Acta Pacis Westphalicae II B 4 : Die französischen Korrespondenzen, Band 4: 1646 / Clivia Kelch-Rade und Anuschka Tischer unter Benutzung der Vroarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Michael Rohrschneider
23. Memorandum Ludwigs XIV. für Longueville, d’Avaux und Servien Paris 1646 Juni 22
Paris 1646 Juni 22
Kopien: AE , CP All. 76 fol. 626–633’ = Druckvorlage; AE , CP All. 66 fol. 87–91’, 98,
92–97’; Ass. Nat. 272 fol. 310–321’. Konzept Lionnes: AE , CP All. 61 fol. 48–59. Druck:
Mém. et Nég. III S. 61–86; Nég. secr. III S. 227–232.
Zu nr.n 304, 10, 11. Lob der Verhandlungsführung gegenüber den Kaiserlichen. Protestantisches
Übergewicht in Deutschland zu befürchten. Eindämmung der schwedischen Forderungen nötig.
Positive und negative Aspekte der französisch-schwedischen Truppenvereinigung. Weisungen an
Turenne. Beilage 1: Briefe Kurfürst Maximilians an Bagno. Ermächtigung der französischen Ge-
sandten zu Vereinbarungen mit Bayern. Zurückweisung der kaiserlichen Ulterior declaratio.
Stellungnahme zum Angebot der Souveränität über das Elsaß erbeten. Verhandlungen mit Rá-
kóczy. Belobigung Croissys. Mission d’Anctovilles beim Trierer Kurfürsten. Hoffnung auf Bünd-
nistreue der Generalstaaten; ermutigender Briefwechsel zwischen Mazarin und dem Prinzen von
Oranien. Stand der niederländisch-spanischen Verhandlungen. Mehrheit der niederländischen
Gesandten, insbesondere Pauw und Knuyt, durch Versprechen von Geldzuwendungen für Spa-
nien gewonnen. Festhalten des spanischen Kuriers beabsichtigt. Französisch-spanischer Vertrags-
schluß von spanischem Botschafter in Wien befürwortet. Angebliche Bereitschaft Spaniens, das
Artois, das Roussillon und Rosas abzutreten sowie einen Waffenstillstand für Katalonien und
Portugal zu schließen. Friede für Frankreich zum jetzigen Zeitpunkt ruhmvoll. Militärische
Nachrichten; Eindruck des derzeitigen französischen Alleingangs auf Feinde und Verbündete.
Hoffnung auf Annahme der französischen Bedingungen durch Spanien. Weisung an Turenne, die
von ihm verweigerte Truppenvereinigung zu vollziehen; Beilage 2. Druck der Franzosen auf die
schwedischen Gesandten.
Comme ce qui est contenu dans les dépesches desdits Sieurs Plénipotentiaires
du 5 e du courant et dans celles du 14 que Saladin a depuis apportées se ré-
duict à trois chefs principaux, l’un de l’estat où est la négotiation de la paix
dans l’Empire, le deuxième de la conduicte que tiennent les députez de Mes-
sieurs les Estatz avec la France, et le dernier est touchant les affaires d’Espa-
gne. On réduira aussy la response ausdits mémoires à ces trois poinctz, sur
lesquelz Sa Majesté a estimé devoir leur faire mander ce qui s’ensuit de ses
sentimens et de ses intentions.
Et en premier lieu sur les affaires de l’Empire, elle ne peult assez louer la
bonne conduicte et l’addresse avec laquelle lesdits Sieurs Plénipotentiaires ont
enfin porté toutes choses au poinct que Sa Majesté pouvoit souhaitter pour la
satisfaction deue à cette couronne, et elle recognoist fort bien de quel mérite
doibt estre le service qu’ilz ont rendu de l’avoir asseurée avec tant d’utilité et
de gloire malgré tous les obstacles que les Espagnolz ont essayé d’y mettre
particulièrement en la cession de Brisac qu’ilz n’ont pu empescher quoyqu’ilz
n’y ayent rien oublié.
Cependant, la méthode que lesdits Sieurs Plénipotentiaires ont prise de tenir
ferme en certains poinctz et de les laisser indécis jusques à ce que les Impé-
riaux se mettent à la raison en d’aultres, ne pouvoit estre meilleure et produira
mesme un aultre bon effect quand nous viendrons à en relascher que nous
pourrons avec plus de liberté convier les Suédois par nostre exemple à se re-
lascher aussy de leur costé de la pluspart de leurs prétentions qui certaine-
ment sont exhorbitantes et qui font grande peine à la Reyne parce qu’il se
veoid qu’elles tendent principalement à relever le party protestant en Allema-
gne par l’abbaissement des princes catholicques.
La seule considération qui a porté la France dans le commencement et le
progrès de cette guerre à joindre ses armes avec celles de la couronne de Suède
et des aultres protestans a esté la nécessité absolue qu’elle avoit de modérer la
puissance de la maison d’Austriche qui alloit s’augmentant chaque jour aux
despens des autres princes, et qui visoit à s’accroistre aussy aux nostres et se
rendre à la fin maistresse de tout sy elle eust pu. Mais aujourd’huy dans l’estat
où sont les affaires, s’il y a raison de craindre dans l’Allemagne, c’est la trop
grande puissance du party protestant soustenu comme il est de la couronne de
Suède qui s’est rendue sy considérable, et qu’on veoid mespriser les grands
avantages qui luy sont offertz pour la paix cognoissant la facilité qu’elle peult
rencontrer dans la continuation de la guerre à relever tousjours de plus en
plus ledit party par la ruyne des catholicques,
3–11 de façon […] des protestans] Dieser im Konzept ergänzte Teil folgt in den anderen
Kopien erst als eigenständiger Satz nach 15–16 [ …] et nostre intention.] Statt dessen wird
der begonnene Satz in den beiden anderen Kopien mit der im Konzept gestrichenen Passage
fortgeführt: [ …] et en cela mesme la France doit avoir un motif plus puissant qu’elle
n’avoit contre la maison d’Austriche qui est la diversité des religions.
démesurée de la maison d’Austriche nous a obligez de nous servir de tous
moyens pour luy former des obstacles, nous ne devons pas nous endormir
lorsque nous recognoissons que l’application et la passion avec laquelle les
protestans taschent de se rendre redoutables ne sont pas moins à craindre,
d’aultant plus qu’oultre la raison d’Estat que nous avions seulement à l’esgard
de ladite maison d’Austriche, nous avons encor à présent celle de la deffense
et la conservation de nostre religion pour nous opposer aux desseins des pro-
testans.
Et comme soubz cette couverture de la religion la maison d’Austriche a tous-
jours procuré son aggrandissement, la Suède aujourd’huy procure effective-
ment les avantages de la sienne soubz le prétexte de s’aggrandir et nous faict
souvent servir à son dessein contre nostre propre intérest et nostre inten-
tion.
Cela donne beaucoup d’inquiétudes à la Reyne, et quoyque Sa Majesté co-
gnoisse bien que les remèdes à ce mal sont très difficiles, néantmoins elle
espère de la prudence et du zèle de Messieurs les Plénipotentiaires qu’ilz
pourront prendre des bihais qui donneront lieu de le diminuer sy on ne peult
l’oster tout à faict.
Sa Majesté recommande pour cet effect ausdits Sieurs Plénipotentiaires de se
bien souvenir de ce qu’elle leur a desjà mandé sur ce point et juge que sy les
ministres de Suède persistent dans les haultes prétentions qu’ils n’ont mises
en avant que depuis peu et qui seroient d’un préjudice irréparable pour l’Egli-
se catholicque, on pourra leur faire entendre aux termes qui seront estimez les
plus convenables que la France n’est pas résolue de les seconder dans le des-
sein qu’ilz tesmoignent avoir de ruyner la religion catholicque dans l’Alle-
magne, que non seulement les obligations de nos traictez ne portent rien de
semblable, mais qu’ilz y sont positivement contraires
Sowohl der frz.-schwed. Allianzvertrag von Bärwalde von 1631 als auch die zuletzt erfolgte
Verlängerung des Bündnisses im Hamburger Vertrag von 1641 (s. [nr. 183 Anm. 2] ) enthielten
Klauseln zum Schutz der katholischen Religion (ST V, 1 S. 439; ST V, 2 Art. II S. 472).
scéance et par raison nous ne pouvons adhérer à leur conduicte ny la favoriser
tant qu’elle intéressera sy notablement la piété de Leurs Majestez et leur cons-
cience.
On peult remonstrer cela amiablement et le faire mesme avec plus de force et
de vigueur s’il est nécessaire, sans qu’apparemment on courre risque d’aulcun
inconvénient dans la ferme résolution que le sieur Chanut
continuellement qu’il rencontre en la reyne de Suède
ministres d’observer inviolablement l’alliance, et en cecy nous ne prétendons
rien qui ne soit conforme à noz traictez.
Sa Majesté est tousjours fort en peine de ce qui succédera de la jonction de ses
armes commandées par le sieur maréchal de Turenne avec celles de Suède
recognoissant bien que malaisément se pourra-t-il deffendre de le faire.
Quand on donna icy les mains à cette jonction sur les instances qu’en apporta
le baron d’Avaugour de la part de Torstenson, il y eut beaucoup de considé-
rations puissantes de le faire et de juger mesme qu’elle nous estoit nécessaire,
comme le changement de la constitution des affaires la faict juger aujour-
d’huy préjudiciable.
Premièrement on n’avoit que très peu alors à espérer pour la satisfaction de la
France.
Le duc de Bavières nous en donnoit de bonnes espérances, mais nous ne
voyons rien dans la conduicte des Impériaux qui n’y fust contraire.
Les Suédois estoient les seuls recherchez, Trautmansdoff leur offroit tout
avant qu’il nous eust faict dire un seul mot et ne daignoit seulement venir
faire un tour à Munster comme sy nous n’eussions eu aulcun intérest à discu-
ter dans la négotiation de la paix.
Monsieur de Bavières ne tesmoignoit aucune disposition à la neutralité ny à
faire une suspension particulière avec cette couronne.
Il n’y avoit ny raison d’envoyer une armée à monsieur de Turenne comme
l’année dernière pour le fortiffier, ny moyen de le pouvoir faire.
Ledit maréchal déclara librement avec l’approbation de monsieur le duc
d’Anguien et de monsieur le maréchal de Grammont
sible de pouvoir agir tout seul, et que passant le Rhin avec la seulle armée non
seulement il ne seroit pas en estat de rien entreprendre, mais il estoit comme
infaillible qu’il y recevroit quelque grand eschec.
Que d’employer son armée ailleurs qu’en Allemagne et delà le Rhin on cour-
roit risque que les Suédois ne se servissent de ce prétexte pour conclurre l’ac-
commodement particulier dont nos parties les solicitoient et
incessament avec mille bassesses.
Enfin il ne parut aultre resource ny meilleur expédient que de consentir
à cette jonction qui remédioit à tout, et dépescher promptement le sieur
d’Avaugour
Sieurs Plénipotentiaires à qui ledit d’Avaugour avoit communicqué à Munster
venant à la cour le subjet de son envoy, n’avoient rien escript au contraire
par-deçà, ce que l’on eut raison de prendre pour une approbation tacite de la
proposition dont il estoit chargé, comme en effect pour lors elle estoit utile et
nécessaire.
Es ist besser, die Truppenvereinigung jetzt durchzuführen. Zustimmung zu den
Überlegungen der Bevollmächtigten in dieser Angelegenheit, zu ihrer Anweisung
zur Truppenvereinigung an Tracy und zu ihrem Brief an Turenne , car plus ledit
sieur maréchal sera fort, et plus hardiement il pourra parler et amener les
Suédois à ses fins et non pas se laisser entraisner aux leurs.
Turenne soll die Schweden zur Teilnahme an der Eroberung Heidelbergs und
Heilbronns veranlassen, um bei gleichzeitiger Sicherung des Rückzugs Winter-
quartiere jenseits des Rheins aufschlagen zu können.
On n’a rien oublié pour luy faire cognoistre le but que peuvent avoir noz
alliez de ruyner ou de mortiffier monsieur de Bavières, et les intérestz contrai-
res que Sa Majesté a de sorte qu’on se promet qu’il s’y conduira avec tant de
circonspection et d’addresse que sans tumber en aucun des inconvéniens que
l’on craint, il retirera tous les avantages que l’on peult espérer de cette
conjonction laquelle d’ailleurs produira vraysemblablement de bons effectz
pour l’avancement du traicté de paix dans l’Empire, puisque l’Empereur sur
les espérances de l’accommodement ou faulte d’en avoir les moyens ne s’es-
tant pas beaucoup mis en estat de continuer la guerre, les forces des Suédois
estans plus considérables qu’elles n’ont esté jusqu’icy, et le mesme se pouvant
dire de l’armée dudit sieur maréchal de Turenne dès que les nouvelles levées
l’auront toutes joinct, il est à croire qu’estant sy vivement pressé il sera obligé
nonobstant toutes les instances des Espagnolz à prendre une prompte résolu-
tion pour sortir d’affaires par la paix, à quoy on ne doubte point que le duc de
Bavières ne fasse ses derniers effortz, particulièrement voyant nostre jonction
faicte avec les Suédois, non seulement parce qu’il recognoist fort bien qu’il
doibt plus craindre qu’aucun autre de la continuation de la guerre, mais pour
la hayne qu’il porte aux Espagnolz que l’on sçait certainement estre augmen-
tée à tel point qu’il n’y a rien qui fust capable de leur nuire à quoy il ne
contribuast de tout son cœur.
Et à la vérité à bien examiner les motifs que ce prince a euz quand il a faict icy
donner parolle par le moyen du Nonce de ne rien entreprendre sur le Rhin
contre nous, quelques desgarniz que nous laissassions les postes que nous y
occupons, et que nous pourrions librement employer nostre armée ailleurs, il
se treuveroit qu’il n’a pas eu seulement intention d’empescher nostre jonction
avec les Suédois, n’ignorant pas l’envie qu’ilz ont de luy donner une touche,
mais qu’il a eu esgard aussy à nous mettre en estat de faire plus de mal à
l’Espagne employant en quelque endroict des Pays-Bas l’armée dudit sieur
maréchal de Turenne.
On envoye ausdits Sieurs Plénipotentiaires la copie [Beilage 1] des dernières
lettres que Monsieur le Nonce a receues dudit sieur duc de Bavière que l’on
hazarde pour cette fois-cy sans chiffre parce que le temps manqueroit pour
achever à les y mettre. On luy a faict respondre en conformité de ce que
dessus luy faisant cognoistre le desplaisir sensible que Sa Majesté a que les
artiffices des Espagnolz treuvent assez d’accès auprès de l’Empereur pour em-
pescher ou retarder la paix de l’Empire pour leurs intérestz particuliers avec
des dommages irréparables pour la religion que Sa Majesté veoid avec des
larmes de sang, mais qu’elle ne peult pourtant empescher par d’autres raisons
qu’on luy marque qu’il avouera luy-mesme estre d’une nécessité absolue.
Sa Majesté recommande ausdits Sieurs Plénipotentiaires de bien examiner les
lettres dudit sieur duc qui sont très importantes et bien précises, notamment
celle du 23 e du passé, et comme on ne doubte point que ses ministres qui sont
à l’assemblée n’ayent un pouvoir suffisant de convenir sur tout ce qu’elles
contiennent, Sa Majesté donne aussy pouvoir ausdits Sieurs Plénipotentiaires
de traicter et arrester avec lesdits ministres de Bavière tout ce qu’ilz jugeront
estre plus à propos pour son service selon les conjunctures et le train que
prendront les affaires de l’Empire dans la négotiation de la paix sans estre
mesme obligez de despescher icy pour en donner advis ou recevoir des ordres
plus particuliers de Sadite Majesté laquelle est infiniement touchée des maux
que la religion catholique est peult-estre sur le point de recevoir en Allema-
gne.
Et pour cela on renouvelle au sieur maréchal de Turenne les ordres qu’on luy
avoit envoyez d’exécuter tout ce que lesdits Sieurs Plénipotentiaires luy feront
sçavoir d’avoir arresté.
Lesdits Sieurs Plénipotentiaires remarqueront dans une des lettres de mon-
sieur de Bavière l’inqiétude qu’il a de nous veoir tenir ferme en des pointz où
il avoit cru que nous nous relascherions dès que les Impériaux nous auroient
accordé Brisac. On n’a point voulu le détromper comme on le pouvoit par le
moyen du Nonce, ny luy dire le secret de nostre conduicte, Sa Majesté remet-
tant à Messieurs les Plénipotentiaires de s’en ouvrir en confidence à ses dépu-
tez aultant ou sy peu qu’ilz l’estimeront à propos croyant néantmoins en tout
cas qu’il fauldra tousjours les entretenir de bonnes espérances.
Dans le dernier pappier que les médiateurs ont voulu bailler ausdits Sieurs
Plénipotentiaires de la part des Impériaux, il y a des propositions sy chatouil-
leuses et sy délicates que c’est avec grande raison qu’ilz ont appréhendé que
ce ne fussent des pièges tenduz par les ennemis pour mettre de la division ou
au moins grande jalousie entre nous et noz alliez. Ilz ne pouvoient aussy se
conduire en cela avec plus de prudence qu’ilz ont faict et ilz peuvent estre
asseurez que personne n’aura cognoissance de cet escript.
Sa Majesté void par les offres des Impériaux qu’ilz sont plus libéraux en un
point qu’on n’avoit prétendu, et qu’ilz nous veullent bailler l’Alsace et tout le
reste en toute souveraineté, quoyque nous ne l’eussions demandé qu’à condi-
tion de relever de l’Empire. Il y a beaucoup de raisons de part et d’aultre pour
prendre chacun de ces partiz, Sa Majesté sera bien aise d’en avoir l’advis des-
dits Sieurs Plénipotentiaires. Il semble qu’on ne doibt pas faire peu de refflec-
tion sur ce que nos parties mesmes choisissent celuy que nous aurions sans
cela estimé le plus avantageux pour nous, et sans doubte qu’en cela ilz visent à
nous oster la communication et la familiarité avec les princes et estatz de
l’Empire que nous donneroient les scéances dans les diètes.
Lesdits Sieurs Plénipotentiaires ont agy avec leur addresse accoustumée
quand ilz ont donné jalousie à nos parties des négotiations que nous entrete-
nons avec le prince de Transylvanie, sy on peult tarder encor à luy faire res-
ponse il sera très à propos, non pour croire que dans l’estat où sont aujour-
d’huy les affaires il faille renouveller aucun traicté avec ce prince, mais pour
en donner l’appréhention aux ennemis et les porter à ce qui est de la raison.
Sa Majesté a grande satisfaction de toute la conduicte du sieur de Marsilly et
la luy tesmoignera aux rencontres qui s’offriront pour son avantage approu-
vant cependant que lesdits Sieurs Plénipotentiaires luy ayent faict donner
deux mille escuz sur le fonds qu’ilz ont par-delà. Il y aura beau champ de
faire valloir dans l’assemblée ce que nous laissons à faire dans cette rencontre,
et combien le désir de la paix et du repos public doibt estre grand en Leurs
Majestez puisqu’elles négligent contre leur propre intérest de mettre de sem-
blables affaires comme elles le pourroient facilement sur les bras de leurs
ennemis.
Messieurs les Plénipotentiaires verront ce que le sieur Le Tellier
sur la lettre qu’il a receue de l’officier qui commande dans Trèves
Albrecht von Weiler, Kommandant in Trier ( Abmeier S. 37f.). Zu den Problemen, die sich für
Frk. hinsichtlich des Trierer Brückenforts ergaben, s. ebd. S. 46–49; sowie: Ludwig XIV. an
Longueville, d’Avaux und Servien, Paris 1646 Juni 22 (Kopien: AE , CP All. 76 fol.
624–625; AE , CP All. 66 fol. 99–100; BN F. fr. 4173 fol. 355–357’; Druck: Nég. secr.
III S. 223–224); Longueville, d’Avaux und Servien an Le Tellier, 1646 Juli 2 ( AE , CP All.
77 fol. 49–49’; Druck: Nég. secr. III S. 242).
esté à désirer que le sieur d’Anctouille n’en fust point party que toutes choses
n’eussent esté bien establies, mais puisque lesdits Sieurs Plénipotentiaires es-
toient sur le point de l’y renvoyer, il pourra y remédier maintenant sur les
ordres qu’on luy en donne d’icy ausquelz lesdits Sieurs Plénipotentiaires ad-
jousteront ce qu’ilz croiront estre du service de Sa Majesté.
Sadite Majesté est aussy un peu en peine de la légèreté de cet électeur et qu’il
ne sçache pas se deffendre des batteries que les ennemis luy font continuelle-
ment pour le destourner d’un bon chemin, un malheur de ce costé-là est plus
à appréhender pour la réputation que pour toute aultre chose. C’est pourquoy
il ne fault rien obmettre pour le prévenir, entretenant ce prince dans sa bonne
volonté pour cette couronne et le faisant souvenir des mauvais traictemens
qu’il a receuz de la maison d’Austriche.
Quant au second chef du mémoire qui est touchant la conduicte de Messieurs
les Estatz et de leurs députez qui sont à Munster envers la France, comme il
est malaisé de croire qu’ilz soient capables de commettre une entière infidéli-
té, aussy leur façon d’agir donne lieu d’y avoir continuellement l’œil ouvert et
de n’oublier rien ny en Hollande ny à Munster pour rompre les mesures et les
desseins de ceux d’entre eux qui sont malintentionnez.
Monsieur le cardinal Mazarin avoit escript de Montdidier
Mazarin an den Pz.en von Oranien, [1646 Mai 28], Kopie: AE , CP Holl. 35 fol. 320’–322.
Das nicht datierte Schreiben wurde als Beilage zu einem Brief an La Thuillerie übersandt, den
Mazarin am 28. Mai 1646 noch in Compiègne, vor der Weiterreise nach Montdidier, ge-
schrieben hatte (s. APW [II B 3 nr. 297 Anm. 14] ).
prince d’Orange en termes pressans et avec la fermeté qui convenoit à la
dignité de cette couronne et à l’estat de ses affaires. La response qu’il en a
receue ne peut estre plus positive qu’elle est sur la sincérité de ses intentions,
protestant qu’il démentiroit bientost par les effectz tout ce qu’on avoit voulu
faire croire icy contre sa réputation, et on sçait aussy que depuis il a pressé sa
sortie en campagne avec toute la diligence que nous pouvions désirer.
Le sieur de La Thuillerie et le sieur Brasset mandent qu’aultant qu’ilz peuvent
juger ilz recognoissent une constante résolution desdits Estatz à se tenir for-
tement uniz avec cette couronne, et une personne qui a grande part dans leurs
affaires nous en faict asseurer positivement et que leurs plénipotentiaires ont
cet ordre bien précis dans leur instruction. Il adjouste que les députez de Hol-
lande n’ont point encor d’ordre sur le faict des Indes dont on délibère main-
tenant dans les provinces, que les Espagnolz ont déclaré n’estre pas authorisez
pour convenir de dix poinctz qui leur ont esté proposez par-dessus ceux de la
trêve et qu’ilz demeurent aussy fermes sur le faict de la religion en la mayrie
de Bois-le-Duc.
Que les estatz de la province de Gueldres ont requis les Estatz Généraux de
donner ordre à leurs plénipotentiaires de faire instance envers les Espagnolz
de quitter le quatrième membre de ladite province pour demeurer incorporé à
ceux de Nimmègue, Arnhen, et Sutphen , c’est-à-dire Gueldres, Venlo, et
Ruremonde.
Qu’il est vray que l’on n’a pas communiqué quelque chose aux plénipoten-
tiaires de France à Munster, mais qu’ilz en ont usé de mesme envers l’Estat,
parce qu’oultre ce qui est contenu dans l’instruction des députez, ilz avoient
ordre d’obtenir s’il estoit possible des Espagnols deux poinctz très importans
dont on ne jugea pas à propos de donner cognoissance aux provinces quoy-
qu’ilz leur soient avantageux, parce que ceux qui désirent que la trêve soit
promptement conclue s’y seroient opposez, craignant que la prétention de ces
deux poinctz ne causast du retardement à la négotiation.
On les a pourtant déclarez à Noirmont avec protestation qu’il ne se feroit
rien s’ilz n’estoient accordez. Les Espagnolz y ont consenty d’abord, mais les
députez n’en ont parlé à personne ny mesme rendu compte à leurs supérieurs
par l’appréhention qu’ilz ont eue que la province de Hollande ne fist du
bruict de ce que contre sa résolution l’on auroit passé oultre à des nouveautez,
lesquelles quoyqu’advantageuses en ce rencontre pourroient se renouveller en
d’aultres qui ne le seroient pas et ainsy que l’on n’en fera l’ouverture à l’Estat
qu’en fin de compte et quand tous les autres poinctz seront concludz.
Avec tout cela, il est indubitable que la plus grande partie des députez desdits
Estatz sont absolument gagnez par les Espagnolz et particulièrement Pauv et
Knuyt, non qu’ilz en ayent encor receu de l’argent, mais seulement de telles
asseurances que la paix ou la trêve estans faictes, il ne seroit plus au pouvoir
des Espagnolz de leur contester ce qu’ilz leur ont promis, n’ayant à faire qu’à
un marchand d’Amstredam
Pauw war vor seiner politisch-diplomatischen Tätigkeit Kaufmann in Amsterdam gewesen
(s. [nr. 2 Anm. 1] ).
seuretez avec un aultre banquier d’Anvers. Il est certain que ces deux person-
nages-cy toucheront chacun cent mil escuz, et que pour les mériter mieux ilz
ont travaillé fortement et continuent plus que jamais pour empescher que
monsieur le prince d’Orange sorte en campagne, ou pour faire que sortant
il n’entreprenne rien, au moins jusques au retour du courrier que l’on a dé-
pesché à Madrid qui doibt raporter le plain pouvoir aux ministres d’Espagne
en la forme que Messieurs les Estatz l’ont désiré.
Quelque chose donc que lesdits Paw et Knuyt puissent dire à Messieurs les
Plénipotentiaires elle ne sçauroit estre que maligne et plaine d’artiffice et de
desguisement, mais comme nous avons faict grand bruict à La Haye et no-
tamment envers monsieur et madame la princesse d’Orange, il se pourroit
faire que ladite princesse leur eust mandé d’essayer d’adoucir les espritz des
plénipotentiaires de France par des protestations d’affection et de fidélité, et
enfin de les endormir en cela, d’aultant plus que monsieur le prince d’Orange
que l’on ne peult croire avoir consenti au manquement de foy est en meilleur
estat qu’il n’estoit et donne des espérances de vivre plus longtemps que l’on
n’avoit cru.
On met de nouveau en considération s’il seroit bon que lesdits Sieurs Pléni-
potentiaires fissent cognoistre à ces deux députez de Hollande que l’on est
informé de tout ce qui se passe entre les Espagnolz et eulx, parce que les
Espagnolz mesmes s’en sont vantez à des personnes confidentes qui l’ont ra-
porté, mais que la France est trop asseurée de la punctualité de Messieurs les
Estatz en l’observation de leurs traictez et cognoist assez bien monsieur le
prince d’Orange pour ne point appréhender que ny lesdits sieurs Estatz ny
luy soient capables de se laisser jamais porter à rien qui puisse tascher leur
réputation et leur honneur.
Messieurs les Plénipotentiaires verront aussy sy lesdits Pau et Knut estans in-
téressez au poinct qu’ilz le sont, il ne seroit point à propos d’essayer à les
engager par l’espérance de quelque récompense qu’on pourroit leur promett-
re à servir la France dans ce traicté de paix et se rendre soliciteurs de ses
intérestz auprès des Espagnolz.
Sy Messieurs les Estatz ne passent pas oultre en leur traicté, et que comme on
l’espère et qu’ilz le protestent, ilz ne concluent rien sans la France, la postérité
qui peult-estre ne sera pas informée des particularitez de ce qui s’est passé
aura subjet de tenir les députez de Messieurs les Estatz pour de très habilles
négotiateurs parce que dans l’accommodement général qui sera conclud les-
dits Estatz jouiront de tous les mesmes advantages que les Espagnolz ne leur
avoient accordé que dans la pensée et l’espérance de les désunir d’avec nous,
et à la vérité il y aura peu de personnes qui louent les ministres d’Espagne
d’avoir esté fort adroictz en la conduicte de cette affaire puisqu’ilz n’avoient
pour éviter cela qu’à déclarer ausdits députez des Estatz que tout ce à quoy ilz
condescendroient pour favoriser les Estatz n’estoit que en cas qu’ilz vou-
lussent achever leur traicté particulier sans attendre le général.
Enfin toutes les lettres du sieur de La Thuillerie portent absolument que l’on
ne conclurra rien sans la France, que quelques advis qu’on nous donne nous
ne devons rien croire au contraire, ce qui confirme d’aultant plus Sa Majesté
dans l’oppinion qu’elle a tousjours eue qu’il fault en cette affaire parler forte-
ment et avec fermeté, puisqu’on le peult faire sans péril attendu l’estat de nos
forces et de celles des ennemis, et qu’on doibt monstrer que comme cette
couronne veult religieusement garder la foy à ses alliez, elle prétend aussy
qu’ilz observent de leur costé avec la mesme ponctuallité et franchise ce qui
est porté par les traictez que nous avons ensemble.
Sadite Majesté mesme estime que plus on parlera haultement dans les rencon-
tres aux députez de Messieurs les Estatz du ressentiment de leur conduicte,
plus on les verra souples et retenuz à ne pas la continuer. Enfin nous avons la
justice de nostre costé, et les malintentionnez d’entre lesdits députez ont un
party contraire dans leur propre Estat qui vraysemblablement sera le plus
fort, après tout, quelque impression qu’ayent faict dans leur esprit les bien-
faictz que quelques-uns attendent des Espagnolz, il est impossible qu’ilz ne
cognoissent que ce n’est ny un bon party pour Messieurs les Estatz d’offenser
la France, ny pour eux d’en estre les instrumens.
On faict estat d’arrester icy pour le moins sept ou huict jours soubz quelque
prétexte le courrier qui doibt revenir d’Espagne porter le plain pouvoir à
Pineranda en la forme que l’ont désiré Messieurs les Estatz avec les instruc-
tions pour leur accommodement, et en cela on ne fera qu’imiter l’exemple
que nous ont donné noz parties qui depuis peu arrestèrent quatre jours entiers
à Bruxelles le courrier qu’on avoit dépesché d’Amyens en Hollande parce
qu’ilz craignoient avec raison que c’ettoit pour presser la sortie en campagne
de Messieurs les Estatz.
Touchant le troisième et dernier chef qui sont les affaires d’Espagne on
mande de Vienne que l’ambassadeur du roy catholicque
que toutes ses prières et ses protestations n’estoient pas assez puissantes pour
obliger l’Empereur à sursceoir la satisfaction qu’il avoit résolu de donner à la
France estoit d’advis et en avoit escript en ce sens à Madrid et à Munster que
l’on devoit aussy conclurre l’accommodement du roy son maistre à quelques
conditions que ce fust, pour ne pas demeurer seul en guerre contre des enne-
mis puissans et libres des diversions d’Allemagne, mais qu’il estimoit à propos
pour bonnes considérations et pour sauver leur réputation que les moyens en
fussent proposez à l’assemblée par les ministres de l’Empereur après pourtant
qu’ilz auroient esté concertez avec les plénipotentiaires d’Espagne affin qu’il
parust que ceux-cy y avoient en quelque façon esté entraisnez par les au-
tres.
Le mesme advis de Vienne porte, et cela est confirmé par la voye de Bruxelles,
que l’on nous proposeroit bientost de laisser à la France les deux comtez
d’Artois et de Roussillon avec Roses, et qu’à la fin mesme on consentiroit aux
trêves de Catalogne et de Portugal, mais que pour cette dernière on insisteroit
vivement à ce que le terme en fust court et n’excédast pas dix-huict mois ou
deux ans au plus.
Il est certain que sy on peult conclurre la paix pendant que les armes agissent
et avec avantage pour nous de tous costez la gloire en sera beaucoup plus
grande pour cette couronne que sy elle avoit esté faicte dans un autre temps,
car oultre que nous donnerions à toute la chrestienté une preuve bien solide et
non en apparence ainsy que nos parties le publient combien son repos nous
est cher puisque nous sacriffierions visiblement pour le luy procurer tout ce
qu’une fortune très riante nous offre de progrès et d’aggrandissement dans la
continuation de la guerre, il paroistroit davantage en cette saison qu’il ne fe-
roit en une aultre que nous aurions forcé nos ennemis l’espée à la main d’ac-
cepter la paix.
Belagerung Courtrais durch den Herzog von Orléans.
Cependant par cette vigoureuse résolution que l’on a prise icy d’agir jusques
dans le cœur de la Flandre sans attendre la diversion des armes de Messieurs
les Estatz, et mesmes avant que d’estre asseurez que leur armée sortist en
campagne on aura faict cognoistre ausdits Estatz qu’ilz ne sont pas sy néces-
saires à la France qu’ilz se l’estoient peult-estre imaginé.
Aux Espagnolz qu’ilz ne seroient pas au bout de leurs affaires quand ilz nous
auroient séparez des Hollandois.
Et aux Flamans que quand le traicté particulier de Hollande auquel ilz met-
tent toutes leurs espérances seroit achevée[!], ilz n’en auroient pas mieux as-
seuré leur repos.
La mesme résolution aura produict encores d’aultres effectz bien importans et
pour la guerre et pour la paix.
Pour la guerre, parce que le bruict de nos armes a pressé certainement mon-
sieur le prince d’Orange à sortir en campagne surtout voyant tant d’aparence
à venir à bout de tout ce qu’il vouldra entreprendre.
Pour la paix, en ce que les Hollandois recognoistront mieux la nécessité qu’ilz
ont de se tenir bien uniz avec une puissance qui seule faict des progrès en
Flandre contre toutes les forces des ennemis assemblées sans que cela l’em-
pesche d’en faire partout ailleurs, et il est à croire qu’ilz en seront plus retenuz
non seulement à ne se point séparer de la France, mais à ne pas nous presser
de mauvaise grâce de conclurre nostre accommodement comme Messieurs les
Plénipotentiaires craignent qu’ilz ne fassent dès qu’ilz auront leur compte
parce qu’ilz pourront avoir recognu que nous ne sommes pas en estat d’estre
menez de la sorte, et que nos affaires ne seroient pas moins soustenues quand
ilz commettroient une infidélité qui sans doubte tost ou tard causeroit leur
ruyne.
Seit dem 29. Mai keine Neuigkeiten vom belagerten Orbetello. Hoffnung auf
Einnahme Léridas
Lérida (Lleida), Hauptstadt der gleichnamigen Provinz in Katalonien, wurde am 30. Juli
1644 von den Spaniern eingenommen. Im Mai 1646 begann Harcourt mit der Belagerung der
Stadt, die erfolglos abgebrochen werden mußte, als es einem span. Heer unter Leganés
(s. [nr. 185 Anm. 24] ) am 21./22. November gelang, die Blockade zu durchbrechen ( Chéruel,
Minorité II S. 63, 301–304; DHE II S. 707f.).
dant feront cognoistre par-delà que la circonvallation estant achevée et par-
faicte comme on mande qu’elle l’est la place ne peult plus se sauver, et peult-
estre que les Espagnolz voyant cela, que nos armes agissent heureusement
dans la Flandre mesme avant que l’armée de Messieurs les Estatz soit en cam-
pagne, et que l’Empereur tesmoigne assez par la cession de Brisac qu’il veult
en toutes façons conclurre la paix, et conséquemment qu’ilz n’ont rien à espé-
rer, mais infiniement à craindre sy la guerre continue plus longtemps, ilz se
porteront enfin à donner les mains à l’accommodement aux conditions que
nous pouvons désirer.
Depuis ce mémoire achevé le secrétaire
arivé, party du 17 e d’auprès de luy pour venir dire que sur les lettres qu’on luy
avoit escriptes d’icy, et sur celles qu’il avoit aussy receues desdits Sieurs Plé-
nipotentiaires il avoit refusé la jonction avec les Suédois jusqu’à ce qu’il en
eust de nouveaux ordres de la cour, qu’il leur a dict qu’il recevroit en onze
jours. Cela a mis Sa Majesté en grande peine ne sçachant de quelle façon les
Suédois auront receu ce délay ny quelle résolution ilz prendront. Messieurs
les Plénipotentiaires qui ont eu la copie des lettres qu’on a escriptes d’icy
audit sieur maréchal sçavent bien qu’on ne luy a mandé aultre chose sy ce
n’est qu’il fist son possible pour éviter la jonction pourveu que cela se pust
avec agréement des Suédois, mais qu’aultrement estant obligé de la faire pour
ne pas desgouster les Suédois à qui on l’a promise il essayast de les tirer à nos
fins plustost que de nous laisser entraisner aux leurs, et surtout qu’il les enga-
geast à nous assister aux prises de Haibrun et de Heidelberg.
Lesdits Sieurs Plénipotentiaires verront dans la copie de la lettre [Beilage 2]
que ledit sieur maréchal escript à monsieur le cardinal Mazarin qu’un billet
du baron d’Avaugour sur une lettre qu’il avoit eue desdits Sieurs Plénipoten-
tiaires avoit beaucoup contribué à le persuader qu’il ne devoit point faire la-
dite jonction, et son secrétaire a adjousté icy qu’il avoit cru que l’on auroit
peult-estre conclud quelque traicté secret, et qu’il appréhendoit de le gaster.
On espère icy que tout aura esté remédié par l’arivée du sieur de Tracy qui
estoit chargé desdits Sieurs Plénipotentiaires de luy dire les inconvéniens
qu’ilz treuvoient à se deffendre de ladite jonction maintenant que les Suédois
s’estoient sy fort avancez sur la parolle que nous leur en avions donnée, mais
en tout cas on ne s’est pas contenté de renvoyer sur l’heure mesme ledit secré-
taire. On a depesché aussy en mesme temps deux aultres courriers par de
différens chemins avec des ordres audit sieur maréchal de faire la jonction
sans remise, que sy les ministres de Suède en font par-delà quelque plainte il
sera bien aisé ausdits Sieurs Plénipotentiaires de les satisfaire, les asseurant
que ce n’est qu’un retardement de huict jours causé par un malentendu contre
l’intention de Sa Majesté laquelle a depesché en diligence audit sieur maréchal
pour luy ordonner de faire ladite jonction.
Et puisque ce délay est arrivé on pourra le faire valloir aux députez de Baviè-
res leur donnant à entendre qu’il n’y a rien que nous n’ayons faict pour nous
en deffendre mesmes depuis que les Suédois ont traversé tant de pays et se
sont renduz sur le Rhin, mais qu’à la fin nous y avons esté nécessitez adjous-
tant mesme que nous avons sceu de Francfort que l’Archiduc
Ehg. Leopold Wilhelm (1614–1662), 1626 Bf. von Straßburg und Passau, 1627 Bf. von Hal-
berstadt, 1629–1635 Ebf. von Magdeburg, 1637 Bf. von Olmütz, 1641 Hoch- und Deutsch-
meister, 1655 Bf. von Breslau, war 1639–1642 und 1645–1646 Oberbefehlshaber der ksl.
Armee, 1646–1656 Statthalter der Span. Ndl. ( DBA 450, 140–147; 755, 312; 913, 306–310;
NDB XIV S. 296–298 ).
eu cognoissance des plaintes des Suédois contre nous sur le refus de cette
jonction à laquelle nous estions engagez de parolle envers eux, espéroit d’en
profiter se servant de cette conjuncture pour convier les ministres de Suède à
conclure promptement sans la France un accommodement aussy advantageux
qu’ilz sçauroient le désirer.
Pour conclusion Sa Majesté recommande ausdits Sieurs Plénipotentiaires de
presser les ministres de Suède sur la paix ou une suspension pour l’exécution
des poinctz qui auroient esté arrestez leur faisant cognoistre que quoyque
nous soyons en estat de faire de grands progrès en Allemagne nous jugeons
néantmoins à propos de les sacrifier au bien public et de céder mesmes beau-
coup de prétentions que nous avons pour obtenir une paix glorieuse et re-
cueillir le fruict de tant de travaux sans rien hazarder à l’avenir qui puisse
changer la face des affaires qui est sy favorable à la cause commune.
1 Maximilian von Bayern an Bagno, München 1646 Mai 23, Ausfertigung: AE , CP Bavière 1
fol. 594–595’; Kopien: AE , CP Bavière 1 fol. 573–574’, 614’–617. Maximilian von Bayern
an Bagno, München 1646 Juni 6, Ausfertigung: AE , CP Bavière 1 fol. 618–619; Kopien: AE ,
CP Bavière 1 fol. 575–576, 577–577’, 610–611’, 611’–612’. Maximilian von Bayern an
Bagno, München 1646 Juni 6, Ausfertigung: AE , CP Bavière 1 fol. 620–621; Kopien: AE ,
CP Bavière 1 fol. 578–579, 612’–614.