Acta Pacis Westphalicae II B 6 : Die französischen Korrespondenzen, Band 6: 1647 / Michael Rohrschneider unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter MIthilfe von Rita Bohlen
239. Memorandum Serviens für Lionne [Münster] 1647 November 5
[Münster] 1647 November 5
Kopie: AE , CP All. 103 fol. 59–59’, 62–69’ = Druckvorlage. Eigenhändiges Konzept: AE ,
CP All. 103 fol. 70–73’, 75–75’, 73’–74’, 76–77’.
Zur weiteren Vorgehensweise angesichts des Bruchs Kurbayerns mit Schweden; Unterstüt-
zung Schwedens erforderlich. Informierung Turennes. Sorge vor schwedischen Racheplänen.
Zahl der französischen Truppen im Reich zu gering. Mißtrauen gegenüber dem Kurfürsten
von Bayern angesichts seiner Nachfolgeregelung angebracht. Angebot des Kommandanten
von Lauingen.
Stellung Serviens in der französischen Gesandtschaft; d’Avaux; Longueville.
Savoyische Fragen: Klagen über Saint-Maurice; Cavour; Perosa; Restitution italienischer
Plätze. Gassion; Rantzau; Turenne.
Intrigen d’Avaux’. Aufklärungsbemühungen hinsichtlich der Kontakte d’Avaux’ mit Trautt-
mansdorff . Unbesonnenheiten d’Avaux’ in den Verhandlungen mit dem Kaiser und mit Spa-
nien . D’Avaux’ Verhältnis zu Trauttmansdorff. Unfähigkeit und Unaufrichtigkeit d’Avaux’.
C’est avec très grande raison que Son Eminence nous a fait ordonner par
le mémoire du Roy de nous conduire avec grande circonspection dans le
discours qu’on nous charge de faire aux Suédois pour leur faire agréer que
la France demeure encore quelque tems en neutralité avec Bavière, et ç’a
esté avec une grande prudence qu’elle a remis la résolution à leur volonté,
sans cela il eust esté extrêmement périlleux de leur en faire l’ouverture
dans la conjoncture présente, déjà ils nous attribuent la malh[e]ureuse ré-
volution des affaires d’Allemagne et disent hautement tant à Stokolm qu’à
Osnabruk que c’est un effet de la retraitte de monsieur de Turenne. Si
monsieur de Bavière se fust contenté de reprendre quelques quartiers et
d’ayder les Impériaux à nettoyer la Bohême, nos alliez n’auroient pas tant
de sujet de se plaindre et nous aurions eu plus de moyen de différer notre
déclaration contre luy, mais ayant presté ses troupes pour suivre l’armée
suédoise, et faisant paroître par cette résolution l’envie qu’il a de la ruiner
entièrement s’il peut, je ne sçay comment nous oserons leur proposer de
ne rompre pas avec un prince qui l’a traitté de cette sorte quand ce ne
seroit que pour divertir une partye des forces qui leur tombent sur les
bras et dont ils ne peuvent se deffendre tous seuls. Tout le péril où nous
pouvons nous exposer en nous déclarant est la perte de quelqu’une des
places du Roy qui sont plus avancées; encore si on y pourvoit comme il
faut, la grande résistance que fait Meminguen mettroit les Bavarois qui
l’assiègent en estat de ne pouvoir sytost faire de nouvelles entreprises,
mais le mal seroit bien plus grand pour nous si les Suédois estant sans
cesse recherchez des Impériaux, s’accordoient avec eux sans nous atten-
dre . Quel moyen après cela aurions-nous de soutenir la guerre de l’ Em-
pire sans leur assistance et quel regret n’aurions-nous point de nous estre
jetté dans ce malheur par un manquement qu’ils sçauroient bien exagérer
comme il faut et le faire passer pour une juste cause de leur infidélité? Je
sçay bien que nous ne pouvons pas les soulager beaucoup avec le peu de
forces que monsieur de Turenne ramenne en Allemagne qu’on publie ne
passer pas trois mil hommes, mais comme ce n’est pas un crime de man-
quer de puissance, il n’en est pas de mesme quand on manque à ce que
l’on doit. Si les Suédois pouvoient lire dans ces pensées, ils seroient assu-
rez de nous et devroient nous porter de faire ce que nous avons charge de
leur proposer qui n’est pas moins pour leur avantage que pour le nostre,
mais dans l’humeur deffiante qu’ils ont, ils craignent toujours que nous
n’ayons quelque intelligence secrette avec Bavière plus grande que celle
qui paroist et souhaittent que nous rompions avec luy autant pour se met-
tre l’esprit en repos que pour estre assistez par notre rupture. La résolu-
tion de Bavière n’ayant eu en apparence pour objet que l’avancement de la
paix, n’avoit pas déplu d’abord aux princes protestans, mais quand ils vi-
rent la marche de ses troupes hors des pais héréditaires, ils ont tous con-
damnez son procédé et ont presque repris leur première animosité contre
luy. C’est ce qu’il faudroit représenter à son député à la cour , et luy faire
comprendre que pour donner un moyen plausible à la France de n’agir
pas contre luy, il devoit faire paroître moins de violence et de passion
contre nos alliez, auxquels peut-estre nous pourions persuader ce qu’on
désire à la cour, si monsieur de Bavière rapelloit ses troupes dans son
voisinage et ne les laissoit pas davantage avec celles de l’Empereur. Nous
ne lairons pas de faire tout notre possible pour faire réussir en cette occa-
sion les intentions de Son Eminence, mais certes il importe que la négo-
tiation en soit conduitte bien délicatement aujourd’huy que par le voyage
de Volmar à Osnabruk les Suédois et les protestans vont estre en estat de
terminer tous les différends avec les Impériaux cependant que nous au-
rons encore avec eux deux points
Il faut considérer ce me semble qu’il ne s’agit pas seulement dans l’ extré-
mité présente où se trouvent les Suédois, de garder sa foy à des alliez et se
garantir des blasmes, mais qu’il s’agit de les assister dans un extrême be-
soin , et leur aider à supporter un pesant fardeau qui leur tumbe sur les
bras, sous lequel ils ne sçauroient estre accablés sans que nous en receus-
sions un préjudice qui ne pouroit jamais estre réparé.
Je ne manqueray pas de faire sçavoir diligemment à monsieur de Turenne
toutes les résolutions que nous prendrons icy sur ce sujet, où je seray plus
aise d’exécuter les opinions d’autruy que les miennes propres, mais à Son
Eminence je luy découvre tous mes sentimens et mes apréhensions, affin
qu’elle puisse faire réflexion sur tout, et y remédier autant que l’on poura.
Il me semble que l’envoyé de monsieur de Turenne
librement à Madame la Landgrave de l’envie que nous avons de demeurer
en neutralité avec Bavière, ce qui a donné lieu d’imputer à cette intention
toutes les difficultez qu’il a représentées tant sur la jonction de l’armée du
Roy avec celle de Suède que sur la diversion qu’on pouroit faire vers le
Danube.
La dissimulation dont usent les Suédois en une occasion qui leur est sy
sensible et sy importante, m’est un peu suspecte, et quand je voy que des
gens sy chatouilleux ne font point de plaintes d’une chose qu’ils n’ aprou-
vent pas, je crains extrêmement qu’ils ne méditent quelque vangeance qui
ne sçauroit estre petite dans un tems, où il n’y a plus rien à faire que de
conclure la paix avec nous, ou de nous abandonner.
Il faut éviter qu’en trouvant leur compte ils ne puissent pas dire que puis-
que nous avons convenu de les laisser seuls dans la guerre avec Bavière, ils
ne font que suivre notre exemple, en nous y laissant avec l’Empereur. Je
sçay bien que la chose n’est pas égalle, mais il suffit quelquefois d’un pré-
texte coloré à ceux qui veulent faire une infidélité, où ils trouvent d’ aill-
eurs quelque avantage.
Enfin Son Eminence doit considérer par sa prudence qu’il n’est pas pos-
sible de donner la loy à toutte l’Allemagne avec une armée de trois ou
quatre mil hommes, et qu’outre que dans une pareille foiblesse on s’ ex-
pose aux reproches d’amis et aux mépris des ennemis, les princes de l’ Em-
pire qui n’ont encore point pris de parti, n’osent pas sy hardiment témoi-
gner leur affection aux couronnes, ny se déclarer pour elles, ou seulement
parler en leur faveur, comme ils feroient s’ils voyoient de plus grandes
forces dans l’Allemagne pour les appuyer, et c’est un raisonnement que
l’électeur de Brandebourg a fait depuis peu à monsieur de Saint-Romain.
Depuis que Son Eminence a sceu la résolution que prit l’électeur de Bavière
de donner la tutelle de ses enfans et le régime de ses affaires à sa femme et à
l’Empereur conjointement, je ne sçay si elle juge qu’on puisse prendre con-
fiance en l’amitié de ce prince, qui jusqu’à présent nous avoit fait espérer
qu’il ne prendroit jamais cette résolution. Cela veut dire que si la guerre
continue, son armée et ses Estats seront entièrement après sa mort en la
disposition de nos ennemis, et que par conséquent il y avoit bien peu de
raison d’écrire d’Osnabruk comme on faisoit l’hyver passé
Servien bezieht sich hier auf ein nicht näher bezeichnetes Schreiben d’Avaux’, das nicht
ermittelt werden konnte (vgl. hierzu Serviens Ausführungen in nr. 247). – Die Überlegung,
die kurbay. Truppen nach dem Ulmer Waffenstillstand (s. [ nr. 7 Anm. 14 ] ) nicht vollständig
abdanken zu lassen, ist in dem Memorandum Longuevilles und d’Avaux’ [für Ludwig
XIV.], Münster 1647 Mai 13, nachweisbar (Text: APW II B 5/2 nr. 271, hier 1282 Z. 38f).
engager Bavière à conserver son armée, et à faire de nouvelles levées. Pour
moy j’ay toujours estimé qu’il vaut mieux être réduit à craindre la trop
grande puissance de nos amis, qui ne nous ôteront pas ce que nous possé-
dons en Allemagne, que celle de nos ennemis, qui dans la moindre espé-
rance de bonheur ne voudroient plus nous laisser nos conquestes.
Nous informons Leur[s] Majestez par notre mémoire de diverses choses
de grande considération qui est l’offre du gouverneur de Lawenghen
d’entretenir sa garnison sans argent du Roy, pourveu qu’on la mette à
trois mil hommes. Outre l’épargne et la sûreté ce seroit un moyen de tenir
la Bavière en considération, et de profiter après la mort du duc des bonnes
intentions du duc Albert son frère, qui donne espérance de combattre les
caballes des Impériaux pourveu qu’il soit appuyé de cette garnison et
qu’elle soit en estat de le favoriser.
Son Eminence ne pouvoit prendre à mon sens de plus prudente résolution
sur tous les articles dont j’avois eu l’honneur de luy écrire, que celle que
vous m’avez fait sçavoir. Je prendray soin de faire exécuter le tout selon sa
volonté. Je vous suplie de luy dire que si elle sçavoit avec quelle peine il
faut essuyer la foiblesse, la jalousie et la vanité de monsieur d’Avaux, elle
auroit compassion d’une de ses créatures, qui depuis cinq ans est obligé
dans une ambassade, où elle tient la dernière place, de vivre toujours selon
l’humeur d’autruy et recevoir sans cesse les heures et la loy de deux autres
personnes. A la vérité je confesse que monsieur de Longueville outre sa
grande naissance a l’humeur extrêmement aimable, ce qui adouciroit fort
le malheur de ma condition présente, si l’autre ne la remplissoit d’une
continuelle amertume.
Il importe de parler un peu fortement par delà à l’ambassadeur de Savoye
Gemeint ist wahrscheinlich Ponte di Scarnafiggi (s. [ nr. 209 Anm. 4 ] ).
et luy représenter que monsieur le marquis de Saint-Maurice depuis dix
mois n’a aporté aucune facilité à aucune des choses qu’on luy a proposées;
qu’il faut à tout moment changer pour l’amour de luy des clauses ajustez
avec nos parties, dont nous recevons souvent du préjudice; que jamais il
ne s’est voulu charger d’écrire à madame les propositions que nous luy
avons faittes d’échanger Cahours et le reste de la Pérouse quoyque nous
n’ayons jamais eu intention d’en traitter que moyennant une récompense
raisonable; qu’à présent il aporte de grandes oppositions à la surséance
d’un an que nous avons esté obligé de concerter pour la restitution des
places d’Italie quoyque ce délay soit conforme aux traittez faits avec ma-
dame
Vgl. [ nr. 208 Anm. 24 ] .
restitution, dont il a tout sujet d’estre satisfait pour les intérêts de son
maistre. Les plaintes feront un bon effet pour le marquis de Saint- Mauri-
ce , auquel le comte de Scarnafi〈s〉 écrit qu’on n’a jamais prétendu à la
cour que le rasement de Cahours, sans luy avoir parlé d’échange, et que
Son Eminence n’a jamais fait paroître aucune intention de retenir les pla-
ces de monsieur de Savoye, mais a toujours fort exagéré la bonne foy de
Leur[s] Majestez de rendre sy libérallement un sy grand nombre de places
à un prince contre lequel la couronne de France a de sy grandes préten-
tions . Le marquis de Saint-Maurice craint que ledit comte de Scarnafi〈s〉
écrivant la même chose en Piémont, ne donne sujet de croire que quand il
a cy-devant donné avis secrettement à madame de notre dessein, tant pour
l’échange que pour la restitution desdites places, il ne l’ait fait à dessein de
nous favoriser.
Ich hätte nie geglaubt, was Sie mir über Gassion geschrieben haben; Pro-
blem seiner Nachfolge; Beurteilung Rantzaus; Unbeliebtheit Turennes im
Reich. – Intrigen d’Avaux’ gegen Mazarin. Son Eminence me fait beau-
coup d’honneur de vouloir sçavoir mes sentimens, et je proteste que ce
n’est point par dissimulation que je confesse de ne sçavoir que dire sur
ce sujet. J’avois estimé que par le moyen du député de Bavière , ou du
nonce
apprendre quelque chose des discours qu’il a eus avec Trotsmensdorf,
lorsqu’il estoit à Osnabruk, et après avoir découvert la vérité escrire à
monsieur d’Avaux mesme que Trotmensdorf a fait de grandes plaintes
de luy avant son départ de Munster et depuis 〈et〉 qu’on le prie de man-
der exactement tous les discours qu’il a eu avec ce ministre sur le sujet de
la paix d’Espagne que monsieur de Longueville traitoit à Munster, affin
de les comparer avec ceux qu’a fait ledit Trotmensdorf, ausquels il ajoute
que monsieur d’Avaux l’a trompé et l’a trahy; que depuis ce tems-là Trot-
mensdorf a publié partout que la France ne vouloit point de paix, ce qu’il
avoit sceu même des ministres de France. Monsieur d’Avaux sera obligé
d’écrire ce qui s’est passé, et s’il déguise les choses qui ont esté comme
publiques par deçà, ou qu’on aura apprises d’ailleurs, ce sera un indice
contre luy qu’il ne procède pas franchement, et l’on ne sçauroit pas pren-
dre un parti plus plausible que dans une révolution d’affaires dans l’ Alle-
magne et dans une longue interruption du traité faire voir au public que la
mauvaise conduitte de monsieur d’Avaux en a esté cause, et que pour
avoir eu des intelligences illicites avec nos parties, et avoir voulu rejeter
le blasme du retardement de la paix sur la cour, il a imprimé la créance
aux ennemis que la France ne veut point de paix, et les a porté aux réso-
lutions extrêmes qu’ils ont prises, ce qui est très véritable.
Il est bien certain comme j’ay mandé que monsieur de Longueville est
piqué sensiblement contre monsieur d’Avaux du tour qu’il luy a fait au-
près de Trotsmensdorf, mais je ne sçay s’il voudroit rendre témoignage de
ce qu’il sçait ny contribuer à quoy que ce soit qui pust faire préjudice à
monsieur d’Avaux, si ce n’est qu’on l’y engageâ[t] indirectement, en ne
luy témoignant pas qu’on eust aucun dessein.
Il est bien certain aussy que monsieur de Longueville en demeure d’ ac-
cord que deux imprudences de monsieur d’Avaux ont empêché la paix
d’Espagne et celle de l’Empire que nous pouvions conclure glorieusement
et avantageusement toutes deux l’hyver passé; le premier fust d’empêcher
par opiniâtreté pour les intérêts du duc d’Atrie et de quelqu’autres sem-
blables vétilles dont je fis plainte par diverses dépêches à Son Eminence
que nous n’ajustassions tous nos principaux points avec les Espagnols par
l’entremise de Messieurs les Estats, qui marchoient assez de fort bon pied;
le second que s’en allant à Osnabruk à la prière des Impériaux, qui alors
demandoient la paix comme des suplians, il ne prit jamais le moindre soin
d’ajuster les différends qui nous restent encore avec eux, ce qu’il pouvoit
faire avec très grande facilité en se prévalant pour l’intérest du Roy de
l’extrême besoin que les Impériaux avoient de nous pour porter les Sué-
dois à la raison. Il s’amusa à contenter sa vanité et à se faire courtiser par
Trotsmensdorf pour se rendre arbitre en des affaires où nous n’avions
presque point d’intérest et laissé en arrière tous ceux de son maistre, ce
qui nous met aujourd’huy dans le péril où nous sommes d’estre demeurez
les derniers à conclure notre traité. Monsieur de Longueville se moque
plaisament de son procédé, en luy disant qu’il ne s’étonnoit pas que Trot-
mensdorf l’eût recherché quand il avoit besoin de luy, mais qu’il eust
trouvé leur amitié fort utile pour nous si elle eût pu rendre Trotmendorf
favorable lorsque nous avons eu affaire de luy, au lieu qu’alors il nous a
méprisé et a parlé de monsieur d’Avaux comme d’un traitre, ayant dit au
Nonce, qui
qu’il ne haïssoit point sa personne, mais sa manière de procéder et ses
instructions abominables. Monsieur le Nonce m’a fait ce discours et l’a
aussy fait à l’ambassadeur de Savoye.
Néantmoins s’il n’y avoit point de considération pressante que je ne sça-
che pas, j’estimerois qu’il vaudroit mieux attendre la conclusion du traité
pour prendre les dernières résolutions en cette affaire que d’y pourvoir
maintenant ou du moins qu’il en faudroit auparavant consulter par quel-
ques voyes indirectes monsieur de Longueville, affin qu’il n’y prist point
d’intérest. Unfähigkeit und Unaufrichtigkeit d’Avaux’.