Acta Pacis Westphalicae II B 3,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 1. Teil: 1645 - 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy, mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
Nr. 46 antwortet auf nrs. 18 und 25. Bewunderung und Dankbarkeit für Maza-
rins Weitblick in allen Verhandlungsfragen.
Les médiateurs avoyent cru au commencement, par ce qu’ils apprenoyent de
Paris, que les dispositions y estoyent autres que nous les disions icy. Mais la
sorte dont il vous a plu de parler a remédié à tous les manquemens qui s’estoy-
ent faits par d’autres, et nous en ressentons le fruit.
J’ay |:veu les médiateurs qui m’ont dict que Trautmansdorf ne trouvoit pas
avec les Suédois ce qu’il avoit espéré, non plus qu’avec les estatz de l’Em-
pire:|. Et comme il a veu la menée que |:Saavedra a voulu introduire avec
Rosenham descouverte:|, il a affecté parlant à |:nous et aux Suédois, mesme
aux estatz de l’Empire:|, de dire qu’il ne vouloit travailler qu’à une bonne
paix, et générale, et point à la division. Mais en parlant de cette sorte, il n’a
pas laissé de vouloir faire croire au mesme temps aux Suédois que nous nous
estions ouverts aux médiateurs de nostre satisfaction, pour les porter à s’ou-
vrir de la leur, ce qu’ils n’ont pas voulu faire. Et nous voyons combien nous a
esté utile de mener Rosenham avec nous chez monsieur Contarini, pour justi-
fier ce que nous avions dit, et jusques où nous avions parlé, ce que les média-
teurs ont aussi déclaré nettement. Ainsi Trautmansdorf fait voir que si il se
retient de parler de division, ce n’est que de peur de n’estre pas receu, mais
qu’il tente toutes les voyes pour y parvenir, ayant encore déclaré aux Suédois
qu’il n’y avoit rien de plus pour nostre satisfaction que ce qu’il nous avoit
offert, et qu’elle ne nous estoit point deue, et envoya demander à monsieur
Oxenstiern qu’il le pût voir auparavant qu’il vînt icy, et luy dit en cette visite
qu’il avoit désiré de le voir pour le prier que la Suède ne s’engageast pas avec
nous pour nostre satisfaction de l’Alsace, qui estoit une chose impossible.
Monsieur Oxenstiern nous a dit franchement tous les discours que Traut-
mansdorf luy a tenus, et nous a promis toute fidélité et fermeté. Son collègue
en a fait de mesme à monsieur de La Barde. Je croy certainement qu’ils la
garderont, |:mais il y a à craindre que Trautmansdorf voyant qu’on est sur ses
gardes pour éviter cette désunion, ne lairra pas:| de vouloir que les Suédois et
les estats de l’Empire |:soient assurés de leur costé auparavant nous pour nous
faire presser par eux de diminuer de nos demandes:|. Nous nous servirons de
|:ceux du duc de Bavière pour pousser nos intérestz le plus que nous pour-
rons:|, puisqu’ils peuvent bien s’assurer que les nostres |:demeurans en ar-
rière, les leurs en iront beaucoup plus mal:|.
Trautmansdorf fait connoistre que sa conduite est plus prudente que celle des
Espagnols, qui sans fondement d’estre receus, font des offres aux Hollandais
et au prince d’Orange. Mais |:il paroist en luy la mesme intention et la mesme
mauvaise volonté contre nous:|. Ce que j’ay fait esclater |:la pratique de Ro-
senham:| et ce que j’ay dit de plus, que tout ce qu’on offriroit à nos alliez par
un traité particulier |:que nous leur ferions avoir par le général ou nous n’au-
rions jamais la paix , tient Trautmansdorf dans cette grande retenue et l’em-
barasse fort:|.
J’ay tenu aussi quelques discours qui |:donnent craincte aux Espagnolz que
nous ne soyons pour nous accommoder avec l’Empereur sans eux:|.
Pour les |:ambassadeurs de Bavière, nous en estions demeuré fort mal satis-
faictz le jour que:| ils nous vinrent voir, quoyque ce fût pour nous |:remer-
cier de tous les advis que nous leur avons donnés qu’ilz:| ont trouvé fort
véritables, et sans lesquels les |:médiateurs eussent faict la proposition de l’al-
ternative pour l’électorat , mais:| les estant allé voir hier, j’en ay tiré que |:ilz
se porteront entièrement à la satisfaction de la France, qu’ilz favoriseroient
celle de la couronne de Suède et de nos alliez, et qu’ilz travailleront auprès de
leurs amis pour les y porter:|. Je les ay assuré que nous aurons le mesme soin
de leurs intérests. Ainsi |:sans escrire, ce qui eust esté fort dangereux, ainsi
que vous avez bien jugé, Monsieur, ilz se sont engagés à tout ce qui s’en pou-
voit désirer:|.
Ce qui m’a plu davantage, c’est qu’ils m’ont parlé de cette sorte |:après avoir
receu lettres de leur maistre, et que je ne les voy pas trop asseurés des Impé-
riaux. Lesdicts ambassadeurs m’ont dict qu’en parlant de l’Alsace pour la sa-
tisfaction de la France à Trautmansdorf, il ne leur avoit point dict que l’Em-
pereur ne la donneroit jamais, mais que l’archiduchesse d’Inspruk n’y donne-
roit jamais son consentement:|.
Le nonce m’est venu voir pour me parler encore de la mésintelligence de
Rome avec la France. Il m’a dit ce qu’on luy avoit mandé pour la justification
du pape sur les plaintes qu’on fait de luy, comme aussi toutes les grâces que
Sa Sainteté a accordé depuis son pontificat. Cela seroit trop ennuyeux à vous
escrire. Je m’arresteray donc seulement sur ce qui est d’essentiel, qui est que
les lettres qu’il a receues sont du cardinal Pamphilio
a pareille opinion que luy, que tout s’accommodera.
Le sentiment |:du nonce est que si on ne peut s’ajuster avec Panzirole, à quoy
il y a peu d’espérance, il croid:| qu’il faut travailler à |:le perdre. Que le
cardinal-nepveu ne l’ayme pas trop:|, et que bien que ce soit une personne
|:jeune et de peu de mérite, que cela fera que d’autant plus ardemment ceux
qui l’approchent travailleront à la ruine de Panzirole parce que ce seroit eux
qui gouverneroient. Qu’il y a monsieur Vay qui est maistre de chambre du
cardinal-neveu qu’il croid:| y pouvoir servir estant homme d’esprit, et que
pourveu que |:monsieur l’abbé de Saint-Nicolas avec les lumières qui luy se-
ront:| données sur les lieux procède avec douceur, |:mais néantmoins avec
fermeté, qu’il espère qu’il viendra à bout de tout:| y ayant la patience qu’il
faut pour les affaires de Rome, qui ne se font qu’avec le temps. Que pour
l’affaire des Barberins si on |:pouvoit radoucir les espritz des ducz de Parme
et de Modène, et que la république de Venise fist les offices nécessaires, qu’il
ne doubtoit pas que le Grand-Duc:| ne suivît l’exemple des autres, et que |:le
pape ne vinst à raison et:| qu’aymant le repos il ne fût bien aise d’estre |:por-
té par les autres à s’accommoder:|.
Je luy ay encore fait connoistre, qu’on estoit tellement embarqué dans ces
affaires, qu’on les pousseroit jusques au bout, et que nous avions en France
tant de semences de différens avec le pape, que si une fois elles venoyent à
renaistre, il n’y auroit jamais de fin. Qu’il avoit fallu que vous, Monsieur,
vous fussiez caché de tout le monde, pour faire rendre les premiers devoirs au
pape, et que si une fois vous vous retiriez de la connoissance de cette affaire,
et que vous la laissassiez aller, je le pouvois assurer, qu’on iroit si viste et si
avant, qu’aprez il n’y auroit plus de remède, vous seul y ayant apporté jusques
icy du tempérament. Que le pape peut estre fort heureux, s’il veut en prendre
les véritables voyes, que non seulement il fera la paix dans la chrestienté, mais
unira ensuite les maisons de France et d’Austriche contre le Turc pour le bien
de la religion, et sera aimé et honnoré de tous, au lieu que si il continue son
mesme procédé, il ne se parlera que des défauts de son élection, de son ingra-
titude envers ses bienfaicteurs, de son avarice, et aura tant d’embarras, qu’il
passera son pontificat tousjours en trouble, avec honte et blasme de s’estre
attiré de si mauvaises affaires, et sera esclave de celuy, à qui il s’attachera. Que
l’appréhension d’un tel désordre, préjudiciable à la religion, m’avoit contraint
de luy en faire parler, et m’obligeoit de luy en dire avec tant de liberté mes
sentimens. Il a fort bien pris tout cela et |:va à ce qu’on peut juger dans toutes
les intentions qu’on sçauroit désirer, mais il a peu de correspondance:| consi-
dérable à Rome |:qu’avec le cardinal Sacchetti
|:l’avés plus grande. Il agira en ce qu’il pourra:| et selon qu’on luy en ouvrira
les moyens. |:Il a dict confidemment à monsieur Servien que les Espagnolz et
Impériaux avoient:| fait grande instance |:au pape d’envoyer icy un légat:|.
Je croy que cela |:ayde à nous rendre celuy-cy plus favorable:|.
Monsieur Contarini sans que le discours l’y attirât est venu à me faire des
justifications de cette ligue dont on parle en Italie, qu’il ne croit point du tout
que le pape ny les autres princes y songeassent, et qu’il pouvoit assurer que
jamais la République ne seroit dans des sentimens semblables, disant luy-
mesme tout ce que j’eusse pu respondre du désir que la France avoit tesmoi-
gné du repos de l’Italie. Ce que je croy qu’il faisoit non seulement pour oster
l’opinion qu’on avoit de cette ligue, mais pour |:retenir de pousser les progrès
des armes de Leurs Majestez dans le Milanois:| dont nous connoissons qu’ils
sont en grande appréhension.
Le |:sieur Promontorio m’est venu dire qu’il avoit appris chez monsieur Con-
tarini qu’il avoit ordre de la République de partir d’icy et s’en retourner à
Venise dès qu’il verra que la paix n’est point en estat de se faire:| et cepen-
dant d’apporter tous ses soins pour la procurer, ainsi que la médiation l’y
oblige. Si la chose est vraye elle donneroit quelque |:juste soupçon de la ligue
dont il est parlé cy-dessus, et que la République y a part:|.
La reyne de Suède a fait monsieur le chancelier Oxenstiern comte
fils a beaucoup de joye et le comte de Trautmandorf mesme luy en a fait
compliment. On l’appelle à cette heure comte. Je ne vous mande point, Mon-
sieur, ce que nous faisons avec luy, n’y ayant encore rien de résolu, de sorte
que de peur de vous escrire une chose incertaine, j’ayme mieux le remettre,
lorsque nous pourrons vous informer de tout certainement …