Acta Pacis Westphalicae II B 6 : Die französischen Korrespondenzen, Band 6: 1647 / Michael Rohrschneider unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter MIthilfe von Rita Bohlen
On envoie à Messieurs les Plénipotentiaires copie de la lettre que le sieur
de Tracy
Alexandre de Prouville, marquis de Tracy (1596 oder 1603–1670), conseiller du Roi; seit
1643 Generalkommissar bei der frz. Armee im Reich, 1646 Kommandant eines Kavalle-
rie-Regiments unter dem Oberbefehl Turennes und gleichzeitig mit der Aushebung neuer
Truppen beauftragt, 1647 frz. Ges. bei den Ulmer Waffenstillstandsverhandlungen, 1652
lieutenant-général, 1663 lieutenant-général für Amerika (DCB I, 554–557; Mazarin,
Lettres I, 963; Scherlen / Ellerbach III, 478 Anm. 1; La Roque de Roquebrune).
plusieurs considérations importantes qui doivent nous obliger à éviter de
rompre avant la campagne prochaine contre
pose qu’on essaie de le faire agréer aux ministres de Suède.
Il allègue, comme ilz verront, quelques raisons qui ne seroient pas bonnes
à estre dittes aux Suédois. Il y en a une aussy qui n’a point de fondement,
qui est que l’on pourroit mesnager Fribourg et Rottweil
Die Städte Freiburg im Breisgau und Rottweil am oberen Neckar waren mit kurbay. Gar-
nisonen besetzt; in ihnen sollten gemäß dem Ulmer Waffenstillstandsvertrag vom 14. März
1647 (s. [nr. 7 Anm. 14] ) keine Frk. oder Schweden feindlichen Truppen aufgenommen wer-
den ( Immler, Kurfürst, 448, 513f).
prince qu’on ne peut prendre confiance en luy à moins d’avoir de nou-
veaux gages de sa foy. Mais pour celles des quartiers elles paroissent fort
essentielles.
Messieurs les Plénipotentiaires examineront tout, et résoudront ensemble
s’il sera bon d’entamer cette négotiation avec les ministres de Suède, ce
qui semble devoir dépendre principalement de l’estat de l’armée suédoise
en Bohême.
Car si elle est en danger et qu’elle ne puisse
où elle est ny s’en retirer sans craindre quelque grand eschec, il semble
qu’il faut que toutes autres considérations cèdent au salut de cette ar-
mée-là et que monsieur le mareschal de Turenne rompe dès à présent
contre
propre les trouppes qu’il a jointes à l’armée de l’Empereur pour oppri-
mer les Suédois.
Mais si le général Wrangel est en toute seureté depuis l’arrivée du renfort
que luy a mené Hamerstein, comme on le mande de divers endroitz, et
qu’il y a grande apparence, veu les avis qu’on a que l’armée impériale, qui
n’estoit composée pour la plus grande partie que de soldatz nouveaux, est
desjà plus affoiblie par leur desbandement qu’elle n’a esté fortiffiée par la
jonction des corps des Bavarrois, en ce cas il semble que si les ministres de
Suède se donnent la peine de bien peser ce qui convient le plus aux inté-
restz communs, non seulement nous ne devrions pas emploier grande per-
suasion à les porter de consentir qu’on diffère pour quelque temps nostre
rupture contre Bavières si cella nous donne moien de jouir de nos quar-
tiers sans y estre inquiétez et de remettre nostre armée en bon estat, mais
qu’ils devroient estre les premiers à nous le conseiller puisque nous ne
pouvons avoir d’avantage qui ne soit aussy le leur particulièrement quand
il s’agit de fortiffier nostre armée.
Et à la vérité demeurant tousjours dans la supposition que Wrangel ne
soit pas en danger, les ministres de Suède nous obligeront à commettre
une grande imprudence qui rejallira bientost à leur dommage s’ilz dési-
rent absolument, et sans avoir esgard à aucunes considérations particuliè-
res que nous rompions
forces se trouvans de beaucoup inférieures aux siennes, nostre déclaration
ne servira qu’à luy donner moien, sinon de nous chasser de noz quartiers,
au moins de les estrécir, et nous contraignant de faire la guerre avec dé-
savantage, pour les maintenir ruiner entièrement nostre armée, reprendre
peut-estre noz places qui eussent esté autrement en seureté, et nous con-
finer deçà le Rhin dans l’impossibilité de remettre noz trouppes, ny de les
renforcer, et avec une despense pour les entretenir à laquelle on ne pour-
roit suffire.
Au lieu qu’en dissimulant pour quelque temps nostre ressentiment nous
pouvons l’endormir en sorte que nous préparans à
reprendre nostre revanche, et l’obligeant luy-mesme à y contribuer, le
coup que nous frapperons après sera infaillible.
Il semble qu’il devroit suffire aux ministres de Suède d’estre asseurez que
l’intention de la France à l’esgard de monsieur de Bavières n’est pas de
demeurer les bras croisés, mais qu’elle rompra contre luy non seulement
aussytost qu’elle verra le pouvoir faire avec succès, mais dès l’instant
qu’elle n’y trouvera pas un manifeste désavantage pour elle et pour ses
alliés, et enfin toutes fois et quantes qu’ils le désireront sans aucune réser-
ve, et de cella l’on peut dès à présent leur en donner telle asseurance qu’ils
tesmoigneront désirer pour leur satisfaction et concerter mesme le temps
et les moiens d’exécutter la chose. Cependant on a renouvellé les ordres à
monsieur le mareschal de Turenne
S. [nr. 210 Anm. 9] .
Bavières comme Messieurs les Plénipotentiaires luy feront sçavoir qu’il
aura esté résolu avec les ministres de Suède. C’est pourquoy ils n’oublie-
ront pas de luy donner de leurs nouvelles, l’instruisant punctuellement de
tout ce qu’il devra faire, ou ne faire pas.
Et pour monstrer évidemment que nous n’affectons pas des délais pour
espargner
pour
qui auroit esté concerté de ne l’attaquer qu’au commencement de la cam-
pagne prochaine, on préviendra volontiers ce temps-là si monsieur de Tu-
renne peut estre dez à cette heure assisté du corps de Konigsmarck ou des
trouppes de Madame la Langrave, ainsy qu’il a esté mandé .
Enfin Messieurs les Plénipotentiaires s’y conduiront avec leur prudence et
leurs circonspections accoustumées et il semble que noz alliez ne sçau-
roient prendre le moindre ombrage de nostre sincérité, puisque nous nous
contentons de leur représenter l’estat de noz affaires, et ce que nous esti-
merions devoir estre fait pour le bien de la cause commune, sans néant-
moins nous y arrester, en sorte que nous ne laissions à leur choix de nous
faire prendre telle résolution qu’ils croiront estre le plus à leur avantage.
Le sieur Krebz n’estant pas parti de Paris sitost qu’il l’avoit cru
Vgl. [nr. 198 Anm. 6] .
occasion de le revoir, et autant qu’on peut s’asseurer aux paroles d’un
prince dont le procédé ne donne pas grand sujet qu’on s’y fie, on a enco-
res eu plus de satisfaction de cette conférence que des précédentes, parce
qu’aiant receu des nouvelles de son maistre il n’a pas seulement confirmé
tout ce qu’il avoit dit qu’il ne s’estoit porté à rompre contre la Suède que
sur la ferme créance qu’il a que cette couronne-là ne veut point de paix, et
ne vise qu’à ruiner la religion catholique en Allemagne, mais il a adjousté
que son maistre souhaitte si passionnément la paix qu’il n’a rien fait jus-
ques icy qui l’empesche de prendre des résolutions directement contraires
et de retirer ses armes voires les emploier contre ceux qu’il connoistra s’en
esloigner.
Si cella est véritable comme il y a grande apparence parce que c’est le
véritable intérest dudit duc, il semble que cette raison seule devroit estre
assez forte non seulement pour obliger la France à dissimuler pour quel-
que temps avec luy, mais que la Suède mesme qui désire la paix et con-
noist qu’elle luy convient, parmy ses méditations de vangeance ne mespri-
sera pas cependant de s’appliquer à le destromper puisqu’il y a lieu de luy
faire toucher facilement au doigt la fausseté du fondement sur lequel il a
pris sa résolution, et qu’ensuitte on peut espérer de la luy faire changer en
une toutte contraire, ou au moins à cesser d’agir comme auparavant.
Il paroist par le discours que le sieur Salvius a tenu à Messieurs les Pléni-
potentiaires qu’il n’est pas esloigné de ce sentiment quand il a dit qu’il
falloit se préparer puissamment à la guerre, mais donner en mesme temps
la créance à un chacun que l’on se porteroit à la paix. Aussy Sa Majesté
attend avec impatience de sçavoir si Messieurs les Plénipotentiaires auront
pu concerter avec luy l’escrit dont il est parlé dans le mémoire du 4 e . Il
est certain qu’il ne peut estre que fort bien receu de toute l’Allemagne, qui
désire et a besoin de la paix, et qu’il peut nous estre si utile auprès du duc
de Bavières, qu’on estime mesme qu’il pourroit estre bon de songer,
pourveu que ce fust de concert avec les Suédois, à faire faire un second
voiage au sieur d’Erbigni auprès dudit sieur duc de Bavières pour luy
porter la pièce, et sçavoir au vray ce que l’on peut s’y promettre de son
entremise après qu’il ne pourra plus douter que les couronnes ne soient
disposées à la paix, et qu’on aura moien de luy faire avouer qu’elles se
sont mises à toute raison et selon le jour qu’il y verra luy faire mesme
instance de retirer ses trouppes de l’armée de l’Empereur et remettre les
choses en l’estat qu’elles estoient auparavant, puisque le fondement sur
lequel il avoit pris sa résolution se trouve faux.
Enfin il semble que la prudence ne permet pas que quelque desplaisir que
nous aions du manquement de monsieur de Bavièrre l’on fasse esclatter
une cholère impuissante, et qui nous seroit mesme préjudiciable. Nous
avons autant d’envie que les Suédois de l’en faire repentir, mais la saison
de le faire utilement ne pouvant estre de trois ou quatre mois pendant que
les uns et les autres nous préparerons puissamment à nous mettre en cet
estat-là, nous devons emploier cet intervalle de temps à ne rien obmettre
pour faire la paix. Car ou nous ferons ce beau présent à la chrestienté avec
grande gloire et avantage pour les couronnes, ou si les ennemis nous né-
cessitent à la continuation de la guerre, nous aurons eu le loisir et les
moiens de nous y préparer, en sorte que nous pourrons nous promettre
avec grande apparence d’y remporter les mesmes avantages que par le
passé.
Il n’y a rien à adjouster à la prudence que Messieurs les Plénipotentiaires
ont fait paroistre dans toutes les responses qu’ils ont f〈ai〉tes au sieur
Salvius sur les discours qu’il leur a tenus.
Il ne faut pas douter que comme ce n’est plus qu’un mesme esprit qui agit
et conduit tous les mouvemens du conseil de l’Empereur et de celuy d’Es-
pagne, on ne fasse toutes les diligences auprès des Suédois et on n’use de
tous les mesmes artifices pour les séparer de la France qui ont esté prati-
quez desjà et qu’on continue pour en séparer les Holandois. Le duc de
Terranova gouvernant l’Empereur et le comte de Penneranda aiant la di-
rection de la conduitte de ses ministres à Munster, on n’est point surpris
que noz parties disent aux Suédois qu’ils ont la mesme volonté de traitter
avec eux qu’ils ont tousjours eue et qu’ils ne veullent rien changer en ce
qui a esté accordé pour leur satisfaction pendant qu’ils ne nous parlent
point, ou que si nous leur parlons, ils contestent tous les pointz de la
nostre, et veullent remettre en nouvelle négotiation tout ce qui a desjà
esté arresté.
Mais on a trop bonne opinion de la générosité de la reyne de Suède, et il y
a trop de raisons de bienséance et d’intérest qui obligent cette couronne-là
à demeurer unie à la France et ferme dans l’observation des alliances, pour
croire que toutes les malices de noz parties soient capables de la séparer
de nous, d’autant plus qu’on ne void pas que les ennemis aient encores
aucun avantage que la jonction des forces de Bavières qui n’ont pas em-
pesché par le passé noz progrez et qu’on n’ait mesme porté ce prince sur
le point de sa ruine s’il n’eust trouvé moien de s’en garentir par une sus-
pension.
Il sera bon d’oster tousjours aux Suédois la pensée que nous puissions
augmenter le subside et leur faire connoistre que ce n’est pas peu dans la
disette d’argent où nous sommes que l’on se charge de continuer à le leur
paier fort punctuellement.
On fera
dans le mois qui vient, mais on souhaitteroit bien que cette marque de la
bonne volonté que Leurs Majestez ont à restablir leurs affaires nous ser-
vist s’il estoit possible à avoir leurs quartiers et contributions de Franco-
nie si le général Wrangel ne les vient pas prendre, ou tout au moins à avoir
leur consentement que nous puissions ne rompre contre
que quand nous serons en estat de luy faire plus de mal qu’à nous. Et à la
vérité ils y ont tant d’intérest eux-mesmes pour les raisons marquées cy-
dessus qu’ils devroient nous en rechercher quand nous ne nous en avise-
rions pas.
Il est certain que les escus d’or au soleil ont de bonté intérieure quatre
solz plus que les ducatz que l’on bat à Amsterdam que Messieurs les Plé-
nipotentiaires escrivent passer dans toute l’Allemagne pour deux reichs-
dalles, mais on ne croit pas qu’il fust de la dignité du Roy, quelque avan-
tage qu’on y rencontrast, de faire battre en France une monnoie au coin
d’un autre prince. C’est pourquoy on jugeroit plus à propos de passer
par-dessus le préjudice que nous recevons de l’extraction de l’or hors du
roiaume, et d’envoier cent mil escus d’or au soleil pour paiement de ce
subside, en quoy nous gaignerions beaucoup et noz alliez n’y perdroient
rien puisque s’ilz ne pouvoient les emploier pour la mesme valeur, il leur
seroit fort aisé de les faire convertir à l’instant en des ducatz à Amsterdam
ou autre part, et avec avantage. On commencera dez à présent à en amas-
ser pour faire ladite somme le plus tost qu’il se pourra. Cependant Mes-
sieurs les Plénipotentiaires auront le temps de répliquer sur cet article et
de faire sçavoir s’ilz y trouve〈nt〉 quelque difficulté en nos alliez ou au-
trement, et n’oublieront pas surtout de faire valloir aux Suédois la passion
que l’on a de les satisfaire en tout, puisqu’aiant fait nostre compte de ne
paier que trois mois après, nous voulons bien prévenir mesme le temps du
terme au hazard que toutes les autres affaires souffrent pour fournir à
celle-cy.
Quant à ce que le sieur Salvius a dit ensuitte d’une lettre du général Wran-
gel que l’on pourroit remettre entre les mains de la France les places que
la couronne de Suède a dans la Haute-Allemagne, pour donner moien à
l’armée de Suède d’en retirer son infanterie dont elle a besoin, la proposi-
tion n’est pas à mespriser et Messieurs les Plénipotentiaires s’y sont con-
duitz avec l’adresse nécessaire à la faire réussir, tesmoignans que lesdites
places nous seroient plustost à charge qu’à utilité.
Il est vray que quand on considère que jusques icy ces messieurs n’ont pas
eu beaucoup de semblables charitez pour nous, ny fait paroistre ce grand
désintéressement à désemparer de leurs places pour nous les remettre, on
juge qu’il pourroit bien y avoir quelque raison plus pressante que celle de
la nécessité du peu d’infanterie qu’ilz en peuvent tirer, et que vraysembla-
blement ils regardent lesdites places comme perdues, n’aians point de
moien de les secourir si monsieur de Bavières les attaque comme il n’en
faut pas douter avec le mesme corpz qui est allé à Memmingen, et
qu’ainsy ilz aiment mieux que nous aions l’affront de les perdre.
Il faut seulement considérer si cette remise des places ne pourroit point
rompre toutes les mesures que nous aurions prises de dissimuler avec
pas luy eschapper ne la souffriroit peut-estre pas aisément sans rompre
aussy contre nous. Sa Majesté se remet entièrement sur Messieurs les Plé-
nipotentiaires d’examiner cette affaire et d’y prendre telle résolution
qu’ilz estimeront à propos, faisant sçavoir en mesme temps à monsieur
le mareschal de Turenne à qui l’on en escrit d’icy en quelz termes ilz en
seront demeurez, et ce qu’il aura à faire pour l’exécution. Ilz considére-
ront mesmes s’il seroit bon de ne s’engager à rien qu’on n’ayt eu son avis,
et on luy mande de l’escrire sans perte de temps ausditz Sieurs Pléni-
potentiaires
S. [nr. 210 Anm. 9] .
Sa Majesté a fort approuvé la pensée que Messieurs les Plénipotentiaires
ont eue de remettre le différend de l’assistance que l’Empereur pourroit
donner comme archiduc au roy d’Espagne au jugement des électeurs et
des princes de l’assemblée, ou de monsieur de Bavières seul, si le bon
concert avec noz alliez n’y est point blessé, et Sa Majesté se remet pour
le choix à ce qu’ils jugeront plus à propos sur les lieux et selon les con-
jonctures, y aiant tout sujet d’espérer que le pis qui nous puisse arriver
sera de voir prattiquer quelqu’un des tempéramens dont l’on a escrit à
Messieurs les Plénipotentiaires et que le sieur Krebz a souvent proposé
de la part de son maistre.
Enfin s’il y a lieu de pouvoir remettre conjointement avec les Suédois aux
estatz de l’Empire la décision des pointz indécis, à l’exception tousjours
de celuy du duc Charles (pour lequel on a toute raison de croire qu’ilz ne
voudront pas que la guerre continue), nous serons asseurez ou d’avoir
bientost la paix, ou de gaigner la bonne volonté de ceux qui la désirent,
et destruire toutes les machines de noz ennemis, car il y a grande appa-
rence qu’en ce cas le duc de Bavières estant destrompé des fausses impres-
sions qu’on luy a données au préjudice de la bonne disposition que la
couronne de Suède a pour la paix, s’il voit que les artifices des Espagnolz
prévaillent à toutes les diligences qu’il fera pour obliger l’Empereur de la
conclurre, il pourra prendre alors des résolutions telles que nous pouvons
souhaitter, et non seulement de retirer ses armes de l’Empereur, mais de
nous en assister pour forcer le party contraire à la paix.
Le sieur de Vautorte a despêché icy un courrier depuis peu pour donner
avis de la mort de l’électeur de Mayence et des diligences qu’il avoit faittes
avec le sieur 〈vi〉comte de Courval pour empescher que les Impériaux ne
vinssent à bout du dessein qu’ilz ont de faire faire l’élection de son suc-
cesseur ailleurs que dans Mayence. On adresse à Messieurs les Pléni-
potentiaires la copie du mémoire que Sa Majesté a envoié audit sieur de
Vautorte sur cette occurence, par laquelle ilz apprendront si particulière-
ment ses sentimens et ses intentions qu’il seroit superflu d’y rien adjous-
ter.
Le sieur Hoeufft a fait voir icy une lettre de Munster dans laquelle celuy
qui luy escrit tesmoigne s’estonner que les Espagnolz veuillent remettre la
décision de tous les pointz qui restent à ajuster à l’arbitrage de Messieurs
les Estatz et que la France dont ilz sont alliez ne veuille pas faire le mes-
me.
On a jugé à propos d’instruire pleinement ledit Hoeufft sur cette matière,
parce que la vérité se respend quelquesfois mieux par certains canaux, et
trouve plus de créance que quand elle part de la bouche des ministres
publicz. On luy a fait comprendre comme noz parties se mocquoient de
Messieurs les Estatz sous prétexte de leur faire honneur. Il en escrira à
Munster et à La Haye, mais cella donne lieu de dire à Messieurs les Pléni-
potentiaires qu’une des choses ausquelles ilz doivent s’appliquer avec plus
de soin c’est à destruire dans l’esprit des députez de Holande cette malice
des Espagnolz et leur faire cognoistre que ceux-cy ne veullent remettre à
leur jugement que ce qu’ilz ont desjà accordé, et cella après avoir obtenu
le point de la trêve de Portugal.
Il y a lieu mesme de leur faire avouer que nous conservons leur réputation
que les Espagnolz veullent blesser quand ilz les veullent rendre indiffé-
rentz entre la France et l’Espagne, eux qui sont alliez de l’une, et ennemis
de l’autre, mais comme l’on a fait autrefois des despêches entières qui
n’estoient que sur cette matière
mesmes choses, et Messieurs les Plénipotentiaires n’auront qu’à revoir
lesdites despêches.
On y adjoustera seulement qu’à présent que les Holandois sont comme
d’accord de tout avec les Espagnolz pour ce qui regarde leur traitté, et
qu’ilz n’auront plus d’appréhension d’estre prévenus par cette couronne,
on pourroit comme il a esté mandé les faisant discourir sur tous les pointz
de nostre traitté en destail, les faire tomber adroittement dans nostre sens,
monstrer que nous sommes prestz de defférer à ce qu’ilz nous conseill-
eront et convenir mesme de tout avec eux affin qu’ilz s’engagent d’en
aller parler aux Espagnolz, non comme de pointz résolus, mais comme
de choses ausquelles ilz se font fortz de nous faire consentir, et que si
nous y apportons quelque difficulté, ils passeront outre à leur accommo-
dement sans nous, et cette diligence que l’on feroit à part pour avancer la
paix n’empescheroit pas que les Médiateurs ne continuassent leurs soins
et que les affaires ne se conclussent par leur entremise.
Le sieur de La Thuillerie nous mande
potentiaires d’une ouverture qui luy a esté faitte par une personne affec-
tionnée qui semble n’estre pas à mespriser. Il luy a proposé que les dé-
putez de Messieurs les Estatz asseurant tousjours leurs supérieurs que les
ministres d’Espagne demeurent fermes à accorder à la France tout ce
qu’ilz luy ont offert, on pourroit prendre occasion de presser lesditz dé-
putez à obliger les Espagnolz de se déclarer nettement sur chaque point
qu’ilz ont accordé, et à les mettre en forme, comme l’ont desjà esté les
vingtz premiers articles dont ilz ne peuvent faire de difficulté ny les uns
ny les autres, ou celuy qui y en apportera fera connoistre d’abord qu’il ne
procède pas sincèrement.
Et pour le surplus qui est le moins important si la France ne peut prendre
assez de confiance aux députez de Messieurs les Estatz qui sont à l’assem-
blée pour leur en remettre le jugement, elle pourroit s’en rapporter à ce-
luy de monsieur le prince d’Orange, et de quelques-uns de l’Estat qui
seront jointz à luy, exigeant seulement une condition que Messieurs les
Estatz ne conclussent point leur traitté avec Espagne que monsieur le
prince d’Orange et ses associez n’eussent prononcé.
Sa Majesté se remet entièrement à ce que Messieurs les Plénipotentiaires
estimeront devoir faire là-dessus, et juge néantmoins que quand mesme
ilz ne croiront pas devoir rien remettre à l’arbitrage de monsieur le prince
d’Orange, on peut proffiter de l’autre partie de cet expédient qui est de
prendre occasion sur ce que les députez de Holande disent que les Espa-
gnolz demeurent fermes en ce qu’ilz ont accordé à cette couronne, de les
presser de se déclarer nettement et en forme de ce qu’ilz prétendent luy
avoir accordé ou non, affin ou que nous assurions bien ces pointz-là, ou
que nous puissions faire voir à Messieurs les Estatz que noz parties ne
demeurent pas fermes à ce qu’elles ont offert comme leurs députez leur
donnent à entendre, et qu’elles n’ont autre visée que de faire sonner bien
haut parmy les Provinces-Unies leur disposition à la paix, pendant que
dans l’effet elles s’en esloigent le plus.
Sa Majesté a veu l’avis de Messieurs les Plénipotentiaires touchant le duc
Charles et l’a trouvé fort judicieux, en ce qu’ils estiment qu’attendu l’in-
constance naturelle de ce prince on doit l’obliger à rendre quelque service
réel et effectif à cette couronne, avant qu’il en reçoive des grâces.
On a tousjours eu icy comme ilz auront remarqué dans diverses despê-
ches
puis peu on avoit songé comme eux à luy proposer la conqueste de Na-
ples, et de luy offrir deux mil chevaux, quatre ou cinq mil hommes de
pied pour joindre à ses trouppes, une armée navale équipée de tout point
et une somme considérable tous le mois pour fournir aux frais de la
guerre et entretenir les trouppes; on luy en fera faire la proposition.
Nous sçavons que depuis peu ledit duc a parlé au milord Goring
passage en Angleterre avec ses trouppes. Et s’il a esté capable d’avoir cette
pensée pour l’intérest d’autruy, et pour appuier seulement une couronne
chancellante, à plus forte raison devroit-il entendre aux moiens de s’en
mettre une sur la teste, ce qui dans les conjonctures présentes pourroit
assez probablement réussir.
On a seulement quelque peine en ce que la paix pourroit se conclurre
dans l’intervalle de temps qu’il mettroit à se préparer pour l’entreprise,
ou avant qu’elle eust pu estre mise à fin, et alors nous l’aurions sur les
bras et serions fort embarrassez pour le satisfaire, mais s’il escoute la pro-
position, on pourra songer à quelque expédient.
On parlera icy au comte Nerli ambassadeur de Mantoue pour luy faire
escrire à son collègue à Munster une lettre qui authorise le changement
que celuy-cy a jugé à propos de faire en l’article de Cazal, et on n’oubliera
pas de luy faire les reproches qu’il mérite d’avoir non seulement concerté
à nostre insceu avec noz parties ledit article en la forme qu’il est couché
dans le projet des Espagnolz
S. [nr. 202 Anm. 3] .
aucun changement.
Quant à la proposition que le comte de Sannazzaro a faitte que la France
voulust donner la comté de Charolois, ou Poligny, et Lion-le-Saulnier à la
maison de Mantoue pour la desdommager de la lésion qu’elle prétend
avoir soufferte dans le traitté de Querasque, Sa Majesté ne veut pas ouvrir
cette porte d’appliquer les conquestes qu’elle a faitte jusques icy au des-
dommagement d’autruy, désire que l’on tienne bon à l’exécution du
traitté de Querasque et ne prétend estre obligée à rien au-delà de ce qu’il
contient, et que tout ce à quoy elle pourra se porter à l’avenir pour l’avan-
tage de la maison de Mantoue partira de sa pure générosité.
Que néantmoins si on peut faire quelques conquestes en Italie où nous ne
voulons rien retenir, Sa Majesté se disposera volontiers à gratifier laditte
maison pour réparer cette lésion prétendue, d’autant plus si monsieur de
Mantoue se résolvoit à se déclarer comme d’autres princes qui ont les
armes à la main contre l’Espagne dans le Milanez.
C’est tout ce que l’on peut dire à Messieurs les Plénipotentiaires en res-
ponse de leur dernier mémoire du 14 e du courant, à quoy on adjoustera
maintenant quelque avis dont on estime qu’il est bien à propos qu’ilz
soient informez.
Gesicherte Nachrichten aus Madrid melden, daß der spanische König den
Staatsbankrott erklärt hat. Einzelheiten, on sçait qu’il prétend par cette
voye avoir pourveu suffisamment pour six ans à tout l’argent qui luy est
nécessaire pour soustenir la guerre, et il est aisé à voir que cella n’aidera
pas à le disposer d’apporter des facilitez à la paix.
Cet incident qui mérite grande réflexion joint à la conduite que les minis-
tres d’Espagne tiennent desjà à Munster pour esloigner la paix, mettans
tous les obstacles dont ilz peuvent s’aviser à celle de l’Empire et faisant
connoistre assez dans nostre traitté qu’ilz n’ont autre but que de séparer
les Holandois d’avec cette couronne, a fait commencer de songer icy qu’il
sera bon d’oster à nos parties les moiens d’amuser plus longtemps le tapis,
et qu’à l’exemple de l’escrit que nous sommes sur le point de mettre au
jour avec les Suédois sur les affaires de l’Empire, on pourroit faire aussy
une déclaration à l’esgard de l’Espagne contenant les dernières intentions
de la France sur chaque point, et désignant un certain temps, passé lequel
si on n’est tombé d’accord, Sa Majesté ne pouvant souffrir que la chres-
tienté soit plus longtemps abusée des espérances qu’on luy donne de la
paix, qui dans cette incertitude luy font plus de mal que la guerre mesme,
retirera ses plénipotentiaires de l’assemblée et ne songera plus qu’à la con-
tinuation de la guerre.
On songeroit aussy en ce cas d’assembler en présence de Leurs Majestez
un grand conseil, auquel elles appellassent les ducz et pairs, mareschaux
de France et autres officiers de la couronne, premiers présidens des cours
souveraines, et ceux qui ont servi l’Estat en des ambassades, et après leur
avoir fait connestre ce que Leursdites Majestez ont fait pour avoir la paix,
et le dessein que noz ennemis ont de perpétuer la guerre, prendre de leur
avis les résolutions les plus convenables au bien du service de Leursdites
Majestez et à l’avantage de cette couronne.
Ce sont pensées informes et indigestes sur lesquelles Sa Majesté sera bien
aise de sçavoir par avance le sentiment de Messieurs les Plénipotentiaires
avant que de prendre sa résolution.
Ce qui nous importe le plus en cella c’est d’estre esclaircis au plus tost si
les ennemis veullent la paix ou non, car pourveu que nous aions moien de
faire voir au monde qu’ilz sont la cause eux seuls qu’elle ne se conclud
pas, la France a assez de forces non seulement pour ne pas craindre la
continuation de la guerre, mais pour se promettre d’y avoir les mesmes
avantages qu’elle a remportez jusques icy, notamment aiant Dieu pour
elle et tous les hommes bien intentionnez qui verront ce qu’elle avoit fait
de sa part pour donner le repos à la chrestienté, et que toutes les belles
protestations que les Espagnolz faisoient de la vouloir n’estoient que des
artifices pour l’esloigner.
C’est pourquoy on réplique encores ce qui a esté souvent mandé que le
principal soin de Messieurs les Plénipotentiaires doit bien estre de faire la
paix, mais qu’ilz n’en doivent guères moins prendre ne la faisant pas d’en
faire tomber le blasme sur noz ennemis seuls qui l’empeschent.
Monsieur le cardinal Mazarin a eu ces jours-cy une longue conférence
avec l’ambassadeur de Venize qui réside en cette cour sur les affaires gé-
nérales. Il a fort pressé sur le point des fortifications de Catalogne pour
descouvrir si on seroit capable de se contenter de la liberté de pouvoir
achever pendant la trêve celles qui se trouvent commancées. On luy en a
osté toute espérance affin que Messieurs les Plénipotentiaires aient plus de
moien de mesnager ce point-là à nostre avantage, et d’en tirer le plus qu’il
sera possible ou faire valoir en autre chose leur relaschement s’ilz jugent à
propos de s’en départir comme ilz en ont le pouvoir.
Il a parlé des dépendances de noz conquestes et on luy a dit qu’on ne
comprend pas avec quel front les Espagnolz, qui se servent de la média-
tion des Hollandois, prétendent dans un mesme traitté et sur une mesme
affaire nous contester une chose qu’ils ont accordée sans difficulté aux
mesmes Holandois, encores qu’ilz sachent que la religion sera changée
aussytost dans lesdites deppendances qu’ilz leur cèdent.
Il a touché aussy le point du duc Charles et voulu faire connoistre que
l’on y rencontreroit grande difficulté. On s’est emporté là-dessus et
parlé en sorte qu’il ne peut luy estre resté la moindre espérance qu’on
cède jamais autre chose que ce que Sa Majesté a offert par pure géné-
rosité et sans nécessité aucune, puisque les ministres de Holande nous
avoient desjà asseurés de la part de ceux d’Espagne que cette affaire
n’empescheroit pas la conclusion de la paix. On luy a fait voir ensuite
les raisons et la justice de nostre procéder, dont il a tesmoigné demeu-
rer satisfait.
Ledit ambassadeur dit que Contareni luy escrivoit que les députez de
Holande luy avoient demandé s’il estoit vray que la paix d’Espagne avec
la France fust si avancée, mais qu’il n’avoit pas voulu leur en rien dire
pour les laisser tousjours en soucy. On luy a fait remarquer le tort
qu’avoit Contareni d’en avoir usé de telle sorte et de n’avoir pas pris une
si belle occasion de faire connoistre ausditz députez l’artifice des Espa-
gnolz, qui leur donnent le traitté de France pour conclu affin de les haster
à achever le leur sans nous, de crainte d’estre prévenus, et que comme il a
intention et intérest que les deux traittez se fassent conjointement, il doit
songer à avancer le nostre, celuy des Holandois ne l’estant desjà que trop.
Ledit ambassadeur a dit aussy que son collègue de Madrid luy mandoit
la résolution que le roy d’Espagne avoit prise de manquer à ses créanciers;
qu’il le voyoit très disposé à la paix pour le mauvais estat de ses affaires et
qu’il envoioit ordre à ses ministres de ne rien disputer à Messieurs les
Estatz espérant qu’il pourroit après conclurre son traitté plus avantageu-
sement avec la France.
Rekapitulation der militärischen Ereignisse in Flandern. Einnahme Agers
durch Condé.