Acta Pacis Westphalicae II B 6 : Die französischen Korrespondenzen, Band 6: 1647 / Michael Rohrschneider unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter MIthilfe von Rita Bohlen
147. Memorandum Ludwigs XIV. für Longueville, d’Avaux und Servien Paris 1647 September 13
Paris 1647 September 13
Kopien: AE , CP All. 89 fol. 98–109; datiert 1647 September 14 = Druckvorlage; AE , CP
All. 102 fol. 101–108; Ass.Nat. 273 fol. 455–463. Konzept: AE , CP All. 85 fol. 177–184.
Empfangsbestätigung. Aufgrund spanischer Umtriebe Gefahr einer engeren Verbindung der
protestantischen und katholischen Reichsstände zum Nachteil Schwedens und Frankreichs.
Gegen den Einfluß fremder Mächte gerichtete Tendenz im Reich. Unterstellung fehlender
französischer und schwedischer Friedensbereitschaft. Nachrichten über die Hoffnung der
Spanier auf die Bildung einer Liga der katholischen Reichsstände und der Verständigung
der protestantischen Reichsstände mit dem Kaiser. Entscheidung Kurkölns gegen den Ulmer
Waffenstillstand.
Demonstration des Friedenswillens der Kronen und Mäßigung der schwedischen Militärsa-
tisfaktionsforderung erforderlich; gegebenenfalls Friedensschluß im Reich. Interessen Herzog
Karls von Lothringen. Kaiserliche Assistenz für Spanien. Schwedische Militärsatisfaktion.
Schwedischer Friedenswille.
Zur Haltung des Kurfürsten von Bayern: nach wie vor Drängen Krebs’ auf Abschluß einer
französisch-kurbayerischen Allianz; Unterredung Mazarins mit Krebs: Versicherung der
französischen Friedensbereitschaft. Keine übereilte Abreise Krebs’.
Spanische Bemühungen zur Verhinderung des Friedens im Reich. Schwedische Militärsatis-
faktion . Zur Aufnahme der meuternden Weimarer durch Königsmarck. Keine Unterstüt-
zung für Turenne durch hessen-kasselische Truppen aufgrund der Haltung des Kurfürsten
von Köln. Frankreichfreundliche Einstellung Landgraf Wilhelms VI. von Hessen-Kassel.
Französisch-spanische Verhandlungen: Billigung des Assistenzartikels und der Erklärung der
Mediatoren. Freude über die Gewogenheit der Mediatoren und die Disposition Contarinis zur
Verhinderung eines spanisch-niederländischen Sonderfriedens. Friedensbereitschaft Erzher-
zog Leopold Wilhelms vermutet. Militaria. Lage in Neapel und Sizilien. Notwendigkeit eines
Friedensschlusses für Spanien. Finanzielle Mittel zur Fortsetzung des Krieges. Friedenswille.
On a receu la despêche desditz Sieurs Plénipotentiaires du 2 e du courant.
Il est indubitable que les changemens que l’on voit si notables dans la
négotiation de la paix de l’Empire que l’on tenoit comme conclue et où
on fait maintenant des difficultés en toutes les choses qui regardent cette
couronne, procèdent principalement de ce que les ministres d’Espagne
ont trouvé moien de s’emparer de la direction de ces affaires-là. Et néant-
moins ils sont si adroitz à cacher leurs artiffices que lorsqu’ils empeschent
ou retardent seuls ce bien à la chrestienté, ils ne laissent pas de vouloir
imprimer dans l’esprit d’un chacun que le blasme n’en doit estre imputé
qu’aux couronnes de France et de Suède, et jusques icy ilz y réussissent si
heureusement que tous les estatz de l’Empire autant protestans que catho-
liques en estans comme persuadés, il est à craindre si on n’y apporte un
prompt remède de voir bientost esclorre quelque union entre ces
princes-là qui soit préjudiciable à l’avancement de la paix et aux intérestz
des couronnes alliez.
On considère que les Allemans en général n’ont aucune bonne volonté
pour les estrangers, et que quand ceux du parti protestant ont souhaitté
l’assistance des couronnes et se sont attachez à elles, ce n’a esté que pour
conserver leurs privilèges, ou rentrer dans ceux que la violence leur avoit
fait perdre, modérer la puissance de l’Empereur et luy oster l’usage de
l’authorité despotique qu’il exerçoit sur eux en toutes rencontres, mais
aujourd’huy qu’ils en sont venus à bout par l’appuy que leur ont donné
les armes de France et de Suède, il est bien à craindre que s’ils estoient une
fois persuadez que ces couronnes visent de concert à reculer la conclusion
de la paix pour augmenter leurs conquestes dans l’Empire, les cajolleries
et les artifices des Espagnolz se meslans là-dedans, ils ne songeassent
bientost à se rejoindre tous sous un seul chef qui seroit l’Empereur et
que recevans de luy toutes les asseurances qu’ils pourroient désirer pour
l’accomplissement de ce qui leur a desjà esté accordé, ilz ne luy donnas-
sent en eschange toutes les assistances qui seroient en leur pouvoir pour
chasser les estrangers de l’Empire.
Desjà quelques-uns ont eu la malice de faire remarquer aux autres que tant
de païs et de places que les Suédois occupent en Allemagne ne sont gardées
que par des Allemans, que leurs armées ne sont pour la plus grande part
composées que d’officiers et soldatz de cette nation, qu’il n’y a que la divi-
sion qu’on a semé parmy eux qui les fasse devenir la proie des estrangers, et
que s’ils prennent une bonne résolution de se réunir, ils subjug[u]eront fa-
cilement ceux-là mesme qui leur donnent aujourd’huy la loy.
Les protestans commencent à n’estre pas moins persuadés que les catho-
liques que la Suède ne veut point de paix. Le sieur Krebs nous asseure que
tout le parti protestant en condanne le retardement autant et plus que
l’autre, comme la nécessité que tous les deux en ont est esgale. Ledit
Krebs parlant à monsieur le cardinal Barbarin luy a dit que c’estoit un
grand malheur pour la France que Leurs Majestés aians une passion très
forte de conclurre promptement la paix comme il n’en doutoit point, il
n’y ait néantmoins personne sensée dans l’Empire ny ministre à Munster
qui le croie.
Les Espagnolz d’ailleurs ne s’espargnent pas à donner à un chacun cette
impression. Ilz disent que quand la France souhaitteroit la paix pour son
intérest particulier, l’union qu’elle a avec la Suède est telle que plustost
que nous opposer en rien à ses intentions, que l’on peut assez juger par
la belle prétention que cette couronne-là a mis en avant pour la satisfac-
tion de sa milice, nous continuerons la guerre autant qu’elle voudra, espé-
rans de nous agrandir de plus en plus sur les ruines des princes de l’ Em-
pire .
La manière hautaine des ministres suédois ne contribue pas peu à aigrir
contre la Suède les espritz d’un chacun. On n’entend que plaintes de tous
costés du procédé du sieur Oxenstiern qu’ils disent ne parler jamais avec
moins d’authorité que s’il estoit empereur et tousjours en menaçant et vou-
lant donner hautement la loy, dont les ministres d’Espagne et leurs par-
tisans dans l’Empire se servent fort utilement pour parvenir à leurs fins.
Pour conclusion de tout ce discours qu’on a fait pour monstrer la crainte
que l’on doit avoir de voir former des unions en Allemagne contre les
couronnes alliées, on fera sçavoir à Messieurs les Plénipotentiaires les
avis qu’on a eu de divers endroitz et particulièrement de Bruxelles, que
les Espagnolz se flattent qu’il ne passera guères de temps qu’on ne voie
tous les princes catholiques d’Allemagne ligués ensemble pour s’opposer
aux estrangers, et mesmes que les protestans de façon ou d’autre adhére-
ront désormais au party de l’Empereur.
A quoy on peut adjouster la déclaration qu’a faite l’électeur de Coulogne
de ne vouloir point exécuter le traitté de suspension arresté à Ulm, et les
considérations qui se doivent faire sur le contrecoup que cette résolution
porte à l’esgard de monsieur de Bavières dont il sera parlé cy-après.
Or comme la
unions qui se peuvent former à nostre préjudice, n’est autre que la créance
que l’on a généralement que les couronnes alliées ne veulent point la paix,
il semble que le moien le plus propre pour les prévenir c’est de destruire
le fondement sur lequel on les veut bastir et faire toucher au doigt à un
chacun, comme on le peut facilement, que les deux couronnes souhaittent
sincèrement la paix et sont prestes de la signer dès que les Impériaux vou-
dront y entendre tout de bon et donner des satisfactions raisonnables sur
le peu de pointz qui restent à ajuster et à accommoder.
Par ce moien ou la paix se conclura en peu de jours ou au moins les cou-
ronnes aians fait connoistre qu’elles n’obmettent rien de ce qui est en leur
pouvoir pour moienner le repos de l’Empire, personne n’ignorera que ce
ne soit les Espagnolz qui le retardent par leurs artiffices et pour leurs
intérestz particuliers. Et ainsy le parti catholique et le protestant ne se
déféront pas seulement de toutes les pensées qu’ils auroient pu auparavant
concevoir contre la France et la Suède, mais il est vraysemblable qu’estans
irrités alors de la continuation de leurs maux ils obligeront l’Empereur
d’avoir plus d’esgard à leur besoin et à leurs instances qu’à toutes les per-
suasions et prières des Espagnolz, qui en semblables occurences sçavent si
bien sacrifier les intérestz publics et ceux de leurs plus chers amis aux
moindres qu’ilz aient en leur particulier.
Il semble que la principale et la plus utile application que puissent avoir
Messieurs les Plénipotentiaires sur tout ce que dessus doit estre de repré-
senter vivement aux ministres de Suède dans quels inconvéniens nous
pourrions tomber les uns et les autres si on ne prévenoit les ligues que
les Espagnolz taschent de former dans l’Empire, en faisant voir par les
facilités que les couronnes apportent à la paix, qu’il ne tient point à elles
que ce grand œuvre ne s’achève au plus tost; qu’il importe pour cella que
cette prétention exorbitante pour la satisfaction de leur milice qui sonne si
mal dans toute l’Allemagne, soit modérée sans délay à une somme raison-
nable , et qu’il n’y ait pas impossibilité d’exiger; que nous ne leur donnons
point de conseil que nous ne prenions pour nous-mesme[s], estans prestz
de donner les mains à des tempéramens équitables qu’on pourra trouver
sur le point de l’assistance de l’Empereur aux Espagnolz que nous contes-
tons il y a sy longtemps et sur toutes les autres choses qui sont en dis-
pute Enfin comme ils connoistront aussy bien que nous le péril qu’il peut
y avoir pour eux de laisser former des unions nouvelles entre les princes
d’Allemagne soit catholiques soit protestans et que cella seroit capable de
leur mettre en compromis tous les grans avantages qu’ils asseurent à la
Suède par ce traitté s’il se conclud, il est à croire qu’il ne faudra pas em-
ploier beaucoup de paroles pour leur persuader ce que nous désirons
d’eux dans cette rencontre puisque leur intérest ne s’y trouve pas moins
que le nostre.
Cella une fois bien estably et ce concert estant arresté entre nous et les
ministres de Suède, Messieurs les Plénipotentiaires ne travailleront pas
simplement pour l’apparence à imprimer avec toute leur industrie dans
l’esprit d’un chacun avec quelle passion et quelle sincérité la France sou-
haitte la paix, mais en effect Sa Majesté désire que si Messieurs les Pléni-
potentiaires reconnoissent qu’il y ait véritablement quelque péril à crain-
dre de ce qui est à présent sur le tapis et de la mauvaise satisfaction qu’ont
généralement tous les Allemans de voir retarder la paix qu’ilz s’estoient
promis d’avoir bientost, ou que le traitté d’Espagne ne soit pas prest vray-
semblablement à estre achevé de longtemps, ils passent outre à la conclu-
sion de la paix de l’Empire suivant le pouvoir qu’ils en ont et aux condi-
tions qui leur ont esté mandées , lesquelles ne peuvent estre refusées des
Impériaux s’ils ont véritablement envie de sortir d’affaires, d’autant plus
que nous recevons avis de divers endroitz qu’il n’y aura aucune difficulté
pour les intérestz du duc Charles et qu’il n’y a aucun ministre des estatz
ou princes de l’Empire qui voulust avoir donné sa voix pour continuer la
guerre un seul jour pour cet intérest, dont le sieur Krebs a parlé positive-
ment et de la part de son maistre et de la sienne. Il a ajousté que l’on
tiendroit fidellement tout ce qui nous fut accordé il y a aujourd’huy un
an
Gemeint sind die ksl.-frz. Satisfaktionsartikel vom 13. September 1646 (s. [ nr. 1 Anm. 17 ] ).
quelques tempéramens qui sont les mesmes dont Messieurs les Pléni-
potentiaires avoient escrit cy-devant et sur lesquels Sa Majesté après leur
avoir fait sçavoir ses sentimens leur a donné pouvoir de faire tout ce qu’ilz
jugeroient plus à propos .
Et pour ce qui regarde les Suédois comme le sieur Chanut nous asseure
tousjours de la volonté de la reine et des résolutions de tout le sénat pour
la conclusion de la paix, et qu’il ne reste plus ce semble autre point à
vuider que celuy de la satisfaction de la milice, il y a apparence sur ce
que l’on a cy-devant présupposé que les ministres de ladite couronne y
apporteront de telles facilités qu’il ne retardera pas l’accommodement,
d’autant plus que s’ilz faisoient autrement, il ne seroit pas juste de conti-
nuer la guerre pour le plus ou le moins de cette satisfaction de la milice ny
que la France leur paiast les subsides accoustumés.
Mais il faut espérer qu’on n’aura pas occasion d’entrer en de pareilles
contestations avec les Suédois puisque nous voions par les dernières des-
pêches dudit sieur Chanut
que s’estant agité une question dans le sénat de ce qui seroit à faire en cas
que l’Empereur refusast de promettre de ne point assister les Espagnolz et
que la France y insistast tousjours, tous avoient esté d’avis unanimement
qu’après le premier office rendu la Suède pouvoit et devoit conclurre
quoyque la reine en arrestât après la délibération par son authorité, mais
c’est tousjours une marque certaine de l’envie qu’on y a généralement de
la paix.
Il reste à parler de monsieur de Bavières, de la conduitte qu’il tient, et de
celle qu’on doit tenir avec luy.
Il est certain que beaucoup de choses concourent toutes à la fois à faire
prendre du soupçon de ses intentions: la résolution de l’électeur de Cou-
logne son frère de rompre la neutralité qu’il n’est pas à présumer qu’il ayt
faite sans son sceu et son agréement; le refus qu’il a fait luy-mesme de
délivrer sa ratification du traitté d’Ulm, quand le général Wrangel luy a
envoié celle de la reyne de Suède dans le temps qui avoit esté stipulé; le
rappel de l’assemblée du baron de Hazelang en mesme temps qu’il rap-
pelle aussy de cette cour le sieur Krebs
la place de l’autre à Munster; et enfin les discours qu’a tenus ledit baron à
son départ que Messieurs les Plénipotentiaires marquent ne les avoir pas
beaucoup satisfaitz.
Mais avec tout cella et nonobstant toutes les ligues qui se projettent entre
les princes catholiques, on sera bien surpris s’il prend quelque résolution
qui renverse en un instant tout ce qui vient d’estre ajusté à Munster dans
ses affaires.
Le sieur Krebs n’a rien oublié pour asseurer Leurs Majestés de la dévo-
tion que son maistre a pour cette couronne, de la fermeté de son attache-
ment et de sa sincérité. Il ne nie pas que monsieur de Bavières ne soit
entièrement persuadé que la Suède ne veut point de paix, et qu’il n’ appré-
hende vivement la destruction totale de la religion catholique en Alle-
magne dans la continuation de la guerre, mais il proteste au mesme temps
que quoy qui puisse arriver, jamais ledit duc ne prendra de résolution que
du consentement de la France qu’il regarde aujourd’huy comme le seul
appuy qu’il ayt de sa maison.
Il nous a tousjours pressé pour achever l’alliance, mesmes depuis qu’il a
receu ordre de son maistre de s’en retourner, et quand on luy a fait remar-
quer le peu d’apparence qu’il y avoit de contracter de nouvelles alliances,
monsieur de Bavières aiant refusé de ratifier un simple traitté de suspen-
sion , il a asseuré qu’il le ratifieroit, et que le délay qu’il y avoit apporté
n’estoit que pour voir ce qui réussiroit de la négociation qu’on avoit
trouvé bon d’introduire à Munster pour la rétention des places de Wir-
tembergh qu’il eust esté obligé de restituer aussytost après sa ratiffication
dellivrée.
Quand on luy a dit le petit eschec qu’a receu depuis peu l’armée suédoise
en Bohême, il a respondu d’abord que d’autant moins il y avoit à craindre
que son maistre s’engageast en ces affaires-là puisque les désavantages des
Suédois estoient la seureté de la religion dont l’intérest seul (s’il y en avoit
aucun) pouvoit estre capable de le faire remuer après ce qui a esté accordé
à Ulm.
Ledit Krebs eut hier une longue conférence avec Monsieur le Cardinal
dont il parut qu’il
paix et de nostre sincérité. Ledit Sieur Cardinal luy fit connoistre que le
retardement de ce bien au moins pour ce qui regarde l’Empire, ne pro-
cédoit que de la nouvelle conduitte des ministres de l’Empereur, qui
n’agissant plus que par le conseil et suivant les mouvemens du comte de
Penneranda sacrifioient tous les intérestz de l’Empire et les particuliers de
l’Empereur à la volonté du roy d’Espagne qui n’aiant pas envie de faire la
paix avec la France croioit estre de son service de l’empescher aussy en
Allemagne. Cella fut appuié par tant de raisons qu’il en comprit la vérité
et tesmoigna d’en demeurer d’accord.
Quand on l’a sondé pour connoistre s’il avoit grande haste de partir affin
de juger de là si son maistre pensoit à quelque résolution précipitée, il n’a
apporté aucune résistance à s’arrester pourveu que son séjour fût emploié
utilement et qu’on travaillast au traitté d’alliance.
Il est aussy à remarquer que partant il laissera icy un associé
dans les affaires qui demeurera en qualité de résident avec pouvoir de
traitter ladite alliance.
Voillà tout ce que l’on a sceu et considéré icy sur le sujet de ce prince et
de sa conduitte. Ce sera maintenant à Messieurs les Plénipotentiaires
après avoir bien examiné tout d’en représenter fortement aux Suédois les
conséquences, et combien il leur importe aussy bien qu’à nous de mesna-
ger ledit prince, affin que la dureté qu’ilz ont pour toutes les choses qui le
regardent ne le porte à la fin à des résolutions qui seroient très domma-
geables à la cause commune. On attend avec impatience l’ordinaire pro-
chain pour sçavoir ce qu’aura peu avancer le sieur Servien à Osnaburg
avec les plénipotentiaires de Suède sur cette matière qui aura deu estre
un des principaux pointz de sa négotiation avec eux.
On reçoit tous les jours de nouveaux avis que les Espagnolz remuent ciel
et terre pour empescher la conclusion de la paix de l’Empire, ce qui con-
firme de plus en plus Sa Majesté dans la créance qu’on ne doit rien ob-
mettre pour l’achever, et quand il n’y auroit d’autre raison que celle-là
seule que noz ennemis l’appréhendent tant.
Il semble aussy que ce qui regarde la France estant ajusté comme il le sera
facilement, nous pourrons presser les ministres de Suède sur le point de la
satisfaction de leur milice avec bien plus de raison qu’ils ne nous pressoient
il y a quelques mois sur celuy de l’assistance de l’Empereur aux Espagnolz.
Sa Majesté a veu ce que Messieurs les Plénipotentiaires mandent du des-
sein qu’il semble que Königsmarck ait de s’approprier le corps des muti-
nés de nostre armée d’Allemagne. On recevra icy beaucoup de consola-
tion de cet accident si ce renfort peut servir au général Wrangel, ne dou-
tant point qu’après d’une façon ou d’autre on ne retire de luy ou les mes-
mes mutinés ou des forces équipolentes, mais cependant le procédé de
Königsmarck n’est pas fort bon d’en user comme il fait, sans en avoir au
moins escrit ou à Messieurs les Plénipotentiaires ou au mareschal de Tu-
renne . On a mandé au sieur Chanut
maistresse, qui sans doute aura la générosité de donner de si bons ordres
que nous serons satisfaitz.
Le résident de Madame la Langrave nous asseure tousjours que sa mais-
tresse aura donné au mareschal de Turenne les trois mil hommes qu’on
luy a demandez, si ce n’est que la déclaration de l’électeur de Coulogne
luy ait imposé une nécessité absolue de ne se priver pas de ce corps.
escrit en termes bien pressans à madame sa mère. C’est un prince qui tes-
moigne avoir de fort bonnes intentions et grande passion pour cette cou-
ronne . Leurs Majestés le font loger et traitter et n’oublieront aucunes ca-
resses ny moiens pour faire qu’il soit satisfait de la France, et que quand il
en sortira, il ayt augmenté l’affection qu’il avoit pour elle en y entrant.
Quant aux affaires d’Espagne Leurs Majestés ont esté très aises de voir ce
qui s’est passé sur le point de l’assistance du Portugal. Elles ont approuvé
l’article 3 e du traitté et la déclaration des Médiateurs pour son explication
et loué la conduitte de Messieurs les Plénipotentiaires sur toute cette af-
faire dont nous aurons au moins tiré l’avantage de faire voir à tout le
monde par le tesmoignage propre des Médiateurs qui est le plus authenti-
que qu’on puisse avoir, que si la paix ne se fait point, il ne tient pas à cette
couronne, qui y apporte toutes les facilités qu’on désire d’elle, mais à
l’opiniastreté des Espagnolz, qui ont toutes leurs pensées tournées à la
continuation de la guerre.
On s’est aussy extrêmement resjoui d’apprendre qu’on 〈eû〉t gaigné
l’esprit des Médiateurs au point que le marquent Messieurs les Pléni-
potentiaires et d’autant plus qu’on croit qu’il ne sera pas malaisé de les
conserver tousjours en cette bonne assiette puisque ne désirans rien que
la paix et Leurs Majestés en aians la mesme passion ilz verront continuel-
lement de quel pied nous y marcherons et si nous ne nous mettrons pas à
la raison en tous les pointz qui restent à vuider sans qu’aucun bon succès
soit capable de nous enorgueillir. Cependant il faut cultiver avec soin la
disposition où paroist estre Contareni de donner de bons conseilz aux
ministres de Holande pour la conduitte qu’ils doivent tenir, et son entre-
mise sera tousjours un moien très propre pour empescher la conclusion
du traitté particulier que voudroient faire les Espagnolz avec Messieurs
les Estatz, parce qu’il verra bien que s’il estoit une fois achevé de tout
point, il ne faudroit plus espérer de paix entre les couronnes, ce qui seroit
la dernière ruine de la république de Venize qui à la longue ne peut avoir
de resource que celle de la paix entre les princes chrestiens.
Si les résolutions de Penneranda pour l’avancement du traitté d’Espagne
dépendent de l’Archiduc comme il a voulu donner à entendre, il y a ap-
parence que se trouvant pressé de nos armes comme il l’est aujourd’huy il
ne luy mandera rien qui ne soit fort pacifique, aiant pu reconoistre par
l’expérience de cette année et par l’estat où il se trouve quoyque d’abord
tout semblast avoir conspiré contre nous, qu’il n’y a pas grand avantage
ny gloire à attendre pour luy dans la continuation de la guerre.
Et à la vérité si les Espagnolz n’ont des révélations qui leur promettent
des avantages par des moiens qui nous sont incompréhensibles, il semble
qu’ils n’ont jamais eu plus de sujet de souhaitter la paix qu’ilz en ont
aujourd’huy.
Jamais ilz n’auront de
favorables que de celle-cy où toute sorte de disgrâces impréveues et irré-
médiables sembloient naistre à la foule de toutes partz pour renverser
l’estat florissant de nos affaires. Il est inutile d’en faire icy la répétition,
Messieurs les Plénipotentiaires qui en ressentoient à mesme temps le con-
trecoup dans leur négotiation ne s’en ressouviendront que trop, cepen-
dant à quoy ont abouty toutes ces belles espérances de nos ennemis par
les travaux et les soins qu’on a pris incessamment pour chasser le malheur
ou pour luy résister.
In Katalonien sind die spanischen Truppen noch immer jenseits von Ebro
und Segre ; Condé ist Herr der Lage geblieben und hat fünf oder sechs
bedeutende Stellungen befestigt.
In Flandern befinden sich die Spanier in der Defensive; Erzherzog Leo-
pold Wilhelm ist lediglich auf Verteidigung bedacht. Turenne wird in Lu-
xemburg seine beherrschende Stellung behalten. In den Spanischen Nie-
derlanden sind Erfolge zu erwarten.
Gemeinsames Vorgehen mit dem Herzog von Modena gegen Mailand,
das von zwei Seiten angegriffen werden wird. Nie zuvor war hier die
Lage so günstig. Flottenverstärkung. Die Bevölkerung in Neapel und Si-
zilien beabsichtigt, Don Juan de Austria
Don Juan (José) de Austria (1629–1679), natürlicher Sohn Kg. Philipps IV. von Spanien; er
war mit der Befriedung des Aufstands in Neapel beauftragt, die ihm bis April 1648 auch
gelang; in der Folgezeit erlangte er weitere hohe politische und militärische Ämter: 1648–
1651 Vizekg. von Sizilien, 1653–1656 Vizekg. von Katalonien, 1656–1659 Generalgouver-
neur der Span. Ndl., 1669–1677 Generalvikar von Aragón, 1677–1679 Erster Minister Kg.
Karls II. (1661–1700; 1665 Kg.) ( ABEPI II 483, 143–161; III 318, 352f; Castilla Soto ).
mit mehr als einer oder zwei Galeeren eintrifft.
Enfin plus on en examine l’estat présent des affaires et moins on trouve de
raisons qui puissent obliger les Espagnolz de retarder la paix.
S’ilz avoient fondé de grandes espérances sur les offres du duc de Van-
dosme ou sur la négotiation du faux Raré, ilz doivent maintenant en estre
désabusez.
S’ilz se promettoient de grandes choses en cas qu’ilz pussent achever leur
traitté particulier avec les Provinces-Unies, ilz ont fait l’essay cette cam-
pagne de ce qui en arriveroit quand ilz en seroient venus à bout, outre
qu’il ne semble pas qu’ilz soient dans le chemin de l’espérer.
S’ilz attendent quelque division dans ce royaume, jamais il n’a esté dans
un plus grand calme et jamais il n’y eut moins d’apparence qu’il puisse
estre troublé.
S’ilz se flattent que les moiens de continuer la guerre nous doivent man-
quer bientost, outre qu’il y a longtemps que cette pensée leur est ruineuse
et qu’il se peut dire qu’elle est en partie cause de tous leurs malheurs, on
peut leur faire sçavoir ce qui se passe icy depuis quelques jours où sans
qu’il ait esté besoin comme autrefois de la présence du Roy dans le Parle-
ment il a vérifié divers éditz par suffrages.
Il est bien vray qu’à ne rien cacher à Messieurs les Plénipotentiaires Sa Ma-
jesté n’a pas grand sujet d’en estre content pour les restrictions et modifi-
cations qu’ilz y ont apposées qui feront qu’on ne tirera pas grans secours.
Mais il ne faut pas laisser d’en tenir adroitement quelques discours avec des
personnes qui puissent publier la chose et luy donner grand esclat, comme
aussy de faire valoir le grand fonds qui reviendra au Roy du renouvelle-
ment de la paulette qui expire à la fin de cette année, affin que les Média-
teurs estans persuadés que nous ne pouvons non plus manquer d’argent la
campagne qui vient que celle-cy s’en servent utilement auprès des Espa-
gnolz pour les destromper de l’espérance qu’ilz en pourroient avoir.
Et comme tout ce qui est cy-dessus de l’estat présent général des affaires
sont des vérités constantes et non pas des illusions, il ne seroit pas mal que
les Médiateurs se voulussent donner la peine de monstrer ce tableau au
comte de Penneranda, qui est tout ce qu’il semble qu’on pouvoit faire
d’icy, car pour les événemens après ilz sont en la seule main de Dieu.
Mais c’est cella mesme qui nous en doit faire espérer toute sorte de béné-
dictions , chacun pouvant reconnoistre aisément que la passion que Leurs
Majestés ont pour la paix procède de leur pure bonté et du sentiment
qu’elles ont des maux que la guerre cause à la chrestienté, et qu’il n’y a
rien eu de si sincère que la protestation qu’elles ont tousjours faitte qu’ el-
les apporteroient plus de facilités à la paix lorsque les ennemis n’auroient
pas sujet de concevoir de grandes espérances par les armes que quand il
leur arrive des succès qui puissent faire croire que la scène doive changer à
leur avantage.