Acta Pacis Westphalicae II B 5,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 1. Teil: 1646 - 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
Nous respondrons aux mémoires du Roy du 29 et 30 du mois passé par
le courrier qui pourra partir d’icy dans trois ou quatre jours. Et cependant
il a esté jugé à propos de vous faire ce mot, de crainte que n’ayant point
de noz nouvelles par l’ordinaire, on ne fust en quelque peine.
Nous travaillons beaucoup et avançons fort peu dans la négotiation, soit
que les |:demandes tropt haultes et les procédures des Suédois en soient la
cause, ou que les irrésolutions du marquis de Brandebourg y contri-
buent:|. Il est encor à craindre que |: cet électeur s’estant allié avec mon-
sieur le prince d’Orange
sieurs les Estatz qui le rendront plus difficilles:| et le confirmeront dans la
lenteur qui est comme naturelle aux Alemans.
Noz précédentes vous auront appris l’expédient qui avoit esté concerté,
que la couronne de Suède retînt avec l’Antérieure Poméranie l’isle de
Wolhim et que restituant Stetin et Gars à l’électeur, elle receût de l’Em-
pire une somme de douze cens mil risdales. Monsieur Salvius avoit tes-
moigné d’approuver ceste ouverture, et néantmoins il ne nous y a faict
aucune response depuis qu’il est de retour à Osnabrug. Mais monsieur
Oxenstiern et luy nous ont envoié une lettre dont la copie sera cy-joincte,
par laquelle vous verrez qu’au lieu de prendre quelque tempérament, ils
prétendent non seulement retenir Stetin et Gars avec l’isle de Wolhim,
mais aussy que les douze cens mil risdales leur seront payées.
Ce qu’il y a de meilleur dans leur escrit, est qu’ils |:y mettent une alterna-
tive:|, c’est-à-dire qu’au cas que l’électeur ne veuille donner son consente-
ment, ils demandent que toutte la Poméranie leur demeure avec la garan-
tie de l’Empereur et des estats de l’Empire; de sorte que se pouvant au
moins traicter sur ce party, nous devons aujourd’huy voir le comte de
Trautmansdorff, où monsieur Contareny se trouvera, pour délibérer en-
semble sur l’envoy des personnes que les Impériaux et Electoraux doivent
dépescher vers le marquis de Brandebourg, pour en luy donnant part du
contenu en ladicte lettre, le convier de prendre une résolution. Ilz désirent
que nous y envoyions aussy; à quoy nous consentirons pour donner d’au-
tant plus d’esclat et de vigueur à ceste instance, et pour faire voir à tout le
monde la sincérité de Leurs Majestez et le grand désir qu’elles ont de la
paix.
Quant à la pensée que l’on avoit voulu donner à monsieur Oxenstern de
laisser la Poméranie à l’électeur et de prétendre la satisfaction de la Suède
toutte en biens d’Eglise , nous avons escrit au sieur Chanut que sy l’on
en parle à Stocholm, il en fasse connoistre les inconvéniens, disant que
c’est une invention qui ne peut jamais produire autre effect que la
longueur dans le traicté et suject de division entre les couronnes, ausquel-
les on veut tendre piège pour les faire tomber dans un escueil qu’elles ont
sy heureusement évité jusqu’icy. On ne sçait pas sy ledict sieur Oxen-
stiern en a escrit , mais il ne se parle plus tant de ceste nouveauté dont le
bruict avoit fort couru dans l’assemblée, et la lettre des plénipotentiaires
de Suède semble tesmoigner qu’ils ne s’y sont pas arrestez, comme en
effect la prudence ne permet pas d’y entendre et leurs propres intérestz y
sont contraires.
Le traicté avec Espagne semble estre mieux disposé, et pourveu que |:Mes-
sieurs les Estatz ne fassent point de nouvelles et extraordinaires deman-
des:| comme quelques-uns croyent qu’ils veulent faire, il y a lieu d’espérer
qu’il pourra estre bientost conclu. |:Nous ne sommes pas marris des diffi-
cultez qui se peuvent rencontrer à leur esgard afin d’avoir le temps de voir
quel sera le succez:| des instances qui se font continuellement tant à La
Haye qu’icy pour la garantie réciproque, comme estant le fondement et
la seureté de tout nostre traicté. Leurs députés qui estoient absens sont de
retour; ils nous ont prié de trouver bon qu’ils pussent proposer comme
d’eux-mesmes les expédiens qu’ils estiment propres à terminer les poincts
dont il reste à convenir; ce que n’ayans pu refuser, ils nous donnèrent hier
au soir l’escrit dont vous trouverez une copie avec la présente. Il y a beau-
coup de choses |:qui ne nous plaisent pas:|, sur quoy nous leur eussions
respondu dez aujourd’huy sy nous n’estions occupez ailleurs. Nous ren-
drons un compte exact de tout par le courrier que nous dépescherons.
Il n’y a tousjours point icy de nouvelles des armées, et nous ne sçavons ce
qui se faict touchant la suspension.