Acta Pacis Westphalicae II B 6 : Die französischen Korrespondenzen, Band 6: 1647 / Michael Rohrschneider unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter MIthilfe von Rita Bohlen
208. Memorandum Serviens für Lionne [Münster] 1647 Oktober 15
–/ 208/ [221]
[Münster] 1647 Oktober 15
Konzept, größtenteils eigenhändig: AE , CP All. 102 fol. 301–308’ = Druckvorlage.
Probleme der französisch-spanischen Verhandlungen über italienische Angelegenheiten: 1)
Papst und Republik Venedig als Garanten im Hinblick auf die Regelung für Casale: keine
diesbezüglichen Vollmachten der Mediatoren; 2) Änderung des Graubünden betreffenden
Artikels erforderlich; 3) Widerstand Mantuas gegen die Exekution des Vertrags von Cheras-
co; 4) Differenzen mit Savoyen über Cavour und Perosa; 5) Modifikation des Artikels über
die Bildung einer italienischen Liga notwendig; 6) Für und Wider eines vorläufigen Ein-
behaltens italienischer Plätze nach einem Friedensschluß; 7) Bedingungen für einen Separat-
vertrag mit Mantua über Casale. Postangelegenheiten. Unterredung mit Sannazaro: Stel-
lungnahme Peñarandas zum Casale-Artikel. Nerli.
Il me semble qu’en répondant au dernier mémoire du 〈Roy〉 nous som-
mes obligez d’informer Leurs Majestez de quelques dificultez très impor-
tantes qui se présentent en cette négotiation, car encor que les Espagnolz
ne nous obligent pas de croire par leur procéder qu’ils ayent intention de
sortir syncèrement d’affaire avec nous, mais plustost qu’ilz cherchent des
prétextes de longueur en ce qui nous regarde pour veoir sy leur traicté
avec Messieurs les Estatz pourra estre conclu séparément, néantmoins
comm’on 〈peut〉 quelquefois ramener insensiblement dans le bon chemin
mesme 〈contre〉 leur dessein ceux qui s’en sont détournez, 〈nous avons〉
très grand besoin 〈d’estre〉 esclaircis des voluntés de Leurs Majestés sur
tout ce qui 〈se præ〉sente soit pour ne 〈rien〉 faire qui leur pust 〈estre〉
désagréable soit pour 〈ne〉 perdre pas une 〈conjuncture〉 de conclure le
traité 〈si elle〉 se præsente.
La première difficulté est que comme nous avons voulu presser Mes-
sieurs les Médiateurs pour sçavoir s’ilz n’avoient pas pouvoir suffisant
de faire intervenir le Pape et la République dans le traicté pour se rendre
garendz au moins de ce qui sera accordé pour la seureté de Casal, dont
cette garentie faict une des principalles parties en attendant que la ligue
générale puisse estre acordée, ilz nous ont déclaré nettement qu’ilz
n’avoient point ce pouvoir et qu’ilz n’attendoient pas qu’on le leur en-
voyast. Monsieur le Nonce mesme a adjousté qu’il ne croyoit pas que le
Pape se voulust mesler d’aucun intérest temporel entre les deux couron-
nes et qu’il ne le luy conseilleroit jamais. Monsieur Contarini nous a
voulu aussy persuader que nous devions estre contens de la ligue que
nous avions proposée
noit l’article qui concerne Casal, mais l’un et l’aultre nous ont déclaré
en mesme temps qu’elle ne pouvoit pas estre résolue icy et qu’il falloit
ou s’en addresser à Rome et à Venize ou bien faire agir les ministres de
Sa Saincteté et de la République qui sont auprès de Leurs Majestez . Si
cette ouverture avoit esté faite avec intention d’avancer l’affaire, nous
aurions quelque subjet d’en estre satisfaits, mais il nous a paru assez
clairement que ç’a esté plustost une défaicte qu’un dessein vérit〈able〉
de donner contentement à Leurs Majestez sur ce 〈sujet〉. Cette déclara-
tion nous ayant esté faicte contre les espérances qui nous avoient esté
données diverses foys pendant le cours de la négotiation où p〈our〉
nous convier à nous relascher des conditions q〈ue〉 nous demandions
pour la seureté de Casal on nous a souvent exaggéré la promesse du
Pape et de la République, nous a donné grand subjet de nous estonner
et de nous plaindre de ce changement auquel pourtant nous voyons peu
de remède, veu que la raison alléguée par Monsieur le Nonce que le
Pape ne doit point entrer dans aucun intérest temporel des deux couro-
nes regarde aussy bien la ligue que le 〈fait〉 de Casal puisqu’ell’oblige-
roit le Saint-Siège de faire la guerre contre celle des deux qui contrevien-
droit au traité, ce que ledit Sieur Nonce estime contraire au devoir d’un
père commun.
La seconde difficulté est qu’ayant cy-devant proposé l’article
Vgl. Art. 37 des frz. Gesamtentwurfs für den Friedensvertrag mit Spanien vom 25. Januar
1647 (Text: Traicté Et Articles De Paix, hier 19; (it. ÜS) Siri X, 1550f). – Vgl. ferner
den frz. Entwurf eines Art.s Pour le fait des Grisons für den Frieden mit Spanien, den ndl.
Ges. praes. [vor 1646 November 26] (Kopie (frz.; s.l. s.d.): Ass.Nat. 276 fol. 378–378’; vgl.
APW II B 5/1 nr. 5 Beilage 3).
cerne les Grisons
instructions
Ein entsprechendes Schreiben Caumartins konnte nicht ermittelt werden; vgl. APW II B 5/
2 [nr. 236 Anm. 5] .
〈les〉 instances que nous faisions pour l’observation du traicté de Mou-
son
mais approuvé ce traicté, et qui ne peuvent souffrir qu’on veuille décider
leurs affaires contre leur gré pour conserver une authorité dans leur pays
qu’ilz ne nous ont point donnée aujourd’huy mesme qu’ils n’ont plus
d’alliance avec la France
Im sog. Ewigen Frieden von Mailand vom 3. September 1639 zwischen Spanien und
Graubünden (Text (it. und dt.): Amtliche Sammlung 5.2.II Beilage 27, 2174–2196; vgl.
auch ebd. Beilage 28, 2197–2209, die Kapitulation der Drei Bünde mit Philipp IV. von
Spanien, die Religion und die Regierung u.a. im Veltlin betr.) hatten sich die Bündner
verpflichtet, ihre Defensivallianz mit Frk. (Solothurn 1602 Januar 31; Text (frz.): Du -
Mont V.2, 18–21) nicht zu erneuern, falls sich zum Zeitpunkt des Ablaufs dieses Bündnis-
ses Frk. und Spanien feindlich gegenüberstehen sollten (vgl. den Ewigen Frieden von Mai-
land; Text: Amtliche Sammlung 5.2.II Beilage 27, hier Art. 20, 2193; Wendland, 310,
415f).
sçavoir que cela pourroit nuire aux soins que l’on prend de les faire reve-
nir dans l’alliance de la France, et que mesme les Espagnolz pour les irri-
ter contre nous leur avoient envoyé une copie de nostre demande, nous
avons esté contrainctz de dresser l’article d’une aultre façon
nous avons remarqué par quelque despesche de la cour
n’estant pas aujourd’huy bien disposée du costé des Grisons, il n’y auroit
point de mal de la renvoyer en une aultre saison, et de faict comme nous
n’avons agy pendant tous les mouvemens passez que pour le seul intérest
des Grisons qui estoient alors noz alliez, et pour les conserver dans leurs
droictz contre les Valtelins
Das kath. Veltlin, ein Untertanenland des konfessionell gemischten Graubünden, besaß
als Durchgangsgebiet große strategische Bedeutung für die Verbindung zwischen den
span. Besitzungen in Italien und den Ndl.n. Nach Ausbruch konfessioneller Unruhen
1620 hatte Spanien das Alpental unter seine Protektion gebracht. Der Vertrag von Mon-
zón vom 5. März 1626 (s. Anm. 9) hatte das Veltlin bei faktischer Unabhängigkeit formell
an Graubünden restituiert und dessen Souveränitätsrecht gewahrt. Im Ewigen Frieden
von Mailand (s. Anm. 10) war das Veltlin dann unter Garantie seines Religionsstatus’
wieder uneingeschränkt Graubünden unterstellt worden ( Brown; Martinelli; Pithon;
Wendland).
〈vo〉yons pas comme présentement l’on peult les forcer de reprendre
nostre alliance qu’ilz ont abandonnée. Il vault bien mieux selon mon advis
travailler 〈comme〉 nous sçavons que l’on faict à les y ramener par dou-
ceur, après quoy il nous sera plus facile qua〈nd〉 ilz seront joinctz à nous
de faire révocquer les traictez qu’ilz ont faictz avec l’Espagne dont nous
pouvons recevoir quelque préjudice, que nous en addressant aujourd’huy
directement aux Espagnolz qui nous peuvent fermer la bo〈uche〉 en di-
sant que nous demandons des cho〈ses〉 pour les Grisons qu’eux-mesmes
ne désir〈ent〉 pas, et que sy nous prétendons le restabliss〈ement〉 de noz
anciennes alliances avec eux estans peuples libres et souverains comme ilz
so〈nt〉, il en fault traicter avec eux. Nous n’avons pas laissé de faire valoir
icy nostre relaschement et il n’a pas peu servi dans la dernière confé-
rence
leur avons fait prendre depuis quelque temps que la France désire syn-
cèrement la paix.
La trois[ième] difficulté se rencontre sur l’exécution 〈du〉 traicté de Que-
rasque. Nous apprenons que 〈les〉 ministres de Mantoue ont ordre non
seulement 〈de〉 n’y consentir pas, mais de faire des protesta〈tions〉 au
contraire. Le comte de Sannazare qui est demeuré icy seul, s’excuse sur
les commande〈ments〉 précis qu’il a de madame la duchesse de Mantoue
et offre de nous monstrer ses instructions pour sa descharg〈e〉. Nous sça-
vons mesmes que l’ambassadeur qui est all〈é〉 à la cour a ordre d’en
parler à Leurs Majest〈és〉
16 et nous] hier stichwortartige Zusammenfassung der – an späterer Stelle – behandelten
Punkte als Marginalzusatz am linken Rand: difficulté touchant la ligue 〈d’I〉talie les
princes ne voulans 〈…〉 faire hors d’Italie n’y se 〈décla〉rer qu’en cas d’une rupture
entre les deux couronnes – s’il sera plus advantageux 〈de dem〉eurer à l’article de sur-
scéance de ladite 〈ligue〉 ou bien de nous 〈en〉 départir présentement – 〈s’〉il seroit plus
facile 〈de〉 faire un traité 〈…〉 avec madame de Mantoue pour la promesse de 〈…〉 de
ne faire 〈point〉 traité avec Autriche 〈…〉 de remettre Casal en 〈…〉 de confiance en-
tière 〈…〉 que les Suisses seront 〈…〉 par le Roy.
tous les obstacles qui se sont rencontrez en cette affaire sont venuz de la
seule instigation des Mantouans qui ont faict agir les Espagnolz selon leur
désir. A la vérité ilz se pouvoient bien passer estans noz alliez comme ilz
sont de prendre cette voye et en eussent peu choysir une plus obligeante
pour nous représenter leurs intérestz et leurs raisons, que d’employer le
minist〈èr〉e de noz ennemis, et de ceux qui ont tant de fois essayé de
despouiller leur maistre. Néantmoins comme l’on n’a pas droict de les
contraindre d’accepter un traicté qu’ilz croyent désavantageux, veu
mesme que feu monsieur le duc de Mantoue ne l’accepta point et refusa
de le signer lorsqu’il fut faict à Querasque, il suffira pour la descharge du
Roy envers la maison de Savoye que l’on fasse confirmer le traicté par les
Espagnolz et par les Impériaux, que l’on oblige ceux-cy à donner les in-
vestitures de l’Empire toutes semblables à celles qui furent accordées
après le traicté de Querasque et que l’on fasse consigner la somme d’ar-
gent que le Roy doibt fournir à l’acquict de la maison de Savoye
Vgl. [nr. 158 Anm. 13] .
ce me semble tout ce qu’elle peut pré〈ten〉dre de la France raisonable-
ment. Ce n’est pas qu’il ne soit un peu fascheux qu’on voye icy de la
mésintelligence entre nous et ceux qui sont soubz la protection de Sa Ma-
jesté et qu’on voye les Espagnolz appuyer leurs intentions contre les nos-
tres, mais ne pouvant pas l’empescher nous taschons au moins de nous
justifier envers le monde en faisant remarquer l’injustice de noz ennemis
qui ne voudroient pas que la maison de Savoye receust aujourd’huy
qu’ell’est du parti du Roy
Im Vertrag von Turin vom 3. Juni 1638 (Text (frz.): DuMont VI.1, 162f; Solaro della
Margarita, 454–459) hatten Frk. und Savoyen ein gegen Spanien gerichtetes Offensiv-
und Defensivbündnis geschlossen, das im Vertrag von Valentino vom 3. April 1645 (Text
(frz.): DuMont VI.1, 308ff; Solaro della Margarita, 547–551) bestätigt worden war.
procurez lorsqu’ell’estoit de leur parti. Les plaintes des Mantouans sont
bien en quelque façon excusables parce que leur maison a autrefois
achepté la paix et son restablissement dans ses Estats un peu chèrement,
mais les Espagnols et les Impériaux sont sans excuse de vouloir mettre en
doute l’exéquution du traité qu’ils nous ont fait faire cy-devant comme
par force pour ravoir Mantoue qu’ils avoient occupé et pour obtenir l’in-
vestiture du Monferrat et du Mantouan qu’ilz refusoient. Il se pourroit
bien faire que les Mantouans ne voyant pas l’argent qu’on leur doit don-
ner sy 〈promptement〉 ny mesmes les sommes qu’ilz pourroient préten-
dre tant en principal qu’intérestz bien réglées, forment toutes ces difficul-
tez pour nous obliger à faire cette consignation laquelle ne sera pas suffi-
sante pour la descharge du Roy sy elle est deffectueuse; si aussy on la rend
complette à leur compte et qu’elle con〈tient〉 le principal de leurs fonds
escheus depuis le jour q〈u’elle〉 devoit estre payé, une somme si considé-
rable sera peut-estre capable de les tenter et doi〈t〉 les disposer à la rece-
voir et donner aussy les acquiescementz que l’on prætend d’eux.
La quatriesme difficulté est faite par l’ambassadeur 〈de〉 Savoye . Nous
avions tousjours attendu que 〈suivant〉 les diverses instances que nous
luy avons faites il auroit un pouvoir de madame pour tr〈aiter〉 avec
nous de Cahours et de la partie de 〈la〉 vallée de Pérouse
la Fra〈nce et〉 Pignerol, mais ayant voulu depuis quelques jours le faire
expliquer là-dessus nous avons recogneu à son discours que non seule-
ment on ne luy envoy〈a pas〉 un pouvoir pour conclure cette affaire,
mais que madame fait de grandes plaintes de cette 〈prætention〉. Ledit
sieur ambassadeur nous a repræsenté de sa part quoyque rés〈ervé〉
qu’elle n’eust pas attendu cest effect de la protection du Roy ny cette
récompense de la ruyne de tous les Estats de son filz; que comme tutrice
elle ne peut point faire d’aliénation des biens de son pupille et que quand
la chose seroit en son pouvoir, on ne devroit pas la désirer d’elle pour ne
la décréditer pas dans un pays 〈où〉 Leurs Majestés ont 〈intérest〉 pour
leur 〈service〉 qu’elle mesnage son authorité et par conséquent qu’elle ne
fasse rien qui puisse 〈estre b〉lasmé comme cette proposition l’avoit esté
par tous les ministres de son filz, qui ne peuvent croire que le Roy retient
des places ny en dispose au præjudice des promesses contenues dans les
traitez
qui nous donne plus de peyne est que cette affaire ne pouvant estre icy
conclue ny traitée en ce pays ny mesme réussir ailleurs selon ce qui nous
en paroist, elle ne laisse pas de faire assez grand esclat, estant desjà venue à
la cognoissance de Monsieur le Nonce par l’instance de l’ambassadeur de
Savoye qui demande suivant les ordres 〈exprez〉 qu’il 〈dit〉 en avoir que
la place de Cahours soit exprimée avec les autres qui doivent estre resti-
tuées à son maistre 〈et〉 déclare à défaut de cela qu’il 〈ne〉 pourra pas
〈signer〉 le traité, ce qui nous fait croire ou qu’il seroit à propoz de ter-
miner s’il est possible ce différend avec madame la duchesse de Savoye ou
de n’en parler plus en ce lieu, car tant s’en faut qu’il y ayt aparen〈ce〉 de
pouvoir obtenir ce que Leurs Majestés désirent pour l’eschange de Ca-
hours et du reste de la vallée de Pérouse qu’il sera malaisé de faire seule-
ment raser Cahours du consentement de madame de Savoye. C’est pour-
quoy il importe d’examiner dans le conseil de Sa Majesté si ce rasement
est si important qu’en le faisant faire 〈contre〉 le gré de madame il mérite
qu’on s’expose à 〈ses〉 plaintes et à l’esclat qu’elle pourroit faire, veu
mesme que ce différend nous empesche d’entrer en traité avec elle et
avec ses ministres sur d’autres pointz qui nous donneroient peut-estre
moyen d’obtenir la décharge expresse de la guerre de Ge〈nnes〉
Die im Geheimabkommen von Cherasco am 31. März 1631 (s. [nr. 29 Anm. 2] ) eingegan-
gene Verpflichtung Frk.s, Savoyen im Falle eines in den nächsten drei Jahren ausbrechen-
den Krieges mit Genua militärisch zu unterstützen ( Externbrink, Cœur, 171), wurde im
Geheimvertrag von Turin am 5. Juli 1632 bekräftigt (Text (frz.): DuMont VI.1, 40f;
Solaro della Margarita, 436–444), war jedoch in den folgenden Bündnisverträgen
von 1635 (Vertrag von Rivoli (1635 Juli 11); Text (frz.): DuMont VI.1, 109f; Solaro
della Margarita, 445–452), 1638 und 1645 (s. Anm. 19) nicht enthalten.
La 5 e difficulté s’est rencontrée sur la ligue d’〈Italie〉. Nous avons remar-
qué jusqu’icy que la plus forte raison qu’ayent alléguée les ministres des
princes qui doivent intervenir, a esté que nous ne l’avions proposée au
comencement que pour les affaires 〈d’Italie〉, ce qui est véritable, et que
maintenant nous v〈oulions〉 les engager dans tous les autres intérestz des
deux couronnes. Nous avons bien essayé de leur faire voir qu’en effect ce
que nous demandons d’eux a pour principal objet la conservation de leur
repoz parce que si les deux couronnes rentroient en guerre pour quelque
différend qui surv〈i〉nst ailleurs, il seroit malaisé d’empescher que le feu
qui s’allumeroit entre elles dans un autre endroit ne passast en Italie,
n’estant pas possible qu’elles rompent ensemble la paix sans que la rup-
ture soit générale et par conséquent sans que le repos de l’Italie soit trou-
blé de nouveau, dont tous les princes de ce pays ayant intérest de se ga-
rentir, il faut nécessairement prævenir le mal avant qu’il arrive et empes-
cher que le traité général qui sera præsentement fait ne soit violé dont il
n’y a point de meilleur moyen qu’en s’obligeant tous de prendre les armes
contre celluy qui faira la première contravention en quelque lieu qu’elle
arrive. Car si l’obligation de se déclarer contre le premier des deux roys
qui rompra la paix s’entendoit seulement de la paix d’Italie et non pas de
la générale, il pourroit arriver que celluy qui auroit le premier usé de
mauvaise foy en violant ailleurs le traité qui doit estre fait maintenant en
tireroit encor de l’avantage en ce que le prince attaqué voulant faire une
diversion en Italie pour sa deffense pour amoindrir 〈le〉 mal qu’il 〈so〉uf-
friroit ailleurs recevroit encor le præjudice de voir prendre les armes con-
tre luy et tous les princes de ce pays-là à cause qu’il fairoit le premier
nouveauté en Italie, ce qui seroit très injuste et favoriseroit la violence en
rendant la bonne foy malheureuse. Néantmoins ayant recogneu que tous
les 〈m〉inistres qui sont icy persistoient dans leur opinion et qu’ell’estoit
apreuvée de ceux mesme qui n’y ont point d’intérest, nous avons esté
obligez d’adjouster deux adoucissementz à l’article qui parle de la ligue ,
le premier que les princes ne seront point obligez de prendre les armes si
ce n’est qu’en suite de la contravention qui sera faite ailleurs la rupture
s’en ensuive aussy dans l’Italie entre les deux couronnes, le second que
lesdits princes le cas arrivant ne seront obligez d’agir hostilement que
dans l’Italie et non pas d’envoyer leurs forces en quelque autre pays.
La sixiesme difficulté est de sçavoir s’il est plus avantage〈ux〉 pour le Roy
de nous départir de cette ligue signant le traité, ou d’insister à la rétention
des places pour six mois ou une année soubs prætexte d’atendre que la
ligue soit conclue. Cette quæstion semble la plus importante de toutes
parce qu’il y peut avoir des avantages à espérer et des inconvénients à
craindre de part et d’autre. Nous y avons cet avantage que la décision
dépend purement de la résolution qu’il plairra à Leurs Majestés de pren-
dre, puisque d’un costé les Espagnolz aportent des longueurs à la ligue et
ne témoignent pas avoir envie qu’elle s〈oit〉 acordée, et que de l’autre ils
ont desjà 〈…〉 par l’entremise des Hollandois à la surséan〈ce〉 de la res-
titution des places dont ilz ne peuvent plus se dédire honestement. D’au-
tre costé nous pouvons 〈avoir〉 grand avantage à laisser les affaires d’Ita-
lie pendant quelque temps après la paix en mesme estat qu’elles se treu-
vent aujourd’huy pour voir de quelle sorte les Espagnols se conduiront en
exéquution du traité 〈…〉 tant en Cataloigne où plusieurs quæstions tou-
chant les limites demeureront indécises qu’〈en〉 costé du Portugal où
peut-estre offensés du secours que nous y envoyerons ils prendront ce præ-
texte de nous recomencer la guerre en quelque autre endroit. Cette sur-
séance nous servira aussy pour tenir en devoir pendant quelque temps deux
princesses dont on ne se peut pas bien asseurer et les empescher qu’elles
ne prennent pas de résolutions præjudiciables à la France tant en mariages
de leurs enfantz
Gemeint sind Hg. Karl II. von Mantua und seine Schwester Eleonore (1630–1686), die
1651 dritte Gemahlin Ks. Ferdinands III. wurde ( Stammtafeln II T. 130), bzw. Hg.
Karl Emanuel II. von Savoyen und seine Schwestern Ludovika Christina (1629–1692),
die seit 1642 mit Pz. Moritz von Savoyen (1593–1657) verh. war, Violanta Margarete
(1635–1663), die 1660 Hg. Rainutio II. von Parma heiratete, und Adelheid Henriette
(1636–1676), die 1652 Kf. Ferdinand Maria von Bayern heiratete ( Stammtafeln NF II
T. 195).
à quoy elles n’oseront penser tandis que les meilleures places de leur pays
seront entre noz mains, au lieu que si elles estoient en plaine liberté, elles
pourroient se laisser éblouyr aux alliances avantageuses qu’ils leur pro-
poseroient et s’unir par ce moyen avec noz ennemys. L’on peut faire cette
surséance sans que madame de Savoye s’en puisse justement plaindre puis-
que en ne la faisant que pour une année on se contraint entièrement aux
termes des traités qui ont esté faitz avec elle. D’ailleurs les Espagnols ne
tenans que Verceil
ces deux places ne sont pas comparables à celles que nous retiendrons ny
capables de leur donner contre nous un avantage que nous recevons contre
eux par le moyen de celles que nous demanderons, lesquelles peuvent tenir
tout l’Estat de Milan en crainte et le Piémont et le Monferat à nostre dévo-
tion. On peut adjouster que le præjudice qui naistra de ce délay ne regarde
que les autres princes qui sont à la vérité noz alliez, mais que tous les avan-
tages sont pour le Roy, qu’il ne fait pas grand tort à ses amys de différer
pour quelque temps ce qu’ils désirent, affin d’establir plus seurement la
paix générale et leur seurté particulière. Enfin les plaintes qu’on faira con-
tre nous desquelles il ne sera pas malaisé de nous justifier ne sont que des
aparences dont on ne doit pas faire beaucoup de cas quand on a le solide de
son costé. On peut considérer 〈d’un〉 costé que si en concluant le traité de
paix nous perdons cette ocasion de faire rendre aux alliés du Roy ce qui a
esté pris sur eux, p〈eut〉-estre qu’il y 〈arivera〉 cy-après des obstacles qui
empescheront tout à fait cette restitution et nous fairont retumber une
guerre désavantageuse où 〈il〉 nous faudra combatre pour faire rendre à
n〈os〉 alliés ce qui leur apartient. Nous aurons à souffrir les plaintes de
madame de Savoye et de ses ministres qui peuvent faire esclat et nous cau-
ser quelque præjudice dans le public.
La septiesme difficulté est sur l’article de Casal où nous aprenons que les
Espagnols ne tiennent plus tant à dire aux conditions et seuret〈és〉 que
nous demandons comm’ilz s’offensent de ce que nous nous en adressons à
eux, s’imaginant que c’est pour leur faire plus de honte en leur faisant
signer leur propre condemnation. Le discours que nous fist hyer le député
de Man〈toue〉 nous donne subjet de faire ce jugement, n’estant pas vray-
semblable que sa maistresse l’eust chargé de nous faire une semblable ou-
verture si elle n’en eust eu le facile consentement des Espagnolz. Il nous
dé[c]lara que madame la duchesse de Mantoue ne faisoit pas difficulté à la
pluspart des conditions que nous proposons touchant Casal, mais qu’il
seroit plus facile de s’en accorder par un traité particulier entre le Roy et
elle que dans le général qui se fait avec l’Espagne. On ne doute pas qu’il
ne fust plus seur pour diverses raisons que les Espagnols s’obligeassent à
l’exéquution de tout ce qui nous sera promis par madame de Mantoue,
mais le refus qu’ils en font ayant esté une des principales choses qui a
retardé jusqu’à présent la conclusion du traité, il semble que si on peut
treuver son compte avec madame de Mantoue, on peut se passer de l’obli-
gation expresse des Espagnols par le mesme fait et se contenter qu’ils
promettent de ne faire aucune entreprise ny traité pour acquérir Casal
ou le Monferat, supposé comm’il a esté dit que madame de Mantoue et
son fils s’obligent au Roy en bonne forme, c’est-à-dire avec 〈…〉 des
principaux 〈…〉 et avec autres clauses 〈dont〉 il a esté 〈cy〉-devant parlé,
1) de ne traiter jamais avec aucun prince de la maison [d’Autriche], 2) de
ne prendre point l’alliance de cette maison, 3) de consentir que la garnison
de Casal soit toute composée de Suisses, 4) que les officiers et soldats
suisses soient 〈tenuz〉 et choisis par le Roy tous catholiques, 5) qu’ils
s’obligent par escrit enver 〈Sa Majesté〉 de ne consentir pas qu’il soit
di〈sposé〉 de la place 〈ny〉 d〈u〉 Monferrat au p〈ræjudice〉 de la con-
vention sur c〈e〉 fait〈e〉, 6) que la personne du gouverneur qui sera
choisi par monsieur de Mantoue ne puisse estre désagréable au Roy, 7)
que le Roy payera les deux tiers et monsieur de Mantoue l’autre tiers de
la garnison. On envoye l’article qui a esté dressé en dernier lieu avec quel-
que sorte d’adoucissement qui faira voir tous ce qu’〈on〉 a intérest de
demander à madame de Mantoue. On ne lairra pas icy de faire toutes les
instances possibles pour le faire passer aux Espagnols aux termes qu’il est,
mais on couperoit chemin à toutes les longueurs et diffic〈ultés〉 si on
estoit tumbé d’acord avec madame de Mant〈oue〉 puisqu’elle témoigne
d’estre disposée à faire ce que l’on désire. Il faut se souvenir que madame
de Mantoue a fait faire instance de t〈rois〉 ch〈oses〉 par ledit comte San-
nazaro sur lesquelles il importe de déclarer à son ministre à la cour et
luy faire escrire qu’〈elle〉 ne se peut relascher, ledit Sannazaro l’ayant
désiré pour sa décharge et m’ayant dit en confidence que sur les refus
qui en seront fait de la part du Roy madame de Mantoue consenti〈ra〉 à
ce que l’on voudra y estans desjà résolue. La première est que le terme des
armes soit abrégé, la seconde que la moytié de la garnison soit de Mon-
ferrois, la troisiesme que le gouverneur ne soit pas nécessairement Mon-
ferrois.
Je croyois de donner ce mémoire pour l’ensérer [!] dans celluy que nous
faisons en commun , mais j’ay esté adverti que monsieur d’Avaux tra-
vaille auprès de monsieur de Longueville pour luy donner jalousie de ce
que je fais, 〈or〉 je n’ay autre but que le service et le bien des affaires.
Néantmoins pour ne paroistre pas de me faire de feste, je me suis contenté
de vous adresser mon mémoire. Si Son Eminence nous envoye ses ordres
sur ce qu’il contient, je vous prie qu’il ne paroisse pas que c’est en réponse
de ce que j’ay escrit.
Depuis ce mémoire achevé le comte de Sannazaro m’est venu informer
d’une rencontre assez extravagante, ayant cy-devant remarqué pendant
que le comte Nerli a esté de deçà que les Espagnols se sont servis de l’inté-
rest de monsieur de Mantoue pour fa〈ire〉 difficulté sur le point [de] Casal
et que tant les Médiateurs que les Hollandois ont esté abreuvés de cette
opinion que madame de Mantoue se plaignoit de la France, j’ay disposé
Sannazaro à aller d’éclat aux uns et aux autres que si on peut nous faire
passer l’article de Casal en la forme que je l’envoye, madame de Mantoue
en sera fort contentée. Lorsqu’il a comencé de faire cette déclaration aux
Espagnolz, Pign〈eranda〉 qui n’en a pas esté satisfait luy a dit q〈u’on a〉
pris cy-devant des résolutions contraires avec 〈le〉 comte Nerli et ayant
dressé de concert a〈vec〉 luy l’article de Casal 〈comme il〉 est dans le pro-
jet d’Espagne
S. [nr. 202 Anm. 3] .
simple consentement dudit Sannazaro, s’ils ne voyent auparavant un ordre
exprès de madame de Man〈toue〉 qui luy donne pouvoir de consentir à ce
cha〈ngement〉. Sannazaro a esté fort surpris de cette réponse et ne veut pas
dire par discrétion que ce soit 〈une〉 pièce de Nerli, mais il y a 〈g〉rand
sub〈jet〉 de croire qu’avant son départ il a pris cette præcaution avec les
Espagnols qui est un étr〈ange〉 procédé, en quoy il y a deux plaintes à faire
〈à〉 luy, l’une d’avoir concerté secrètement ses act〈ions contre〉 nous avec
les Espagnols, l’autre d’avoir en exigé qu’on n’y aportast point de change-
ment. C’est un homme si fin et dont on ne cognoist le cœur, aussy est-il
grand confident de monsieur d’Avaux, ce qui me fait estonner qu’il soit si
peu affecté aux intérestz de la France.