Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
187. d’Avaux und Servien an Mazarin Münster 1644 Juli 30
Münster 1644 Juli 30
Ausfertigung: AE , CP All. 37 fol. 330–336’ = Druckvorlage. Kopien: AE , CP All. 28 fol.
37–42’; AE , CP All. 29 fol. 395–399 und 401–402’. Druck: Nég. secr. II, 1 S. 111–114;
Gärtner III S. 339–348.
Intensivierung der Kriegführung in Deutschland. Gerüchte über die Verhandlungen mit dem Herzog
von Lothringen. Korrespondenz mit Enghien. Stand des Konflikts in Ostfriesland. Angebliche Bereit-
schaft von Hessen-Kassel zu Partikularverhandlungen. Unsichere Nachrichten über eine schwedisch-
dänische Seeschlacht. Unklarheit der Absichten Torstensons. Vertretung Rortés durch Malpierre.
Unterrichtung Meulles’ über die Auszahlungsbedingungen der schwedischen Subsidien. Sicherung der
Subsidiengelder für Siebenbürgen. Nachricht über siebenbürgisch-kaiserliche Verhandlungen unter
polnischer Vermittlung. Auszahlung von Geldern zur Verwendung La Thuilleries. Informierung La
Thuilleries. Nachteile aus dem schwedisch-dänischen Krieg. Einnahme von Gravelines. Lerida.
Nachrichten über Differenzen zwischen Bayern und dem Kaiser.
Nous aurions sujet d’estre bien glorieux de l’honneur qu’il plaist à Vostre
Eminence de nous faire en nous escrivant que nous avons le bonheur de
rencontrer souvent ses sentimens, si nous ne croyons d’en estre redevables
à sa bonté et à l’affection dont elle a agréable de nous favoriser. Il est bien
vray que nous taschons d’arriver au mesme but que Vostre Eminence se
propose en toutes ses actions, qui est le service de Leurs Majestéz, la gloire
de la nation et le bien du Royaume. Mais nous ne prétendons pas dans les
moyens d’y parvenir de pouvoir estre assistéz de ces grandes lumières dont
tous les conseilz et les pensées de Vostre Eminence sont esclairéz.
Nous n’avons point douté que Vostre Eminence cognoissant parfaittement
la constitution présente des affaires publiques ne fist le jugement qu’elle
faict de celles d’Allemagne. Nous sommes ravis du dessein qu’elle a pris d’y
tourner ses pensées en conseillant à la Reyne d’y faire désormais les plus
grandz efforts de la guerre.
Il est vray que rien ne pouvoit arriver de plus favorable pour cette résolution
que |:l’accommodement de Monsieur de Lorraine. Les ennemis en parlent
comme s’ilz le croyoient rompu et comme si ce Prince estoit en chemin pour
aller joindre leur armée de Flandre:|. Ilz adjoustent mesme |:qu’il a desjà
passé par Namur avec ses troupes:|. Mais il n’y a point d’apparence |:qu’il
ayt voulu faire cette dernière infidélité et qu’il soit si mal conseillé d’attendre
aujourd’huy son restablissement des Espagnolz, qui ont tant d’autres affaires
qui leur sont plus sensibles que les siennes:| et qui (comme nous avons desjà
eu l’honneur de mander à Vostre Eminence) ne feroient pas grand scrupule
de |:l’abandonner pourveu qu’ilz y trouvassent leur compte d’ailleurs:|.
Dans la difficulté qu’on a de faire des levées en Allemagne et de renforcer
les armées que le Roy est obligé d’y entretenir par des troupes françoises
qui s’y ruinent en un moment, l’on ne pouvoit rien obtenir de plus advan-
tageux que de disposer présentement |:de l’armée de Monsieur de Lorraine,
laquelle estant acoustumée aux fatigues du pays:| et pouvant estre beaucoup
augmentée par les moyens qu’on luy en donnera |:pour faire une diversion
d’autant plus considérable qu’elle est extrêmement nécessaire en l’estat pré-
sent où sont les Suédois dans l’Allemagne:|.
Vostre Eminence nous a faict l’honneur de nous informer particulièrement
|:des advantages de ce traicté qu’il ne nous reste qu’à en souhaicter l’entière
conclusion et que l’exécution en:| soit aussy durable et heureuse pour l’avenir
qu’elle frappe aujourd’huy un coup très sensible contre noz ennemis.
Nous ne manquerons pas de commencer au plustost la correspondance qu’il
plaist à Vostre Eminence ordonner |:que nous ayons avec Monsieur le Duc
d’Anghien:|. Si nous avions peu retirer les troupes de Madame la Landgrave
de l’occupation qu’on leur donne fort à contretemps vers l’Ostfrise, nous
nous promettrions bien |:de les faire advancer du costé de la Moselle pour
favoriser ce que Monsieur le Duc d’Anghien y peut entreprendre:|. Nous
pouvons asseurer Vostre Eminence que cet endroit ne regardant pas moins
|:l’Allemagne que la France pour l’intérest de l’Electeur de Trêves qu’on
détient et qu’on despouille injustement:|, toutes les entreprises qu’on y fera
comme Vostre Eminence l’a très prudemment jugé seront de plus grand
fruict et de plus grande réputation que ce qui pourroit estre faict d’un autre
costé. Et nous ne manquerons pas d’en escrire en ce sens à |:Monsieur le
Duc d’Anghien:| puisque Vostre Eminence l’a agréable.
On nous marque de Hollande que Monsieur le Prince d’Orange ne se veut
point mesler de l’affaire d’Ostfrise quoyqu’il y ayt très grande apparence que
tout le mal vient de luy. Nous ne sçavons si la proposition qu’il a faitte que
la Reyne prie Messieurs les Estatz de s’en entremettre seroit utile, si ce n’est
que Sa Majesté y adjouste en termes exprès qu’elle les prie de faire désister
le Comte d’Embden de la nouveauté qu’il a entreprise, puisqu’il est très
certain que dans la conjoncture présente |:il ne pouvoit rien arriver de plus
favorable aux Impériaux ny de plus préjudiciable aux intérestz du Roy que
cette contestation si elle dure encore longtemps. Si Madame la Lantgrave
estoit d’humeur à songer à quelque accommodement particulier, cette vexa-
tion qu’on luy faict n’adjousteroit pas un mauvais prétexte au suject que
luy donne d’ailleurs l’esloignement des forces suédoises de songer à sa con-
servation :|. Nous n’avons pas suject de douter de sa fermeté, quelques avis
qu’on nous ayt voullu donner que les ministres du Duc de Lunebourg
avoyent desjà proposé quelque expédient pour un traitté entre l’Empereur
et elle. Nous nous sommes contentéz d’en advertir ses députéz qui s’en sont
mocquéz et nous ont protesté une inviolable fidélité de la part de leur mais-
tresse . |:Néantmoings, le Comte de Nassau leur a faict dire depuis hyer qu’il
ne feroit plus de difficulté de recevoir leur visite, ce qui nous oblige d’avoir
les yeux ouvertz et de ne rien mespriser; car:| l’armée de Gallas qui se
renforce tous les jours et dont les premières trouppes paroissent desjà aux
environs de Hambourg dès le 19 e de ce mois faict concevoir des espérances
avantageuses aux Impériaux qui sont capables de donner à penser aux Princes
d’Allemagne qui sont déclaréz contre eux.
Dans les bruictz incertains qui courent des combatz qui se sont donnéz près
de l’Isle de Fermen entre les flottes suédoises et danoises où chacun des
partis publie d’avoir eu la victoire, nous ne sçavons encores quelle résolution
prendra Monsieur Torstenson. Il est bien certain qu’il n’a pas exécuté celle
qu’il avoit faitte d’aller au devant de ses ennemis et de se camper entre
Hambourg et Lubec pour leur oster la communication et les assistances
qu’ilz peuvent recevoir de ces deux grandes villes. Cependant Messieurs les
Ambassadeurs de Suède qui dans une conjoncture si importante et où il est
nécessaire de sçavoir l’estat véritable des choses ne nous donnent point de
leurs nouvelles, augmentent extrêmement nostre inquiétude. Nous avons
renvoyé près d’eux le filz de Monsieur le Baron de Rorté pour nous infor-
mer de ce qu’il apprendra pendant l’absence de son père qui est allé travailler
en Ostfrise à assoupir le malheureux différend qu’on y a faict naistre. Nous
avons desjà rendu compte à Vostre Eminence de son envoy et de celuy d’un
autre gentilhomme vers Monsieur le Prince d’Orange pour le mesme sujet,
qui luy auront faict cognoistre que nous n’avons rien obmis de tout ce qui
a dépendu de nous pour remédier à ce fascheux accident, duquel certes
|:Monsieur le Prince d’Orange et Messieurs les Estatz qui l’ont fomenté
jusques là ne sçauroient se bien justiffier:| quoyqu’ilz puissent dire.
Nous sommes très obligéz à Vostre Eminence de la consolation qu’il luy
plaist nous donner en nous asseurant que la Reyne a eu satisfaction de ce
que nous avons traitté avec Monsieur Salvius. Nous en avons desjà donné
advis à Monsieur de Meulles, affin qu’il prenne soin de le faire exécuter
lorsque les lettres de change luy auront esté envoyées. Nous l’avons mesmes
obligé de recevoir encores une fois noz ordres avant que de délivrer aucun
argent, affin que toutes les précautions nécessaires pour l’intérest du Roy y
soyent bien mesnagées.
Il faut croire que Monsieur Des Hameaux |:ayant envoyé offrir au Prince
de Transylvanie le payement des cent mil richedalles qu’il doibt faire délivrer
aura receu ordre des conditions qu’il y doibt mesnager, sans quoy il seroit
à craindre que cette somme ne fust perdue et que ce Prince ne receust
volontiers l’argent du Roy sans s’obliger à rien:|. Aussytost que Monsieur
le Comte de Brienne nous eut donné advis que les lettres de change avoyent
esté envoyées audict Sieur Des Hameaux et qu’il l’avoit chargé de recevoir
de noz nouvelles avant que de délivrer aucun argent, nous luy en escrivismes
amplement et le priasmes de ne faire point ce payement jusqu’à ce qu’il vist
une lettre de nous accompagnée d’une autre qui luy seroit escritte par celuy
qui a eu charge d’aller en Transsylvanie. Si cet ordre est observé comme
nous l’avons estimé nécessaire, |:on ne payera rien que bien à propos et
aprés avoir obtenu de ce Prince les conditions qu’on a à luy demander, si-
non il se pourroit faire qu’il prendroit l’argent à la veille d’un accommode-
ment et ne s’empescheroit pas pour cela de conclurre aussitost après:|.
Vostre Eminence jugera peut estre nécessaire d’en faire escrire en ce sens
à Monsieur Des Hameaux |:affin qu’il ne fasse rien avec précipitation:|.
Ce qui nous oblige d’en faire souvenir Vostre Eminence est l’advis que nous
avons receu d’une conférence qui se doit faire à Tirna entre les commissaires
de l’Empereur et du Transsylvain en présence des Palatins de Cracovie et
de Russie que le Roy de Polongne y doit faire trouver de sa part comme
entremetteur de l’accommodement .
Nous ne sçavons pas comme quoy |:Monsieur Roncalli:| pourra ajuster
cette entremise |:avec les sentimens qu’il dict qu’a son maistre pour l’ abaisse-
ment de l’authorité de l’Empereur:|. Il ne sçauroit guères présentement luy
rendre un plus grand service ny esloigner davantage la paix généralle qu’en
le délivrant d’un ennemy qui l’attacque dans ses pays héréditaires. Il est
difficile de croire que |:l’Empereur veuille jamais consentir à la diminution
de son authorité parce que ce sera l’advis du Roy de Pologne:|, s’il n’y est
forcé par quelque autre puissant moyen. Nous n’avons pas manqué de mettre
un article exprès pour cela |:dans les instructions de Monsieur de Brégy,
affin qu’il destourne s’il est possible ledict Roy d’entreprendre cette média-
tion :|.
Sur le premier ordre que nous receusmes de Vostre Eminence il y a quelque
temps nous fismes remettre |:à Hambourg douze mille richedalles pour
estre délivrées par les ordonnances de Monsieur de La Thuillerye auquel:|
nous en avons donné advis. Nous n’avons point eu de ses nouvelles depuis
qu’il a eu audience du Roy de Dannemarch. Nous avons seulement appris
par le bruict commun que ledict Roy avoit différé de luy donner response
jusqu’à ce qu’il eust combatu en personne la flotte suédoise. Il s’est faict
depuis ce temps là deux grandz combatz sur la mer dont nous ne sçavons
pas le véritable succèz ny s’ilz auront donné l’occasion à Monsieur de La
Thuillerie de reprendre sa négotiation.
Nous n’avons pas manqué de l’informer bien exactement de tout ce qui luy
peut servir auprès du Roy de Dannemarch et particulièrement des conditions
que nous avons exigées des Suédois avant que voulloir continuer le paye-
ment du subside. Puisqu’ilz doivent promettre avant que toucher aucun
argent qu’il ne sera |:employé directement ny indirectement en la guerre de
Dannemark:|, et que les autres précautions que nous y avons apportées
asseurent l’exécution de celle là, il y a lieu de croire que ledict Roy aura
beaucoup plus de suject de s’en louer que de s’en plaindre, aussy bien que
du reste de nostre conduitte aux articles qui le concernent dans la négotiation
généralle où nous avons procédé avec tant de retenue en son endroict que
Monsieur de La Thuillerie auquel nous avons tout faict sçavoir aura bon
moyen de s’en prévaloir auprès de luy.
Quand aux Suédois, Monseigneur, il ne nous a pas esté malaisé de leur faire
comprendre les raisons qui les doivent convier à terminer bientost ce diffé-
rend sans s’arrester aux incidens qui le pouroyent retarder. Dieu veueille
que l’expérience ne leur face pas bientost cognoistre le peu d’apparence qu’il
y avoit d’entreprendre cette nouvelle guerre et le préjudice qu’elle devoit
apporter à tous les autres desseins.
Nous apprenons par la lettre de Vostre Eminence |:que les résolutions de
nostre retraicte ou de l’un de nous doibvent encore demeurer dans les:|
apparences et dans les menaces sans en venir à l’effect, à quoy nous ne
manquerons pas de nous conformer.
Le reste de la lettre de Vostre Eminence, Monseigneur, ne contient que les
bonnes nouvelles dont elle a eu agréable de nous faire part. Il est certain
que la prise de Gravelines que les ennemis mesmes croyent infaillible ouvrant
l’entrée de toute la Flandre, n’est pas de ces conquestes qui n’avancent les
affaires du maistre que du gain d’une seulle place. Chacun admire encore la
grandeur de cette entreprise et la valleur avec laquelle elle est exécutée qui
donne de l’estonnement aux ennemis et leur faict bien croire qu’on n’est
pas pour en demeurer là. On dict que les Espagnolz qui veullent tousjours
rejetter leurs pertes sur la faute de quelque particulier de crainte qu’on ne
les impute à leur foiblesse, accusent publiquement Francesco de Mello.
Quelques religieux de cette ville qui fréquentent les Ambassadeurs d’Espagne
publient desjà qu’il est prisonnier, et on ne doute point que celuy qui luy
succèdera ne prenne véritablement une bonne charge et aussy pesante que
belle. De nostre costé c’est un grand bonheur pour la France que la valleur
et la dignité des personnes royalles soit employée comme est aujourd’huy
celle de Son Altesse Royalle à l’advantage et à la gloire de l’Estat. Ceux qui
passent un peu plus avant avouent qu’on ne sçauroit assez bien recognoistre
l’obligation qu’on doit avoir à ceux qui par leur prudence et leurs travaux
tiennent la conduitte du Royaume dans un estat si juste et si glorieux que
celuy où elle se trouve.
Si les secours de Fribourg et de Lerida pouvoyent esté adjoustéz à la con-
queste de Gravelines, la France donneroit cette année plus de marques de
son bonheur et de sa puissance qu’elle n’a jamais faict. Mais certes, Mon-
seigneur , on n’oze quasi pas espérer qu’une place assiégée à trois cens lieues
de Paris après la perte d’une bataille par un Monarque puissant et qui donne
la force et la vigueur à son armée par sa présence, puisse estre sauvée sans
une espèce de miracle.
Nous sommes advertis de bon lieu qu’il y a quelque sorte de |:division entre
l’Empereur et le Duc de Bavière, celuy cy:| voudroit que l’ambassade de
Munster fust plust célèbre |:et que le Docteur Volmar:| n’y tient pas le
rang d’Ambassadeur, ce qu’il croid honteux pour les deux partis. Il avoit
proposé qu’on envoyast quelque personne plus qualiffiée en sa place, |:à
quoy l’Empereur n’a pas voulu consentir:|. Mais ce qui le touche plus
vivement est que |:l’on ne veult plus à Vienne que les Electeurs envoyent
icy leurs députéz, et ledict Duc semble vouloir obstinément y faire venir les
siens:|, à quoy peut estre il se résoudra plustost |:si on luy faict faire plaincte
que depuis quatre mois que nous sommes icy il n’a pas daigné exécuter la
promesse qu’il avoit faicte par les lettres de Monsieur le Cardinal Grimaldi
d’y faire trouver ses députéz. Son troisiesme suject de plaincte est contre
le décret de l’Empereur qui a donné la préséance aux Ambassadeurs de
Venise par dessus ceux des Electeurs, dont ilz demandent la révocation:|.