Acta Pacis Westphalicae II B 6 : Die französischen Korrespondenzen, Band 6: 1647 / Michael Rohrschneider unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter MIthilfe von Rita Bohlen
170. Memorandum Serviens für Lionne [Münster] 1647 September 24
[Münster] 1647 September 24
Konzept, größtenteils eigenhändig: AE , CP All. 102 fol. 156–157’, 334–339’, AE , CP All.
103 fol. 464–467 = Druckvorlage. Unvollständige Kopie: AE , CP All. 102 fol. 340–349’;
irrtümlich datiert 1647 Oktober 19 .
Grundsätzliche Stellungnahme zur Frage der Gleichzeitigkeit der Vertragsabschlüsse mit
Kaiser und Reich sowie mit Spanien: Ablehnung eines Friedensschlusses mit Kaiser und Reich
unter nachteiligen Bedingungen; militärische Assistenz des Kaisers für Spanien in den Spa-
nischen Niederlanden und Italien bei einem Friedensschluß im Reich; im Falle eines Aus-
scheidens der Generalstaaten aus dem Krieg Fortsetzung des nachdrücklichen militärischen
Vorgehens gegen den Kaiser ratsamer als eine Beschränkung der militärischen Anstrengun-
gen auf Spanien allein; Haltung der Kaiserlichen; Assistenz des Kaisers für Spanien als Erz-
herzog von Österreich; Lothringenfrage; Zessionsbestimmungen für die Drei Bistümer; kai-
serliche Verhandlungstaktik.
Befremden über das Vorgehen des Kurfürsten von Bayern. Schwedischer Friedenswille. Mi-
litärsatisfaktion Schwedens. Fehlender kaiserlicher Friedenswille. Haltung der katholischen
Reichsstände. Rolle Wartenbergs und der Jesuiten. Große Bedeutung des weiteren Vorgehens
des Kurfürsten von Bayern; ihm gegenüber einzunehmende Haltung.
Beilage 1; Verhandlungsvorschläge bezüglich der Drei Bistümer.
Dominierender Einfluß der Spanier auf die Kaiserlichen. Gegenüber Kurbayern Herausstel-
len der nachteiligen Folgen einer Aufkündigung des Ulmer Waffenstillstands. Kritik an der
Haltung Chigis. Plädoyer für die Beibehaltung einer französischen Armee im Reich.
Französische Assistenz für Portugal: gewünschte Erklärung der Mediatoren unbedingt erfor-
derlich ?
Überzeugung des Großteils der protestantischen Reichsstände, die mutmaßliche Aufkündi-
gung des Ulmer Waffenstillstandes durch Kurbayern erfolge im Einvernehmen mit Frank-
reich ; Gegenmaßnahmen. Neue Truppenaushebungen im Reich. Lob der Bemühungen Ma-
zarins .
Unterstützung der Absicht Hollands zu Verhandlungen mit dem portugiesischen Botschafter.
Dekapolis. Förderung der niederländisch-portugiesischen Verhandlungen. Regelung von An-
gelegenheiten Contarinis angeregt. Lob Nederhorsts. Meierei von ’s-Hertogenbosch. Belage-
rung Cremonas. Rekommandation Promontorios. Französisch-spanische Verhandlungen: Er-
oberungen , Piombino, Porto Longone, Assistenz für Portugal.
Je serois très malheureux si Son Eminence avoit creu que j’aye jusqu’à
présent retardé par mes advis ou autrement en quelque façon que ce soit
l’avancement de la paix de l’Empyre. J’ay bien creu luy devoir expliquer
mes sentimentz avec la liberté qu’il luy a pleu de me donner pour satis-
faire à mon devoir et décharger ma conscience envers elle. Mais je vous
suplie d’estre asseuré qu’au lieu de souhaiter que mes opinions soient sui-
vies j’ayme beaucoup mieux travailler à l’exéquution de celles d’autruy,
parce qu’au moins je ne puis jamais recevoir aucun reproche si l’ événe-
ment n’est pas favorable, mais je 〈crois〉 à plus forte raison avoir resenti-
ment envers ceux qui ont pouvoir de me comender et ausquels je dois
toute sorte de respect et d’obéissance.
Mon advis a tousjours esté de faire s’il est possible les deux paix ensemble
tant pour le bien de la crestienté que pour les rendre plus durable l’une et
l’autre. Il me semble qu’il a aussy esté auctorisé par celluy de Son Emi-
nence . Si l’on ne peut pas ajuster tant de différends ressorts pour les faire
jouer en mesme temps, j’avois estimé qu’il eust esté moins præjudiciable
de comencer par la paix d’Espagne. Principalement si celle de l’Empyre
est reculée par les trop grandes prætentions ou puissances des protestantz
et des Suédois parce qu’ayant recogneu que leur plus grande apréhension
est que les affaires ne s’acommodent entre les deux couronnes avant la
conclusion des leurs, j’ay jugé ce moyen plus honeste et plus efficace
pour les ramener à la raison que d’estre contraint de retourner aux mena-
ces ou de manquer à l’alliance. Peut-estre ce conseil ne seroit pas bon si
les difficultez viennent des Impériaux (comm’elles font à présent) et que
leurs affaires soient dans quelque prospérité, parce que les assistances que
l’Empereur espéreroit de recevoir des Espagnols quand ils seroient déli-
vrés de la guerre de France le rend〈ront〉 encor plus haut et plus difficile.
Je n’ay jamais esté d’advis pour cela que si celle d’Espagne tiroit en trop
de longueur, il ne fallust pas conclure celle de l’Empyre. J’ay bien creu
〈que〉 la guerre de l’Empyre ne nous estoit pas si désavantageuse tant
que l’autre dureroit, qu’il fallust y achepter 〈la paix〉 par des conditions
præjudiciables 〈et〉 céder aux chicaneries très déraisonables que les Im-
périaux nous font aujourd’huy sur des points de très grande importance
comme sont ceux du duc Charles et des Trois-Eveschez où il semble
qu’ilz veullent mettre en compromis non seulement ce qui a esté acordé,
mais les anciens droits de la couronne sur lesditz éveschez. J’ay encor creu
pour la raison que j’ay quelquefois pris l’hardiesse de repræsenter
progrès et les conquestes contre l’Espagne ne seront pas si faciles à faire
quand elle poura estre assistée aux Pays-Bas et en Italie des forces de
l’Empereur que tandis qu’il est occupé dans l’Allemagne par les armes
des Suédois et des protestants parce que présentement il faut moins de
renfort pour estre en estat de deffense qu’il n’en faut pour se mettre en
estat d’attaquer avec heureux succès et en second lieu parce que les assis-
tances que nous pourrions tirer de noz alliez d’Allemagne, præsupposé
mesme qu’on puisse avoir au service du Roy toutes les troupes des Sué-
dois et de Madame la Lantgrave, nous cousteroient sans compa〈raison〉
plus dans les Pays-Bas et dans l’Italie où il faudroit payer reiglément
qu’elles ne font à présent dans l’Allemagne où elles subsistent en partie
par les contributions qu’elles tirent du pays et où l’armée du Roy comen-
dée par monsieur de Turenne pourroit faire la mesme chose maintenant
que nous avons une grande estendue de quartiers si nous estions aussy
œconomes que les étrangères et qu’on ostast un peu à nos principaux of-
ficiers de guerre et gouverneurs des places l’opinion qu’ils semblent avoir
que la guerre ne se fait que pour leur utilité particulière.
J’avois encor estimé que s’il faut parer la diversion de Messieurs les Estats
dont nous sommes à la veille et dont la seule espérance a desjà rendu les
Espagnols plus glorieux et plus difficiles, il sera beaucoup plus aisé de les
réduire à la raison en continuant de presser vigoureusement l’Empereur
duquel ils ont tant d’intérêt d’empescher la ruyne, qu’en faisant tous les
efforts contre l’Espagne seulle qui ne peuvent aboutir qu’à prendre une
place ou deux en toute une année, præsupposé mesme qu’on soit favorisé
de la fortune, au lieu qu’on peut faire en Allemagne des choses généralles
et décisions où il s’agit de divers royaumes tout à la fois et mesme de
l’Empyre.
Si les Impériaux nous tiennent parolle et demeurent de bonne foy dans
l’observance des choses acordées, je serois bien marry d’avoir eu la pensée
de différer un moment la paix de l’Empyre, mais encor qu’on se soit laissé
entendre qu’on prendra des tempéremments raisonables sur les difficultés
qui s’estoient præsentées touchant l’assistance que l’Empereur veut don-
ner aux Espagnols comme archiduc, nous ne sommes point encor asseu-
rez qu’on abandonne le duc Charles ny qu’on nous laisse les Trois- Eves-
chez entiers, pas mesme les droits qu’on a tousjours prætendus en France
sur les terres possédées par la maison de Lorraine qui relèvent desdits
éveschez, qui est un point de grande considération et sur lequel on nous
fait aujourd’huy plus de difficulté.
Il y a très grand subjet de croire que les subtilitez qu’on cherche pour
anéantir les articles qui furent acordez le 13 septembre de l’année derniè-
re
Gemeint sind die ksl.-frz. Satisfaktionsartikel vom 13. September 1646 (s. [ nr. 1 Anm. 17 ] ).
la résolution que les Espagnolz les ont forcé de prendre de n’avancer pas
le traité de l’Empyre et d’y continuer la guerre.
Cela est estrange que le prince de toute l’Allemagne qui a le plus d’ inté-
rest à la prompte conclusion du traité de l’Empyre et qui en effet le sou-
haite le plus est certainement celluy qui le recule aujourd’huy par la con-
duite qu’il tient. Si monsieur de Bavière avoit observé religieusement et
constemment le traité d’Ulm et qu’il n’eust point donné d’espérance aux
Impériaux de rompre la neutralité pour se rejoindre à eux, ilz n’auroient
jamais ozé penser à tous les vastes desseins qu’ilz forment à l’instigation
des Espagnolz et seroient demeurés syncèrement de tous costez dans
〈l’observation〉 des choses acordées.
Il ne se faut point tromper, ce ne sont pas maintenant les Suédois qui se
reculent de la paix ou il faut qu’ilz m’ayent bien trompé par tous leurs
discours et leurs actions, ou ilz la désirent pour le moins autant que
nous jusques là que je n’ay pas voulu faire esclater la bonne disposition
où je les ay treuvez en mon voyage d’Osnabruc, de peur que les Impé-
riaux selon leur bonne coustume ne s’adressassent aussytost à eux pour leur
donner leur compte en particulier à condition d’abandonner la France et
que peut-estre ilz ne les y treuvassent disposez dans la peyne où ilz sont
de voir leur armée sy engagée. Il ne leur reste plus rien que le point de
leur milice pour laquelle ils m’ont avoué que leur demande est excessive,
mais que quand on traitera avec eux sur ce subjet, ils fairont voir qu’ ef-
fectivement ilz veullent sortir d’affaires, qu’il ne faut pas s’effaroucher des
demandes ny rompre pour cela une négotiation si avancée.
Il n’y a point de doute que les Impériaux la retardent aujourd’huy visible-
ment . Monsieur Contarini en est demeuré d’accord avec moy et a receu
de bons advis de la cour impériale qui portent qu’on y songe beaucoup
plus à la guerre qu’à la paix et que Trautmensdorf mesme qui estoit si
pacifique en ce pays est devenu tout militaire. Depuis son retour auprès
de son maistre il n’a point encor fait sçavoir les intentions de l’Empereur
sur les difficultés qui restoient lorsqu’il partit d’icy et les ministres de
deçà déclarent de ne pouvoir traiter jusqu’à ce qu’ilz les ayent receues.
Cependant les estatz catholiques en leurs délibérations sur les griefz révo-
quent tout ce qui avoit esté acordé par Trautmensdorf et rebrouillent
mesme tout ce qui avoit esté résolu pour la satisfaction des couronnes et
des autres princes qu’il a fallu dédomager.
Tout cela se fait par les menées de l’évesque d’Osnabruc, qui tasche par
toutes voyes de rompre un acomodement
Gemeint sind wahrscheinlich die erzielten Vereinbarungen bezüglich der Hst.e Osnabrück
und Minden (s. [ nr. 8 Anm. 10 ] und [ nr. 158 Anm. 3 ] ).
selon son désir et ne considère pas que pour son intérest particulier il met
ceux de toute sa maison en très grand péril. On ne sçait pas au vray s’il
fait tout cela pour monstrer que Trausmensdorf s’est trop avancé. Quel-
ques -uns ont cette opinion, d’autres que les Impériaux mesmes le font
remuer soubs main, mais tous croyent sans hésiter que cet évesque agist
de concert avec les Espagnolz et qu’ils luy ont donné quelque somme
d’argent
par un zèle indiscret de 〈r〉eligion quoyqu’elle reçoive plus de præjudice
en six mois de guerre qu’elle n’eust peu faire par quelques articles qui
avoient esté acordés aux protestants pour restablir la paix. Ce qui est de
fascheux est que la principale raison dont ils se servent est que si on
acorde aux protestants ce qui leur a esté offert, on n’est plus excusable
par la nécessité puisqu’on a maintenant avantage sur eux, que la France
n’a plus de forces dans l’Empyre et qu’il est aisé de les détruire si mon-
sieur de Bavière veut faire ce qu’il peut dans une conjuncture sy favorable,
à quoy ilz essayent d’intéresser sa conscience aussy bien que celle de
l’Empereur pour la continuation de la guerre par le moyen des Jésuites
qui sont leurs confesseurs.
Cependant le parti contraire prend de nouveaux ombrages, la confiance et
l’amitié qu’on avoit establies avec grande peyne entre les deux partis se va
détruisant, la ligue catholique qu’on veut former dont l’évesque d’ Osna-
bruc espère d’estre un des principaux dir〈ecteurs〉 ne produira autre fruit
dans l’Empyre qu’une ligue protestante, et l’assemblage de ces deux con-
traires sera plus propre à engendrer de nouveaux troubles qu’un favorable
repoz.
J’en reviens là que l’unique remède est entre les mains de monsieur de
Bavière et que s’il veut agir avec sa prudence ordinaire sans se laisser
éblouyr aux illusions qu’on luy præsente, il faira faire la paix de l’Empyre
dans trois sepmaines 〈en〉 parlant seulement comm’il faut à l’Empereur
pour le détourner des conseils violents que les Espagnols 〈luy〉 donnent
pour 〈la〉 continuation de la guerre et en demeurant ferme dans l’ obser-
vation des traités qui ont esté faits avec luy
Gemeint ist sicherlich der Ulmer Waffenstillstand vom 14. März 1647 (s. [ nr. 7 Anm. 14 ] ).
luy rendre l’exéquution favorable par les places qu’on laisse entre ses
mains qu’il seroit obligé de rendre.
Entre autres choses s’il veut parler et agir comm’il faut, il peut faire cesser
les difficultez que les Impériaux font sur les principaux pointz de la satis-
faction du Roy et aussy empescher qu’on ne recherche sans cesse
comm’on fait les Suédois et protestantz pour les obliger à se séparer de
la France, puisqu’un traité particulier avec eux n’establiroit pas la paix
dans l’Empyre et ne seroit avantageux ny à la religion ny à la maison de
Bavière, qui doit tousjours se prometre un puissant appuy de la France.
Ce procédé des Impériaux plein d’aversion contre la France est ce qui
nous a tousjours osté les moyens de nous employer vivement comme
nous eussions peu faire pour faire contenter noz alliez de la raison, parce
qu’aussytost que nous avons eu la moindre contestation avec eux pour
cela, on s’est servi du mescontentement que nous leur avons donné, pour
les détacher de nous.
Monsieur de Bavière ne peut pas refuser d’agir fortement sur ces deux
pointz puisqu’en l’un la religion y est intéressée et en l’autre sa gratitude
qui ne luy permet pas de laisser 〈les〉 intérestz de la France en arière
après qu’ell’a si puissement travaillé 〈pour〉 mettre les siens à couvert
selon son désir, mais s’il se laisse attirer ny par l’espérance de pouvoir
demeurer en paix avec la France en recomençant les hostilités contre la
Suède et les autres alliez, ny par les vaines propositions de restablir la
ligue catholique dont on luy offre la direction, ny par les passions de
l’évesque d’Osnabruc, qui dispose entièrement de monsieur l’électeur de
Coloigne et luy déguise les affaires comm’il luy plaist, ny par les persua-
sions des Jésuites qui le veullent engager à la ruyne des Suédois, il remetra
certainement toutes les affaires de l’Empyre en confusion et celles de sa
maison en très grande incertitude.
La méthode qu’il faut tenir selon mon foyble advis envers luy et ses mi-
nistres est de se plaindre hautement à eux du manquement des Impériaux,
demander son entremise pour faire cesser les difficultés qu’on nous fait et
déclarer nettement que hors le point de l’assistance où nous conviendrons
des tempéremmentz raisonables, nous ne relascherons jamais rien de tous
les autres qui nous ont esté acordés et ne souffrirons point les interpréta-
tions captieuses qu’on y veut aporter pour les anéantir.
Je vous envoye un mémoire que j’ay dressé sur ce subjet où vous verrez
les principales raisons dont on se peut servir pour appuyer la prætention
du Roy touchant les Trois-Eveschez et les terres de Lorraine, mais il im-
porte d’en parler fortement aux ministres étrangers et leur oster toute es-
pérance de relaschement parce qu’il n’y en a pas un qui ne souhaitast dans
son âme que le Roy n’eust du tout rien dans l’Empyre et qui ne favorisast
le moindre petit prince d’Allemagne au præjudice de Sa Majesté, mais il
n’y en a pas un aussy qui ne croye et ne déclare enfin qu’il vaut mieux
acorder à Sa Majesté ce qu’elle prætend que de continuer la guerre pour
ce subjet.
Il ne seroit pas aussy hors de propoz de se plaindre à monsieur de Bavière
de la conduite de l’évesque d’Osnabruc, qui se rend exéquute[u]r dans
l’assemblée de toutes les passions des Espagnolz et de cette sorte consi-
dère bien peu les inclinations et intérests de la maison dont il est sorti, si
toutefois il a subjet de croire que les inclinations de ladite maison soient
pour la France.
On pourroit néantmoins à mon sens prendre divers tempéraments sur ce
qui concerne les Trois-Eveschez, le premier d’exempter de nostre præten-
tion ce qui relève desdits éveschez qui se treuve situé dans le Lucsem-
bourg et apartient au roy d’Espagne, mais il faudra sçavoir auparavant
en quoy cela consiste et réserver s’il est possible l’ancien droit de protec-
tion que la couronne y avoit avant ces troubles, en cas qu’ell’en ayt autre-
fois jouy, car il seroit fascheux de le diminuer dans un traité qui nous doit
estre avantageux.
Le second tempérament pourroit estre d’offrir que le Roy consentira que
ce qui doit demeurer à Sa Majesté par là par traité qui a autrefois relevé de
l’Empyre tant en Lorraine, Alsace qu’aux Trois-Eveschez demeure mem-
bre de l’Empyre sans en relever comm’il fust fait pour le cercle de Bour-
goigne par la transaction de l’année 1548
Gemeint ist der am 26. Juni 1548 in Augsburg geschlossene sog. Burgundische Vertrag
(Text (dt.): Gross , Urkunden, nr. 445, 439–447), in dem die burgundischen und ndl. Be-
sitzungen Ks. Karls V. als Burgundischer Reichskreis dem Schutz des Reiches unterstellt
wurden; dafür zahlten sie als Reichssteuer den doppelten, im Falle eines Türkenkrieges
den dreifachen Anschlag eines Kf.en. Sie unterstanden nicht der Jurisdiktion des RKG
und waren nicht verpflichtet, an Reichsversammlungen teilzunehmen.
l’Empyre sans en relever quoyqu’il en dépendist auparavant.
Le troisième pourroit estre d’offrir une contribution pour la nécessité de
l’Empyre pareille à celle d’un électeur comm’il a esté fait aussy pour le
cercle de Bourgoigne par ladite transaction de l’année 1548 et pour toutes
les dépendances de la Lorraine par la transaction de l’année 1542
Gemeint ist die sog. Transactio Lotharingica, der Nürnberger Vertrag vom 26. August 1542
(Text (lat.): DuMont IV.2, 235–238) zwischen Kg. Ferdinand I. (1503–1564; 1531 Kg.,
1558 Ks.) im Namen Ks. Karls V. und Hg. Anton II. von Lothringen (1489–1544; 1508
Hg.), in dem das Hgt. Lothringen als Teil des Oberrheinischen Reichskreises in den Schutz
des Reiches aufgenommen wurde; dafür zahlte es als Reichssteuer zwei Drittel des An-
schlags eines Kf.en. Ferner wurde festgelegt, daß das Hgt. kein Reichslehen war, das heim-
fallen konnte, und daß die Zuständigkeit des RKG in lothringischen Rechtsangelegenheiten
aufgehoben war.
mettra l’Empyre hors d’intérest parce qu’on se chargera des mesmes con-
tributions et plus grandes que tous ce[s] pays ne payoient auparavant, qui
néantmoins ne sont point considérables pour une si grande acquisition.
Mais il faudroit que ce fust à condition que les députez qui seroient en-
voyez de la part du Roy pour lesdits terres auroient à l’avenir séance et
voix délibérative dans les diètes et que les contributions ne pourroient
estre ordonnées que de leur consentement après y avoir esté deuement
apellé.
Tout ce que je crains est que dans le peu de disposition que les Impériaux
témoignent pour l’avancement de la paix, les simples offices de monsieur
de Bavière, quand mesme il les employero〈it〉 syncèrement, ne soient pas
si puissan〈s〉 que les persuasions contraires des Espagnolz, car l’ Empe-
reur ne veut rien faire qui leur déplaise. Monsieur de Bavière ne veut
s’obliger à rien contre l’Empereur et allègue son serment pour s’en exempter
si bien que les Espagnols demeureront les maistres de tous les intérests de
l’Empyre pour y faire la paix ou la guerre comm’il leur plaira et monsieur
de Bavière doit bien estre asseuré que si leurs desseins et leurs maximes
réussissoient dans l’Allemagne, il seroit le premier qui en recevroit du
præjudice. D’ailleurs il est à propoz qu’il soit adverti que s’il se déclaroit
aujourd’huy contre les Suédois outre que par la rupture d’un traité qui
vient d’estre fait avec luy, qui a garenti ses Estats d’une ruyne asseurée,
il détruiroit pour jamais la confiance que l’on pouroit prendre en luy, il ne
fairoit par cette déclaration que rappeller l’armée du Roy dans l’ Alle-
magne et nous oste le moyen de l’employer contre les Espagnolz pour
les réduire à la paix, à laquelle toute l’assemblée confesse aujourd’huy
que nous sommes aussy véritablement enclins que les Espagnols par un
aveuglement fatal s’en reculent.
Il est bien à propos que l’on sçache aussy que le nonce Chigy a eu grande
part aux desseins qui ont esté formés pour rétablir la ligue catholique et
par ce moyen empescher la conclusion du traité de l’Empyre, en quoy
certes nous recevons un præjudice notable, que le premier des Médiateurs
en certaines choses demeure plus ennemy et passionné que les parties
mesme et qu’il ne considère pas qu’un zèle rempli d’indiscrétion est capa-
ble de rendre les maux de l’Allemagne sans remède et d’y ruyner la reli-
gion catholique, comm’un semblable procédé d’un autre ministre
Sainteté vient de la ruyner en Irlande pour avoir empesché l’effet d’un
accord
Gemeint ist sicherlich der Friedensvertrag von Dublin vom 25. März 1646 (Text (frz. ÜS):
DuMont VI.1, 335–340; datiert 1646 März 6 und 28), der zwischen Vertretern der auf-
ständischen irischen Katholiken einerseits und James Butler, 12. earl und (ab 1661) 1. duke
of Ormonde (1610–1688), einem aus Irland stammenden Diplomaten, Militär und Roya-
listen , für den engl. Kg. Karl I. andererseits ausgehandelt, dessen Umsetzung jedoch in der
Folgezeit auf Betreiben Rinuccinis verhindert worden war ( Hynes , 36–146).
testantz .
Il me semble de recognoistre qu’on souhaiteroit bien à la cour n’estre plus
obligé d’avoir une puissante armée en Allemagne. Mais Son Eminence me
permetra de luy repræsenter que quand le traité général seroit au-
jourd ’huy conclud tant avec l’Empereur qu’avec l’Espagne, nous aurions
plus besoin de forces de ce costé-là qu’en aucun autre endroit. L’ exéquu-
tion du traité y sera longue et douteuse quelques præcautions qu’on y
aporte, à cause des restitutions des places, des liscentiementz des armées
et autres choses semblables. D’ailleurs quand tout seroit exéquuté de
bonne foy, l’on a tousjours veu en Allemagne après les grandes guerres
que des princes particuliers ont ramassé les soldats liscentiés qui n’ont
autre mestier que la guerre et en ont composé des armées qui les ont ren-
dus formidables. Le comte de Mansfeld
Gf. Ernst II. von Mansfeld (um 1580–1626); seit 1610 in Diensten der Union stehend,
hatte er mit seinen Söldnertruppen nach Ausbruch des böhmischen Aufstandes 1618 auf
seiten Kf. Friedrichs V. von der Pfalz gekämpft. Im Februar 1619 wurde die Reichsacht
gegen ihn verkündet; daraufhin trat er als Condottiere in den Dienst der Gst., Frk.s und F.
Béthlen Gábors von Siebenbürgen (1580–1629; 1613 F.) ( DBA I 801, 223ff; 275–285; II
851, 434–440; Heinisch , Mansfeld).
temps, et un marquis Albert de Brandebourg
Mgf. Albrecht Alkibiades von Bg.-Kulmbach (1522–1557); er hatte seit 1543 in ksl. Dien-
sten gestanden, war dann jedoch als Parteigänger Kf. Moritz’ von Sachsen gegen Ks. Karl
V. aufgetreten und hatte 1552 den Vertrag von Chambord vermittelt; im Anschluß hatte
er im sog. Markgräfler Krieg Franken sowie Mainzer und Trierer Stiftslande verwüstet,
woraufhin die Reichsacht über ihn verhängt wurde ( DBA I 13, 311–320; Guttenberg ).
Quint
sourdement que c’est l’intention du duc Charles et que c’est à ce dessein
qu’il veut employer l’argent qu’il a en réserve, à quoy nous avons plus
d’intérest de prendre garde que personne. C’est pourquoy il nous importe
extrêmement si nous voulions jouir de l’effet de la paix lorsqu’elle sera
conclue d’avoir des forces considérables dans la frontière d’Allemagne
pour nous garentir des entreprises dudit duc aussy bien que sur la mer
pour estre en estat d’assister le Portugal.
Vous aurez veu par noz dépesches præcédentes que s’estant rencontré
quelque difficulté sur la déclaration que les Médiateurs nous doivent don-
ner pour l’expliquation du 3 e article, il nous a fallu nécessairement con-
sentir pour n’interrompre pas toute la négotiation, de passer outre aux
autres articles, en attendant qu’on soit entièrement d’acord sur celluy-là.
Nous aprenons de bon lieu que Pigneran〈da〉 a intention de faire encor
des difficultés sur cet article jusqu’à la rupture quand il sera remis sur le
tapis et qu’il se promet de mettre les Hollandois contre nous quand il
〈n’y〉 aura plus que l’intérest du Portugal qui retarde〈ra〉 la paix. Je ne
sçay si Son Eminence jugera qu’on se puisse contenter de l’article comm’il
est sans aucune déclaration en cas qu’on n’en puisse pas convenir, ou de
rompre plustost le traité pour ce subjet et laisser conclurre celluy de Mes-
sieurs les Estat〈s〉 sans le nostre.
Si les bruits qui courent de la rupture de monsieur de Bavière contre les
Suédois est [!] véritable, nous serons doublement malheureux, car outre
que c’est un des plus grands præjudices qui pouroient arriver aux affai-
[res] d’Allemagne dans la conjuncture présente, la pluspart des protestantz
s’imagineront qu’il n’au〈ra〉 pas pris cette résolution que par le consen-
tement tacite de la France. Un des principaux et plus intelligents d’entre
eux m’a dit franchement aujourd’huy qu’il n’y aura personne qui ne
croye qu’il n’y ayt en cela de la connivence de la France. Je suplie très
humblement Son Eminence de ne treuver pas mauvais que je luy repræ-
sente que nous avons très grand besoin 〈d’e〉ffacer cette impression.
Nous avons beau désirer la paix dans l’Empyre, si nous ne sommes en
estat de contraindre l’Empereur à nous tenir parolle, nous ne l’aurons ja-
mais . Je croy mesme qu’il est inutile voire præjudiciable de parler de paix
lorsque nos ennemis n’en veullent point et ne songent plus qu’aux præ-
paratifs de la guerre. Je vous asseure que depuis sa naissance on n’a point
eu tant de besoin de travailler puissemment à relever noz affaires que
maintenant. Outre que nous serons mesprisés si nous sommes foybles,
noz alliés ne nous voyant pas en estat de les assister pourroient bien s’ ac-
comoder sans nous, à quoy les Impériaux seront tousjours plus disposés
qu’à nous faire raison. Il me semble que comm’ils travaillent de leur costé
à faire de grands præparatifs, nous en devons autant faire du nostre pour
relever le courage presque abbatu de tous noz amys, et comm’ils pro-
posent des ligues nouvelles entre eux, nous devons aussy faire des réu-
nions nouvelles entre nos alliés et y attirer ceux qui voudront y entrer,
quand ce ne seroit que pour preuver que nous n’avons pas la pensée
d’abandonner le parti que nous avons tenu jusqu’à présent de peur d’en
estre abandonné nous-mesme[s].
Je fairois scrupule d’importuner si souvent Son Eminence de propositions
et raisonementz fascheux si je ne croyois absolument nécessaire de l’ in-
former naïfvement de tout et à bonne heure affin qu’on ayt le temps d’y
pourvoir, et si avec cela je n’avois considéré deux choses, l’une qu’ayant
maintenant une grande estendue de pays 〈dans〉 l’Allemagne, il ne seroit
pas difficile d’y faire de nouvelles levées si noz chefs de guerre vouloient
user de la mesme œconomie que les ennemis et les Suédois, l’autre que
voyant la réputation et les affaires du Roy si hautement restablies partout
ailleurs et voyant partout que les soins incomparables de Son Eminence
produisent des effets qui surpassent les espérances tant en Italie qu’en
Flandres, je m’émancipe d’auta〈nt〉 plus voluntiers à repræsenter ce qui
pourroit estre fait en d’autres endroitz si chacun secondoit les peynes et
les prævoyances sans exemple de Son Eminence.
Je ne doubte point que monsieur de La Thuillerie n’ayt donné advis que
la Hollande est résolue d’entrer en conférence avec l’ambassadeur de Por-
tugal , mais que toutes les aultres provinces y résistent. Quelques-uns qui
ayment le service du Roy estiment qu’il seroit bien à propos que la Reyne
escrivist une lettre à Messieurs les Estatz pour seconder la province de
Hollande affin que l’on pust plus tost entrer en cette conférence.
Je ne sçay sy on a donné advis à la cour pendant que je n’estois pas icy
d’une poursuite que font avec instance dans les estatz de l’Empire les dix
villes de l’Alsace pour n’estre point soubz la protection [d]u Roy comme
elles estoient soubz celle de l’Empereur
Vgl. [ nr. 89 Anm. 3 ] .
duicte par la ville de Colmar qui donne en cette rencontre le branle à
toutes les aultres. Il me semble que cela mérite bien que le gouverneur
Charles de Sainte-Maure, marquis, 1664 duc de Montausier (1610–1690), 1665 pair de
France; 1635 maître de camp, seit 1638 Gouverneur des Oberelsaß und von Colmar,
1643 maréchal de camp, 1649–1686 lieutenant général im Ober- und Unterelsaß, 1650
lieutenant général des armées du Roi, 1661 chevalier des ordres du Roi ( ABF I 753, 372–
387; II 473, 230f; Halter / Schmitt ; Stein , 406 Anm. 94, 585; Levantal , 761ff).
de cette place prenne garde à luy, parce qu’il seroit à craindre que dans
une décadence d’affaire elle ne nous fist le mesme tour qu’elle fit aultres-
fois à la garnison impéria〈le〉 qui estoit dedans.
Je vous diray encor qu’une lettre de la Ro〈yne〉 fort pressante à Mes-
sieurs les Estatz en faveur du roy de Portugal pour les obliger à continuer
la conférence qui a esté commencée avec son ambassadeur, produir〈a〉 un
très bon effect, ledict ambassadeur se mettant de la part de son maître à
toute sorte de raison dont les Espagnolz commencent d’estre bien en
peine appréhen〈dant〉 extrêmement que ledict roy fasse son accommode-
ment avec lesdictz Estatz.
J’ay esté prié par le sieur d’Eudo
Contariny de vous faire souvenir de la promesse que Son Eminence a
faicte plusieurs fois à monsieur Nani de faire rendre quelques hardes qui
leur appart〈iennent〉 et qui furent prises l’année passée sur un vaisseau
hollandois dans lequel il se treuva quelques balotz pour le marquis de
Castelrodrigo. Il nous importe extrêmement de faire rendre ce qui apar-
tie 〈nt〉 à monsieur Contarini et à ceux de sa maison ou pour le moins la
valeur qui ne monte qu’à trois ou quatre cent risdales.
Monsieur de Niderhost agist icy admirablement bien auprès des ministres
de l’assemblée pour leur faire prendre le chemin qu’il fault pour parvenir
à la paix. Certes c’est un digne gentilhomme à qui l’on a grandes obliga-
tions . Il a dict aujourd’huy à un des ministres d’Espagne nommé Noir-
mon
désiroit de porter les Provinces à quelque tempérament là-dessus, il n’y
avoit qu’à ajuster les affaires de la France auparavant après quoy les Pro-
vinces deviendroient plus faciles sur ce point.
Überlegungen Sannazaros zu einem schnellen Erwerb Cremonas für
Frankreich.
Je vous envoye une lettre que Promontorio escript à Son Eminence. Il
auroit intention d’estre envoyé résident en France. Il me semble qu’estant
affectionné et industrieux comme il est il seroit meilleur qu’il eust cet
employ qu’un autre, veu les habitudes qu’on a desjà avec luy, et l’on pou-
voit mesnager cela avec le sieur Justiniany
qu’une recommendation de Son Eminence produiroit aysément cest effet.
J’apprens de très bon lieu que les Espagnolz ne feront point de difficulté
sur les conquestes y comprenant mesme Piombino et Portolongone qui
est un grand point, et que la plus grande difficulté se rencontrera sur la
forme de l’assistance du Portugal
Die dem Datierungsvermerk AE , CP All. 103 fol. 467’ zu entnehmende Zugehörigkeit
des hier abgedruckten letzten Absatzes ( ebd. fol. 467) zu vorliegendem Memorandum ist
nicht gesichert. Weder findet sich eine inhaltliche Entsprechung in dem Antwortschreiben
Lionnes (s. nr. 201) noch, wie bei den anderen Konzeptteilen dieses Memorandums, am
Kopf von fol. 467 eine entsprechende Numerierung, die zur Kenntlichmachung der Rei-
henfolge der einzelnen Konzeptteile diente.
1 Memorandum Serviens, [Münster] 1647 September 22 . – Reinkonzept oder Kopie, mit
eigenhändigen Korrekturen: AE , CP Holl. 45 fol. 346–356 = Druckvorlage. Kopie:
AE , CP Lorraine 35 fol. 96–108 . Konzept, mit eigenhändigen Korrekturen: ebd. fol.
83–95. Unvollständiges und durchgestrichenes Konzept, mit eigenhändigen Korrekturen:
AE , CP All. 102 fol. 309–311’
All. 102 fol. 312–320 . Druck (it. ÜS; datiert 1647 September): Siri X, 1033–1043.
Entstehung und Inhalt der französisch-kaiserlichen Satisfaktionsartikel vom 13. Septem-
ber 1646 betreffend die Drei Bistümer. Rechtsstellung des Herzogs Karl IV. von Lothrin-
gen gegenüber Frankreich.
Il faut sans doute que les prétentions et anciens droitz de la couronne de France sur les
trois éveschez de Metz, Thoul et Verdun, et ce qui a esté cy-devant traicté et accordé sur
ce sujet n’ayt pas esté bien représenté à messieurs les estatz de l’Empire; au contraire il y a
sujet de croire que les choses leur ont esté déguisées par l’artiffice des ennemis de la
France qui tâchent en toutes occasions d’effacer de l’esprit desditz sieurs estatz le ressen-
timent que la gratitude leur doit donner des grandes assistances qu’ilz ont receues du roy
très-chrestien, et de tous les périlz, dommages, pertes et dépenses que Sa Majesté a souf-
fert pour avoir entrepris leur deffense, ou de la pluspart d’entr’eux.
Ce qui est de plus fascheux en cette occasion est qu’on veut engager lesditz sieurs estatz à
impreuver ce qui a esté fait par messieurs les plénipotentiaires de l’Empereur, et de cette
sorte engager ceux que Sa Majesté Très-Chrestienne a tousjours tenus pour amys à des-
truire ou empescher ce qui a esté treuvé juste par ceux mesmes qui ont porté jusqu’à
présent la qualité d’ennemis de Sa Majesté.
Il y a deux choses à considérer en cette affaire, le faict et le droit, c’est-à-dire, ce qui a esté
traicté avec lesditz sieurs plénipotentiaires impériaux et les raisons dont la couronne de
France appuioit ses justes prétentions avant qu’avoir convenu avec eux de
Pour le fait, il ne faut que lire les articles qui furent arrestez le 13 septembre de l’année
dernière pour estre contrainct d’avouer que tous les droitz qui ont cy-devant appartenu à
l’Empereur et à l’Empire sur lesditz Trois-Eveschez appartiennent aujourd’uy au roy
très-chrestien, et qu’on ne peut faire aucune difficulté qui soit bien fondée sur la préten-
tion de Sa Majesté sans contrevenir ausditz articles et destruire leur véritable sens, ce
qu’on ne peut croire estre l’intention de ceux qui en sont convenus. La qualité et mérite
des personnes avec lesquelz on a traicté, et l’opinion que chacun doit avoir de leur sincé-
rité et bonne foy ne permet pas de coire qu’ilz ayent voulu user en traittant avec ceux de
France d’aucune ambiguïté captieuse, moins encor d’aucune sorte de tromperie, ny par
conséquent qu’ilz veuillent aujourd’uy révoquer par des subtilitez les poinctz dont cy-
devant ilz sont demeurez d’accord, ny se servir du ministère d’autruy pour rendre leur
promesse sans effect.
Lesditz articles portent en termes exprès «quod supremum dominium, iura superioritatis
aliaque omnia in episcopatus Metensem, Tullensem et Virodunensem urbesque cognomi-
nes horumque episcopatuum districtus et nominatim Moyenvicum eo modo quo hactenus
ad Romanum spectabant Imperium, imposterum ad coronam Galliae spectare debeant»
On peut conclurre démonstrativement de ces parolles que la couronne de France est sub-
rogée en la place et aux droitz de l’Empire dans toute l’estendue tant spirituelle que tem-
porelle de ces Trois-Eveschez qui dit «aliaque omnia» après avoir exprimé «supremum
dominium» et «iura superioritatis» ne réserve rien. L’on peut donc soustenir avec raison
que l’Empereur ny l’Empire n’ont pas eu intention de rien conserver dans toute l’estendue
des éveschez, et ceux qui voudroient à présent excepter de cette cession généralle les fiefz
ou terres des ducs, comtes, barons, ou gentilshommes qui sont situées dans l’estendue
desditz éveschez feroient faire à l’Empereur un manquement de parolle et une action con-
traire à sa dignité, en luy faisant retirer d’une main ce qu’il a donné de l’autre.
Cela est si vray et il est sy constant que ç’a esté l’intention des parties lorsqu’elles sont
demeurées d’accord desditz articles que les plénipotentiaires de France ayans tousjours
constamment soustenus que les droitz de Sa Majesté Très-Chrestienne se devoient esten-
dre en tous les lieux, où s’estendoit la jurisdiction spirituelle des Trois-Eveschez, c’est-
à-dire dans tous les diocèses, lesditz sieurs plénipotentiaires de l’Empereur, qui ayant d’ a-
bord quelque sentiment contraire, avoient mis dans le premier project présenté de leur part
à ceux de France «districtus temporales»
In der ksl. Verbalnote vom 11. September 1646 war hinsichtlich der Satisfaktionsbestim-
mungen für die Drei Bistümer vorgeschlagen worden, dem Wort districtus den Genitivus
possessivus temporalis dominii hinzuzufügen ( Repgen , Satisfaktionsartikel, 191 Anm. 86);
vgl. die auf den 11. oder 12. September 1646 zu datierende Marginalglosse in dem Vorakt
des frz. Textentwurfs vom 9. September 1646 mit späteren (bis 12. September 1646) Kor-
rekturen Serviens u.a. (s. APW II B 4 nr. 148, hier 425 Anm. 1; vgl. Repgen , Satisfak-
tionsartikel , 187 Anm. 67): ad verbum districtus addendum temporales ( AE , CP All. 66
fol. 412–419’, hier fol. 412’).
feudis ducum, comitum, baronum et nobilium, iure item clientelari»
Eine Schutzklausel für die von den Zessionsbestimmungen für die Drei Bistümer betroffe-
nen Rst. enthielt bereits die Ultima generalis declaratio der ksl. Ges. zur frz. Satisfaktion,
Münster 1646 August 31 (Text (lat.): Meiern III, 712 –718, hier 714); sie war entgegen
den ksl.-frz. Satisfaktionsartikeln vom 13. September 1646 von ksl. Seite u.a. in das IPM/
T (s. [ nr. 1 Anm. 17 ] ) aufgenommen worden ( Repgen , Satisfaktionsartikel, 200).
longue contestation de part et d’autre consentirent que le mot «temporales» fust osté du
premier
générallement pour tous les droictz que Sa Majesté avoit eus in totos districtus tam spiri-
tuales quam temporales episcopatuum. Et toute l’exception qu’on avoit voulu faire en l’ au-
tre endroit fust pareillement retranchée, lesditz sieurs plénipotentiaires impériaux ayant
reconnuz que les raisons de ceux de France estoient concluantes sur ce qui leur fust monstré
clairement que ce qui compose un évesché c’est proprement la jurisdiction spirituelle et non
point les revenus ou biens temporelz, qui non seulement ne peuvent passer que pour un
accident séparable de l’évesché, mais qui ayant esté inconnus à la primitive Eglise ne pou-
voient pas estre pris pour une partie nécessaire desditz éveschez.
Quand on a parlé de la jurisdiction spirituelle, ce n’est pas que le roy très-chrestien ayt
jamais eu intention d’en diminuer les prérogatives et privilèges ny de rien prétendre sur la
spiritualité, mais seulement pour désigner l’estendue desditz éveschez, qui à parler pro-
prement ne peut estre moindre que celle de la jurisdiction spirituelle, et ne peut avoir
d’autres limites que celles des diocèses sans qu’il soit besoing en façon du monde de con-
sidérer l’estendue des domaines ou biens temporelz des évesques.
Après avoir voulu limiter et restraindre ce qu’on a ceddé au roy très-chrestien auxditz
biens temporelz des évesques et avoir voulu excepter de la cession les fiefz des ducs,
comtes, barons etc. qui estoient auparavant immédiatement subjetz à l’Empire, on s’est
expressément départy de la limitation et exception, et on est demeuré dans la clause gé-
néralle qui a ceddé «suppremum [!] dominium, iura superioritatis aliaque omnia». On
peut donc soustenir comme il a desjà esté dit qu’il n’est pas possible aujourd’uy de faire
la mesme exception des estatz immédiatz ny la mesme restriction au temporel des éves-
ques sans contrevenir directement à ce qui a esté accordé.
Or il n’est pas croyable que les estatz de l’Empire estans bien informez de la vérité, veuill-
ent adhérer à une telle intention si esloignée de la sincérité germanique, et capable d’ em-
pescher entièrement la conclusion de la paix.
Sy pour avancer le repos public on a fait en cette occasion quelque chose qui soit aucune-
ment contraire aux formes et constitutions anciennes de l’Empire, il en a esté usé de
mesme en plusieurs autres intérêtz où l’on a cru présentement devoir tourner le tableau
des loix pour un plus grand bien, et pour remettre les mesmes loix en vigueur par la paix,
faisant cesser le bruit des armes qui leur oste leur force et leur authorité. Sy l’on vouloit
regarder de sy prez à l’ancienne observation des constitutions impérialles en ce qui a esté
résolu touchant la Poméranie et le Meckelbourg, les archevesques de Magdebourg et de
Bremen, les éveschez d’Halberstad, de Minden et autres
Gemeint sind die entsprechenden Bestimmungen des ksl.-schwed. Satisfaktionsabkommens
vom 18. Februar 1647 (s. [ nr. 22 Anm. 14 ] ).
Gemeint ist die Vereinbarung über die Errichtung einer neuen Kur für Pgf. Karl Ludwig
und die Übertragung der früheren pfälzischen Kurwürde auf Bayern; vgl. [ nr. 16 Anm. 3 ] .
le Haut- et le Bas-Palatinat , et pour les nouveautez introduites en Bohême, et en plu-
sieurs autres endroitz que l’on prétend de faire subsister, il faudroit perdre toute espé-
rence d’accommodement. Et certes il est bien à craindre que ceux qui font remettre de
nouveau sur le tapis toutes ces questions et difficultez après qu’elles ont esté terminées
n’ayent plus d’envie de continuer la guerre que d’avancer la paix, ce que lesditz sieurs
estatz ont intérêtz d’empescher.
Car il faut considérer que sy l’on commence à soustenir que l’Empereur n’a peu ny deu
céder à la France les droitz qu’il avoit sur les estatz immédiatz scituez dans l’estendue
spirituelle des Trois-Eveschez, on pourra de mesme soustenir qu’il n’a pas peu céder son
droit sur le temporel des Trois-Eveschez, ny sur les trois villes impérialles
Metz, Toul und Verdun; vgl. [ nr. 1 Anm. 24 ] .
aussy estatz immédiatz de l’Empire, n’y ayant pas plus d’apparence que l’Empereur ayt
peu disposer des intérêtz des uns que des autres, on appelleroit tousjours cella un démem-
brement de l’Empire pour rendre les François odieux.
On doit encor considérer que cette cession de l’Empereur de tous les droitz qu’il eust pu
prétendre dans toute l’estendue tant spirituelle que temporelle desditz
une des plus considérables parties de la satisfaction du roy très-chrestien dans le traicté de
paix sans laquelle Sa Majesté ne se fust pas engagée à donner trois millions de livres
Vgl. [ nr. 8 Anm. 7 ] .
payer pour deux millions de debtes
princes d’une maison qui détient encor à la couronne de France des royaumes et des
Estatz entiers.
Pour faire veoir plus clairement que l’intention desditz sieurs plénipotentiaires impériaux
a esté telle qu’elle vient d’estre représentée, il ne faut que lire les plaintes injurieuses qui
ont esté faites de la part du duc Charles et de l’évesque de Verdun
l’Empereur et contre ses ministres qui l’avoient proposée. Il y a un endroit où après avoir
exprimé les biens et droitz qu’ilz disent posséder dans les Trois-Eveschez, ilz adjoustent
«quae omnia per hanc alienationem Galliae relinquerentur»
Vgl. die Repræsentatio ex parte Ducis Lotharingici, dict. 1646 Juli 18 (s. [ nr. 1 Anm. 23 ] )
(Text: Meiern III, hier 576 , erster Absatz).
ment que ladite aliénation ayant esté faite depuis nonobstant lesdites plaintes et remons-
trances , les fiefz et droictz dudit duc, dudit évesque, et des autres estatz qui pouvoient
alléguer le mesme intérest qu’eux y ont esté compris par l’opinion mesme des plus pas-
sionnez ennemis de la France.
Les ministres de France offrent de justiffier par leur registres et les dépesches qu’ilz ont
faites à la cour de France en ce temps-là, et les originaux des responses qu’ilz en ont
receues
venus des articles du 13 e septembre
Vgl. dagegen die Marginalien der frz. Ges. in der an den frz. Hof übersandten Kopie der
ksl.-frz. Satisfaktionsartikel vom 13. September 1646 über die Verhandlungsposition der
Ksl. hinsichtlich der Zessionsbestimmungen für die Drei Bistümer (Kopie: Ass.Nat. 276
fol. 154–162’, hier fol. 154’; vgl. APW II B 4 nr. 159 Beilage 1, mit Nachweis weiterer
handschriftlicher Überlieferungen; Druck (it. ÜS): Siri VIII, 239–253, hier 240f).
leur maistre la facilité qu’ilz ont apportée à rendre les villes forestières et le Brisgau, et à
payer une si notable somme d’argent en se chargeant d’une si grande quantité de debtes
par l’avantage d’avoir appaisé pour jamais les différendz des Trois-Eveschez, en acquérant
à Sa Majesté tous les droitz que l’Empereur et l’Empire y pouvoient avoir. On verroit
bien clairement qu’ilz ne s’attandoient pas alors qu’on y deût faire des limitations ou des
exceptions, et certes après ce qu’ilz ont ingénuement contribué pour composer tous les
différendz qui retardent la conclusion du traicté de l’Empire, ilz n’eussent jamais cru
qu’on leur deût former de nouvelles difficultez sur une affaire ajustée. Ilz croioient au
contraire que l’on loueroit la modération du Roy leur maistre de n’avoir rien prétendu
de nouveau après le succez de la campagne passée quoyqu’ilz eussent réservé la liberté de
le pouvoir faire.
Mais quand tout ce que dessus n’auroit pas esté accordé et que l’on ne pourroit pas allé-
guer contre ceux qui
transactae
pereur a abandonné, mais une vieille prétention prescripte et abolie par le temps, et capa-
ble d’engager l’Empire dans une guerre immortelle. Il y a prez d’un siècle entier que la
couronne de France est en paisible possession du droit de protection dans tout l’évesché
de Metz, plus de trois cens ans qu’elle a jouy du mesme droit dans celluy de Thoul, dont
l’on pourroit faire veoir les actes, et un temps immémorial qu’elle est aussy en possession
de celuy de Verdun. Le droit de protection a esté paisiblement exercé avec toute sorte
d’avantage et marque de supériorité, et l’on peut dire que la possession en a esté paisible
puisque les prétentions contraires que les empereurs ont pu avoir n’ont pas empesché
qu’ilz n’ayent vescu depuis prez d’un siècle comme il a esté dit en paix et amitié avec les
roys de France. Les articles qui ont esté accordez n’ont fait que changer l’ancien droit de
protection en celluy de souveraineté et de supériorité, quoyqu’en la forme que celuy de
protection avoit esté longuement exercé par les roys de France il ne fust pas beaucoup
différend de l’autre. Cette convention a esté faite pour rendre la paix de l’Empire durable,
et éviter à l’advenir tous subjetz de différendz entre la couronne de France et l’Empereur.
Ce ne seroit pas un bon chemin pour parvenir à la paix ny un moien propre pour appaiser
les nouveaux différens qui ont causé la prise des armes dans l’Empire, de réveiller les
anciens et faire revivre de vieilles prétentions abolies par un usage contraire. Cette pensée
donner〈oit〉 un juste sujet de deffiance à tous les voysins qui possèdent aujourd’uy des
Estatz sur lesquelz l’Empire a eu droit autreffois. La pluspart des autheurs depuis longues
années n’ont plus compté ces Trois-Eveschez dans le nombre des estatz de l’Empire, et les
ont mis dans la dépendence de la France, qui y a tousjours envoyé des gouverneurs et
officiers sans que l’Empire s’y soit opposé ny en ayt fait plainte. Il n’y a pas donc sujet de
se remuer ny de prendre intérest en ce qui a esté fait pour ce regard, comme on pourroit
faire en d’autres lieux qui seroient encores aujourd’uy sans contredit des dépendences de
l’Empire. La première nouveauté qui a esté entreprise contre les droitz de la France a esté
faite par le duc Charles, quand pour exciter des divisions entre l’Empire et la France affin
d’en proffiter, il se servit du nom de l’Empereur pour faire fortiffier Moyenvic
esté l’une des causes des troubles présens.
Pour
de la supériorité de l’Empereur en celle de la couronne de France:
Premièrement l’on ne prétend pas comme quelques-uns d’eux l’ont cru que cette supério-
rité soit acquise au Roy en conséquence des fiefz que lesditz estatz possèdent dépendans
et relevans des Trois-Eveschez. On sçait bien que la qualité de vassal est différente de celle
de subject, et que dans l’Allemagne l’une n’attire point l’autre. On ne pense point de la
part de la France à establir de nouvelles formes dans l’Empire ny à changer les anciennes,
mais on soustient avec raison que l’Empereur ayant cédé au Roy «supremum dominium,
iura superioritatis aliaque omnia» que l’Empire pouvoit avoir sur lesditz estatz immé-
diatz , en conséquence de cette cession ilz doivent estre désormais sous la supériorité de
la couronne de France et non plus sous celle de l’Empereur, attandu que cette cession n’a
esté faicte que pour coupper chemin à toutes sortes de différendz à cause du droit de
protection qui appartenoit desjà à la couronne de France en toute l’estendue desditz
Trois-Eveschez.
2) Lesditz estatz n’ont pas plus de droit de l’empescher que les trois évesques et les trois
villes qui estoient autreffois (à ce que l’on dit) estatz immédiatz de l’Empire aussy bien
qu’eux.
3) Sy les électeurs et autres grandz princes de l’Empire ont contribué volontairement de
leurs Estatz, et se sont accommodez au temps présent pour establir le repos dans leur
patrie, lesditz estatz qui se rencontrent dans l’estendue desditz éveschez ne doivent pas
avoir regret au changement qu’ilz y souffrent pour un sy grand bien.
4) Veu mesme qu’ilz n’en recevront aucun préjudice réel et qu’ilz demeureront estatz
immédiatz soubz l’authorité et supériorité de la couronne de France, comme ilz l’estoient
autreffois sous celle de l’Empereur, sans qu’on ayt intention d’apporter aucun change-
ment ez leurs qualitez, prérogatives, dignitez, exemptions et privilèges, dont ilz jouiront
paisiblement soubz l’obéissance du roy de France, et avec espérence d’en recevoir plustost
des grâces à l’avantage de leurs maisons qu’aucune sorte de préjudice.
Quant au duc Charles de Lorraine pour les intérêtz duquelz on fait plus de bruit, c’est là
où il se doit rencontrer moins de difficulté. Entre les tiltres et droitz que le roy très-chres-
tien a contre luy il y en a quatre principaux qui sont indubitables.
Le premier est tiré de la protection qui appartient de longue main à la France sur les
Trois-Eveschez contre laquelle les ducs de Lorraine ayans fait en divers temps plusieurs
entreprises et usurpations en quoy ilz ont esté souvent favorisez par le crédit et authorité
que les princes de leur maison ont eu dans les affaires de France, il y a eu tousjours de très
grandz différendz entre la France et eux pour ce sujet, où lesditz ducs ayans persisté en
leurs usurpations, les troubles du royaume et quelques autres considérations ont empes-
ché le roy très-chrétien de se faire faire raison jusqu’à présent.
Le second est fondé sur la conqueste qui a esté faite de tous les Estatz dudit duc par une
juste guerre, où il a tousjours esté l’aggresseur après mesme avoir violé les divers traictez
qui ont esté faictz avec luy.
Le troisième est tiré du dernier traicté solemnellement fait à Paris
Gemeint ist der Vertrag von Paris vom 29. März 1641 (s. [ nr. 1 Anm. 21 ] ).
s’estant rendu volontairement et sans y estre convié pour obtenir par cette franchise et
par ce respect rendu au feu roy Louys XIII la restitution de ses Estatz, elle luy fust
libérallement accordée à condition qu’il demeureuroit ferme à l’ad[v]enir dans le party
de Sa Majesté. Qu’il renonceroit à toutes autres alliances, et que s’il contrevenoit à sa
promesse pour la 4 e fois comme il avoit desjà fait par trois autres
remettre entre les mains du Roy tous les Estatz et places qui luy devroient estre rendues,
et consentoit qu’ilz demeurassent pour jamais unis à la couronne de France. Cette pro-
messe fust faite et jurée publiquement sur les saintz évangiles, non seulement à la veue
de toute la cour de France , mais encor une seconde fois à Bar-le-Duc
solemnitez lorsque ledit duc eust esté restabli dans ses Estatz dont les actes sont publics
et peuvent estre monstrez à ceux à qui il resteroit quelque doubte, en suite de quoy ledit
duc tesmoigna hautement par ses discours et plusieurs de ses lettres qu’il estoit très
obligé au Roy, et demeuroit très satisfait des grâces qu’il avoit receues de Sa Majesté. Il
n’y auroit jamais de seureté dans les affaires du monde, sy on pouvoit aujourd’uy révo-
quer en doubte l’exécution de ce traicté qui acquiert si légitimement au Roy tous les
Estatz dudit duc, veu mesme qu’il a fallu supporter des dépenses excessives et recevoir
des préjudices extrêmes dans d’autres desseins pour reprendre par les armes les places
qui luy avoient esté rendues, ce qui donne à Sa Majesté le second droit d’une juste
conqueste sur lesditz Estatz.
Le
pas acquis par les armes et par les raisons touchées cy-dessus la propriété des Estatz dudit
duc, il ne pourroit pas disputer au Roy la supériorité et souveraineté sur les terres et pays
qui relèvent des Trois-Eveschez, et qui sont situez dans leurs diocèses, puisque ledit duc
ne désadvoue pas que la supériorité et souveraineté sur lesditz terres et pays n’ayt cy- de-
vant appartenu à l’Empereur, qui en a faict cession au Roy par les articles du 13 septem-
bre , ainsy qu’il a esté preuvé cy-devant. Ledit duc ne peut pas estre recevable à empescher
l’effect de ladite cession, puisque ceux mesmes desquelz il relève comme vassal ( principa-
lement l’évesque de Metz) ne s’y opposent pas et n’ont pas droit de le faire.
On objecte trois choses en faveur dudit duc:
Il est estat de l’Empire comme marquis de Nomeny
sans qu’il y soit compris.
2) Par la transaction faitte à Nur〈em〉berg en l’année
dre les ducs de Lorraine.
3) Estant vassal pour raison des terres qu’il possède dans les Trois-Eveschez, il n’est pas
juste de l’abandonner, ayant esté comme il dit tousjours très fidelle à l’Empereur.
Mais il est aisé de respondre à ces trois objections. Sur la première, on ne refuse pas de
comprendre ledit duc dans la paix, pourveu qu’il désarme, et qu’en exécution du traicté
par luy fait à Paris, il renonce à toutes ses prétentions sur les Estatz que le Roy possède à
présent, qui ne vallent pas les immenses dépenses qu’il a fallu faire pour les reprendre tant
de diverses fois avec les armes, mais il n’y auroit point de justice dans le monde, ou pour
le moins on pourroit dire qu’elle ne règneroit pas dans l’Empire, sy un prince pour estre
estat de l’Empire avoit la liberté de provoquer par les armes et par diverses injures un roy
son voisin, et sy ayant eu du pire en ses entreprises, et faict plusieurs traictez qu’il a vio-
lez , il estoit dispensé de les exécuter pour ce qu’il est estat de l’Empire. On ne sçauroit
monstrer que 〈par un〉 semblable
toute la chrestienté a tant de besoin.
On pourroit se contenter de dire sur la seconde objection que la prétendue transaction de
Nuremberg 〈fait en〉 1542 n’a jamais esté observée de la part dudit duc ny de la part de
l’Empire non plus que celle de Bourgogne du 1548 au préjudice de laquelle l’Empire n’a
jamais voulu s’intéresser dans les guerres des Pays-Bas. Mais quand il la faudroit exécuter,
l’intention des parties n’a pas esté en faisant cette transaction que par ce moien il fust
permis aux ducs de Lorraine de troubler et inquietter impunément leurs voysins, on n’a
entendu que de les deffendre, en cas qu’ilz fussent attaquez injustement et sans cause, ce
qu’on ne peut pas dire avoir esté fait de la part de la France, qui s’est tousjours très vo-
lontiers accordée amiablement avec ledit sieur duc toutes les fois qu’il s’est voulu mettre à
la raison.
S’il n’eust point reffusé de rendre l’hommage qu’il doit à la couronne de France comme
duc de Bar
pire n’avoient aucune sorte d’intérêtz, jamais on n’eust exercé d’hostilitez contre luy. On
eust continué de le traitter en amy et en voysin comme on avoit tousjours fait, veu mesme
que le différend de Moyenvich qu’il avoit excité à mauvaise intention (et comme on le
veut croire sans l’ordre ny le sceu de l’Empereur) avoit esté terminé avant le premier
traicté qui fust fait avec ledit duc
esté remise entre les mains de Sa Majesté selon la raison et la justice.
Mais supposé que l’Empereur fust intéressé dans toutes les entreprises que ledit duc a
faites contre la France (ce qui n’est pas) sy l’on veut bien examiner sa conduite envers
l’Empereur, on trouvera que cette fidélité que les siens exaggèrent sy fort n’a pas esté à
l’espreuve des moindres petitz avantages qu’il a peu rencontrer en s’accommodant avec le
feu roy. Les quatre traictez
Gemeint sind die frz.-lothringischen Verträge von Vic vom 6. Januar 1632 (s. Anm. 53),
von Liverdun vom 26. Juni 1632 (Text (frz.): DuMont VI.1, 39f; d ’ Haussonville I,
382–385), von Nancy vom 6. September 1633 (Text (frz.): DuMont VI.1, 54f; d ’ Haus-
sonville I, 406–409) und von Paris vom 29. März 1641 (s. [ nr. 1 Anm. 21 ] ).
qui ne porte une renonciation formelle à l’amitié et à toutes les alliances de la maison
d’Austriche. Peut-estre dira-t-on que ledit duc avoit oublié en le faisant que l’Empereur
estoit de cette maison. On demande donc sy après les avoir faictz, il n’y a pas eu autant
d’infidélité de les rompre qu’il y en avoit eu de les faire contre son serment et son devoir
qu’il ne faudroit pas alléguer maintenant
sujet très légitime à l’Empereur de l’abandonner puisqu’il a renoncé à son amitié et à son
alliance? Seroit-il juste que pour authoriser un manquement de parolle et la rupture de
plusieurs traictez, on retardast la paix de toute l’Europe? S’il faut que quelqu’un souffre
pour le public, ne vaut-il pas mieux que ce soit un vassal qui a manqué à son devoir, qui a
fait des traictez particulliers quand par sa propre confession il estoit obligé de faire la
guerre pour son souverain? A[-t]-il raison aprez cella de prétendre qu’on rompe un traicté
général, et qu’on immortalise la guerre pour l’amour de luy? Il y a bien peu d’apparence
qu’une assemblée sy renommée, par la sincérité et par la bonne foy comme celle des estatz
de l’Empire, puisse prendre une telle résolution qui seroit contraire à la justice, et qui
l’engageroit à authoriser un manquement de foy et à soustenir un parjure, au mespris de
tout ce qu’il y a de plus sainct et inviolable parmy les hommes sans que l’on en pust
espérer autre fruit que la continuation de la guerre.
2 Promontorio an Mazarin (fehlt).