Acta Pacis Westphalicae II B 3,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 2. Teil: 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach

29
Saladin hat mir nr. 192 und nr. 205 bereits am 12. übergeben können. Il a fallu
30
du temps pour les deschiffrer et comme il ne s’est point tenu de conseil je n’ay
31
pu les présenter à Sa Majesté. Ce sera aidant Dieu lundy et que je luy en feray
32
la lecture, de laquelle Sa Majesté recevra sans doute beaucoup de satisfaction,

[p. 723] [scan. 53]


1
car bien qu’elle l’ait entière du choix qu’elle a fait de Son Eminence pour luy
2
donner la principale conduitte de

38
2 l’administration] Ass. Nat. 272: l’éducation
l’administration du Roy, elle s’augmente
3
par l’approbation que le public luy donne, et c’est avec tant de connoissance
4
et d’art que vous louez Sa Majesté que je ne dois pas la priver de ce conten-
5
tement. Elle en aura encores un second apprenant avec quel soin les Espa-
6
gnolz se veullent excuser de tout ce qui s’est publié soit en Hollande ou ail-
7
leurs au préjudice de sa bonne foy, bien qu’elle sache que c’est artifice que le
8
désaveu; mais elle espérera que le premier leur aiant si mal réussi ilz se dépar-
9
tiront de cette mauvaise manière d’agir et qu’ils seront enfin pour songer à la
10
paix à des conditions justes et arrester par elle le cours de noz prospéritez que
11
l’on avoit voulu sacrifier au repos et au bien de la chrestienté. Il fut jugé par
12
tant de princes que pour l’asseurer il falloit que la France eust un passage en
13
Italie, mesme par ceux qui l’ont vendu, qu’on ne doit pas croire que Sa Ma-
14
jesté l’abandonne, aussy l’aiant acquis à si juste titre elle le conservera comme
15
vous l’avez parfaittement bien dit, et cella n’entre ny ne fait aucune condition.
16
Ainsy les ennemis doivent perdre l’espérance que nous quittions Pignerol ou
17
que l’on démolisse les fortifications de Cazal; et ce qui peut estre dit contre
18
cette proposition et mesme pour l’appuier a esté préveu, et voz instructions
19
vous donnent un entier esclaircissement des

39
19 partis] aus den übrigen Fassungen statt: parties in der Druckvorlage.
partis qu’on peut accepter, et de
20
quelles raisons deffendre l’honneur du Montferat, et la liberté de l’Italie qui a
21
esté la fin première des despenses excessives et de la guerre que cette cou-
22
ronne a soustenue. Comme les différens qui estoient entre les maisons de Sa-
23
voie et Mantoue en

40
23 furent] aus AE , CP All. 76 statt: fut in der Druckvorlage.
furent le prétexte, pour lever tout sujet d’une nouvelle
24
guerre, il est expédient de les terminer et dans le traitté général d’y faire faire
25
raison au Roy et aux Grisons de la Valteline, assoupir ce trouble ainsy que
26
vous l’avez proposé. Si j’ozois je vous dirois que vous pouviez vous dispenser
27

41
27 de la restitution] aus den übrigen Fassungen eingefügt; fehlt in der Druckvorlage.
de faire encores la demande de la restitution de Correggio, bien qu’il vous ait
28
esté ordonné il y a quelque temps, mesmes par voz instructions de le faire, et
29
la connoissance que vous avés que le cardinal de Modène

43
= Kardinal d’Este.
a accepté la protec-
30
tion des affaires de France en cour de Rome, que le duc se dispose à se décla-
31
rer françois pouvoit vous faire prendre ce party. Quand j’auray sceu ce que Sa
32
Majesté pensera sur cette ouverture et ce qu’elle délibérera devoir estre escrit
33
audit duc je ne manqueray de vous en informer. Je me suis apperceu que vous
34
avés fait gouster aux médiateurs que pour la seureté de la paix il faudra faire
35
une ligue, je suis bien trompé ou Sa Majesté en aura un extrême contente-
36
ment, qui a jugé que c’estoit le moien le plus asseuré pour la rendre durable.
37
Si les prisonniers de part et d’autre doivent estre relaschez le prince Edouard

[p. 724] [scan. 54]


1
doit estre du nombre, mais on cherchera des exceptions contre luy que par
2
vostre adresse et vostre fermeté vous surmonterez, et certes il a besoin d’une
3
puissante protection. Sous les conditions que vous avés avancées, l’Empereur
4
et les princes de sa maison pourront estre compris dans le traitté; il me semble
5
aussy que vous les nécessitez par là à faire la paix de l’Empire et que quand
6
vous faittes qu’on nomme le duc Charles vous l’obligez à une renonciation de
7
tous ses Estatz. Si les Espagnolz peuvent donner dans le piège que vous leur
8
avez dressé, il y eût eu de quoy animer contre eux la province de Hollande
9
qu’ils font rechercher sous main et qu’ils animent contre les autres. Sur les
10
offres faittes, je n’ay rien à dire, ny je ne croy pas que Sa Majesté se délibère
11
plus d’en parler; il suffit de les mespriser. Le comte de Trautmansdorff agit en
12
ministre habile. Il essaie de persuader aux Suédois qu’il faut contribuer à leur
13
faire avoir la Poméranie, affin qu’estans réputez membres de l’Empire ilz eus-
14
sent intérest de s’opposer à noz prétentions sur l’Alsace. Mais la prudence de
15
ceux du conseil de cette reine est trop grande pour se laisser surprendre à de si
16
grossiers artifices et plusieurs de voz lettres, mesme celle du 7 e, nous appren-
17
nent que vous estes satisfaitz du procédé de ses ministres en Allemagne, ce
18
qui nous donne lieu d’espérer de grandes choses pour nostre commune satis-
19
faction, que l’union estroitte qui paroistra entre les couronnes forcera l’enne-
20
my de consentir. Sur la suspension, on attend voz avis, bien que l’on ait esté
21
dans voz sentimens pour avancer ou reculer celle qui fut proposée sur le ren-
22
contre de la proximité des armées impériale et suédoise. Je ne manqueray
23
d’appuier et faire remarquer ce que vous m’escrivez au sujet du marquis de
24
Saint-Maurice et du Belletia, c’est un service que je dois vous rendre, et il n’y
25
en a point que vous puissiez désirer de moy où je ne me porte, et si Vostre
26
Altesse et vous Messieurs en pouviés douter j’aurois grand sujet de me plain-
27
dre de ma mauvaise fortune. Vous

38
27 avés … croyez] Ass. Nat. 272: aurez … croyiez
avés receu la dépesche que vous croyez
28
avoir esté volée ainsy que je l’ay appris par un billet que le sieur Boulanger a
29
escrit au sieur Brisacier

39
Guillaume de Brisacier (1607–1675), 1644–1652 premier commis Briennes ( Piccioni
40
S. 99–101). Das Billet Boulangers an ihn, wonach die verlorenen Depeschen vom 24. III.
41
1646 in Münster eingetroffen waren, allerdings geöffnet und unvollständig, befand sich offen-
42
bar in der Sendung Saladins vom 7. IV. 1646.
. Si les Espagnolz sous quelque prétexte et sous quel-
30
que couleur que ce fust venoient à destrousser les courriers, non seulement il
31
faudroit s’en plaindre, mais user de représailles sur eux qui auroient à demeu-
32
rer exposez aux longueurs et incertitudes des mers et des ventz et nous avec
33
assez de facilité trouverions des moiens de faire aller noz despêches. Le retour
34
de monsieur de Saint-Romain vous informera des dernières intentions de la
35
reine de Suède sur le fait de monsieur de La Barde, après cette tentative faitte
36
sur ce sujet il faudra demeurer en repos et chercher des moiens pour parvenir
37
à nostre intention sans presser davantage le chancellier de Suède lequel ap-

[p. 725] [scan. 55]


1
puye par des raisons que son esprit luy fournit la conduitte de son filz qu’il a
2
peine de souffrir qu’on improuve. La nature ne se bannit pas pour entrer dans
3
le maniement des grandes affaires, nous en voions un effet. Sans doute on
4
vous aura escrit d’Osnabrug en hors que le voiage de monsieur Salvius estoit
5
entrepris pour toute autre fin que pour vous visiter, mais ceux-là qui ont eu
6
juste sujet de soupçon en seront tirez par les avis qu’ilz recevront de vous qui
7
n’aurez pas esté surpris sur les asseurances qu’il vous en aura données et qui
8
aurés fait veiller de prez à ses actions. Ce qu’il vous a proposé en faveur des
9
protestans à la diminution des catholiques, ce que vous

42
9 aurés] übrige Fassungen: avez
aurés sceu des inten-
10
tions des derniers, sont toutes choses à considérer, mais il seroit malaisé de
11
mieux respondre que vous avés fait, ny d’avoir posé des maximes plus solides
12
pour faire voir l’impossibilité de réussir en leurs prétentions, et que c’est
13
beaucoup plus qu’ilz ne pouvoient espérer que ce qui est consenti par les
14
catholiques. Que ledit Salvius songe à la satisfaction de la couronne de Suède,
15
qu’il s’apperçoive qu’ils n’ont de véritables alliez que cette couronne, que
16
pour se conserver ce qui leur sera donné ilz ont besoin que nous soions esta-
17
blis dans l’Allemagne, toutes ces choses sont avantageuses et vous les luy avez
18
insinuées avec adresse et il en a reconnu une bonne partie avec ingénuité. J’ay
19
plaisir d’escrire ces choses tant je suis persuadé que Sa Majesté vous en tes-
20
moignera beaucoup d’agrément. Que le mesme Salvius ait convenu qu’il fal-
21
loit rechercher Bavière et ne luy estre pas contraire à tous ses intérestz, cella
22
encor aggréera. Quand il dit que pour

43
22 retenir] übrige Fassungen: retirer
retenir l’Ober-Ens l’Empereur est pour
23
luy donner l’Alsace, cella me satisfait beaucoup, car bien que je sois persuadé
24
qu’il aimeroit mieux qu’il l’eust que non pas la France, ce sera tousjours avoir
25
fait un grand pas que de s’estre déclaré consentir d’en délaisser la propriété à
26
un autre. Soit par les ministres de Suède ou par le baron d’Avaugour vous
27
sçaurez ce qui aura esté conclu avec Saxe, j’ay bien remarqué qu’il veut de-
28
meurer en liberté d’assister son gendre, et j’y feray faire réflexion affin d’es-
29
saier de disposer Sa Majesté à départir ses grâces à Madame la Langrave. Le
30
jugement que font messieurs les Suédois du prince de Transilvanie me semble
31
bien fondé, il y a longtemps que j’ay escrit à monsieur de Croissy de se retirer
32
d’auprès de ce prince. In den nächsten Tagen erhalten Sie Antwort, wenn die
33
Königin nicht für heute eine Sondersitzung des Rats anberaumt. Il luy a esté
34
mandé de Venize qu’on y publie le mariage du Roy et de la fille de l’Empe-
35
reur, pour dot l’Alsace. Je ne doute point que l’on ne vous l’ait escrit comme à
36
moy.

37
Depuis ma lettre escritte le nonce et l’ambassadeur de Venize me sont venus
38
voir, tous deux m’ont dit que les médiateurs vous avoient proposé que l’Em-
39
pereur délairoit au Roy la Basse-Alsace moiennant que l’on fît promptement
40
la paix, que pour disposer les Suédois à y concourir l’Empereur estoit résolu
41
de leur donner l’une des Poméranies, l’archevesché de Bremen et l’évesché de

[p. 726] [scan. 56]


1
Verden; et pour ce que les médiateurs ont eu appréhension que cette ouver-
2
ture de la Basse-Alsace ne nous satisfist pas, ils ont fait entre eux des ouver-
3
tures comme de nous procurer toute l’Alsace et ce qui peut estre en deçà du
4
Rhin, laissant Brisack, le Brisgau et le Sungau aux archiducz de Tirol; que si
5
ce parti ne nous contentoit pas encores, qu’il faudroit essaier, l’Alsace nous
6
demeurant et tout ce qui est en deçà du Rhin, Brisach et Philisbourg razé, de
7
faire donner en eschange du Palatinat

39
7 au duc de Bavières] aus den übrigen Fassungen eingefügt; fehlt in der Druckvorlage.
au duc de Bavières le Brisgau et le Sunt-
8
gau, lequel ils disent estre assuré du consentement de sa partie qu’il conser-
9
vera l’électorat et qu’il en sera créé un huitième pour le Palatin. Comme je
10
n’ay rien veu de semblable en voz despêches des 30 e mars et 7 e avril, je suis
11
demeuré surpris et bien empesché comment me desmêler d’avec ces messieurs
12
qui m’ont encor dit que vous leur aviés déclaré faire partir le courrier Saladin
13
pour nous donner part de ce qui s’estoit passé en vostre conférence avec les
14
médiateurs. Trouvez bon que je vous die que si vous estes entré si avant avec
15
eux vous ne sçauriés vous excuser de vous estre oubliez de l’escrire.

16
PS: J’avois bien préveu que la Reine assembleroit le conseil aujourd’huy. Il

40
16 y] aus den übrigen Fassungen eingefügt; fehlt in der Druckvorlage.
y a
17
esté résolu le mémoire qui sera joint à cette despêche par lequel vous verrez
18
que j’avois desjà le sentiment des résolutions qu’on a prises sur vostre dépes-
19
che en laquelle s’il y a quelque chose d’obmis à respondre, il y sera satisfait
20
pleinement dans huit jours. Cependant je vous envoie la coppie d’un escrit
21
que monsieur de Vautorte m’a envoie contenant l’estat de la Haute- et Basse-
22
Alsace et me mande que le premier mémoire

41
Übersandt mit [nr. 152] , bestätigt in [nr. 186] .
est plein de fautes et qu’il s’en
23
faut tenir à ce dernier.

Documents