Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
39. Servien an Lionne Münster 1645 Februar 11

23
–/ 39 /–

24

Servien an Lionne


25
Münster 1645 Februar 11

26
Eigenhändiges Konzept: AE , CP All. 50 fol. 194–194’, 196–201’ = Druckvorlage.

27
Intrigen Chavignys. Besprechung mit Wartenberg: Verantwortung d’Avaux’ und Serviens für
28
die verzögerte Einwilligung in die Gleichbehandlung der kurfürstlichen Gesandten mit denen
29
Venedigs; gespanntes Verhältnis Wartenbergs zu Saavedra; Versicherung der Bereitschaft der
30
Reichsstände zu einem Abschluß ohne Spanien; Vorbehalte Serviens wegen der Möglichkeit
31
versteckter kaiserlicher Hilfe für Spanien; Vorschlag Wartenbergs zur Erneuerung der katholi-
32
schen Liga; Gegenvorschlag Serviens einer allgemeinen Liga zur Friedenssicherung. Unterre-
33
dung mit Chigi: Information über die spanische Bereitschaft zu Gebietsabtretungen und über
34
die Bereitschaft des Kaisers und der Reichsstände zu Verhandlungen ohne Spanien; Ermahnung
35
zum Ausgleich Frankreichs mit dem Papst und zur Sicherung des Einflusses auf das nächste
36
Konklave; Sacchetti; Verhandlungen des Prinzen Thomas mit Spanien; Erfolglosigkeit Siruelas

[p. 129] [scan. 177]


1
in der Durchsetzung spanischer Ansprüche gegenüber Portugal in einer Audienz beim Papst;
2
Optimismus Chigis für die Regelung der portugiesischen Probleme mit Spanien. Rang
3
Peñarandas. Rüstungen Venedigs. Anordnungen Turennes in Religionssachen; Sicherung der
4
katholischen Religion in der Kurpfalz. Verhandlungen d’Avaux’ in Osnabrück: keine Zustim-
5
mung der Schweden zur französischen Proposition la.

6
Chavigny

41
Léon Le Bouthillier (1608–1652), comte de Chavigny; bis 1643 Amtsvorgänger Briennes als
42
secrétaire d’Etat des affaires étrangères; er war ursprünglich für die französische Gesandt-
43
schaft in Münster vorgesehen, wurde dann jedoch durch Servien ersetzt ( Ranum ) .
intrigiert gegen mich bei der Königin und am Hof. J’ay tasché de ne
7
perdre pas tout le temps que j’ay esté obligé d’estre seul icy pendant
8
l’absence de monsieur d’Avaux. J’ay eu moyen d’entretenir confidemment
9
l’évesque d’Osnabruc dans une promenade assignée entre nous pour
10
découvrir ses sentimentz et les ordres qu’il peut avoir. La conférence a esté
11
comenceé favorablement par l’advis que je luy ay donné de l’ordre que
12
nous avions receu en faveur des ambassadeurs de Bavière, et à cause qu’ilz
13
avoient esté obligez de s’arrester en chemin par l’incertitude où nous avions
14
esté du traitement que nous aurions à leur faire, je luy ay dit que nostre
15
doute n’avoit pas esté aprouvé à la cour quoyque nous ne l’eussions eu que
16
de crainte de faillir en l’introduction d’une nouveauté, qu’il y avoit très
17
long temps qu’on nous avoit ordonné de traiter le corps des électeurs
18
comme Venise, mais que nous n’en avions pas ozé faire l’interprétation en
19
faveur de chacun des électeurs en particulier sans consulter de nouveau
20
messieurs les ministres. Je me suis servi de cette excuse qui en effet est
21
véritable, pour le satisfaire et ce que j’y ay adjousté qu’on n’avoit pas
22
aprouvé nostre doute, a esté affin qu’il sceut comme je l’en ay asseuré qu’il
23
y avoit plus de quatre mois que la résolution de traiter favorablement les
24
ambassadeurs des électeurs et leur faire le mesme honneur qu’à celluy de
25
Venise avoit esté prise à la cour et que mesme la déclaration publique qui
26
en avoit esté faite et la cognoissance qu’en avoit [!] eue les ministres
27
estrangers qui sont en France ayant passé jusqu’à Vienne avoit fait résoudre
28
l’Empereur d’acorder la mesme chose aux électeurs quoyqu’il l’eust refusé
29
depuis dix ans et que mesme il eust cy-devant donné une déclaration contre
30
eux en faveur de Venise, que Sa Majesté estoit très aise d’avoir peu
31
contribuer par son exemple et par la jalousie qu’on en peut avoir pris à leur
32
faire recevoir ces honneurs nouveaux encor mesme que les Espagnolz
33
fissent icy et partout ailleurs des protestations que cela n’est pas raisonna-
34
ble et que nous avions subjet d’espérer que tous ces princes en seroient
35
obligez à Sa Majesté et que leurs ministres nous en témoigneront du
36
ressentiment dans leur conduite, qu’il ne devoit donc plus faire arester sur
37
le chemin les ambassadeurs de Bavière, que quand ilz ariveroient, ilz
38
seroient traitez par nous sans différence comme ceux de Venise, s’ilz nous
39
visitoient lex premiers ou recevroient nostre visite avant celles des autres,
40
mais que je le priois s’ils en voyent d’autres devant nous comme je croyois

[p. 130] [scan. 178]


1
qu’ilz fairoient le nunce et les Impériaux, de les disposer à faire la mesme
2
chose que nous avions ordre de faire affin que tout fust esgal et que nous ne
3
fussions pas seulz. L’évesque a témoigné d’estre fort content de ce discours
4
et qu’il en advertiroit le duc de Bavière qui auroit subjet d’en estre obligé à
5
Leurs Majestez.

6
Il m’a voulu faire valoir l’ordre qu’il a fait envoyer aux commissaires
7
impériaux de n’apeller pas les Espagnolz en leur délibération et d’y apeller
8
les ambassadeurs des électeurs. Il m’a paru que l’aigreur est grande entre
9
luy et Savedra et qu’elle passe jusqu’à se plaindre hautement l’un de l’autre.
10
Je n’ay peu jetter de l’eau sur ce feu si ce n’est lorsque l’évesque me
11
témoigna qu’il diroit son sentiment avec liberté à Savedra sur quelque
12
discours qu’il avoit fait en plaine ciel contre le duc de Bavière, je luy ay
13
répondu que Savedra ne faisant rien que par ordre de son maistre, il valoit
14
mieux tirer raison de l’un et de l’autre par de bons effetz que par des
15
parolles qui ne font que passer.

16
Il m’a dit de luy-mesme qu’il ne tiendroit qu’à nous de prendre de bonnes
17
résolutions, qu’on n’auroit pas peyne à y disposer l’Empereur et que si les
18
Espagnolz faisoient les fascheux, il les falloit laisser et faire noz affaires
19
pour l’Allemagne sans eux, que toutes choses estoient préparées pour cela
20
et que les électeurs non seulement y porteroient leur advis quand il seroit
21
temps, mais qu’ilz en fairoient instance si l’Empereur s’en éloignoit. J’ay
22
répondu qu’en pensant faire de cette sorte préjudice aux Espagnolz, nous
23
fairions peut-estre ce qu’ilz désirent, qu’on avoit tousjours creu en France
24
qu’en s’acomodant avec l’Empereur seul, le roy d’Espagne en recevroit plus
25
d’avantage que d’incommodité en ce que la grande liaison qui est entre les
26
deux branches de la maison d’Autriche luy donneroit moyen de se servir
27
contre nous des forces d’une partie de l’Allemagne quelque précaution que
28
nous y pussions aporter en traitant la paix, parce que quand il seroit mesme
29
convenu que l’Empereur ne pourroit pas cy-après assister l’Espagne dans les
30
différends que nous avons ensemble, il ne laisseroit pas de l’assister soubz
31
main de nouvelles levées et d’autres choses où le nom de l’Empereur ny de
32
l’Empire ne paroissant pas, il sembleroit que nous n’aurions pas subjet de
33
nous en plaindre comme d’une contravention au traité et cependant nous
34
ne lairrons pas d’en ressentir l’effet.

35
Il m’a représenté de luy-mesme qu’on ne sçauroit rien faire de plus
36
désagréable aux Espagnolz que de rétablir la ligue catholique dans l’ Alle-
37
magne et qu’ilz n’ont point cessé jusqu’à ce qu’il[z] l’ayent eu détruite.
38
J’ay répondu qu’une ligue catholique renouvelleroit une ligue protestante et
39
que cette division ne seroit pas un bon moyen d’establir la paix pour la
40
rendre durable. Il a répliqué que le duc de Saxe et le marquis de
41
Brandebourg estoient sur le point d’entrer dans la ligue lorsqu’elle fust
42
abolie à la poursuite des Espagnolz et qu’il ne seroit pas malaisé de les y
43
engager de nouveau ny le reste du parti protestant pour maintenir les droitz
44
et les libertez de l’Empyre. J’ay reparti que quand elle porteroit le nom de

[p. 131] [scan. 179]


1
ligue catholique, il seroit difficile que les protestans y pussent entrer, mais
2
que quand cela seroit, les princes voysins pourroient prendre jalousie d’une
3
union si considérable et que pour oster tout ombrage il faudroit donc qu’ilz
4
y entrassent aussy et qu’on fist une ligue générale pour la seurté de la paix.
5
Il me semble que cette pensée a touché son esprit. Je luy ay dit néantmoins
6
que c’estoit un raisonnement que nous faisions ensemble sans aucun
7
dessein, mais j’ay pris garde qu’il y a fait réflexion et qu’il a répondu que
8
c’estoit un expédient qui n’estoit pas à mépriser et qu’il y falloit penser.
9
Cela est venu d’autant plus à propos que nous y sommes tumbez par ses
10
propositions propres sans que la chose soit venue directement de moy. Il
11
faut que ce soit le nunce Chigy qui a escript au nunce Bagny le discours de
12
Savedra que son maistre ne prendroit pas garde à quelques places

42
Vgl. nr. 24.
parce
13
qu’il m’a dit confidemment la mesme chose. Il m’a confirmé aussy la
14
disposition des Impériaux et des autres princes d’Allemagne à traiter sans
15
les Espagnolz, sur quoy je luy ay aussi témoigné que ce ne seroit pas le bien
16
ny l’avantage de la France et que, puisqu’il a pieu à Dieu de bénir noz armes
17
et que nostre partie se treuve bien faite pour la guerre, il la faut continuer
18
ou faire une paix générale et de durée. Il est retumbé de luy-mesme sur le
19
discours qu’il nous avoit desjà fait une autre fois, que nous abandonnions
20
trop la cour de Rome dans un establissement nouveau. Que le pape avec un
21
peu de soin pouvoit estre mesnagé et que pourveu qu’on l’assistast et qu’on
22
luy fortifiast l’esprit, le devoir de père commun l’emporterait sur les
23
inclinations particulières qu’il pouvoit avoir eues avant qu’estre élevé au
24
pontificat. Mais certes qu’il ne falloit pas l’abandonner aux continuelles
25
violences que les Espagnolz luy faisoient pour l’engager dans quelque
26
partialité.

27
Il me semble avoir remarqué dans son discours qu’il a quelque apréhension
28
que cela n’arive ayant adjousté qu’il seroit bien fasché que les choses
29
fussent réduites à un point que nous ne pussions plus nous voir familiaire-
30
ment et que mesme la médiation cessast, que véritablement il avoit
31
affection pour nous, mais qu’en ce rencontre souhaitant que le pape eust
32
subjet de demeurer neutre et que l’on cherchast des moyens de l’y obliger,
33
il croyoit faire son devoir tant envers Dieu que le Saint-Siège et toute la
34
république crestienne. Il a encore retouché le second point dont nous avons
35
cy-devant donné advis qu’il ne falloit pas tant prendre garde aux choses
36
faites comme songer à remédier à celles de l’avenir, que le pape n’estoit pas
37
immortel et que si arrivoit bientost un second conclave nous aurions de
38
déplaisir de n’y estre pas plus considérez que dans le précédent. Il a
39
adjousté que les démonstrations qu’on avoit faites estoient justes et
40
aprouvées de tout le monde, mais que le cardinal Barberin l’aisné

43
Kardinal Francesco Barberini (1597–1679, 1623 Kardinal), Nepot Urbans VIII. ( Gauchat S.
44
18; LThK I Sp. 1239).
n’estoit
41
pas à mépriser, qu’il n’avoit point offensé la France en son particulier

[p. 132] [scan. 180]


1
n’estant point engagé dans ses intérestz et qu’il avoit une quinzaine de
2
cardinaux de ses créatures qui luy avoient esté fidelles et qui suivroient le
3
parti qu’il prendroit.

4
Je me suis confirmé cette fois dans l’opinion que je pris la précédente qu’il
5
nous en parla que ce sentiment vient du cardinal Sachetti

38
Kardinal Giulio Sacchetti (1587–1663, 1626 Kardinal) ( Gauchat S. 20; Sacchetti ) ; er war
39
tatsächlich mit Chigi befreundet ( Ebenda S. 410).
qui est intyme
6
amy de Chigy et qui croyant peut-estre qu’il pourra estre porté une autre
7
fois à ce qu’il a manqué maintenant voudroit bien que la France de laquelle
8
il espère assistance par le moyen de Son Eminence devinst puissante dans la
9
cour de Rome.

10
Quelques advis de Rome ont marqué que le cardinal Bichi paroissoient [!]
11
un peu mescontent, et tous ceux de l’Italie portent que le prince Thomas
12
traite avec les Espagnolz et qu’on a veu de sa part à Milan depuis peu un
13
nommé Baronero et un autre cavalier modénois

40
Vermutlich sind die Tätigkeiten Messeratis und Barroeros gemeint (vgl. S. 113 Anm. 1,2;
41
Claretta II S. 445).
qui ont visité souvent le
14
gouverneur et les principaux ministres et en ont esté fort caressez.

15
On m’a asseuré de bon lieu que le comte de Syruela estoit sorti d’une
16
audience du pape assez mal satisfait d’une réponse de Sa Sainteté sur les
17
affaires du Portugal

42
Es ging um die Besetzung erledigter Bistümer in Portugal, wofür Spanien ein kgl. Nomina-
43
tionsrecht geltend machte ( Pastor XIV, 1 S. 58f.).
et qu’elle luy avoit déclaré que pour les affaires
18
politiques on avoit tousjours creu devoir avoir esgard aux intérestz du roy
19
d’Espagne, mais que pour les choses eclésiastiques le changement arivé ne
20
devoit pas empescher qu’on n’y pourveust et qu’en toutes les congrégations
21
qui avoient esté faites sur ce subjet, on avoit tousjours treuvé qu’il falloit
22
faire grande différence de l’un à l’autre. Nach Meinung Chigis wird es keine
23
Schwierigkeiten bereiten, Portugal in einen allgemeinen Frieden einzuschließen.
24
Ich habe nicht erkennen können, ob das Verhalten der Spanier ihm Anlaß zu
25
dieser Meinung gegeben hat.

26
Je n’ay encor pu sçavoir au vray la qualité de l’ambassadeur d’Espagne qui
27
vient icy, quoyqu’il y ayt tantost 15 jours que les pouvoirs ont esté remis
28
entre les mains de messieurs les médiateurs nous n’avons sceu avoir
29
communication de celuy de nos parties. Il est bien certain néantmoins que
30
Pigneranda n’y est nommé qu’en qualité de comte, mais quoyque monsieur
31
l’ambassadeur de Venize ayt cru et que Savedra mesme ayt publié qu’il n’est
32
pas Grand d’Espagne, ils commencent d’en parler l’un et l’autre avec
33
incertitude et il y a apparence puisqu’il est nommé dans le pouvoir à ce
34
qu’on m’a asseuré avant l’archevesque de Cambray qui est prince de
35
l’Empire, que c’est un Grand d’Espagne, néantmoins la chose mérite bien
36
qu’on s’en esclaircisse et qu’on soit asseuré de sa condition avant que de
37
résoudre le départ de monsieur de Longueville

44
Vgl. S. 68 Anm. 4.
. Il est vraysemblable que

[p. 133] [scan. 181]


1
Savedra qui n’est pas fort aise de sa venue non plus que des autres avoit
2
respandu icy le bruict qui a couru sur ce subjet et en avoit parlé avec
3
mespris.

4
Die Rüstungen, die Venedig betreibt, sind möglicherweise nicht zur Verteidi-
5
gung gegen die Türken gedacht. Es gibt Gerüchte, daß die Republik und der
6
Papst etwas gegen Frankreich vorbereiten.

7
Die Anordnungen Turennes, die die katholische Religionsausübung beeinträchti-
8
gen , fügen uns hier und in Rom schweren Schaden zu; es wäre nötig, ein
9
besonderes Augenmerk auf ihn zu haben. Bei der Restitution der Pfalz können
10
wir meines Erachtens darauf dringen, daß die katholische Religionsausübung in
11
Zukunft dort nicht mehr behindert wird.

12
Les lettres que je viens de recevoir d’Osnabruc

38
Vgl. nr. 37.
de monsieur d’Avaux me
13
font cognoistre qu’il n’a pas disposé messieurs les Suédois à consentir que
14
nous donnions la proposition qui nous a esté envoyée de la cour. Je crains
15
bien qu’il ne les ayt pas persuadez faute d’estre luy-mesme assez bien
16
persuadé sur ce subjet. Néantmoins je ne voudrois pour rien du monde
17
faire mauvais office à personne et Dieu void que je ne le dis pas à cette
18
intention, mais affin qu’on sçache que si on nous envoye une recharge, je ne
19
désespère pas d’en avoir le consentement des Suédois estant à moy à les
20
aller voir. Car s’ilz ont eux-mesme dit que la nouvelle proposition n’est
21
qu’un compliment, ilz ont d’aultant moins de raison de s’y opposer
22
puisqu’elle ne peut servir [qu’] à donner quelque contentement aux
23
médiateurs et au public que nous avons intérest de satisfaire en quelque
24
sorte.

Documents