Acta Pacis Westphalicae II B 4 : Die französischen Korrespondenzen, Band 4: 1646 / Clivia Kelch-Rade und Anuschka Tischer unter Benutzung der Vroarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Michael Rohrschneider
248. Mazarin an d’Avaux Paris 1646 November 9
Paris 1646 November 9
Ausfertigung: AE , CP All. 79 fol. 107–111’ = Druckvorlage.
Zu nr. 217: Ablehnung der Vorschläge d’Avaux’ zur Behandlung Herzog Karls als unannehmbar
oder unrealistisch; eventuelle Entschädigung des Herzogs mit der Franche-Comté; Breisach und
Philippsburg unaufgebbar; Unterschiede der Situation Herzog Karls zu der des Pfälzers. Zu
nr. 230: Würdigung des Salvius; Hoffen auf schwedische Hilfe für Portugal; Nachricht Chanuts
über schwedisch-portugiesische Annäherung; portugiesische Bereitschaft zur Verständigung mit
den Generalstaaten; Übereinstimmung mit d’Avaux hinsichtlich der Regelung der italienischen
Angelegenheiten sowie der Garantie des Vertrages mit Spanien.
Vous verrez de nouveau dans le mémoire du Roy les intentions de Sa Majesté
sur l’affaire de Lorraine. Il ne me reste donc qu’à exécuter ce que je vous ay
promis par ma dernière letre de vous dire succintement mes sentimens sur les
raisons qui sont contenues dans le mémoire particulier que vous m’aviez
adressé sur ce sujet.
Et pour le faire dans le mesme ordre des choses qu’il contient je vous diray en
premier lieu qu’encore |:que les peines comminatoires insérées dans les trait-
tez soient souvent remises quand on vient à résipiscence, si jamais il y a eu
lieu de les faire exécuter avec rigueur, c’est celle du traitté de Paris par la-
quelle le duc Charles s’est sousmis à la perte de tous ses Estatz et renoncé à
tous droitz et prétentions s’il venoit à l’enfraindre, puisque c’estoit après avoir
desjà manqué à quatre autres
Vgl. [ nr. 198 Anm. 3 ] .
qui a fait tant de mal à la France et qui a tant cousté à ravoir puisque c’est un
ennemy irréconciliable de la France, et enfin puisque nous sommes en estat
de faire valoir sa renontiation et de luy imposer les conditions qu’il nous
plaist:|.
Il est vray comme vous dites |:que ledit duc a de l’argent, mais je ne crois pas
qu’on se trompe à juger qu’il ne sçaura pas se résoudre à le despenser à pro-
pos , outre qu’un particulier en voit bientost le bout quand il luy faut entrete-
nir des trouppes à ses despens, faire des recreues et des levées et que l’on n’a
aucune retraitte asseurée pour prendre des quartiers:|.
Il est vray |:qu’il a une armée, mais c’est ce que nous prétendons d’empescher
par la conclusion de la paix. Il ne peut estre que Beck soit arresté pour passer
à son service, puisque jamais il n’y eut d’inimitié ny d’antipathie pareille à
celle qu’il y a entre ces deux personnes-là. Je le croyrois plustost de Lamboy
Wilhelm Lamboy (gest. 1658), 1634 Fhr., 1649 Reichsgf., war ksl. Militär, 1642–1644 in frz.
Kriegsgefangenschaft, seit 1645 Feldmarschall ( DBA 732, 204; NDB XIII S. 440f. ).
que l’on a songé autrefois de faire passer avec ledit duc en Allemagne.
Tous les inconvéniens que vous marquez qui peuvent arriver de cette guerre
de Lorraine sont très judicieux:| comme |:des partisans qu’elle pourroit trou-
ver en France avec le temps:| et des autres que vous déduisez au long; mais ce
sont ceux-là mesme[s] qui ont fait |:juger qu’il seroit très périlleux de restablir
ledit duc dans la possession de ses Estatz, parce que ce seroit luy mettre les
armes à la main pour nous faire plus de mal et proprement donner un cous-
teau à un furieux, sa légèreté ne permettant pas qu’on puisse jamais s’asseurer
de son esprit et de le tenir en repos quelque bon traittement qu’on luy eust
fait:|.
Je crois bien |:qu’il n’y a pas grande inégalité entre l’ancienne duché et sou-
veraineté de Lorraine et le landgraviat d’Alsace:| et c’est pourquoy |:on doit
plus souhaitter de retenir le landgraviat parce que outre qu’il peut estre de
pareille valeur et estendue de pays, nous en tirerons encores l’avantage d’avoir
restably les anciennes bornes de ce royaume, de voir nostre frontière au Rhin
et de tenir la porte de l’Allemagne qui rendra tousjours le nom du Roy très
redouté et considérable dans l’Empire et peut un jour luy donner lieu de son-
ger à y faire de grandes choses:|.
De plus il n’y a personne qui ne |:voye que le duc Charles est bien plus capa-
ble de nous faire du mal estant en possession de l’Alsace contiguë à la Lor-
raine et ayant au derrière l’Allemagne qui selon les conjonctures pourroit l’ as-
sister de toutes ses forces, que quand il seroit enclavé en un petit pays entre la
France et l’Alsace sans qu’il eust aucune place fortiffiée, quelque affection que
puissent avoir pour luy les Lorrains, n’estant pas en leur pouvoir de rien en-
treprendre qu’ilz n’en fussent d’abord chastiez très facilement, et la Lorraine
en ce cas-là seroit comme une province dans le cœur du royaume:|.
Car au reste |:de songer à le transplanter en Silésie:| je ne doute point |:qu’il
ne le pris[t] luy-mesme pour un roman et quand cela se pourroit, on ne feroit
l’effet qu’on désire de contenter les princes de sa maison qui servent aujour-
d’huy la France et qui ne verroient pas volontiers une transmigration de cette
sorte ny un eschange de cette fameuse duché de Lorraine à celle de Glogau.
Si vous aviez quelque chose en main là-dessus de la part des Impériaux et
dudit duc, je ne dis pas qu’il ne falust y faire grande considération pourveu
que Brisach nous demeurast tousjours avec un chemin pour y aller, mais je
pense voir que c’est un expédient que vostre seul zèle vous a suggéré dans
l’exécution duquel on rencontreroit des obstacles de toutes par[t]s:|. Cepen-
dant si je me |:trompois en cela et que vous vissiez quelque apparence de le
faire réussir:|, je vous prie de me le mander |:affin qu’en ce cas-là je le peusse
représenter à Sa Majesté et y faire prendre résolution. Quand on a dit dans le
mémoire qu’il seroit au choix du Roy de luy donner un autre Estat en souve-
raineté , on n’a jamais eu de visée pour la Flandre ny pour la Catalongne; on
sçait l’importance de l’un et l’impossibilité de l’autre, mais on a songé à la
Franche-Comté que l’on auroit pu avoir par quelque eschange.
La raison d’espargner sept millions de livres en douze ans pour ce que l’on
demeure d’accord de donner au duc Charles, à madame sa femme et au duc
François ne fait aucune impression, car nous baillerions deux cent mil escus
pour huit cent mil que nous tirerons de la Lorraine qui suffiront mesme et au
delà pour payer la somme promise aux Archiducs et les deux tiers des debtes
de la chambre d’Ensisheim.
Brisac n’est pas si esloigné de Paris que Pignerol ny que Perpignan, et puisque
nous vivons bien avec les Espagnolz et les Italiens, il n’y a pas lieu de craindre
que la nation françoise et l’allemande qui ont plus de conformité entre elles
que les autres, ne sçache[nt] s’accommoder fort bien ensemble, outre que l’on
prendra un soin de gouverner ces nouveaux sujetz de la couronne doucement
et selon leurs mœurs, qu’ilz ne seront pas longtemps sans estre ravis d’avoir
changé de domination:|.
Quant aux |:despenses des garnisons de Brisack et de Philisbourg, elles ne
seront de guères plus grandes que celles qu’il faudroit tenir à Saint-Dizier et
à Sainte-Menehoust , si nous restraignions là nostre frontière, et de dire que
les gouverneurs de ces places esloignées ne feront que ce qu’il leur plaira en
temps de troubles, il ne nous en arriveroit pas moins en ceux du dedans du
royaume, et par ces respectz et cette prévoyance il faudroit bien s’empescher
de songer jamais à rien conquérir:|.
Je ne vous rediray point icy l’aplaudissement que toute la France et particu-
lièrement |:les compagnies souveraines
Vgl. [ nr. 195 Anm. 3 ] .
portante acquisition de l’Alsace et de Brisack, et ce qui me paroist du des-
goust qu’auroient généralement tous les François hors quelques particuliers
qui y sont intéressez s’ilz voyoient que Sa Majesté fist certaine sorte de grâces
au duc Charles après s’en estre rendu si indigne:|. Je me contenteray seule-
ment de vous faire remarquer |:par l’exemple de la maison Palatine ce que
nous peut valoir nostre fermeté en l’affaire de Lorraine. Les Palatins ont esté
durant vingt-cinq ans et davantage proscriptz
Zur Ächtung des Kf.en Friedrich V. von der Pfalz 1621 (Druck: DuMont V,2 S. 371–376)
und der Übertragung seiner Kurwürde an Bayern s. [ nr. 14 Anm. 6 ] und 7.
comme de particuliers gentilzhommes l’auroient pu estre, quoyqu’ilz eussent
la France, l’Angleterre, Dannemarc, Messieurs les Estatz, et tout le party pro-
testant dans l’Empire intéressez et souhaittans leur restablissement, et sans
des conjonctures si merveilleuses comme celles de la guerre que la couronne
de Suède a faitte avec tant de succez dans l’Allemagne:| et celle que nous
avons faite |:depuis onze ans contre le roy d’Espagne avec tant de bonheur et
d’avantage que la maison d’Austriche s’est veu courir fortune d’estre entière-
ment renversée, ilz estoient hors de tout espoir de resource, et avec tout cela
mesme quoyqu’ilz se soient trouvez engagez dans le party des victorieux qui
donneront la loy dans la conclusion de la paix, ilz ne laisseront pas d’y perdre
encores une grande partie de leurs Estatz et le rang de leur dignité électorale
où ilz ne rentreront que dans le dernier lieu
Zu den Restitutionsbedingungen für Pgf. Karl I. Ludwig s. [ nr. 7 Anm. 19 ] .
là si se trouvant despouillé de ses Estatz aussy bien que les Palatins et mesme
avec cette différence qu’il est engagé dans un party malheureux et n’a pas trop
de toutes ses forces pour se soustenir soy-mesme, si desjà il peut:| vraysem-
blablement |:rien espérer que dans la bonté de Leurs Majestez à moins d’avoir
un miracle à point nommé que Dieu ne fait pas tous les jours, congnoissant
comme il fait le fondz des cœurs et distinguant l’ambition immodérée de s’ ag-
grandir qu’avoient les autres, d’avec les motifz que la France a de sa propre
seureté:|.
Vous verrez pourtant |:comme autant qu’il peut dépendre de nous on désire
que l’affaire s’accommode et que l’on en fasse des propositions, quoyqu’à
vous dire vray je ne croy pas que nous en tirions autre avantage que celuy
d’avoir droit avec:| un applaudissement universel |:de presser noz parties à
concourir avec nous à mettre ledit duc en estat de ne pouvoir troubler une
paix qui sera si solennellement arrestée:|.
Je respondray maintenant à vostre letre du 29 e d’octobre après m’estre remis
à ce que vous mandera le sieur d’Eubiny que j’ay entretenu sur diverses
choses.
J’ay veu avec grand plaisir la letre |:de monsieur Salvius:| que m’a monstré
vostre neveu, et je vous asseure que |:personne n’en aura congnoissance. Il
importe de cultiver soigneusement la disposition que monsieur Salvius tes-
moigne de faire la guerre contre le Turc, car outre qu’il seroit d’un grand
avantage au public nous en aurions un en nostre particulier qu’ilz demeure-
roient armez:|.
J’ay parlé |:en telz termes à monsieur le comte de la Garde de monsieur
Salvius qu’il ne peut à mon avis avoir manqué de luy en avoir escrit quelque
chose, et en effet je l’ay tousjours considéré:| comme un grand ministre et
désiré avec passion qu’il sceut que je n’estois pas de derniers à luy donner les
louanges qui sont deues à son mérité. Je suis prest de luy escrire la letre que
vous me marquez; mais je souhaiterois que vous me mandassiez quel prétexte
je puis prendre |:pour cela sans donner jalousie à monsieur Oxenstiern:|.
Je suis très aise d’avoir rencontré vostre pensée |:en ce qui seroit d’engager la
Suède à assister le roy de Portugal:| ainsi que vous verrez par les mémoires
que le dernier courrier a portez. Je crois que cela sera |:d’autant plus aisé à
ajuster que le sieur Chanut me mande, mais en grand secret, que l’on estoit
convenu à Stockholm avec le résident de Portugal
commerce entre les deux royaumes pour se soustraire, comme il dit, de la
tirannie que les Holandois exercent envers les uns et les autres:|. Il mande
que |:l’affaire estoit si avancée que Oxenstiern et les principaux ministres pre-
noient part dans ce négoce et avoient fait un fonds de cent mil escus:| pour en
faire prontement l’essay.
Vous aurez aussi veu par le dernier mémoire que l’on nous mande de |: Por-
tugal qu’on y estoit résolu à quelque prix que ce soit de donner satisfaction
aux Holandois sur les affaires du Brésil, ce qui nous facilitera les moyens
d’engager ceux-cy à assister ledit roy:|.
Vous aurez veu aussi par le mesme mémoire comme vous rencontrez entière-
ment mes sentimens en ce qui regarde les affaires |:d’Italie et pour les moyens
de garentir tout ce dont nous serons convenus avec les Espagnolz dans ce
traitté-cy. On vous a souvent escrit que nous obtiendrions plus d’eux en une
heure à présent qu’ilz ont envie de sortir d’affaires à quelque prix que ce soit
qu’on ne feroit en deux ans après la signature de la paix:|.