Acta Pacis Westphalicae II B 6 : Die französischen Korrespondenzen, Band 6: 1647 / Michael Rohrschneider unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter MIthilfe von Rita Bohlen
112. Mazarin an Longueville Paris 1647 August 22
Paris 1647 August 22
Kopie: AE , CP All. 101 fol. 320–322 = Druckvorlage. Konzept: AE , CP All. 85 fol. 84–85.
Teildruck: Mazarin, Lettres II, 477ff.
Rücksendung Montbas’. Postangelegenheiten. Verweis auf nr. 114. Klagen über die Haltung
Spaniens. Plan der Berufung Michel Mazarins zum Vizekönig von Katalonien.
On vous renvoye le sieur de Montbas comme on vous l’avoit mandé par
l’ordinaire dernier . Nous sommes en peine de ce que celuy qui arriva hier
de Bruxelles ne nous a rien apporté de votre part, comme il a accoustumé,
et nous ne sçavons à quoy imputer la cause de ce manquement.
Le mémoire du Roy est si ample qu’il me reste peu à y ajouster, il vous
apprendra diverses particularitez que nous ne sçavions point il y a quel-
que tems des belles raisons que les Espagnols ont eu de s’esloigner de la
paix. C’est une grande fatalité que des chimères que forge quelque cer-
veau creux et malicieux soient capables de priver toute la chrestienté
d’une si grand bien. Vous ne sçauriez croire à quel point de méchanceté
noire et diabolique sont allées les propositions qu’a faites ce faux Raré
ausquelles tout le conseil d’Espagne a non seulement adhéré, mais résolu
de n’obmettre aucun effort possible pour les faire réussir. Certainement si
on donnoit à connoistre aux Espagnols qu’on en sçait le détail, vous ne les
aborderiez jamais qu’on ne vît la honte imprimée sur leur visage. C’est
pourquoy dans les dispositions que chacun doit apporter de sa part pour
la réunion des esprits, on a douté icy s’il falloit s’en expliquer aussy avant
que nous le pourrions.
Nous avons esté extrêmement en peine icy pour le choix d’un vice-roy de
Catalogne quand Monsieur le Prince reviendra, et après avoir bien exa-
miné l’estat présent de la province et les qualitez des sujets sur lesquels
on peut jetter les yeux en France pour cet employ, qui sont en nombre
assez médiocre, parce que ceux-cy pour une raison, ceux-là pour une au-
tre, ne se trouvent pas fort propres, on a cru, et Monsieur le Prince en a
extrêmement aprouvé la pensée, que l’on ne pouvoit prendre une meill-
eure résolution que d’y envoier mon frère l’archevesque
afin de prendre soin du gouvernement politique, et un de messieurs les
maréchaux de France pendant la campagne, pour commander et faire
agir l’armée.
La raison est que comme on ne peut envoier personne en ce pays-là après
Monsieur le Prince, qui répare à beaucoup près la perte qu’ils feront en
luy pour toutes sortes de respects, il importe surtout de guérir l’esprit aux
peuples des impressions que les mal affectionnez leur donnent à l’instiga-
tion des Castillans que la France les veut abandonner, et de leur faire voir
qu’on est résolu de soustenir leurs affaires aussy vigoureusement qu’on a
jamais fait.
Vous me connoissez assez, Monsieur, pour ne douter pas, je m’asseure, que
quand on feroit choix pour cet employ-là d’une personne qui me fust en-
nemie, j’aurois la mesme passion de voir les affaires réussir sous sa condui-
te, et les mesmes soins de luy en faire donner les moyens que je sçaurois
prendre pour un frère; mais tout le monde ne le croira pas comme vous, et
quand les Catalans auront parmy eux une personne qui m’est si proche, et
qui me doit estre si chère, il sera assez malaisé aux ennemis de leur faire
croire que la France a dessein de les sacrifier; au contraire ils se persuade-
ront aisément que l’on n’oubliera rien pour faire réussir les choses sous la
direction de mon frère, et cette opinion est une des choses les plus impor-
tantes que nous ayons à souhaiter pour ce pays-là.
Du reste l’employ n’est pas fort friand pour une personne qui ne songe
point à acquérir de la réputation par les armes, et d’ailleurs n’estant d’au-
cun avantage, ny pour moy ny pour luy qui s’expose à divers inconvé-
niens qui peuvent arriver en cette province-là de beaucoup de manières,
et qui arriveroient peut-estre tout de mesme quelque autre choix que l’on
fist, je me flatte qu’un chacun connoistra bien que dans cette rencontre
j’ay mis en arrière toutes les considérations qui me regardoient en mon
particulier pour n’avoir esgard qu’au bien de l’Estat et au service de Sa
Majesté.