Acta Pacis Westphalicae II B 3,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 1. Teil: 1645 - 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy, mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
Vostre lettre du 18 e a tardé sur les chemins deux jours entières [!] au-delà de
ceux que le courrier emploie pour se rendre en cette ville, qu’il excuse sur une
incommodité qui luy est survenue. Cella et la feste de jeudy a empesché que
je ne l’aye fait voir à Sa Majesté et que je me sois contenté de luy en donner
une légère information de sorte qu’il pourra arriver quand elle aura esté leue
en plein conseil qu’on prendra quelque résolution sur les pointz y contenus,
outre celle que vous apprendrez par celle-cy de laquelle le vray sujet se fera
connestre sur la fin et après que je vous auray dit que tout ce qui s’est passe ès
visites différentes que vous avés receues a donné satisfaction à Sa Majesté,
entendez s’il vous plaist ce que vous avés respondu, car ce qui a esté avancé
par les députez de Bavières
mar vous ayt donné intention de satisfaire les alliez et qu’il ne prend du temps
à le faire que pour vous presser de donner vostre response à la leur. Si je passe
légèrement sur ce point vous en apprendrez le sujet lorsque j’entreray en ma-
tière sur les choses que je vous fais espérer et qui n’ont nulle deppendance de
vostre lettre laquelle nous a fait remarquer que les Impériaux ne seront pas si
difficiles qu’il eust esté à désirer aux choses qui peuvent satisfaire les protes-
tans et que c’est avec beaucoup de prudence que vous voulez mesnager ce que
vous aurez à dire sur cette matière de crainte de leur donner du desgoust
apportant plus de circonspection et de difficulté aux choses qui les concer-
nent que leurs parties. La disposition qui paroist au Volmar pour la paix sa-
tisfait beaucoup Sa Majesté qui désire qu’à la venue du comte de Trautmans-
dorff on se puisse ajuster et ce qui semble difficile sinon absolument impos-
sible pourra succéder par la disposition présente des affaires qui font que
diverses choses sont effectivement avantageuses qu’en une autre conjoncture
on auroit deu rejetter, et les Espagnolz doivent céder à la fortune et suivre
l’exemple des Impériaux dont j’apprens qu’ils ne sont pas fort esloignez.
Quant aux députez de Bavières ils ont donné à connestre leur véritable senti-
ment et qu’on avoit bien préjugé que le changement de la face des affaires
apporteroit à leurs propositions. Mais comme vous le leur avés très sagement
dit, ils seront bientost contraintz de rejetter ceux-là pour revenir aux premiers
de leur maistre lequel ne sçauroit demander de la France que si elle assiste les
Suédois il puisse rendre la pareille à l’Empereur après les engagemens èsquels
il s’est porté. C’est une condition fondamentale du traitté si tant estoit qu’on
en fît un;
ment pour l’électorat luy doit faire connestre que l’Empereur ne songe pas
tant à le luy conserver que de faire finir la guerre et qu’il sacrifiera volontiers
ses intérestz quand il sera question d’avancer les siens, qu’ainsy pour avoir
davantage de la France il faut aussy qu’il en espouze les intérestz et que vou-
lant des effetz solides de la bonne volonté il fasse esclatter et connestre la
sienne, ou comme vous le leur avés dit qu’ils se contentent de simples paroles
s’ils n’ont point d’autre intention que d’en donner. Mais aux uns et aux autres
c’est un metz de peu de saveur. J’oserois dire que l’on peut faire pareil juge-
ment des discours des médiateurs, lesquels n’ignorans pas avec quelle presse
et instance on sollicite le partement des Hollandois et qu’ils ne sont tardez
que par les offres que les Espagnolz ont fait continuellement aux Provinces de
faire la paix avec elles aux conditions qui leur agréeront pourveu que ce soit
en tout autre lieu qu’à Munster, et il seroit honneste à messieurs les média-
teurs d’en faire reproche aux Espagnolz qui doivent attendre avec patience la
response des couronnes puisqu’ilz ont donné un terme très long aux Impé-
riaux pour mettre la leur au jour.
Me voicy enfin arrivé au lieu où j’ay à vous donner compte de ce qui s’est
passé entre moy et l’ambassadeur de Venize lequel aussytost qu’il eut reçeu
les lettres de son collègue me fit presser de l’audience. Il y est venu préparé à
me faire des plaintes et à essayer de me pénétrer. Aux unes j’ay respondu
comme je devois, et j’ay essayé de me garentir de l’autre. D’abord il m’a tiré
trois lettres, m’a leu quelques lignes de chacune et exagérant sur la lenteur des
François et des Hollandois
ne voulions point la paix, et sans me donner temps de luy répliquer il a passé
à me dire que sans honte on ne sçauroit davantage attendre les Hollandois,
qu’on sçait qu’ils se sont déclarez de n’avoir pas sitost à faire à Munster ne
prenans point de part à ce qui se doit ajuster avec l’Empereur, et que cette
Majesté semble disposée lorsqu’on entrera en traitté de donner satisfaction
aux Hessiens et autres rejettez de l’assemblée des princes, et que la France
estant satisfaitte sur ce point, elle ne peut plus avec aucun prétexte de justice
tarder de s’expliquer de ses sentimens et de ses prétentions et qu’il faut ou
qu’elle avoue qu’elle ne veut pas la paix et rompre le congrez, ou qu’elle parle,
avouant néantmoins qu’il a deu attendre la conférence des Suédois qu’il croid
avoir esté ouverte par l’arrivée de monsieur Salvius. Ma response a esté que Sa
Majesté veut la paix et qu’elle s’est assés expliquée de ses prétentions, que
c’est aux Espagnolz à se descouvrir lesquelz tardent par leurs artifices la ve-
nue des Hollandois, et en doivent porter le blasme et non cette couronne,
laquelle a pour tesmoin de ses diligences et de la recherche des autres envers
les Hollandois le secrétaire de Contareni , que c’est vous autres qu’il faut
presser qui estes préposez pour faire la paix, et qui estes informez des inten-
tions de Sa Majesté et non pas nous venir faire telz discours dont la fin ne
peut estre que de descouvrir noz sentimens; ce qui est inutile puisqu’ils sont
publicz et cognus et que c’est ce qu’il peut sçavoir de moy. Il m’a ensuitte dit
qu’il estoit persuadé de la sincérité de noz intentions, mais que tout le monde
ne l’estoit pas, et qu’il estoit souvent en peine d’en asseurer. Je luy ay répliqué
qu’il est malaisé de faire sçavoir à tous les fondz de noz pensées parce qu’il
n’y avoit pas lieu d’entrer en discours de ces matières, et qu’il nous devoit
suffire que luy et les ministres des princes qui sont en cette cour en conneus-
sent la sincérité et qu’il pouvoit sur ma parole et bien plus sur celle de Son
Eminence et de la Reyne qu’il avoit souvent receue asseurer tous ceux qu’il
jugeroit le devoir faire des bonnes et saintes intentions de Sa Majesté et qu’il
estoit inutile de nous presser de vous envoier des ordres précis et déterminez
puisque vous les avez. En se séparant il m’a dit: «Il faut parler net, les Espa-
gnolz veulent la paix et telle que la conjoncture présente des affaires leur
prescript de l’accepter et ils sont en dessein d’accorder à la France ce dont elle
se peut satisfaire et faire une paix glorieuse.» Ce discours a donné lieu à la
response qui suit: «Vous ne parlés point des Suédois et des Hollandois sans le
consentement desquelz vous ne devés jamais espérer que l’on traitte.» Il m’a
répliqué: «Le contentement des derniers
toutes choses avec eux, et la satisfaction des autres est raisonnable. Je passe
outre, quand je vous parle de paix, c’est sans vous astreindre à faire un ma-
riage qui sera un ouvrage de la paix s’il est du consentement des parties.» Si je
l’eusse pressé peut-estre se fût-il ouvert davantage, et c’est son intention si
Son Eminence luy en donne jour. Mais j’ay jugé que l’engageant j’entrois dans
un chemin très délicat que j’ay voulu éviter, et que le mieux que j’avois à faire
estoit de vous faire récit de ce qui s’estoit passé entre nous qui en tirerez
divers avantages et moy celuy de vous faire voir que je contribue ce qui peut
estre de moy pour vous réserver la gloire du traitté puisque vous en avés la
peine. Pour vous faire voir qu’on s’applique soigneusement à avancer la paix
et à son deffaut à prévoir ce qui peut estre nécessaire dans une trêve à longues
années, Sa Majesté vous ordonne de stipuler au premier cas la restitution des
bénéfices et biens qui appartiennent aux Barberins
Die drei Brüder waren Neffen Urbans VIII. (= Maffeo Barberini, 1568–1644), Papst 1623
( LThK X Sp. 547f.): Francesco Barberini (1597–1679), 1623 Kardinal ( DBI VI S. 172–176;
LThK I S. 1239); Taddeo Barberini (1603–1647), Präfekt von Rom ( DBI VI S. 180–182);
und Antonio Barberini (1607–1671), 1627 Kardinal, Protektor Frk.s bei der Kurie ( DBI VI
S. 166–170). Gegen die Instruktionen Mazarins hatten die Barberini die Wahl Papst Inno-
zenz’ X. nicht verhindert ( Coville S. 1–24). Sie waren deswegen am frz. Hof in Ungnade
gefallen. Mazarin bahnte jedoch 1645 eine Aussöhnung an ( ebenda S. 37–40, 69–72), und die
Barberini stellten sich angesichts päpstlicher Repressalien (Beschlagnahme ihrer Güter, Unter-
suchung ihres Finanzgebarens im Castrokrieg) unter Frk.s Schutz ( ebenda S. 89–97).
l’ennemy et qu’ils en entreront en possession en vertu du traitté sans estre
obligez à faire nulle poursuitte ny instance ny de présenter nulle requeste; en
cas de trêve la jouissance desditz biens pour les mesmes Barberins, et que
pendant la durée Sa Majesté aura la nomination des bénéfices ausquelz le roy
catholique avoit droit de nommer ou pourvoir aux lieux conquis. Ce qui est si
juste et si utile qu’il ne peut estre refusé, autrement les églises pourroient estre
privées de pasteurs, les peuples de la pasture spirituelle et des sacremens.
Vous auré sans doutte esté avertis de la prise de Trèves et comme l’électeur a
esté mis en possession de son bien par les armes de Sa Majesté laquelle a plus
senti ce succez que divers avantages dont Dieu a bienheuré son administra-
tion, aiant grande satisfaction que ses armes aient achevé ce qui avoit esté
commencé par ses instances. Il défailloit à la liberté de ce prince la possession
de son siège, et maintenant qu’il en jouit ses maux passez sont oubliez et
l’ancienne affection qu’il avoit pour la France luy aiant donné le désir d’y
establir un successeur qui eût la mesme inclination, je le trouve en puissance
d’y réussir. J’ay envoié à monsieur de Vautorte ce que je vous manday que je
ferois il y a huit jours et cette gratiffication que vous avés conseillée luy don-
nera lieu de supporter avec plus de modération les maux que le passage des
trouppes aura causé dans son pays, que je crains bien ne pourra pas supporter
les quartiers et qu’il faudra prendre dans la Lorraine. On fait partir monsieur
l’abbé de Saint-Nicolas
er d’en disposer les uns à espouser les sentimens de la France qui gratiffie de
la protection de ses affaires en cour de Rome monsieur le cardinal d’Este .
On ne doutte point que Parme qui la prétendoit ne loue le choix qui se fait
d’un prince son allié n’estant pas en estat de recevoir sa grâce et que ce prince
continuant en sa première affection, et Modène
pables de donner bien de l’appréhension aux Espagnolz, aux Estatz desquelz
ceux de Parme confinent. Ensuitte il s’acheminera à Rome d’où l’on est re-
cherché de favoriser la république de Venize et de recevoir un nonce extraor-
dinaire qui viendroit pour exhorter Sa Majesté à cela et se disposer à la paix.
Sur ces choses il a esté respondu que l’envoy du nonce seroit du tout inutile,
Sa Majesté aiant assez de disposition à favoriser la République et comme al-
liée et comme attaquée par le Turc
parade de ce qu’elle fait à leur advantage et n’en recherche que la gloire de
Dieu et le bien de la chrestienté, qui estant aussy de soy très disposée à con-
courir à la paix n’a pas besoin d’en estre sollicitée, et que le pape ne peut pas
se promettre que ses offices avanceassent en rien deux choses aussy justes
ausquelles Sa Majesté est portée par sa piété, puisqu’au lieu de considérer
ceux qui se passent envers luy par cette couronne il semble qu’il en prenne
sujet de pis faire à ceux qu’elle luy recommende, ce qui a esté visible par la
vive poursuitte qu’il a continué contre monsieur le cardinal Anthoine
mauvais traittemens qu’il fait aux Barberins au moment qu’il a sceu qu’ils
estoient honorez de la protection de Sa Majesté qui espère que monsieur de
La Thuillerie de son costé et vous du vostre ferez en sorte selon les ordres que
vous en avez eus que son armée d’Allemagne se trouvera fortiffiée d’un bon
corps d’infanterie et de cavallerie de leur nation, et qu’aussy elle sera en estat
de contribuer à avancer le traitté général ou de faire de notables progrez en la
campagne prochaine. Je solliciteray qu’il vous soit envoié de l’argent et que
celuy qui aura esté pris à Hambourg sur vostre crédit soit payé si tant est que
monsieur de La Thuillerie s’en serve, ce que je ne metz point en doutte.