Acta Pacis Westphalicae II B 3,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 2. Teil: 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach

6
Bewunderung und Dank für nrs. 275 und 276.

7
Nous ne ferons pas response par ce courrier à tous les poincts de la dépesche
8
qu’il nous a rendue; outre qu’il nous faut un peu plus de temps que ne nous
9
en donne le suject pour lequel nous le renvoyons en diligence, lorsque nous
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l’avons bien releue et considérée nous reconnoissons qu’il ne nous reste pour
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bien faire nostre devoir qu’à suivre ponctuellement ce qu’elle nous ordonne.

12
Avant l’arrivée du courrier

43
Am 24. Mai 1646; s. [nr. 287] .
les médiateurs nous avoient veu et remonstré
13
qu’ayans pressé en touttes facons le comte de Trautmansdorff de laisser Bri-
14
sac à la France, il avoit tousjours fortement persisté à ne point céder ceste
15
place, se plaignant que les François vouloient par le moyen de Brisac qui est
16
deçà le Rhein avoir un pied dans l’Alemagne. Ce qui ne pouvoit estre inter-
17
prété à autre dessein que pour y troubler et jetter la guerre, quand il leur
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plairoit, et non pour s’assurer comme nous disions, le Rhein estant une borne
19
naturelle entre la France et l’Alemagne. Que l’Empereur pour lever tout
20
soupçon qu’il fût pour entreprendre sur la France feroit abbattre le pont et
21
démolir les fortifications; qu’outre cela on pourroit laisser un équivalent et
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une seureté suffisante pour l’Alsace en nous cédant Benfelt et Saverne.

23
Nous dismes auxdicts sieurs médiateurs qu’il nous estoit impossible de traic-
24
ter sans retenir Brisac, que noz instructions, et tous les ordres que nous avions
25
receu depuis, ne nous donnoient pas pouvoir d’entrer en aucun autre party,
26
qu’aussy n’avions-nous jamais escrit à la cour qu’en supposant que Brisac se-
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roit accordé. Et parce que lesdicts sieurs médiateurs blasmoient nostre trop
28
grande fermeté disans que nous demeurions à un mesme mot, sans vouloir
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nous expliquer, ny mesmes leur déclarer ce que nous ferions au cas que nos
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demandes nous fussent accordées et à quoy nous nous relascherions, nous
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adjoustasmes qu’encor que de la cour on nous eût défendu de nous ouvrir
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jusqu’à ce que Brisac fût promis et assuré, nous leur dirions néantmoins en
33
confiance que moyennant la cession de ceste place nous avions pouvoir de
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quitter le Brisgaw et les villes forestières; qu’au surplus |:la France feroit voir
35
de quel pied elle marche dans les affaires généralles de l’Empire, et que pour
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le faict des éveschez et biens d’Esglise, elle s’en déclareroit en pleins estatz
37
quand il seroit

42
37 besoing] im Klartext: temps
besoing et agiroit si efficacement dans les termes de ses allian-
38
ces que les estatz de l’Empire et monsieur le nonce en particullier auroient
39
subject d’en estre contens:|. Que le mesme seroit faict pour ce qui regarde
40
|:l’affaire palatine:| et qu’on déclareroit nettement que |:pourveu que le Bas-
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Palatinat fust conservé entier à cette maison avec un huictiesme électorat, la

[p. 1013] [scan. 343]


1
France n’entendoit point continuer la guerre pour luy faire avoir de meilleu-
2
res conditions:|. Monsieur Contariny demanda: «Que feroit la France sy avec
3
Benfelt et Saverne on luy cédoit encor les deux villes forestières qui sont delà
4
le Rhein

43
Laufenburg und Rheinfelden, zu den Waldstädten s. [nr. 148 Anm. 7] .
?» On repartit qu’on ne changeroit rien pour cela, non plus que pour
5
la cession des droictz de l’Empire, et de la souveraineté sur l’Alsace et sur le
6
Suntgaw; ce qu’on avoit voulu faire valoir, mais que nous tenions sy indiffé-
7
rent qu’on le remettoit au choix des Impériaux. Bien entendu qu’au cas que le
8
pays fût cédé indépendamment de l’Empire, les villes impériales de la Basse-
9
Alsace seroient tenues de la France avec la mesme indépendance, n’entendans
10
touttesfois comprendre en ce nombre Strasbourg ny tout ce qui appartient à
11
ceste république. Les médiateurs redoublèrent vivement leurs instances pour
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nous obliger à quitter Brisac, et dirent plusieurs fois que sy ceste place ne
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demeuroit pas à la France, on luy pourroit donner d’ailleurs, plus qu’elle ne
14
vaut, et que l’on pourroit convenir que Philipsbourg nous demeureroit encor
15
outre les choses cy-dessus spécifiez. Sur quoy enfin nous leur proposasmes de
16
faire deux partys, et de les accompagner des conditions qu’ils jugeroient pou-
17
voir réussir, l’un auquel seroit compris Brisac avec les choses cy-devant offer-
18
tes, et l’autre, où sans Brisac, on donneroit d’ailleurs des avantages telz que
19
mérite l’importance de ceste place. «Ouy, mais vous choisirez Brisach», ont-
20
ils répliqué, «et le comte de Trautmansdorff n’a pas pouvoir de consentir à ce
21
party.» On leur a faict connoistre que véritablement on se pourroit arrester au
22
party qui comprendroit Brisach, que le meilleur seroit de n’en point proposer
23
un autre, mais qu’en ce dernier on pourroit y mettre des choses sy avantageu-
24
ses, que peut-estre on y feroit réflexion, et qu’il ne seroit pas rejetté à la cour,
25
où il faloit nécessairement que nous escrivissions pour ce suject.

26
Après ceste première conférence arriva le courrier, et les médiateurs s’estans
27
|:peut-estre imaginez qu’il y avoit quelques nouveaux ordres:| nous vinrent
28
voir le lendemain |:pour essaier de conoistre comme il y a apparence si nous
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persistions en noz premières résolutions:|. Leur discours fut qu’il estoit du
30
tout impossible de porter le comte de Trautmansdorff à laisser Brisach; mais
31
qu’ils avoient charge de nous offrir Benfelt, Saverne, Reinfelt et Lauffen-
32
bourg. Nous leur respondismes que proposer de nouveaux partis, n’estoit pas
33
avancer la paix, mais l’esloigner, puisque nous n’avions pas pouvoir de traic-
34
ter sinon en supposant que Brisac nous demeureroit; qu’au lieu d’augmenter
35
l’offre dont on avoit parlé deux jours auparavant, on la diminuoit, en ne fai-
36
sant point mention de Philipsbourg; qu’encor que nous vissions une grande
37
perte de temps en ces nouvelles ouvertures, que nous demeurions néantmoins
38
aux termes de la première conférence qui estoient ou de traicter en retenant
39
Brisach, ce que nous pouvions faire en fort peu de temps, ayans tous les or-
40
dres nécessaires pour cet effect, ou que les Impériaux fissent deux partys,
41
comme il est dict cy-dessus, à ce que nous en pussions advertir Leurs Majes-
42
tez et sçavoir sur ce leurs volontez. Les médiateurs s’escrièrent que l’on voyoit

[p. 1014] [scan. 344]


1
bien que la France ne vouloit pas la paix, et qu’assurément c’estoit le suject de
2
l’envoy du courrier qui nous estoit venu. «Sy nous ne voulions pas la paix»,
3
leur dismes-nous, «il ne faudroit que suivre vostre expédient et en escrire à la
4
cour, ce qui emporteroit un mois de temps après lequel nous en serions quit-
5
tes pour dire qu’on n’a pas voulu entendre à ce nouveau party».

6
Nous prismes occasion de leur remonstrer que les Impériaux |:portez et per-
7
suadez peut-estre par les ministres d’Espagne avoient tousjours de vaines es-
8
pérances de traicter séparément avec noz alliez, mais qu’en cella et eux [et] les
9
Espagnolz se tromperoient:|. Et à ce propos on leur fit lecture d’une lettre
10
que nous venions de recevoir de monsieur de La Barde par laquelle il nous
11
escrivoit que |:messieurs Oxenstiern et Salvius avoient fort approuvé nostre
12
résolution de retenir Brisac:|. Ce qui fit dire à monsieur Contariny avec cha-
13
leur et grande esmotion qu’il estoit aisé de voir que |:les Suédois ne voulloient
14
point la paix, qu’ilz avoient tenu un autre langage au comte de Traunsman-
15
dorf estant à Osnabruk et luy donnoient à entendre qu’on pouvoit contenter
16
la France sans luy laisser Brisac, et que quant nous serions ensemble à Lenge-
17
ric ilz nous y disposeroient aisément en nous proposans d’autres partis:|.

18
Nous eusmes hier une 3 e conférence et messieurs les médiateurs après avoir
19
répété les raisons pour nous faire quitter la prétention de Brisach, dirent qu’ils
20
avoient trouvé un tempérament pour faire que nous l’eussions, et que les Im-
21
périaux y pussent condescendre, qui seroit de laisser la place ès mains du Roy
22
pendant sa minorité, après laquelle on démolira les fortifications, et on laisse-
23
roit un pont seulement pour le commerce; et au lieu de Brisac qui seroit remis
24
ainsy ruiné au pouvoir de l’Empereur, on donneroit au Roy Benfelt, Saverne,
25
Reinfelt et Lauffenbourg; à la charge néantmoins que l’Empereur durant tout
26
ledict temps que nous garderions Brisach tiendroit garnison dans Lindau qui
27
est proche Constance, et que lorsque nous rendrions Brisach, la garnison de
28
l’Empereur sortiroit de Lindau, et que les fortifications en seroient pareille-
29
ment démolies, et à la charge encor qu’il seroit convenu au traicté que celles
30
de Hohentviel

43
Hohentwiel, Festung im Hgt. Württemberg.
seroient abbattues. Nous fusmes peu de temps à consulter sur
31
ceste offre. Et la response fut que nous ne pouvions recevoir ces ouvertures
32
sans quelque sorte d’impatience, voyans que tous les jours on alloit diminuant
33
les offres que l’on nous faisoit et y formant de nouvelles difficultez, que nous
34
désirions une paix réglée, certaine et assurée qui ne laissât aucune queue ny
35
suject de nouveaux différends dans quelques années, et qu’en un mot nous ne
36
pouvions rien changer à ce que nous leur avions respondu cy-devant. Ceste
37
response |:mit les médiateurs en mauvaise humeur, jusques à nous menacer
38
de la rupture du traicté:|. Nous leur fismes paroistre sur cela beaucoup
39
|:d’indifférence quant nous n’en serions point les autheurs:|. Après plusieurs
40
paroles jettées de part et d’autre, enfin ils se laissèrent entendre à demy qu’on
41
pourroit nous accorder Brisach, |:mais ce fust avec tant de restrinctions,

[p. 1015] [scan. 345]


1

40
1 de conditions] fehlt im Klartext.
de conditions et de demandes que nous n’avons peu l’accepter de la sorte ny
2
n’avons pas eu lieu d’effectuer les intentions

41
2 de la Reyne] im Klartext: du Roy
de la Reyne portées par le der-
3
nier mémoire du vingtiesme de ce mois :|. Voicy comme les médiateurs nous
4
firent ceste ouverture. Ils nous convièrent de leur dire ce que nous ferions en
5
cas que Brisach nous fût cédé avec les deux Alsaces, et le Suntgaw, et sans
6
nous faire expressément et formellement ceste offre, ils nous apportèrent une
7
liste de conditions qu’ils avoient mises par escrit, sur lesquelles ils vouloient
8
que nous leur fissions sçavoir à l’heure mesme noz dernières intentions. Ils
9
demandèrent donc ce que nous ferions en ce cas |:sur le poinct de l’amnistie,
10
que les Suédois et protestans veulent avoir son comencement dès l’année
11
1618:|; quelle déclaration nous ferions à l’esgard |:des griefz et des différens
12
qui sont entre les catholiques et protestans:|; sy nous ne promettrions pas
13
|:d’ayder à ce que les Suédois se contentent de la satiffaction qui leur a esté
14
offerte:|; quel secours la France donneroit contre le Turc, soit avant la guerre
15
déclarée, ou lorsqu’elle sera ouverte; quelle récompense en argent pour les
16
archiducs d’Inspruch. Il y avoit encor d’autres demandes comme de s’opposer
17
aux prétentions de Madame la Landgrave, de faire contenter le marquis de
18
Brandebourg de l’évesché d’Alberstat pour récompense de la Poméranie,
19
d’ayder à ce que les bailliages du duc de Wirtemberg demeurent en la posses-
20
sion de la maison d’Austriche. On n’oublia pas de leur représenter que tou-
21
chant |:les affaires généralles de l’Empire nous nous estions assez et peut-
22
estre trop expliquez:|; que comme la France ne manqueroit jamais de fidélité
23
à ses alliez, |:aussy ès choses de la religion elle agiroit au-delà de ses promes-
24
ses:|; qu’on ne nous devoit |:pas presser de faire des déclarations hors de
25
temps qui nuiroient au lieu de proffiter et nous rendroient inutilles à cella
26
mesmes que l’on désiroit de nous:|; que pour le secours du Turc et la satis-
27
faction des princes d’Inspruch, il estoit préalable de sçavoir à quelles condi-
28
tions on nous céderoit le pays, et que selon qu’elles seroient plus ou moins
29
onéreuses, on pourroit aussy se resserrer ou s’eslargir davantage; que nous ne
30
sçavions pas quelles estoient les debtes sur l’Alsace, que nous apprenions tous
31
les jours qu’elles estoient très grandes, et excédoient le revenu qui s’en pou-
32
voit tirer; que sy on vouloit descharger le Roy du payement des debtes, Sa
33
Majesté pourroit accorder une plus grande somme, sinon qu’on pourroit la
34
diminuer à proportion; qu’on n’avoit pas accoustumé de faire une acquisition
35
sans sçavoir les charges du fonds duquel on contracte; que nous avions à
36
traicter sur d’autres poincts avec les Impériaux ainsy que nous l’avions ex-
37
pressément réservé, que selon que nous les y trouverions plus ou moins faci-
38
les, nous le serions aussy de nostre costé ès choses que l’on désireroit de nous,
39
ausquelles nous n’avions aucune obligation d’ailleurs. Les médiateurs s’escriè-

[p. 1016] [scan. 346]


1
rent avec chaleur qu’il ne se feroit jamais rien, que ce qu’ils |:nous avoient
2
dict demeureroit comme non dict et se levèrent assez brusquement:|. De
3
quoy nous ne jugeasmes pas à propos de les empescher, et leur fismes assez
4
paroistre que ceste procédure nous sembloit un peu estrange. Nous attendons
5
ce qui se passera ensuite pour en donner aussytost advis.

6
Wir haben Turenne gebeten, nichts zu unternehmen, bis wir in der Verhandlung
7
klarer sehen.

8
Le procédé de |:messieurs les Estatz à La Haye:| et celuy de leurs députez icy
9
|:nous donne bien encor plus d’inquiétude. C’est le principal subject qui nous
10
faict despêcher ce courrier:| afin que Sa Majesté soit informée qu’ils sont
11
|:d’accord avec les Espagnolz:|, que ceux-cy leur |:accordent tout ce qu’ilz
12
leur ont demandé:| et qu’aujourd’huy ou demain les |:plénipotentiaires d’Es-
13
pagne doivent donner leur response par escrit et signée:| d’eux, par laquelle
14
ils consentent |:à tous les poinctz où l’on croyoit qu’il y auroit plus de diffi-
15
culté:|. Ce ne sont plus que |:compliments et caresses entre eux, et les Espa-
16
gnolz:| ont déclaré aux dernières conférences que sy on leur eust |:demandé
17
davantage leur maistre l’auroit accordé de bon cœur pour faire voir:| l’envie
18
qu’il a d’establir un durable repos et une sincère amitié entre les habitans des
19
Pays-Bas. Monsieur de La Thuilerie nous avoit escrit par ses dernières lettres

41
La Thuillerie an d’Avaux und Servien (ebenso an Longueville), Den Haag 1646 Mai 22,
42
Kopien: AE , CP Holl. 35 fol. 277’–280; AE , CP Holl. 36 fol. 287–288.

20
que le poinct |:des Indes estoit capable de retarder longuement la conclusion
21
de l’affaire:|, et les députez de Holande nous avoient dict icy |:la mesme
22
chose:|, ayans ajousté qu’ils n’avoient |:point encor de pouvoir de s’en expli-
23
quer:|. Mais les |:Espagnolz:| pour prévenir |:cette longueur promettent de
24
convenir de tous les expédientz qui leur seront proposez:|.

25
Les députez de |:Messieurs les Estatz nous asseurent bien encor qu’on ne fera
26
rien sans la France:|, et qu’ils l’ont |:déclaré icy de bouche et par escrit à
27
leurs parties:|. Ce qui est en partie véritable, aussy ne pouvoient-ils le |:ref-
28
fuser aux instances pressentes que nous en avons faictes:|, leurs instructions
29
|:les y obligeans, mais quand les Espagnolz s’en sont plaincts à eux:| ils ont
30
faict des responses |:qui ont destruict l’effect de leur déclaration et ont laissé
31
aux autres de grandes espérances d’un traicté particullier:|. Nous sçavons
32
qu’il s’est faict entr’eux divers |:discours qui tendent à cella:| et qu’ils se sont
33
|:cachez à nous:| par concert de beaucoup de |:conférences particullières:|
34
qu’ils ont faictes ensemble par députez.

35
D’ailleurs ils ne nous ont |:jamais comuniqué les avantages particulliers que
36
l’on offre

40
36 dans] im Klartext: par
dans le traicté pour monsieur le prince d’Orange et pour madame sa
37
femme:|, dont nous avons esté avertis |:par des amis confidens autres que
38
ceux qui traictent l’affaire:|, quoyque nous sachions certainement que
39
|:Cnuit l’a mesnagée en secret:| et qu’on attend de jour à autre |:la promesse

[p. 1017] [scan. 347]


1
que Castel Rodrigo doit faire au nom de son maistre de donner Venlo et
2
Ruremonde en souveraineté au prince d’Orange et Tournut

42
Turnhout, Stadt im Hgt. Brabant.
avec son terri-
3
toire scitué entre Anvers et

40
3 Bréda] im Klartext: Bruge
Bréda à madame sa femme:| à la charge de les
4
|:relever du

41
4 roy d’Espagne] nicht dechiffriert.
roy d’Espagne:|.

5
Nous avions bien préveu d’abord que |:l’affaire yroit fort viste, et pour l’em-
6
pescher nous avions tasché dès leur première conférence d’arrester leur négo-
7
tiation:| en leur remonstrant que suivant le traicté de |:La Haye ilz ne pou-
8
voient pas l’avancer, puisques la nostre estoit encor si reculée:|, et que pour
9
faire marcher les deux d’un pas esgal, il falloit que les Espagnols nous fissent
10
|:la mesme déclaration qu’ilz leur avoient faicte de ne prétendre aucune resti-
11
tution:|. Ils nous dirent quelques |:mauvaises raisons pour s’en excuser:| et
12
nous protestèrent diverses fois qu’ils n’estoient |:pas résoluz pour cella de
13
jamais rien faire sans nostre consentement:|. Mais ils firent assez clairement
14
connoistre par leurs discours qu’ils |:n’estoient pas disposez de nous accorder
15
nostre demande, et qu’ilz mouroient d’inpatience d’apprendre ce que les Es-
16
pagnolz voulloient faire pour eux:| avant que les |:intérestz de la France:|
17
fussent adjustez. Ce qui nous fit |:appréhender:| que sy nous les pressions
18
|:tropt vivement d’arrester:|, cela ne produisist |:plustost un mauvais effect
19
qu’un bon et ne leur fournît le prétexte que peut-estre ilz cherchoient de se
20
séparer de nous:|. Néantmoins nous en escrivismes amplement à l’heure
21
mesme à |:monsieur de La Thuillerie:| et luy envoyasmes quelques jours
22
après un gentilhomme

43
Du Ponceau, s. [nr. 279 Anm. 6] .
pour |:tascher par l’ayde de monsieur le prince
23
d’Orange et de ceux de l’Estat qui sont bien affectionnez d’arrester la trop
24
grande précipitation de ces depputtez:|. Nous luy en avons mesmes suggéré
25
quelques moiens pour y |:intéresser l’authorité dudit prince d’Orange et celle
26
des depputtez généraux desquelz ceux qui sont icy ont essayé de ne despendre
27
point en leur négotiation:|, ayans résolu de ne leur |:rendre compte de rien
28
que quant tout seroit résolu:|.

29
Voylà l’estat où est à présent l’affaire. Aussytost qu’elle |:sera achevée icy:|,
30
nous ne doutons pas qu’on n’envoye |:le tout à La Haye avant que signer le
31
traicté en la forme:| qu’il doit demeurer. Nous croyons mesmes qu’il faudra
32
que la chose |:passe encor par l’examen des provinces où l’on pourra agir
33
pour y faire prendre de bonnes résolutions:|. Mais il y a deux |:très grands
34
inconvéniens à craindre:|.

35
L’un que cela |:n’interrompe tout à faict les préparatifz et la résolution de la
36
campagne:|, les espritz de ces pays-là estans la pluspart encor persuadez de-
37
puis |:les bruictz de l’eschange que les Espagnolz y ont faict semer:| qu’en
38
faisant |:de nouveaux:| effortz contre l’ennemy ils |:travaillent plus pour
39
l’intérest de la France que pour le leur:|.

[p. 1018] [scan. 348]


1
Le second que quand il n’y aura plus d’autre difficulté qui arreste |:le traicté
2
que la considération de la France que les Espagnolz disent ne se voulloir pas
3
mettre à la raison, le désir du repos ne porte

38
3 diverses] im Klartext fälschlich: ses
diverses provinces, et principal-
4
lement celle de Holande:| qui donne le bransle aux autres comme |:la plus
5
puissante, à passer outre sans nous:| ou du moins à nous |:presser de faire ce
6
que veullent les Espagnolz pour avoir la paix avec eux:|.

7
Nous venons encor d’envoyer une personne intelligente

42
De Lumbres, s. [nr. 288 Anm. 1] .
|:à monsieur de La
8
Thuillerie pour luy donner advis de ce qui

39
8 se passe] im Klartext: s’est passé
se passe:| et luy dire noz senti-
9
mens sur les |:remèdes qu’on peut y apporter:| pour ne laisser pas |:tomber
10
les affaires s’il est possible dans de si fascheuses extrémitez:|. Mais nous les
11
voyons dans |:un penchant si dangereux que s’il:| n’est assisté du costé de la
12
cour de puissantes instructions et |:de moyens extraordinaires pour agir:| il y
13
aura plutost suject de |:craindre:| le succez de sa négotiation que |:d’en bien
14
espérer:|, principalement s’il est vray que |:monsieur le prince d’Orange ne
15
soit plus en estat de conclurre les affaires, et que madame sa femme qui:| y
16
prend autorité ne soit pas |:bien disposée:| pour des raisons secrettes que la
17
|:ville d’Anstredan et les Espagnolz chacun de leur costé luy peuvent avoir
18
comptées:|.

19
Une personne de

40
19 condition] Konzept Serviens: considération
condition très intelligente et bien affectionnée

43
Nederhorst, s. [nrs. 272] und [283] .
nous a faict
20
|:ouverture d’un expédient qu’elle estime pouvoir réussir, qui est d’offrir la
21
ville de Bruge et toutes ses dépendances à monsieur le prince d’Orange:| en
22
cas qu’il la |:puisse prendre cette campagne:|. Encor que ceste |:place soit du
23
partage du Roy:|, elle ne sera |:pas mal employée:| sy elle peut servir à rete-
24
nir |:Messieurs les Estatz dans le devoir:| par l’intérest qu’ils ont à procurer
25
|:la récompense d’un prince qui les a si bien servi:| et à voir une |:si grande
26
ville en leur disposition:|. Il semble qu’en mesnageant qu’elle |:rellève du
27
Roy, qu’on n’i change rien en la religion:| et que ce soit à condition que
28
|:Messieurs les Estatz observeront l’alliance:|, s’obligeans de conserver |:au
29
Roy ses conquestes d’Espagne aussy bien que celles du Pays-Bas:|, nous com-
30
battions le dessein de nostre ennemy à ses propres despens en nous privant
31
seulement d’une |:place que nous ne tenons pas encor. Cette entreprise:|
32
nous sembleroit mesme plus faisable en l’estat présent des affaires pourveu
33
qu’elle fust |:exécutée par monsieur le prince d’Orange seul, que celle de
34
Gand ny aucune autre où il falût agir en conjonction avec son armée:| parce
35
que certainement |:Messieurs

41
35 les soupçons] im Klartext: le soupçon
les Estatz en l’humeur et dans les soupçons où
36
ilz sont:| consentiront difficilement |:que leur armée se joigne avec celle du
37
Roy ny qu’elle contribue à faire faire une importante conqueste à Sa Majesté

[p. 1019] [scan. 349]


1
proche d’eulx:|. L’on a desjà escrit icy de |:La Haye que l’entreprise de Gand
2
a esté proposée de la part du Roy:|. Peut-estre seroit-il plus à propos pour
3
|:s’accommoder à leur foiblesse, de former cette année des desseins moins
4
importans:| et nous attacher à ce qui nous peut |:accomoder dans le voisinage
5
de la France:|, estant à craindre que touttes les grandes |:conquestes:| qui
6
peuvent estre |:décisives pour le reste du païs,

41
6 n’augmentent] unvollständig dechiffriert: n’augment
n’augmentent leur jalousie:|, et
7
qu’ils n’ayent beaucoup de peine |:d’i contribuer. Sans cette mauvaise rencon-
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tre on pourroit faire de belles choses avec:| les grands préparatifs qui sont
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faictz, |:mais ayans des alliez qui commencent de nous envier et de nous crain-
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dre:|, l’on ne peut pas faire |:beaucoup de fondement sur leur assistance:|, et il
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semble que ce ne sera pas |:peu faire présentement:| sy en faisant une |:partie
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de ce qu’ilz veullent nous les empeschons de sortir d’affaires sans nous:|.

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On croyoit aussy par deçà qu’il ne faudroit pas oublier de faire une |:pro-
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messe considérable à madame la princesse d’Orange:|. Mais il faudroit qu’el-
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le |:fust grande et effective:|, car nous sçavons qu’elle a dict depuis peu à un
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de ses confidens qu’en |:France nous estions très libéraux en parolles:|. Peut-
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estre que |:son mari et elle:| aymeront mieux |:avoir leur compte par les
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bienfaictz de Leurs Majestez que par les mains de l’ancien ennemi de leur
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maison:|. Il semble mesme que |:l’entreprise de Bruge:| réussissant ilz pour-
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ront recevoir des |:deux costez ce qu’on leur offre:|, présupposant que ce que
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|:les Espagnolz leur veullent donner est une condition du traicté général, et
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non pas le prix d’une infidellité:|, car on ne doit pas croire qu’une proposi-
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tion de ceste nature faicte |:en termes honteux eust esté escoutée par des per-
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sonnes de si

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24 grande condition] aus AE , CP All. 60; in der Druckvorlage: grandes condition (Chiffre)
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bzw. grandes conditions (Klartext).
grande condition et qui possèdent tant d’honneur:|.

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|:Die Wichtigkeit der Materie hat uns zu besonderer Eile veranlaßt:|; wir bitten
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um Entschuldigung für allzu freimütige Äußerungen und Formlosigkeit dieses
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Schreibens.

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PS: Depuis ce mémoire achevé nous avons faict un effort nouveau dans une
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conférence avec |:les ambassadeurs de Messieurs les Estatz, qui n’a pas moins
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duré de trois heures:|. Il a falu |:se retirer à part et eux et nous plusieurs
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fois:| avant qu’il y ayt esté pris une résolution. Enfin |:nous avons obtenu
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qu’ilz

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32 déclareront] im Klartext: déclareroient
déclareront aux ministres d’Espagne qu’ilz ne peuvent passer outre:| et
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qu’en effect ils arresteront tout court sy |:noz affaires ne vont d’un mesme
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pas:|, ce qui |:ne sera pas peu utille s’ilz l’exécutent ainsy qu’ilz l’ont promis
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et nous met un peu hors d’inquiétude:|. Nous n’omettrons aucun |:soing né-
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cessaire pour les maintenir dans une si bonne intention:|. Le courrier a esté
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retardé pour en pouvoir donner advis. Sy nous n’avions à |:négotier qu’avec
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noz parties:| peut-estre |:n’aurions-nous pas tant de peine:|. Mais il se peut
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dire avec vérité que les |:amis nous en donnent autant ou plus que noz pro-
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pres ennemis:|.

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