Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
Faisant estat de vous dépescher un courrier exprès la semaine prochaine, je
ne vous diray que ce que j’ay de plus pressé par cet ordinaire. Je vous
adresse premièrement les copies de quelques lettres que monsieur le duc de
Bavières a escrites icy à monsieur le nonce Bagny lesquelles je vous prie et
messieurs vos collègues de considérer et d’y faire réflexion parce qu’il me
semble qu’on en peut tirer beaucoup de lumières de ses intentions, et qu’il
n’est pas seulement résolu à la paix, mais qu’il se fait fort d’y faire consentir
l’Empereur aux conditions qui nous seront les plus avantageuses, et si la
mission de Trautmansdorff est un effet des soins dudict duc, comme il y en
a apparence, c’est une marque qu’il marche de bon pied et que l’Empereur
n’a pas seulement envie de conclure bientost la paix, mais d’adhérer aux
conseils dudict duc, estant certain qu’il n’y envoiroit pas son principal
ministre pour ne faire qu’amuser le tapis.
Il semble encore que desdictes lettres, de ce qu’il a escrit autrefois des
négociations qu’il a eu avec les nonces qui ont esté icy, de ce qu’il a fait dire
par le père Vervau et du peu de sujet qu’il a d’aymer et de se fier aux
Espagnols qui ont en tout temps fait ce qu’ils ont pu contre luy, soit pour
luy faire perdre tout crédit près de l’Empereur qui a tousjours esté le point
plus précis des intentions des ambassadeurs d’Espagne à Vienne, soit pour
l’affoiblir ayant usé de toutes sortes de ruses pour luy oster le commande-
ment de l’armée de la ligue, il semble dis-je qu’il songe seulement aux
intérestz de l’Empire sans se soucier beaucoup de ce qui arrivera aux
Espagnols, quoyqu’il témoigne pourtant de croire que ceux-cy reconnois-
sant que l’on puisse conclure la paix dans l’Empire sans eux se rendront
plus faciles à consentir aux prétentions que nous avons à leur esgard pour
ne demeurer pas seuls à soutenir la guerre. Peut-estre que je me trompe,
mais je ne laisseray pas de dire qu’encore que vraysemblablement l’Empe-
reur ayt plus d’amour et de tendresse pour le roy d’Espagne que le duc de
Bavière, l’Impératrice ne travaillant continuellement qu’à cela, néantmoins
j’estime que la considération du duc de Bavières qui avec ses propres forces
traisne la pluspart des électeurs et des autres princes d’Allemagne sera plus
capable de faire prendre une dernière résolution à l’Empereur que toute la
tendresse qu’il peut avoir pour l’Espagne et qu’ainsy la crainte prévaudra
dans son esprit à l’amour. J’ajousteray encore à ce que dessus sur lesdictes
lettres ce que j’y ay trouvé à redire a esté que le duc de Bavière s’excuse
quasi de tout le fondement de nostre négociation particulière avec luy,
comme de nous asseurer des quartiers, nous donner des places et quelques
autres points, et je m’en suis extrêmement plaint au nonce afin qu’il en
escrive fortement audit duc et luy fasse connoistre que quelque bonne
intention que nous ayons pour luy malaisément il en pouroit recevoir des
effets de son costé s’il ne prenoit une bonne résolution de nous donner des
marques réelles des protestations qu’il nous fait continuellement, et je me
suis encore estendu sur autres points aux mesmes termes desquels vous et
messieurs vos collègues vous estes servy avec son ambassadeur afin qu’il
reconnoisse que les ministres du Roy icy et ceux que [!] Sa Majesté à
Munster tiennent le même langage.
J’ay cru aussy à propos de vous dire pour vostre information que ce
Trautmansdorff qui vient à Munster a esté tousjours tenu pour fort bon
allemand, aymant extrêmement son pays, fort amy du duc de Bavière et qui
du temps d’Ekemberg
Johann Ulrich Fhr. von Eggenberg (1568–1634), 1628 Hg. von Krumau; Direktor des
Geheimen Rates unter Ferdinand II. ( NDB IV S. 331f. ).
jamais estre gagné par eux pour en recevoir des pensions ou des présens. Il
est vray que depuis ils ont tant fait jouer de ressortir qu’ils l’ont obligé d’en
prendre et ont mesme fait des grâces à ses enfans, mais il est à croire que
dans un coup de partie comme celuy dont il s’agit d’asseurer le repos de
l’Empire et son establissement, l’inclination naturelle reviendra et sera la
plus forte, puisque mesme la bonne volonté qu’il a témoigné aux Espagnols
n’a pas jusques icy produit les effets qu’ils s’en fussent pu promettre,
n’ayant pas hésité à leur faire connoistre en beaucoup de rencontres qu’il
préféroit le service de son maistre et le bien de l’Empire à toutte autre
considération. Je m’asseure que pour se rendre agréable auprès dudit
Trautmansdorff et gagner son esprit il n’y aura point de meilleur moyen
que de luy tenir de semblables discours et le piquer de cette générosité. Je
me souviens que le comte de Collalto
Rambaldo Gf. von Collalto (1579–1630); 1624 Hofkriegsratspräsident, 1629 Oberbefehlsha-
ber der ksl. Truppen in Oberitalien ( NDB III S. 320–322 ).
haïssoit au dernier point Trautmansdorff, m’a dit beaucoup de fois que
celuy-cy estoit l’ennemy des Espagnols, qu’il avoit tousjours contrarié les
résolutions que l’Empereur avoit pris pour leur plaire dans l’affaire de
Mantoue et qu’en tous les conseils il soustenoit opiniastrement que si les
maximes et les caprices d’Espagne avoient lieu auprès de l’Empereur, il
seroit bientost réduit en mauvais estat. J’ay sceu aussy que quand l’Impéra-
trice fut dernièrement obligée de sortir de Vienne à cause de l’approche de
l’armée de Torstenson , les ministres du roy d’Espagne et la mesme
Impératrice dirent que Trautmansdorff l’avoit fait faire afin que l’Empereur
eût plus de liberté de conclure un accord avec les Suédois sans avoir esgard
aux intérests d’Espagne, à quoy il eût eu grande difficulté si l’Impératrice
eût esté présente. Je veux encore adjouster que je n’eus pas grande peine de
mettre Galas et Picolomini contre les Espagnols et malgré eux s’opiniastrer
à ramener les trouppes en Allemagne lorsque je leur fis connoistre que les
Espagnols ne se soucioient guères de sacrifier l’Empereur et de laisser ses
Estats exposez aux invasions du feu roy de Suède pourveu qu’ils pussent
satisfaire à leur passion et venir à bout des desseins qu’ils avoient en
Italie.
Die vereinigten kaiserlich-bayerischen Truppen haben unsere Armee hart
bedrängt und bis vor Philippsburg verfolgt. Véritablement ayant veu Konis-
mark se retirer lorsque nostre armée estoit sur le point de combattre celle
de Bavière
sans nous en dire un seul mot par lequel mesme ils ont consenty qu’il
donnast ses trouppes à l’Empereur et voyant aujourd’huy toutes les forces
de l’Empire nous tomber sur les bras sans qu’il soit fait mention des
Suédois non plus que s’il n’y en avoit point en Allemagne dans un temps où
monsieur Torstenson dégagé de son siège de Brin , fortifié du corps de
Konismark et de l’autre qui estoit employé à la guerre de Dannemark,
devoit donner plus de crainte à l’Empereur de ses progrez dans les pays
héréditaires, messieurs les ministres de Suède ne pourront désavouer qu’ils
n’ayent le plus souvent plus d’esgard à leur intérest particulier qu’au bien
de la cause commune et qu’ils correspondent fort mal à l’ardeur et à la
sincérité avec laquelle nous avons mis le tout pour le tout afin de les assister
quand ils en ont eu besoin, en quoy il y auroit beaucoup à dire si j’escrivois
à d’autres personnes qu’à vous et à messieurs vos collègues qui estes bien
informez de tous les sujets de plaintes que nous avons desdits Suédois, qui
croyent que nous devons tout dépenser et tout hazarder, soit en nous
joignant à eux comme nous avons fait diverses fois, ou divertissant les
forces ennemies afin qu’elles ne tombent pas sur leurs bras. On voit par
l’expérience qu’ils ne se trouvent pas obligez à faire le moindre pas pour
nous assister quoyque la cause publique dans laquelle ils ont un esgal
intérest puisse beaucoup souffrir des désavantages que nous recevrions. Il
est bien difficile à digérer de voir qu’ils ayent conclu avec Saxe, luy
permettant d’envoyer ses forces à l’Empereur et que la sincérité de nostre
procédé nous ayt obligé à différer la réponce au duc de Bavière avec lequel
nous pouvions conclure en rendant son armée inutile. Tout cecy me semble
si fort qu’à mon avis la meilleure réponse qu’ils puissent faire quand vous
leur en parlerez, c’est le silence et la confusion. J’ay escrit comme il faut
là-dessus à monsieur de La Thuillerie et parlé au résident qui est icy en des
termes bien pressans. C’est pourquoy continuant à le faire aussy de vostre
costé avec sentiment aux ministres d’Osnabruk, il y a lieu d’espérer que
l’on en usera mieux de leur part à l’avenir, et s’ils ont eu dessein de réparer
en quelque sorte ce qui s’est passé monsieur Torstenson aura pris la
résolution de marcher ou envoyer Konismark dans le Haut-Palatinat qui est
l’unique moyen pour rappeler les forces de l’Empereur et donner lieu aux
nostres de prendre des quartiers delà le Rhin. Nous ne pouvons pourtant
pas l’espérer si l’armée de Bavière a pu faire demeurer avec elle les trouppes
de l’Empereur le temps qui aura esté nécessaire pour s’emparer des places
que nous avions pris depuis le passage de monsieur le duc d’Anguien,
lesquelles estans absolument nécessaires pour l’établissement desdits quar-
tiers, la saison est trop avancée pour se promettre de les pouvoir reprendre
assez à temps.
Wir haben bei dem Rückzug über den Rhein einen großen Teil unserer
französischen Infanteristen verloren. Dagegen hat der Einsatz der Kaiserlichen
gegen uns zweifellos für die Schweden große Vorteile gebracht.
L’ambassadeur de Venise après avoir entretenu fort au long Monsieur le
Prince sur l’estat présent des affaires de la chrestienté, particulièrement sur
les progrez du Turc et le préjudice que la religion catholique reçoit de tous
les costez, luy a dit qu’il ne tenoit qu’à nous de conclure une suspension
générale retenant tout ce que nous avons, puisque le roy d’Espagne y avoit
consenty par escrit, ce que mondit Sieur le Prince ayant pris pour argent
comptant il m’en est venu parler, me protestant qu’il n’avoit rien répondu
audit ambassadeur et qu’il ne s’estoit ouvert de sa pensée à qui que ce soit,
mais ledit ambassadeur ne dit pas de mesme et diverses autres personnes
m’ont asseuré que Monsieur le Prince débitoit partout qu’il estoit prest à
signer et qu’il ne falloit pas perdre un moment de temps pour conclure
cette suspension comme les Espagnols l’avoient proposé et cela sans avoir
esgard aucun aux Suédois s’ils s’y opposoient. Comme je vois que ledit
ambassadeur aura escrit à monsieur Contarini, je ne doute pas que vous ne
vous en apperceviez par le discours qu’il vous en tiendra quoyque cela ne
fasse rien dans l’effet. Vous ne sçauriez pourtant vous imaginer la peine
qu’on a de voir que quelque soin qu’on apporte afin que Monsieur le Prince
parle et réponde aux ministres comme font les autres du conseil, on n’en
peut venir à bout et on ne reconnoist que trop le préjudice que cela cause à
l’adresse et à la prudence avec laquelle vous et messieurs vos collègues
portez une si importante négociation où dans le commencement rien ne
doit estre plus caché aux ennemis et aux médiateurs que ce que nous
désirons effectivement.
Après avoir fait connoistre à Monsieur le Prince ce que je devois en
particulier, j’ay voulu aussy lire dans le conseil la proposition du roy
d’Espagne comme elle a esté donnée à l’ambassadeur de Venise afin de faire
voir qu’il ne fait pas un grand effort pour le bien de la religion catholique à
proposer une supension dans les termes qu’il fait, veu que c’est le seul salut
pour ses affaires dans la décadence où elles se trouvent, d’autant plus qu’il
nous seroit extrêmement préjudiciable de la recevoir dans les termes qu’il
l’a proposé. Je vous en envoye la copie que j’avois cru jusques icy estre la
mesme que m’avoit donné monsieur le nonce , mais j’ay trouvé qu’elle
estoit encore plus offençante ainsy que vous verrez dans les endroits que
j’ay barré.
Die spanische Hilfe für Venedig beschränkt sich auf ganze fünf Galeeren.
Frankreich dagegen hat 2000 Infanteristen und ebensoviel Matrosen verspro-
chen. Vier Schiffe sind bereits vor zwei Monaten zur venezianischen Flotte
aufgebrochen. Der Kauf von Kriegsschiffen durch die Venezianer in den
Generalstaaten wird von Brasset gefördert.
Et outre les ordres réitérez qui ont esté donnez à monsieur de La Haye de
parler fortement à la Porte touchant l’invasion qu’a fait le Grand-Seigneur
au royaume de Candie jusque-là que le Roy seroit obligé de songer à ses
affaires, puisqu’il voyoit attaquée sans aucune raison la République avec
laquelle le Grand-Seigneur vivoit en aussy grande amitié comme avec la
France mesme, je vous diray confidemment qu’encore que je n’aye pas un
sol vaillant, ayant offert en mon particulier dans ce rencontre quelque
assistance à la République et ayant esté acceptée, j’ay pris cent mil escus à
intérest dans la banque de Lion et de Paris et les leur ay fait remettre, vous
suppliant que personne ne puisse avoir connoissance de cette petite marque
de mon affection, laquelle pourtant estant au-dessus de mes forces doit
servir pour faire connoistre ce que je ferois de plus si j’en avois le
pouvoir.
Pour le présent je ne répliqueray autre chose à vostre dernière lettre que
pour louer vostre négociation d’Osnabruk qui ne pouvoit estre plus adroite
ny plus prudente.
J’oublios à vous dire que j’ay eu avis d’Espagne que l’on envoyoit au comte
de Pennarenda le pouvoir en la forme qu’il faut et que l’on l’a désiré, sans
doute ce sera le dernier courier qui a passé icy qui le luy a porté.
On m’avertit aussy que le roy d’Espagne donne ordre audit comte de faire
tous ses effortz pour nous esgaler, luy mandant de tenir des hallebardiers et
quelques gardes à cheval, mais on peut bien dire avec vérité qu’il court la
fortune de cette grenouille qui creva pour vouloir se trop enfler et qu’il
n’est pas en toute la puissance de son maistre de le mettre en estat de vous
esgaler, puisque la naissance y a mis de trop notables différences et me
remettant du surplus à ce que je vous manderay bientost par courier
exprès …