Acta Pacis Westphalicae II B 3,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 2. Teil: 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
Bewunderung und Dank für nrs. 275 und 276.
Nous ne ferons pas response par ce courrier à tous les poincts de la dépesche
qu’il nous a rendue; outre qu’il nous faut un peu plus de temps que ne nous
en donne le suject pour lequel nous le renvoyons en diligence, lorsque nous
l’avons bien releue et considérée nous reconnoissons qu’il ne nous reste pour
bien faire nostre devoir qu’à suivre ponctuellement ce qu’elle nous ordonne.
Avant l’arrivée du courrier les médiateurs nous avoient veu et remonstré
qu’ayans pressé en touttes facons le comte de Trautmansdorff de laisser Bri-
sac à la France, il avoit tousjours fortement persisté à ne point céder ceste
place, se plaignant que les François vouloient par le moyen de Brisac qui est
deçà le Rhein avoir un pied dans l’Alemagne. Ce qui ne pouvoit estre inter-
prété à autre dessein que pour y troubler et jetter la guerre, quand il leur
plairoit, et non pour s’assurer comme nous disions, le Rhein estant une borne
naturelle entre la France et l’Alemagne. Que l’Empereur pour lever tout
soupçon qu’il fût pour entreprendre sur la France feroit abbattre le pont et
démolir les fortifications; qu’outre cela on pourroit laisser un équivalent et
une seureté suffisante pour l’Alsace en nous cédant Benfelt et Saverne.
Nous dismes auxdicts sieurs médiateurs qu’il nous estoit impossible de traic-
ter sans retenir Brisac, que noz instructions, et tous les ordres que nous avions
receu depuis, ne nous donnoient pas pouvoir d’entrer en aucun autre party,
qu’aussy n’avions-nous jamais escrit à la cour qu’en supposant que Brisac se-
roit accordé. Et parce que lesdicts sieurs médiateurs blasmoient nostre trop
grande fermeté disans que nous demeurions à un mesme mot, sans vouloir
nous expliquer, ny mesmes leur déclarer ce que nous ferions au cas que nos
demandes nous fussent accordées et à quoy nous nous relascherions, nous
adjoustasmes qu’encor que de la cour on nous eût défendu de nous ouvrir
jusqu’à ce que Brisac fût promis et assuré, nous leur dirions néantmoins en
confiance que moyennant la cession de ceste place nous avions pouvoir de
quitter le Brisgaw et les villes forestières; qu’au surplus |:la France feroit voir
de quel pied elle marche dans les affaires généralles de l’Empire, et que pour
le faict des éveschez et biens d’Esglise, elle s’en déclareroit en pleins estatz
quand il seroit besoing et agiroit si efficacement dans les termes de ses allian-
ces que les estatz de l’Empire et monsieur le nonce en particullier auroient
subject d’en estre contens:|. Que le mesme seroit faict pour ce qui regarde
|:l’affaire palatine:| et qu’on déclareroit nettement que |:pourveu que le Bas-
Palatinat fust conservé entier à cette maison avec un huictiesme électorat, la
France n’entendoit point continuer la guerre pour luy faire avoir de meilleu-
res conditions:|. Monsieur Contariny demanda: «Que feroit la France sy avec
Benfelt et Saverne on luy cédoit encor les deux villes forestières qui sont delà
le Rhein
Laufenburg und Rheinfelden, zu den Waldstädten s. [nr. 148 Anm. 7] .
la cession des droictz de l’Empire, et de la souveraineté sur l’Alsace et sur le
Suntgaw; ce qu’on avoit voulu faire valoir, mais que nous tenions sy indiffé-
rent qu’on le remettoit au choix des Impériaux. Bien entendu qu’au cas que le
pays fût cédé indépendamment de l’Empire, les villes impériales de la Basse-
Alsace seroient tenues de la France avec la mesme indépendance, n’entendans
touttesfois comprendre en ce nombre Strasbourg ny tout ce qui appartient à
ceste république. Les médiateurs redoublèrent vivement leurs instances pour
nous obliger à quitter Brisac, et dirent plusieurs fois que sy ceste place ne
demeuroit pas à la France, on luy pourroit donner d’ailleurs, plus qu’elle ne
vaut, et que l’on pourroit convenir que Philipsbourg nous demeureroit encor
outre les choses cy-dessus spécifiez. Sur quoy enfin nous leur proposasmes de
faire deux partys, et de les accompagner des conditions qu’ils jugeroient pou-
voir réussir, l’un auquel seroit compris Brisac avec les choses cy-devant offer-
tes, et l’autre, où sans Brisac, on donneroit d’ailleurs des avantages telz que
mérite l’importance de ceste place. «Ouy, mais vous choisirez Brisach», ont-
ils répliqué, «et le comte de Trautmansdorff n’a pas pouvoir de consentir à ce
party.» On leur a faict connoistre que véritablement on se pourroit arrester au
party qui comprendroit Brisach, que le meilleur seroit de n’en point proposer
un autre, mais qu’en ce dernier on pourroit y mettre des choses sy avantageu-
ses, que peut-estre on y feroit réflexion, et qu’il ne seroit pas rejetté à la cour,
où il faloit nécessairement que nous escrivissions pour ce suject.
Après ceste première conférence arriva le courrier, et les médiateurs s’estans
|:peut-estre imaginez qu’il y avoit quelques nouveaux ordres:| nous vinrent
voir le lendemain |:pour essaier de conoistre comme il y a apparence si nous
persistions en noz premières résolutions:|. Leur discours fut qu’il estoit du
tout impossible de porter le comte de Trautmansdorff à laisser Brisach; mais
qu’ils avoient charge de nous offrir Benfelt, Saverne, Reinfelt et Lauffen-
bourg. Nous leur respondismes que proposer de nouveaux partis, n’estoit pas
avancer la paix, mais l’esloigner, puisque nous n’avions pas pouvoir de traic-
ter sinon en supposant que Brisac nous demeureroit; qu’au lieu d’augmenter
l’offre dont on avoit parlé deux jours auparavant, on la diminuoit, en ne fai-
sant point mention de Philipsbourg; qu’encor que nous vissions une grande
perte de temps en ces nouvelles ouvertures, que nous demeurions néantmoins
aux termes de la première conférence qui estoient ou de traicter en retenant
Brisach, ce que nous pouvions faire en fort peu de temps, ayans tous les or-
dres nécessaires pour cet effect, ou que les Impériaux fissent deux partys,
comme il est dict cy-dessus, à ce que nous en pussions advertir Leurs Majes-
tez et sçavoir sur ce leurs volontez. Les médiateurs s’escrièrent que l’on voyoit
bien que la France ne vouloit pas la paix, et qu’assurément c’estoit le suject de
l’envoy du courrier qui nous estoit venu. «Sy nous ne voulions pas la paix»,
leur dismes-nous, «il ne faudroit que suivre vostre expédient et en escrire à la
cour, ce qui emporteroit un mois de temps après lequel nous en serions quit-
tes pour dire qu’on n’a pas voulu entendre à ce nouveau party».
Nous prismes occasion de leur remonstrer que les Impériaux |:portez et per-
suadez peut-estre par les ministres d’Espagne avoient tousjours de vaines es-
pérances de traicter séparément avec noz alliez, mais qu’en cella et eux [et] les
Espagnolz se tromperoient:|. Et à ce propos on leur fit lecture d’une lettre
que nous venions de recevoir de monsieur de La Barde par laquelle il nous
escrivoit que |:messieurs Oxenstiern et Salvius avoient fort approuvé nostre
résolution de retenir Brisac:|. Ce qui fit dire à monsieur Contariny avec cha-
leur et grande esmotion qu’il estoit aisé de voir que |:les Suédois ne voulloient
point la paix, qu’ilz avoient tenu un autre langage au comte de Traunsman-
dorf estant à Osnabruk et luy donnoient à entendre qu’on pouvoit contenter
la France sans luy laisser Brisac, et que quant nous serions ensemble à Lenge-
ric ilz nous y disposeroient aisément en nous proposans d’autres partis:|.
Nous eusmes hier une 3 e conférence et messieurs les médiateurs après avoir
répété les raisons pour nous faire quitter la prétention de Brisach, dirent qu’ils
avoient trouvé un tempérament pour faire que nous l’eussions, et que les Im-
périaux y pussent condescendre, qui seroit de laisser la place ès mains du Roy
pendant sa minorité, après laquelle on démolira les fortifications, et on laisse-
roit un pont seulement pour le commerce; et au lieu de Brisac qui seroit remis
ainsy ruiné au pouvoir de l’Empereur, on donneroit au Roy Benfelt, Saverne,
Reinfelt et Lauffenbourg; à la charge néantmoins que l’Empereur durant tout
ledict temps que nous garderions Brisach tiendroit garnison dans Lindau qui
est proche Constance, et que lorsque nous rendrions Brisach, la garnison de
l’Empereur sortiroit de Lindau, et que les fortifications en seroient pareille-
ment démolies, et à la charge encor qu’il seroit convenu au traicté que celles
de Hohentviel seroient abbattues. Nous fusmes peu de temps à consulter sur
ceste offre. Et la response fut que nous ne pouvions recevoir ces ouvertures
sans quelque sorte d’impatience, voyans que tous les jours on alloit diminuant
les offres que l’on nous faisoit et y formant de nouvelles difficultez, que nous
désirions une paix réglée, certaine et assurée qui ne laissât aucune queue ny
suject de nouveaux différends dans quelques années, et qu’en un mot nous ne
pouvions rien changer à ce que nous leur avions respondu cy-devant. Ceste
response |:mit les médiateurs en mauvaise humeur, jusques à nous menacer
de la rupture du traicté:|. Nous leur fismes paroistre sur cela beaucoup
|:d’indifférence quant nous n’en serions point les autheurs:|. Après plusieurs
paroles jettées de part et d’autre, enfin ils se laissèrent entendre à demy qu’on
pourroit nous accorder Brisach, |:mais ce fust avec tant de restrinctions,
de conditions et de demandes que nous n’avons peu l’accepter de la sorte ny
n’avons pas eu lieu d’effectuer les intentions de la Reyne portées par le der-
nier mémoire du vingtiesme de ce mois :|. Voicy comme les médiateurs nous
firent ceste ouverture. Ils nous convièrent de leur dire ce que nous ferions en
cas que Brisach nous fût cédé avec les deux Alsaces, et le Suntgaw, et sans
nous faire expressément et formellement ceste offre, ils nous apportèrent une
liste de conditions qu’ils avoient mises par escrit, sur lesquelles ils vouloient
que nous leur fissions sçavoir à l’heure mesme noz dernières intentions. Ils
demandèrent donc ce que nous ferions en ce cas |:sur le poinct de l’amnistie,
que les Suédois et protestans veulent avoir son comencement dès l’année
1618:|; quelle déclaration nous ferions à l’esgard |:des griefz et des différens
qui sont entre les catholiques et protestans:|; sy nous ne promettrions pas
|:d’ayder à ce que les Suédois se contentent de la satiffaction qui leur a esté
offerte:|; quel secours la France donneroit contre le Turc, soit avant la guerre
déclarée, ou lorsqu’elle sera ouverte; quelle récompense en argent pour les
archiducs d’Inspruch. Il y avoit encor d’autres demandes comme de s’opposer
aux prétentions de Madame la Landgrave, de faire contenter le marquis de
Brandebourg de l’évesché d’Alberstat pour récompense de la Poméranie,
d’ayder à ce que les bailliages du duc de Wirtemberg demeurent en la posses-
sion de la maison d’Austriche. On n’oublia pas de leur représenter que tou-
chant |:les affaires généralles de l’Empire nous nous estions assez et peut-
estre trop expliquez:|; que comme la France ne manqueroit jamais de fidélité
à ses alliez, |:aussy ès choses de la religion elle agiroit au-delà de ses promes-
ses:|; qu’on ne nous devoit |:pas presser de faire des déclarations hors de
temps qui nuiroient au lieu de proffiter et nous rendroient inutilles à cella
mesmes que l’on désiroit de nous:|; que pour le secours du Turc et la satis-
faction des princes d’Inspruch, il estoit préalable de sçavoir à quelles condi-
tions on nous céderoit le pays, et que selon qu’elles seroient plus ou moins
onéreuses, on pourroit aussy se resserrer ou s’eslargir davantage; que nous ne
sçavions pas quelles estoient les debtes sur l’Alsace, que nous apprenions tous
les jours qu’elles estoient très grandes, et excédoient le revenu qui s’en pou-
voit tirer; que sy on vouloit descharger le Roy du payement des debtes, Sa
Majesté pourroit accorder une plus grande somme, sinon qu’on pourroit la
diminuer à proportion; qu’on n’avoit pas accoustumé de faire une acquisition
sans sçavoir les charges du fonds duquel on contracte; que nous avions à
traicter sur d’autres poincts avec les Impériaux ainsy que nous l’avions ex-
pressément réservé, que selon que nous les y trouverions plus ou moins faci-
les, nous le serions aussy de nostre costé ès choses que l’on désireroit de nous,
ausquelles nous n’avions aucune obligation d’ailleurs. Les médiateurs s’escriè-
rent avec chaleur qu’il ne se feroit jamais rien, que ce qu’ils |:nous avoient
dict demeureroit comme non dict et se levèrent assez brusquement:|. De
quoy nous ne jugeasmes pas à propos de les empescher, et leur fismes assez
paroistre que ceste procédure nous sembloit un peu estrange. Nous attendons
ce qui se passera ensuite pour en donner aussytost advis.
Wir haben Turenne gebeten, nichts zu unternehmen, bis wir in der Verhandlung
klarer sehen.
Le procédé de |:messieurs les Estatz à La Haye:| et celuy de leurs députez icy
|:nous donne bien encor plus d’inquiétude. C’est le principal subject qui nous
faict despêcher ce courrier:| afin que Sa Majesté soit informée qu’ils sont
|:d’accord avec les Espagnolz:|, que ceux-cy leur |:accordent tout ce qu’ilz
leur ont demandé:| et qu’aujourd’huy ou demain les |:plénipotentiaires d’Es-
pagne doivent donner leur response par escrit et signée:| d’eux, par laquelle
ils consentent |:à tous les poinctz où l’on croyoit qu’il y auroit plus de diffi-
culté:|. Ce ne sont plus que |:compliments et caresses entre eux, et les Espa-
gnolz:| ont déclaré aux dernières conférences que sy on leur eust |:demandé
davantage leur maistre l’auroit accordé de bon cœur pour faire voir:| l’envie
qu’il a d’establir un durable repos et une sincère amitié entre les habitans des
Pays-Bas. Monsieur de La Thuilerie nous avoit escrit par ses dernières lettres
que le poinct |:des Indes estoit capable de retarder longuement la conclusion
de l’affaire:|, et les députez de Holande nous avoient dict icy |:la mesme
chose:|, ayans ajousté qu’ils n’avoient |:point encor de pouvoir de s’en expli-
quer:|. Mais les |:Espagnolz:| pour prévenir |:cette longueur promettent de
convenir de tous les expédientz qui leur seront proposez:|.
Les députez de |:Messieurs les Estatz nous asseurent bien encor qu’on ne fera
rien sans la France:|, et qu’ils l’ont |:déclaré icy de bouche et par escrit à
leurs parties:|. Ce qui est en partie véritable, aussy ne pouvoient-ils le |:ref-
fuser aux instances pressentes que nous en avons faictes:|, leurs instructions
|:les y obligeans, mais quand les Espagnolz s’en sont plaincts à eux:| ils ont
faict des responses |:qui ont destruict l’effect de leur déclaration et ont laissé
aux autres de grandes espérances d’un traicté particullier:|. Nous sçavons
qu’il s’est faict entr’eux divers |:discours qui tendent à cella:| et qu’ils se sont
|:cachez à nous:| par concert de beaucoup de |:conférences particullières:|
qu’ils ont faictes ensemble par députez.
D’ailleurs ils ne nous ont |:jamais comuniqué les avantages particulliers que
l’on offre dans le traicté pour monsieur le prince d’Orange et pour madame sa
femme:|, dont nous avons esté avertis |:par des amis confidens autres que
ceux qui traictent l’affaire:|, quoyque nous sachions certainement que
|:Cnuit l’a mesnagée en secret:| et qu’on attend de jour à autre |:la promesse
que Castel Rodrigo doit faire au nom de son maistre de donner Venlo et
Ruremonde en souveraineté au prince d’Orange et Tournut avec son terri-
toire scitué entre Anvers et Bréda à madame sa femme:| à la charge de les
|:relever du roy d’Espagne:|.
Nous avions bien préveu d’abord que |:l’affaire yroit fort viste, et pour l’em-
pescher nous avions tasché dès leur première conférence d’arrester leur négo-
tiation:| en leur remonstrant que suivant le traicté de |:La Haye ilz ne pou-
voient pas l’avancer, puisques la nostre estoit encor si reculée:|, et que pour
faire marcher les deux d’un pas esgal, il falloit que les Espagnols nous fissent
|:la mesme déclaration qu’ilz leur avoient faicte de ne prétendre aucune resti-
tution:|. Ils nous dirent quelques |:mauvaises raisons pour s’en excuser:| et
nous protestèrent diverses fois qu’ils n’estoient |:pas résoluz pour cella de
jamais rien faire sans nostre consentement:|. Mais ils firent assez clairement
connoistre par leurs discours qu’ils |:n’estoient pas disposez de nous accorder
nostre demande, et qu’ilz mouroient d’inpatience d’apprendre ce que les Es-
pagnolz voulloient faire pour eux:| avant que les |:intérestz de la France:|
fussent adjustez. Ce qui nous fit |:appréhender:| que sy nous les pressions
|:tropt vivement d’arrester:|, cela ne produisist |:plustost un mauvais effect
qu’un bon et ne leur fournît le prétexte que peut-estre ilz cherchoient de se
séparer de nous:|. Néantmoins nous en escrivismes amplement à l’heure
mesme à |:monsieur de La Thuillerie:| et luy envoyasmes quelques jours
après un gentilhomme
Du Ponceau, s. [nr. 279 Anm. 6] .
d’Orange et de ceux de l’Estat qui sont bien affectionnez d’arrester la trop
grande précipitation de ces depputtez:|. Nous luy en avons mesmes suggéré
quelques moiens pour y |:intéresser l’authorité dudit prince d’Orange et celle
des depputtez généraux desquelz ceux qui sont icy ont essayé de ne despendre
point en leur négotiation:|, ayans résolu de ne leur |:rendre compte de rien
que quant tout seroit résolu:|.
Voylà l’estat où est à présent l’affaire. Aussytost qu’elle |:sera achevée icy:|,
nous ne doutons pas qu’on n’envoye |:le tout à La Haye avant que signer le
traicté en la forme:| qu’il doit demeurer. Nous croyons mesmes qu’il faudra
que la chose |:passe encor par l’examen des provinces où l’on pourra agir
pour y faire prendre de bonnes résolutions:|. Mais il y a deux |:très grands
inconvéniens à craindre:|.
L’un que cela |:n’interrompe tout à faict les préparatifz et la résolution de la
campagne:|, les espritz de ces pays-là estans la pluspart encor persuadez de-
puis |:les bruictz de l’eschange que les Espagnolz y ont faict semer:| qu’en
faisant |:de nouveaux:| effortz contre l’ennemy ils |:travaillent plus pour
l’intérest de la France que pour le leur:|.
Le second que quand il n’y aura plus d’autre difficulté qui arreste |:le traicté
que la considération de la France que les Espagnolz disent ne se voulloir pas
mettre à la raison, le désir du repos ne porte diverses provinces, et principal-
lement celle de Holande:| qui donne le bransle aux autres comme |:la plus
puissante, à passer outre sans nous:| ou du moins à nous |:presser de faire ce
que veullent les Espagnolz pour avoir la paix avec eux:|.
Nous venons encor d’envoyer une personne intelligente
De Lumbres, s. [nr. 288 Anm. 1] .
Thuillerie pour luy donner advis de ce qui se passe:| et luy dire noz senti-
mens sur les |:remèdes qu’on peut y apporter:| pour ne laisser pas |:tomber
les affaires s’il est possible dans de si fascheuses extrémitez:|. Mais nous les
voyons dans |:un penchant si dangereux que s’il:| n’est assisté du costé de la
cour de puissantes instructions et |:de moyens extraordinaires pour agir:| il y
aura plutost suject de |:craindre:| le succez de sa négotiation que |:d’en bien
espérer:|, principalement s’il est vray que |:monsieur le prince d’Orange ne
soit plus en estat de conclurre les affaires, et que madame sa femme qui:| y
prend autorité ne soit pas |:bien disposée:| pour des raisons secrettes que la
|:ville d’Anstredan et les Espagnolz chacun de leur costé luy peuvent avoir
comptées:|.
Une personne de condition très intelligente et bien affectionnée
Nederhorst, s. [nrs. 272] und [283] .
|:ouverture d’un expédient qu’elle estime pouvoir réussir, qui est d’offrir la
ville de Bruge et toutes ses dépendances à monsieur le prince d’Orange:| en
cas qu’il la |:puisse prendre cette campagne:|. Encor que ceste |:place soit du
partage du Roy:|, elle ne sera |:pas mal employée:| sy elle peut servir à rete-
nir |:Messieurs les Estatz dans le devoir:| par l’intérest qu’ils ont à procurer
|:la récompense d’un prince qui les a si bien servi:| et à voir une |:si grande
ville en leur disposition:|. Il semble qu’en mesnageant qu’elle |:rellève du
Roy, qu’on n’i change rien en la religion:| et que ce soit à condition que
|:Messieurs les Estatz observeront l’alliance:|, s’obligeans de conserver |:au
Roy ses conquestes d’Espagne aussy bien que celles du Pays-Bas:|, nous com-
battions le dessein de nostre ennemy à ses propres despens en nous privant
seulement d’une |:place que nous ne tenons pas encor. Cette entreprise:|
nous sembleroit mesme plus faisable en l’estat présent des affaires pourveu
qu’elle fust |:exécutée par monsieur le prince d’Orange seul, que celle de
Gand ny aucune autre où il falût agir en conjonction avec son armée:| parce
que certainement |:Messieurs les Estatz en l’humeur et dans les soupçons où
ilz sont:| consentiront difficilement |:que leur armée se joigne avec celle du
Roy ny qu’elle contribue à faire faire une importante conqueste à Sa Majesté
proche d’eulx:|. L’on a desjà escrit icy de |:La Haye que l’entreprise de Gand
a esté proposée de la part du Roy:|. Peut-estre seroit-il plus à propos pour
|:s’accommoder à leur foiblesse, de former cette année des desseins moins
importans:| et nous attacher à ce qui nous peut |:accomoder dans le voisinage
de la France:|, estant à craindre que touttes les grandes |:conquestes:| qui
peuvent estre |:décisives pour le reste du païs, n’augmentent leur jalousie:|, et
qu’ils n’ayent beaucoup de peine |:d’i contribuer. Sans cette mauvaise rencon-
tre on pourroit faire de belles choses avec:| les grands préparatifs qui sont
faictz, |:mais ayans des alliez qui commencent de nous envier et de nous crain-
dre:|, l’on ne peut pas faire |:beaucoup de fondement sur leur assistance:|, et il
semble que ce ne sera pas |:peu faire présentement:| sy en faisant une |:partie
de ce qu’ilz veullent nous les empeschons de sortir d’affaires sans nous:|.
On croyoit aussy par deçà qu’il ne faudroit pas oublier de faire une |:pro-
messe considérable à madame la princesse d’Orange:|. Mais il faudroit qu’el-
le |:fust grande et effective:|, car nous sçavons qu’elle a dict depuis peu à un
de ses confidens qu’en |:France nous estions très libéraux en parolles:|. Peut-
estre que |:son mari et elle:| aymeront mieux |:avoir leur compte par les
bienfaictz de Leurs Majestez que par les mains de l’ancien ennemi de leur
maison:|. Il semble mesme que |:l’entreprise de Bruge:| réussissant ilz pour-
ront recevoir des |:deux costez ce qu’on leur offre:|, présupposant que ce que
|:les Espagnolz leur veullent donner est une condition du traicté général, et
non pas le prix d’une infidellité:|, car on ne doit pas croire qu’une proposi-
tion de ceste nature faicte |:en termes honteux eust esté escoutée par des per-
sonnes de si grande condition et qui possèdent tant d’honneur:|.
|:Die Wichtigkeit der Materie hat uns zu besonderer Eile veranlaßt:|; wir bitten
um Entschuldigung für allzu freimütige Äußerungen und Formlosigkeit dieses
Schreibens.
PS: Depuis ce mémoire achevé nous avons faict un effort nouveau dans une
conférence avec |:les ambassadeurs de Messieurs les Estatz, qui n’a pas moins
duré de trois heures:|. Il a falu |:se retirer à part et eux et nous plusieurs
fois:| avant qu’il y ayt esté pris une résolution. Enfin |:nous avons obtenu
qu’ilz déclareront aux ministres d’Espagne qu’ilz ne peuvent passer outre:| et
qu’en effect ils arresteront tout court sy |:noz affaires ne vont d’un mesme
pas:|, ce qui |:ne sera pas peu utille s’ilz l’exécutent ainsy qu’ilz l’ont promis
et nous met un peu hors d’inquiétude:|. Nous n’omettrons aucun |:soing né-
cessaire pour les maintenir dans une si bonne intention:|. Le courrier a esté
retardé pour en pouvoir donner advis. Sy nous n’avions à |:négotier qu’avec
noz parties:| peut-estre |:n’aurions-nous pas tant de peine:|. Mais il se peut
dire avec vérité que les |:amis nous en donnent autant ou plus que noz pro-
pres ennemis:|.