Acta Pacis Westphalicae II B 3,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 1. Teil: 1645 - 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy, mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
Nous venons présentement de chez les médiateurs. Nous leur avons représen-
té comme les Espagnolz ne font que brouiller, et qu’après n’avoir sceu porter
la France ny Messieurs les Estatz à traitter séparément les voillà qui publient
par toute la Holande que la paix est faitte avec nous moiennant le mariage et
l’eschange des Païs-Bas contre la Catalogne et le Roussillon. |:Les médiateurs
blasment cette conduitte et:| nous ont tesmoigné que le comte de Penneranda
la désavoue disant que les autheurs de tels bruitz faisoient bon marché des
terres et provinces de son roy.
|:Monsieur Contarini:| nous a voulu persuader que tous les estatz de l’Empire
catholiques et protestans nous sont contraires en la prétention de l’Alsace, et
que |:Trautmansdorff luy a dit:| pour en tirer avantage que |:les députez de
Trèves:| ont opiné plus résolument que nul autre contre la satisfaction de la
France. Il importe ce me semble que Vostre Eminence en soit avertie, et que
le |:mesme ambassadeur a dit que les seulz députez de Bavières ont parlé
nettement en nostre faveur:|, mais cette affection, dit-il, qu’ils tesmoignent
pour la France |:jointe aux instances que leur maistre fait à Vienne à mesme
fin donne lieu à l’Empereur et aux Suédois de se lier ensemble:|. Il a adjousté
sur ce propos que |:Trautmansdorf luy:| dit hier que dans Pasques il verra
d’estranges choses. Je croys bien Monseigneur que |:Trautmansdorf se sert
des conseilz du duc de Bavières:| pour donner jalousie de nous aux Suédois,
mais comme nous ne cachons rien à ceux-cy et que mesmes au dernier voiage
d’Osnaburg ils ont approuvé nostre conduitte sans y opposer autre chose si-
non que |:pour eux, quoyqu’ilz ayent la mesme intention que nous:|, qui est
de |:se relascher en l’affaire du Palatin et autres semblables:|, ils tiennent
qu’il est plus seur de |:ne s’en pas descouvrir encores si tost:|, je ne sçaurois
imaginer que |:la couronne de Suède soit capable de passer ainsy du blanc au
noir:| pendant que nous observons si exactement et presque scrupuleusement
l’alliance. Il est vray qu’ils ont grand dessein |:d’entrer dans le Haut-Palatinat
et d’attaquer vivement le duc de Bavières:|, et qu’on tient que l’armée impé-
riale |:les lairra faire pour le mortiffier et le mettre en estat de n’estre pas
considérable à la France:|.
Tant y a que Vostre Eminence a tousjours |:bien jugé du duc de Bavières et:|
dès lors mesmes que |:il nous paressoit encores tout impérial:| il agit au-
jourd’huy de tous costez pour |:faire accorder à la France ce qu’elle de-
mande:| et je souhaitte seulement qu’il luy pleust d’ordonner |:à ses ambas-
sadeurs de parler conjointement pour les deux couronnes et d’opiner à leur
satisfaction:| puisque sans cella l’on ne peut espérer de paix.
Il faut avouer Monseigneur que |:c’est le seul appuy que nous trouvons icy en
noz affaires:| et que nous le devons au soins et à la prévoiance de Vostre
Eminence. Noz alliez mesmes ont |:plus de répugnance que luy à nostre pré-
tention:|.
Nous sommes passés de là chez les ambassadeurs de Holande que nous avons
laissés bien disposés à croire la fausseté des bruitz de La Haye |:et la nécessité
de mettre en campagne s’ilz ne veulent vieillir à Munster et:| n’obtenir ny
paix ny trêve à bonnes conditions. Ils en escriront en ce sens à Messieurs les
Estatz. Ils avoient veu ce matin le comte de Penneranda non sans faire men-
tion du bruit qui court, mais il a évité d’en parler et leur a seulement res-
pondu: «C’est vous et nous qu’il faut marier ensemble et nous bien accor-
der.»
|:Trautmansdorf naguères pressé par les Bavarrois:| les pria pour l’honneur
de Dieu d’avoir encores um peu de patience, et que dans douze ou quinze
jours ils verroient ce qu’il fera.
|:Monsieur Contarini m’a dit en particulier qu’il ne parlera de deux semai-
nes:| et «che ci vuol tempo perché si discapricci». Cella monstre qu’il a des
espérances dont il veut voir le succès auparavant que de traitter avec nous.
|:Pendant le séjour que Trautmansdorff a fait à Osnabrug il a receu une lettre
du duc de Bavières
deurs de ce prince |:ont eu ordre de donner copie au comte de Nassau et à
Volmar:|, ce qui n’a pas moins |:fasché Trautmansdorff que la lettre
mesme:|. La substance est que |:le duc de Bavières veut la paix et qu’on n’y
sçauroit parvenir qu’avec la satisfaction de la France:|. Il a envoié |:exprès à
Vienne pour ce sujet le président de sa chambre des comptes
Dr. Johann Mändl (1588–1666), kurbayerischer Kammerpräsident, ( ADB XX S. 178–180 ;
Dickmann S. 266).
parler icy aux députez de Wirtzbourg et Bamberg:| et ce dernier n’a pas res-
pondu comme il faut selon l’intention que son maistre |:a fait tesmoigner
audit duc:|.
|:Contarini asseure que Trautmansdorff:| a fait une response haute et hardie
|:au duc de Bavières
bassadeurs que cela se sçait et que les Impériaux en font vanité:|.
|:Ilz m’ont remonstré par son ordre que la dame d’honneur de madame
l’électrice
données à des officiers de l’armée du Roy. |:Or ces terres sont situez [!] dans
le Brisgau et partant ilz présupposent qu’il nous demeurera:|. Il me semble
mesme que |:leur maistre ne se fera pas beaucoup:| solliciter pour mettre
|:Fribourg entre noz mains:|, mais ilz ne me l’ont pas dit précisément.
|:L’un d’eux qui est monsieur Krebs m’a demandé si le Roy ne payeroit pas
les debtes auxquelles l’Alsace:| est obligée, et que pour luy il a |:douze mil
florins à prendre sur ce pays-là:|. J’ay esté bien aise de voir qu’on aura occa-
sion de |:le gratiffier:| et n’ay point hésité à |:luy promettre son payement
aussytost que le Roy sera en paisible possession de l’Alsace:|.
Großmut Mazarins gegenüber seinen ehemaligen Feinden: c’est une chose mé-
morable et qui fera à mon gré un des beaux endroitz de vostre histoire.