fait des traictez particulliers quand par sa propre confession il estoit obligé de faire la
6
guerre pour son souverain? A[-t]-il raison aprez cella de prétendre qu’on rompe un traicté
7
général, et qu’on immortalise la guerre pour l’amour de luy? Il y a bien peu d’apparence
8
qu’une assemblée sy renommée, par la sincérité et par la bonne foy comme celle des estatz
9
de l’Empire, puisse prendre une telle résolution qui seroit contraire à la justice, et qui
10
l’engageroit à authoriser un manquement de foy et à soustenir un parjure, au mespris de
11
tout ce qu’il y a de plus sainct et inviolable parmy les hommes sans que l’on en pust
12
espérer autre fruit que la continuation de la guerre.

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