Acta Pacis Westphalicae II B 3,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 1. Teil: 1645 - 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy, mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach

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1
C’est avec grande raison que lesdits Sieurs Plénipotentiaires ont eu desplaisir
2
de ce qui s’est passé à Hulst, à l’esgard de la religion catholique; on en est icy
3
d’autant plus touché que quand on formoit encores les desseins de la dernière
4
campagne monsieur le cardinal Mazarin eust le soing de faire négocier par le
5
sieur d’Estrades avec monsieur le prince d’Orange que l’on conserveroit la
6
religion dans les places qui pourroient estre conquises avec les mesmes préro-
7
gatives qu’auparavant, et on s’y estoit entièrement confié parce que Messieurs
8
les Estatz n’en pouvant en effet recevoir aucun préjudice il y avoit plusieurs
9
raisons politiques (plus fortes mesme dans les conjunctures présentes qu’elles
10
n’ont jamais esté) pour les obliger de désirer eux-mesmes d’accorder ce trait-
11
tement favorable à ladite place dans un temps que cet exemple eust fait un
12
effet merveilleux parmy des peuples qui dans le mauvais estat et désespoir où
13
ilz sont et dans le peu d’espérance qui leur reste d’estre garentis par les forces
14
d’Espagne des oppressions qu’ilz souffrent auroient d’autant plus songé aux
15
moyens de secouer d’eux-mesme le joug de la domination espagnolle quand
16
ilz auroient veu bien affermy le poinct de la religion qui avec justice leur est le
17
plus à cœur. Et il est constant que les ministres de Bruxelles

35
Manuel de Moura y Cortereal (gest. 1652), marqués de Castel Rodrigo, conde de Luminares,
36
1641–1644 span. Botschafter in Wien, 1644–1647 Generalgouverneur der Span. Niederlande
37
( BNB XV Sp. 317–319). Den militärischen Oberbefehl in den Span. Niederlanden hatte seit
38
1644 Ottavio Piccolomini (1599–1656), ksl. Generalleutnant, 1639 ksl. GR und Hg. von
39
Amalfi, seit 1642 in span. Diensten, 1650 Reichsfürst ( ADB XXVI S. 95–103 ; Schwarz
40
S. 318–320).
se sont consolez
18
de la perte de cette place pour l’avantage qu’ilz en tirent dans tout le païs dont
19
ilz croyent maintenant s’estre bien asseurez par les indignitez que l’on a faites
20
aux ecclésiastiques, lesquelles ilz n’ont pas manqué d’exagérer à proportion
21
de l’utilité qu’ilz ont cru d’en recevoir.

22
Toutes les raisons cy-dessus nous avoient fait aisemment adjouster foy à la
23
promesse de monsieur le prince d’Orange pour le maintien de la religion.
24
Mais comme lesdits Sieurs Plénipotentiaires l’auront peu apprendre du sieur
25
Brasset

41
S. [nr. 3 Anm. 18] ; vgl. d’Estrades an Brienne und an Mazarin, Hulst 1645 November 11,
42
Ausfertigung: AE , CP Holl. 34 fol. 305–306’ bzw. 310–311’.
il n’a pas esté possible audit sieur prince de rien gaigner envers Mes-
26
sieurs les Estatz sur ce poinct et il en a fait faire icy beaucoup d’excuses, nous
27
asseurant qu’il proffitera de quelque conjuncture favorable pour faire donner
28
satisfaction là-dessuz à Leurs Majestez.

29
Ledit Brasset aura sans doutte mandé à Messieurs les Plénipotentiaires ses
30
réflexions et les raisons qu’il a eu

43
Brasset an Servien, Den Haag 1645 November 28, Ausfertigung: AE , CP Holl. 34
44
fol. 338–341.
de ne pas exécuter sans nouvel ordre celuy
31
que Leurs Majestez luy avoient donné de faire instance de leur part à Mes-
32
sieurs les Estatz pour l’observation des articles du traitté de 1635 qui concer-
33
nent le libre exercice de la religion, dans les places conquises et de leur par-
34
tage, et il semble qu’il a bien fait d’attendre encores quelque temps pour n’en

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1
pas parler dans une conjuncture où Messieurs les Estatz à ce qu’on peut juger
2
de la conduite qu’ilz tiennent, n’auroient pas esté marriz de se servir de ce
3
prétexte quoyque mauvais pour apporter un nouveau retardement à l’envoy
4
de leurs députez à l’assemblée.

5
Ledit Brasset leur aura aussy escrit comme dans la prise de Bréda qui arriva
6
quelque temps aprez ledit traitté signé, quoyque les mesmes rigueurs fussent
7
exercées envers les ecclésiastiques, il ne paroist pas que la France fît alors
8
seulement aucune instance en leur faveur.

9
Néantmoins comme Leurs Majestez jugent nécessaire de la faire aujourd’huy
10
et de la porter en bonne forme, aussy estiment-elles que peut-estre ne sera-il
11
que bien à propos de la différer pendant quelque temps. Car ou on concluera
12
quelque accomodement dans cet hyver, et en ce cas nous demanderons un
13
traittement favorable pour les ecclésiastiques d’Hulst, ou la guerre continuant
14
il faudra renouveller le traitté pour la campagne prochaine avec Messieurs les
15
Estatz, et alors non seulement on insistera pour l’exécution du traitté de 1635,
16
mais on l’establira comme il faut pour les conquestes de l’avenir.

17
C’est pourtant une chose estrange que pendant que la France s’employe utile-
18
ment pour le bien et pour l’avantage de la religion catholique et que la piété
19
singulière de Leurs Majestez les fait rechercher continuellement les moyens
20
de parvenir en tous lieux à cette fin, que les Espagnolz qui ne se soucient
21
certainement que d’en affecter les apparences, estant bien aisé à veoir le bon
22
marché qu’ilz en font aujourd’huy avec les protestantz d’Allemagne, et qu’ilz
23
en feroient aux Hollandois s’ilz croyoient de les pouvoir gagner aussy, ilz ont
24
néantmoins l’adresse ou le bonheur de nous pouvoir descrier tousjours sur
25
cette matière. Mais Dieu devant qui on ne peut se desguiser sçaura rescom-
26
penser chacun selon son mérite et respandre ses bénédictions sur ceux qu’il
27
cognoist avoir les intentions meilleures.

28
Cette rencontre avec ce que l’on sçait d’ailleurs fait veoir que monsieur le
29
prince d’Orange ne manie pas Messieurs les Estatz comme il veut, et il semble
30
mesme que les jalousies contre luy s’y augmentent tous les jours. La dernière
31
lettre du sieur d’Estrades

42
D’Estrades an Mazarin, Den Haag 1645 November 27, Ausfertigung: AE , CP Holl. 34
43
fol. 334–335.
porte que pour avoir fait cognoistre que son senti-
32
ment estoit que l’on laissast libre l’exercice de la religion catholique dans
33
Hulst, il y a des provinces entières qui ont dit qu’il s’entendoit avec la France
34
pour introduire et favoriser dans leur païs une religion toute contraire à la
35
leur.

36
Ledit sieur prince a fait veoir audit sieur d’Estrades une lettre qui luy a esté
37
envoyée à Bréda par laquelle un de ses amis particuliers luy donnoit avis que
38
la Hollande et quatre autres provinces ont mis dans l’instruction de leurs dé-
39
putez de Munster qu’ilz ne deussent recevoir aucuns advis ny lettres de qui
40
que ce soit touchant la négociation de la paix que de Messieurs les Estatz sur
41
peine d’estre cassez et puniz rigoureusement, et ledit sieur d’Estrades a trouvé

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1
à son arrivée à La Haye que toutes les autres provinces avoient consenty à la
2
mesme chose.

3
On s’est icy extrêmement resjouy de ce que lesdits Sieurs Plénipotentiaires
4
ont à la fin emporté l’admission des députez de Madame la Landgrave dans le
5
conseil des princes sans aucune condition et de veoir les espérances qu’ilz
6
avoient de faire avoir la mesme satisfaction aux députez de Magdebourg et à
7
ceux des marquis de Bade-Durlak, et comte de Nassau-Sarbruk. L’adresse et
8
la fermeté desdits Sieurs Plénipotentiaires a rendu en cela ce service au Roy,
9
qu’outre les avantages que ces princes noz amis ont pour en recevoir, et la
10
recognoissance qu’ilz en auront, tous les autres verront en mesme temps quel
11
fondement ilz peuvent faire sur l’amitié et sur l’appuy de cette couronne
12
quand on l’a mérité.

13
La négociation que lesdits Sieurs Plénipotentiaires ont eue avec monsieur Sal-
14
vius donne occasion de leur dire que la lenteur avec laquelle se meuvent les
15
ministres de Suède et la circonspection qu’ilz apportent en leurs moindres
16
démarches sans vouloir quasy faire un pas qu’ilz n’en reçoivent un ordre pré-
17
cis de leur reyne, nous doivent faire appréhender de grandes longueurs dans
18
le traitté, joinct à cela cette fermeté avec laquelle sans doutte ilz s’aresteront à
19
vouloir remporter la satisfaction qu’ilz ont déclaré confidement qu’ilz dési-
20
roient, et ilz s’y roidiront d’autant plus s’il est vray comme lesdits Sieurs Plé-
21
nipotentiaires soubçonnent qu’ilz ayent une liaison plus estroitte avec les pro-
22
testans que celle qui nous paroist et qu’ilz soient asseurez que n’obtenans pas
23
la satisfaction qu’ilz demandent ilz continueront la guerre conjoinctement
24
avec tout le party protestant.

25
Mais comme il sera aisé d’avoir cognoissance selon les occurrences de ce
26
qu’auront pu traitter les ministres de Suède avec lesdits protestants puisqu’il
27
faudra nécessairement qu’il soit communiqué à plusieurs personnes, aussy
28
pourra-on de nostre costé faire la guerre à l’œil et prendre selon qu’ilz se
29
comporteront les résolutions plus convenables au service de Sa Majesté et au
30
bien de cette couronne. Car pour ce que Salvius a advancé que les protestants
31
se joindroient à la Suède sy elle ne pouvoit remporter sa satisfaction, pourveu
32
que l’Empereur se porte de son costé à ce qui devra raisonnablement conten-
33
ter les deux couronnes, chacun pourra songer alors à soy et adviser ce qu’il
34
devra faire pour le mieux. Il est vray néantmoins qu’il y a grand sujet de
35
croyre que sy les Suédois trouvent moyen de s’asseurer par la satisfaction par-
36
ticulière qu’on leur accordera le droit de scéance dans les diettes de l’Empire à
37
quoy ilz visent avec grande passion, ilz ne s’oppiniastreront pas tant qu’ilz
38
veulent le faire croyre, pour tout ce qui pourroit aprez estre prétendu par les
39
protestantz, et certes on ne leur fait pas grande injustice d’avoir cette opinion
40
d’eux puisque la négociation qu’ilz ont introduitte par le moyen de Rozen-
41
hans fait assez veoir qu’ilz préfèrent leur intérest à toute autre considération,
42
et que l’ayans une fois bien affermy ilz songeront peu à celuy des protestants,
43
ayans esté capables d’avoir eu pensée d’abandonner la France dont ilz ont
44
receu tant d’assistance et avec tant de syncérité et d’affection.

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1
La plus délicate pièce qu’ayent entre les mains Messieurs les Plénipotentiaires
2
et à laquelle ilz doivent sans cesse s’appliquer avec toute leur prudence et leur
3
adresse, c’est le commerce qu’ilz doivent entretenir avec les députez des prin-
4
ces et estatz de l’Empire et nottamment des protestantz, puisqu’il semble
5
qu’en ce poinct nous n’avons guères moins contraires les Suédois que noz
6
propres ennemis, chacun songeant presque esgalement à les gagner et à se les
7
procurer favorables à noz despens mesmes.

8
On a très judicieusement reparty à Salvius sur la proposition qu’il a faite de
9
demander la cassation du traitté de Prague, et on ne void pas qu’il ayt esté
10
jusques icy praticqué de voulloir annuller des traittez faitz auparavant puis-
11
que l’on peut aisément remédier aux articles qui choquent, en convenant au-
12
trement par de nouveaux traitez avec les desrogatoires nécessaires aux précé-
13
dents; et sans chercher plus loing les exemples il ne faut que veoir comme l’on
14
en usa au traitté de Quiérasque

39
Verträge von Cherasco vom 6. IV. und 19. VI. 1631 (Druck: Du Mont VI,1 S. 9–18).
à l’esgard de celuy de Ratisbonne

40
Friede von Regensburg vom 30. X. 1630 (Druck: Du Mont V,2 S. 615–618).
qu’on
15
n’avoit pas approuvé. Monsieur Servien se souviendra mesme que parce que
16
Galasse

41
Matthias Gallas (1584–1647), Reichsgraf von Campo, ksl. Generalleutnant, Unterhändler
42
beim Vertrag von Cherasco ( ADB VIII S. 320–331 ; NDB VI S. 46f. ).
et les autres ministres de l’Empereur avoient ordre exprez de leur
17
maistre de parler tousjours dudit traitté de Ratisbonne et de s’y attacher il fut
18
avisé de prendre un expédient pour le contenter, comme il n’estoit pas fort
19
habille en pareilles négotiations, ce fut d’en faire mention, mais tousjours
20
destructive, c’est-à-dire qu’encores qu’il fût porté par ledit traitté telle chose
21
et telle, néantmoins que l’on la feroit d’une autre façon qui estoit le con-
22
traire.

23
Il a esté très à propos de faire cognoistre audit Salvius qu’il ne devoit pas
24
espérer que la France ny le party catholique puissent consentir jamais que
25
l’on donnast des biens ecclésiastiques à Brandebourg our rescompense de la
26
Pomméranie que la couronne de Suède prétend de l’Empereur pour sa satis-
27
faction particulière; mais certes de la façon que les ennemis se conduisent sur
28
le fait de la religion, il sera bon que cela ne deppende pas absolument d’eux
29
parce qu’on pourroit croyre cela estant qu’ilz s’y rendroient plus faciles que
30
nous-mesmes, et ilz ne laisseroient pas dans le mesme temps de crier hardy-
31
ment que c’est la France qui destruit la religion catholique partout.

32
On croid que lesdits Sieurs Plénipotentiaires doivent insister autant qu’il leur
33
sera possible de ne pas donner par escrit leur réplique aux dernières proposi-
34
tions des Impériaux quoyque monsieur Salvius leur ayt dit que le sentiment
35
des estatz d’Osnabruk estoit de le faire encore pour cette fois. On se remet
36
aux raisons que l’on a autresfois mandées là-dessus

43
Im Laufe des Jahres 1645 waren die frz. Ges. von Paris aus immer wieder ermahnt worden,
44
die Propositionen nicht länger schriftlich zu übergeben; s. nrs. 1, 169, 178, 249 in APW II B 2.
, et qui sont confirmées de
37
nouveau par les prudentes remarques que lesdits Sieurs Plénipotentiaires ont
38
faites dans leur dépesche commune.

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1
Ilz auront veu par celle que leur porta le courrier La Buissonnière

42
APW II B 2 nr. 267.
et par ce
2
que l’on a escrit depuis, comme l’intention de Leurs Majestez est qu’on ne
3
perde pas un moment de temps à avancer les affaires avec les précautions
4
requises. C’est pourquoy on estime qu’aprez l’arrivée du comte de Transman-
5
dorff à l’assemblée ilz ne doivent pas différer de donner librement leur décla-
6
ration pour la satisfaction que prétend cette couronne.

7
Et comme monsieur le duc de Bavières fait assurer icy par la voye du nonce
8
Bagni que l’Empereur et tous les estatz de l’Empire sont résolus de conclurre
9
promptement et mesme sans les Espagnolz s’ils ne se portent en mesme
10
temps à contenter la France, il y a lieu d’espérer avec beaucoup de raison que
11
l’on pourra s’accomoder avec tous, parce que ceux-cy cognoissans de devoir
12
estre abandonnez par les autres apporteront infailliblement toute facilité de
13
leur part pour estre compris dans le traitté, prévoyans bien dans quel labyrin-
14
the ilz se trouveroient s’il leur falloit soustenir seulz le faix de la guerre contre
15
la France, particulièrement quand elle auroit pris ses précautions avec l’Em-
16
pereur affin qu’ilz ne puissent

41
16 en] aus Ass. Nat. 272; fehlt in den Kopien.
en estre assistez.

17
La prudence veut que Messieurs les Plénipotentiaires ne laissent pas eschap-
18
per une sy favorable conjuncture, sans proffiter autant qu’il se pourra de la
19
crainte des Espagnolz de demeurer seulz et Sa Majesté tient cette considéra-
20
tion sy forte qu’elle juge qu’ilz pourront leur demander hardyment et avec
21
fermeté des avantages et des partis plus utiles que l’on ne feroit pas sans cette
22
heureuse rencontre, supposé néantmoins tousjours que nous n’ayons aucun
23
doubte de la foy de noz alliez, particulièrement des Suédois, et que toutes les
24
machines pour les séparer d’avec nous ayent esté sans effet.

25
On ne peut pas prescrire d’icy nomément ce que l’on doibt faire parce que
26
cela dépend de l’estat des choses par delà; tout ce que l’on peut dire de plus
27
exprez, c’est qu’il faut agir avec cœur et résolution, prenant sur-le-champ tel
28
party qui sera plus avantageux selon les occurrences et surtout selon la co-
29
gnoissance que l’on aura de la disposition et des appréhensions des Espa-
30
gnolz, lesdits Sieurs Plénipotentiaires pouvans estre assurez que sy l’Empire à
31
ce que proteste Bavières

43
S. Beilagen 1 und 2 zu nr. 18.
est résolu à la paix, le roy d’Espagne y sera plus
32
porté qu’aucun autre quand il aura perdu ses espérances de nous désunir d’a-
33
vec noz alliez. Et puisqu’on void que dans le temps mesme qu’il ne croid pas
34
devoir estre abandonné de l’Empereur le mauvais estat de ses affaires propres
35
l’oblige à chercher un accomodement à quelque prix que ce soit, à plus forte
36
raison l’envye qu’il en a redoublera-elle et le fera consentir à toutes conditions
37
lorsqu’il se verra en péril de veoir le repoz dans l’Empire et luy nécessité de
38
soustenir seul les effortz de noz armes.

39
Il seroit bon de faire cognoistre adroittement en passant et en confidence aux
40
députez de Bavières, que ceux de l’Empereur soufflez par les Espagnolz sont à

[p. 66] [scan. 148]


1
l’erte pour profiter des difficultez que la France peut apporter à satisfaire en
2
quelque point les protestants facilitants d’abord tout ce qu’ilz désirent, de
3
sorte que la religion catholique dont ilz sont sy grands

42
3 zélateurs] aus Ass. Nat. 272 statt: élateurs in den Kopien.
zélateurs souffre en
4
plusieurs choses pour leur intérest, n’estant pas cependant à propos de nous y
5
opposer puisque d’un costé nous donnerions lieu à noz ennemis de nous met-
6
tre mal avec partie de noz amis, lorsqu’ilz leur feroient veoir que la maison
7
d’Austriche mesme leur est plus favorable que la France et que de l’autre il
8
dépend d’eux de leur accorder les satisfactions qu’ilz voudront.

9
On estime aussy qu’il ne puisse avoir de danger de faire sçavoir aux mesmes
10
députez tout ce qui viendra en nostre cognoissance des pensées favorables que
11
les ennemis ont pour le prince palatin au préjudice de leur maistre, parce que
12
quand mesme il se contentera des propositions qu’ilz feront pour adjuster ses
13
intérestz soit pour l’électorat, soit pour la rescompense du Haut et du Bas-
14
Palatinat, il aura plus de sujet d’estre satisfait de la France lorsqu’il recognois-
15
tra que sy les ennemys eussent eu comme ilz y estoient obligez aussy bonne
16
intention que nous en son endroit il y eust peut-estre eu moyen de luy procu-
17
rer de plus grands avantages.

18
Quant à ce qui regarde le Palatin il est bon que Messieurs les Plénipotentiaires
19
sçachent qu’en divers temps l’on a receus [!] icy beaucoup d’avis qu’il se fust
20
tenu bien heureux de pouvoir seulement rentrer dans la possession de ses
21
Estatz sans la dignité électorale, et la pensée de feu monsieur le cardinal de
22
Richelieu a tousjours esté de faire en sorte que cette dignité demeurast par le
23
moyen de la France à monsieur de Bavières, affin que cela nous servît pour
24
l’obliger à embrasser tous noz intérestz d’Allemagne et à l’attacher à nous
25
autant que faire se pourroit.

26
On souhaitteroit encores icy à présent la mesme chose et avec d’autant plus
27
de raison que les avantages que la France et ses alliez ont remportez depuis la
28
mort dudit cardinal nous donnent lieu d’espérer de plus grandes satisfactions
29
en Allemagne qu’on n’auroit fait en ce temps-là.

30
Il faut donc essayer de faire adroittement tout ce qui se pourra là-dessus, bien
31
entendu que ledit duc de Bavières y correspondra de son costé comme il doibt
32
et sans pourtant qu’il puisse paroistre que nostre pensée va à faire demeurer
33
ledit Palatin sans électorat sy ce n’est qu’il y ayt beaucoup de jour de pouvoir
34
l’espérer, à quoy le duc de Bavières peut plus contribuer qu’aucun autre se
35
tenant ferme et faignant ne vouloir en aucune façon s’accomoder que ledit
36
électorat ne luy demeure.

37
On nous escrit que le Palatin parle comme espérant tout de l’assistance de la
38
couronne de Suède et des protestants et pour la France comme ne pouvant en
39
cela que suivre le sentiment des deux autres, ce qui n’est pas fort obligeant.

40
D’ailleurs on n’a pas grand sujet de former bonne opinion d’un prince qui
41
estant sy estroittement allié au roy de la Grande-Bretagne

43
Karl 1. (1600–1649), 1625 Kg. von England. Pgf. Karl I. Ludwig war sein Neffe.
, et en ayant receu

[p. 67] [scan. 149]


1
en tout temps l’assistance et les marques d’affection qu’il en pouvoit attendre,
2
quand il l’a veu en guerre contre ses subjetz il a suivy le party de ceux-cy et
3
s’y est engagé volontairement recevant mesme une espèce de pension d’eux de
4
trente-deux mile escus par an. S’yl ne vouloit pas faire paroistre audit roy
5
d’estre touché du mauvais estat de ses affaires personne du moins ne le con-
6
traignoit à sortir de Hollande pour aller tesmoigner au parlement la part qu’il
7
prenoit dans leurs intérestz

37
Der Pgf. hatte den Ausbruch der englischen Revolution miterlebt und war 1644 auf Einladung
38
des Parlaments nach London gereist, um finanzielle Unterstützung zu erwirken ( Hauck
39
S. 72–77).
.

8
On ne sçait pas s’il y aura moien dans le restablissement de ce Palatin en ses
9
Estatz de mesnager quelque chose à l’advantage de son frère qui s’est marié
10
icy

40
Pgf. Eduard (1624–1663) konvertierte 1645 und heiratete am 25. IV. 1645 Anna Gonzaga
41
(1616–1684), die Tochter Karls I. von Mantua (1580–1637, 1630 Hg.) ( Pillorget).
, comme seroit de luy procurer quelque demeure indépendante; ce que
11
l’on désire tant parce qu’il a abjuré Dieu mercy l’hérésie que parce que pour
12
d’autres considérations on ne veut pas consentir que cette nouvelle famille de
13
princes s’establisse dans le royaume. Sa Majesté recommande à Messieurs les
14
Plénipotentiaires de faire en sa faveur tout ce qui pourra dépendre d’eux.

15
Il y a apparence que les protestants et particulièrement le député de Stras-
16
bourg auront songé à l’instance de la démolition de Philipsbourg et de Ben-
17
feld. Mais il y a lieu d’espérer que ce que lesdits Sieurs Plénipotentiaires en
18
ont dit à Salvius et les soings qu’ilz auront depuis continué de prendre pour
19
empescher cette demande auront produit un bon effet. En tout cas quand il
20
ne seroit pas aisé d’obtenir davantage, il faudroit se conduirre adroittement
21
afin que le razement ne tombast que sur Benfeld puisqu’estant desmoly il ne
22
nous donneroit aucune peine et en cas de brouillerie on pourroit tousjours se
23
saisir du poste qui seroit bientost fortiffié. Cependant nous aurions espargné à
24
présent la rescompense qu’il faudroit donner à la couronne de Suède, laquelle
25
pourra se rendre facile à consentir à ce razement afin de parvenir plustost aux
26
satisfactions qu’elle prétend d’ailleurs.

27
Sa Majesté s’assure que lesdits Sieurs Plénipotentiaires n’obmettront rien pour
28
essayer de gagner les députez les plus capables de contribuer quelque chose
29
dans la conclusion de la paix à procurer la satisfaction de cette couronne. Et
30
afin qu’ilz ne manquent pas de moyens on leur envoye pour cet effet par la
31
voye du sieur Hoeufft une remise de cent mile livres, lesquelles ne devront
32
estre employées pour quelque chose que ce puisse estre qu’à cette sorte de
33
despence pour laquelle quoyque les finances du Roy soient assez espuisées on
34
ne plaindra rien pourveu qu’il soit utile.

35
L’abbé Mondin

42
Andrea Mondino (1595–1659), Abt, seit 1637 savoyischer Agent in Paris ( Claretta II
43
S. 365–367).
a fait sçavoir icy que Belletia escrivoit à l’ambassadeur de
36
Savoye et en Piedmont, comme en suite des nouveaux ordres qu’il avoit re-

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ceus depuis peu de Madame de continuer à faire sa charge et à agir en toutes
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occasions en qualité de son ministre il avoit commencé à le faire et mesme
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avoit conféré avec le sieur Boulanger secrétaire de l’ambassade de France

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Vgl. nr. 6.
.
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On n’a que dire à une chose faitte, Sa Majesté recommande seulement à l’ave-
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nir qu’on rompe tout commerce avec ce personnage, et cependant elle son-
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gera icy aux moyens d’obliger madame de Savoye à avoir plus de respect
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qu’elle n’a pour ses intentions, sans relascher rien de la protection qu’elle est
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résolue de donner jusques au bout à monsieur de Savoye son filz , qui ne
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doibt pas souffrir de la mauvaise conduite de sa mère.

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Pour conclusion la piété de Sa Majesté la faisant continuellement méditer aux
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moyens de procurer de plus en plus les avantages de la chrestienté, pour cor-
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respondre au rang qu’elle a de filz aisné de l’Esglise, Sa Majesté désire avoir
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l’avis desdits Sieurs Plénipotentiaires sur la rupture de la France avec le Turc
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14 au cas que] aus Ass. Nat. 272 ersetzt für: avant que in den Kopien.
au cas que l’on puisse faire la paix.

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Mettant en considération sy les motifs qui ont jusques à présent destourné les
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roys ses prédécesseurs de prendre cette résolution ont encores aujourd’huy la
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mesme force et sy elle doibt les imiter dans leur conduitte.

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Ou sy le bien de la chrestienté doibt prévaloir en cela notamment estant
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joinct à un intérest particulier que la France auroit alors de se descharger de
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quantité de soldatesque superflue, laquelle estant oysive pourroit donner lieu
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à des remumens dans le royaume, qui seroient bien pires que la guerre dont
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nous serions sortis.

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Lesdits Sieurs Plénipotentiaires examineront encore sy la paix se faisant dans
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l’Empire avec asseurance que les Espagnolz n’en seront en aucune façon assis-
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tez il y auroit moyen de mesnager quelque chose au proffit de la chrestienté
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sans nous déclarer tout à fait contre le Turc sy tant est qu’il continuast la
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guerre et ses progrez.

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