Acta Pacis Westphalicae II B 5,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 2. Teil: 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
191. Memorandum Ludwigs XIV. für d’Avaux Paris 1647 März 22
Paris 1647 März 22
Ausfertigung: AE , CP All. 79 fol. 185–201’ = Druckvorlage. Konzept: AE , CP All. 82 fol.
125–132’. Duplikat für Servien: AE , CP All. 99 fol. 194–209’. Kopie: Ass.Nat. 273 fol.
180–188.
Verhalten gegenüber den Schweden gemäß letztem Memorandum (nr. 179); deren Streben
nach Vormachtstellung in Deutschland und Ausschaltung des französischen Einflusses; Ent-
rüstung am französischen Hof hierüber angesichts der langjährigen Unterstützung der
schwedischen, protestantischen und pfälzischen Interessen durch die französische Politik;
dennoch Mäßigung gegenüber den Schweden geboten; Zuversicht über ihr baldiges Einlen-
ken . Erstaunen über die nachgiebige Haltung der Katholiken; Eintreten der Kaiserlichen
und der Bayern für katholische Interessen notwendige Bedingung für französische Festigkeit
gegenüber Schweden; Vermutung, daß die Kaiserlichen Kurbayern opfern könnten, um
Schweden zu gewinnen; nach Versicherung über die kaiserliche und kurbayerische Unter-
stützung jedoch Verwahrung gegen die schwedischen Ansprüche möglich. Anweisung zum
Verhalten in den Verhandlungen über die kurbayerischen Forderungen: notwendige franzö-
sische Zurückhaltung wegen möglicher von den Schweden drohender Gefahren für die katho-
lische Religion sowie der Unterstützung für den Pfälzer im Reich und durch mehrere europäi-
sche Mächte; Abhängigkeit des französischen Verhaltens von der Haltung des Kaisers; daher
keine eigene Initiative Frankreichs; Lösungsmöglichkeiten der Pfalzfrage. Verhandlungen mit
Kurbayern über eine Waffenruhe: unterschiedliche Interessen Schwedens und Frankreichs;
Argumentation gegenüber den Schweden, um sie von der Notwendigkeit einer sofortigen
Waffenruhe im Reich für die Franzosen zu überzeugen; Anführung des Präzedenzfalles Kö-
nigsmarck und weiterer Gründe zur Rechtfertigung des geplanten Abzuges Turennes von der
schwedischen Armee. Frage der schwedischen Bereitschaft zur Tolerierung einer französisch-
kurbayerischen Waffenruhe: Ausschluß militärischer Aktionen der Schweden gegen Bayern im
Falle ihres Zustandekommens unabdingbar; genaue Klärung der undurchsichtigen schwe-
dischen Offerte zu ihrer Duldung dringend erforderlich; Zweifel an der Integrität der schwe-
dischen Absichten; ihr möglicher Hintergedanke: Aufwiegelung des Kaisers gegen den Kurfür-
sten ? Überlegungen zur weiteren Verwendung durch eine Waffenruhe verfügbar werdender
Truppen. Übergabe bayerischer Plätze an Frankreich auf der Rechtsgrundlage des kurbayeri-
schen Protektionsgesuches und ihre dauerhafte Überlassung wünschenswert; diesbezügliche
schwedische Forderungen. Zustimmung zur Kritik d’Avaux’ am spanischen Gesamtentwurf
für den Friedensvertrag mit Frankreich vom 24. Februar 1647. Zufriedenheit mit einem später
datierten Geheimartikel zum französischen Assistenzrecht und zu einem einjährigen Waffen-
stillstand für Portugal. Freude über d’Avaux’ Einsatz für die Interessen Hessen-Kassels; Kritik
an der unverständlichen Unterstützung des Landgrafen von Hessen-Darmstadt durch die
Schweden. Zufriedenheit mit dem Empfang Krebs’ durch Oxenstierna; Anhalten Krebs’ zu
bayerischen Ergebenheitsbezeigungen gegenüber den Schweden.
La dépesche dudict sieur d’Avaux du 11 e du courant ne contenant en sub-
stance qu’une continuation des mesmes difficultez qu’il rencontroit à faire
comprendre |:raison aux ambassadeurs de Suède sur l’affaire palatine et
sur celles des protestans:|, on ne peut que se remettre au mémoire du
Roy qui luy fut adressé par l’ordinaire dernier , touchant la conduicte
qu’il a semblé icy qu’il pouvoit tenir avec lesdictz ambassadeurs, pour
les obliger de changer la leur; et on s’y confirme d’autant plus qu’il se
void que le mal est plus pressant, et qu’empirant au lieu d’amender, il
requiert d’autres remèdes et plus efficaces |:que celuy de la condescen-
dence que nous avons eue jusques icy pour tout ce qui a pu plaire indif-
féremment à noz alliés, et qui n’a servi qu’à leur donner l’audace de vou-
loir que tout passe selon leur caprice:|.
On |:reconnoît assez par l’estrange procédé qu’ilz tiennent dans l’ assem-
blée générale de la paix, et dans la particulière d’Ulm où l’on traicte d’une
suspension, que leur visée n’est pas seulement de remporter présentement
tous les avantages possibles, soit dans le traicté sy on les contrainct à le
conclurre, soit dans la continuation de la guerre s’ils peuvent nous y en-
gager , comme ilz regardent à s’establir en sorte pour l’avenir dans l’ Ale-
magne qu’ils puissent s’y passer de la France et donner seulz la loy à tout
l’Empire avec un peu de temps:|.
Ce fut en partie l’apréhension des inconvénients que nous voyons de plus
près aujourd’huy qui obligèrent Sa Majesté de chercher à retarder, |:soubs
divers prétextes, la jonction de l’armée de monsieur de Turenne avec la
suédoise:|, et que depuis on n’a rien oublié pour haster la conclusion de
la paix, bien qu’en ce tempz-là, il y eust moins de suject de craindre, le
duc de Bavières se trouvant encores avec toutes ses troupes en aussy bon
estat qu’elles eussent jamais esté. Mais à présent qu’on void plus clair
|:dans leurs intentions et que touttes les oppositions qu’ils peuvent bien
croire qu’ils trouveront en ceste couronne à qui ils doivent tout, ne sont
pas capables de les destourner tant soit peu du train qu’ilz ont pris:| pour
arriver à leurs fins, il faut de nostre costé continuer à prendre toutes les
précautions possibles pour les empescher de parvenir à celles qui nous
sont préjudiciables, dont on a désigné, ce semble, les moiens au sieur
d’Avaux par la dernière dépesche, et cela sans |:courir risque que nous
puissions en recevoir aucun mal:|.
Personne ne peut révocquer en doute, si on ne veut disputer une vérité
toute évidente, que le party protestant n’ait la principale obligation à la
France de la conservation de ses privilèges, et la maison palatine, de son
restablissement, puisqu’il est certain que les Suédois d’eux-mesmes ne
pouvoient faire que de vains efforts en faveur des uns et des autres, et
n’eussent ozé mesmes entreprendre d’en faire, sans estre assistez si
punctuellement et avec tant de fermeté des armes de cette couronne et
de son argent. Cependant les Suédois, non seulement ne se contentent
pas que le Palatin et tout le party protestant leur ait l’obligation qui leur
est deue avec justice, mais il ne leur suffit pas mesmes de priver la France
de la part qu’elle peut prétendre en cette obligation, s’ilz ne font encores
en sorte |:de luy susciter la haine de ceste maison, et de tout ledict party:|.
Jamais |:prince ne peut guères avoir plus de mescontentement d’un allié à
moins que de fausser entièrement la foy que le Roy a suject d’en avoir du
procédé des Suédois:|, parce que jamais Estat |:ne peut plus:| contribuer à
la gloire et à l’avantage d’un autre que la France l’a faict depuis quinze ou
seize ans pour la Suède, sans interruption. Mais, comme les marques que
Sa Majesté pourroit leur donner |:de son sentiment, et de son indignation,
seroient justes, elles ne seroient pas prudentes sy on ne les retient dans
une certaine mesure qui ne donne pas lieu à nos ennemis communs d’en
rire et d’en proffiter:|. C’est pourquoy il faut bien peser toutes choses, et
examiner meurement les résolutions que nous aurons à prendre en des
affaires qui ne peuvent estre |:ny plus délicates ny plus importantes:|.
Sa Majesté est aussy en grand repos d’esprict, quand elle fait réflection à
quelles mains cette négociation est commise, sachant bien que non seule-
ment le sieur d’Avaux, dans le séjour qu’il fera à Osnabruck, assisté des
bons conseilz de monsieur le duc de Longueville, n’y sçauroit faire de
faux pas, mais que son expérience consommée dans les affaires, joincte à
la cognoissance particulière qu’il s’est acquise, de longue main, de la ma-
nière la plus propre pour traicter avec la nation suédoise, outre la créance
qu’il a parmy eux, luy donneront bientost lieu de |:ramener ces espritz
farouches à la raison et à connestre le tort qu’ilz ont de mettre plus long-
temps en hasard:| les grands et solides avantages qu’ilz viennent d’assurer
pour jamais à leur Estat, et de différer le repos de la chrestienté pour des
choses qui ne le peuvent arrester un moment |:sans manquer à la charité,
au devoir de chrestien, et s’attirer un blasme, et des malédictions univer-
selles :|.
Aussy ne peut-on croire icy que lesdictz ministres de Suède ne se soient
desjà |:défaictz de ces extravagantes prétentions de 4 e électorat , et en-
suitte de la pensée de pouvoir faire tomber avec le temps la couronne
impériale sur une teste luthérienne:|.
Mais ce qui fait plus de peine à Sa Majesté, c’est qu’on ne remarque pas
par les dépesches dudict sieur d’Avaux, que le comte de Trantmanstorff,
ny les ministres de Bavières, ny aucun de ceux du party catholicque |:se
remue ny se mette en aucun devoir pour s’assurer de l’assistance et de
l’appuy de la France dans le refus qu’ilz seront obligés de faire aux Sué-
dois et protestans, et qu’il faille que ce soit la France qui les y anime, qui
les en recherche, et soit contrainte de leur offrir ce qu’ils devroient solli-
citer d’elle à tous momens:|.
Cela oblige d’autant plus Sa Majesté de rafraischir la mémoire au sieur
d’Avaux de ce qui luy a esté mandé il y a huict jours, qu’il estoit absolu-
ment nécessaire de |:s’assurer des Impériaux et des Bavarois:|, en sorte que
nous n’aions pas à craindre que |:la France agissant avec tant de chaleur et
de sincérité pour les intérestz de la religion qui doivent estre les leurs:|, ilz
voulussent, à l’instigation que leur en feront sans doute les Espagnolz, en
proffiter contre nous-mesme et se prévaloir |:des dégoustz que nous au-
rions donnés là-dessus aux Suédois, pour essaier de les séparer de nous:|.
Car comme l’Empereur sera irrité contre Bavières de ce qu’il aura voulu
traicter avec les deux couronnes, |:et particulièrement avec la France:|,
sans sa participation, et qu’il sera fomenté d’ailleurs en ce ressentiment
par les Espagnolz qui hayssent ledict duc, et qui ont intérest à la conti-
nuation de la guerre dans l’Allemagne, et à brouiller les uns contre les
autres, puisqu’ilz ne peuvent se résoudre à conclure la paix avec nous, il
se pourroit faire que l’Empereur, cognoissant que son repos deppend |:de
satisfaire entièrement les Suédois, et pour se vanger aussy du duc de Ba-
vières , leur sacrifie les intérestz que ledict duc a à démesler avec le Pala-
tin :|, encores qu’une telle résolution faicte contre toute raison et prudence
luy peust couster cher.
Ledict sieur d’Avaux doit donc avoir sans cesse l’œil à tenir les ministres
impériaux en l’assiette marquée cy-dessus, et faire agir en sorte |:ceux de
Bavières auprès d’eux:| pour les faire parler haut en faveur de leur maistre,
et touts ensemble pour les |:intérestz de la religion, dans l’assurance d’y
estre secondés et appuiez de la France. Que sy les Suédois joinctz aux
protestans continuoient de s’opiniastrer aux prétentions injustes:| qu’ilz
ont mises en avant, il y ait lieu de s’en bien deffendre et de les en faire
départir, |:sans rien gaster au reste pour la conclusion de la paix:|. Enfin, ce
fondement une fois bien estably que nous soyons |:assurés des Impériaux
et des Bavarois:|, on ne void aucun péril |:à parler aux Suédois avec une
fermeté qui les oblige de ramolir de ceste grande dureté:| qu’ilz ont eue
depuis qu’on a creu que toutes choses estoient ajustées.
Il y a beau champz de leur reprocher là-dessus ce qu’ilz nous ont souvent
protesté, que la satisfaction des couronnes estant une fois ajustée, les au-
tres affaires n’arresteroient pas beaucoup la conclusion de la paix, et il
pourra mesme ajouster que Sa Majesté s’est plaincte vivement à ses pléni-
potentiaires qu’ilz l’en eussent assurée si positivement par plusieurs de
leurs dépesches , et qu’à présent on voye |:que les Suédois tiennent un
procédé tout à faict contraire:|.
Quant à ce que mande le sieur d’Avaux touchant la protection que la
France peut donner |:au duc de Bavières sur les différens qui peuvent nais-
tre entre l’Empereur et luy, il n’y auroit pas à hésiter à prendre le parti du
duc de Bavières:|. Mais dans la conjuncture présente |:que les Suédois
pourroient proffiter de ceste division à la ruine de la religion catholique:|
et à nostre préjudice, il semble que nous devons tenir en cela une méthode
différente, et qu’il vaut bien mieux pour nous que nous concourions à
faire |:contenter Bavières d’une partie du Haut-Palatinat jusques à la con-
currence de sa debte, sy l’Empereur est uni avec tous les autres:| pour
l’obliger à s’en contenter, que |:de se déclarer ouvertement pour Bavières
contre le Palatin, l’Empereur estant pour celuy-cy:|. Car lorsque Leurs
Majestez ont assuré |:Bavières:| de leur protection en cette affaire, ç’a
tousjours esté sur ce fondement que |:l’Empereur tiendroit bon de son
costé pour luy:|, et y paroistroit le plus fascheux à estre vaincu. Et à la
vérité, |:le Palatin, le party protestant dans l’Alemagne, le parlement
d’Angleterre, le roy de Dannemarch, Messieurs les Estatz:| et la couronne
de Suède auroient touts suject de se |:plaindre de ceste couronne, sy après
avoir conservé au duc de Bavières la dignité électorale et plus qu’il ne luy
faut du Haut-Palatinat:| pour estre desdommagé entièrement des treize
milions de livres qui luy sont deuz, |:le Roy vouloit continuer la guerre
pour faire obtenir au duc de Bavières d’autres plus grands avantages dans
la paix:|, lors mesme que |:l’Empereur y seroit contraire:|, ou qu’il tesmoi-
gneroit qu’il doit se contenter de moins. Enfin, on revient tousjours à ce
qui est contenu dans la dernière dépesche, que nous ne devons pas dire les
premiers un seul mot pour ce qui regarde le plus ou le moins |:du Haut-
Palatinat sy l’Empereur ne porte l’affaire:|; et en ce cas mesmes, nous de-
vons tousjours tesmoigner que nous serions ravis de pouvoir |:procurer à
la maison palatine de plus grands avantages:|, mais que le désir et le be-
soing absolu que nous avons de la paix dans l’Empire pour les raisons qui
ont esté mandées, ne nous permettent pas de contester plus longtempz sur
des poincts de si peu de conséquence, au respect du repos de l’Empire, qui
vraysemblablement sera suivy de celuy de la chrestienté.
Mais peut-estre que tout cecy ne sera plus nécessaire, et qu’il y aura eu
lieu depuis de terminer ce différent par l’expédient qu’on a mandé, que
|:Bavières:| pourroit donner quelques terres |:dans le Haut-Palatinat qui
serviroient de partage à l’un de ses cadetz catholiques et à l’autre qui a
grande inclination à l’estre , ou que l’Empereur et luy par moitié donnas-
sent quelque somme d’argent considérable au Palatin:| affin qu’elle luy
servist à former |:à ses frères un partage proportionné à leur naissance:|;
d’autant plus qu’on void par le dernier mémoire du sieur d’Avaux, que
quelque proposition semblable, quoyqu’elle n’eust pas encores esté receue
par les ministres de Suède, en avoit néantmoins esté goustée.
Quand le sieur Salvius dict avoir escrit au mareschal Wrangel de s’assurer
des conditions de la suspension, et d’en tenir le traité en estat d’estre signé
aussytost qu’il aura avis que celuy de la paix est aux mesmes termes, il
faict assez paroistre que son collègue et luy |:ne songent en touttes ren-
contres qu’aux intérestz seuls de la Suède:|. La raison qui les oblige de
désirer la suspension quelques jours avant la paix, n’est que pour séparer
leurs troupes affin d’en pouvoir mieux disposer, et sans crainte d’accident,
lorsqu’il faudra déclarer à leur armée la conclusion du traité.
Or, ce n’est pas pour la mesme considération que nous désirons la trêve,
mais la principale est la nécessité que nous avons de nous servir de toutes,
ou de la plus grande partie de nos trouppes d’Allemagne, maintenant que
la satisfaction des couronnes est ajustée, pour garentir nos places sur le
Rhin et sur la Mozelle, et estre en estat de nous opposer aux grandz pré-
paratifz que font de touts costez les Espagnolz pour tumber sur noz braz
avec toutes leurs forces, dans l’assurance qu’ilz croient avoir que Mes-
sieurs les Estatz ne mettront point en campagne cette année, |:comme il
n’i a que trop de suject de l’appréhender, la province de Holande qui est
la plus puissante aiant déclaré aux autres qu’elle ne le peut ny ne le veut :|.
Il est donc bien raisonnable que messieurs les Suédois ne s’applicquent
pas si entièrement à ce qui est de leurs intérestz, qu’ilz n’aient quelque
esgard à ceux de leurs alliez et au besoing que la France a de faire cesser
dez à présent les hostilitez en Allemagne, après que par l’interposition de
la France ilz ont obtenu pour leur satisfaction au-delà de ce qu’ilz ont
sceu désirer.
Le sieur d’Avaux peut leur représenter plusieurs considérations qui nous
doivent obliger les uns et les autres esgalement à arrester sans plus de
délay une suspension générale dans l’Empire, |:ou au moins une particu-
lière avec Bavières:|. Mais il semble qu’il doit l’appuyer principalement
sur la nécessité que nous avons de retirer noz troupes d’Allemagne, et
rebattre sans cesse ce poinct, car alors, |:voyans qu’ilz auroient à soustenir
seuls tous les effortz des armes de l’Empereur et de Bavières:|, il est à
croire qu’ilz donneront les mains à une chose qui est desjà juste de soy.
Il sera bien malaisé que nos postes du Rhin estants menacez par le duc
Charles, et pouvants courir grande risque par la jonction de ses forces
aux levées de Darmstadt, |:les Suédois puissent trouver à redire au retour
de monsieur de Turenne en ces quartiers-là:|, après le bel exemple que
nous en donna, il y a tantost deux ans, |:le sieur de Konigsmark, qui sans
aucune nécessité pareille se sépara de l’armée:| que commandoit pour lors
Monsieur le Prince |:avec tant d’incivilité qu’il ne prist pas mesme congé
de luy:|, et ne le vit point depuis qu’il eut résolu |:son départ:|. Il seroit
bien dur, ou pour mieux dire insuportable, que nous ne peussions pour
nostre propre deffense, |:et lorsque nos alliez n’ont plus rien à prétendre
pour eux dans l’Empire, nous servir de noz trouppes ailleurs:|, et qu’il
leur ait esté loisible, quand ilz l’ont voulu, de nous |:abandonner:| et faire
aller les leur en des endroictz où ilz n’en avoient aucun besoing, nous
laissant exposez pour leur seul caprice ou pour quelque jalousie mal fon-
dée |:à soustenir l’eschec des ennemis:|, dont sans des efforts miraculeux
que les nostres firent à Nortlinghen
nous bien tirer.
Si les sieurs Oxenstiern et Salvius prennent la peine de faire un paralelle
|:de la jonction de Monsieur le Prince et de Konigsmarch avec celle de
monsieur de Turenne et de Wrangel:|, et de tout ce qui s’est passé en l’une
et en l’autre, ilz y remarqueront tant de différence, que voyant d’un costé
le péril que nous courusmes de tout perdre pour le |:départ précipité de
Konigsmarch:| sans aucun besoing ny mesme prétexte apparent, et de
l’autre ce que nous avons souffert et hazardé, et quelle sorte de marche
nous avons faicte pour la jonction de cette année, avec quelle constance
on l’a continuée durant toute une campagne et un hiver entier, lorsque
nous n’avions ny ne voulions plus rien prétendre dans l’Empire, et sans
autre but que de faire avoir une satisfaction à son gré à la couronne de
Suède, quelle sorte d’avantages elle en a tirez, le préjudice que nous avons
receu de ne pouvoir employer cette armée-là contre les Espagnolz, certai-
nement il ne se peut qu’ilz |:n’ayent quelque espèce de honte et des re-
mords de conscience de la manière dont ils vivent avec nous:|.
De plus, ilz doivent considérer que l’armée de monsieur de Thurenne,
agissant sur le Rhin ou vers la Mozelle, ne laissera pas de faire diversion
de quantité de trouppes qui sans cela pourroient estre employées contre
eux et leur tumber sur les braz.
Enfin il y a tant à dire là-dessus qu’on n’achèveroit point, mais il suffit d’en
toucher quelques motz en passant pour donner lieu au sieur d’Avaux de
fournir le reste, et faire avouer |:aux ministres de Suède que leur procédé
dans la guerre ny dans la négotiation ne correspond pas à la franchise et à la
cordialité avec laquelle on a traicté avec eux sans aucune interruption:|.
Si |:les plénipotentiaires suédois n’ont point d’arrière-boutique ou quel-
que mauvaise fin cachée:|, ledict sieur d’Avaux a sans doute gaigné la dé-
claration d’un grand poinct auprès d’eux quand il les a faict |:consentir
formellement que la France puisse faire un traicté avec Bavières moien-
nant que touttes choses soient un peu mieux entendues:| que nous n’avons
peu les comprendre par ce qui en est porté |:dans le mémoire de monsieur
d’Avaux:|.
Car on ne sçait pas si quand les Suédois ont dict audict sieur d’Avaux que
nous pourrions |:traicter avec Bavières pourveu que ce fust en sorte qu’il
n’en pust arriver de dommage à leur armée:|, et que d’un autre costé ilz
n’ont pas offert en mesme tempz |:que monsieur de Bavières n’en recevra
point de leurs trouppes:|, ilz ont esté si peu équitables que de prétendre
que nous |:liassions les mains à un prince pour empescher qu’il ne leur fist
du mal pendant qu’eux se réserveroient la liberté entière de luy en faire:|,
ne voulant point luy accorder |:de suspension:|.
C’est le principal fondement de toute l’affaire, et qui mérite non seule-
ment d’estre bien esclaircy à Osnabruck, mais qu’on en fournisse |:au
sieur de Croissy en toutte diligence les lumières qu’on en aura tirées,
afin de l’empescher de faillir:|.
Il est vray que la prudence |:de monsieur de Bavières:| l’en garentira assez,
n’estant pas à croire qu’il conclue rien |:à l’esgard des Suédois:| que les
conditions et les seuretez ne soient réciproques, comme il est juste.
Que si les Suédois, ne désirant pas, pour des raisons particulières, |:traicter
directement avec ce prince:|, veullent consentir que par l’entremise de la
France, |:on assure que l’un ne fera point de mal à l’autre, Leurs Majestez:|
ne feront pas difficulté de se charger de la parole de touts les deux, et on
croiroit que c’est en ce sens que les ministres de Suède ont entendu la
chose, n’estoit qu’ilz n’ont point offert |:de donner ceste parole:| lorsque
le sieur d’Avaux leur a représenté que |:monsieur de Bavières ne pourroit
désarmer faute d’avoir la suspension avec eux comme il l’aura avec la
France:|.
Cet embrouillement qu’il importe au dernier poinct de bien démesler a
donné occasion à d’autres soubçons qui nous sont venuz dans l’esprict
sur cette affaire, et dont il faudra pénétrer le fondz s’il est possible, affin
que croyant d’avoir emporté |:des Suédois une chose bien avantageuse,
nous ne tombions pas par inavertance:| en de plus grandz inconvénients.
On |:considère en premier lieu que sy l’intention des Suédois estoit sin-
cère en cela, ils pourroient aussy bien conclurre avec Bavières ceste sus-
pension comme ilz consentent que nous traictions avec luy sans eux:|.
En second lieu, qu’ilz ne se déclarent pas |:nettement sur ce qu’ils feront à
l’esgard de Bavières quoyqu’ilz veuillent estre assurés de n’en recevoir
aucun dommage:|.
En troisiesme lieu, on peut croire que comme |:les Suédois souhaitent pas-
sionnément la ruine, ou au moins l’abbaissement de ce prince:|, et qu’ilz
recognoissent qu’il sera malaisé d’y parvenir dans ce traité de paix tant
que |:l’Empereur et la France s’entendront ensemble pour le favoriser:|,
ilz cherchent une voye pour nous desconcerter en cela, et soubz prétexte
de nous gratiffier beaucoup en nous laissant |:la liberté de traicter avec
Bavières, ils ne visent qu’à irriter l’Empereur contre luy par cet accom-
modement particulier avec la France:|, affin qu’ilz puissent après proffic-
ter de quelque bonne conjuncture pour |:l’attaquer dans la continuation
de la guerre, ou faire abandonner ses intérestz par l’Empereur dans la
conclusion de la paix:|.
On ne doute point que le sieur d’Avaux n’ait donné aussytost avis |:de
ce consentement des Suédois au sieur de Croissy:| et qu’il ne luy ait
marqué les précautions qu’il doit prendre dans cette rencontre, pour
bien assurer l’exécution de ce qui sera promis |:par ledict duc. L’offre
qu’il faict de diverses places et de faire passer au service de Sa Majesté
les trouppes qu’il licentiera:|, seront de bonnes cautions de sa foy, et en
ce cas nous pourrions encores laisser un corpz d’armée considérable en
Allemagne, et nous servir |:de partie de celle de monsieur de Turenne et
des forces que monsieur de Bavières nous baillera, pour les faire agir
deçà le Rhin contre les Espagnolz:| s’ilz ne veulent point se mettre à la
raison.
Sa Majesté a trouvé fort judicieux ce que le sieur d’Avaux propose de ne
point appeller |:«places de seureté» celles que monsieur de Bavières nous
remettra:|, et, en cas qu’on puisse l’y faire condescendre, fonder cette re-
mise |:de places sur la protection du Roy qu’il demande:|, et que Sa Majes-
té luy accorde, sans s’obliger |:à les rendre après la paix:|, si ce n’est pour
engager |:les Suédois à la mesme restitution sy les sieurs Mortaigne et
Duglas achèvent le traicté:| qu’ilz ont commancé avec luy, ce que nous
tenions pour assuré sur les lettres des sieurs de Croissy et de Tracy
Vermutlich sind ihre Briefe vom 1. März gemeint, in denen die Verhandlungen mit Schwe-
den zwar als außergewöhnlich schwierig bezeichnet werden, gleichzeitig aber betont wird,
der Prinzipalges. Mortaigne sei guten Willens, den Waffenstillstand abzuschließen, weshalb
durchaus Hoffnung auf einen glücklichen Ausgang bestehe; vgl. Croissy an [Mazarin], Ulm
1647 März 1; Ausf.: AE , CP Bavière 2 fol. 61–61’; Memorandum Tracys für [Mazarin],
Ulm 1647 März 1; Ausf.: AE , CP Bavière 2 fol. 63–64’.
mais on change d’avis sur ce que les plénipotentiaires de Suède ont assuré
le sieur d’Avaux, que |:Wrangel n’en a point d’ordre, et qu’ilz:| luy ont
seulement mandé de tenir toutes choses en estat pour faire |:la suspension
peu de jours avant la conclusion de la paix. Les Suédois n’ont point pré-
tendu Offembourg
Zwischen den Kronen Frk. und Schweden bestanden in der Endphase der Ulmer Waffen-
stillstandsverhandlungen Spannungen wegen der Zuteilung der kurbay. Garnisonsstädte
an die Kronen und die damit verbundene Kontrolle Württembergs; dabei ging es v.a. um
Heilbronn, aber auch um Offenburg. In dieser im Schwäbischen Reichskreis gelegenen
Reichsstadt (vgl. Anm. 6 zu nr. 253) lag eine vermutlich gleichzeitig dem Ks. wie Kurbay-
ern verpflichtete Garnison. Nach den Akten der kurbay. Ges. in Ulm hatte Croissy ihnen
Ende Februar 1647 mitgeteilt, die Schweden forderten auch diese Stadt; am 2. März hat-
ten jene dann offiziell deren Neutralisierung gefordert. Nach weiteren Verhandlungen mit
Kurbayern und v.a. zwischen Frk. und Schweden (s.u.) legte der Ulmer Waffenstillstands-
vertrag vom 14. März 1647 fest, daß die Offenburger Garnison nach Eingang der frz. und
schwed. Ratifikationen abgezogen und durch eine schwed. ersetzt werden sollte, jedoch
wollte sich der bay. Kf. nur verpflichten, dem Kommandanten, über den er nicht die voll-
kommene Befehlsgewalt habe, zur Übergabe an die Schweden zuzureden ( Immler , 420,
422f., 453, 455). – Tracy hatte Mazarin mit Schreiben vom 1. März 1647 (s. Anm. 8) tat-
sächlich nur berichtet, die Schweden hätten Überlingen, Memmingen und Heilbronn ge-
fordert , nachdem die Bayern diesen Offenburg, Freiburg und Rottweil angeboten hätten
(der Bericht Tracys differiert also etwas von der Darstellung bei Immler ); am Abend des
28. Februar hätten die Schweden dann aber auf frz. Widerstand hin auf Heilbronn ver-
zichtet ; am 8. März berichtete er erneut, die Schweden hätten zugunsten Frk.s auf Heil-
bronn verzichtet, dafür habe man aber zugestehen müssen, daß Offenburg der Benfelder
Garnison zugeschlagen werde; vgl. Tracy an Mazarin, Ulm 1647 März 8; Ausf.: AE , CP
Bavière 2 fol. 65–66. Dieser Brief war in Paris am 22. März offensichtlich noch nicht
bekannt, Mazarin zeigte sich jedoch zumindest am 29. März 1647 von der schwed. Forde-
rung unterrichtet (vgl. nr. 199 bei Anm. 1).
bron :|, mais on les en a faicts relascher. Ilz se réduisent aujourd’huy |:à
Memminghen et Uberlinghen:|. On escrit un mot de ce que dessus au
sieur de Croissy
en aura mandé plus particulièrement, et qu’il pourra luy réplicquer par
l’envoy de personnes expresses s’il le juge nécessaire.
Le sieur d’Avaux escrit si bien sur les particularitez du project de traité
que les Espagnolz ont donné , quoyqu’il ne veuille pas s’y estendre, qu’il
ne se peut rien de mieux, et Leurs Majestez ont esté bien aises de voir
qu’il ait si bien rencontré touts leurs sentiments, et tout ce qui en a esté
dict par deçà dez qu’on le leut. Ledict sieur d’Avaux aura veu par la dé-
pesche de la semaine passée , que l’intention de Leurs Majestez n’est pas
|:qu’on traicte jamais sur ce project qui certainement est sy défectueux en
touttes façons:| qu’il seroit malaisé de pouvoir venir à bout de le rabiller.
Il passe si légèrement sur des choses de la dernière conséquence, que les
Espagnolz ont fait voir en cela que leur intention n’est pas de demeurer
longtempz en paix. Pour touts les exemples anciens que le sieur d’Avaux
remarque fort à propos, on s’estoit contenté icy de cotter le plus récent de
touts, qui est celuy du traité des Espagnolz mesme et des Holandois ,
lequel est dressé avec toutes les précautions immaginables pour empes-
cher qu’il ne puisse s’y rencontrer de l’obscurité ou aucun terme équi-
vocque et suject à interprétation.
Pourveu |:que l’on puisse estre assuré de la liberté que la France se réser-
vera d’assister le roy de Portugal:|, en sorte qu’on en puisse faire appa-
roistre , |:en cas que les Espagnols voulussent un jour prendre prétexte de
là de rompre contre nous le traicté qu’ils feront maintenant:|, et si avec
cela on peut les faire demeurer d’accord |:d’une trefve au moins d’une
année pour le Portugal:|, il semble qu’on pourra se contenter |:d’un article
secret qui:| contienne comme il faut ces deux poincts, et mesme |:de ne le
datter que d’un jour après la paix:|, si cette apparence d’|:honneur d’avoir
signé le traicté sans qu’il y soit faict aucune mention du Portugal satisfaict
davantage les Espagnolz:|, puisqu’aussy bien nous aurons la mesme chose,
et que le monde ne manquera pas de sçavoir, ou de juger que cette forma-
lité n’a esté que pour les contenter en une chose qui ne nous importoit
pas, et que tout aura esté stipulé et arresté en mesme tempz. Il faut seule-
ment prendre si bien ses mesures là-dessus, qu’on soit assuré de n’y estre
pas surpris, et surtout se souvenir de faire bien apréhender aux Espagnolz,
et à ceux qui leur peuvent rapporter nos sentiments, que s’ilz ne prennent
promptement résolution sur ces affaires, ilz nous verront bientost mettre
en avant de nouvelles prétentions |:sur ce poinct de Portugal et sur celuy
de la Catalogne. C’est une pièce:| qui, estant bien |:mesnagée, nous peut
beaucoup servir à avancer la conclusion de la paix:|. C’est pourquoy il faut
s’applicquer avec soin à s’en servir à propos.
Sa Majesté a esté bien aise d’apprendre que le sieur d’Avaux poursuive les
affaires de Madame la Langrave, et souhaite d’autant plus ardamment que
ce soit avec succez, que les Suédois n’y agissent que foiblement, ce qui
sans doute ne doit pas estre tant attribué à la religion du langrave de
Darmstadt, conforme à la leur, |:qu’à l’attachement qu’ilz voient qu’a ces-
te princesse plus à la France qu’à eux:|. Il ne laisse pas d’estre bien estrange,
comme il a desjà esté mandé , que Darmstadt aiant esté le principal
instrument de la paix de Prague, qui faillit à ruiner les affaires du bon
party, venant de faire un traité avec les Espagnolz
Dies ist falsch. Hessen-Darmstadt hatte zwar bis 1647 über eine Defensiv- und Offensiv-
liga mit Spanien verhandelt, diese wurde jedoch nicht unterzeichnet; ein Vertragsentwurf
(Druck: Siri IX, 1192–1195, it.; Meiern III, 625 ff., frz.; Hans Heinrich Weber , Beilage
XIII, 189–192, dt.) war den Franzosen bekannt, man hielt ihn aber fälschlich für einen
schon geschlossenen Vertrag (vgl. APW II B 4 nr. 227 mit Beilage 1; weitere Kopie: AE ,
CP Hesse-Cassel 2 fol. 519–522, span.; auch Siri IX, 1192 spricht von einem Vertrag).
Hessen-Darmstadt hatte allerdings am 26. Juli 1646 einen Vertrag mit dem Ks. geschlossen
(Druck: Hans Heinrich Weber , Beilage XII, 185–188; vgl. auch ebd. , 106f.).
jourd ’huy des troupes pour eux, et aiant à démesler contre une princesse
dont ilz ont receu tant de secours, et dont ilz disent tant de bien, |:il leur
soit permis de biaiser dans ses intérestz et que la France ne puisse quasy
dire un seul mot en faveur du duc de Bavières qui tesmoigne estre prest de
se destacher de la maison d’Austriche, dont il a esté jusques icy le meilleur
rempart:|.
On a esté bien aise d’apprendre que le sieur Oxenstiern se soit à la fin
résolu d’admettre la visite du sieur Krebs, ministre de Bavières, qu’il avoit
refusée depuis trois ans, pour ne vouloir pas traicter son maistre d’ élec-
teur , ce qu’il a faict aujourd’huy; il y a apparence |:que c’est pour n’en
demeurer pas là. Il sera bon que monsieur d’Avaux conseille ledict Krebs
et ses collègues de ne perdre aucune occasion de flatter les plénipoten-
tiaires de Suède des obligations que son maistre aura à leur roine dans la
conclusion de la paix, et du ressentiment:| qu’il est pour en conserver; et
en cela encore on peut remarquer la différence de nostre conduite d’avec
celle de noz alliez, puisque nous nous mettons en peine de faire |:qu’un
prince professe avoir des obligations à la couronne de Suède qu’il ne luy a
pas, et les Suédois ne s’estudient qu’à faire que le Palatin et le parti pro-
testant oublient celles qu’ilz ont effectivement à la France:|.