Acta Pacis Westphalicae II B 4 : Die französischen Korrespondenzen, Band 4: 1646 / Clivia Kelch-Rade und Anuschka Tischer unter Benutzung der Vroarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Michael Rohrschneider
190. d’Avaux an Mazarin Münster 1646 Oktober 8
Münster 1646 Oktober 8
Ausfertigung: AE , CP All. 62 fol. 51–55 = Druckvorlage. Eigenhändiges Konzept: AE , CP
All. 67 fol. 71–74’. Kopie: AE , CP All. 78 fol. 98–103.
Herbigny. Warten auf Anweisungen zu Verhandlungen über Lothringen; Empfehlung eines Ver-
zichts auf das Elsaß zugunsten Herzog Karls. Stand der französisch-spanischen Friedensverhand-
lungen . Haltung Pauws. Schwierige Lage Maximilians von Bayern.
Ich danke Ihnen für den freundlichen Empfang meines Neffen Herbigny.
J’attens avec désir le mémoire dont Vostre Eminence fait mention, car je pré-
suppose que c’est pour régler nostre conduitte |:sur les affaires de Lorraine:|,
et il me semble que nous en avons besoin. J’apprens de bonne part que |:les
plénipotentiaires d’Espagne insisteront à la restitution des Estats du duc
Charles:| ou d’une partie d’iceux et qu’ilz ne veulent point ouïr parler d’une
|:pension annuelle pour luy ni de terres en France:|. Ilz n’ont pas néantmoins
rejetté si absolument cette ouverture qu’ilz n’aient enfin fait cognestre |:aux
ambassadeurs de Hollande qu’ils escriroient audit duc, et que s’il en est
content:| ilz le seront aussy, mais qu’ilz sçavent bien qu’il n’escoutera pas une
telle proposition. Encores, dit Peñaranda, si on luy |:vouloit bailler des terres
souveraines hors de France, ce seroit quelque chose:|.
Je me suis fort enquis, Monseigneur, s’il n’a rien dit de plus et si l’on n’a poit
cogneu son dessein, mais l’on m’asseure qu’il ne fût pas possible de le péné-
trer d’autant qu’il ne s’en ouvrît en aucune façon.
|:Les ambassadeurs de Messieurs les Estats ont jugé entre eux:| qu’il vouloit
peut-estre entendre |:l’Alsace avec le reste de ce qui nous doit demeurer dans
l’Empire, et ils croient la chose avantageuse au Roy:|.
A la vérité, Monseigneur, il y auroit bien sujet de délibérer, et j’avoue à Vostre
Eminence que cette pensée m’est venue en l’esprit il y a plus de six mois et
que j’en ay souvent parlé à messieurs mes collègues. |:En ce cas le duché de
Bar et toute la Lorraine seroient unis et incorporés à la couronne du consen-
tement des ducs Charles et François:| et ce par un traitté solennel avec garen-
tie de la couronne de Suède et de tous les estatz de l’Empire. |:Ce seroit la
plus importante et la plus notable accession au roiaume de France qui se
puisse souhaitter:|, et le nom de Vostre Eminence seroit à jamais en bénédic-
tion parmy nous.
Il ne faudroit pas douter |:d’acquérir encores la cession de madame de Lor-
raine :| cumulando jura juribus selon l’avis des jurisconsultes. En un mot l’on
|:ne pouroit trop achetter la juste et paisible possession d’un si beau païs qui
est si fort à nostre bienséance, si aisé à conserver et qui romproit la ligne de
communication si utile aux ennemis de la France:|.
Que si avec cela on pouvoit demeurer d’accord que |:Brisach fust démoli
aussi bien que Benfelt, le voisinage du duc Charles ne nous devroit pas estre
fort suspect:|.
D’ailleurs |:ce prince n’est pas immortel et ses successeurs
Den Titel eines Hg.s von Lothringen erbte 1675 Karl (IV.) V. (1643–1690) ( NDB XI
S. 234–237 ), Sohn des Nikolaus Franz und der Claudia von Lothringen (s. [ nr. 146 Anm. 3 ] ).
Karls IV. Kinder mit Béatrix de Cusance (s. [ nr. 146 Anm. 4 ] ) – Anne (1639–1720), seit 1660
verh. princesse de Lillebonne, und Charles-Henri (1642–1723), prince de Vaudémont ( Fange
S. 225f.) – waren wegen der kirchenrechtlichen Ungültigkeit der Ehe von der Nachfolge aus-
geschlossen . Lothringen selbst blieb in frz. Hand (vgl. [ nr. 11 Anm. 2 ] ).
humeur, ils se contenteroient d’estre landgraves d’Alsace:| et de songer à
s’accroistre du costé de l’Empire selon les occasions qui s’en offrent de temps
en temps.
Il est vray qu’il seroit encores meilleur de |:garder la Lorraine, l’Alsace, Bri-
sack et Philipsburg:|, mais j’ay peine à concevoir une si grande félicité, et si je
la conçois c’est avec appréhension qu’elle ne dure pas.
|:Un duché de proche en proche vaut mieux pour la France qu’un roiaume
esloigné. Nostre nation n’a jamais conservé:| ses conquestes dans les païs es-
trangers , et si présentement ou dans une autre conjoncture d’affaires l’on est
obligé |:de restablir le duc Charles en tout ou en partie:| pendant que la
comté de Bourgoigne demeure entre les mains des Espagnolz |:l’Alsace sera
de difficile garde, spécialement en unne saison où la France se trouveroit
occupée au dedans:|.
Au reste, Monseigneur, |:les plénipotentiaires d’Espagne ont consenti que par
le traitté de paix Roses soit cédé au Roy avec le comté de Roussillon:|, mais
ils ont stipulé expressément |:des Hollandois qu’ils ne nous donnent pas cette
parole:| qu’après avoir mesnagé quelque autre chose en leur faveur. |:Les
Hollandois ont résolu entre eux d’en user ainsi et monsieur Pau y tient la
main, mais comme ils sont plusieurs j’ay trouvé moien de le sçavoir.
Les Espagnols ont aussi accordé que la trefve en Catalogne soit de trente
ans:|.
Ilz ont apporté grande résistance à la réserve que nous voulons faire des
droitz du Roy sur la Navarre
Vgl. [ nr. 64 Anm. 11 ] .
ceux du roy d’Espagne sur le duché de Bourgoigne
monstré la diversité en ce qu’il y a eu renonciation de leur part audit duché,
ce qui n’a jamais esté fait pour la Navarre, j’ay recogneu qu’enfin ilz souffri-
ront la susditte réserve.
Quant à la liberté du prince Eduart ilz la refusent entièrement, et lorsqu’on
leur a fait voir par escrit ce que les médiateurs nous ont déclaré de leur part,
ilz ont respondu que l’offre de le mettre en liberté
conditions que nous n’avons pas acceptées et que nous refusons encores au-
jourd ’huy, partant qu’ilz n’y sont pas obligez, et qu’ilz ont deffense expresse
du roy leur maistre d’entrer en aucune négotiation sur ce sujet.
Pour ce qui est du temps auquel les hostilitez devront cesser, les ambassadeurs
de Holande ont escrit à Messieurs les Estatz que nous avons laissé cela à leur
choix. Ilz espèrent recevoir ordre là-dessus par le premier ordinaire si ce n’est
qu’on ayt renvoyé l’affaire aux provinces, auquel cas il faudra bien attendre
trois semaines.
|:Il est malaisé que les deux traittés de France et de Holande avec Espagne:|
soient conclus de tout point et en estat d’estre signez avant |:la fin de novem-
bre et alors il ni aura rien à perdre de faire une suspension d’armes.
Monsieur Pau ne cesse parmi ses collègues d’exalter les prospérités de la
France et de tesmoigner qu’il apréhende qu’après la prise de Dunquerque Sa
Majesté ne vueille:| obliger Messieurs les Estatz à continuer la guerre jusques
à l’expulsion des Espagnolz du Païs-Bas suivant le traitté de 1635 . C’est ce
qui |:le fait agir depuis quelques semaines avec tant de diligence:| pour nous
faire convenir ensemble les Espagnolz et nous. Il se sert |:encores de cette
négotiation pour une autre fin et je suis averti qu’il a escrit en Holande que:|
les François qui ont tant crié contre l’ajustement de quelques articles entre
eux et les Espagnolz, font aujourd’huy beaucoup davantage sans aucun scru-
pule et sont desjà d’accord des principaux points, mais ny nous ne traittons
au desceu desdits sieurs ambassadeurs de Holande qui sont eux-mesmes les
autheurs et entremetteurs de cette négotiation, ny nous ne signerons aucuns
articles que conjointement avec eux, ny nous n’avons obmis d’y en insérer un
par lequel il est dit que rien ne sera valable si Messieurs les Estatz ne
concluent leur traitté en mesme temps.
|:Par cette conduite de monsieur Pau je vois que:| Vostre Eminence l’a fort
bien cogneu, m’aiant fait l’honneur de m’instruire de bonne heure |:de ses
sentiments et de la manière dont il falloit agir avec luy:|.
Quand à la paix d’Allemagne elle dépend des ordres qu’on envoyera de Suède
à messieurs Oxenstiern et Salvius; ilz nous en donnent bonne espérence, mais
c’est un grand mal que cependant le duc de Bavières soit traitté comme il est
et que l’armée du Roy se trouve engagée à ruiner un prince catholique qui a
beaucoup contribué à faire accorder la satisfaction de la France, et qui n’est
persécuté des protestans qu’en haine de la religion. Il me souvient, Mon-
seigneur , de vous avoir donné avis dès l’hyver passé que c’estoit audit duc
qu’on en vouloit, et qu’outre la passion qu’on a contre luy l’on se promettoit
qu’après l’avoir destruit il ne seroit plus considérable à la France. Vostre Emi-
nence me fit l’honneur de m’escrire qu’elle travailleroit à destourner cet
orage, et de vray elle l’a destourné longtemps, pendant quoy monsieur le duc
de Bavières devoit forcer les plénipotentiaires de l’Empereur de terminer les
affaires, ou luy-mesmes devoit traitter avec nous et pourvoir à sa seureté,
|:mais cette obmission n’empesche pas qu’à mon avis il ne soit fort important
pour le service du Roy de ne le pas laisser périr pour plusieurs raisons:|, spé-
cialement affin que |:l’authorité de Leurs Majestés qui est sur le point de
donner la paix à l’Empire ne passe pas en d’autres mains:|.