Acta Pacis Westphalicae II B 4 : Die französischen Korrespondenzen, Band 4: 1646 / Clivia Kelch-Rade und Anuschka Tischer unter Benutzung der Vroarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Michael Rohrschneider
207. Memorandum Serviens für Lionne [Münster] 1646 Oktober 16
–/ 207 /–
[Münster] 1646 Oktober 16
Konzept, teilweise eigenhändig: AE , CP All. 78 fol. 170–178’ = Druckvorlage.
Bedeutung Mont-Cassels. Partikularvertrag mit Mantua empfehlenswert. Aufschub der Regelung
der italienischen Probleme. Gefahr einer Verweigerung der niederländischen Waffenhilfe in Ita-
lien und Katalonien. Portugal. Zum Waffenstillstandsbeginn in Katalonien. Bemühungen zum
Schutz Portugals. Druck auf die Generalstaaten. Verhältnis zu d’Avaux. Vorsicht gegenüber
Schweden geboten. Haltung Bayerns. Umgänglichkeit Chigis seit Bekanntwerden der Restitution
der Barberini. Titularfragen. Freude über Einnahme Dünkirchens.
Je ne sçay sy les armes du Roy occupent encor le Mont-Cassel
garnison, mais sy cela n’est pas, il seroit très nécessaire selon mon foible advis
avant la conclusion de la paix de reprendre ce poste et le fortiffier, non pas
tant pour l’importance de sa scituation, quoyqu’elle soit très commode pour
tenir Saint-Omer blocqué de ce costé-là, que parce que c’est une chastelenie
de grande estendue qu’il importe de conserver au Roy sy l’on peult par le
traicté de paix, ce qui sera plus facile à obtenir, quand nous en serons en
possession, mesmes occupant le lieu principal dont le reste de toute la chaste-
lenie dépend, nous aurons un tiltre légitime pour le retenir à l’exemple des
Hollandois qui ont obtenu par leur traicté que tous les bourgs et villages,
dépendants des villes capitales qu’ilz tiennent, leur appartiendront désormais
comme estans des annexes et dépendances des lieux principaux qui sont entre
leurs mains. Cette proposition n’est pas tout à faict à négliger, car encor que
les Espagnolz demeurent d’accord de laisser au Roy tout ce que ses armes
occupent dans les Pays-Bas, on peult tumber en différent sur la forme d’ occu-
per et pour sçavoir ce qui est occupé par les armes du Roy ou ce qui ne l’est
pas, oultre l’advantage qu’il y auroit d’acquérir une chastelenie dont la juris-
diction est de sy grande estendue, sy l’on faict cy-après une[!] eschange de
Saint-Omer dont j’ay appris que le territoire est fort petit, on y pourroit join-
dre cette chose qui va jusqu’aux portes.
Ayant bien examiné les ordres qui nous sont donnez par nos instructions
pour la seureté de Casal, lorsqu’il a fallu mettre par escript les moyens de les
exécuter, nous avons treuvé que les conventions qui doivent estre faictes pour
cet effect doibvent plustost estre traictées avec monsieur et madame de Man-
toue qu’avec les Espagnolz. Il ne semble pas qu’ilz veuillent se résouldre à
signer un traicté par lequel il soit porté qu’on ne pourra jamais disposer de
Casal ny du Montferrat en leur faveur, et comme leur dessein pourroit estre
aujourd’huy de faire le mariage du prince d’Espagne avec la princesse de
Mantoue
Eleonore Gonzaga (1630–1686), die Schwester Hg. Karls II. von Mantua, heiratete 1651 Ks.
Ferdinand III. ( Stammtafeln II T. 130). Der Infant Balthasar Karl war am 9. Oktober
1646 verstorben (s. [ nr. 45 Anm. 5 ] und 6), was in Münster noch nicht bekannt war.
eux que [ny] Casal ny le Montferrat ne pourront jamais sortir de la maison de
Mantoue pour tumber au pouvoir d’aucun autre prince, sy le duc de Mantoue
venoit à mourir, ilz croiroient d’estre bien fondez en cas que le mariage de sa
sœur se treuvast faict avec ledit prince d’Espagne, de posséder Casal et le
Montferrat soubz le nom de cette princesse
Das Hgt. Montferrat war mit dem Hgt. Mantua verbunden, konnte aber, anders als dieses,
auch in weiblicher Linie vererbt werden. Beim Erbfall 1627 hatte Karl Gonzaga, duc de Re-
thel (1609–1631), der Sohn des für Mantua und Montferrat erbberechtigten Karl (I.) Gon-
zaga , duc de Nevers (s. [ nr. 242 Anm. 10 ] ), die ebenfalls für Montferrat erbberechtigte Maria
Gonzaga (s. [ nr. 14 Anm. 12 ] ) geheiratet ( Quazza I S. 20f.; Schneider S. 2–5; Kiewning
S. XXXVIIIf).
contreviendroient point au traicté.
Il me semble que le plus asseuré remède contre cet inconvénient seroit de
faire un traicté particulier avant le général avec madame la duchesse de Man-
toue et monsieur son filz par lequel ilz s’obligent à deux choses tant pour eux
que pour leurs successeurs: l’une de ne faire jamais aucune sorte de traicté
avec les princes de la maison d’Austriche par lequel Casal et le Monferrat
puisse[!] tumber entre leurs mains, et que pour l’observation de cette pro-
messe ilz obligeront non seulement tous les biens qu’ilz possèdent tant en
France qu’en Italie, mais ilz consentiront que la garnison de Casal soit désor-
mais composée de Suisses payez la moytié par le Roy, le quart par la républi-
que de Venise et le quart par la maison de Mantoue, et que les gouverneurs
tant de la ville que de la citadelle et du chasteau comme aussy les principaux
officiers de la garnison feront serment en présence d’un commissaire du Roy
et d’un autre de la République de bien et fidellement garder ladite place soubz
l’authorité de monsieur le duc de Mantoue et pour son service et de ne
consentir jamais par aulcune sorte de traicté ny autre voye qu’elle puisse tum-
ber entre les mains des Espagnols.
La seconde, que la princesse de Mantoue ne pourra estre mariée avec aucun
prince de la maison d’Austriche ny avec quelqu’autre que ce soit sans le
consentement du Roy. Cette précaution est presque la seulle qu’on puisse
apporter maintenant contre le dessein que peuvent avoir les Espagnols d’ ac-
quérir un jour le Montferrat par mariage, elle n’est pas nouvelle ny extraordi-
naire , puisque par le traicté faict entre Charles VIII et les roys Ferdinand et
Isabelle en l’année 1493 le 19 e janvier
Zum Vertrag von Barcelona s. [ nr. 64 Anm. 6 ] .
que lesdits roys ne pourront marier leurs enfans sans le consentement du roy
de France ny prendre en quelque façon que ce soit l’alliance d’Angleterre ny
de la maison d’Austriche qui estoient alors ennemis de la France. La maison
de Mantoue ne peult pas treuver estrange qu’on exige d’elle pour la seureté
publique des conditions ausquelles deux grandz et puissans roys se sont aul-
tresfois obligez. Le roy Charles VIII par ledit traicté de [14]93 n’avoit rien
faict de fort extraordinaire en faveur de Ferdinand et Isabelle pour les obliger
à cette condition, et ne faisoit que les remettre en possession du comté de
Roussillon sans renoncer aux droictz de propriété. D’ailleurs, ce qu’il exigeoit
d’eulx n’estoit qu’à l’advantage particulier de la France, mais le Roy peult
avec beaucoup plus juste tiltre prétendre la mesme chose pour le repos public
après avoir restably par le traicté de Quérasco la maison de Mantoue dans
tous ses Estatz dont elle estoit despossédée après avoir faict lever par trois fois
le siège de Casal attaqué par les Espagnolz, et faict des despenses infinies pour
luy conserver cette place. C’est bien le moins que Sa Majesté puisse désirer en
donnant sy libérallement à la maison de Mantoue tous les fraiz et despenses
qu’elle a faictz pour sa conservation, que d’autres princes ne manqueroient pas
de mettre en ligne de compte pour en estre récompensez, que d’empescher par
toutes les voyes possibles que cette place sy importante, de laquelle dépend le
repos et la seureté de toute l’Italie, ne tumbe entre les mains de ses ennemis, ce
qui ne pourroit ariver qu’au préjudice mesme de la maison de Mantoue.
Je fis hyer cette proposition à monsieur de Longueville et à monsieur d’Avaux
qui furent de mon advis. J’avois estimé d’abord qu’il falloit obliger aussy
monsieur de Mantoue à ne prendre point d’alliance sans le consentement du
Roy, mais encor que cette précaution fust tousjours bonne à prendre, mon-
sieur de Longueville remarqua très prudemment que nostre principal intérest
est que la princesse qui pourroit un jour succéder au Montferat ne prenne point
d’alliance avec nos ennemis. Il n’y a pas apparence que les ministres de Man-
toue qui sont icy soient fondez de pouvoir suffisant pour convenir de toutes ces
choses, veu mesme qu’ilz font difficulté sur l’exécution du traicté de Quéras-
que et vouldroient bien y apporter du changement, ce qui me faict persister en
l’oppinion que j’ay tousjours eue qu’on ne pourra pas traicter maintenant icy
les affaires d’Italie deffinitivement, et qu’il se fauldra contenter d’y faire la paix
en s’obligeant de rendre de part et d’aultre les places occupées dans les Estatz
de messieurs les ducs de Savoye et de Mantoue dont les Espagnolz demeurent
d’accord, mais il en fauldra sursceoir l’exécution pour un an pendant lequel on
s’obligera d’envoyer des commissaires de part et d’autre dans le lieu qui sera
convenu comme pourroit estre Rome ou Venize pour y ajuster tout ce qui sera
nécessaire tant pour l’exécution du traicté de Quérasque que pour la conclu-
sion de la ligue de Italie et la composition des différens d’entre les Grisons et
des Valtelins
Das kath. Veltlin, ein Untertanenland des überwiegend protestantischen Graubünden, bildete
einen Korridor zwischen der Lombardei und Tirol und war strategisch wichtig für die Verbin-
dung zwischen den span. Besitzungen in Italien und den Ndl.n (s. dazu die Karten bei Parker
S. 71, 75; HAS S. 33, 42). Das Veltlin war zudem ein beliebtes Rekrutierungsgebiet für Söld-
ner . Als es 1620, nach religiös motivierten Pressionen der bündnerischen Verwaltung, im Velt-
lin zu einem Massaker an Protestanten kam, stellte Spanien das Alpental unter seine Protek-
tion . Frankreich griff in den Konflikt ein. 1626 schlossen Frankreich und Spanien den Vertrag
von Monzón, der das Veltlin bei faktischer Unabhängigkeit formell an Graubünden restitu-
ierte . Die Frage der Passagen blieb ungeklärt. 1635 besetzten frz. Truppen das Veltlin, wurden
aber 1637 von Graubünden gezwungen, es wieder zu verlassen. 1639 schloß Spanien mit
Graubünden den sog. Ewigen Frieden von Mailand, der den Konflikt beendete, indem das
Veltlin wieder uneingeschränkt Graubünden unterstellt, seine religiösen Rechte aber garantiert
wurden; Spanien wurde Durchzug durch das Tal gewährt ( Martinelli ; Pithon ; Brown ;
Wendland ).
tous les princes d’Italie d’envoyer audit lieu leurs députez avec des pouvoirs
suffisans. On pourra mesme dès à présent convenir que pour ce qui est de la
ligue ell’est dès à présent accordée entre les deux roys, que pour le bien de la
paix ilz convieront tous les autres princes d’y entrer.
Nous treuvons bien quelque avantage de laisser les affaires d’Italie indécises
pour quelques années en ce que conservant pendant ce temps-là les places que
le Roy tient dans le Piémont et le Monferat, ce seroient des gaiges qui nous
asseureroient de l’humeur changeante des deux princesses
Gemeint sind Hg.in Christine von Savoyen (s. [ nr. 199 Anm. 9 ] ) und Hg.in Maria Gonzaga
von Mantua (s. [ nr. 14 Anm. 12 ] ).
pas trop bien intentionnées pour la France. Mais je crains que le désavantage
qui peut arriver d’un autre costé ne soit plus grand en ce que les Espagnolz se
voyant délivrés de la crainte des armes qui les presse aujourd’huy deviendront
plus lents et difficiles aux conditions dont il est besoin de convenir pour
l’Italie de sorte que si faute de s’accomoder en ce pays-là on estoit obligé de
rentrer en guerre, il y auroit subjet d’apréhender que Messieurs les Estatz qui
se trouveroient desjà en paix ne voulussent pas la rompre pour l’amour de
nous, quoyqu’ilz soient obligés par les traictés de le faire pour les intérests de
Casal et des Grisons. Par ce moyen les Espagnols avoient gaigné ce qu’ilz ont
tant cherché pendant cette négotiation qui est de les séparer de la France et
n’avoir désormais à faire la guerre que contre elle seule.
Le mesme pourra arriver du costé de Cataloigne où je pourroy que nous se-
rons forcés si le traité s’avance de laisser aussy indécises plusieurs choses qui
regardent le comerce et la façon de vivre de ce peuple avec leur voysin pen-
dant la trêve et pour sçavoir au vray quelles terres doivent demeurer sous la
domination du Roy et quelles apartiendront à l’Espagne pour avoir esté for-
cées par les garnisons de Tortose et de Tarragone de luy prester serment de
fidélité, toutes ces difficultés et plusieurs autres de pareille nature qui ne peu-
vent pas estre sitôt terminés sont capables de faire reprendre les armes et lais-
sent le mesme subjet d’apréhension que Messieurs les Estatz n’y veuillent pas
prendre part.
Ich weiß nicht, inwieweit ein dauerhafter Friede bei Unterstützung Portugals
möglich ist, denn wenn wir König Johann nur geringfügig helfen, wird er sein
Reich bald verlieren, was für Frankreich sehr nachteilig wäre, und wenn wir ihm
großzügig Beistand leisten, verlagern wir lediglich den Kriegsschauplatz.
Je sçay bien que dans une négotiation si grande et importante et composée de
tant de divers intérestz que celle-cy il n’est pas possible de remédier tout d’un
coup à tous les inconvénientz ny d’aporter une santé physique à ce que l’on
traite, mais il est nécessaire de prévoir ce qui peut arriver et de sçavoir ce
qu’on devra faire en ce temps-là, si la trêve de Cataloigne ne comence par
exemple qu’au premier jour de janvier prochain, à quoy il semble que nous
devons insister pour bien asseurer la prise de Lérida sans laquelle nous met-
trions les Catalans au désespoir. Nous aurons bien le temps de prendre nos
mesures pour le secours de Portugal, pourveu qu’on y songe de bonne heure
et qu’on s’aplique comm’il faut, mais nous pourrons tumber dans les inconvé-
nientz cy-dessus remarquez, en cas qu’il naisse entre icy et le temps que la
trêve devra comencer quelque accident ou difficulté qui empesche l’ exéquu-
tion du concert qui en aura esté fait.
Si aussy les Espagnols pour faire comencer la trêve de Cataloigne au mesme
jour que la paix sera signée, demeuroient d’acord de remettre au Roy Lérida
que nous avons grande raison de demander après l’avoir réduit à l’extrémité
par un bloquus de cinc mois, ilz seroient en estat et pourroient avoir dessein
de tourner en un instant contre le Portugal toutes les forces qu’ilz ont main-
tenant du costé de Cataloigne et pourroient par ce moyen mettre les affaires
du roy de Portugal en très grand péril, avant que nous eussions le loysir de
luy envoyer du secours, principalement aujourd’huy que l’armée navale du
Roy est aux costes de la Toscane et qu’ell’y retient avec elle une partie de ses
forces de mer. Tout cela me fait croire que nous avons grand intérest de ne
presser pas 〈…〉 la conclusion du traité général si ce n’est qu’on pense au
moins obtenir une promesse secrète séparée du traité que le roy catholique
n’attaquera point le Portugal d’un certain temps en luy donnant la mesme
asseurance de la part du roy de Portugal. Il seroit mesme nécessaire selon
mon foyble advis de s’esclaircir un peu mieux avec Messieurs les Estatz pour
sçavoir comment ilz entendent se conduire en cette affaire après la paix et si
la complaisance que la France a eue pour eux les convie de ne parler point du
Portugal dans le traité en se réservant seulement la liberté de l’assister, il est
bien juste qu’ilz promettent aussy de contribuer de leur part à cette assistance
lorsqu’il sera attaqué, sans quoy il y auroit peu d’honneur de laisser perdre un
povre amy et peu de prudence de se priver voluntairement d’un si favorable
moyen d’asseurer pour jamais le traité qui se va faire, lequel selon toutes les
aparences le roy catholique n’osera jamais rompre, tandis que la diversion du
Portugal durera.
J’estimerois encor qu’il faudroit parler nettement à Messieurs les Estats sur
touts les doutes qu’ilz ont eu et sur les quaestions qu’ilz ont voulu renouer
pour retrancher leur obligation envers la France aux seuls intérestz des Pays-
Bas, affin que s’ilz voulloient encor prétendre de n’estre pas engagez dans
ceux d’Espagne et d’Italie, on leur fist comprendre qu’en ce cas il ne seroit pas
juste que la France fust engagée dans tous les leurs ny à la garentie de tout ce
qui leur sera acordé par le traité. Le beso[i]n qu’ilz ont de nostre garentie pour
leur seureté les obligera sans doute de venir à la raison, pourveu qu’[o]n leur
parle fortement et sans témoigner apréhension de ce qu’ilz pourroient faire
sans nous. Car ilz se servent un peu trop souvent de jalousie et crainte qu’ilz
nous donnent pour parvenir à leurs fins et obtenir les choses qu’ilz prétendent
de nous, ce qui obligea l’autre jour monsieur Salvius de nous dire en riant que
Messieurs les Estatz sçavoient bien mieux que les Suédois les moyens de mes-
nager la France et d’en tirer ce qu’ilz veullent.
Monsieur d’Avaux et moy n’avons pas laissé de vivre dans toute la civilité
possible depuis la colère qu’il témoigna de ce que je ne pouvois estre de son
advis pour l’envoy de la lettre à la reyne de Suède
Zum geplanten Schreiben an Kg.in Christine von Schweden s. [ nr. 180 Anm. 2 ] .
cognoistre que ce n’est pas un crime d’avoir un sentiment contraire à celluy
de ses amys dans les affaires publiques. Il paroist avoir recogneu et mesme en
a confessé quelque chose qu’il y eust eu part d’escrire si librement dès le len-
demain de nostre accord avec les Impériaux. Je luy ay proposé l’exemple de
Son Eminence qui a parlé fortement au comte de La Garde pour le disposer à
la paix, et qui a répondu par escrit à son mémoire fort doucement et en
termes généraux.
Il me semble que j’ay heureusement rencontré par mon opinion cette
conduite sans la sçavoir, en proposant de faire agir en Suède vigoureusement
les ministres du Roy et de n’escrire à la reyne que des complimentz à cause
que les lettres demeurent et sont subjètes à diverses interprétations. Il seroit à
craindre qu’ayant fait autrement nous n’eussions fourni aux Suédois des pré-
textes que peut-estre ilz cherchent pour nous jouer quelque mauvais tour.
Monsieur le Nonce me dit aujourd’huy en une grande conférence qu’un des
deux plénipotentiaires avoit fait dire depuis peu à Trautmensdorf que s’il vou-
loit retourner à Osnabruc et traiter confidement et favorablement avec eux,
ilz luy diroient à l’oreille les moyens de retourner l’Alsace et le retirer de noz
mains. Monsieur le Nonce a adjousté qu’on en pouroit faire voir quelque
chose par escrit. Je n’ay pas tésmoigné faire grand fondement sur cet advis ny
avoir apréhension de ce qu’il contient. Mais je vous suplie de dire à Son Emi-
nence que je ne croy pas qu’il le faille mespriser, et que cela me fait cognoistre
de plus en plus combien il eust esté dangereux en suivant l’advis de monsieur
d’Avaux d’augmenter la jalousie de noz amys qui prennent ombrage et s’ of-
fensent légèrement pour playder trop ouvertement la cause de ces ennemis
réconciliez avec peu d’asseurance principalement aujourd’huy que la caution
du duc de Bavière nous manque qui est outré du mauvais 〈…〉 qu’il reçoit et
auquel par conséquent il seroit malaisé désormais de prendre la mesme
confiance que nous y eussions pu avoir cy-devant; quoyque les Suédois soient
les principaux autheurs de son mal, il paroist avoir moins d’animosité contre
eux que contre 〈nous〉 pour ce qui se passe dans son pays et il fait traiter
avec eux ce qu’il n’avoit point encor fait.
Si la colère le portoit à conseiller à l’Empereur de contenter plustost les Sué-
dois et les protestantz que la France, nous aurions perdu la principale seureté
qui nous a jusqu’icy garenti de ce mal, Bavière ayant esté celluy qui a le plus
puissemment conseillé à l’Empereur de sortir d’affaires avec nous par préfé-
rence .
Monsieur le Nonce en se séparant de moy m’a fait charge de renouveller les
asseurances de son très humble service à Son Eminence et il luy fait des ac-
tions de grâce de sa part de la généreuse protection qu’ell’a départie à Mes-
sieurs les Barberins qui luy acquiert partout une gloire immortelle. Il paroît
tout changé depuis la nouvelle de cest acomodement et traite avec nous beau-
coup plus ouvertement; peut-estre croye-t-il que le Pape comence à se lasser
des Espagnolz et à désirer tout de bon de se réunir avec la France.
Je vous suplie de prendre garde que l’on concerte bien la lettre qui nous sera
envoyée pour l’Empereur, car je prévoy que ce sera désormais la seule voye
honorable que nous aurons pour maintenir le commerce entre ces deux prin-
ces . Peult-estre aura[-t-]on peine de treuver un exemple d’une semblable lettre
dans les régistres de messieurs les secrétaires d’Estat. Il vault mieux cette pre-
mière fois estre retenu à donner des tiltres que sy on s’avançoit trop d’abord,
parce qu’il sera plus aisé d’y adjouster sy on se plaint de quelque chose qu’il
ne seroit de se retrancher.
L’acquisition de Donkerque ne se peult assez estimer, tant pour le coup mor-
tel qu’elle donne à nos ennemis que pour la nécessité qu’elle impose à nos
amis de vivre bien avec la France. C’est le principal fruict de toutes nos
conquestes passées qui sans cette place n’estoient pas considérables à beau-
coup près de ce qu’elles le sont aujourd’huy.
Je n’ay pas ozé importuner Son Eminence d’une lettre sur ce subjet pour me
resjouir avec elle de tant de prospérités dont il plaist à Dieu de bénir sa
conduicte qui est en admiration parmy tous les estrangers. Je me prometz de
sa bonté qu’elle l’imputera au respect que je luy porte.
Gerüchte.