Acta Pacis Westphalicae II B 3,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 1. Teil: 1645 - 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy, mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
Vostre despesche du 10 e du courant receue le 21 e ensuivant, a esté leue à Sa
Majesté et vous verrez par la response avec combien de soing elle a esté exa-
minée. Sur le subject
brug, il n’y a rien à redire, ayant esté entrepris par de grandes considérations.
Sur celuy de monsieur de Saint-Romain en Suède, bien qu’on ne manque pas
de prétexte, il n’a pas laissé d’estre condemné, ainsy que je me suis desjà ex-
pliqué avec vous , la raison est qu’apparemment il est à craindre qu’il n’ayt
aulcun bon succez, d’aultant que si on donne ordre aux plénipotentiaires de
Suède, de mieux vivre avec vous qu’il[z] n’ont fait, cela leur tiendra lieu d’of-
fense, et les pourra engager à vous estre contraires, et si leurs sentimens par
une aultre rencontre d’affaires se treuvoient appuyez, nostre mescontente-
ment sera cogneu aux ministres et à leur reyne, et à ceux qui sont en Allema-
gne que noz instances ne sont pas beaucoup considérées de leurs supérieurs;
ce qui pourra encores faire un mauvais effect. La conduitte des parties est
choquante, et fait bien remarquer qu’elles ne se résouldront de joindre à nous,
qu’elles n’ayent esté esconduites des alliez; quand ilz recherchent les princes
de l’Empire, ilz font ce qu’on a tousjours jugé qu’ilz entreprendroient, et
ceux-là ne sont pas blasmables de désirer et poursuivre que les différends
qu’ilz ont avec l’Empereur soient accommodez avant tous aultres intérestz,
mais que les Suédois y acquiessent, cela est absoluement surprenant, et il faut
qu’ilz ayent les intentions que vous remarquez, si desjà ilz ne sont asseurez de
leur satisfaction. Plusieurs penchent à croire qu’ilz ne veullent point la paix,
et que pour plusieurs respectz ilz luy veullent préférer la continuation de la
guerre. C’est l’advis de monsieur de La Thuillerie, ainsy que je vous l’ay man-
dé, et pour moy j’advoue que j’y soubzscris. Les médiateurs ont eu tort de
vous tant presser de les escoutter, s’ilz n’estoient asseurez que les Espagnolz
estoient en résolution de consentir qu’ilz fissent des ouvertures, et ilz ont
grand subject de leur reprocher leur infidélité s’ilz ont changé, et c’est le seul
moyen qu’ilz ont de justiffier leur conduitte. Le second d’entre eux escript à
Venize, que vous ne demandez pas des choses desraisonnables, et que vous
avez deffendu les intérestz de la religion. J’ay faict copier l’extrait qui m’a esté
envoyé de sa despesche, que vous treuverez joint à celle-cy, duquel vous com-
prendrez mieux, quel a esté son sentiment que des parolles que je pourrois
adjouster; et c’est beaucoup d’avoir le tesmoignage d’un homme de son poids
si advantageux qu’il paroist en son escript. Comme l’événement d’une bataille
en Bohême, de quel costé que tombast le sort, nous seroit préjudiciable, nous
ne contredirons pas l’ouverture d’une suspension d’armes, soubz cette condi-
tion qu’elle ne fût pas de longue durée, si c’est avec la participation des Impé-
riaux que l’ouverture vous en a esté faitte, et que les Suédois y consentent.
Vous donnerez par ce commencement de grandes espérances au publiq, que
vous luy moyennerez son repos. Il est fascheux que la prospérité de noz alliez
nous choque et nous blesse comme leur déroutte, et que nous ne debvoins pas
soushaitter l’entière ruyne du duc de Bavières, parce qu’un jour nous en pour-
rons tirer de grands services, bien qu’il soit le seul qui s’oppose à noz prospé-
ritez, et qui nous réduit presque tous les ans à compromettre nostre fortune,
et soubzmettre au doubteux événement d’un combat, les establissemens que
nous avons en Allemagne. Plus on considère la fermeté des députez de Mes-
sieurs les Estatz de vous presser de leur donner résolution sur le 9 e article du
traitté fait à La Haye, plus on condemne leur injuste prétention; et la pru-
dence avec laquelle vous avez essayé à reculer la nécessité d’entrer et de déci-
der cette matière, a esté beaucoup louée, mais comme vous l’aviez préveu, le
remède n’a pas esté pour longtemps. Si vous ne fussiez point entrez en dis-
cours aprez vous estre levez, vous n’auriez pas esté forcez de vous laisser en-
tendre, ny vous n’eussiez pas tiré leur dernière résolution. La nostre ne sçau-
roit changer, mais Messieurs les Estatz se portans à accepter et se contenter de
ce qu’on peut honnestement et justement faire, vous avez la liberté entière de
leur promettre et accorder ce que vous jugerez leur estre nécessaire pour se
guarentir de l’oppression qu’on leur vouldroit faire. La trefve qui leur est pro-
posée a ses inconvéniens, et la relation à la passée leur doibt faire cognoistre
qu’on ne leur veut relascher la souveraineté. Ce que vous leur avez fait enten-
dre pour nous excuser d’espouser leurs sentimens ne peut estre combatu, et
ilz donneroient de grands advantages à noz ennemys, et juste subject de nous
refuser les choses, sans lesquelles nous ne sçaurions consentir à une paix.
Nous ne ferons pas difficulté de leur garantir une trefve, fût-elle de quarante
ans, moyennant qu’elle expirée nous ne soyons plus en obligation d’aulcune
chose à leur esgard; et si les Espagnolz se portoient à la consentir pour vingt
ans, et à entrer en une obligation de la continuer d’un pareil terme, nous
n’aurions pas subject de nous plaindre qu’ilz nous assujettissent à les leur ga-
rantir, mais il est à craindre que les Espagnolz ne s’y vouldront pas soubmet-
tre, et qu’ilz leur diront que ce seroit faire une paix, soubz un aultre tiltre, et
se priver de divers advantages que par la paix ilz auroient droict de prétendre.
Vous avez remarqué comme en deux lieux vous avez remporté deux advanta-
ges, nous espérons qu’en une troisiesme conférance vous leur ferez consentir
à ce que nous désirons d’eux; et nous sommes trompez si les dépesches du
résident Brasset ne nous ont donné quelque lumière sur ce fait. Il pourra ar-
river que l’ouverture faitte par les Espagnolz aux Hollandois de la trefve vous
donnera de la peine, qu’ilz seront pour s’y porter, et estans horz d’intérestz,
qu’ilz vous presseront au-delà de ce qu’ilz devroient, sans considérer qu’ilz ne
peuvent jouyr de ce bien, que nous n’ayons adjusté noz affaires, puisque les
traitez et alliances nous nécessittent à ne traitter que conjointement. Vous
n’avez pas oublié de le leur faire remarquer, et il sera très à propoz que vous
continuyez, affin de forcer les ennemis de faire aultant d’avances de vostre
costé, qu’ilz font du leur, si la paix ainsy que nous le croyons leur est abso-
luement nécessaire. Dans le conseil il a esté agité ce qu’on debvroit dire sy les
Espagnolz venoient à offrir à la France une trefve aux conditions et pour
aultant de durée que celle qu’ilz prétendent conclure avec les Estatz, et il a
passé, que faitte conjointement et aux susdittes conditions, qu’elle ne devroit
pas estre rejettée. Peult-estre vous sera-elle offerte par leur entremise; je ne dis
pas que vous acceptiez, je n’en ay nul ordre, mais je puis bien vous dire, que le
courrier que vous despescheriez, pour nous en apporter la nouvelle, seroit
bienvenu, et que nous n’employerions pas bien du temps à nous résouldre sur
la question. Il passe pour estably que les Suédois ne sçauroient treuver à re-
dire que nous nous adjustions avec les Espagnolz, et que nostre liaison n’a
d’esgard qu’aux seulles affaires d’Allemagne; ilz ont si fort affecté de s’en dé-
clarer, mesmement en leur dernière response, que nous avons droict de nous
plaindre d’eux, et qu’ilz ont perdu celuy qu’ilz auroient pu avoir si nous
avions embrassé ce party. Le subject de nostre plainte n’est pas sur la chose,
ilz ont raison, mais de l’avoir ainsy déclaré sans nécessité, et qu’il eust esté
bon pour faire voir nostre union, de se laisser entendre qu’ilz estoient en tous
noz intérestz, mais ilz ont suivy un aultre conseil, qui nous donne plus de
liberté que nous n’eussions esté[!] pour en prendre. Au moment que le pape
eust esté adverty du despart des Barberins, il en donna part au duc de Parme,
lequel soubz prétexte de faire sçavoir à Sa Majesté que son frère avoit esté fait
cardinal, a despesché un courrier, vous remarquerez qu’il fut déclaré dez le
mois de décembre, et que ce n’est qu’en février, et encores bien avant qu’il
s’advise de ce compliment. Les discours de Villeré, son résident, ont esté bien
divers. A la Reyne et à moy, il s’est contenté de parler des offres de service du
duc et du cardinal, son frère, et qu’il auroit passion que la France et le Saint-
Siège fussent en parfaitte intelligence, et qu’il y avoit tant de disposition au
pape, de concourrir à une estroitte correspondanse, qu’il pouvoit asseurer
qu’il le tesmoigneroit en son affection tout ensemble.
Il luy fut respondu de Sa Majesté qu’il y avoit si longtemps qu’on l’entrete-
noit de semblables espérances, qu’elle n’y pouvoit pas estre surprise, qu’il fail-
loit des effectz et non des parolles. A monsieur de Lionne qu’il avoit charge
expresse d’entretenir, il luy tint un langage si conforme à celuy que le cardinal
Sforze avoit tenu à Gueffier qu’il sembloit qu’ilz eussent concerté ensemble,
et pourveu qu’on abandonnast les Barberins, il offroit de la part du pape tout-
tes les satisfactions et grâces que Sa Majesté pourroit désirer. Parlant à Son
Altesse Royalle, il offrit d’estre le médiateur des différendz entre le pape e 1
cette couronne, de les assoupir au bien et contentement commun, et que dans
le traitté les Barberins y seroient compriz. A monsieur le prince de Gondé, il
ne parla que de choses généralles, jusques à ce que Son Altesse luy fit repro-
che de ce qu’il avoit avancé parlant à de Lyonne, qu’il recogneust avoir eu
ordre de faire. Un chacun de ses Altesses ayant jugé debvoir faire récit à Sa
Majesté de ce qu’elles avoient recueilly des sentimens dudit duc, selon les
propos qui leur avoient esté tenuz par son ministre, la contrariété donna lieu
de soubçonner diverses choses, et il fut prudemment proposé par monsieur le
cardinal Mazarini, qu’il failloit ou proffiter de l’ouverture, ou en recognoistre
la fourbe, et lever aux malveillans le prétexte de reprocher à la France,
qu’ayant esté recherchée, elle n’avoit pas voulu escoutter les propositions
qu’on avoit eu dessein de luy faire, et que le moyen le plus solide pour parve-
nir à l’une de ces fins, estoit que quelqu’un du conseil parlast audit de Villeré
et luy fît entendre le soing que Son Altesse Royalle avoit pris de donner in-
formation exacte de ce qui s’estoit passé entre eux, et lors ayant esté jugé qu’il
n’y avoit personne qui le pût faire si efficacement que Son Altesse elle eust
agréable de s’y ranger; pour la soulager et luy lever la contrainte de demeurer
nécessité de négotier tousjours avec ledit Villeré, il me fut commandé de me
treuver auprez d’elle lorsqu’elle parleroit audit sieur de Villeré, auquel je puis
vous dire que Son Altesse Royalle a merveilleusement bien fait entendre l’o-
bligation que le duc avoit à Sa Majesté de la confiance qu’elle prenoit en luy,
et que Sa Majesté se sentiroit aussy de son costé obligée audit sieur duc, si par
son entremise il avoit assoupy les desgoûtz qui se passent entre cette cou-
ronne et le Saint-Siège; que pour parvenir à cette fin on luy laissoit l’entière
conduitte de l’affaire sans aultre restrinction, que de ne pas engager mal à
propos cette couronne, ny à promettre pour elle ce qu’elle ne pourroit pas
effectuer, et que sur le fondement estably de fairre cesser touttes les mésintel-
ligences, procurer les satisfactions deues, et asseurer le repos des Barberins, on
entreroit en traité. Le Villeré applaudissant à ce qui luy estoit dict, s’est retiré;
mais parce que Son Altesse s’estoit donnée à entendre qu’il sçauroit de moy
plus particulièrement ce qu’on pourroit désirer et attendre de l’entremise du
duc de Parme, nous avons esté contraintz d’entrer en matière et luy ayant
répété ce qui luy avoit esté dict il m’a paru interdict et avancer des termes
équivoques qu’il disoit avoir tenuz, desquelz il ne pouvoit pas passer pour
engagé à moyenner la satisfaction des Barberins, et seullement celle de cette
couronne sans qu’ilz y fussent compris, sur quoy m’estant rescrié, et que pour
avoir demandé que la voye d’y parvenir fût en sa disposition, cela ne s’esten-
doit pas à pouvoir diminuer la substance des choses promises, il a esté
contraint de raprocher Monsieur, et entrer en nouvelle conférence, la fin de
laquelle a esté de couvrir de honte ledit résident, Son Altesse Royalle luy
ayant soustenu et ensuitte prouvé par diverses choses dont il a convenu, qu’il
s’estoit engagé dans ce point; de plusieurs propositions j’en ay retenu deux,
l’une la difficulté qui se pouvoit rencontrer en l’exécution de ce project que
Son Altesse fondoit sur le refuz que le pape avoit fait de consentir de laisser
les Barberins en repos, bien qu’il en eust esté recherché par Sa Majesté et qu’il
avoit sceu qu’elle les avoit pris à son service et soubz sa protection; l’aultre la
gloire que ledit duc s’acquéreroit donnant ses sentimens et la hayne qu’il avoit
contre cette maison, aux considérations publiques et à l’affection qu’il avoit
pour cet Estat. Ces mesmes choses ayans esté posées et affirmées par Mon-
sieur, et recognues par l’aultre, luy avoir esté dittes, il n’a treuvé d’eschapatoi-
re que de dire qu’il auroit donc transgressé ses ordres, et [a] offert de faire voir
ses instructions. Son Altesse n’a pas jugé à propos de continuer davantage à
l’entretenir, et l’a congédié, qui a bien sceu remarquer, combien peu on se
doibt asseurer sur la foy d’un Grec et qu’il failloit que celuy-là eût quelque
dessein d’imposer un jour d’avoir fait des offres, et qu’elles avoient esté négli-
gées. Si ce discours vous charge, vous en devez estre accusez, les remercie-
mens que vous me faittes des advis que je vous donne des choses qui se pas-
sent, m’a [!] engagé à vous faire le récit de celle-cy. Die englischen Parlaments-
anhänger haben einen Kurier von uns abgefangen, worüber ich mich bei ihrem
hiesigen Vertreter, Oger , beschweren werde. Ebenso haben sie sich eines Schiffes
mit Waffen und wichtigen Briefen bemächtigt, das die Königin von England
ihrem Gemahl geschickt hatte. Cette reyne fait pitié, qui n’a d’assistance que de
Sa Majesté, et la république de Venize espreuve aussy combien on affectionne
leur conservation.