Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
Turenne und Gramont haben angesichts der heranrückenden bayerischen
Armee, die durch kaiserliche Truppen verstärkt war, die Belagerung von
Heilbronn aufgegeben. Sie werden jetzt versuchen, in Süddeutschland Winter-
quartiere zu beziehen. Dies könnte gelingen, wenn Torstenson und Königsmarck
ihre Operationen mit Turenne abstimmen. Veranlassen Sie deshalb die schwedi-
schen Gesandten, in diesem Sinn an Torstenson zu schreiben.
Cela ne doibt pas empescher que tout ce que l’on a mandé pour travailler à
quelque accommodement avec Bavière ne doibve estre soigneusement
poursuivy, y ayant encor de plus fortes raisons de le conclurre sans perte de
temps, comme celle de ne pouvoir espérer la prise d’aulcune place considé-
rable qui nous asseure entièrement lesdicts quartiers. Et à l’esgard des
Suédois la considération de ce qu’ilz ont faict avec le duc de Saxe laquelle
oultre ces motifs de l’avantage commun leur empeschera d’apporter des
obstacles à un accord semblable par le moyen duquel nostre armée
s’establit en Allemagne et celle de Bavière estant rendue inutile, le party de
l’Empereur s’en treuvera affoibly au poinct que tout le monde peult juger.
Nous croyons d’ailleurs que le duc de Bavières ne souhaittera pas moins à
présent cet accommodement qu’il l’a tesmoigné après la perte de la bataille,
puisqu’il veoid ariver tousjours à nostre armée de nouveaux renfortz de la
France qu’il a veu conclurre la paix de Dannemarck et l’accord du duc de
Saxe, celluy que l’on dict du Ragotzki n’estant pas considérable.
Schreiben Sie an Croissy, daß er die für Rákóczy vorgesehenen Gelder nicht
auszahlt, sondern möglichst nach Hamburg übermacht.
On a redépesché le courrier qu’a envoyé icy le sieur de La Thuillerie pour
donner advis de la paix qu’il a enfin heureusement arrestée, et on luy
mande que Sa Majesté treuvera bon qu’il conclue de sa part un renouvelle-
ment d’alliance avec le roy de Dannemarck, d’aultant plus que toutes les
raisons qui en avoient esté dictes à monsieur le chancelier Oxenstiern
l’avoient obligé à adjouster qu’on ne pouvoit mieux faire et que cela seroit
mesme advantageux à la couronne de Suède. Que sy lesdicts sieurs
plénipotentiaires jugent avoir à luy escrire quelque chose là-dessus ilz
devront le faire sans perte de temps, comme aussy s’il y en a quelque aultre
à faire en Suède puisqu’il mande icy que son indisposition luy donnant du
relasche il faict estat d’y aller en suitte des ordres qu’il en avoit eus.
Lesdicts sieurs plénipotentiaires recevront cy-joincte la coppie du contract
du mariage du roy de Pologne avec madame la princesse Marie, ne s’estant
passé aultre chose en cette affaire que ce qui porte ledict contract qui oultre
les affaires des parties ne contient qu’une simple confirmation de l’amitié
qui est entre les deux royaumes. Le comte d’Entioffe qui s’est comporté en
sage et prudent ministre nous a seulement tesmoigné que si jamais on
résolvoit de faire quelque chose contre le Turc, le roy son maistre offroit
d’y agir de son costé en la forme qu’on jugeroit icy à propos et qu’en ce cas
il croyoit donner des conseilz fort utiles. Il a aussy desduict tous les subjetz
de plainte que ledict roy a contre la maison d’Austriche, asseurant qu’il ne
s’y fieroit jamais, faisant de grandes protestations d’une amitié inviolable
envers cette couronne et tesmoignant désirer d’avoir occasion de la faire
paroistre par des effectz. Il a faict valloir que la seule considération de la
France l’a obligé de souffrir quelques mauvais traictemens du Ragotzki et
que sans cela il ne se fust pas empesché de rompre avec luy. Il a offert son
entremise au cas qu’elle soit jugée pouvoir servir à avancer la conclusion de
la paix à l’avantage de cette couronne.
Il n’a aussy rien obmis pour imprimer de deçà que nous devons prendre
garde de plus près aux prospéritez des Suédois desquelles ilz s’enorgueillis-
soient à tel point qu’ilz ne faisoient plus cas de personne, adjoustant que sy
leurs intérestz le requéroient ilz se porteroient aussy bien dans les occasions
contre leurs amis qui auroient contribué à leur grandeur que contre leurs
ennemis. Enfin il a conclud ce discours par des asseurances que quand on
vouldroit songer à convertir la trêve qui est entre la Pologne et la Suède en
une bonne paix par la considération de la France, le roy son maistre y
donneroit volontiers les mains, ne doubtant point que Sa Majesté s’y
employeroit à bon essient et auroit esgard à la justice de ses raisons. On n’a
respondu à tout cela que générallement et on a seulement tasché de faire
cognoistre audict ambassadeur qu’on faisoit icy grand cas de l’amitié du roy
son maistre et qu’on la cultiveroit avec grand soin. Cependant luy en son
particulier ayant receu toute sorte de bon traictement a tesmoigné partir
d’icy avec entière satisfaction et on fera en sorte qu’il en soit de mesme des
autres qui y ariveront dans peu de jours pour emmener la nouvelle reyne
laquelle est trop bonne françoise et a trop d’obligations à Leurs Majestez
pour n’embrasser pas cordiallement estant là tous les intérestz de cette
couronne. Et comme elle a de grande qualitez et beaucoup d’esprit on ne
doubte point qu’elle ne prenne bientost un sy grand assendant sur celluy du
roy et qu’elle ne se face aymer et considérer de tous les principaux du
royaume.
Les Suédois font toutes les diligences imaginables pour avoir par nostre
moyen les trouppes que le roy de Dannemarck sera obligé de licentier et
pour avoir aussy six mil hommes en Hollande, voullant à ce que nous
apprenons de beaucoup d’endroictz former trois corps d’armée considéra-
bles dans l’Allemagne et ainsy tascher de se rendre abitres [!] de toutes les
affaires de l’Empire. Wir werden unsere Stärke ebenfalls erhöhen, indem wir
am Ende dieser Kampagne Truppen der Generalstaaten übernehmen und
möglichst viele auch aus dänischen Diensten.
Il ariva hyer un courrier de Venize avec la nouvelle de la perte de Canée .
L’ambassadeur de la Républicque a demandé audience, et sans doubte c’est
pour nous presser à les assister et à faciliter une suspension d’armes à
longues années avec le roy d’Espagne affin d’empescher l’entière perte du
royaume de Candie qu’ilz nomment l’antemurale della christianità. De la
façon que ces messieurs ont commencé desjà à incister là-dessus on
cognoist bien qu’ilz sont persuadez que quand il s’agist de leurs intérestz
chacun est obligé à abandonner les siens propres pour les assister. Ilz ne se
souviennent plus que lorsqu’ilz se tenoient asseurez que la colère du Turc
se deschargeroit sur Malte ou ailleurs que sur leurs Estatz ilz se déclare-
roient assez ouvertement qu’ilz ne pourroient prendre aulcun party pour
n’irriter pas le Turc contre eux.
Ce n’est pas que la considération des progrès de l’ennemy commun de la
chrestienté et l’apparence qu’il y a qu’il ne songe pas à mettre sy tost les
armes bas, ne meuvent Leurs Majestez à apporter plus de facilité à un
accommodement qui donne moyen de pouvoir réprimer l’orgueil ottoman,
mais comme les Espagnolz y ont plus d’intérest ilz doibvent aussy faire une
partie du chemin et se résouldre à se prévalloir d’un prétexte si plausible
pour consentir avec plus d’honneur à des conditions qui nous soient
avantageuses, puisque d’ailleurs le mauvais estat de leurs affaires les leur
doibt persuader. Voylà ce que l’on pourra dire aux médiateurs et surtout au
Contarini, luy faisant cognoistre que la France desgagée avec honneur et
seureté de la présente guerre par le moyen d’une paix honneste et seurre
pourra prendre de telles résolutions à l’avantage de la chrestienté et
particulièrement de la république de Venize qu’il sera aisé de réparer avec
usure les pertes que l’on aura faictes, et il est sans doubte que ces
asseurances serviront beaucoup à porter Contarini d’employer vigoureuse-
ment tous ses offices auprès des ministres d’Espagne pour les rendre plus
raisonnables.
Mais il ne paroist pas qu’ilz soient à présent en cette disposition sy on
considère le papier qu’a remis depuis peu monsieur le nonce Bagny à
monsieur le cardinal Mazarin pour responce à la proposition de la trêve sur
la mer méditerrannée. Lesdicts sieurs plénipotentiaires en treuveront une
coppie cy-joincte et s’estonneront sans doubte des termes dans lesquelz il
est conceu, car il est certain que quand les Espagnolz se treuveroient en la
posture où nous sommes et non pas dans une dernière bassesse, il y eust
encor eu lieu de les blasmer de trop de haulteur dans une pareille façon de
parler et de procéder. L’ambassadeur de Venize à ce que nous avons veu
n’en a pas ozé parler et en a respondu en sorte à monsieur le nonce que
luy-mesme a advancé qu’il estoit malaisé de deffendre l’indiscrétion du
secrétaire qui a dressé ce pappier. On estime qu’il sera fort à propos de le
faire tumber adroictement entre les mains des ministres de l’Empereur et
de le faire veoir à tous ceux des princes de l’Empire et particulièrement à
ceux de Bavières affin de faire toucher au doigt combien les effectz sont
différens des bonnes parolles que les Espagnolz donnent de leur disposition
à la paix, comme aussy pour leur faire cognoistre que sy le roy d’Espagne
pouvoit conclurre quelque chose de bon sans l’Empire il n’en feroit nulle
difficulté.
Sy lesdicts sieurs plénipotentiaires estimoient qu’il fust à propos de faire
quelque responce à cet escript ilz le pourront et la donneront aux
médiateurs, leur disant qu’elle leur a esté addressée d’icy à cet effect.
Nous sommes advertiz que les Espagnolz veullent introduire une négo-
tiation avec Messieurs les Estatz affin de les obliger par des propositions
spécieuses à de grands advantages en apparence qu’ilz leur offriront à se
destacher de la France et entendre à un accommodement particulier avec
eux. Dom Miguel de Salamanca vient pour avoir la conduicte de cette
affaire soubz la direction de Rodrigue
intelligence qui est entre monsieur le prince d’Orange et la province de
Hollande dont ilz espèrent de tirer grand advantage et se flattent de la
croyance qu’ilz ont que Messieurs les Estatz sont sy las des despences de la
guerre et ont tant d’envie de se reposer que le repos et l’espargne qui leur
ariveront présentement d’un accommodement particulier l’emporteront sur
toutes les autres considérations et sur les malheurs qui pourroient leur en
ariver à l’avenir. On escript de bonne sorte à monsieur d’Estrades affin qu’il
travaille de bonne heure pour ruyner leurs projectz et on n’y oubliera rien
dans la suite. Nous avons aussy sceu l’application tout à faict extraordinaire
avec laquel madame de Chevreuse agit en Flandres pour donner des
marques de son affection au party contraire et pour nuire sy elle pouvoit à
cet Estat. On mande qu’elle n’oublie rien pour encourager les ministres
espagnolz, leur faisant croire qu’il y a de grandes brouilleries dans le
royaume et que pour peu qu’ilz se donnent de patience s’ilz prennent soin
d’employer de l’argent dans le Languedoc et asseurer cette province-là de
leur assistance, ilz allumeront un tel feu que ne pouvant estre esteint par
Leurs Majestez, ilz auront bientost lieu de remettre leurs affaires en bon
estat et de prendre revenche avec usure de tous les maux que la France leur
a faict souffrir jusques à présent. Tout cela ne sont que fantosmes qui n’ont
aulcun fondement, mais le mal est que comme les Espagnolz dans les
extrémitez où ilz sont réduictz croyent facilement ce qu’ilz vouldroient
bien, ilz se laissent aisément flatter de semblables propositions, et lorsque
leurs pertes continuelles et le peu de reçource qu’ilz ont à s’en relever les
conseillent de donner promptement les mains aux conditions qui peuvent
leur faire obtenir la paix et qu’effectivement quelquesfois ilz sont sur le
poinct de le faire, leur malheur veut qu’ilz s’en retirent sur de ces sortes de
faulces espérances de quelque favorable résolution. Ce qui nous doibt
consoler de leur conduicte c’est que cette dame n’a pas accoustumé jusques
à présent de porter trop de bonheur aux endroictz où elle est allée, et que
depuis ces guerres jamais les Espagnolz ne se sont renduz difficiles à la paix
sur quelque estincelle d’espérance de veoir prospérer leurs affaires en
continuant la guerre qu’il ne leur soit survenu aussytost de plus grandes
disgrâces, et qu’enfin estant visible que leur plus grand bonheur seroit de
sortir par la paix du mauvais estat où ilz sont, c’est une marque évidente de
l’indignation et de la colère du ciel de ce que par un endurcissement
semblable à celuy de Pharaon ilz n’ont que des vanitez qui ne sont capables
de produire aulcun effect.
Il a esté fort à propos que monsieur la baron Oxenstiern soit party satisfaict
de Munster et qu’on ayt eu moyen de luy faire cognoistre la sincérité de
nostre procéder dans le faict de l’accommodement entre les ministres des
princes et estatz de l’Empire, qui estoit une matière délicate à mesnager
pour les divers intérestz que chacun y peult prendre. Il est à croire qu’il ne
manquera pas d’en informer ses supérieurs, et cela ne peult produire que de
très bons effectz aussy bien que la passion qu’il a tesmoignée avoir de faire
esclatter l’union de deux couronnes comme très advantageuse pour les
intérestz de l’une et de l’autre.
On envoye le sieur de Vautorte à l’électeur de Trèves pour veoir clair dans
les sentimens qui luy sont restez pour cette couronne et dans les affaires de
l’Empire, et il aura ordre de donner advis bien exactement ausdicts sieurs
plénipotentiaires de tout ce qu’il aura recognu dudict électeur.
A mesure que les médiateurs se treuveront favorables pour nous, approu-
vans noz raisons dans les prétentions que nous avons, il fauldra les flatter et
tesmoigner de prendre confiance en eux. Le discours que monsieur Servien
a tenu au nonce a esté fort à propos, et notamment sy (comme il luy a
semblé) le nonce a effectivement approuvé les deux maximes dans lesquels
il luy a faict cognoistre que nous demeurerions fermes de nostre part. Mais
il y a subjet de craindre que ce personnage ne se rende pas tant souple et
facile pour l’inclination qu’il a pour la France ou pour le désir qu’il a de la
servir comme parce qu’il veoid que l’on n’est pas satisfaict de luy, ou pour
l’appréhention qu’il peult avoir que les mauvais traictemens que le pape
faict à cette couronne et la partialité qu’il a pour nos ennemis ne porte
Leurs Majestez à prendre la résolution de luy oster la médiation.
Il est nécessaire de haster le plus qu’il sera possible la levée de Bonichausen,
et on a esté bien aise d’apprendre que les soins desdicts sieurs plénipotenti-
aires l’ayent garenti de l’inconvénient qui a failly à luy ariver.