Acta Pacis Westphalicae II B 4 : Die französischen Korrespondenzen, Band 4: 1646 / Clivia Kelch-Rade und Anuschka Tischer unter Benutzung der Vroarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Michael Rohrschneider
236. Memorandum Longuevilles, d’Avaux’ und Serviens für Ludwig XIV Münster 1646 November 5
Münster 1646 November 5
Ausfertigung: Ass. Nat. 276 fol. 284–301’ = Druckvorlage. Duplikat für Mazarin: AE , CP
All. 62 fol. 203–218. Kopien: AE , CP All. 67 fol. 218–233; AE , CP All. 78 fol. 190–195,
unvollständig. Druck: Mém. et Nég. III S. 312–329; Nég. secr. III S. 359–363; Siri VIII
S. 989–996 (it. ÜS).
Zu nr. 210: 1. Verzögerung des Endes der Kampfhandlungen. 2. Hoffnung auf Erwerb von Ca-
daqués; Eroberung katalanischer Plätze durch Spanien zu befürchten. 4. Fortdauer der Bemühun-
gen in der Garantiefrage. 6. Sonderverhandlungen mit Mantua über Casale. 8. Zustimmung
zum Verzicht auf italienische Liga. 13. Eintreten der kaiserlichen und spanischen Gesandten für
Herzog Karl; Zurückweisung niederländischer Vorstöße zu seinen Gunsten; Abwägung verschie-
dener Möglichkeiten, den Herzog in den Friedensvertrag einzubeziehen; keine Form der Einbe-
ziehung praktikabel; Ankündigung von separaten Stellungnahmen der Bevollmächtigten. 15.
Trotz geringer Aussicht auf Erfolg Beharren auf Freilassung Prinz Eduards. 16. Kein Artikel über
Austausch von Plätzen im Friedensvertrag. Notwendigkeit der Unterstützung Portugals nach
dem Friedensschluß.
Response aux observations du 19 e octobre
Sur le premier article
L’instruction des ambassadeurs de Messieurs les Estatz portant expressément
qu’ils ne doivent pas accorder aucune cessation des hostilitez que les ratifica-
tions du traicté qui se fera ne soient délivrées de part et d’autre, |:nous avons
jugé qu’il seroit difficille que cet ordre fust changé:|, et nous avons escrit au
sieur Brasset de faire tous offices convenables |:pour empescher qu’il ne soit
rien résolu au contraire, sans qu’il parust néantmoings que la France eust au-
tre désir que:| de s’unir tousjours estroictement avec les Provinces et de cher-
cher sa seureté |:et non de prolonger l’affaire:|. Quand ce moien nous man-
queroit et que |:Messieurs les Estatz se résoudroient de faire cesser les hostil-
litez aussytost après que le traicté sera signé:|, nous avons estimé qu’il est
encor en nostre pouvoir de |:gaigner le temps qui nous seroit nécessaire pour
voir les effectz de la campagne, parce qu’il dépend de nous de signer ou de ne
signer pas et de différer autant de temps qu’il en sera besoing, les prétextes
estans facilles à trouver:| dans les affaires mesmes qui portent leurs longueurs
et leurs difficultez avec soy. Mais en tout cas sy nous |:estions obligez de
signer auparavant qu’on aye veu les succez que l’on attend des armées:|, nous
mettrons en practique ce qui nous est très prudemment ordonné de stipuler
que |:la cessation des hostillitez n’aura lieu que du jour que la nouvelle arri-
vera dans les armées en convenant pour cet effect d’un temps proportionné:|
à la distance des lieux où il faudra dépescher sans nous départir néantmoins
|:des ordres particulliers que nous avons euz touchant Lérida:|.
Sur le 2 e
Nous avons parlé de |:Capdaguez en sorte qu’il n’a point paru que ce fust une
nouvelle demande et avons quelque espérance de le pouvoir obtenir. Si tou-
tesfois il s’y trouve grande difficulté et que pour y trop persister on pust en-
trer en soubçon de la sincérité des intentions de Leurs Majestez pour la paix,
nous pourrons nous en relascher, puisque Leurs Majestez nous en donnent le
pouvoir, le faisant valloir aux Hollandois:| en ce cas et leur tesmoignans que
ce sera à leur |:considération, pour en proffiter sur quelque autre poinct:| et
pour la seureté de la trefve qui sera faicte en Catalogne après avoir reveu
exactement les mémoires dont il est parlé
Gemeint sind wohl die Beilagen zu nr. 41 bzw. Beilage 2 zu nr. 175; vgl. [nr. 210 Anm. 4] .
tages que l’on pourra.
Nous sommes obligez de dire sur ce poinct qu’il est à craindre que |:les Es-
pagnolz désespérans de pouvoir conserver Lérida ne s’emparent cependant de
divers autres lieux moins importans qui leur donneroient de l’estendue et os-
teroient à la France une partie de ce qu’elle occuppe dans la Catalogne:|, à
quoy il faudra bien prendre garde, puisque nous ne pouvons pas éviter de
|:convenir que chacun demeurera en possession de ce qu’il tiendra au temps
que la trêve devra commencer:| et l’avantage ou le désavantage qui procédera
de cet article |:dépend plus des généraux des armées que de nous:|.
Sur le 4 me
Nous ferons touttes choses possibles pour |:obliger Messieurs les Estatz à
tous les intérestz de la France. Ilz ne peuvent reffuser avec justice de rompre
leur paix si les Espagnolz viennent à rompre la trêve en Catalogne:|, et l’on
peut désirer d’eux quelque chose davantage, puisque |:la trêve à nostre esgard
n’est pas, comme il est très bien dict, un parti d’élection mais de nécessité:|.
Nous espérons que leur ambassadeur qui est à Paris
Liere van Oosterwijk (s. [nr. 37 Anm. 3] ).
sentiment de la cour sur ce subject, et nous demanderons le plus pour obtenir
au moins ce à quoy Leurs Majestez se veullent bien contenter, sçavoir la ma-
nutention de ladicte trêve pour le temps qu’elle devra durer:|.
Sur le 6 e
Il est très véritable que l’on fera présentement plus de |:chemin avec les Espa-
gnolz qu’en tout autre temps et que si l’on laisse quelque chose d’indécis:|
avec eux, on aura peine de le |:vuider après:|. Leur humeur lente, le dessein
de troubler de nouveau et la croyance que |:Messieurs les Estatz ayans posé
les armes ne les reprendront pas facillement:| leur feront chercher toutte
sorte de fuites et de longueurs. Il y a grande apparence aussy que les ministres
de Hollande |:contribueront présentement à avancer les choses, puisqu’ilz
n’ont pas moins de désir que les Espagnolz de voir arrester les progrez de la
France et de jouir du repos qu’ilz ont tant désiré:|. Pour ces considérations on
essaiera de convenir dès à présent de tout ce qui se pourra tant pour les autres
affaires d’Italie que pour ce qui concerne principalement la seureté de Casal.
Mais nous supplions très humblement la Royne de considérer que ceste seu-
reté consiste, ce nous semble, principalement |:aux asseurances que l’on peut
prendre de monsieur le duc de Mantoue, qu’il ne se dessaisira jamais de cette
place ny permettra qu’elle tombe ès mains des Espagnolz, ce qui se doit traic-
ter et négotier avec ledit sieur duc et dont on ne peut pas convenir icy dans le
traicté:|, ses députez n’ayans point de pouvoir pour cela, mais doit estre remis
après par nécessité. Nous voyons bien que ce sera tomber en quelque façon
|:dans l’inconvénient remarqué, mais d’un autre costé la France aura en cella
cet avantage que retenant partout ailleurs ses conquestes et n’estant obligée
par le traicté à aucune restitution que dans l’Italie:|, dans les difficultez et
longueurs qui pourront estre faictes pour ce regard |:elle aura le gage en la
main et sera en possession des places:|, ce qui obligera sans doute les Espa-
gnolz à se rendre capables de la raison et à user de plus de diligence que sy la
chose tiroit en longueur. |:Nous tiendrons par ce moyen messieurs les ducz
de Savoye et de Mantoue liez en sorte:| qu’on ne pourra point prendre de
résolution |:pendant leur bas aage ni pour leur mariage ny pour autre chose
qui puisse estre désagréable à Leurs Majestez:|.
Sur le 8 me
Nous trouvons tout ce qui est remarqué sur le huitième article sy excellent
que nous ne croyons pas qu’il y ayt personne qui ne soit convaincu des rai-
sons qui y sont. Nous nous y conformerons en tout et partout. Nous esti-
mons que |:les princes d’Italie ne se voudront pas obliger pour d’autres inté-
restz que pour ceux de cette province:|. Mais après avoir essaie de reconnois-
tre là-dessus leurs sentimens nous nous |:retirerons de l’engagement où nous
nous sommes mis pour cette ligue:| en faisant paroistre que c’est pour |:facil-
liter les choses et avancer la conclusion de la paix:|; que sy les ministres des
princes qui sont à Munster |:tesmoignent avoir envie de faire ladicte ligue:|,
nous practiquerons l’expédient proposé par le mémoire y faisant insérer un
article par lequel il soit |:permis au Roy de rompre en Italie contre les Espa-
gnolz s’ilz viennent à rompre contre la France en quelque autre endroict:| au
préjudice d’un traicté sy solemnel.
Sur le 13 e
Par nostre dernière dépesche nous n’avons dict autre chose |:sur le mémoire
particulier qui nous a esté envoyé pour l’affaire du duc Charles :| sinon que
nous croyons que les |:résolutions prises à la court:| estoient principalement
fondées sur ce que l’on |:estimoit que les Impériaux et Espagnolz auroient
peine de conclurre le traicté sans avoir faict quelque chose pour ce prince:| et
que nous attendrions de sçavoir sy |:nonobstant les grandes apparences qu’il
y a de pouvoir obtenir qu’il soit entièrement excluz:|, on attend que nous
agissions |:icy conformément à ce qui est contenu audit mémoire:|. Mais
d’autant que par les observations sur le treizième article on |:réitère les mes-
mes ordres:|, nous avons jugé à propos de reprendre de plus loing et de re-
présenter tout ce qui s’est passé en ceste affaire.
Quand les Impériaux ont faict instance que nous eussions à |:donner des pas-
seportz pour les depputtez que le duc Charles auroit à envoyer en cette as-
semblée, à ce que ses droictz y fussent débattuz et terminez avec ceux des
autres princes qui y ont esté convoquez:|, nous avons dict que ce n’estoit
point une affaire qui deust estre traictée à Munster; que ces différends estoient
nez avant qu’il y eust guerre dans l’Empire; qu’il en avoit esté traicté et tran-
sigé plusieurs fois; que par tous les actes faicts entre le feu roy de glorieuse
mémoire et ledict duc il avoit renoncé aux alliances et confédérations de la
maison d’Austriche, et que ces choses avoient esté sy bien reconnues et avé-
rées que par le traicté préliminaire qui doit donner la forme et la règle pour la
conduite de celluy-cy, ce prince en avoit esté exclus; que c’estoit une chose
partant qui estoit jugée et sur laquelle il n’escheoit plus aucune contestation;
que tout ce que le Roy pouvoit faire en considération de l’Empereur estoit
que sy ledict duc vouloit envoier ses députez à la cour, ils seroient favorable-
ment escoutez pour estre pourveu sur l’exécution des traictez cy-devant faicts
avec luy. Il n’est pas besoing de représenter touttes les diverses instances qui
nous ont esté faictes sur ce suject, que nous avons tousjours rejettées, ayans
|:enfin obtenu par nostre fermeté que les médiateurs nous ont donné sinon
des asseurances entières pour le moins de très grandes espérances que ce
poinct n’arrestera pas la paix, mais que les Impériaux estans obligez de tes-
moigner jusques au bout de voulloir protéger ce prince:| comme estant du
corps de l’Empire et de plus de leur party, |:quitteroient néantmoins enfin
cette poursuitte et souffriroient qu’il n’en fust point parlé quant on viendroit
à la conclusion du traicté:|. Et de faict lorsque les conventions pour la satis-
faction particulière de la France ont esté dressées, les Impériaux avoient voulu
faire deux conditions expresses, et comme ils disent „sine qua non“, de l’ad-
mission du roy d’Espagne au traicté de l’Empire, et de celle du duc Charles,
mais nous ne l’avons jamais voulu souffrir, ayans permis seullement qu’ils en
fissent une mention non conditionnée à laquelle nous avons respondu par le
mesme escrit
Die gegensätzlichen Standpunkte zur Regelung der lothringischen Angelegenheit waren in den
frz.-ksl. Satisfaktionsartikeln vom 13. September 1646 festgehalten worden ( Nég. secr. III
S. 455f.; Meiern III S. 727 ).
Quand |:les Espagnolz sont entrez en traicté avec nous par l’entremise des
Hollandois, ilz ont faict les mesmes instances qu’avoient faict les Impériaux
pour ledit duc Charles, et nous y avons faict les mesmes répliques:|. On nous
a représenté |:l’impossibilité que le roy d’Espagne abandonnât un prince qui
de sa personne et de ses trouppes sert actuellement dans son parti:|, et nous
avons respondu qu’il estoit impossible de faire la paix avec nous, tant qu’on
s’arresteroit sur ce poinct qui avoit esté décidé par tant de traictez, et sur
lequel nous avions ordre de n’entrer en aucun accommodement, estant ma-
laisé que le roy catholique fasse rendre les Estatz d’autruy par un temps où il
est contrainct d’abandonner les siens propres. |:Enfin les Hollandois:| nous
ont faict entendre que la bienséance ne permettant pas |:au roy d’Espagne
d’abandonner:| ceux qui sont de son party, nous devions trouver bon qu’il en
|:fust au moins parlé jusques à la fin, mais qu’ilz voyoient assez que cette
affaire n’empescheroit pas la conclusion de la paix.
Lesdictz Hollandois:| ont passé plus outre et nous ont dict comme d’eux-
mesmes et comme |:noz amis et alliez qu’il leur sembloit que nous devions
coupper racine au mal qui pourroit arriver à la France si cette affaire de la
Lorraine demeuroit indécise et qu’il falloit faire quelque chose pour ce
prince:|. Un d’entr’eux s’avança de dire qu’il luy faudroit donner du bien dans
la France, un autre dit qu’au moins luy faudroit-il quelque entretènement.
Nous respondismes ce que nous avions tousjours faict sur de semblables ouver-
tures, que nous n’entendions pas que ceste affaire demeurast indécise; qu’elle
avoit esté terminée par le dernier traicté de Paris
Vertrag von Paris vom 29. März 1641 (s. nr. 11 Anm 2 und [nr. 132 Anm. 8] ). Ein neuer
frz.-lothringischer Vertrag war 1644 aufgesetzt, jedoch nicht unterzeichnet worden (s. nr. 198
nr. 7).
prétendoit de se tenir; que nous n’avions pouvoir de faire aucun traicté ny avec
l’Empereur ny avec le roy catholique qu’ils ne s’obligent en termes exprez de
ne luy donner jamais aucune assistance, et qu’ils ne consentent à tous les
moyens qui seront nécessaires pour le faire désarmer; que cependant il n’y
avoit rien de plus avantageux au duc Charles que d’envoier ses députez au Roy
et de se soubsmettre envers Leurs Majestez; que là sans doute il trouveroit
mieux son compte que dans le traicté de Munster; que sy l’on venoit à agiter icy
ceste affaire, outre qu’il ne s’y feroit rien, cela pourroit causer de grandes
longueurs et retarder la paix, que chacun tesmoignoit désirer estre faicte
promptement et dont la chrestienté avoit tant de besoing; que néantmoins
nous croiions bien que Leurs Majestés ne refuseroient pas d’accorder au duc
Charles un entretènement sortable à sa condition, et qu’elles pourroient nous
donner le pouvoir de l’arrester en la conclusion du traicté sans que pour cet
effect il fust nécessaire d’introduire une nouvelle négotiation. |:Lesdictz sieurs
ambassadeurs nous répétèrent qu’ilz avoient faict ces ouvertures d’eux-mesmes
et qu’en la mesme sorte ilz en parleroient avec les Espagnolz:| pour voir s’il
y auroit moyen d’y trouver quelque accommodement. Dans une autre confé-
rence ilz nous dirent que |:les Espagnolz s’estoient chargez d’advertir le duc
Charles de ce qu’ilz leur avoient rapporté, et les mesmes ambassadeurs:| ad-
joustèrent qu’un entretènement en argent estoit bien peu de chose pour un
prince souverain, que malaisément ledict duc pourroit accepter du bien dans la
France, et qu’il faudroit luy donner |:quelque chose ailleurs. Ensuitte les sieurs
Pau et Riperda dirent: „Il est prince de l’Empire et seroit bien aise de ne point
perdre ce rang. Vous pouvez luy donner l’Alsace en retenant la place de Brisac
avec la garde et protection de Philisbourg.“:|
Nous rejettasmes bien loing ceste pensée, leur faisans voir que ce seroit le
moien de perpétuer |:la guerre, non pas de la finir, veu l’esprit inquiet et
remuant de ce prince qui estant voisin de la Lorraine ne manqueroit pas d’y
entretenir des factions et de chercher matière à brouiller de nouveau, à quoy
le voisinage de l’Empire le pourroit aussy favoriser:|.
Ce sont les derniers motz que nous avons eu sur ce suject, et comme nous
l’avons mandé il nous semble que |:ni les Impériaux ny les Espagnolz ne
persisteront pas dans cette demande, et nous avons quasi certitude que si noz
parties cognoissent qu’il n’y a aucune espérance d’obtenir autre chose, ilz se
résoudront de n’en faire aucune mention au traicté, et nous espérons qu’ilz
s’obligeront de ne l’assister directement ny indirectement et demanderons
mesme que si ce prince ne désarme, il soit loisible à la France de le poursuivre
partout où il se retirera avec ses forces et celles de ses alliez pour le faire
désarmer sans que pour cella la paix puisse estre tenue pour rompue de nostre
part:|, croyans bien qu’il sera impossible d’obtenir que |:le parti contraire
joigne ses armes avec celles du Roy pour cet effect:|.
Voilà |:l’estat présent de cette affaire, sur laquelle:| il reste à dire nos senti-
mens puisque la Royne nous faict l’honneur de les demander. Nous les luy
représenterons avec tout le respect |:qui est deu à ses ordres et avec une dis-
position entière d’i obéir aussytost que Sa Majesté aura eu agréable de nous
faire sçavoir sur ce ses dernières intentions:|.
Il semble qu’il |:y aye trois voyes pour sortir d’affaires avec le duc Charles. La
première seroit de luy donner un entretènement en quelque lieu qui fust es-
loigné de la France:|. Ce moien seroit sans doute le meilleur, le plus court et
le plus avantageux pour la France, et peut-estre pour luy-mesme. Cela luy
donneroit du repos dont il a esté incapable jusqu’icy, ou s’il désire d’exercer
son courage, la guerre du Turc luy en peut fournir de belles et glorieuses
occasions. En ce cas il pourroit estre aydé non seulement de la France, mais
encor de divers autres princes qui luy donneroient moien d’exécuter quelque
chose de grand contre cet ennemy commun, mais c’est avec beaucoup de pré-
voiance que l’on |:nous ordonne de prendre garde qu’il ne puisse abuser des
forces qui luy seroient mises en main et les tourner contre la France:|. Sans
doute nous estimerions |:dangereux que sous prétexte de faire la guerre au
Turc, il luy fust donné quelque comandement sur les trouppes en Allema-
gne:|, mais bien pourroit-il estre emploié utilement au |:service de la Répu-
blique ou dans l’Angleterre, et pourveu que son comandement ne s’estendît
qu’au delà des mers, nous estimerions que la France devroit contribuer à luy
procurer un tel employe:|, mais ceste résolution dépend de la République et
de divers autres princes qui la prendront malaisément. Nous en avons desjà
jetté |:plusieurs propos à monsieur Contarini:|, et sy nous voyons la moindre
|:apparence qu’un tel dessein puisse réuissir, nous y appuyerons fortement:|.
Et cependant, nous dirons pour ce qui regarde le poinct qui est à ceste heure à
examiner que comme |:le duc Charles ayant le comandement d’une armée
seroit bien aise de tirer quelque somme notable de la France:|, aussy est-il
assez malaisé de croire qu’il veuille |:se contenter sans cella d’un simple en-
tretènement, veu mesmes qu’il a de l’argent à ce qu’on dict et qu’il n’est pas
réduict à une dernière nécessité:|.
Un second moien de |:terminer cette affaire seroit de luy donner une autre
province, soit en France ou ailleurs. Celle de l’Alsace nous sembleroit tout à
faict malpropre, attendu le voisinage de la Lorraine où il y auroit tousjours
moyen de caballer:|. Lorsque nous avons conféré ensemble entre plusieurs
advis sur lesquels nous avons esté en différend, nous sommes tousjours conve-
nus en ce poinct, qu’il seroit à souhaitter que ce qu’il |:plairoit au Roy de
faire pour le duc Charles et pour sa maison ne fust ny dans la Lorraine, ny
dans l’Alsace, ny dans les provinces voisines:|, parce qu’il semble que de luy
en donner |:une partie est comme l’asseurer du reste ou du moins luy faire
naistre une si forte passion avec quelque espérance d’obtenir le tout, qu’il est
quasi impossible que luy ou les siens dans l’advenir ne trouvent quelque
conjoncture pour se remettre, et comme le Roy n’a point de province hors de
la France de laquelle il pust disposer en faveur dudit duc, il ne resteroit sui-
vant ce parti que de luy en donner une dans le cœur et dans le millieu du
royaume:| où on luy pourroit mesme faire sa |:condition avantageuse pour le
revenu, pourveu qu’il relevât de la couronne et qu’il demeurast dans la sujec-
tion du Roy:|.
Le troisième |:expédient est celluy qui est proposé dans le mémoire du qua-
torziesme octobre et dans les observations, qui seroit de convenir d’un entre-
tènement présent pour ledit duc, pour le duc François son frère, outre celluy
qui se donne à madame la duchesse de Lorraine:|, et dans dix ans du jour de
la paix de |:donner aux princes qui peuvent prétendre à cette succession l’an-
cienne duché et souveraineté de Lorraine, les places démolies et non pas ce
qui est mouvant de la France ny ce qui dépend des trois éveschez, ou bien leur
donner un Estat aussy en souveraineté d’esgalle valleur à l’ancienne duché au
choix de Sa Majesté:|.
Cet expédient est sans doute digne de la bonté de Leurs Majestez et du mérite
des |:services que quelques-uns de cette maison rendent à la couronne. Il
agréeroit au public et satisferoit aux instances pressantes de l’Empereur et du
roy d’Espagne:| et sans donner aucun nouveau |:moyen au duc Charles de
nuire à la France on contenteroit ceux de sa maison:|. Le Roy ne laisseroit
pas de |:les transplanter ailleurs s’il est jugé si dangereux de les laisser dans la
Lorraine:|, puisqu’il demeureroit au choix de Sa Majesté |:de luy donner
alors un Estat qui en seroit esloigné. Le temps mesme que l’on prendroit pour
exécutter cette proposition auroit rapport aux traictez précédens et jusques à
ce qu’il fust escoulé, il se présenteroit peut-estre une occasion favorable d’es-
tablir cette maison dans un lieu moins suspect à la France:|.
Touttes ces considérations sont puissantes et nous semblent avoir esté mer-
veilleusement bien trouvées, mais on nous permettra de dire que |:cette offre
à l’esgard du duc Charles n’est autre en effect que de luy donner un peu d’ar-
gent et de l’exclurre pour jamais de l’espérance de rentrer dans sa souveraine-
té:|, ce qui vraysemblablement |:ne devant pas estre accepté ne remédie pas
au mal présent, puisque cella ne l’empeschera pas de faire la guerre et de se
servir des trouppes qu’il a sur pied et de celles qu’il peut retirer du débris des
armées et peut-estre encor de l’assistance indirecte et cachée des princes:|
ausquels la grandeur et les prospéritez de la France donnent de l’envie. |:En
vain l’on espéreroit d’obliger par cette offre l’Empereur et le roy d’Espagne à
joindre leurs forces à celles du Roy pour contraindre le duc Charles à désar-
mer. C’est assez si nous gaignons ce poinct qu’ilz ne le puissent pas aider et
quant mesmes on auroit à faire quelque chose pour ce prince, il nous semble
que ny l’Empire ny l’Espagne n’y doit avoir aucune part et qu’il importe à la
France qu’il n’ait aucun attachement à la maison d’Austriche et ne doive la
grâce qu’il pourra recevoir qu’à la seulle clémence et générosité de Leurs
Majestez:|.
C’est un exemple qui est deub à la postérité qu’un duc de Lorraine ayant ozé
offenser la France n’aye pu trouver du support ny dans l’Empire ny dans
l’Espagne et qu’encor qu’il y ayt eu recours, il aie porté néantmoins la peine
de sa témérité |:ou s’il reçoit quelque effect de bonté qu’il n’en soit redevable
qu’au Roy:|.
Au surplus ce n’est point chose nouvelle de voir les princes exclus d’un traicté
de paix, ny que ceux dans le party desquels ils ont esté, ayent quelquefois esté
contrainctz de laisser en arrière leurs intérestz. L’exemple de Louis XII et de
ses successeurs est bien en plus fortz termes, puisque les roys de Navarre
n’avoient perdu leur Estat que pour avoir adhéré à la France
Kg. Ludwig XII. von Frk. (1462–1515, 1498 Kg.) sowie seine Nachfolger Franz I. und Hein-
rich II. hatten sich für die Restitution Navarras eingesetzt, das Kg. Ferdinand V. von Aragón
1512 Kg. Jean d’Albret entrissen hatte, nachdem seiner Armee der Durchmarsch nach Frk.
verweigert worden war (vgl. [nr. 64 Anm. 11] ).
point vassaux et n’avoient commis aucune félonnie contre ceux qui détien-
nent encor aujourd’huy le patrimoine de nos roys. Par le traicté de Crespy de
l’année 1544
duc de Savoie, quoyque cet empereur fust avec son armée dans le cœur de la
France, et que les Anglois y fussent entrez par un autre endroict.
Pour conclusion il nous semble que |:des trois moyens qui nous sont tombez
en la pensée pour la satisfaction du duc Charles:| il n’y en a aucun qui pré-
sentement puisse estre mis en practique. Celuy de |:donner un entretènement
en argent nous sembleroit très bon, mais nous estimons qu’il ne sera pas ac-
cepté. Le second d’un establissement dans l’Alsace ou ailleurs est rejette par
Leurs Majestez:| qui jugent avec grande raison qu’il est |:périlleux en une
personne de son humeur:|; d’ailleurs nous ferions perdre au Roy la gloire |:et
le fruict d’une conqueste si avantageuse pour la France et qui la doit rendre
considérable à toutte l’Allemagne:|. Et le troisiesme de |:promettre de resta-
blir dans un temps ses successeurs dans l’ancienne duché de Lorraine ou dans
une autre souveraineté ne remédie pas assez au mal qui est à craindre et nous
oste l’advantage que nous croyons avoir acquis jusques icy dans la négotia-
tion:|. C’est pourquoy nous estimerions que |:le seul parti qui reste à prendre
est de persister dans l’exclusion, ce qu’ayans faict assez heureusement jusques
icy, il semble que l’on doit continuer, et si après il est jugé à propos de pren-
dre de nouveaux conseilz, on sera dans la liberté de le faire sans qu’il paroisse
que l’on y ait esté contrainct:|.
Ce qui est de ce |:dernier article touchant le troisiesme expédient, ayant esté
fort débattu entre nous et s’i estant trouvé:| de différentes opinions, il a esté
approuvé que chacun escrivît séparément à monsieur le comte de Brienne les
raisons de son opinion, afin de mieux esclaircir Sa Majesté et messieurs de son
conseil. Mais d’autant que ceste résolution n’a esté prise qu’en fermant la dé-
pesche, si l’on ne peut pas escrire par cet ordinaire ou qu’il n’y en aye qu’ un
qui en escrive à mondict sieur de Brienne il est supplié d’attendre les raisons
des autres qu’on luy envoiera par un courrier que nous croyons dépescher
dans trois ou quatre jours.
Sur le 15
On persiste à demander la liberté du prince Edouart quoyque les Espagnols
paroissent fort sensibles sur ce poinct |:et les Hollandois peu favorables:|.
Sur le 16
Ou il n’y aura aucun article dans le traicté qui |:fasse mention de l’eschange
des places:| comme jusqu’icy nostre intention n’a pas esté qu’il en fust parlé,
ou sy nous y sommes obligez, on ne manquera pas d’y apporter les conditions
qui sont très à propos remarquées.
La précaution qu’on nous ordonne de |:prendre avec Messieurs les Estatz
pour le Portugal est très bonne:|. On y a travaillé et on continuera de le faire
avec tous les soings possibles. Nous avons desjà mandé que nous estimions
que |:la subsistance du Portugal seroit la véritable seureté de la paix. Si ce roy
n’est point assisté, il n’y a pas apparence qu’il puisse se maintenir longtemps
contre la puissance d’Espagne, mais si de bonne heure l’on prépare:| son se-
cours et que suivant la grande prévoiance qui faict sy heureusement réussir
touttes les affaires de Leurs Majestez on luy |:donne à temps une assistance
considérable:| et qu’on luy en procure |:aussy une des Provinces-Unies, il ne
sera pas facille à l’Espagnol de ruiner cest Estat qui le pourra tenir en exercice
non seullement jusques à la majorité du Roy, mais peut-estre encor long-
temps au delà:|.