Acta Pacis Westphalicae II B 4 : Die französischen Korrespondenzen, Band 4: 1646 / Clivia Kelch-Rade und Anuschka Tischer unter Benutzung der Vroarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Michael Rohrschneider
Vostre mémoire datté du 9 e du courant est sy clair et les raisons que vous
avez de vous plaindre des Hollandois sy bien fondées qu’il n’y a rien à désirer
après les choses que vostre prévoyance et capacité vous ont suggérées. Je ne
sçays pourtant ce qui réussira de vos justes plaintes, mais ce n’est pas peu
d’avoir confondu ceux qui manquent à leurs engagements et à leurs propres
intérests. On avoit deub appréhender que les Espagnols plus déliés que les
Hollandois circonviendroyent ceux-cy, mais qu’ils peussent manquer de fidé-
lité c’estoit bien une chose qui passoit par l’esprit des plus délicats, mais qui
estoit combatue de tant de raisons qu’ils estoyent forcés de revenir aux senti-
ments des autres. Par leur conduitte ils ont donné beaucoup de gloire au Pi-
gneranda, mais ils se sont à proportion couverts de honte, et celuy-là les en a
mesprisés en son cœur qui aura esté surpris de veoir leur armée en campagne,
et qui le sera encores davantage sy ell’agit avec la fermeté qu’on se doit pro-
mettre du prince d’Orange, auquel il convient pour l’avantage de sa maison
qu’il fasse quelque chose de hault relief et que son fils soit en part de l’action,
affin que venant à l’autorité il la soustienne d’une réputation acquise. Sans
cela il sera peu considéré, et les services des pères et des ayeuls sont facilement
oubliés par des peuples, lesquels ayans longuement combatu pour la liberté
ne la croyent fondée qu’en abbaissant la puissance de ceux qui sont de quel-
que illustre naissance et qui ont contribué à la leur acquérir. Vous aurez sceu
comme monsieur d’Estrades a esté forcé de mander à son secours monsieur de
La Thuillerie, et de ses despesches à son retour de Bréda quelle aura esté la fin
de son voyage.
Ce qui nous est mandé de Suède par monsieur Chanut s’accorde avec vos
despesches; les siennes portent que la reyne de Suède veult la paix et qu’ell’est
contante des satisfactions qui luy sont proposées et ne demandera rien davan-
tage que de certaines restrictions soyent levées, et peut-estre, ainsy que vous
l’avez remarqué, elle sera pour habandonner une partie de la Poméranie pour
avoir une cession de l’autre par l’électeur de Brandebourg. Sy les ministres de
cet électeur
Kurbrandenburg war auf dem WFK zu dieser Zeit durch Heiden, Portmann und Fromhold in
Münster, durch Löben (s. [nr. 33 Anm. 1] ) und Wesenbeck in Osnabrück vertreten; Leiter der
Gesamtdelegation war Sayn-Wittgenstein (s. [nr. 36 Anm. 8] ). – Friedrich Fhr. von Heiden,
klevischer Regierungsrat ( Becker S. 165 Anm. 137). – Dr. Johann Portman(n) (1595–1665),
1653 geadelt, klevischer Regierungsrat, Hofgerichts- und Landkanzleirat, vertrat Kurbran-
denburg nach dem WFK auf verschiedenen Reichsversammlungen ( Portman S. 10–12, 17f.;
Jagenburg S. 145; Becker S. 165 Anm. 137; Repertorium I S. 31, 34, 35). – Dr. Johann
Fromhold (1602–1653) wurde 1637 kurbrandenburgischer Hof-, Kammergerichts- und
Kriegsrat, 1648 GR , 1650 Kanzler des Ft.s Halberstadt. Ab Dezember 1652 befand er sich auf
dem Regenburger RT , wo er 1653 starb ( NDB V S. 656f. ; Jagenburg S. 137; Repertorium
I S. 34). – Dr. Matthäus Wesenbeck (1600–1659); 1639 kurbrandenburgischer Kriegs-,
Hof- und Kammergerichtsrat, 1640–1641 pommerscher Ges. auf dem Regensburger RT ,
1643–1645 kurbrandenburgischer und pommerscher Ges. auf dem Frankfurter Deputations-
tag, 1649 Ges. auf dem Nürnberger Exekutionstag, wurde 1651 Kanzler des Ft.s Minden und
1655 wirklicher GR ( DBA 1357, 113–114).
vous ne jugerez pas que son maistre se dispose sy aisément à relascher le sien,
mais ne pouvant mieux il en prendra récompense, et je fais ce jugement sur ce
que ledit Dona diminue la valeur du diocèze d’Alberstat
Im Bt. Halberstadt war unter Hg. Heinrich Julius von Braunschweig (1564–1613; 1566 Bf.)
die Reformation eingeführt worden. 1627 wurde mit Ehg. Leopold Wilhelm (s. nr. 23
Anm. 18) nochmals ein kath. Bf. gewählt, doch befand sich Halberstadt seit 1643 in schwed.
Hand. Im WF (IPO XI,1) fiel es als säkularisiertes Ftm. an Brandenburg zum Ausgleich für
dessen Verzicht auf Teile Pommerns ( LTHK IV Sp. 1328f.; Geist).
pour le contanter il faudroit encores d’autres choses, car s’il ne vouloit que le
sien, il estoit superflu de donner pris à ce qui luy estoit offert.
J’esvite de parler de ce qui est à faire pour avancer la paix, parce que vous
l’avez en plusieurs mémoires et dépesches sur ce subjet, mais je puis bien vous
dire que la pensée d’en jouyr et de la donner à l’Europe sont les délicieux
entretiens de Sa Majesté et qui souhaitteroit de borner ses prospéritez mesme
dans une campagne où tout paroist disposé à les accroistre; le public peut
conoistre que les Espagnols qui publient y estre incités par des considérations
esloignées ne l’ont pas à cœur comme Sa Majesté qui renonce et retranche ses
avantages affin de l’establir.
J’ay eu deux lettres du baron d’Avaugour qui m’ont confirmé et que vous
avez mandé que les généraux suédois sont offensés contre les Hollandois don-
nant à leur manquement le retardement de la jonction de nostre armée avec la
leur, et je ne m’espargneray pas d’appuyer sur cette raison et de faire tous les
offices que vous jugez devoir estre rendus à Madame la Landgraffve mesme
de faire entendre à son ministre combien sa manière d’agir a esté louée, et
ensuitte de faire payer ceux qui la servent des pentions de cette court, et
l’ayant proposé à monsieur le cardinal Masarini, il a esté résolu d’en presser
messieurs des finances; ich werde meinerseits darauf drängen, so schnell wie
möglich die Bezahlung Meulles und Beauregards zu regeln. Für die Erstattung der
von Ihnen für Tracy ausgelegten 8000 Reichstaler werde ich ebenfalls sorgen, et
je suis bien aise d’avoir desjà expédié les ordonnances des douze, dont vous
aviez cy-devant escrit, affin que cette seconde somme leur paroissant moin-
dre, ils ayent plus de facilité à la faire acquitter, s’il est temps de gagner quel-
qu’un des députez, selon qu’il vous a esté mandé, c’est ce qui est remis à vos
prudences.
Le résident de Portugal m’a dit que l’ambassadeur de Venise luy avoit déclaré
que les Espagnols et les Hollandois estoyent d’accord que la paix, qu’ils ont
qualiffié trefve, doit durer trente ans, et qu’on donne divers avantages au
prince d’Orange. Ce discours me fait souvenir d’un publié à Venise sur l’oc-
casion d’une lettre receue du Contarini qui portoit à peu près les mesmes
choses, mais avec une marque de joye indicible et de douleur que les Suédois
n’estoyent pas capables d’imiter les autres et qu’ayans conservé la bonne foy
des septentrionnaux en donnoyent des marques à la France, qu’il falloit
néantmoins essayer de les en faire revenir. J’eusse eu peine à n’en rien tesmoi-
gner à l’ambassadeur de Venise, s’il eust esté en ce lieu, mais à la première
veue et de celle que j’auray de Monsieur le Nonce, je leur parleray comme
vous remarquez qu’il seroit utile, et ils me trouverront dans des pensées sy
haultes pour la satisfaction de Sa Majesté qu’ils auront subjet de croire que je
m’en ouvre avec eux pour les préparer à n’en estre point surpris, quand leurs
collègues qui sont à Munster leur manderont que vous vous en estes aussy
laissés entendre, et il est très vray ainsy que vous le mandez qu’il fault avoir
une conduitte très réservée avec eux, car bien qu’ils paroissent affectionnez, le
désir d’avancer la paix ou de faire conoistre qu’ils ont pénétré quelque chose
les porte à escrire ce qu’ils ne sçavent pas et d’un terme qui ne signiffie rien
d’aprochant de ce qu’ils en conçoivent; ils en tirent des conséquences qui peu-
vent souvent estre préjudiciables aux avantages de Sa Majesté.
Au mesme résident de Portugal le confident qui est averty du prince dom
Edouard prisonnier au chasteau de Milan luy a dépesché un courier exprès
pour l’avertir qu’on avoit osté audit prince son espée et ses domesticques,
qu’il avoit esté interogé par deux fois par le chancelier de Milan
Don Antonio Ronquillo y Briceño (gest. 1651), span. Diplomat und Rechtsgelehrter, Großkan-
zler von Mailand und Vizekg. von Sizilien. Er war 1636 Bevollmächtigter für den Kölner
Kongreß, dann Botschafter in Rom und (November 1646–1649) in Genua ( ABEPI I 832,
287–289; EUI LII S. 270; Repertorium I S. 520).
voyoit bien qu’on songeoit à luy faire perdre la vie, soubs quelque prétexte de
justice commettre la dernière tirannie, et qu’il n’en espéroit la conservation
que des puissans offices que vous passeriez en sa faveur. Ce prince est digne
de compassion et que vous luy continuiez vos assistances, mais sy c’est jus-
ques à déclarer que vous romprez le traitté, sy l’on ne vous assure sa per-
sonne, c’est ce qui ne m’est pas commandé de vous escrire, mais de faire pour
luy comme pour les affaires de son frère tout ce qui est en vostre puissance
hors de rompre l’assemblée pour nous dellivrer de l’importunité dudit rési-
dent qui tousjours nous débat de vous prescrire de demander le sauf-conduit
pour les ambassadeurs de son maistre et d’offrir ceux pour les députez du duc
Charles; sy c’est le prix qu’on y donne, faites entendre aux ambassadeurs qui
sont auprès de vous que vous ne perderez point d’occasion de les servir, mais
qu’il fault qu’il vous laisse la mesnager.
Ce courier venu de Venise en dix jours m’a rendu une dépesche de monsieur
de Grymonville
de Parme luy avoit fait sçavoir qu’il seroit bien aise qu’ils se rencontrassent à
la promenade, et que l’ayant pris dans sa gondolle, luy auroit fait entendre
que ce jour-là qui estoit le 7 e du courant l’ambassadeur d’Espagne
présenté une lettre de créance du vice-roy de Naples
dé le passage sur son Estat de Castro
pour le secours d’Orbitello, que surpris de l’instance et du peu de moyen qu’il
avoit de le luy refuser, il y avoit consenty, et sur ce qu’il luy feust représenté
par monsieur l’ambassadeur que c’estoit faire une chose toutte contraire à la
devotion et service qu’il luy avoit déclaré professer pour la France, le duc luy
auroit réplicqué que pour esviter un affront et la dernière ruyne de ses subjets
il avoit esté forcé de consentir à la demande, mais qu’il avoit bien fait co-
gnoistre au ministre d’Espagne combien c’estoit à contrecœur. Celuy de Sa
Majesté le pria de remarquer qu’il avoit offensé une puissante couronne et
peu ou point obligé l’autre, et qu’il pourroit arriver que son pays deviendroit
le théâtre de la guerre, qu’il avoit peu en imitant le Grand-Duc et le Pape
dont l’un estoit partial et l’autre fort suspect, bien qu’il soit entré en neutrali-
té, lesquels avoyent bien consenty le passage desdites trouppes sur leurs Es-
tats, mais à la file et non d’y donner place d’armes comme l’avoyent prétendu
les Espagnols. Se voyant pressé il dit: „Mais que pouvois-je faire? Je suis mes-
prisé par la France, elle protège mes ennemis, et je n’ay point de traitté avec
elle, ny vous seullement le pouvoir d’en conclure en avec moy.“
A cela il luy feust respondu le premier dire et qu’il ne falloit point mettre en
doubte qu’il auroit esté deffendu et protégé par la France, sy en une occasion
comme celle-là il eust déclaré à l’ambassadeur d’Espagne que sy l’on prenoit à
main armée le passage sur le sien, qu’il entreroit dans le Milanois pour en tirer
raison, que les Espagnols ne l’eussent ozé entreprendre, et qu’il auroit acquis
grand mérite envers Sa Majesté, et puisqu’il luy avoit mis en jeu les Barberins,
qu’il le prioit de considérer s’il estoit plus juste qu’un roy de France prist les
passions du duc de Parme ou le duc celles du Roy, qu’il ne pouvoit ignorer
qu’il avoit esté du service de Sa Majesté de recevoir en grâce et en protection
messieurs les Barberins, et que les Espagnols qu’il considéroit jusques au
point qu’il avoit fait n’exigeroyent pas seullement de ceux qui sont leurs ser-
viteurs de ne rien faire contre une maison de laquelle ils auroyent entrepris la
deffense, mais qu’ils les assujettiroyent à leur faire service.
Ledict duc contre son ordinaire et contre l’attente de monsieur de Grimon-
ville se modéra, advoua l’inégalité des conditions et cela avec tant de flegme
que l’autre jugea qu’il avoit pris engagement avec les Espagnols, ce qui luy
donna matière de parler d’une ligue dont on le déclare le général, à quoy il ne
voulut jamais respondre et dit seullement qu’il despescheroit ou escriroit en
court et qu’il en avoit esté empesché sur ce qu’on avoit publié qu’une armée
qui devoit entrer en Italie feroit déclarer plusieurs, et que pour ne donner lieu
à croire qu’il eust eu pœur ou que ce discours le regardoit il s’en estoit abs-
tenu. Il advoua mesmes qu’il avoit fait passer des offices auprès du Pape
contre la maison Barberine. J’ay creu que vous ne seriez pas maris d’avoir
cette information et que le duc avoit assuré que le Pape et le Grand-Duc
avoyent accordé aux Espagnols le passage de leur armée par leurs pays.
Unklarheit über die Lage vor Orbetello.
Nostre armée de Flandres marche et celle de Messieurs les Estats? Sans son
assistance Courtray a esté emporté, et je croy que les députez de Messieurs les
Estats ont eu tant de honte de ce que la leur n’avoit point eu de part à la gloire
que la nostre y a remportée que ç’a esté le subjet qui les a empeschés de vous
en tesmoigner de la joye, mais c’est une faute qu’ils ont adjoustée à la premiè-
re, et dont vous avez juste subjet de leur faire reproche.
L’avis que vous avez eu du comte de Trotmensdorf de ce qui s’est passé à
Constantinople, lorsque monsieur de Varennes y est arrivé m’a esté escrit de
Venise. La Républicque a eu deux fois des lettres de son baile
de Grimonville n’en a point receu ny pour luy ny pour la cour de monsieur
de La Haye
que la conduitte de la Républicque ou du moings celle de ses ministres peut
destourner Sa Majesté de faire passer à leur secours les vaisseaux qu’elle leur a
promis et qu’ell’en ayt besoing pour soustenir ses entreprises, sy est-ce qu’elle
ne lairra de les y envoyer.
Entsendung einer portugiesischen Hilfsflotte.
Quand le conseil sera revenu auprès du Roy, Sa Majesté examinera le mé-
moire que vous avez envoyé sur le subjet de l’Alsace, et s’il est plus avanta-
geux de la possedder en pleine souveraineté que la relever de l’Empire.
Comme entre Vostre Altesse et vous Messieurs vous avez eu différentes oppi-
nions, cela pourra bien aussy arriver de deçà, et j’avoue pour moy que je pen-
cherois à l’un des costés et que je préférois d’avoir droit de suffrage aux diet-
tes de l’Empire au desmembrement de l’un de ses landgraviats. Ce qui est à
dire sur la matière est sy bien esclersy audit mémoire qu’il ne fault plus re-
chercher de raisons pour l’une ou l’autre oppinion, mais seullement se déter-
miner du choix.
Le duc de Modène n’a pas jugé qu’il fût de saison de proposer au prince de
Corregio
Giovanni Siro (1590–1645), seit Erhebung Correggios zum Ft. durch Ks. Matthias principe di
Correggio, war unter Ks. Ferdinand II. der Falschmünzerei angeklagt und mit einer von ihm
nicht aufzubringenden Geldbuße belegt worden ( DBI XXIX S. 448–450). Sein Land fiel zu-
nächst als Pfand an Kg. Philipp IV. von Spanien, danach an Hg. Franz I. von Modena, der
1635 vom Ks. mit dem Ft. belehnt wurde. Maurizio, Sohn des Giovanni Siro, bemühte sich
nach dem Tode seines Vaters vergeblich, Correggio von Modena zurückzugewinnen ( EI XI
S. 473; Zedler VI Sp. 1369).
fois laisser destromper ledit prince des belles espérances qu’il a conceues à
Milan, l’autre que quand il aura son désistement et sa prétention que l’Empe-
reur pour cela ne l’investiroit pas du fief, et qu’ainsy il n’auroit plus de partie,
mais pour cela il ne seroit pas assuré de se conserver ce qu’il auroit acquis. Il
est mandé à monsieur de Grimonville d’attendre de ses nouvelles et de prof-
fiter de l’occasion qu’il luy donnera et de mesnager ses avantages et de faire
conoistre audit prince que la France a tousjours disposition de le protéger, sy
ce n’est pour avoir une souveraineté au moins des biens considérables.
P. S.: Depuis ma lettre escritte le mémoire du Roy a esté résolu que vous
trouverrez joint à cette dépesche; der venezianische Botschafter hat mir einen
Besuch abgestattet und mir berichtet, daß Varennes unmittelbar nach seiner An-
kunft in Konstantinopel zur Audienz beim Großwesir
habe alle Vermittlungsangebote abgelehnt und die Übernahme der Kriegskosten
sowie das Königreich Kandia
bassadeur me dit parlant des affaires d’Allemagne que les Suédois avoyent
gaigné l’avantage et qu’on les tenoit très disposés à la paix, que bien qu’ils
eussent fait des demandes sans comparaison plus grandes que les François, au
moings s’estoyent-ils donnez à entendre ce qu’ils prétendoyent, que vous
aviez une conduitte opposée à la leur et que vostre but avoit tousjours esté
d’engager les ministres d’Espagne et de l’Empereur à faire des offres, et quand
on vous a habandonné Brisac, qui estoit la borne de vos prétentions à l’esgard
de l’Empire, selon que vous vous en estes explicqués, et qu’on s’en estoit
aussy laissé entendre de deçà, vous aviez dit [qu’]il fault encores d’autres
choses, entr’elles Philipsbourg et que vous en estiez demeurez dans cette
réserve.
Je luy ay dit qu’il se pouvoit souvenir que je luy avois tousjours déclaré que
Brisac estoit une offre à faire pour entrer en traitté, mais non la dernière de
nos prétentions, et que sur ce qu’il avancoit à la gloire des Suédois j’estois
obligé de luy dire qu’il estoit aisé à ceux-là de parler intelligiblement de leurs
intérests et de ceux de leurs amis, qu’ils n’avoyent point de mesures à garder,
n’en ayant que de protestans, que vous au contraire aviez bien les mesmes
protestans en considération, mais bien plus, sy ainsy l’on doit parler, la réli-
gion catholicque, et que pour n’offenser ny l’un ny l’autre party vous estes
bien souvent empeschés à trouver des ajustements, qu’il estoit de la prudence
des médiateurs, ausquels vos extrémitez ne sont pas incognues d’y compartir
et de porter vos parties à se déclarer de tout ce qu’ils peuvent et veullent faire,
affin que vous puissiez en un moment conclure avec eux s’ils se mettent à la
raison. Sans luy dire ce qui m’estoit mandé de Venise, je luy ay bien fait en-
tendre qu’en ce pays l’on voudroit bien que les Suédois nous fissent un faux
bon[d], mais que la foy des gens du septentrion est sy constante qu’il n’y a
rien à craindre de leur costé, et qu’enfin les Hollandois estans en campagne et
pour mettre à fin quelqu’entreprise de haulte considération les Espagnols à
leurs despens esprouveroyent, que sy l’on peut gagner des particuliers, on ne
corrompt point un Estat et que tel offre facilement les choses qu’il croyt qui
agréent pour en tirer des avantages, asseuré néantmoins qu’il n’en sera rien
exécuté, il changera [!] de visage et de discours, et nous nous séparasmes.
Je luy dois cette justice qu’il est bien intentionné envers cette couronne, et
quand il est persuadé par Contarini que vous estes en tort, c’est l’amour de sa
patrie qui l’emporte qu’il cognoist ne pouvoir se deffendre du puissant en-
nemy qui l’attacque sans l’assistance des potentats crestiens qui n’y sçau-
royent estre induits, sy une fois la paix n’est conclue entr’eux. Ainsy il la
regarde comme leur havre de salut, et pourveu qu’elle soit, elle luy paroist
tousjours juste, soit la France ou l’Espagne, la France ou l’Empire qui l’ayt la
plus avantageuse.