Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
56. Rorté an d’Avaux und Servien Osnabrück 1644 April 20
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Osnabrück 1644 April 20
Kopie: AE , CP All. 26 fol. 451–452 = Druckvorlage.
Erneute Bedenken der Schweden gegen die bisher vorgeschlagenen Konferenzorte; ihr Bestehen auf der
Präzedenz. Bericht über die Unterredung mit Langermann auf anderem Wege. Die Schweden zum
Austausch der Vollmachten. Gerüchte über die Abberufung Auerspergs.
Par ma lettre du 18 e je vous feis sçavoir brièfvement ce que j’avois peu
cognoistre de l’intention de Messieurs les Ambassadeurs de Suède et la
conférence que j’eus le matin avec le Baron Oxenstern. Pour le présent, je
ne vous rendray point encore de responce absolue, puisque lesdictz Ambas-
sadeurs ont remis à me la donner incontinent que celuy qu’ilz ont dépesché
à Vinnemberg sera de retour et je vois si ce lieu là est trouvé propre et
commode de part et d’autre, qu’ilz pourront s’y accommoder, puisque Lade-
berg ny Harcotten ne peuvent servir avec ce que ce dernier a desjà esté
choisy pour l’entreveue et conférence des Ambassadeurs impériaux. Quand
au temps et aux formalitéz qui se doivent tenir de part et d’autre, je ne voy
point qu’il s’y puisse rencontrer autre difficulté que pour le commencement
des visittes. Hyer je conféray sur ce sujet toutte l’aprèsdinée avec Monsieur
Salvius et le priay de m’ouvrir son sentiment. Il mist de nouveau en avant
qu’il en faudroit venir au sort, mais je luy feis cognoistre que la France ne
mettroit jamais au sort une préférance qui luy est acquise par dessus tous
les autres Roys, qu’hors le commencement des visittes qui absolument vous
estoit deub, vous traitteriez avec tant de civilitéz avec eux que la Couronne
de Suède recognoistroit combien d’avantages elle recevroit mesme au dessus
des Espagnolz, auxquelz la France n’a jamais voulu donner l’égalité. En
suitte de cela, je luy feis cognoistre comme partout les Ambassadeurs de
France avoient la préférence et l’égalité mesme avec ceux de l’Empereur, je
luy feis aussy cognoistre ce qui s’estoit passé au traitté de Vervins
Vgl. [ S. 80 Anm. 2. ]
tout cela je conclus que les visittes et conférences ne se pouvoient faire qu’en
deux sortes, sçavoir ou en un lieu tiers ou alternatif. Que si on s’accordoit
à un lieu tiers, il n’estoit point raisonnable qu’en cette rencontre on observast
moins que ce qui se feist audict traitté de Vervins où lesdictz Ambassadeurs
de France eurent la main droicte de la table et les Espagnolz la gauche; que
vous faisiez encore beaucoup et que vous croiez bien à leurs désirs en ne
leur demendant point les deux premières places de la table. Que pour les
visittes alternatifves vous ne croiez point et qu’il n’y avoit point aussy de
raison qu’ilz feissent quelque difficulté ou scrupule de vous rendre la pre-
mière , puisqu’en ce cas vous offriez à leur rendre la visitte dans la mesme
conférence et à la suivante à la recommencer et la recevoir d’eux et ainsy
alternatif. Ledict Sieur Salvius me dit qu’il confèreroit de ce poinct avec le
Baron Oxenstern et qu’il ne pouvoit de soy mesme en cela déterminer quel-
que chose de certain, que véritablement de toutes les voies il n’en voioit
point aucune qui soit plus propre que l’alternative ny à laquelle il se faille
plustost arester. Mais que la difficulté estoit en la première visite à quoy le
Baron Oxenstern se laisseroit difficillement persuader, sur quoy je luy feis
cognoistre que je ne croiois point que vous vous en voulussiez aussy déporter
et que cela vous estant deub, il n’estoit point raisonable que vous les veinsiez
chercher chez eux. En suitte de cela aiant encore expliqué bien au long audict
Sieur Salvius comme c’estoit beaucoup leur défférer et par delà mesme de ce
que les Ambassadeurs de France ont jamais praticqué de leur vouloir rendre
la visitte en la mesme conférence et la recommencer le lendemain, je conclus
que je ne voyois point d’autre millieu. Sa responce fust qu’ilz ne pouvoient
rien faire contre leurs ordres ny la dignité de leur Couronne, et de ce dis-
cours il commença à me dire qu’en cela il faudroit procéder comme il s’est
praticqué à vostre venue à Munster et celle du Baron Oxenstern en ce lieu,
sçavoir que les premiers venus visitteroient les derniers, sur quoy je luy
réplicquay que s’il en falloit venir là, que personne n’aborderoit le premier
et que si eux néantmoins le voulloient faire, je vous le ferois sçavoir affin
d’y avoir vostre résolution. Il me resplicqua que cela ne se pouvoit concerter
veu que par ce moyen ilz seroient tousjours au dessoubz, mais qu’on pourroit
bien facillement feindre qu’une roue de carosse s’estant rompue ou bien
quelque autre empeschement survenu en chemin, on a esté contrainct de
tarder, sur quoy je luy dis ecnore que de tout cela il en faudroit convenir.
La conclusion enfin fust qu’il confèreroit enfin avec le Baron Oxenstern de
tous noz discours et qu’au plustost j’aurois responce et que ce qu’il m’en
avoit dit n’estoit que de son mouvement. Mais cependant en me séparant
de luy je luy dis qu’il seroit bien difficile que vous vous déportassiez d’une
chose qui vous est deue. Cependant, Messeigneurs, je n’ay point jugé à
propos de me charger pour ce coup de vous mander ce poinct, mais j’ay
demeuré ferme sur ma proposition. Ce sera néantmoins, Messeigneurs,
d’adviser si cela vous peut donner jour à quelque autre expédient qui puisse
lever touttes les difficultéz, ce qu’attendant je tiendray tousjours bon et ne
me chargeray de vous escrire des autres voies qu’ilz me pourroient proposer
qu’à l’extrémité et que lorsque je verray que la proposition susditte pourroit
causer quelque mauvaise intelligence.
J’attends, Messeigneurs, à vous escrire par la voye de demain sur tous les
autres poincts contenuz en voz lettres et desquels j’ay amplement conféré
avec lesdictz Ambassadeurs. Ce sera aussy par la mesme voie ou bien par
un exprèz que je vous feray sçavoir la conférence que j’ay eue avec Monsieur
Langreman lequel je croy avoir assez bien informé de voz intentions. Je vous
diray seulement pour conclusion de cette lettre que Messieurs les Ambassa-
deurs de Suède approuvent la proposition que les Espagnolz et Impériaux
vous ont faite touchant la communication mutuelle des plains pouvoirs et
voudroient bien aussy que le Comte d’Auersberg se voulust porter au mesme
dessein, affin que s’il se trouve des manquemens aux uns ou aux autres, l’on
puisse dans l’entreveue concerter par ensemble des moiens de les faire corri-
ger . Je m’estanderay demain davantage sur ce sujet et à vous faire sçavoir
la voie que lesdictz Ambassadeurs désirent qui soit tenue pour leur procurer
la susditte communication, y aiant icy quelque bruit que le Comte d’ Auers-
berg doit estre révocqué et un autre substitué en sa place. Mais on croit que
cela se pourra mieux sçavoir par le moien de Monsieur Contarini du Comte
de Nassau, puisque ledict Comte d’Auersberg en aura parlé à celuy cy sans
doutte au voiage qu’il a fait à Munster. C’est, Messeigneurs, ce que j’ay
creu le plus nécessaire de vous faire sçavoir pour le présent.