Acta Pacis Westphalicae II B 3,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 1. Teil: 1645 - 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy, mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach

[p. 458] [scan. 540]


1
Vostre despesche du 10 e du courant receue le 21 e ensuivant, a esté leue à Sa
2
Majesté et vous verrez par la response avec combien de soing elle a esté exa-
3
minée. Sur le subject

38
3 du voyage que monsieur d’Avaux est allé faire] aus den übrigen Fassungen statt: du voyage
39
de monsieur d’Avaux in der Druckvorlage.
du voyage que monsieur d’Avaux est allé faire à Ozna-
4
brug, il n’y a rien à redire, ayant esté entrepris par de grandes considérations.
5
Sur celuy de monsieur de Saint-Romain en Suède, bien qu’on ne manque pas
6
de prétexte, il n’a pas laissé d’estre condemné, ainsy que je me suis desjà ex-
7
pliqué avec vous

42
S. nr. 121.
, la raison est qu’apparemment il est à craindre qu’il n’ayt
8
aulcun bon succez, d’aultant que si on donne ordre aux plénipotentiaires de
9
Suède, de mieux vivre avec vous qu’il[z] n’ont fait, cela leur tiendra lieu d’of-
10
fense, et les pourra engager à vous estre contraires, et si leurs sentimens par
11
une aultre rencontre d’affaires se treuvoient appuyez, nostre mescontente-
12
ment sera cogneu aux ministres et à leur reyne, et à ceux qui sont en Allema-
13
gne que noz instances ne sont pas beaucoup considérées de leurs supérieurs;
14
ce qui pourra encores faire un mauvais effect. La conduitte des parties est
15
choquante, et fait bien remarquer qu’elles ne se résouldront de joindre à nous,
16
qu’elles n’ayent esté esconduites des alliez; quand ilz recherchent les princes
17
de l’Empire, ilz font ce qu’on a tousjours jugé qu’ilz entreprendroient, et
18
ceux-là ne sont pas blasmables de désirer et poursuivre que les différends
19
qu’ilz ont avec l’Empereur soient accommodez avant tous aultres intérestz,
20
mais que les Suédois y acquiessent, cela est absoluement surprenant, et il faut
21
qu’ilz ayent les intentions que vous remarquez, si desjà ilz ne sont asseurez de
22
leur satisfaction. Plusieurs penchent à croire qu’ilz ne veullent point la paix,
23
et que pour plusieurs respectz ilz luy veullent préférer la continuation de la
24
guerre. C’est l’advis de monsieur de La Thuillerie, ainsy que je vous l’ay man-
25
dé, et pour moy j’advoue que j’y soubzscris. Les médiateurs ont eu tort de
26
vous tant presser de les escoutter, s’ilz

40
26 n’estoient] aus Ass. Nat. 272 (Brienne-Kopie) statt: restoient in den Kopien aus Münster.
n’estoient asseurez que les Espagnolz
27
estoient en résolution de consentir qu’ilz fissent des ouvertures, et ilz ont
28
grand subject de leur reprocher leur infidélité s’ilz ont changé, et c’est le seul
29
moyen qu’ilz ont de justiffier leur conduitte. Le second d’entre eux escript à
30
Venize, que vous ne demandez pas des choses desraisonnables, et que vous
31
avez deffendu les intérestz de la religion. J’ay faict copier l’extrait qui m’a esté
32
envoyé de sa despesche, que vous treuverez joint à celle-cy, duquel vous com-
33
prendrez mieux, quel a esté son sentiment que des parolles que je pourrois
34
adjouster; et c’est beaucoup d’avoir le tesmoignage d’un homme de son poids
35
si advantageux qu’il paroist en son escript. Comme l’événement d’une bataille
36
en Bohême, de quel costé que tombast le sort, nous seroit préjudiciable, nous
37
ne

41
37 contredirons] übrige Fassungen: contredirions
contredirons pas l’ouverture d’une suspension d’armes, soubz cette condi-

[p. 459] [scan. 541]


1
tion qu’elle ne fût pas de longue durée, si c’est avec la participation des Impé-
2
riaux que l’ouverture vous en a esté faitte, et que les Suédois y consentent.
3
Vous donnerez par ce commencement de grandes espérances au publiq, que
4
vous luy moyennerez son repos. Il est fascheux que la prospérité de noz alliez
5
nous choque et nous blesse comme leur déroutte, et que nous ne debvoins pas
6
soushaitter l’entière ruyne du duc de Bavières, parce qu’un jour nous en pour-
7
rons tirer de grands services, bien qu’il soit le seul qui s’oppose à noz prospé-
8
ritez, et qui nous réduit presque tous les ans à compromettre nostre fortune,
9
et soubzmettre au doubteux événement d’un combat, les establissemens que
10
nous avons en Allemagne. Plus on considère la fermeté des députez de Mes-
11
sieurs les Estatz de vous presser de leur donner résolution sur le 9 e article du
12
traitté fait à La Haye, plus on condemne leur injuste prétention; et la pru-
13
dence avec laquelle vous avez essayé à reculer la nécessité d’entrer et de déci-
14
der cette matière, a esté beaucoup louée, mais comme vous l’aviez préveu, le
15
remède n’a pas esté pour longtemps. Si vous ne fussiez point entrez en dis-
16
cours aprez vous estre levez, vous n’auriez pas esté forcez de vous laisser en-
17
tendre, ny vous n’eussiez pas tiré leur dernière résolution. La nostre ne sçau-
18
roit changer, mais Messieurs les Estatz se portans à accepter et se contenter de
19
ce qu’on peut honnestement et justement faire, vous avez la liberté entière de
20
leur promettre et accorder ce que vous jugerez leur estre nécessaire pour se
21
guarentir de l’oppression qu’on leur vouldroit faire. La trefve qui leur est pro-
22
posée a ses inconvéniens, et la relation à la passée leur doibt faire cognoistre
23
qu’on ne leur veut relascher la souveraineté. Ce que vous leur avez fait enten-
24
dre pour nous excuser d’espouser leurs sentimens ne peut estre combatu, et
25
ilz donneroient de grands advantages à noz ennemys, et juste subject de nous
26
refuser les choses, sans lesquelles nous ne sçaurions consentir à une paix.
27
Nous ne ferons pas difficulté de leur garantir une trefve, fût-elle de quarante
28
ans, moyennant qu’elle expirée nous ne soyons plus en obligation d’aulcune
29
chose à leur esgard; et si les Espagnolz se portoient à la consentir pour vingt
30
ans, et à entrer en une obligation de la continuer d’un pareil terme, nous
31
n’aurions pas subject de nous plaindre qu’ilz nous assujettissent à les leur ga-
32
rantir, mais il est à craindre que les Espagnolz ne s’y vouldront pas soubmet-
33
tre, et qu’ilz leur diront que ce seroit faire une paix, soubz un aultre tiltre, et
34
se priver de divers advantages que par la paix ilz auroient droict de prétendre.
35
Vous avez remarqué comme en deux lieux vous avez remporté deux advanta-
36
ges, nous espérons qu’en une troisiesme conférance vous leur ferez consentir
37
à ce que nous désirons d’eux; et nous sommes trompez si les dépesches du
38
résident Brasset ne nous ont donné quelque lumière sur ce fait. Il pourra ar-
39
river que l’ouverture faitte par les Espagnolz aux Hollandois de la trefve vous
40
donnera de la peine, qu’ilz seront pour s’y porter, et estans horz d’intérestz,
41
qu’ilz vous presseront au-delà de ce qu’ilz devroient, sans considérer qu’ilz ne
42
peuvent jouyr de ce bien, que nous n’ayons adjusté noz affaires, puisque les
43
traitez et alliances nous nécessittent à ne traitter que conjointement. Vous
44
n’avez pas oublié de le leur faire remarquer, et il sera très à propoz que vous

[p. 460] [scan. 542]


1
continuyez, affin de forcer les ennemis de faire aultant d’avances de vostre
2
costé,

39
2 qu’ilz font] aus den übrigen Fassungen statt: qu’il fait in der Druckvorlage.
qu’ilz font du leur, si la paix ainsy que nous le croyons leur est abso-
3
luement nécessaire. Dans le conseil il a esté agité ce qu’on debvroit dire sy les
4
Espagnolz venoient à offrir à la France une trefve aux conditions et pour
5
aultant de durée que celle qu’ilz prétendent conclure avec les Estatz, et il a
6
passé, que faitte conjointement et aux susdittes conditions, qu’elle ne devroit
7
pas estre rejettée. Peult-estre vous sera-elle offerte par leur entremise; je ne dis
8
pas que vous acceptiez, je n’en ay nul ordre, mais je puis bien vous dire, que le
9
courrier que vous despescheriez, pour nous en apporter la nouvelle, seroit
10
bienvenu, et que nous n’employerions pas bien du temps à nous résouldre sur
11
la question. Il passe pour estably que les Suédois ne sçauroient treuver à re-
12
dire que nous nous adjustions avec les Espagnolz, et que nostre liaison n’a
13
d’esgard qu’aux seulles affaires d’Allemagne; ilz ont si fort affecté de s’en dé-
14
clarer, mesmement en leur dernière response, que nous avons droict de nous
15
plaindre d’eux, et qu’ilz ont perdu celuy qu’ilz auroient pu avoir si nous
16
avions embrassé ce party. Le subject de nostre plainte n’est pas sur la chose,
17
ilz ont raison, mais de l’avoir ainsy déclaré sans nécessité, et qu’il eust esté
18
bon pour faire voir nostre union, de se laisser entendre qu’ilz estoient en tous
19
noz intérestz, mais ilz ont suivy un aultre conseil, qui nous donne plus de
20
liberté que nous n’eussions

40
20 esté[!] pour en prendre. Au] in allen Fassungen. Druck: eu. Nous venons d’apprendre
41
qu’au
esté[!] pour en prendre. Au moment que le pape
21
eust esté adverty du despart des Barberins, il en donna part au duc de Parme,
22
lequel soubz prétexte de faire sçavoir à Sa Majesté que son frère avoit esté fait
23
cardinal, a despesché un courrier, vous remarquerez qu’il fut déclaré dez le
24
mois de décembre, et que ce n’est qu’en février, et encores bien avant qu’il
25
s’advise de ce compliment. Les discours de Villeré, son résident, ont esté bien
26
divers. A la Reyne et à moy, il s’est contenté de parler des offres de service du
27
duc et du cardinal, son frère, et qu’il auroit passion que la France et le Saint-
28
Siège fussent en parfaitte intelligence, et qu’il y avoit tant de disposition au
29
pape, de concourrir à une estroitte correspondanse, qu’il pouvoit asseurer
30
qu’il le tesmoigneroit en son affection tout ensemble.

31
Il luy fut respondu de Sa Majesté qu’il y avoit si longtemps qu’on l’entrete-
32
noit de semblables espérances, qu’elle n’y pouvoit pas estre surprise, qu’il fail-
33
loit des effectz et non des parolles. A monsieur de Lionne qu’il avoit charge
34
expresse d’entretenir, il luy tint un langage si conforme à celuy que le cardinal
35
Sforze avoit tenu à Gueffier

42
Frz. Beauftragter in Rom ( Mazarin, Lettres II S. 183).
qu’il sembloit qu’ilz eussent concerté ensemble,
36
et pourveu qu’on abandonnast les Barberins, il offroit de la part du pape tout-
37
tes les satisfactions et grâces que Sa Majesté pourroit désirer. Parlant à Son
38
Altesse Royalle, il offrit d’estre le médiateur des différendz entre le pape e 1

[p. 461] [scan. 543]


1
cette couronne, de les assoupir au bien et contentement commun, et que dans
2
le traitté les Barberins y seroient compriz. A monsieur le prince de Gondé, il
3
ne parla que de choses généralles, jusques à ce que Son Altesse luy fit repro-
4
che de ce qu’il avoit avancé parlant à de Lyonne, qu’il recogneust avoir eu
5
ordre de faire. Un chacun de ses Altesses ayant jugé debvoir faire récit à Sa
6
Majesté de ce qu’elles avoient recueilly des sentimens dudit duc, selon les
7
propos qui leur avoient esté tenuz par son ministre, la contrariété donna lieu
8
de soubçonner diverses choses, et il fut prudemment proposé par monsieur le
9
cardinal Mazarini, qu’il failloit ou proffiter de l’ouverture, ou en recognoistre
10
la fourbe, et lever aux malveillans le prétexte de reprocher à la France,
11
qu’ayant esté recherchée, elle n’avoit pas voulu escoutter les propositions
12
qu’on avoit eu dessein de luy faire, et que le moyen le plus solide pour parve-
13
nir à l’une de ces fins, estoit que quelqu’un du conseil parlast audit de Villeré
14
et luy fît entendre le soing que Son Altesse Royalle avoit pris de donner in-
15
formation exacte de ce qui s’estoit passé entre eux, et lors ayant esté jugé qu’il
16
n’y avoit personne qui le pût faire si efficacement que Son Altesse elle eust
17
agréable de s’y ranger; pour la soulager et luy lever la contrainte de demeurer
18
nécessité de négotier tousjours avec ledit Villeré, il me fut commandé de me
19
treuver auprez d’elle lorsqu’elle parleroit audit sieur de Villeré, auquel je puis
20
vous dire que Son Altesse Royalle a merveilleusement bien fait entendre l’o-
21
bligation que le duc avoit à Sa Majesté de la confiance qu’elle prenoit en luy,
22
et que Sa Majesté se sentiroit aussy de son costé obligée audit sieur duc, si par
23
son entremise il avoit assoupy les desgoûtz qui se passent entre cette cou-
24
ronne et le Saint-Siège; que pour parvenir à cette fin on luy laissoit l’entière
25
conduitte de l’affaire sans aultre restrinction, que de ne pas engager mal à
26
propos cette couronne, ny à promettre pour elle ce qu’elle ne pourroit pas
27
effectuer, et que sur le fondement estably de fairre cesser touttes les mésintel-
28
ligences, procurer les satisfactions deues, et asseurer le repos des Barberins, on
29
entreroit en traité. Le Villeré applaudissant à ce qui luy estoit dict, s’est retiré;
30
mais parce que Son Altesse s’estoit donnée à entendre qu’il sçauroit de moy
31
plus particulièrement ce qu’on pourroit désirer et attendre de l’entremise du
32
duc de Parme, nous avons esté contraintz d’entrer en matière et luy ayant
33
répété ce qui luy avoit esté dict il m’a paru interdict et avancer des termes
34
équivoques qu’il disoit avoir tenuz, desquelz il ne pouvoit pas passer pour
35
engagé à moyenner la satisfaction des Barberins, et seullement celle de cette
36
couronne sans qu’ilz y fussent compris, sur quoy m’estant rescrié, et que pour
37
avoir demandé que la voye d’y parvenir fût en sa disposition, cela ne s’esten-
38
doit pas à pouvoir diminuer la substance des choses promises, il a esté
39
contraint de raprocher Monsieur, et entrer en nouvelle conférence, la fin de
40
laquelle a

43
40 esté] aus den übrigen Fassungen statt: resté in der Druckvorlage.
esté de couvrir de honte ledit résident, Son Altesse Royalle luy
41
ayant soustenu et ensuitte prouvé par diverses choses dont il a convenu, qu’il
42
s’estoit engagé dans ce point; de plusieurs propositions j’en ay retenu deux,
1
l’une la difficulté qui se pouvoit rencontrer en l’exécution de ce project que
2
Son Altesse fondoit sur le refuz que le pape avoit fait de consentir de laisser
3
les Barberins en repos, bien qu’il en eust esté recherché par Sa Majesté et qu’il
4
avoit sceu qu’elle les avoit pris à son service et soubz sa protection; l’aultre la
5
gloire que ledit duc s’acquéreroit donnant ses sentimens et la hayne qu’il avoit
6
contre cette maison, aux considérations publiques et à l’affection qu’il avoit
7
pour cet Estat. Ces mesmes choses ayans esté posées et affirmées par Mon-
8
sieur, et recognues par l’aultre, luy avoir esté dittes, il n’a treuvé d’eschapatoi-
9
re que de dire qu’il auroit donc transgressé ses ordres, et [a] offert de faire voir
10
ses instructions. Son Altesse n’a pas jugé à propos de continuer davantage à
11
l’entretenir, et l’a congédié, qui a bien sceu remarquer, combien peu on se
12
doibt asseurer sur la foy d’un Grec et qu’il failloit que celuy-là eût quelque
13
dessein d’imposer un jour d’avoir fait des offres, et qu’elles avoient esté négli-
14
gées. Si ce discours vous charge, vous en devez estre accusez, les remercie-
15
mens que vous me faittes des advis que je vous donne des choses qui se pas-
16
sent, m’a [!] engagé à vous faire le récit de celle-cy. Die englischen Parlaments-
17
anhänger
haben einen Kurier von uns abgefangen, worüber ich mich bei ihrem
18
hiesigen Vertreter, Oger

34
Nicht ermittelt.
, beschweren werde. Ebenso haben sie sich eines Schiffes
19
mit Waffen und wichtigen Briefen bemächtigt, das die Königin von England
20
ihrem Gemahl geschickt hatte. Cette reyne fait pitié, qui n’a d’assistance que de
21
Sa Majesté, et la république de Venize espreuve aussy combien on affectionne
22
leur conservation.

Dokumente