Acta Pacis Westphalicae II B 4 : Die französischen Korrespondenzen, Band 4: 1646 / Clivia Kelch-Rade und Anuschka Tischer unter Benutzung der Vroarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Michael Rohrschneider
Nous avons receu vostre lettre avec celle de la Royne du 29 du mois passé,
ensemble la copie d’une lettre du duc de Bavières et de l’escrit présenté au
Roy par les Catalans. Les |:Espagnolz continuent de traitter avec nous par
l’entremise des ambassadeurs de Messieurs les Estatz et tesmoignent désirer
sans que nous en puissions comprendre le subject que cella ne soit pas sceu
par les médiateurs:|.
Il peut bien estre que les ministres d’Espagne ayent |:quelque dégoust d’eulx
à cause que monsieur Contarini a tousjours fort insisté qu’il falloit faire une
trêve pour le Portugal:| jugeant bien que sy la |:liberté demeure au roy
d’Espagne d’y faire la guerre, la République ne pourra estre si puissament
secourue:|; et comme ce point est extrêmement |:sensible aux Espagnolz:| et
qu’ils ont trouvé en cella |:les Hollandois plus favorables à leur intention:|,
ils ont mieux aymé s’addresser à eux, joinct le dessein qu’ils peuvent avoir
|:d’establir par ce moyen une liaison plus grande avec Messieurs les Estatz:|
et qu’ils croyent aussy peut-estre |:d’obtenir plustost et plus efficacement
la paix de la France par leur entremise:|. Mais il est estrange d’ailleurs
qu’ilz ayent plus |:de confience en leurs propres ennemis qu’aux média-
teurs:|, veu mesmes que l’un d’eux est |:ministre d’un prince qui paroist
leur estre favorable:|. Nous remarquons de plus qu’il est comme impossible
que lesdictz |:sieurs médiateurs n’ayent cognoissance de ce qui se passe:|
de quoy touttesfois ils ne |:tesmoignent aucune jalousie et l’ont souffert
jusques icy sans aucune plainte:|. Touttes ces choses nous donnent |:un
grand désir de descouvrir la véritable raison de cette procédure que nous
n’avons encor pu pénétrer:|. Nous aurons l’œil ouvert pour éviter les pièges
que l’on nous pourroit tendre, et nous empescher s’il se peut d’en recevoir
aucun préjudice.
Pour faire voir ce qui s’est passé nous envoyons la copie de deux escrits , l’un
|:donné par les ambassadeurs de Messieurs les Estatz pour response à celluy
qui fut mis entre leurs mains:| lorsqu’ils nous vinrent trouver à Osnabrug, et
qui a esté porté à la cour par le sieur de Farceaux; l’autre contient ce que
|:nous y avons répliqué:|. Et on a mis en marge quelques observations sur les
poinctz qui nous ont semblé mériter esclaircissement.
Voyant que ce qui retarde la conclusion du traicté dans l’Empire est la satis-
faction de la couronne de Suède, nous cherchons toutte sorte d’expédiens
pour la faciliter. Messieurs Oxenstiern et Salvius s’estoient plaints à nous
qu’on ne leur avoit jamais faict une proposition nette et bien expresse qui soit
obligatoire. Pour lever ce prétexte nous avons faict en sorte que les Impériaux
leur ont faict une offre formelle
donner advis par le sieur de Saint-Romain qui a esté exprez à Osnabrug .
Ceste offre est de leur laisser la Poméranie antérieure et la conseigneurie de
Wismar en leur donnant pour l’un et pour l’autre l’investiture de l’Empereur,
l’omologation dans les estatz de l’Empire et leur garantie ensemble [le]
consentement de l’électeur de Brandebourg; item de laisser l’archevesché de
Bremen et [l’]évesché de Verden pour en disposer à perpétuité par la cou-
ronne de Suède, à la charge de ne changer point l’estat et la forme de posséder
ces biens ecclésiastics qui a esté gardée jusques à présent. Cet office que nous
leur avons rendu a esté receu d’eux avec agréement; ilz ont promis de le faire
sçavoir à leur royne et de renouveller leurs instances pour avoir des ordres
favorables, mais ils ont tousjours persisté à dire qu’ils n’en avoient aucun de
se relascher quoyque les Impériaux ayent une opinion contraire, et que pour
|:les obliger à s’en descouvrir nous leur eussions faict entendre:| que nous
n’avions pas dict |:aux parties qu’ilz n’eussent point d’ordre afin de:| pouvoir
tirer d’eux ceste dernière déclaration. Ilz ont aussy promis de faire bientost
partir un officier d’armée qui est à ceste heure auprès d’eux, et d’escrire par
luy à monsieur Wrangel de la suspension d’armes. Nous y envoierons le sieur
de Croissy avec instruction de prier de nostre part monsieur le maréchal de
Turenne d’accorder s’il se peut une suspension généralle, |:mais au cas que les
Suédois s’i rendissent tropt difficilles d’en arrester une particulière avec mon-
sieur de Bavières à condition néantmoings qu’il sera au choix des Suédois d’y
estre compris:|, nous croyons qu’il y aura du temps assez pour escrire de la
cour audict sieur mareschal et pour luy donner les ordres que la Royne aura
agréables et jugera nécessaires.
Les députez de Bavières se plaignent grandement de ce qui se faict au-
jourd’huy contre leur maistre après tant de bons offices qu’il a rendu aux
couronnes. Ils disent qu’il a pu occuper partie des places que nous tenons
auprès du Rhein, et qu’il ne l’a pas voulu faire; que pour avoir recherché par
tous moyens l’amitié de la France, il est hay des princes de son party, qui luy
reprochent ce qu’il a faict pour nous, et la belle récompense qu’il en reçoit
aujourd’huy. Il leur a esté respondu que c’est au grand desplaisir de Leurs
Majestés que les choses sont réduictes en cet estat; |:qu’on l’avoit esvité au-
tant qu’on avoit peu et mis toutes choses au hazard pour ne tomber pas dans
cet inconvénient:| qui a esté préveu et prédict plusieurs fois; qu’il n’avoit tenu
qu’à leur maistre d’estre le plus heureux prince de l’Alemagne, pouvant de-
meurer armé et attendre en toutte seureté l’événement de la guerre |:en faisant
une suspension particulière qui tant de fois luy avoit esté offerte:|; que quand
les grandes armées sont engagées dans un dessein, il n’est pas bien aisé de les
retenir après quand on veut; que le seul remède que nous voiions, estoit de
faire une suspension généralle, à quoy nous travaillerions de tout nostre pou-
voir |:ou de convenir d’une particulière aux conditions dont il a cy-devant
esté parlé entre nous:|. Ils ne rejettèrent pas ceste offre, ny ne l’acceptèrent
pas aussy, disans qu’ils n’avoient point d’ordre de leur maistre, ce que nous
croyons aisément.
Nous leur déclarasmes que dans le traicté nous porterions leurs intérestz avec
plus de vigueur que nous n’avions jamais faict, et que nous l’avions dict net-
tement aux Suédois et au député mesme du prince Palatin, ce qui n’addoucit
que fort peu leur ressentiment qui paroissoit bien grand.
Le sieur Roncalis qui doit partir d’icy dans trois ou quatre jours pour aller
en France, nous a dict qu’il avoit ordre d’y parler de quatre choses princi-
pallement, la première d’exhorter à la paix à cause du grand besoing qu’en a
la chrestienté et le roy de Pologne en particulier pour avoir irrité un sy puis-
sant ennemy qui ne manquera pas de s’en ressentir. En second lieu il doit
recommander fortement les intérestz de monsieur le duc de Neubourg
Pgf. Wolfgang Wilhelm (1578–1653), 1613 zum Katholizismus konvertiert, seit 1614 Hg.
von Pfalz-Neuburg ( DBA 1391,375; Fries-Kurze). 1647 kam es zu neuen Auseinanderset-
zungen zwischen Pfalz-Neuburg und Kurbrandenburg im jülich-klevischen Erbfolgestreit
(s. [nr. 22 Anm. 10] ; Opgenoorth I S. 164–168).
pour lequel le roy son maistre a grande passion, disant qu’il entrera en
guerre avec l’électeur de Brandebourg sy celuy-cy la faict audict duc. Il a
dict aussy que ce roy luy conseillera de |:se mettre soubz la protection de la
France comme a faict l’archevesque de Trèves:|. La troisiesme chose dont
il nous a parlé, est de |:de n’ayder pas la couronne de Suède en la prétention
de retenir toute la Pommeranie:|. Et la quatriesme est que, sur ce qui a esté
représenté au roy de Pologne de la part de |:la Reyne pour l’exacte ob-
servation de la trêve avec la Suède:| ledict roy a faict une déclaration dont
ledict sieur Roncalis est porteur que son intention n’est pas de venir |:à
aucune rupture:| et nous croyons qu’il |:désireroit avoir les offices et l’inter-
position de la France pour obtenir une pareille déclaration de la reyne de
Suède:|.
Quand les plénipotentiaires de Suède |:estoient icy les seulz recherchez et
qu’on nous laissoit en arrière:|, nous eussions esté bien aises d’avoir |:en main
cette dernière proposition:| pour faire valoir le moien que nous |:eussions eu
de les délivrer de la crainte des Polonois:|. Mais en l’estat où nous sommes à
présent, nous avons jugé qu’il |:estoit utille de les laisser dans cette apréhen-
tion pour les rendre plus traictables:| et sommes bien aises que le temps que
|:ce résident employera pour aller à la cour et y faire cette demande se puisse
escouller avant que les Suédois en sachent rien:|. Nous avons sceu depuis peu
le maréchal Horn a esté envoie en Livonie , afin que dans ceste province il se
trouvast un homme de commandement, au cas qu’il y eust quelque mouve-
ment du costé de la Pologne.
Et quant aux autres poincts nous avons dict au sieur Roncalis qu’il n’y a
aucun prince en la chrestienté qui désire la paix avec plus de passion que
Leurs Majestez, qui ont tesmoigné ce désir de sorte que personne dans ceste
assemblée n’en doute plus; que nous estimons qu’elles auront grand esgard
aux recommendations qui leur seront faictes de la part du roy de Pologne,
et quelles contribueront volontiers à l’accommodement des différens qui
sont entre l’électeur de Brandebourg et le duc de Neubourg, et que pour la
difficulté qui se trouvoit aujourd’huy au faict de la Poméranie, elle venoit
de la conduicte qu’avoient tenue les Impériaux qui avoient donné espérance
de la laisser toutte entière en un temps où ilz croyoient pouvoir par ce
moien séparer noz alliez d’avec nous, et que nous ne laissions pas pourtant
en gardant une fidélité entière à nosdictz alliez d’essaier à les faire conten-
ter de moins, et de nous emploier en faveur des Impériaux en une chose
qu’ils avoient faicte pour nous procurer du mal, et qui nuisoit à présent à
eux-mesmes.
Les députés de Messieurs des Ligues en la dernière assemblée tenue à Bade
nous ont escrit
poursuittes qui se font en la chambre impérialle de Spire contre la ville de
Basle
Vgl. [nr. 86 Anm. 16] .
liberté. Nous vous supplions, Monsieur, de le vouloir représenter, à ce qu’il
plaise à Leurs Majestez escrire au gouverneur de Spire
justice
Vautorte (s. [nr. 75 Anm. 4] ).
escrirons cependant à l’un et à l’autre, comme nous avons faict espérer par la
response que nous avons faicte auxdictz Sieurs des Cantons. C’est une
affaire qui est juste et quand les Suisses s’addresseroient à l’Empereur pour
faire cesser ces poursuittes, il l’ordonneroit aussy selon que le docteur Wol-
mar luy-mesme nous en a assuré, mais il est glorieux au Roy qu’ils ayent
plutost recours à Sa Majesté.
Pour faire mieux comprendre ce qui s’est faict avec messieurs les plénipoten-
tiaires de Suède, nous vous envoyons la relation que le sieur de Saint-Romain
en a faict par nostre ordre.