Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
Toutes les fois que j’ay leu vostre dépesche du 20 e du passé que le courrier
Héron me rendist le 26 e, j’ay eu crainte d’obmettre de faire response à un
bon nombre des poinctz qu’elle contient, je l’ay extraicte pour mieux
pénétrer l’importance des affaires. De plusieurs je puis me dispenser de
parler puisque ce sont choses excécutées ou à exécuter selon les ordres que
vous avez eus, d’avoir obmis en la proposition que vous avez baillée l’article
qui concernoit la religion des protestants |:vous avez esté louez expliquant
sainement vostre intention. Et bien que les Suédois l’ayent trouvé mauvais
ilz ne lairront pas d’en tirer advantage en ce qu’ilz feront croire aux
protestans qu’il n’y a qu’eux qui les veullent maintenir de sorte qu’il auroit
presque mieux vallu que vous eussiez inséré l’article:| tel qu’ilz le vouloient
et d’où ils se feussent peu contenter, à quoy vous remédierez en faisant
comprendre |:au princes qui professent les religions protestantes:| que ce
que vous vous estes abstenus d’en parler a esté pour ne donner suject de
plaincte |:aux catholiques et de s’esloigner de nous, vous réservant la liberté
et la volonté de favoriser leurs justes prétentions selon que l’occasion s’en
présentera. Il y a lieu de craindre autant l’élèvement du party protestant
que la continuation:| de la trop grande puissance de la maison d’Austriche
|:abaissant celle-cy il faut esviter d’eslever:| les autres, et c’est à quoy vous
debvez continuellement vous appliquer.
|:Les Allemans se pourront plaindre de ce que vostre proposition est trop
généralle:|, et d’autant plus que les médiateurs sont du mesme sentiment.
L’ambassadeur de Venize m’a ajousté sur ce propos une plaincte qu’il
prévoit que ceux-là feront de la liberté que vous vous estes réservez
d’ajouster ou de diminuer soit en voz demandes |:ou au nombre des alliez:|
ajoustant que n’y aiant rien de déterminé en ladicte proposition ce seroit
matière d’escritures, qui reculeroient au lieu d’avancer le traitté, auquel je
respondis que pour estre généralle elle ne laissoit de donner de bonnes
ouvertures, et qu’il voyoit bien que vous aviez eu suject d’en user de la
sorte, ayants esté contraincts d’y faire ajouster |:dans le nombre des alliez le
prince de Transsilvanie:| duquel vous estiez demeuré pour un tempz en
suspens |:s’il agréoit d’y estre nommé ainsy qu’il l’a désiré lorsqu’il a
renouvellé le traitté qu’il avoit avec les couronnes alliées:|. Sur le suject de
ce prince il me dist que vous travailleriez vainement en |:demandant des
passeportz dont l’Empereur se deffendroit disant qu’il n’estoit en guerre
avec luy lors des traittez préliminaires mais qu’il ne disconviendroit pas que
vous et les Suédois mesnageassiez ses intérestz qui est un party tiers duquel
un chacun se peut satisfaire selon son jugement. Le mesme ambassadeur
m’avertit que vous alliez trop réservez sur ce qu’il faudroit laisser au Roy de
ses conquestes en Allemagne, sur quoy je luy répliquay que c’estoit aux
autres à offrir:| et que lorsqu’ilz se seroient mis à la raison ilz vous
trouveroient disposez ou de vous en contenter ou de l’escrire. J’avoue bien
avec vous que quand les affaires seront plus avancées qu’il y aura nécessité
de s’expliquer plus nettement que vous n’avez pas fait, mais je ne conçois
pas que le tempz en soit encores venu et c’est ce qui est remis à vostre
prudence et où elle se doit faire plus remarquer, parler aux momens qu’il y
a lieu de proffiter |:faire expliquer les ennemis les premiers, délibérer
plustost sur leurs propositions que de leur donner la liberté de le faire sur
les nostres:|. Je ne puis blasmer les médiateurs d’estre entrez dans le
sentiment de l’un des plénipotentiaires d’Espagne, mais je trouve à redire
que celuy-cy se fasche de ce qu’il sçait il y a longtempz et qu’il ayt pris une
excuse si peu apparente que celle qu’il a alléguée |:dont les médiateurs se
devoient offenser ayans plus d’intérestz de faire cesser la guerre en Italie
qu’en tous les autres lieux de la terre. Mais si ce désir les portoit à essayer
de vous disposer d’en résoudre les affaires et en rédiger un traitté avant que
le général fust arresté:| ilz auroient trop d’esgard à leurs intérestz et trop
peu à ceux de qui la résolution et conclusion des affaires dépendent. Mais
vous allez si fort au-devant de leurs pensées et en avez si bien pénétré le fin
qu’il faut plustost admirer que resveiller vostre prudence.
Je conclus aussy avec vous que les Suédois y mettroient de l’obstacle et ilz
s’en déclareront bien nettement à monsieur de La Thuillerie lequel leur
insinuera cela bien plus facilement |:que de se modérer ez demandes qui
regardent le party protestant duquel vous attendez des nouvelles et nous
aussy:| et de cela ou par luy ou par vous, et de ce que deviendra sa
négotiation qui reçoit de jour en jour de nouvelles difficultés. Si j’ozois
j’entrerois volontiers en discours |:avec messieurs les Suédois et leur
demanderois comment ilz conçoivent que le roy d’Espagne qui est attaqué
en Espagne, en Italie par les François et duquel les Estatz maritimes de
l’Italie demeurent exposez au Turc, feroit passer sa flotte en la mer du Nort
ou les hommes qui sont dessus pour favoriser le roy de Dannemarch ou
l’Empereur pour rendre les ministres de Suède plus traittables:|. On juge
qu’il en fault nécessairement un de France en leur court et monsieur de La
Thuillerie, qui a ordre d’y aller se plainct de ce qu’il n’y en a point, qui se
trouve souvent empesché |:à disposer à ce qui est juste le chancelier
Oxenstiern lequel pour sa vanité porte les affaires à si haut point que tout
en est à craindre:|. Vous Messieurs estimez qu’il y a des choses à
représenter, vous en avez escrit audict sieur de La Thuillerie, lequel ayant
esté commandé de faire ce voyage n’y perdra point de tempz, et aussytost
qu’il sera deschargé de sa médiation passera en Suède, où il luy sera mandé
d’appuyer ce que vous luy escrirez, tout ainsy que s’il en avoit eu ordre
précis de la court, qui se promet de grands avantages de sa présence de par
delà, et qui a fait dessein de ne luy confiner pas longtempz et le faire relever
par un ambassadeur ordinaire, qui y résidera tout autant de tempz que les
affaires publiques le requéreront, et qu’il y sera nécessaire pour conserver la
bonne intelligence entre les couronnes. Elle est jugée absolument utile
soubz la condition néantmoins qui vous a esté représentée |:qui est qu’ilz
cognoissent qu’elle leur est autant ou plus avantageuse qu’à nous et qu’ilz
choyent noz intérestz autant que nous faisons les leur [!] et que leurs
ministres s’accoustument à vivre avec condessence et qu’ilz oublient cette
manière impérieuse d’agir qu’ilz ont affectée depuis quelque temps:|.
Il importe ainsy que vous l’avez remarqué de rejetter toute proposition de
suspension d’armes générale:|, je dis pour un |:temps court et limité de peu
de mois:| comme de laisser |:pénétrer que l’on seroit pour entendre à une à
longues années:| et je suis trompé si les médiateurs qui proposent la
dernière n’ont intention de faire ouverture de la seconde. Ce n’est pas qu’il
n’y eust des raisons pour en appuyer le project, mais il y en a de plus fortes
pour les rejetter, jusques à ce que d’un commun consentement |:de
l’ennemy et des alliez on peust estre pressez d’y entendre:|.
Sur le suject |:de l’évesque d’Osnaburg et de l’électeur de Brandebourg:|
vous sçavez ce qu’on vous a mandé, on y persiste |:que si ce dernier envoye
quelqu’un il sera escouté. Mais s’il vouloit nous engager à le favoriser en sa
prétention contre le duc de Neubourg qui est un prince catholique:| sans
prendre autre |:engagement dans les affaires de l’Empire:|, je crois que nous
pourrions nous |:en dispenser, mais s’il demandoit que leur différend fust
traitté à Munster plustost qu’en la chambre impérialle c’est sur quoy il
importeroit que vous nous donnassiez voz avis:|.
Je ne vous feray point de response au poinct de votre dépesche qui parle des
levées de gens de guerre, d’autant que vous avez esté informez des
intentions de Sa Majesté sur celles projettées de faire par l’entremise et
soubz le commandement de Benighausen |:et sur le doute que le comte de
Nassau duquel monsieur de Beauregard a escrit se voulust aussy deschar-
ger:|, on luy permet de traitter avec un colonel qui s’offre, et je luy envoye
les conditions que nous faisons aux estrangers, affin qu’estants |:représen-
tées audit comte:| cela luy donne envie de prendre service et à son reffuz
qu’il y engage l’autre. Vostre lettre m’a servy de suject de presser le
payement des pensions de Hesse, et j’espère de retirer le fondz nécessaire à
cette despense, qui est très utile, et certainement cette Altesse et à son
exemple ceux qui la servent sont dans les maximes solides et si attachées au
bon party et à la cause commune qu’il faut confesser qu’elle luy doibt
beaucoup de sa fermeté et de sa persévérence au bien, quoyqu’elle aye esté
recherchée de s’en retirer, et trouvé des occasions favorables pour faire son
accommodement.
Puisque vous avez escrit à monsieur de Caumartin ce qui se pouvoit faire en
faveur de ceux de Basle nous attendrons de leurs nouvelles avant que de
vous rien prescrire, à l’avance néantmoins je ne lairray de vous dire que
vous sçavez l’alliance des cantons avec la France |:et combien il importe de
maintenir leur souveraineté:|. Sur l’affaire de Transsylvanie il a esté pris
une résolution conforme à ce que vous avez mandé. Avec cette dépesche
vous recevrez |:la ratiffication du traitté, des lettres aux princes et deux de
change des sommes promises payables à Dantzigk à l’ordre de monsieur de
Croissy lequel mérite louange d’avoir si bien engagé ce prince et mesnagé la
bourse de Sa Majesté et engagé ledit prince à la protection des catholiques
ce qui nous servira de bouclier pour nous deffendre contre ceux qui ont
voulu blasmer l’alliance qu’on avoit proiettée de faire avec luy et des
articles signez:| on cognoistra la différente manière d’agir aux intérestz de
la religion de Sa Majesté et de ceux d’Austriche, elle les préférant à tout, et
eux les abandonnants au moindre suject qu’ilz ont de craindre, ou à la
moindre apparence qu’ilz rencontrent d’eslever leur grandeur, enfin l’ambi-
tion et la craincte sont deux poinctz sur lesquelz tournent leurs affaires et
leurs conseilz.
Vous avez bien jugé de quelle importance estoit de conserver une estroicte
correspondance avec monsieur de Thurenne, vous auriez le mesme soing de
la former avec monsieur d’Anguien, et ce que vous escrivez en divers lieux
ayde si bien le public qu’on vous prie de continuer. Je ne vous diray rien de
Rome, |:on est sur une grande délibération sçavoir si les Barberins seront
receus en grâce en demandant pardon et si l’on peut fonder sur leurs
paroles et sur leurs créatures un party:|. Dez que la résolution aura esté
prise vous en serez averty, qui avez bien nettement expliqué |:à monsieur
Chigi les justes mescontentemens que le Roy a de la conduitte du pape et
de son procédé:|. Son prédécesseur par sa lenteur et mauvaise manière
d’agir a failly à s’exclure de la médiation de la paix, |:celuy-cy avec sujet s’en
exclud faisant cognestre sa partialité envers l’un des princes:|.
Devant que de passer à vous escrire des nouvelles j’ay ordre de vous faire
une proposition, affin que vous l’examiniez, elle est de telle conséquence
que vous pourrez prendre du tempz avant que d’y respondre. |:Sçavoir si
l’on doit faire la paix avec l’Empereur et une trêve à longues années avec le
roy d’Espagne, par l’une s’aquérir des places en Allemagne, s’asseurer en la
possession de villes de longue main occupées sur l’Empire, par l’autre
laisser les affaires en l’estat présent ce qui feroit que Sa Majesté arrivant à sa
majorité et s’estant affermi dans le trosne quelques années après se
trouveroit en puissance de recommencer la guerre:| et en estat de réduire
l’ennemy pour n’y pas rentrer, de luy abandonner des places et des pays, à
quoy présentement il aura peine a condescendre, se flattant tousjours
d’espérer quelque division dans l’Estat |:pendant la minorité. En ce faisant
on contenteroit les Suédois et les princes de l’Empire qui ont une visée
sçavoir est la paix, et Messieurs les Estatz qui désirent plustost une trêve
que la paix qu’ilz déclarent assez ne pouvoir accepter appréhendans que la
suitte ne soit la perte de leur république:|.
Französischer Sieg über eine spanische Infanterieabteilung in Spanien
hende Einnahme von La Mothe. Belagerung von Mardyck.
PS: Depuis ma lettre escritte on s’est assemblé pour résoudre le mémoire
que vous trouverez joinct à cette dépesche qui contient les dernières
résolutions prises par Sa Majesté. On a aussy remis au premier ordinaire de
vous envoyer la ratiffication du traicté du prince de Transylvanie et les
lettres de change pour Dantzick .