Acta Pacis Westphalicae II B 3,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 2. Teil: 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
224. d’Avaux an Mazarin Münster 1646 April 18

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d’Avaux an Mazarin


24
Münster 1646 April 18

25
Ausfertigung: AE , CP All. 60 fol. 127–134’ = Druckvorlage

38
Überbracht durch Montigny, vgl. [ nr. 218 Anm. 3 ] .
. Kopie, datiert: 1646 April 14:
26
AE , CP All. 76 fol. 139–149’. Eigenhändiges Konzept: AE , CP All. 64 fol. 249–255’.

27
Gespräche mit Trauttmansdorff über Breisach und über Verständigung mit Spanien: eventuelle
28
spanische Zugeständnisse (Artois); französische Forderungen (Roussillon und Artois; Katalonien;
29
Gravelines, Bourbourg, Thionville). Zuversicht d’Avaux’. Hoffnung auf Waffenstillstand für
30
Portugal. Bedenken gegen Waffenstillstand für Katalonien. Erklärung über die französischen
31
Friedensbedingungen gegenüber Spanien: Wahl des Zeitpunkts. Rat zu Verzicht auf Waffenstill-
32
stand für Katalonien bei ausreichender Satisfaktion Frankreichs. Feldzug der Generalstaaten
33
Voraussetzung für spanisches Entgegenkommen. Beschwerde der Spanier über Trauttmansdorffs
34
übereilten Verständigungswillen. Trauttmansdorffs Rechtfertigung; Rolle Bayerns. Empfehlung,
35
die Erzherzöge von Tirol zufriedenzustellen.

[p. 765] [scan. 95]


1
Je vis la semaine passée monsieur le comte de Trautmansdorff, et luy moy

42
Am 11. April (nach Trauttmansdorff, s. APW [ II A 3 nr. 264 ] PS S. 497f) oder 10. April (nach
43
Schröder, ebenda nr. 263 S. 495) und am darauffolgenden Tag, also am 12. oder 11. April.
.
2
En l’une et l’autre visite il me fit peu de complimens et semble ne les estimer
3
pas. Il s’estoit pourtant estonné de ce que je tardois à aller chés luy en parti-
4
culier puisque monsieur le duc de Longueville et monsieur de Servien y
5
avoient esté, et il s’en estoit laissé entendre aux médiateurs.

6
Nous traittasmes fort paisiblement ensemble et sans aucune contention quoy-
7
que noz sentimens ne pussent estre plus contraires. Je le trouvay dans une
8
opinion de nous avoir desjà beaucoup offert, et qu’il pourroit y adjouster la
9
Haute-Alsace et le Suntgau sous certaines conditions, mais qu’après cella si la
10
France ne se contentoit de borner au Rhin elle feroit voir d’autres desseins
11
que de recouvrer ses anciennes limites, ou de pourvoir à sa seureté; que les
12
princes et estatz d’Allemagne et les Suédois mesmes auroient à penser à eux si
13
Brisach demeuroit entre les mains du Roy; et que l’Empereur seroit justifié
14
devant tout le monde. Je luy dis que cette place est si nécessaire pour la
15
conservation du païs qu’on nous veut laisser, et pour la durée de la paix,
16
qu’autrement il vaudroit mieux n’avoir rien puisqu’à la première occasion
17
l’on auroit beau moien de reprendre l’Alsace et qu’ainsy ce seroit recommen-
18
cer la guerre. Que si la Reyne pouvoit estre induitte à faire restituer les villes
19
forestières et à ne prétendre pas le Brisgau (comme les ambassadeurs de Ba-
20
vières luy avoient fait espérer) ce seroit bien une preuve certaine que la France
21
se contente de borner au Rhin, et qu’elle ne veut rien entreprendre sur les
22
estatz de l’Empire ny sur ses alliés, mais seulement avoir un passage en Alle-
23
magne pour secourir les uns et les autres s’il arrivoit qu’on ne leur tinst pas les
24
choses qui seront accordées par ce traitté de paix. Que les princes d’Italie qui
25
entendent bien leurs affaires et qui ne nous voudroient peut-estre pas voir
26
maistres de Milan et de Naples désirent tous néantmoins que nous gardions
27
Pignerol. Qu’enfin je l’asseurois en pure vérité que l’on ne consentiroit jamais
28
que Brisach et Neuenburg sortissent de noz mains, et que s’il me permettoit
29
de le dire je m’estonnois qu’un seigneur de sa qualité et de son expérience
30
pust imaginer qu’on fist aucun cas de l’acquisition d’un païs sans la place qui
31
le deffend. Il me répliqua qu’on la pourroit démolir; puis il dit que rien ne
32
nous empescheroit de fortifier les places d’Alsace; puis il me proposa de met-
33
tre Brisach en dépost entre les mains d’un prince confident de la France et
34
nomma le duc de Bavières. Et après tous ces partis il revint à dire fermement
35
que l’Empereur sera bien surpris de cette nouvelle prétention; que le duc de
36
Bavières fondé sur les lettres de monsieur le nunce Bagni l’a pressé d’accorder
37
l’Alsace, et a fait de grans remerciemens à Sa Majesté Impériale de la résolu-
38
tion qu’elle en a prise. Je luy dis que s’il falloit suivre l’intention de monsieur
39
le nunce Bagny lorsqu’il a escrit lesdittes lettres l’Empereur y perdroit, parce
40
que certainement en nommant l’Alsace il a voulu désigner le païs selon la
41
description que nous en avons faitte par nostre réplique laquelle y a compris

[p. 766] [scan. 96]


1
expressément le Brisgau et les villes forestières. Je luy protestay derechef que
2
l’on ne rendra jamais Brisach, et le luy fis tellement cognestre qu’il me parut
3
donner quelque créance à mes paroles, persistant toutesfois en sa première
4
déclaration qu’il n’a aucun ordre là-dessus. Mais ce qui me fit juger qu’il com-
5
mençoit à se rendre c’est qu’alors il me dit en baissant la teste et passant la
6
main sur son visage qu’il falloit trois semaines pour en escrire à l’Empereur et
7
avoir response. «Et peut-estre, dit-il, je ne l’auray d’un mois car l’affaire méri-
8
te bien une délibération de huit jours.» |:Il disoit cela d’un ton grave et mo-
9
deste , mais il avoit le cœur gros et offensé de nostre bonne fortune. Il luy
10
eschappa mesmes quelque aigreur:|. Il parla d’injustice, et d’oppression de
11
pupilles, mais ce fut entre ses dentz et je destournay le propos pour ne rien
12
gaster.

13
Il prit le change en mesme temps avec toute la discrétion que je pouvois sou-
14
haitter , et me demanda si nous ne voulions pas terminer aussy les différens
15
d’entre la France et l’Espagne. Je dis que nous y estions très disposez, et que
16
s’il vouloit s’en entremettre je sçavois Monseigneur que vous l’auriés bien
17
agréable, qu’il y a longtemps que Vostre Eminence nous a escrit avec grande
18
estime de sa personne et avec opinion qu’il auroit la gloire de faire l’un et
19
l’autre traitté. Cella luy pleut, il s’adoucit um peu. Puis tout à coup il reporta
20
la main sur ses plaies et dit avec douleur: «Il signor cardinale Mazarini mi
21
honora troppo, ma ha fatto più contro di noi et tratta hora con più rigore di
22
quel che farebbe il cardinale di Richelieu o qualsivoglia altro soggesto fran-
23
cese : egli vuol mostrarsi pieno di zelo per li vantaggi della corona, e vera-
24
mente fa molto, ma non so poi se gli torna a conto ne alla Francia medesima
25
usar tanto rigore.» Il adjousta sur ce propos: «e nulla stringe chi tutto’l mondo
26
abbraccia», qui est un vers de Pétrarque si ma mémoire ne me trompe

43
Petrarca, Il Canzoniere, Teil I Nr. 134 Vers 4: e nulla stringo, e tutto’l mondo abbraccio.
. Je
27
respondis qu’en la place où est Vostre Eminence elle ne sçauroit avoir trop de
28
zèle pour le service du Roy qui est aujourd’huy comme son pupille, et que si
29
voz veilles et voz soins réparent les pertes des siècles passés il me sembloit
30
que cella ne doit pas estre plus envié à la France ny à son principal ministre
31
que l’ont esté les usurpations violentes que la maison d’Arragon et celle
32
d’Austriche ont faittes sur noz rois. Que si les prédécesseurs de Sa Majesté ont
33
souvent quitté leur bien pour avoir la paix, je ne comprenois pas comment
34
ceux qui en ont proffité ont tant de répugnance à restituer une partie de ce
35
qui ne leur appartient pas pour jouir aussy du repos dont ils ont aujourd’huy
36
plus de besoin que la France n’en avoit alors. Je luy remonstray que ce n’est
37
pas rigueur, mais plustost une grande modération si l’on se relasche de ce que
38
les Bavarrois luy ont fait espérer, qui fait presque la moitié de ce que nous
39
avons prétendu avec justice.

40
Sur ce sujet, Monseigneur, de peur que je l’oublie, je vois clairement que |:les
41
Impériaux et les princes d’Insprug ont le poignard dans le sein; que la seule
42
nécessité leur peut faire observer à l’avenir ce qu’elle en extorque à présent;

[p. 767] [scan. 97]


1
que dans ce vif sentiment il y a des gens qui les plaignent et qui les segondent,
2
et que les guerres d’Angleterre et du Turc estans finies il se pourroit eslever
3
quelque tourmente contre la France si elle n’est alors bien paisible au de-
4
dans :|.

5
En suitte du dernier discours que je tins à monsieur de Trautmansdorff tou-
6
chant les facilités que nous apportons pour convenir avec luy, dont il ne de-
7
meuroit pas d’accord, je dis qu’il reconnestra mieux ce que nous faisons pour
8
l’Empereur quand il traittera des affaires d’Espagne: qu’il trouvera bien du
9
changement en nostre conduitte, et qu’au lieu de restituer tant de païs et de
10
places comme nous en tenons dans les electoratz de Trèves, du Bas-Palatinat,
11
et de Mayence, Spire, Wormes, les quatre villes forestières, et tout le Brisgau
12
(si la Reyne nous l’ordonne) l’on croira se relascher beaucoup de ne prétendre
13
pas la Navarre avec tout ce qu’on a pris sur le roy d’Espagne en cette dernière
14
guerre. Il répliqua qu’un tel traitté ne s’estoit jamais fait en ne rendant rien et
15
qu’il ne se feroit pas encores, et que le roy d’Espagne estoit résolu de se porter
16
plustost à toutes extrémités. Il dit cella d’une sorte que je luy demanday en
17
riant s’il estimoit que les Espagnolz eussent des armées de réserve ou des
18
moiens de nous nuire dont ils ne se soient pas servis jusques à cette heure. Je
19
ne sçaurois rapporter bonnement à Vostre Eminence ce qu’il me respondit,
20
car ce ne fut qu’à demy, mais son geste et le mot «extrémités» qu’il répéta me
21
firent comprendre, ou qu’il avoit voulu me donner bonne opinion de la puis-
22
sance du roy d’Espagne et des ressources qu’il peut encores avoir, ou qu’en
23
effet il est capable de hazarder tout.

24
Um peu après monsieur de Trautmansdorff parla de nous laisser un comté
25
sans dire lequel et je repartis que le roy d’Espagne en voudroit bien estre
26
quitte pour trois. «Comment, dit-il, vous n’avés que le comté de Roussillon et
27
il s’en faut deux bonnes villes que vous n’ayés celuy d’Artois.» Je dis que nous
28
tenons encores des places dans le comté de Bourgoigne, sans celles du
29
Luxembourg, de la Flandre, et des autres provinces, et qu’au surplus l’on est
30
bien résolu de garder ce que le Roy possède en Catalogne. Il répliqua que |:ce
31
doit estre le dernier article de la négotiation, qu’il faut convenir premièrement
32
de toutes autres choses:| et se mit à louer la beauté et richesse du païs d’ Ar-
33
tois . Je rejettay derechef cette offre si loin qu’en me visitant le lendemain il
34
me dit que les plénipotentiaires d’Espagne ne pourroient pas estre induitz à
35
céder le comté de Roussillon et celuy d’Artois en donnant ce qui y manque;
36
que l’un ou l’autre vaut mieux que la Navarre; et qu’il craignoit que la paix
37
ne se pust faire entre les deux roys. Je tesmoignay que nous en serions bien
38
merris, mais qu’on estoit desjà préparé en France à tout événement et que
39
sans un miracle les Espagnolz empireroient leur condition dans cette campa-
40
gne ; que les deux comtés sont peu de chose si l’on n’y adjouste Gravelines,
41
Bourbourg et Thionville qui sont trop sur nostre frontière pour s’en désaisir;
42
et qu’après cella je luy déclarois nettement pour une seconde fois que nous ne
43
quitterons point la Catalogne. J’usay de cette répétition d’autant que je m’ es-
44
tois apperceu qu’en parlant de Catalogne il |:croit faire assez pour nous d’en

[p. 768] [scan. 98]


1
remettre l’accommodement à la fin du traitté, et présuppose que l’on n’y in-
2
sistera pas:|. En effet il passa sous silence ce que j’en avois dit, et s’arresta
3
seulement à exagérer l’impossibilité de céder les deux comtés et les trois pla-
4
ces cy-dessus nommées. Il ne pouvoit s’en aller sur cella, quoyqu’il n’aime pas
5
à perdre temps, et se tourna de tous costés pour me persuader qu’il est impos-
6
sible de résoudre le roy d’Espagne à la perte de l’Artois et du Roussillon, bien
7
loin d’y adjouster des places de l’importance de Gravelines et Thionville. Il
8
fut contraint pourtant de se retirer sans avoir autre chose de moy, |:mais à la
9
vérité il me semble aussy un peu rebuté de:| mon discours et qu’il penseroit
10
faire un effort s’il portoit les Espagnolz à céder entièrement les deux com-
11
tés .

12
|:Je croy néantmoins:| Monseigneur |:qu’en tenant ferme et avec un peu de
13
patience nous obtiendrons encores ces trois places qui nous sont si commo-
14
des :|.

15
|:Je croy aussy qu’on pourra avoir une trêve pour le Portugal, et peut-estre
16
mesmes de la durée de celle qui se fera avec Messieurs les Estatz. Mais pour
17
la Catalongne j’y prévoy de grandes difficultez:|, et quand nous en serions
18
venus à bout je ne sçais si nous en tirerions proffit. Car |:cette suspension
19
d’armes donneroit moyen aux Espagnolz de faire à loisir:| toutes leurs
20
menées et prattiques en ce pays-là |:où ilz ont desjà beaucoup d’adhérens:|.
21
L’on peut bien juger par la faction qu’ils y ont naguères formée et fomentée
22
au milieu des armes du Roy, que leurs soins et leurs artifices |:seront bien
23
plus dangereux et que l’effet en sera presque certain quand la trêve aura une
24
fois rallenti:| la vigilance de noz gens de guerre et la profusion de noz
25
finances.

26
Ce n’est pas qu’à mon avis il ne soit très utile et honnorable pour la France de
27
suivre l’ordre porté par le dernier mémoire du Roy , et qu’aussitost que |:les
28
Espagnolz nous auront fait quelque proposition considérable:| nous leur of-
29
frions la paix en gardant |:le Roussillon avec:| ce qui a esté conquis au Païs-
30
Bas, |:et faisant une trêve pour la Catalongne et le Portugal:|. Vous jugés très
31
bien Monseigneur que nous leur devons faire cette offre, et que la France
32
|:tireroit grand avantage d’un traitté conclu:| à ces conditions. Je crois mes-
33
mes qu’une telle proposition servira beaucoup à faire voir l’opiniastreté des
34
Espagnolz et à justifier la France s’ils ne l’acceptent. Je n’y trouve aussy |:nul
35
péril à l’esgard des Catalans:|; que peuvent-ils |:espérer de plus dans un
36
changement d’Estat si récent et qui n’est pas encores approuvé d’eux tous:|?
37
Il me semble que c’est leur donner grand sujet de remerciement et un grand
38
tesmoignage de la protection du Roy si |:l’on stipule pour eux une aussy lon-
39
gue trêve que sera celle de Hollande:|. La séparation |:du Roussillon pour
40
lequel on feroit la paix ne peut leur estre suspecte:|, c’est un païs qui appar-
41
tient à la France et dont elle s’est remise en possession par ses seules forces

[p. 769] [scan. 99]


1
|:sans l’assistance des Catalans:| comme Vostre Eminence l’a prudemment
2
remarqué dans un de ses précédens mémoires. Enfin cette offre effacera les
3
mauvaises impressions qu’on donne de nous à tout le monde; |:obligera les
4
Catalans; les mettra à l’esgal de Messieurs les Estatz:|; et réduira la négotia-
5
tion de la paix à des termes pratticables et qui seront jugés tels par toute
6
l’assemblée.

7
Je ne voudrois donc point retarder ces bons effetz si les plénipotentiaires
8
d’Espagne nous proposent de laisser au Roy les deux comtés, et serois bien
9
soulagé d’apprendre de Vostre Eminence |:s’il faut attendre qu’ilz en soient
10
venus jusques-là:| ou bien si vostre intention est qu’après |:nous avoir offert
11
l’Artois nous leur fassions laditte déclaration:|. Mais puisque par le mémoire
12
du Roy du 23 e novembre qui nous sert d’instruction il est porté que |:si l’on
13
ne peut faire consentir les Espagnolz à une trêve ou à quelque expédient pour
14
la Catalongne:|, ce n’est pas une |:cause suffisante pour empescher la paix, et
15
qu’il suffira d’asseurer le bon traittement et les privilèges de ces peuples-là,
16
pourveu que nous conservions ce qui a esté occupé sur le roy d’Espagne en
17
cette guerre quand mesmes il ne tiendroit qu’à raser ou rendre quelque place
18
dans le Luxembourg ou:| dans le païs de Haynaut et de Flandres, je dis que si
19
nous faisons en sorte qu’on |:ne raze ny ne rende aucune place et qu’au lieu
20
de:| Danvilliers, Landrecy, Armentières, Menene et quelque autre de peu
21
d’importance l’on nous accorde Saint-Omer et Ayre, et peut-estre encores La
22
Bassée

42
Festung in den Span. Niederlanden.
(puisque selon aucuns elle fait partie de l’Artois) nous pourrions à
23
plus forte raison |:nous contenter de pourvoir à la seureté des Catalans ayans
24
si pleinement nostre compte en tout le reste:|.

25
Je dis de plus, Monseigneur, supposé que toutes noz conquestes nous demeu-
26
rent , ou que la moindre partie d’icelles et la plus esloignée se puisse eschanger
27
avec avantage, |:que j’aymerois mieux celle-là que de diminuer noz condi-
28
tions pour obtenir une trêve à des peuples qui sont bien capables d’en abuser
29
à nostre préjudice, qui engageroient le Roy pendant tout ce temps-là à de très
30
grandes despenses et qui seroient cause qu’on:| gousteroit bien moins en
31
France la douceur du repos que Vostre Eminence auroit establi, et la grandeur
32
d’un bienfait limité à certain terme. |:Je sçay que Messieurs les Estatz nous y
33
veulent réduire:|, mais outre que cella ne seroit pas juste en fasson du monde,
34
il semble par les discours familiers de quelques-uns |:de leurs députez qu’il[s]
35
ne s’y

40
35 obstineront] im Klartext: obstineroient
obstineront pas:|.

36
Quand je |:me persuade qu’on pourroit faire un traitté si avantageux avec
37
Espagne que d’y gagner:| les deux provinces et les trois villes dont il est parlé
38
cy-dessus, |:avec une longue trêve pour le Portugal:|, je présuppose que la
39
campagne sera résolue par Messieurs les Estatz du consentement de la Hol-

[p. 770] [scan. 100]


1
lande , et que pour agir plus puissamment ils demanderont ou au moins accep-
2
teront le secours d’argent extraordinaire. |:Sans cela les plénipotentiaires
3
d’Espagne ne sont pas en humeur de s’avancer beaucoup:|.

4
Il n’y a que les affaires de l’Empire qui les incommodent, ils se plaignent de la
5
facilité du comte de Trautmansdorff et disent qu’il veut faire un traitté hon-
6
teux avec la France et la Suède. Ils se plaignent fort aussy de sa précipitation,
7
et de ce qu’il ne leur donne pas le temps de mesnager leurs intérestz. Mon-
8
sieur Brun en a dressé un mémoire par ordre de Penneranda qui l’a mis entre
9
les mains dudit comte de Trautmansdorff. |:Celuy dont il s’est servy pour le
10
copier

40
Vgl. [ nr. 186 Anm. 1 ] . Der Kopist wurde nicht ermittelt.
a dit:| (en louant cette pièce) qu’il en a retenu par cœur ces premières
11
lignes: «Gallis tam constanter obnitentibus ne ab illis sui faederati ullo modo
12
seiungantur, indigna res ab iisdem Gallis adigi Imperatorem et Imperium ad
13
deserendos in tractatu pacis Hispanos post tot accepta ab iis beneficia.» J’ay
14
sceu de bon lieu que le comte de Trautmansdorff s’est excusé sur l’ impuissan-
15
ce de l’Empereur |:et sur les menaces

39
15 pressantes] im Klartext: présentes
pressantes du duc de Bavières:| qui veut
16
la paix sans délay, et qui l’a contraint de nous faire l’offre qui est contenue
17
dans nostre despêche commune . C’est un effet des soins que Vostre Emi-
18
nence a pris de |:cultiver la correspondance de ce prince et de l’intéresser en
19
nostre satisfaction:|. Nous vous en sommes tant plus obligés Monseigneur
20
que vous avés formé ce dessein dez auparavant l’ouverture de la négotiation et
21
lorsque toutes choses estoient encores si meslées que nous n’en avons pas esté
22
bien persuadés sur voz premières despêches.

23
Je craignois il y a huit jours

42
S. nr. 208 (vom 7. April), was zeigt, daß [ nr. 224 ] schon am 14. April abgefaßt worden war.
que |:les finances du Roy fussent trop chargées:|
24
après la paix. Je suis bien encores de cet avis |:sinon en ce qui est de donner
25
satisfaction aux archiducs d’Inspruck pour avoir leur consentement:|. L’on
26
nous a remonstré sur ce sujet tant de |:choses importantes au service du Roy,
27
à la réputation de la France, à la seureté de l’acquisition, et à l’entrée de nostre
28
establissement en Allemagne:|, que non seulement |:je me suis rendu à toutes
29
ces considérations avec messieurs mes collègues, mais:| que je serois bien
30
merry que |:les archiducs ne demandassent point de rescompense. Ce seroit
31
un mauvais signe:|. Il ne faut que voir de combien |:loin revient aujourd’huy
32
la maison palatine:|, et de quelle suitte de malheurs |:la voilà qui se relève:|.
33
Nous devons bien croire que |:tous ces jeunes princes d’Inspruck s’ilz ne re-
34
noncent à l’Alsace ne manqueront pas aussy d’amis en un autre temps ny la
35
France d’envieux:|. D’ailleurs Monseigneur, la maison d’Austriche en Alle-
36
magne n’a pas la mesme hayne contre nous que celle d’Espagne. Les Alle-
37
mans sont bons et traittables, l’on en peut espérer amitié si la paix se fait avec
38
quelque contentement pour eux.

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