Acta Pacis Westphalicae II B 6 : Die französischen Korrespondenzen, Band 6: 1647 / Michael Rohrschneider unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter MIthilfe von Rita Bohlen
195. Memorandum Serviens für Lionne [Münster] 1647 Oktober 8
[Münster] 1647 Oktober 8
Konzept, größtenteils eigenhändig: AE , CP All. 102 fol. 234–236’, 241, 237–240’, 254–254’,
256 = Druckvorlage. Unvollständige Kopie: AE , CP All. 102 fol. 242–253’.
Spanischer Verhandlungswille vorgetäuscht. Nachricht über die mögliche Abreise Peñaran-
das nach Abschluß des Abkommens mit den Generalstaaten. Strittige Fragen in den fran-
zösisch-spanischen Verhandlungen: Portugal, Lothringen, Umfang der Eroberungen, Prinz
Eduard, Casale, italienische Liga, Katalonien. Spanische Verhandlungsführung hinsichtlich
des Umfangs der an Frankreich abzutretenden Eroberungen und Karls von Lothringen.
Vorgänge in Dordrecht und Amsterdam; Haltung Wilhelms II. von Oranien. Anspruch des
Herzogs von Atri auf die Grafschaft Charolais; Einwände und persönliche Interessen Ser-
viens . Privata. Rekommandation Montbas’.
Unnachgiebigkeit im Fall einer niederländisch-spanischen Separatverständigung; zur Ent-
scheidungsfindung in dieser Frage. Keine niederländische Unterstützung für Spanien gegen
Frankreich zu erwarten.
Wiederherstellung guter Beziehungen zu Axel Oxenstierna ratsam. Schwedische Maximen:
Sicherheit nur im Falle eines allgemeinen Friedens; keine Duldung der Armierung der
Reichsstände. Aversion der Reichsstände gegen die ausländischen Mächte. Bedingungen des
Kurfürsten von Bayern bei seinem Übertritt auf die Seite des Kaisers. Schwedens Wunsch
einer Erneuerung der Allianz mit Frankreich nach dem Friedensschluß auch für uns nützlich;
Subsidienfrage; schwedische Assistenz gegen Spanien und zur See gegen England.
Loyalität Longuevilles. Unterschiedliche Meinungen über den Inhalt des geplanten Mani-
fests zum Vorgehen des Kurfürsten von Bayern. Zur Unterrichtung Chanuts Verweis auf
Beilage 1. Auswirkungen eines Erfolgs der französischen Flotte auf die Lage in Neapel und
die Verhandlungen in Münster. Unterstützung für Hessen-Kassel erforderlich; Beilage 2.
Französische Assistenz für Portugal. Drängen der Mediatoren auf die Abreise Longuevilles.
Heiratsprojekt Hessen-Kassels. Fürst zu Salm. Verhältnis Longuevilles zu Mazarin. Joux.
Si nous n’avions à craindre l’artifice des Espagnolz, il y auroit quelque
subjet de croire que la paix s’avance avec eux, mais voyant qu’ilz font
grande ostentation des articles de peu d’importance qu’ilz acordent et
qu’industrieusement ilz laissent indécis tous les principaux points sans
vouloir s’expliquer clairement de leur intention, il paroist clairement que
sçachans ce qui se passe en Hollande et que l’on comence d’y estre piqué
de leur procédé ilz veullent seulement donner des aparences pour faire
croire qu’ils ne reculent pas.
J’ay apris d’un homme qui peut sçavoir quelque chose des secretz de
Pigneranda que dans le déplaisir extrême qu’il a de ne pouvoir faire qu’un
traité désavantageux avec la France, considérant son intérest plus que cel-
luy de son maistre, il a intention d’achever l’acomodement des Hollandois
et après cela se retirer pour laisser à un autre ce qui devra estre fait au
præjudice de l’Espagne.
Le point de Portugal, celluy de Lorraine, celluy des conquestes, celluy du
prince Edouard, celluy de Casal, celluy de la ligue d’Italie et celluy qui
touche la Cataloigne ne sont point ajustez bien qu’ilz contiennent toute la
substance du traité. Les Espagnols semblent bien acorder les conquestes,
mais ilz chicanent sur toutes les dépendances et nous veullent réduire aux
seuls territoires des places conquises. Quant au duc Charles ilz témoi-
gnent plustost révoquer en doute ce qu’ilz ont cy-devant promis qu’ilz
ne paroissent disposez à s’en ouvrir davantage 〈et〉 nous voyons claire-
ment que ce sera la principale difficulté du traité et sur 〈la〉quelle ilz in-
sistent 〈aujourd’huy〉 davantage tant du costé de l’Espagne que de l’ Em-
pyre . Ils nous veullent batre de ce que nous sommes entr〈és〉 en acom-
modement avec luy 〈et〉 que par conséquent nous ne pouvons plus nous
tenir à l’exécution du traité de Paris
Gemeint ist der Vertrag von Paris vom 29. März 1641 (s. [ nr. 1 Anm. 21 ] ).
mais il me semble que les offres que nous avions pouvoir de faire sur ce
subjet
elles ne pouvoient produire aucun fruit, mais seulement du præjudice
Dieser Vorwurf war gegen Longueville gerichtet, dessen Vorgehen in der Lothringenfrage
Servien nach der Aushändigung des frz. Gesamtentwurfs für den Friedensvertrag mit Spa-
nien (s. [ nr. 47 Anm. 2 ] ) kritisiert hatte; vgl. Servien an Mazarin, Den Haag 1647 Februar 19
(Text: APW II B 5/1 nr. 133, hier 634 Z. 41 – 635 Z. 2).
On nous avoit ordonné
veroit la paix achevée par ce moyen, non pas avant qu’en avoir quelque
certitude. Comm’ilz nous objectent il y a quelque temps que noz parties
avoient cognoissance de cette offre, je ne pus m’empescher de dire: «Dieu
le pardonne à ceux qui la leur ont donnée», dont heureusement monsieur
de Longueville ne s’offensa pas.
Je n’avois point ozé donner advis de La Haye d’une menée qui s’y faisoit
de concert avec moy contre les bourguemaistres de Dort et d’Amstredam
qui nous ont tousjours esté les plus contraires, parce que n’ayant pas veu
réussir heureusement l’entreprise d’Anvers
Servien war zu Anfang des Jahres 1647 ein Angebot des Verrats Antwerpens durch einen
Vertrauten des Antwerpener Gouverneurs Pedro de la Cotera (gest. vor 1647 April 8) un-
terbreitet worden (vgl. [Servien an Lionne], Den Haag 1647 Januar 27; Text: APW II B 5/
1 nr. 84), das sich jedoch nach dem Tod de la Coteras nicht mehr verwirklichen ließ (vgl.
Servien an Mazarin, Den Haag 1647 April 9; Text: APW II B 5/2 nr. 214, hier 1020 Z.
26ff).
de celle-cy que je ne la visse plus avancée, ce qui n’a peu estre fait avant
mon départ. J’ay apris depuis
Vgl. La Thuillerie an Longueville, d’Avaux und Servien, Den Haag 1647 September 26, 28
und 30 (s. [ nr. 186 Anm. 6 ] ).
Dort ont esté chass〈és〉 de la ville par le peuple et que ceux d’Amstredam
nommément Bicher
avoit autant d’aplication aux affaires qu’à ses plaisirs, cette rencontre eust
peu avoir des suites très avantageuses pour luy et pour nous. Je luy avois
comuniqué le dessein et l’avois fait entretenir par ceux qui le conduisoient
après luy avoir fait avouer qu’il ne pouvoit arriver rien de si favorable
pour luy que le changement de ceux qui choquent hardyment chaque
jour son authorité et qui veullent præcipiter la paix. Pendant cet événe-
ment il a tousjours esté à Clèves à se divertir, ce qui faira peut-estre que
les autheurs de l’entreprise succumberont faute d’appuy ou du moins ne
porteront pas l’affaire si avant qu’ils eussent fait estant assistez soubz
main. On m’escrit desjà qu’ilz sont en traité avec leurs parties
estoit de grande importance et mériteroit bien encor d’estre cultivée.
J’avois promis vint mille escuz si ell’eust réussy et les eusse fait fournir
de mon argent pour avoir le plaisir de voir l’insolence de Bicher chastiée.
J’en communiquay à monsieur de La Tuilerie
quoyque les autheurs me l’eussent deffendu et depuis peu j’ay pris la li-
berté d’en escrire au premier pour sçavoir si rien ne se fait plus avec sa
participation.
Longueville hält den Anspruch des Herzogs von Atri auf die Grafschaft
Charolais für unberechtigt. Ich habe ihm meine diesbezüglichen Inter-
essen nicht eröffnet und glaube, daß der Herzog von Atri in dieser Frage
reüssieren wird. Je suis pourtant obligé de dire et je vous proteste que
c’est plustost pour mon devoir que pour mon intérest, que si on entame
le moins du monde le point des conquestes en faveur de quelque particu-
lier , nous en recevrons le mesme præjudice qu’en celluy de Lorraine. Il
me semble qu’il seroit bien plus avantageux et honorable à Sa Majesté si
elle veut gratifier le duc d’Atrie de le faire par pure libéralité après la
conclusion du traité que de renoncer à une chose desjà obtenue affin que
le duc d’Atrie le tienne du roy d’Espagne et non pas de Sa Majesté. Il
escrit icy que la chose est résolue dans le Conseil de cette sorte
est, nous obéyrons à ce qui nous sera comendé et moy de meilleur cœur
que tout
1 autre.] Möglicherweise folgt hier der nicht eigenhändige und undatierte Teil eines an Li-
onne gerichteten Konzepts Serviens [ AE , CP All. 102 fol. 127–127’]: Mais il est à craindre
que vous n’ayez sur les bras l’ambassadeur de Savoye [s. [ nr. 209 Anm. 4 ] ] pour la dotte de
l’infante Marguérite [i.e. Margherita von Savoyen (1589–1655), seit 1634 spanische Vize-
königin von Portugal; ABI I 614, 142–162; III 257, 279f; DHE II, 890f; Quazza , Mar-
gherita ], et celuy de Mantoue [i.e. Priandi] pour le desdommagement du traicté de Que-
rasque . L’un et l’aultre nous ont desjà donné des attaques que le Roy pouroit bien grati-
fier leurs maîtres de quelque partie de ses conquestes dont nous nous sommes deffenduz
jusques icy par la raison que j’avois alléguée pour le duc d’Atrye que ce seroit condemner
le Roy aux despens pour les injustices du roy d’Espagne, ce qui faict veoir combien il sera
dangereux d’ouvrir cette porte en faveur de qui que ce soit. Einholung genauer Informa-
tionen über die Grafschaft Charolais und Bitte an Lionne, ihn über die diesbezüglichen
Absichten Mazarins zu informieren.
– Privata. – Rekommandation Montbas’.
Quant à la résolution qu’on doit prendre si Messieurs les Estats font leur
acomodement sans nous, je suis entièrement du sentiment de Son Emi-
nence , puisqu’elle m’ordonne de luy dire le mien. Si l’on témoignoit
quelque apréhension ou foyblesse après cela et qu’on relaschast pour
obtenir la paix quelqu’une des conditions cy-devant acordées, la chose
s’en iroit à l’infini et les Espagnols après un article croiroient tousjours
par la mesme raison d’en pouvoir gaigner un autre. Il sera beaucoup plus
utile mesme pour avoir la paix de demeurer ferme sans rien changer ny
diminuer de nos prætentions, mais il faudra mesnager qu’on ne fasse
point paroistre d’irrésolution ny d’estonnement dans la cour et que
tous les esprits témoignent s’il est possible de concourir à une mesme
fin. Je ne sçay si Son Eminence ne treuveroit point à propoz, l’affaire
arivant ou estant sur le point d’ariver, de faire tenir un grand conseil et
y apeller les anciens ducs et maréchaux de France pour faire résoudre
cette quæstion par leur advis. Il importe si fort pour la gloire du royau-
me de faire paroistre q〈u’on〉 peut soutenir la guerre sans l’assistance
d’autruy quand on ne peut pas mieux faire que personne de ceux qui
ayment véritablement l’Estat ne sçauroit estre d’advis contraire. Si après
la perte de deux batailles
trouva la paix de 1559
ces éloignées de nous, combien le seroit-elle aujourd’huy davantage si au
milieu de noz prospérités ou du moins sans aucun eschet considérable
nous rendions comme voluntairement après tant de pertes d’hommes et
d’argent des conquestes si commodes et si avantageuses que celles que
nous avons faites.
Pour Messieurs les Estatz je ne croy pas qu’il faille craindre qu’ils se dé-
clarent contre nous. L’intérêt seul du commerce avantageux qu’ilz font en
France les empeschera tousjours de rompre avec nous pourveu que nous
nous sçachions faire considérer par eux. A la vérité ilz sont assez mali-
cieux pour travailler à se faire craindre s’ilz nous voyent susceptibles
d’apréhension, mais je ne puis m’imaginer qu’ilz puissent jamais se join-
dre aux Espagnols ny les assister ouvertement contre nous, si ce n’est
qu’ilz vissent arriver de trop grandes prospérités aux armes du Roy dans
leur voysinage et qu’ils creussent de pouvoir balancer les affaires sans que
nous osassions prendre l’assistance qu’ilz donneroient à noz ennemis
pour une rupture.
Je m’asseure que Son Eminence jugera très utile pour la seurté des affaires
d’Allemagne de nous racomoder avec le chancelier Oxestern et de res-
tablir avec luy la confiance et l’amitié. C’est un très grand personage du-
quel on ne void rien partir que de très judicieux et solide. S’il eust eu
autant d’inclination d’avancer la paix de l’Empyre comme l’on croid qu’il
en a eu pour la continuation de la guerre, peut-estre en eussions-nous
receu en diverses ocasions de très grands præjudices. J’en reviens tous-
jours à ce que nous devons louer Dieu qu’il se treuve de prince qui veuille
faire la guerre à la maison d’Autriche qui certainement ne veut point de
paix syncère avec la France et avec laquelle nous ne pouvons pas raiso-
nablement attendre d’establir une amitié durable.
Les Suédois tiennent deux maximes qui ne semblent pas mal fundées. La
première que si la paix générale ne se fait, il n’y aura point de seurté dans
celle de l’Empyre ny pour eux ny pour aucun des intéressez parce que
l’Empereur soubs prætexte d’assister le roy d’Espagne ne désarmera point
syncèrement, qui est néantmoins le point plus important que nous ayons à
obtenir dans la paix d’Allemagne et auquel il sera plus difficile de parvenir.
Pour cette raison les Suédois s’offensent de ce qu’il semble que nous les
voulons forcer à faire la paix dans l’Allemagne avant que celle d’Espagne
soit résolue, ce qu’ilz ont apris par noz dépesches qu’on leur a données.
Leur seconde maxime est de ne souffrir point qu’aucun prince soit armé
dans l’Allemagne, croyant qu’on tire plus d’avantage des levées et contri-
butions qu’on tire de leurs Estats qu’on ne pourroit faire de la jonction de
leurs forces. Pour cette raison ilz ne consentiront point à aucun traité avec
Brandebourg et témoignent desjà quelque jalousie de l’amitié que nous
avons avec ce prince. Une des raisons de cette seconde maxime peut estre
bonne qui est que si les princes allemands estoient armez, les courones ne
seroient plus maistresses des affaires et nous aurions tousjours à craindre
une paix de Passau
Gemeint ist der Passauer Vertrag vom 2. August 1552 (s. [ nr. 28 Anm. 1 ] ).
Gemeint ist der PF vom 30. Mai 1635 (s. [ nr. 56 Anm. 6 ] ).
seroit de chasser les étrangers d’Allemagne. La seconde raison dont ils ne
s’expliquent pas est très mauvaise qui est la jalousie qu’ils prennent de
nous aussytôt que quelque prince allemand recherche l’amitié de Leurs
Majestéz, cela leur faisant apréhender qu’on ne vienne à mespriser la leur
si on s’en pouvoit passer ou qu’on ne fasse quelque parti nouveau dans
l’Allemagne dont eux et les protestants reçoivent du præjudice. Cette
pensée paroist désobligeante pour nous, mais après y avoir fait une sé-
rieuse réflexion comme de leur costé leur intérest les rend excusables,
leur apréhension estant assez juste, il est très certain que du nostre nous
ne sçaurions jamais treuver aucune assistance durable ny mesme une so-
lide amitié contre l’Empereur en aucun prince d’Allemagne et principale-
ment aux catholiques. Ilz ont tous une aversion secrète contre les étran-
gers , grand respect pour leur chef, grand amour pour leur patri〈a〉 et
croyent de nous faire beaucoup de bien quand ils ne nous font point de
mal; quand il faut faire quelque chose de considérable contre l’Empereur,
ils s’excusent sur leur serment et enfin treuvent toujours quelque prétexte
pour se ranger de ce parti, de sorte qu’il n’y a que le seul prætexte de
religion qui les puisse animer contre l’Empereur et les faire tenir fermes
dans une guerre contre luy. Nous venons d’en voir un exemple dans la
résolution des électeurs de Bavières et de Coloigne, estant certain que
jamais deux princes n’ont eu 〈moins〉 de raison qu’eux de faire ce qu’ilz
ont fait et jamais personne ne sçauroit aporter plus de courage et plus de
conduite pour n’y estre pas forcé qu’avoit fait le duc de Bavières. Cepen-
dant ceux qui veullent excuser sa dernière rupture (avouant ingénuement
que les raisons contenues dans son manifeste sont puérilz et ne sont pro-
pres que pour amuser les ignorantz) disent que s’il ne se fust réuny avec
l’Empereur, il ne pouvoit plus retenir les officiers de son armée contre
lesquels on avoit publié des lettres qu’ils apellent avocatoires
Vgl. das ksl. Avokatorialmandat an die kurbay. Reichsvölker, Pilsen 1647 Juli 14 (Text
(dt.): Londorp VI, 197f; Meiern V, 29ff ; Walter Ziegler , 1227ff).
principale condition du dernier traité qu’il a fait avec l’Empereur
qu’il disposeroit absolument à l’avenir de ses troupes sans qu’autre que
luy pust avoir authorité ny exercer jurisdiction sur les officiers tandis
qu’ils seroient à son service. En suite de quoy au lieu qu’auparavant ilz
avoient presté serment à l’Empereur, on dit qu’aujourd’huy ils ne le font
plus qu’au duc de Bavières seul.
Il y a une autre réflexion à faire sur la conduite que nous aurons cy-après
à tenir avec les Suédois. Ilz ont envie de s’unir plus estroitement avec la
France après la paix et je croy que cette union ne nous est guères moins
utile qu’à eux. Ils sont à la vérité rudes, difficiles et meffiantz, mais ils sont
fidelles et sçavent admirablement les moyens de soutenir la guerre en Alle-
magne . Néantmoins comm’ils se conduisent plus finement que nous pour
parvenir à leurs fins, aussytost qu’ils recognoissent que nous avons envie de
la mesme chose qu’ilz désirent, ils font dessein de nous la faire achepter par
des conditions avantageuses seulement pour eux, croyant donc que nous
sommes disposés à establir cette estroitte alliance qu’ils souhaitent. Ils ont
desjà la pensée de nous demander la continuation ou du subside entier ou
d’une partie et outre cela de nous engager dans toutes leurs querelles, prin-
cipalement contre Messieurs les Estatz. Nous avons très grand intérest, ce
me semble, de nous garentir de ces deux prætentions et non pas moins de la
dernière que de l’autre tant pour ne nous brouiller pas avec nos proches
voysins et anciens alliez que pour ne les obliger pas par une semblable ré-
solution à s’attacher d’alliance avec les Espagnolz. Il me semble que pour
engager la Suède à nous assister contre l’Espagne il suffist que nous nous
engagions de l’assister dans le différend qu’elle poura cy-après avoir avec
ses voysins qui sont à son esgard ce que l’Espagne est au nostre et que nous
ne devons point comprendre Messieurs les Estats dans ce nombre, lesquels
doivent estre considérez par la France et par la Suède comme neutres puis-
que ny l’une ny l’autre n’a présentement aucun différend avec eux. On
pouroit différer de prendre cette affaire quand le cas arivera telle qu’on
jugera à propos sans s’y obliger maintenant par un traité qui porteroit les
autres à s’unir avec nos ennemis.
A la vérité si nous pouvons engager la Suède lorsque nous renouvellerons
noz alliances
Gemeint sind die in [ nr. 22 Anm. 15 ] gen. frz.-schwed. Allianzverträge.
Anglois soubs prætexte de conserver la liberté de la navigation contre
ceux qui veullent s’atribuer quelque empyre sur la mer, ce sera une con-
dition avantageuse pour la France en cas qu’elle vienne jamais à se brouill-
er avec les Anglois pour cette vaine prætention qu’ils ont d’estendre leur
admirauté sur toute la Manche et jusqu’aux costes de France. Il semble
qu’en nous obligeant envers la Suède de l’assister pour maintenir la liberté
de la navigation dans la mer Baltique, qui est une clause qu’elle fait insérer
dans tous les traités, nous pouvons justement l’obliger aussy à deffendre
la liberté de la mer Océane et particulièrement dans toute la Manche.
Je prends la liberté d’avertir de cecy Son Eminence par avance, croyant
que c’est un point important et qu’il faudra mesnager avec délicatesse
quand on entrera en quelque nouveau traité avec la Suède, de crainte
qu’elle ne le veuille faire achepter bien cher si elle s’aperçoit d’abord de
nostre intention et de nostre intérest. On pourra quand il sera temps d’en
parler en prendre le prætexte sur ce qui arriva il y a quelque temps aux
vaisseaux suédois à la rade de Dièpe , affin qu’on sçache à l’avenir ce
qu’on aura à faire quand de semblables entreprises ariveront et qu’ils
croyent que c’est plustôt leur intérest que le nostre qui nous fait faire
cette proposition.
J’ay entretenu franchement et à cœur ouvert monsieur de Longueville de
toutes ces particularités et je m’asseure que Son Eminence le treuvera à
son retour bien instruit de toutes les affaires générales et en recevra beau-
coup d’assistance dans les résolutions qu’on aura à prendre, car je suis
bien trompé s’il n’a une véritable passion de s’attacher d’amitié avec Son
Eminence et s’il m’est permis de parler si librement, je ne cognoy point de
prince en qui elle puisse prendre plus de confiance qu’en luy, l’ayant tous-
jours recogneu très loyal et bien intentionné; outre l’acquisition de sa per-
sonne qui est considérable il ne sera pas malpropre à tenir Monsieur le
Prince en bonne humeur. Son Eminence me faira bien l’honneur de croire
que c’est le seul intérest de son service qui me fait faire ce discours et que
certainement je n’ay n’y auray jamais attachement particulier avec per-
sonne qui ne soit dépendant et relatif à celluy que j’ay au service de Son
Eminence.
Il ne tiendra pas à moy que le manifeste de monsieur de Bavière ne soit
bientôt fait, mais j’y voy desjà quelque diversité d’advis, quand plusieurs
personnes doivent délibérer sur une affaire, j’ay épreuvé que la résolution
en est longue et douteuse.
Quant à la lettre de monsieur Chanut je ne puis pas y adjouster l’ explica-
tion que vous me marquez parce que je ne la sçavois pas quand je luy
écrivis , la chose s’estant passée pendant mon absence, mais j’y ay satis-
fait par une seconde lettre que j’écrivis d’Osnabruc comme vous le verrez
par la copie que je vous envoye. Cependa〈nt〉 Son Eminence ne pouvoit
prendre en cette rencontre une plus prudente résolution que de faire in-
former avec franchise la reyne de Suède de tout ce qui s’est passé.
Le succez de l’armée navalle du Roy est la plus importante affaire que la
France ayt eu depuis le comencement de la guerre. Nous en attendons la
nouvelle avec une impatience extrême quoyqu’il y ayt subjet de croire si
l’on a hazardé un combat, que la paix sera retardée ou d’une façon ou
d’autre. Si nous avons l’avantage, tout le royaume de Naples sera bien
ébranlé et méritera qu’on passe plus avant, si les Espagnolz l’avoient, ce
que Dieu ne veuille, ilz deviendroient encor plus difficiles dans la négo-
tiation qu’ils ne sont aujourd’huy quoyqu’ils se conduisent enver nous
comme si leurs armées avoient leurs quartiers d’hyver dans la France, ce
qui me fait croire ou que c’est une feinte ou que Pigneranda a perdu le
jugement. Cependant pour n’estre point surpris il faut s’attendre et se
præparer au pire. Pourveu qu’on ne s’estonne point en France, je ne voy
pas que les Espagnolz puissent tirer aucun avantage de la continuation de
la guerre, mais certes il faut faire de nouveaux efforts s’il est possible pour
les affaires d’Allemagne, qui sont en grande décadence. La pauvre Ma-
dame la Lantgrave est réduite à de grandes extrémitez. Je vous envoye un
mémoire que monsieur de Crosic m’a donné. Il est certain qu’il n’ adjous-
te rien aux nécessitez de sa maistresse et que si on veut prævenir la ruyne
de sa nation, elle a besoin d’une assistance extraordinaire.
Je suis bien de l’advis de Son Eminence que l’article 3 e aux termes qu’il a
esté dressé pouroit suffire pour assister le Portugal sans tumber en rup-
ture avec l’Espagne, mais deux choses y mettent de la difficulté, l’une
comme remarque Son Eminence qui 〈luy〉 a esté accordée comme juste
et nécessaire et qu’il sembleroit qu’en s’en départant on consentiroit taci-
tement que ledit article ne s’entend pas du Portugal, la seconde que les
Espagnolz déclarant encor aujourd’huy et nous faisant dire qu’ils n’ enten-
dent pas que l’article parle du Portugal, il est à craindre de laisser des
doutes qui renouvellent la guerre quand nous assisterons ce royaume.
Nous verrons dans peu de jours la résolution qu’on y pourra prendre.
Les Médiateurs sont ceux qui pressent le plus monsieur de Longueville de
s’en aller en luy disant sans cesse qu’il y va beaucoup de son honneur de
demeurer sy longtemps icy.
Zum Projekt einer Heirat des Prinzen von Talmont und Tarent
ner der Töchter
sten zu Salm
gekränkt über die Art und Weise, wie seine Mazarin geleisteten Dienste
anerkannt werden. Mazarin möge bitte hierüber Stillschweigen, insbeson-
dere gegenüber La Croisette, wahren, damit ich Näheres in Erfahrung
bringen kann. Ich sollte mich sehr irren, sollte Longueville nicht alles wie
gewünscht ausführen und sich nicht Mazarin anschließen wollen. Den Ge-
sprächen der Seinigen glaube ich entnommen zu haben, daß er das von
ihm erbetene Geld vorstrecken wird, aber die Garnison von Joux zukünf-
tig vom König unterhalten lassen will.